Le sable craque sous mes pas, la plage est déserte, hormis une silhouette féminine au loin. Je sais que ma came est planquée pas loin, sous une vieille planche de bois délavée par les vagues. Mes yeux balayent les environs, cherchant des signes de présence indésirée. Rien à l’horizon, sauf elle. Une fille aux cheveux noirs, peut-être un peu trop curieuse à mon goût. Ça pue l’ennui ou la curiosité mal placée. Je m’avance, les mains dans les poches, essayant de paraître décontracté.
« Hey, toi ! Qu’est-ce que tu fous là toute seule ? » je lance d’un ton nonchalant, tout en m’approchant. Je vois son regard se tourner vers moi, surprise, peut-être un peu méfiante.
Elle ne répond pas tout de suite, alors je continue, avec ce sourire en coin que j’ai perfectionné au fil des années : « T’as pas l’air d’une locale. T’attends quelqu’un ou tu viens juste profiter du paysage ? »
Ça sent la diversion. Mais bon, faut jouer le jeu. Je m’assieds sur un rocher proche, la fixant intensément. « Qui es-tu ? » Je suis un peu bavard, je sais. Mais je dois savoir, sans trop attirer l’attention de cette gonzesse. Et tant qu’à faire, je fais mine d’être sympa, juste au cas où.
On reste en silence un moment, le bruit des vagues nous enveloppe. Je dois trouver une excuse pour me rapprocher de la planque sans éveiller ses soupçons.
Le truc, c’est qu’on se connait pas. Et les femmes, j’ai tendance à m’en méfier. J’ai croisé des nanas qui n’étaient pas très correctes avec moi… mais je suis un mec avec un cœur, moi, je peux pas me défaire de mes sentiments comme ça, en claquant des doigts. D’abord Gabi, puis Ramona… Pffff… c’est désespérant des histoires pareilles.
Je décide de briser la glace, sans savoir si cette fille sera un boulet pour moi ou si c’est la première et dernière fois que je la vois. Elle a pas l’air chiante et ça, c’est déjà quelque chose que j’apprécie. Après, si elle sait se taire, ce sera tout bon. « Moi c’est Nigel. Je traîne souvent dans le coin. Si t’as besoin de conseils ou de savoir où traîner pour éviter les emmerdes, je suis ton homme. » Mon ton est mi-sérieux, mi-amusé. En vérité, je veux juste savoir si elle a remarqué quelque chose de suspect autour de ma planque.
« J’ai quelques affaires à régler dans le coin. Rien de bien excitant, mais faut ce qu’il faut… » Je hausse les épaules. « Tu vois du monde passer ici ? »
Elle parle peu. Elle a l’air paumée. Elle n’a pas l’air d’être là pour me trainer dans les pattes. Je ne sais pas trop ce que je pourrais lui dire de plus, j’ai l’impression d’avoir déjà balancé pas mal de trucs, bien assez pour qu’elle puisse trouver au moins un élément sur lequel baser une réponse.
« T’es pas sur l’île depuis longtemps, toi, ça se voit… »
On a tous atterri ici sans savoir comment ni pourquoi. S’il y a bien un sujet qui nous rapproche tous, c’est ça. J’évite de parler de politique, de pognon ou de religion, c’est des sujets qui fâchent. Puis parler de la météo, c’est un peu barbant. Là, je pense que j’ai tendu assez de perches à cette fille.
Tu t'étais enfuie de l'aquarium après t'être encore fait poursuivre par les agents de sécurité. Pourquoi faisaient ils toujours ça ? Pourquoi fallait il toujours qu'ils aient l'air tellement en colère après toi ..? Tu ne faisais vraiment rien de répréhensible à chaque fois que tu y allais, pourtant. Te contentant la plupart du temps de t'asseoir devant le bassin des requins, les regardant passer, repasser, s'arrêter, parfois. Il n'y avait rien de mal à cela, n'est-ce pas ? Après tout, tu ne cherchais qu'à savoir si il était possible pour toi de toujours les comprendre, ou pas. Tu voulais savoir si, tout comme il t'était possible avant, tu parvenais à communiquer avec ceux qui, autrefois, faisaient partie de son espèce. Et, même si tu sentais toujours une connexion profonde entre toi et eux, tu ne pouvais malheureusement pas, à ce jour, parler de réelle communication. Néanmoins, et malgré ses nombreuses tentatives ratés, ton espoir ne s'était jamais envolé. Car dans le fond tu savais. Tu savais, qu'un jour, ce serrait de nouveau possible..
