C’était en plein après-midi, avant que je prenne mon service au Fangtasia, un job qui me servait autant de couverture que de carnet d’adresses. Rien de tel qu’une boite pour trouver des acheteurs et écouler des stocks. J’avais jamais eu peur de me faire repérer, pour la simple et bonne raison que j’étais assez discret et que j’étais assez malin pour ne pas laisser de traces. D’ailleurs, même ce flic, là, Hardy, qui essayait de trouver des failles parce qu’il flairait quelque chose n’était pas assez finaud pour découvrir le truc. Tout ce qu’il aurait, s’il remontait des pistes, c’était des petits revendeurs, le dernier maillon de la chaine, des pions sacrifiables et faciles à remplacer…
On se retrouvait toujours un peu de la même façon. Je lui envoyais un message passe-partout, du genre grand frère qui propose une p’tite sortie au cadet et grâce aux quelques indications que je lui filais, Odd savait où me retrouver, même si je lui écrivais toujours avec des cartes prépayées et des trucs plutôt imprécis. Il avait le décodeur, on va dire.
Je marchais dans la rue, le bitume craquelé sous mes pas résonnant comme un vieux disque rayé. La ville s'étirait autour de moi, ses ruelles tortueuses enveloppées dans l'odeur âcre de la pluie récente. Je fumais une clope, le regard perdu dans le vide. Odd et moi, on avait ce truc en cours, un marché bien juteux, mais pas de la petite bibine. Non, cette fois, c'était du lourd.
Je m’arrêtais devant le lieu de rendez-vous du jour : un bouge où même les rats semblaient filer droit. J'entrai sans frapper, la clochette au-dessus de la porte gueulant son irritation. La fumée des cigarettes formait un voile épais, et le barman, un type qui avait vu des jours meilleurs, me lança un regard qui se voulait dur. Je lui rendis son sourire avec tout le mépris dont j'étais capable et me dirigeai vers le fond, où Odd m'attendait déjà.
Il avait cette gueule d'ange qui faisait fondre les filles et agacer les gars. Mais derrière ce sourire enjôleur, il y avait un esprit vif, prêt à tout pour réussir. Il savait se mouvoir dans les eaux troubles de nos affaires sans jamais se mouiller.
Je m'assis en face de lui, balançant ma veste sur le dossier de la chaise. « Hello toi, toujours aussi ponctuel à ce que je vois… »
Au début de notre collaboration, il avait un peu galéré pour comprendre mes indications laconiques et parfois codées, mais avec le temps, il s’y était fait. Et je voyais en lui plus de finesse d’esprit que chez d’autres revendeurs, avec qui je devais être un peu plus explicite si je voulais qu’ils sachent où me retrouver.
PRETTYGIRL
Odd Della Robbia
▿ Ton univers : Code Lyoko
▿ Date de naissance : 18/06/2004
▿ Age : 20
▿ Métier : DJ et musicien, mais aussi dealer
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Côté cœur : Dragueur invétéré, mais incapable jusqu'à présent de conserver une relation plus de quelques mois
Si Odd filait à toute allure sur son skate à travers tout Lockwood Hill, c’était parce qu’il avait un rendez-vous important. Comme d’habitude, le message était arrivé sur son téléphone qu’il surnommait affectueusement “Business phone”. Un message mystérieux et énigmatique qu’il prenait quelques minutes à décoder, mais dont il savait au moins toujours la provenance, malgré le changement de numéro. En effet, parmi ses fournisseurs, il reconnaissait le style de Nigel, bien différent des messages envoyés par Jesse. Une fois qu’il eut compris le lieu et l’heure du rendez-vous, il le jour prévu, il se mit en route. Quitter la colocation n’était pas une partie de plaisir. Son chien, Kiwi, avait tendance à glapir lorsqu’Odd partait pour les affaires. Ce qui risquait d’attirer l’attention d’Ulrich, et ne pas l’arranger. Alors, sur la pointe des pieds, il caressa la tête de Kiwi, lui donna une friandise, et attrapa son skate pour s’en aller dans le plus grand silence.
