One night

Ft. @Thomas Elliot

T’avais eu tant à faire ces derniers mois : une mission piège, un appartement qui explose et une balle dans le corps. Puis de nouveau retrouver un endroit pour vivre, aller chercher dans les différentes planques de la ville ce que t’avais caché pour pouvoir récupérer un peu d'argent, et recommencer bien entendu. Rien ne pourra jamais t’arrêter de vivre la nuit tel un chat qui a neuf vies. Sauf que tu ne les as pas, tu n’as aucune capacité à survivre à un coup mortel, t’es juste beaucoup trop endurante pour te laisser mourir dans un coin. Tu trouves toujours à te glisser à un endroit où tu trouves de l’aide. Cette fois-ci c’était Jesse, ton adorable dealer que t’aimes tant aller taquiner dès que tu le peux.

Mais tout ça a fait que tu as disparu de la scène nocturne, te contentant d’aller voler dans les endroits que tu connaissais le temps de cicatriser, de réparer ton costume et d’essayer de te venger bien entendu. Il ne faut pas croire que tu es le genre de femmes à tendre l’autre joue, et tu comptes bien faire payer à ce connard ce qu’il t’a fait. Ca t’a fait étrange d’ailleurs de ne pas voir Bruce accourir pour t’aider et tu t’en es voulu d’avoir cette idée là. Après tout, tu es une femme forte et indépendante, pas du genre à avoir besoin d’une aide non désirée. Mais ça rappelle aussi à ton esprit et ton cœur meurtris que même la rare personne qui t'était proche dans ton monde n’est plus là. C’est ainsi.

Quand tu vois les affiches et les articles de journaux pour cette magnifique statue de Bastet, tu prépares aussitôt ta venue à l’inauguration. Tu as volé déjà plusieurs fois des merveilles dans ce musée donc t’es persuadée qu’ils ont amélioré la sécurité, mais que serait la vie sans challenge ? Est-ce un piège ? Peut être… Certainement même car c’est un peu trop gros mais ce n’est pas grave, t’y iras quand même parce que tu ne peux tout simplement pas passer à côté de cette occasion en or.

Tu arrives donc à la soirée d’inauguration avec les autres invités, observant avec intérêt ce qui a pu changer au cœur du musée. T’es habillée d’un pantalon droit qui épouse tes formes et d’un haut particulièrement échancré qui ne trahit jamais ta poitrine, même s’il la laisse deviner à chacun de tes mouvements. T’aimes t’habiller sensuellement sans pour autant épouser l’attrait des robes et des jupes. Et puis cela te permet de porter une partie de ton costume dessous.

Est-ce que tu penses à une coïncidence quand ton regard croise celui de Bruce ? Aucunement. Il ne fait aucun doute que vous vous êtes reconnus, mais tu te contentes de passer ta langue sur tes lèvres, soulevant la coupe de champagne que tu as dans la main en signe d’invitation. Invitation à quoi ? A lui de voir ce qu’il désire. Tu lui fais ensuite un clin d'œil avant de te fondre dans la masse des gens, aimant l’idée qu'il puisse te chercher.

One night

Ft. @Selina Kyle

Selina, l’insaisissable Selina, était devant lui. Thomas ne put s’empêcher de sourire. Un sourire un peu trop chaleureux, un peu trop heureux, qui trahissait les sentiments bien étonnant qui grandissaient en lui. Lui, le double maléfique de Bruce, l’obsessionnel chirurgien qui avait volé le visage de son ami d’enfance et tenté de voler le coeur de Selina, tombant sous le charme d’une autre Selina ? Il n’y aurait cru lui-même si on le lui avait dit. L’ancien Thomas aurait sans nul doute traqué Selina après cette rencontre sur les toits, ne se serait pas contenté de l’attendre chaque nuit, il aurait fouillé la ville et trouvé sa cachette, peut-être même aurait-il été l’auteur de l’explosion de son appartement, solution efficace pour l’affaiblir. Mais non. Le Thomas de ce monde ci, celui qui se croyait fermement devenir Bruce et une bonne copie de lui puisqu’il entendait être meilleur que lui, s’était mis en tête de réparer la vie de celui qu’il imitait, s’échinant à se faire aimer de chacun de ses fils. Sa mère lui avait dit et répété que Bruce serait meilleur que lui en tout, alors, comme un pied de nez vers l’au-delà, il s’échinait du contraire, ne réalisant pas encore très bien qu’il avait changé, qu’il n’était plus vraiment lui-même, sans être totalement Bruce non plus. Bruce était un être plus bourru, plus torturé aussi, il ne possédait pas l’esprit froid et clinique de Thomas, c’était dans la douleur et la souffrance qu’il tirait sa force, cela le rendait sombre, dangereux même. Thomas lui était obsessionnel, psychopathe dirait certains. Mais il n’avait jamais mis les pieds chez le moindre psychiatre. Pas le temps, pas l’envie de se voir dicter sa vie. De toute façon, il avait commis l’irréparable. Il avait tué ses parents. Il avait souhaité et orchestré leur mort. Et il ne regrettait rien. Pas un soupçon de regret. Il estimait qu’il avait fait ce qu’il fallait. La seule chose qu’il regrettait, c’était d’avoir agit aussi stupidement avec Selina et d’avoir donné de mauvais conseils à Ivy. De très mauvais conseils. Mais il allait corriger tout ça, il était en train de corriger tout ça, il devenait Bruce, un meilleur Bruce. Et cette conviction s’étala dans ses prunelles en une dangereuse lueur.