Après avoir quitté l'aquarium, tes pas s'étaient machinalement dirigés vers la plage. Plage que tu avais pris pour habitude de fréquenter, notamment lorsque le temps devenait grisâtre et menaçant comme aujourd'hui. Ajouté à cela une menace de tempête imminente et la plupart des gens s'étaient réfugiés chez eux. Du vent, de la pluie, quelques éclairs... pas de quoi fouetter un requin, en soit. Installée non loin de l'eau, tu t'étais assise à l'endroit où une vieille épave de bateau semblait avoir été dégagée, ne laissant paraître que quelques planches ici et là, à moitié enterrées dans le sable et rongées par les flots. Un endroit parfait pour finir la journée dans le calme, loin du tumulte de la ville et de ses habitants.
« Hey, toi ! Qu’est-ce que tu fous là toute seule ? »
La voix dans ton dos te fait sursauter, parce que tu ne t'attendais pas à ce que quelqu'un arrive maintenant, pas alors qu'une tempête au loin, se préparait. A l'intonation que l'homme emploi, tu te sens légèrement agressée et c'est tout naturellement que tes sourcils se froncent et que ton corps se recroqueville sur lui-même. Tu l'observes en silence, le regarde se mouvoir tandis que ton visage se renfrogne et que tes muscles se tendent, te rendant prête à lui sauter à la gorge si il le fallait. Il te parle de nouveau, commence à enchaîner les mots les uns après les autres, marquant quelques pauses de temps en temps pour voir si tu vas réagir et lui répondre. Mais tu n'as pas pour habitude de parler avec les gens alors tu te tais, te contentes de l'écouter. Il se présente, t'explique certaines choses que tu comprends difficilement parce qu'il parle vite et que tu as encore du mal à comprendre certains mots de cette langue que tu tentes toujours de dompter.
Vous parlez... vraiment beaucoup, Nigel. Que tu te décide finalement à dire tout en plantant ton regard dans le fond du sien, cherchant à sonder son esprit. Même si tu sais que tu ne dois pas seulement te fier aux apparences celui-là ne t'inspire pas confiance, que ce soit par rapport à ce flot de paroles qu'il débite ou cet air bien trop sympathique pour être honnête qu'il prend. Lilith, c'est mon nom. Mais il y a tout de même quelque chose.. quelque chose de profond, dans son regard.. Et, la plage est ma maison. Un peu de tristesse, peut-être, dissimulée derrière toute cette haine et toute cette colère. Ton empathie te perdra sûrement tu le sais, tout comme ta curiosité d''ailleurs. Car, quelqu'un de saint d'esprit se serait sûrement enfui pour éviter les ennuis. Et lui, cet homme, ce.. Nigel.. transpirait les ennuis à plein nez.
Tu viens finalement interrompre la connexion entre vos regards, hausse les épaules avant de lever le nez vers le ciel. Personne, depuis longtemps. Les humains aiment pas beaucoup la pluie. Et il va pleuvoir incessamment sous peu, tu le sais. Vous oui ? Si il était là, c'était sans doute pour ça. Ça où l'envie d'aller se noyer. Les humains faisaient ça aussi parfois. Ils allaient se jeter dans l'eau lors des soirs de tempêtes comme celui-là.
Nigel Balan
▿ Ton univers : The necessary death of Charlie Countryman
▿ Date de naissance : 12/02/1981
▿ Age : 43
▿ Métier : Barman mixologue au Fangtasia
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Dons/capacités/pouvoirs : Aucun pouvoir.
▿ Pseudo : ameknos
▿ Avatar : Mads Mikkelsen
▿ Copyright : Nuit blanche
▿ Disponibilités rp : libre
▿ Autre(s) compte(s) : Duncan & Martin & Doc' Ten & House & Zeus & Eric & Crowley & Papy & Jiraya & Sebastian & Severus & Jürgen & Kaecilius & Sweeney & Gomez & Nigel & Kristoff & Ezio & Corto & Beetlejuice & Garrett & Owen & Spencer
Le vent souffle fort sur la plage, chargé de sel et d'odeur de mer. Le ciel est lourd de nuages gris, la tempête se prépare. Mes pas crissent sur le sable alors que je m'approche de Lilith, cette fille étrange que j'ai rencontrée ici. Elle est assise près de l'eau, le regard perdu dans les vagues. Ses cheveux noirs volent autour de son visage, et je peux voir dans ses yeux une lueur d'inquiétude, peut-être de la peur. Je m'arrête à quelques mètres d'elle, les mains enfoncées dans les poches de mon manteau.