A peine dehors, il poussa la planche par terre et traversa Raccoon Square, puis Lockwood Hill, avec une vitesse fulgurante. Odd avait toujours brillé par son agilité et sa vitesse, et il connaissait le chemin vers la Tête de Sanglier par coeur. Abelforth et Karube l’avaient pratiquement vu grandir. Arrivé dans le monde de la drogue entre ses quinze et seize ans, il allait désormais sur ses vingt, et était souvent passé par la taverne pour ses rendez-vous. Il arriva le premier sur les lieux, ce qui soulagea ses épaules d’un poids. Faire attendre Nigel Balan n’était pas une option. Odd était tout à fait conscient de faire partie des pions sacrifiables, des revendeurs remplaçables. Il ne servait que de relais entre les têtes pensantes et les clients, au fond, et il serait idiot de se croire au-dessus de ça.
Il salua Karube, le barman, d’un signe de tête. Le vieux devait être parti se reposer, c’était assez rare pour être souligné. Il s’installa au fond de la taverne, et attendit, posant son skate contre le mur. Lorsque Nigel arriva, Odd sortit de ses réflexions. Ah, Ulrich, Aelita et Yumi n’arrêtaient pas de se plaindre de son retard. C’était la première fois que quelqu’un louait la ponctualité d’Odd ! Et c’était tout à fait explicable. Il savait que ses amis pouvaient bien attendre quelques minutes et ne s’inquiétait pas trop. Par contre, s’il tenait à garder sa tête sur les épaules, il n’avait pas intérêt à négliger l’emploi du temps de Nigel. Il se retiendrait bien de lui dire que d’ordinaire, la ponctualité n’était pas son fort.
- Ponctualité, c’est mon deuxième prénom !
Le petit blond était doté d’une certaine joie de vivre et d’un caractère optimiste. Il pouvait avoir l’air d’un mariole pour certains, mais qui irait soupçonner un type aussi excentrique que lui de faire partie d’un trafic secret ? Odd avait l’art de se faire remarquer, extravagant sur les bords. Mais il devenait une véritable ombre lorsqu’il était question de secrets. Il savait les garder, et agir en conséquence. Mine de rien, il était toujours soulagé de ne pas s’être trompé dans ses calculs et d’être au bon endroit. Les énigmes, c’était un challenge, et il avait l’esprit assez vif, mais il était rare qu’il soit sûr à cent pour cent d’être sur la bonne route. Heureusement, ça faisait un moment maintenant qu’il ne s’était pas trompé. Il avait galéré au début de leur collaboration, mais maintenant, ce n’était plus le cas. Il sortit de son sac une petite boîte et la fit glisser sur la table en direction de Nigel. La boîte était fermée par un code, dont ils étaient les deux seuls à connaître la combinaison. Cette boîte contenait l'argent des dernières affaires qu'Odd avait effectuées pour Nigel. Il n'avait pas besoin de le préciser, ils savaient tous les deux ce qui se trouvait à l'intérieur, et les murs ayant des oreilles, Odd préférait ne pas parler inutilement. Les clients de la Tête de Sanglier étaient tous plus ou moins louches, il était évident qu'ils étaient là pour des affaires. Mais mentionner la présence d'argent à voix haute pourrait, par conséquent, éveiller les esprits trop attentifs des alentours, comme un mot magique qui déclenchait une réaction immédiate. Ce n'était pas tout à fait le moment de déclencher un conflit monétaire.
Tout comme il savait qu’il valait mieux donner donner ceci à son patron avant qu’il ne le demande. C’était toujours mieux vu, et ne donnerait pas l’impression qu'il essayait de flouer qui que ce soit. Odd était beaucoup trop conscient du milieu dans lequel il se trouvait pour faire… le mariole, avec ce genre de choses.
Je me frayais un chemin à travers les ruelles sombres de la ville, les poches lourdes et l'esprit en alerte. C'était une de ces soirées où l'air frais vous piquait le visage, vous rappelant que vous étiez encore en vie, malgré les risques du métier. J'avais donné rendez-vous à Odd à la Tête de Sanglier, un endroit qu'on pourrait décrire comme l'antre des crapules… Je poussais la porte avec assurance, faisant tinter la cloche d'une manière presque ironique, contrastant avec la gravité de mes intentions. Le bar était rempli de fumée et de murmures, l'atmosphère étant aussi lourde que les regards échangés. Je repérai Odd au fond, son skate proche de lui, signe évident de sa récente arrivée. Il avait cette façon de se fondre dans le décor, malgré une allure qui criait le contraire. Sa présence ici n'était jamais un hasard, tout comme la mienne.