D’un pas léger, glissant sur le marbre tapissant le musée, l’ancien chirurgien s’approcha de la jeune femme qu’il ne pouvait s’empêcher d’admirer d’un regard gourmand. « Selina, je craignais de vous revoir. » Officiellement se connaissaient-ils ? Contrairement à Bruce Wayne qui s’était toujours attachés aux apparences, Thomas s’en fichait éperdument. Sa mère adorait les apparences elle aussi, à présent, elle goûtait aux pissenlits par la racine. Cette pensée lui arracha un sourire. Il n’y avait de toute façon plus rien d’officiel, plus de règles à suivre, ce monde était fou, comme lui. Pourtant, il devait continuer à jouer le jeu, feindre d’être lui. Et ce jeu lui plaisait, au fond, il était cathartique, salvateur, il ne s’était jamais senti aussi bien, aussi en phase avec lui-même. Il n’y avait que la chirurgie qui lui manquait. Courir après les malfrats sous une pluie battante, voilà qui était des plus épuisants et sans grand réconfort. Surtout si elle était absente. Où était-elle passée tous ces mois ? Il l’avait cherché mais n’avait jamais été fouiller la ville. Il aurait pu. Il aurait dû. Mais quelque chose l’empêchait, avec elle, d’être le Thomas obsessionnel compulsif. Elle réveillait quelque chose en lui, quelque chose d’instinctif, de pulsionnel, de passionnel. Quelque chose qu’il ne comprenait pas, ne maîtrisait pas et qui le rendait maladroit. Il manqua de renverser un serveur passant avec des coupes. « Excusez-moi. » Cela non plus ne lui ressemblait pas, de s’excuser. Le serveur insista pour leur offrir deux coupes, les rares qui avaient échappés au désastre.

One night

Ft. @Thomas Elliot

Tu te balades félinement entre les invités, faisant des clins d'œil aux hommes que tu vois et reconnais pour les avoir vu te donner de l’argent dans certains clubs de striptease où tu as travaillé. Tu les sens gênés, certainement parce qu’ils sont avec leurs femmes qui ne savent pas ce qu’ils faisaient lors de leur fameuse “réunion de boulot”. Tu te demandes s’il y en a au moins un honnête dans le lot, mais tu sais que tu as déjà la réponse : non. Tu ne comprendras jamais cela. A force de faire des secrets et des hontes de tout, est ce qu’une histoire peut vraiment reposer là dessus ? Les personnes qui ont le plus marqué ta vie ont toujours été celles et ceux avec qui tu as tout partagé. Pourquoi ne pas aller voir une femme danser ensemble ? Pourquoi ne pas assumer ses envies ensemble ? Ce monde n’a décidément jamais été le tien.

Mais tu n’es pas là pour les juger, tu t’amuses juste à les mettre mal à l’aise, allant voir avec intérêt les nouveautés du musée en attendant qu’il dévoile la magnifique statue que tu comptais bien voler puisqu’il n’y avait que toi qui peux en comprendre la valeur. Tu sais que Bruce t’a vu et qu’il t’a reconnu car vous êtes tous les deux conscients de l’identité sous le masque. Mais t’as jamais été une grande mystérieuse sur ce sujet de toute façon, alors pourquoi le serais-tu dans cette ville ? Tu sais qu’il viendra te parler parce qu’il vient toujours, surtout ce Bruce là. Il ne t’a pas cherché et t’as trouvé un peu… décevant… mais en même temps tu comprends désormais pourquoi cette inauguration se fait et ça t’amuse beaucoup. T’adores qu’on te fasse des cadeaux comme celui-là.

« Etait-ce vraiment une crainte ? »

Tu te retournes pour le regarder intensément, lui souriant en le détaillant du regard sans t’en cacher un instant. Pourquoi le ferais-tu après tout ? Les hommes ne se gênent jamais pour le faire. Tu ris de le voir manquer de renverser un serveur et surtout s’excuser. C’est vraiment un Bruce particulier, sombre et en même temps plein de manières qui ne lui correspondent pas. Alfred serait certainement fier de lui, il désespérait tellement que son maître ne se souvienne pas de tout ce qu’il lui avait appris.

T’acceptes avec plaisir les deux coupes, faisant un clin d'œil au serveur qui va en rosir avant de tendre la seconde à Bruce.

« Ne soyez pas si perturbé voyons, trinquons plutôt à cette magnifique soirée que vous m’offrez et à ce qui en découlera. »

Que ce soit lui ou pas à l’origine de cette inauguration, tu sais très bien pourquoi il est là, comme il sait pourquoi tu es venu, donc vous en connaissez l’issue. Cette danse passionnelle qui aura lieu entre vous deux pour savoir si la statue restera à sa place ou si elle viendra rejoindre ta magnifique collection. Après tout, tu as perdu une grande partie de tes derniers vols donc autant reprendre avec cette statuette dont tu ne doutes pas de la magnificence : c’est Bastet.