« Vous parlez vraiment beaucoup, Nigel, » dit-elle enfin, brisant le silence qui s'étire entre nous. Sa voix est douce mais ferme, elle me fixe avec une intensité qui me met mal à l'aise. J'ai l'habitude de ce regard, celui des gens qui essaient de lire en moi, de comprendre ce que je cache. Mais elle… elle semble différente, comme si elle cherchait quelque chose de plus profond.
« Ouais, j'ai parfois tendance à causer pas mal » , je réponds avec un sourire en coin, essayant de détendre l'atmosphère. « Lilith, c'est ça ? T'as un drôle de prénom, mais j'aime bien. »
Elle ne répond pas, se contentant de hocher la tête. Le silence retombe, seulement brisé par le grondement lointain du tonnerre. Je m'avance un peu, m'asseyant sur un rocher proche, toujours sur mes gardes. Cette fille n'est pas comme les autres, et je ne sais pas encore si c'est une bonne ou une mauvaise chose.
« Alors, qu'est-ce qui t'amène ici, Lilith ? » je demande finalement, brisant à nouveau le silence. « C'est pas vraiment le genre d'endroit où on traîne pour le plaisir, surtout avec une tempête en approche. »
Elle tourne la tête vers moi, ses yeux brillant d'une étrange lueur. « J'aime la pluie, » dit-elle simplement. « Et puis, il n'y a personne ici. Les humains n'aiment pas beaucoup la pluie, n'est-ce pas ? » Je hoche la tête. « Ouais, c'est vrai. La plupart préfèrent rester bien au chaud chez eux. Mais toi, t'es différente, pas vrai ? T'es pas comme les autres. »
La pluie… ça m’avait jamais vraiment dérangé. En Roumanie, ça arrivait souvent qu’il y ait de la pluie, c’était pas un pays avec un climat chaud et sec, alors voilà, l’eau, ça me faisait un peu penser à ça. « Ouais, j’aime bien. J’ai grandi avec la pluie. C’est un élément qui me plait bien. » J’allais pas rentrer dans les détails, mais voilà, une bonne averse, c’était quelque chose que je considérais aussi comme une façon intéressante de laver des preuves. L’eau, ça permettait de nettoyer pas mal d’endroits, pas mal de taches, aussi… le sang, la poudre, la blanche… La planque de came allait être nettoyée après la tempête, plus aucune trace. C’était tout l’intérêt de venir ici maintenant.
« Tu restes dans le coin ? J’ai quelques trucs à faire pour éviter les emmerdes. Si tu vois ce que je veux dire…»
C’est une sorte de mise en garde, mais je ne pouvais pas dire plus que ça. Difficile de dire à quelqu’un qu’on ne connait pas en quoi consiste le business… Et puis, elle n’a pas à savoir, de toute façon. Dans mon monde, les gens qui en savent trop, on les bute. Parfois même avec un p’tit cadeau en prime, du genre un peu de colle bien placée ou quelques entailles… Je manie pas mal de coupe-cigare, je dois dire, c’est un truc que j’ai toujours trouvé plutôt pratique. Le doigt y entre tout juste et au niveau du cartilage, une phalange ne résiste jamais bien longtemps, assez pour faire souffrir, mais une fois l’extrémité coupée, c’est déjà autre chose. Alors on peut commencer à négocier.
Il avait le mérite de t'impressionner. Que ce soit par cette carrure imposante ou par ce flot de paroles dont il semblait maîtriser chacun des aspects. Lorsqu'il complimente ton prénom, tu ne peux t'empêcher de lui sourire avec douceur, hochant légèrement la tête avant de glisser l'une de tes mèches de cheveux derrière ton oreille. Oui. Je l'aime bien moi aussi. Même si d'autres l'avait choisi pour toi. Même si tu n'avais jamais pu prétendre à t'appeler autrement... Lilith. Un prénom lourd de sens, un prénom dont les connotations traditionnelles donnaient froids dans le dos. Sophia t'avait appelée comme cela. Était ce parce qu'elle savait, qu'à l'instar d'un démon, tu viendrais semer le trouble et la terreur dans l'esprit des gens ? Que tu provoquerais le chaos et la destruction ? Lilith. Un démon... T'avait elle vu autrement ne serait-ce qu'une seule fois ?