Mon entrée en la matière fut une salutation basique, avant de prendre place en face de lui. Il répondit par un haussement d'épaules nonchalant, mais ses yeux trahissaient une curiosité mêlée d'anxiété. L'argent, déjà prêt sur la table dans une petite boîte fermée à code, indiquait que les affaires précédentes avaient été fructueuses. « Tu sais, le monde tourne et nous avec. Faut savoir s'adapter pour rester en jeu. » Je tirais lentement sur ma cigarette, laissant le suspense s'installer. « Y'a du nouveau qui pourrait nous intéresser. Un marché un peu plus... ambitieux.» Mes mots étaient pesés, chaque syllabe distillée avec précision pour piquer son intérêt sans éveiller les soupçons des oreilles indiscrètes autour de nous.
Je m’attendais à ce qu’il me pose des questions, mais il fallait éviter les mots trop clairs dans un endroit comme celui-ci. L’adage qui disait que les murs avaient des oreilles n’aurait pas été plus vrai dans un autre lieu.
« Disons que… ça pourrait nous permettre d'élargir nos horizons. Mais pour ça, il faut être prêt à prendre des risques... à ne pas avoir froid aux yeux.» Je fixais Odd, cherchant dans son regard un signe de la témérité que je savais qu'il possédait. « Je parle de diversifier le stock, peut-être même d'aller chercher des choses que peu osent toucher. »
C'était un gamin intelligent, il savait lire entre les lignes. Je songeais que son silence était le signe qu’il digérait l’information et qu’il y réfléchissait déjà. « Écoute, je vais être clair. J'ai des contacts qui pourraient nous fournir du matériel, du lourd, si tu vois ce que je veux dire. Pas juste de la camelote de bas étage. De quoi vraiment marquer notre territoire. » Sans avoir à pisser partout, bien sûr.
Je baissais la voix, me penchant en avant. « Mais je peux pas me lancer là-dedans sans un partenaire solide. » Je savais qu’il était digne de confiance pour les plans drogue, mais pour le reste… je ne pouvais pas être sûr à cent pour cent. Je me redressais, écrasant ma cigarette dans le cendrier. « Prends ton temps, Odd. C'est pas le genre de décision à prendre à la légère. »
PRETTYGIRL
Odd Della Robbia
▿ Ton univers : Code Lyoko
▿ Date de naissance : 18/06/2004
▿ Age : 20
▿ Métier : DJ et musicien, mais aussi dealer
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Côté cœur : Dragueur invétéré, mais incapable jusqu'à présent de conserver une relation plus de quelques mois
Généralement, ce genre de rendez-vous étaient plus ou moins similaires, une routine qui affligeait légèrement le jeune homme, qui n’avait jamais aimé faire tout le temps la même chose. Il donnait l’argent des ventes, puis un point rapide sur les clients, les informations, les stocks, ou ce genre de choses, et c’était des discussions qui devenaient plus ou moins banales dans son esprit. Mais aujourd’hui, Odd n’aurait jamais pu s’attendre à ce qui était en train de lui tomber dessus. Il plissa les yeux lorsque Nigel commença à parler, se lançant dans une explication à la fois floue et presque limpide.
Parmi les marchés plus ambitieux que la vente de drogue, il y avait quelques possibilités, mais une plus évidente que l’autre. Ce qui ne fut que confirmé par le “lourd” matériel que lui promettait le patron. Oh la la, qu’est-ce qui était en train de se passer ? Durant toutes les explications de Nigel, Odd demeura silencieux, conscient qu’il devait de toute façon le laisser finir de parler. Il y avait bien entendu une différence entre vendre de la drogue et vendre des armes. Odd aurait plus de mal à cacher un fusil d’assaut dans son sac que quelques paquets de cocaïne. Ulrich avait plus de chances de voir que son sac à dos avait une forme super chelou -où était trop lourd pour ce qu’il était censé transporter-. Mais pour autant, Odd détestait la routine, et depuis le temps qu’il vendait de la drogue, il avait fini par s'y habituer et y trouver un quotidien quasiment mortel pour quelqu’un comme lui.
