C’est juste l’image d’une voiture qui te fonce dessus et qui se colle dans ta rétine l’espace de quelques secondes avant de sentir le choc qui te fait prendre conscience de ce qui va t’arriver. Tu serres les dents instinctivement et te sens emporté sans pouvoir rien faire. La voiture fait plusieurs tonneaux, ta tête tape dans tous les sens. Seul le casque que tu portes te sauve la vie. Un voile noir passe devant tes yeux avant que tu ne perdes conscience pendant quelques secondes ou plus, tu n’en as pas le souvenir. Des voix te ramènent dans la réalité. Le harnais t’a collé à ton siège, tu as la tête qui tourne un peu, mais pas de gros dégâts en apparence. Tu fais signe aux personnes inquiètes qui sont venues à ton secours que tu vas bien avant de défaire le harnais et de sortir en rampant de la voiture. Ta tête tourne encore un peu et tu as mal à ton épaule gauche, mais cela n’est rien comparé à ce qu’à subit la voiture.
Pour une fois, que l’on te proposait une course légale, tu pouvais difficilement dire non. Tu avais juste oublié combien cela pouvait tourner rapidement au pugilat après le départ. Tu refuses qu'on t'amene voir un médecin. Tu sens qu’en plus de ton épaule, tu vas avoir des hématomes un peu partout sur le corps, mais tu prendras la mesure des dégâts quand tu te déshabilleras. Tu ne veux pas passer entre les mains des médecins de l’île, tu ne leur fait pas encore vraiment confiance.
Avais-tu des regrets d’avoir accepté de faire cette course ? Absolument pas. Tu y avais pris beaucoup de plaisir et tu connaissais les risques. En plus tu repartais avec un beau paquet de fric grâce aux paris que tu avais posé sur les autres courses. Une soirée mouvementée mais fructueuse. L’argent caché dans la poche intérieure de ton blouson d’été, tu quittes le lieu de la course et après un instant d’hésitation, tes pas se porte vers l’appartement de Ben plutôt que de rentrer directement dans la chambre que tu habites à la ferme. Tu fais un détour par une supérette qui ouvre assez tard pour y prendre un pack de bière et viens frapper à la porte de l’appartement du privé.
« Salut Ben» Fais-tu en souriant quand il t’ouvre la porte « J’échanges une bière contre un antidouleur. Tu acceptes le deal ? »
Tu restes appuyé, souriant, contre le chambranle de la porte, attendant qu’il t’invite à rentrer, ou pas s’il avait d’autres projets pour sa soirée.
Enième dossier, énième début de soirée à observer le monde depuis les toits de la ville. Depuis que t’as récupéré ton costume, c’est ce que tu fais le plus. Tu n’es pas une des araignées les plus portées sur le secret mais c’est quand même plus facile d'être un justicier masqué quand on a des capacités hors norme. Et puis cela te permet de protéger les rares personnes sur lesquelles tu veilles comme t’as le don de mettre ton nez là où il faut pas et d’attirer la haine d’ennemis puissants. Après, c’est le lot de tout justicier et surtout des araignées dans ton genre… En ce moment t’es sur la recherche d’une personne disparue pour une femme qui te rappelle tant de souvenirs, et tu veilles aussi sur ta petite famille qui sème le chaos. Tu ne manques pas d’intervenir quand il y a besoin, récoltant bien souvent quelques cicatrices en plus mais c’est juste la routine de ta vie.
Tu viens de rentrer pour retranscrire les dernières informations que t’as récupéré, laissant ton costume dans ton armoire pour passer un simple ensemble jean/tee shirt noir, quand ça frappe à la porte de la petite maison que t’as acheté en arrivant ici. Tu regardes l’heure, récupérant ton revolver au cas où ce soit des emmerdes pour descendre du premier étage où t’as ton appartement vers le rez de chaussée où se trouve ton agence. Gwen est partie depuis un bout de temps désormais et ça t’arrange si ce sont des emmerdes. Le fait que ça frappe à la porte te met un doute mais t’as déjà eu des abrutis pour faire ça et autant dire que tu ne crois plus en la nature humaine depuis longtemps.
Tu ne t’attendais cependant pas à Falco sur le pas de ta porte mais tu le laisses passer quand il propose un deal que t’as aucune raison de refuser.
« Salut Falco. Encore une course difficile ? »
Demandes-tu en lui faisant signe de te suivre à l’étage car vous n’allez pas prendre de bières au milieu de l’agence et que t’es fermé de toute façon. Une fois dans ton appartement qui est excessivement vide, semblant être plus un dortoir qu’un endroit vraiment habité, tu vas vers la cuisine pour fouiller dans un tiroir rempli d’anti-douleurs, désinfectants, bandages et autre trucs utiles après une mauvaise mission comme tu ne régénères pas.
« Tiens, ça devrait aider. »
Tu ne lui demandes pas s’il a été voir un médecin car tu le sais aussi têtu que toi sur le sujet, et tu n’as aucun conseil paternaliste à lui donner sur le fait qu’il devrait faire attention comme t’es plutôt très mal placé pour dire quelque chose. Il est grand, c’est sa vie, et t’as largement assez à faire avec la tienne que tu ne vis d’ailleurs pas. Tu vas faire du café, évitant en ce moment de trop boire comme t’as eu une méchante descente aux enfers il y a à peine un mois et que t’as fait des promesses à ta petite soeur.