Nigel vint interrompre l'océan de tes pensées, te posant cette question que régulièrement les gens te demandent lorsqu'ils te voient là, ici, toute seule sur cette plage. Que faites vous ici ? Êtes-vous perdue ? Voulez-vous de l'aide ? La plupart du temps tu te contentais de secouer la tête et de continuer ton chemin sans rien ajouter de plus. Rares étaient les fois où les gens insistaient, où ils te suivaient... De la curiosité, peut-être, ou tout simplement l'envie d'être gentils, d'être polis. C'est ce que tu pensais, bien que tu sois assez loin de la vérité. Pour les plus téméraires, ceux qui osaient, qui s'entêtaient, tu devenais tout de suite plus agressive, allant parfois même jusqu'à les mordre avant de t'enfuir en courant. Mécanique d'auto-défense, la seule que tu connaissais et avais toujours connue...
Ses paroles t'interpellent, une fois de plus. Te font t'intéresser davantage à lui, à ce qu'il pense et ce qu'il dégage... Différente. Tu répètes ce mot que tu ne cesses d'entendre depuis que tu as échouée ici, sur cette même plage. Toutes les personnes que tu as rencontrées t'ont dit exactement la même chose. Tu es différente. Différente... Et.. c'est mal, de l'être ? La question échappe à ton contrôle, s'envole au delà de tes lèvres alors que tu pensais la garder seulement à l'esprit. Mais tant pis, tant mieux. Après tout, peut-être que lui avait la réponse à cette question que tu te posais à chaque fois. Est-ce mal, d'être différent ? Les humains, jadis, avaient voulu te tuer, pour cela. Ils avaient voulu réduire à néant ton espèce toute entière parce que tu l'étais. Différente.
Je reste ici, oui. Où pouvais tu aller, autrement ? C'était ici, ta maison. Il y avait bien la forteresse de Wrio, et tu te savais la bienvenue là-bas.. mais, tu avais toujours peur de t'imposer, de le déranger.. il avait déjà tellement fait, pour toi. Tu tournes la tête vers lui, glisse à nouveau ton regard sur les traits de son visage, les détaillants toujours plus minutieusement. Il y avait ce mot.. que tu avais déjà entendu mais dont tu ne parvenais à comprendre le sens. Ce mot, parmi tant d'autres, que tu essayais sans cesse de traduire sans pouvoir y parvenir. C'est quoi les... emmerdes ? Que tu répètes alors, hochant légèrement ta tête sur le côté, tes yeux glissants doucement jusqu'au tatouage présent dans le cou de Nigel. Et ça ? Qu'est-ce que c'est.. ? En dehors de Wrio, il devait probablement être l'humain avec qui tu venais d'avoir le plus d'interactions sociales car, la plupart du temps, tu te contentais de passer à côté d'eux, de les observer, mais de ne jamais leur parler. Bien trop dangereux. Bien trop imprévisibles. Et l'environnement dans lequel tu te trouvais été beaucoup trop peu familier pour que tu t'aventures à ce genre d'expériences. Ici au moins, sur cette plage, tu étais en terrain connu.
Nigel Balan
▿ Ton univers : The necessary death of Charlie Countryman
▿ Date de naissance : 12/02/1981
▿ Age : 43
▿ Métier : Barman mixologue au Fangtasia
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Dons/capacités/pouvoirs : Aucun pouvoir.
▿ Pseudo : ameknos
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▿ Copyright : Nuit blanche
▿ Disponibilités rp : libre
▿ Autre(s) compte(s) : Duncan & Martin & Doc' Ten & House & Zeus & Eric & Crowley & Papy & Jiraya & Sebastian & Severus & Jürgen & Kaecilius & Sweeney & Gomez & Nigel & Kristoff & Ezio & Corto & Beetlejuice & Garrett & Owen & Spencer
Le vent souffle toujours fort sur cette foutue plage, et j’essaie de lire quelque chose dans le regard de Lilith, cette fille étrange avec ses manières douces et sa présence presque éthérée. Elle me renvoie un sourire timide quand je lui parle de son prénom, comme si elle portait un secret plus lourd que ses mots ne le laissent entendre.