N’oublions pas aussi qu’il était difficile de refuser une proposition aussi particulière. Que ce soit parce que c’était une preuve de confiance indéniable ou parce qu’il serait en possession d’informations qui le rendaient dangereux s’il décidait un jour de tout arrêter pour une raison ou une autre. Odd se voyait mal dire non. Il souhaitait retrouver cette adrénaline dont il avait besoin. Il voulait être digne de la confiance que Nigel lui témoignait. Même s’il savait que c’était un point de non-retour. Sortir du business serait encore plus difficile, mais pour l’instant, il n’avait pas de raison de vouloir en sortir, alors… Les raisons pour refuser étaient peu nombreuses. Nigel lui conseillait de bien réfléchir, mais Odd n’avait jamais été un grand penseur. Il courait après l’action depuis toujours, agissait avec son instinct et réfléchissait après.
- Ok, je vois le genre.
Répondit-il, pour signifier qu’il avait compris où Nigel voulait en venir. Cela soulevait beaucoup de questions. Est-ce que sa place allait changer ? Il ignorait ce que Nigel avait organisé de son côté, et être un “partenaire fiable” laissait penser que Nigel n’avait pas encore d’équipe, ce qui pouvait impliquer un peu de changement, mais il ne pouvait jamais vraiment dire ce qu’il avait en tête. Revendre, il savait faire. Pour le reste… Et bien, il s’adapterait si nécessaire, mais il ignorait tout des plans mis en place.
- Qu’est-ce que j’y gagne, dans tout ça ? C’est beaucoup plus risqué comme affaire.
Il ne réfléchissait pas souvent, mais il n’était pour autant pas idiot. Odd voulait tout de même savoir quelle serait sa place dans l’histoire, et si les risques étaient plus gros, il était normal qu’au moins le salaire puisse suivre la cadence. Il n’avait pas vraiment peur, Odd n’était jamais effrayé que lorsqu’il était trop tard. Un peu trop téméraire. Mais il savait que la situation serait moins simple à tous points de vue, même s’il n’était qu’un revendeur, et il était bien en droit de savoir ce qu’il en était des avantages. Quelque part, sa conscience s’activait pour lui intimer de faire attention. Mais cette conscience se battait contre un besoin d’adrénaline bien trop puissant… Et contre la volonté d’être digne de confiance. Sa conscience, disons qu’il n’était pas très fort pour l’écouter. Et que son instinct de survie était plus actif. Refuser était parfois aussi dangereux, voire plus, qu'accepter.
- Et qu'est-ce que vous attendez d'un "partenaire solide" pour ce nouveau marché ?
J’allume une clope, laisse la fumée s’échapper lentement par les coins de ma bouche. J’observe Odd, son sourcil levé, la voix légèrement incertaine mais l’œil vif, comme toujours quand il sent l’odeur du fric et du danger mêlés. Sa question pèse dans l’air saturé de fumée du bar, un silence où même les verres semblent retenir leur tintement.
Je me penche en avant, les mains jointes, les coudes sur la table, le regard fixé sur lui. « T’as raison, c’est risqué. Mais avec le risque vient le fric. Beaucoup de fric, Odd. » Je fais claquer ma langue contre le palais, pensif. « On parle pas de petites sommes qu’on éparpille sur des conneries. Non, ça, c’est du sérieux, ça peut nous mettre bien, très bien. »
Je redresse le dos, croise les bras. « Et qu’est-ce que tu y gagnes ? » e répète sa question, laissant un sourire en coin fleurir sur mes lèvres fines. « Une part plus grosse, évidemment. Tu montes en grade, tu deviens pas juste un revendeur. Tu deviens un partenaire. T’es dans le coup, vraiment dans le coup. »
Ma voix baisse, un murmure presque complice. « Je parle de contacts, de réseaux, pas juste ici mais à l’extérieur. On étend notre terrain de jeu, Odd. Et avec ça, ton nom, il commence à signifier quelque chose. Plus qu’un simple petit dealer de rue. » Je m’arrête, allume une autre cigarette avec le bout de la précédente, inspire profondément. « Mais être partenaire, ça veut dire que je compte sur toi. Pas juste pour vendre, mais pour gérer, pour penser, pour être là quand les choses se corsent. Parce qu’elles vont se corser. » Je plante mon regard dans le sien, sérieux. « Ça veut dire que t’es prêt à jouer dans la cour des grands, à prendre des décisions qui pèsent, à risquer gros. Mais aussi à gagner gros. »
Je laisse la fumée s'échapper lentement, mes yeux ne quittant pas les siens. « Alors, Odd, t’es de ceux qui restent sur la touche ou t’es de ceux qui prennent le risque pour la grande récompense ? » Je me penche encore plus près, la voix basse. « Et si on se lance là-dedans, y’a pas de retour en arrière. On choisit ce chemin, on le suit jusqu’au bout. Alors, qu’est-ce que t’en dis ? T’es prêt à sauter le pas avec moi ? » Je tapote la boîte fermée à code sur la table. « Parce que ce qu'il y a là-dedans, c'est juste un avant-goût de ce qui nous attend si tu dis oui. »
L'air est électrique, chargé de promesses et de menaces non dites, chaque mot pesé pour le convaincre, pour le tester. Je me recule, croise les bras, et attend sa réponse, un demi-sourire jouant sur mes lèvres. J'ai posé le décor, maintenant c'est à lui de décider s'il est prêt à jouer ou non.