« Nan, c’est mieux de pas être comme tout le monde. La plupart des gens sont soit cons, soit chiants. Certains tirent même le gros lot en cochant les deux cases. » Elle n’avait pas l’air d’être conne et jusqu’à présent, je ne la trouvais pas chiante. C’était plutôt bon signe à mes yeux.
Je m’assois plus près, sentant la tension entre nous comme un fil tendu prêt à rompre. Et là, elle me demande ce que c’est, les emmerdes. Elle a l'air sincèrement curieuse, ses yeux grands ouverts dans une expression d'innocence presque enfantine. Cette question me fait sourire malgré moi. Comment expliquer ça sans plonger dans des détails sordides ?
« Les emmerdes, ma chère Lilith, c’est quand les choses tournent mal. Quand tu te retrouves avec des gens sur ton dos, des dettes à rembourser, des problèmes qui te collent à la peau comme du goudron. Bref, c'est la merde, tout ce qui t'empêche de dormir tranquille la nuit. » Je hausse les épaules, essayant de minimiser l’impact de mes paroles, mais je sais bien que ma vie est un dédale d’emmerdes en tout genre.
Elle continue de me fixer, ses yeux glissant de mon visage à mon cou, s'arrêtant sur mon tatouage, avant de me demander ce que c’était. Je touche machinalement l’encre noire de la pin-up incrustée dans ma peau. Ce tatouage, il a une histoire que je n’ai pas racontée à beaucoup de monde.
« Ça, c’est une sorte de... rappel. Un souvenir de ce que je suis et d’où je viens. Ça représente une part de moi, une partie de mon passé que je porte toujours avec moi, où que j’aille. » Mon ton devient plus sombre, plus sérieux. « Des fois, c'est pour se souvenir des erreurs qu’on a faites, des gens qu’on a perdus. Et des fois, c’est pour montrer aux autres qu’on est pas à prendre à la légère. »
Je me lève et m'approche un peu plus du bord de l'eau, regardant les vagues s’écraser sur le sable, laissant des empreintes éphémères qui disparaissent aussitôt. La pluie commence à tomber, fine mais persistante, dessinant des cercles sur la surface de l'océan.
« T'sais Lilith, être différent, c’est pas mal. C’est ce qui fait de toi ce que tu es. Si tout le monde était pareil, le monde serait sacrément chiant, non ? » Je tourne la tête pour la regarder, espérant que mes mots atteignent quelque part en elle. « Les gens ont peur de ce qu’ils comprennent pas. Moi, j’ai appris à vivre avec ça. À m'en foutre. Tu fais pareil et tu verras, ça ira mieux. »
Elle reste silencieuse, absorbant mes paroles. Je me demande ce qui se cache derrière ses yeux, quelle histoire elle traîne avec elle. C'est une énigme, cette gamine, et j'ai toujours aimé les énigmes. Je fouille dans mes poches et sors une clope, l'allumant d’un geste rapide et prenant une longue bouffée. La fumée se mélange à l’air salin, créant une sorte de voile entre nous. « Dis-moi, Lilith, pourquoi t'es vraiment là ? C’est pas juste la pluie qui t’attire, j’le sens. Y’a quelque chose de plus. »
Elle hésite, ses yeux se détournant vers l’horizon, comme si elle cherchait les mots dans les vagues. Moi, je suis patient. J’ai appris à attendre. Surtout quand je sens que quelque chose de gros se prépare. Les gens comme elle, ils ont toujours des histoires, des secrets bien enfouis. Et moi, j’aime creuser, découvrir ce que les autres cachent. Le tonnerre gronde au loin, annonçant l'arrivée de la tempête. La pluie s'intensifie, ruisselant sur nos visages et nos vêtements. J’écrase ma clope dans le sable, me relevant et tendant la main vers elle.