PRETTYGIRL
Odd Della Robbia
▿ Ton univers : Code Lyoko
▿ Date de naissance : 18/06/2004
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▿ Métier : DJ et musicien, mais aussi dealer
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▿ Côté cœur : Dragueur invétéré, mais incapable jusqu'à présent de conserver une relation plus de quelques mois
Odd se faisait littéralement assaillir par les arguments de Nigel, ce qui lui donnait de plus en plus l’impression de ne pas forcément avoir le choix. Le jeune homme n’avait jamais eu besoin de grand chose pour être convaincu de se jeter à corps perdu dans les situations dangereuses. Ce besoin d’adrénaline, viscéral, était définitivement ce qui causerait un jour sa perte. Et il commençait vraiment à s’ennuyer ferme, dans cette ville où Xana n’était pas là -pas à sa connaissance-, pour rythmer sa vie. Il y avait bien des imprévus, des hallucinations, mais ça n’étaient que des événements ponctuels, rien qui lui donne la sensation d’un quotidien qui signifiait vraiment quelque chose. Odd ne faisait rien de grandiose ni rien de palpitant. Au début c’était sympa, ce petit goût d’interdit, mais à force, il avait tellement pris l’habitude qu’il n’était plus surpris de rien, et qu’il avait la sensation d’enchaîner des situations plan-plan où il dealait, rentrait chez lui en prétendant qu’il était parti voir d’autres musiciens… et il recommençait.
Avec autant d’argent que ce que lui promettait Nigel, il savait que son chien n’aurait jamais à s’inquiéter de problèmes de santé. L’époque où il vagabondait dans les squats de Lockwood Hill était derrière lui depuis qu’il avait emménagé avec Ulrich, mais si ce dernier décidait de déménager un jour, Odd se retrouverait au point de départ. Il n’avait pas envie de recommencer au stade zéro. Même si ça devait être dans plusieurs années. Il n’avait pas non plus envie de se contenter d’être un dealer de rue, dont la disparition n’aurait aucun impact sur le milieu. Il était jeune, mais ambitieux, et Nigel lui déroulait un tapis rouge vers ses pires vices. Ne plus être un pion sacrifiable lui assurait autant de protection que de danger. Il ne serait pas balancé n’importe où en se disant que ce n’était pas grave s’ils perdaient leur vendeur. Signifier quelque chose… Balan était décidément très fort pour jouer sur tout ce qui pouvait être une corde sensible pour Odd. Autrefois, il était un héros. Et aujourd'hui, sa vie n’avait d’importance que pour ses amis. Mais le monde continuerait de tourner, avec ou sans lui.
Le “Prends le temps de réfléchir” devenait un “J’attends une réponse”. Une réponse que Odd, instinctivement, connaissait déjà. Une réponse qu’il savait, au fond, qu’aucun de ses amis n’apprécierait. Mais ils faisaient tous leur vie, ici. Yumi était aux études, Ulrich se débrouillait très bien, et Aelita avait un tas de nouveaux amis. Odd n’avait pas envie d’être le “personne” de la bande.
- Oh, vous savez, j’ai jamais été du genre à regarder les autres me passer devant…
Odd était très irréfléchi. Il ne se rendrait compte que trop tard de la réelle dangerosité du milieu dans lequel il mettait les pieds. Mais quitte à être coincé dans la pègre, autant être bien placé. Autant être quelqu’un. Il ne pourrait pas revenir en arrière. Il n’avait pour l’instant pas de raison de le vouloir. Il n’envisageait pas le moins du monde les conséquences qu’avaient ce genre de trafic, parce qu’il préférait ne pas se le figurer. Juste être reconnu à sa juste valeur. Après avoir été le dernier de classe toute sa vie… Il avait envie de prouver qu’il était capable de faire de grandes choses, malgré tout. Odd fut parcouru d’un frisson, son instinct qu'il refusait d'écouter, qui le mettait en garde, et luttait contre son ambition. Quelque part, il savait que ça allait faire des sacrés dégâts, mais il espérait seulement que ça n’impacte pas des innocents. Il n’y avait pas de raison que ça soit le cas, n’est-ce pas ? Et puis, Nigel avait l’art de lui donner la sensation d’être mis en valeur, avec son ton et ses mots biens choisis.
- Je marche avec vous.
Le petit blond n’avait pas le physique d’une grosse tête de la criminalité. Et c’était sans doute ce qui jouait le plus en sa faveur. Personne n’irait soupçonner un petit jeune extravagant. Sa couverture naturelle était parfaite. Et il en était bien trop conscient.
- Ces nouveaux stocks, on a déjà les ressources pour mettre la main dessus ?
Autant qu’il commence déjà à se mette directement au courant de la situation. Cela ne ferait qu’en démontrer son implication dès les premiers mots échangés. Parler d’un “On” changeait déjà clairement la donne pour lui, qui sortait enfin de l’ombre.
Je tire une autre cigarette de mon paquet presque vide, en écrasant le mégot précédent sous le talon de ma chaussure, sur le sol crasseux du bar. Le silence est épais, presque aussi dense que la fumée qui nous entoure, saturée des rêves et des regrets de ceux qui ont échoué à fuir cette ville. Je souffle un nuage de fumée vers le plafond, observant les volutes se dissiper lentement, tout comme nos chances si on ne joue pas nos cartes correctement. "Je marche avec vous." La voix d'Odd brise le silence, chargée d'une détermination juvénile qui me tire un demi-sourire. Le gamin a du cran, je dois lui reconnaître ça. Pas juste du cran, une faim de loup. Il a cette lueur dans les yeux, celle qui dit qu'il n'a rien à perdre et tout à gagner. Ça me rappelle un peu moi à son âge, avant que la vie ne commence à me réclamer ses dettes.
« Les ressources ? » Odd penche sa tête, curieux et prêt, déjà plongé dans les eaux troubles dans lesquelles je m'apprête à le lancer. « Tu penses déjà comme un partenaire, pas mal pour un débutant, » je réplique en tapotant la boîte à code sur la table. Dedans, des billets bien serrés, prêts à être investis. « On a ce qu'il faut pour démarrer. Mais ce n'est pas juste une question de pognon, Odd. C'est une question de savoir se tenir prêt pour le coup d'après, et le suivant. »
Je me lève, glissant la boîte sous mon bras. « Viens, on a des choses à préparer. » n marchant vers la sortie du bar, je sens le regard des autres clients peser sur nous. Ils savent, tout comme moi, que le vent est en train de tourner. Odd et moi, on pourrait bien être ceux qui le font tourner. Nous sortons dans l'air frais de la nuit, et je sens le gamin frissonner à côté de moi. Je le regarde, tentant de percer le mystère de ce qui le pousse vraiment.
« Tu sais, ce monde... il te mange tout cru si t'es pas attentif. T'es sûr de vouloir plonger là-dedans ? » je demande, la voix basse, presque noyée par le grondement lointain de la circulation. Je sais qu’un jeune comme lui pourrait être tenté par l’appât du gain puis se rendre compte un peu trop tard qu’il s’est foutu dans la merde jusqu’au cou.