« Viens, on va trouver un abri avant que ça dégénère. »
Tu lèves le nez vers le gros nuage au dessus de vos têtes une moue pensive accrochée au visage. Alors c'était ça, les emmerdes. Je vois. Approximativement en tout cas. Car tu n'avais jamais réellement eue de dettes à payer, en soit. J'ai beaucoup d'emmerdes alors moi aussi. Probablement plus dans ton ancienne vie que dans celle-ci car tu te débrouillais assez bien, malgré cette nouvelle apparence et tout les désagréments qu'elle pouvait entrainer. Bien que tu ne comprennes pas la subtilité de toutes ces explications, c'est un léger rire qui s'échappe d'entre tes lèvres avant que tu ne hausses finalement les épaules. Même si il ne semblait pas des plus fréquentable aux premiers abords, tu l'aimais assez bien, ce Nigel. Malgré son regard perçant et agressif, malgré cette façon de parler un peu brute et rentre dedans. Au moins, il n'avait pas froid aux yeux. Au moins, il se battait pour les choses qu'il pensait importante, pour lui. Tout cela, tu pouvais aisément le lire dans son regard. Et le comprendre, aussi. Lorsqu'il glisse ses mains contre la marque présente dans son cou, tu sembles beaucoup plus curieuse, un peu étonnée aussi. C'était.. volontaire ? Beaucoup d'humains portaient ce genre de signe distinctif. Sur les bras, les jambes, parfois le visage. La plupart du temps, les inscriptions ou les symboles étaient différents mais, jamais ô grand jamais, tu n'aurais pensé que le fait de ce marquer comme cela était volontaire. Tu arques finalement un sourcil, te penchant un peu plus vers lui, détaillant de plus près cette femme gravée sur sa peau. Toutes ces fois où les Hommes t'avaient transpercée de leurs harpons, où tu t'étais retrouvée criblé de balles. Mes souvenirs à moi sont beaucoup moins jolis. Que tu déclares d'une voix plus douce, légèrement amer. La plupart de tes cicatrices avaient disparues avec ce nouvel aspect physique mais néanmoins, tu conservais cette impressionnante entaille le long de ton flanc droit, naissant en dessous de ton aisselle pour mourir à la pointe de ta hanche. Tu ignorais d'ailleurs pourquoi celle-ci avait demeurée, contrairement à toutes les autres. Peut-être car sa profondeur était plus conséquente, peut-être car sa signification était plus importante.. Sophia. Tu pensais beaucoup à elle, ces derniers temps - et tu ne savais pas vraiment pourquoi d'ailleurs.. Sans doute était ce à cause des Mako, que tu observais derrière la vitre de l'aquarium. Ils te rappelaient ta famille, tes filles.. toutes ces choses que tu avais perdues..
Il se relève, s'éloigne un peu de toi ce qui t'arrache de tes rêveries. Ce que Nigel te dit ensuite fait écho, résonne au plus profond de toi. "Les gens ont peur de ce qu'ils comprennent pas." Tu hoches la tête, plante ton regard dans le sien. Oui. Tu le savais, tu l'avais remarqué, tu l'avais appris, à tes dépends. A travers les âges ton espèce avaient été crainte. A travers les âges, elle avait été chassée, et redoutée. Au même titre que le Grand Méchant Loup, tu étais très souvent le vilain de l'histoire, le méchant, la personne à abattre. C'était vrai. C'était réel, ça l'avait toujours été. Pour toi, peut-être avaient ils eu raison, après tout. Tu étais une menace, pour eux, pour l'océan, pour l'ensemble de la planète. Pas sur le moment, peut-être. Quoi que, là encore, en quelques mois, à peine, ton espèce émergeante et toi vous étiez décuplés à une vitesse incommensurable, peuplant la plupart des mers, des océans, des eaux.. Alors oui, peut-être avaient ils eu raison de vouloir exterminer ton espèce. Peut-être avaient ils bien fait de vouloir vous anéantir, faire de votre évolution un vague mauvais souvenirs. Mais ils n'avaient pas réussi. Ils n'avaient fait qu'empirer les choses, d'ailleurs. Je t'ai dit. C'est ma maison, ici. J'habite sur cette plage. Pour la troisième fois, peut-être. Mais il n'y avait pas de maisons autour de vous, alors sans doute que Nigel était perplexe à cause de cela, qu'il ne voulait pas t'écouter, pas te croire... Tu souris, avec douceur néanmoins, sentant la pluie glisser le long de ton visage tandis qu'il suggère de trouver un abris. Un abris ? Pour quoi faire ? Légèrement perplexe tu l'observes un bref moment, le questionnant du regard avant de finalement te relever à ton tour. Je connais un endroit, viens. C'est vrai, il était humain. Tout comme toi, d'ailleurs. Même encore maintenant, tu avais parfois du mal à te dire que ta peau n'était pas aussi imperméable qu'autrefois, que ce corps nouveau, ne résistait pas aussi bien aux intempéries qu'il y a quelques mois en arrière...