Nous marchons côte à côte, les échos de nos pas se mêlant à ceux des autres âmes nocturnes. Je pense aux plans, aux risques, à la danse dangereuse dans laquelle je viens de l'entraîner. Mais Odd n'est pas un pion. Il a choisi de jouer, et il jouera en tant que partenaire, pas en tant que victime. « Tu verras, Odd, on va secouer cette ville, » je murmure en regardant les lumières qui scintillent au loin. « On va leur montrer qu'on est pas juste des ombres passant dans la nuit. On est le feu qui va tout embraser. »
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Odd Della Robbia
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Le jeune homme avait un passé de héros, c’était un fait. Et beaucoup diraient qu’il était tombé très bas, avec toutes ces histoires. Il n’avait jamais été fait pour une vie rangée et calme, il était fait pour l’action, une action que Nigel était en train de lui offrir sur un plateau en or massif. Effectivement, le jeune homme était un débutant, en tout cas dans les rangs des penseurs. Il était aussi un maître de l’improvisation. En fait, il était tellement imprévisible que ça finirait bien par jouer à son avantage. Le coup d’après, personne ne le verrait jamais venir. Odd était capable de faire du rodéo sur des Mantas si c’était la seule idée qui lui venait. Il frôlait l’inconscience, comme en ce moment précis, prêt à sauter à pieds joints vers une situation qui, s’il faisait une erreur dans ses acrobaties, pourrait le faire se briser la nuque. Mais c’était ainsi qu’il aimait vivre.
Il se leva à la suite de Nigel, remettant son sac sur son dos et attrapant son skateboard laissé contre le mur. Odd n’était jamais vraiment sorti à la vue de tous avec Balan, ce qui était un nouvel indicateur de sa place. Les gens les observaient avec un mélange de méfiance, de menace et de curiosité. Que se tramait-il entre des ceux-là était une question qu’ils se posaient un peu tous. On ne pouvait pas dire que Nigel ait été très prévisible en faisant d’un jeune comme lui un partenaire. Mais ce n’était pas pour déplaire au petit blond, qui avait besoin de se sentir important. La remarque de Nigel au sujet du monde ne fit pas frémir un instant le musicien. Il avait déjà failli se faire tuer un tas de fois, de toute façon, et il s’en était toujours sorti, pas vrai ? Grâce à ses amis, autant qu’ils s’en étaient sortis grâce à lui. Mais quand même. Il relativiser beaucoup -trop- le danger, depuis.
- Peu importe le monde, on peut se faire bouffer si on se plante. Si je dois tomber, autant que ce soit pour quelque chose qui en vaille la peine. Je suis pas inquiet.
Odd n’avait jamais eu froid aux yeux, et dans cette affaire, ce serait son sens moral son plus grand ennemi. Mais pour l’instant, la question morale et éthique ne se posait pas, alors il l’omettait volontiers. Le discours de Balan lui plaisait, c’était un fait. Il se sentirait presque tout-puissant. Les doutes se dissipaient, son instinct se taisait, parce que la fatalité était irrémédiable. Odd se rappelait trop de ses luttes contre Xana pour avoir peur de quelques discours. Sauf que voilà, il n’avait jamais été reconnu pour ses exploits héroïques. Aux yeux de la plupart des gens, il était resté le dernier de classe. Et lui voulait marquer l’histoire.
- Dément ! Alors, par où on le démarre, cet incendie ?
Il fallait qu’il se mette à jour sur les informations et les préparations qui avient déjà pu être entamées. Nigel avait sans doute déjà fait quelques trucs en amont, après tout. Le jeune homme essayait de s’habituer avec l’idée qu’ils seraient à égalité, malgré le déséquilibre considérable d’expérience qu’il y avait entre eux.
- Je suis sûr que ce sera spectaculaire !
Il pourrait se consacrer à la musique sur son temps libre, sans craindre de galérer à payer son loyer, ce qui avait tendance à brider son inspiration et à lui mettre la pression. Ca sera, paradoxalement, moins anxiogène pour lui, il en est convaincu.
On est des partenaires, lui et moi. Ça fait déjà un moment qu’il bosse pour moi, le p’tit, et jusque là, il ne m’a pas donné une seule occasion d’être déçu. C’est qu’il a de la volonté et puis il a envie de réussir… c’est pas un mou du bulbe, sinon, je l’aurais déjà jeté depuis longtemps.