Tu lui attrapes la main, sans attendre la moindre autorisation. De toute façon, la pluie était beaucoup trop forte pour se permettre d'attendre davantage. Avec légèreté et en serrant toujours sa main dans la tienne, tu te diriges vers les falaises avoisinantes la plage, contourne l'une d'elle afin d'entrer dans une petite crique désertique. Tu restes très proches de la pierre afin d'être protégée, au mieux, de la pluie battante qui s'écrase sur le sable tout en poursuivant ta course au travers de la crique. Sans doute que rejoindre la ville aurait été plus simple et plus rapide, mais tu te forçais encore à rester le plus loin des humains et de leurs habitations possibles. Pour le moment, en tout cas. En quelques mois, tu avais exploré les plages de l'île dans leurs totalités, connaissant désormais chaque recoins, chaque secrets. Celui dans lequel tu souhaitais le conduire était l'un d'eux. Une petite cavité que tu avais découverte lors d'une de tes nombreuses explorations nocturnes. Personne ne venait jamais ici, et tu doutais même qu'un jour, quelqu'un y soit déjà allé tant l'accès n'était pas des plus simples et des plus intuitifs. Mais vous étiez déjà trempés jusqu'aux os alors, sans doute qu'un peu d'eau de mer ne le tuerait pas. Et puis, au pire, il pouvait tout aussi bien te laisser ici et faire demi-tour. Tu lui lâches la main, arrivée jusqu'au bord de l'eau. Aucun chemin à gauche, aucun chemin à droite. Juste la mer, agitée, s'écrasant contre les rochers. C'est là-bas. Tu pointes du doigt un endroit approximatif. Rien, à première vue, si ce n'était que les parois rocheuses de la falaise. Mais il faudra aller dans l'eau. Parce que l'endroit est uniquement accessible comme ça. Pour toi, ce n'est pas un problème, ça ne l'a jamais été d'ailleurs. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il tonne. Tu n'avais jamais été effrayée à l'idée de plonger, quand bien même une tempête menaçait comme aujourd'hui. Et là, encore, l'océan était particulièrement calme pour l'instant. Au même titre que lorsque tu avais saisie sa main, tu n'attends pas de réponse et tu te mets à avancer. L'eau n'était pas très profonde et il était très facile de s'y déplacer mais tu avais tendance à oublier que tout le monde n'était pas particulièrement friand de l'eau lorsqu'il pleuvait à torrent. Alors tu te tournes, vers lui, lui sourit avec douceur tout en retendant ta main dans sa direction. Viens Nigel. Promis je ne cherche pas à te noyer. Des petits endroits comme celui-ci, l'île en était remplie. Des petits sanctuaires de quiétude et de paix. Des endroits où personne jamais n'allait, où le temps semblait s'être arrêté. Là où tu souhaitais l'emmener n'avait rien de spectaculaire mais s'avérer être particulièrement agréable lorsqu'il pleuvait, l'eau dans la grotte semblait beaucoup plus chaude qu'à l'extérieure et il y avait quelques jolies pierres qui scintillaient, rendant l'atmosphère presque féerique.
Nigel Balan
▿ Ton univers : The necessary death of Charlie Countryman
▿ Date de naissance : 12/02/1981
▿ Age : 43
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Le vent souffle toujours fort sur cette foutue plage, mais cette fois, c'est différent. Y a comme une tension dans l'air, quelque chose qui bourdonne dans le fond de ma tête. Lilith, cette gamine mystérieuse, se tient à côté de moi, sa main serrée dans la mienne, comme si elle voulait me traîner dans un autre monde. Elle dit qu'elle connaît un endroit, un coin perdu où on pourrait s'abriter de la pluie qui commence à tomber plus fort.
J'observe les falaises autour de nous, la roche sombre se découpant contre le ciel gris. Une partie de moi se demande si je devrais vraiment la suivre. Mais bon, y a un truc chez elle, une sorte de fascination qui m'empêche de simplement tourner les talons et rentrer chez moi. Alors je serre sa main un peu plus fort, juste pour m'assurer que c'est bien réel, que je suis pas en train de suivre un putain de fantôme.
Elle me conduit vers un coin de la plage que j'aurais probablement jamais remarqué tout seul. On longe la falaise, la pierre rugueuse sous mes doigts, jusqu'à ce qu'on arrive devant une crique presque invisible. L'eau s'écrase contre les rochers avec une force qui me fait penser que, ouais, c'est pas exactement l'endroit idéal pour un mec qui aime garder les pieds au sec. Mais Lilith, elle, semble parfaitement à l'aise. Elle se détache de moi, avance jusqu'au bord de l'eau, et me montre du doigt un point au loin.
« C'est là-bas, mais faudra aller dans l'eau », qu'elle dit. Je la regarde, sceptique. Aller dans l'eau, par ce temps ? Bordel, elle est cinglée ou quoi ? Pourtant, elle se tourne vers moi, un sourire léger sur les lèvres, comme si tout ça n'était qu'un jeu. « Viens Nigel. Promis, je ne cherche pas à te noyer. » Y a un truc dans sa voix, un mélange d'assurance et de douceur qui me désarme complètement. Avant que je puisse vraiment réfléchir à ce que je suis sur le point de faire, je suis déjà en train de retirer mes godasses, mon jean trempé collant à ma peau.
L'eau est glaciale, évidemment, mais je m'efforce de ne pas montrer que ça me gêne. Après tout, j’ai traversé pire que ça. Mais y a quelque chose dans cette eau, quelque chose qui me donne la chair de poule. Pas le froid, non, mais une espèce de malaise. Comme si cette mer, cette plage, tout ce putain d'endroit, étaient imprégnés de secrets bien plus sombres que ce que je pourrais imaginer.
Je la suis, ma main dans la sienne, mes pas lourds contre le fond sablonneux de la crique. L'eau monte jusqu'à mes genoux, puis mes hanches, et je dois me concentrer pour pas perdre l'équilibre quand une vague plus forte s'écrase contre moi. Lilith avance avec une grâce presque surnaturelle, comme si elle était née dans cette mer, comme si les vagues et les courants faisaient partie d'elle.
Quand elle arrive enfin devant la paroi rocheuse qu'elle m'a montrée, je comprends que le seul moyen d'atteindre notre destination est de plonger. Putain, je déteste ça. Mais y a pas de retour en arrière possible maintenant. Je prends une grande inspiration, la regardant une dernière fois. Ses yeux brillent d'une lumière étrange, presque hypnotique, et je me demande ce qui se passe vraiment dans sa tête.
Je plonge.
L'eau m'entoure, glaciale, comme une main géante qui me tire vers le fond. Je lutte pour garder le contrôle, suivant les mouvements fluides de Lilith à travers l'eau sombre. Pendant un instant, tout devient silence, juste le battement de mon cœur dans mes oreilles, les éclats de lumière à travers les vagues. Puis, d'un coup, je sens la roche sous mes doigts, la paroi de la falaise qui m'aide à me redresser.
On émerge dans une petite grotte, à moitié submergée, l'eau montant jusqu'à nos hanches. C'est un endroit étrange, presque irréel. La lumière de l'extérieur se reflète sur les parois, illuminant des pierres scintillantes incrustées dans la roche. Y a une chaleur ici, inattendue, qui contraste avec le froid de l'océan. C'est presque agréable, presque apaisant.
Lilith se tourne vers moi, ses cheveux mouillés plaqués contre son visage, mais elle a toujours ce sourire. Sa voix résonne doucement dans l'espace confiné, et je me rends compte que je n'ai jamais été dans un endroit comme ça, un endroit où tout semble suspendu, hors du temps.
Je m'approche d'elle, mes yeux scrutant chaque recoin de la grotte. « T'as trouvé un sacré coin, gamine. Pas exactement ce à quoi je m'attendais quand t'as dit qu'on allait s'abriter.» Ma voix sonne plus rauque que je ne le voudrais, mais y a quelque chose de très intense ici, quelque chose qui me met sur mes gardes. « T'es pas comme les autres, Lilith. T'as quelque chose... d'unique.»
On reste là, dans cette grotte étrange, la pluie battante à l'extérieur et la mer s'agitant doucement contre les rochers. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens un peu en paix, même si je sais que ce moment de calme ne durera pas. C'est toujours comme ça, avec moi. Les emmerdes, elles finissent toujours par rattraper leur homme. Mais pour l'instant, je m'en fous. Pour l'instant, je suis ici, avec elle, et c'est tout ce qui compte.
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PRETTYGIRL
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Alone on the sand, eyes in the water || ft. Lilith Mako
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