Odd a ce sourire presque tout-puissant, celui d'un gamin qui croit encore que tout est possible. Il trouve ça « dément » comme projet et ça a un petit côté sympa de le voir si emballé. Je ris doucement, un son rauque qui se perd dans le vent de la nuit. « On va commencer par ce qui est sous notre contrôle. Les informations, les ressources, les alliances. T'as une idée de qui pourrait nous être utile dans cette ville ? Quelqu'un qui a les oreilles un peu partout ? »
Oh j’ai bien quelques noms en tête, des gars qui trainent dans les bas-fonds, le genre capable de filer un coup de main sans être trop regardant si on allonge l’oseille. Mais Odd a peut-être d’autres noms, d’autres suggestions. Et j’ai tendance à croire que c’est pas plus mal de lui montrer que j’ai assez confiance en lui pour écouter ce qu’il peut avoir à dire.
« On va se les faire. Et ensuite, on verra à quel point on peut étendre notre réseau. » Chaque personne qu’on peut rallier à notre projet devient comme une pièce du puzzle, comme une façon de nous rapprocher de notre but. Si on arrive à devenir incontournables sur le marché, alors, d’office, le monopole est pour nous, avec tout ce que ça implique. Le fric, le pouvoir, l’influence.
Odd et moi, on avance dans la nuit, chacun avec ses pensées, ses motivations. Il voit ça comme une aventure, moi comme une nécessité. Mais au final, nos chemins se sont croisés, et ensemble, on va faire des étincelles. Je continue de marcher, le son régulier de mes pas résonnant dans les ruelles sombres. La ville dort, mais pas nous. Nous, on prépare notre prochain coup.
Je ne lui fais pas l’affront de lui demander une dernière fois s’il est prêt à tout. Il sait, je pense, ce que tout cela signifie. Il sait qu’une fois qu’on commence, on ne peut plus reculer. Il sait aussi que c’est moi qui distribue les cartes et que la moindre erreur peut coûter cher.
« Allons-y. L'incendie commence maintenant. »
Des gens qui ont besoin d’armes, y en a partout. Il y aura toujours quelqu’un qui doit montrer sa puissance comme ça. Et moi, je suis le type qui fournit les armes dont les canons ont été méticuleusement limés, pour effacer toute trace. Je suis le mec vers qui on se tourne pour se fournir en trucs pas nets. Je fais ça bien. Et Odd aussi, sinon, j’aurais demandé à quelqu’un d’autre, mais il est digne de ce taff, j’en suis sûr.
« Le marché est encore assez libre en ville, mais on doit s’imposer rapidement. Et faire un exemple de tous ceux oseront se mettre en travers de notre chemin. » Comme un retour au bon vieux temps… Couper un bout de doigt au coupe-cigare, envoyer le morceau aux proches pour leur mettre la pression… C’est tout simple d’inspirer la crainte. Et je ne manque ni d’idées ni de moyens, et ça, c’est top.
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Odd Della Robbia
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▿ Date de naissance : 18/06/2004
▿ Age : 20
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▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Côté cœur : Dragueur invétéré, mais incapable jusqu'à présent de conserver une relation plus de quelques mois
Odd connaissait pas mal de monde. Il avait pour habitude d’être plutôt sociable, mais il n’avait pas de gros contacts dans son répertoire. Il n’avait jamais été qu’un dealer du bas de l’échelle, après tout. En revanche, il y avait bien quelqu’un qui avait aussi les yeux et les oreilles partout, surtout à Lockwood Hill.
- Et bien, je connais une profileuse. Elle en sait pas mal sur tout ce qu’il se passe à Lockwood Hill.
Est-ce que c’était une idée du tonnerre de contacter son ex pour ce genre de trucs ? Peut-être pas. Mais c’était la meilleure candidate à ses yeux. Même si leurs caractères n’étaient absolument pas compatibles, tous deux étant relativement caractériels quand ils s’y mettaient, ils avaient toujours su que leur histoire ne serait qu’éphémère. Ils n’étaient, selon Odd, pas particulièrement en mauvais termes. Etaient-ils en bons termes ? Et bien, pas tout à fait non plus. Tierney et Odd ne s’étaient pas parlé depuis un bon moment.
Le petit blond pouvait voir cet incendie commencer, et il était bien loin de s’imaginer les dégâts que cela pourrait avoir. Il ne voyait que ce shot d’adrénaline qui pourrait enfin rythmer sa vie. Comme Lyoko avait rythmé son collège. Comme le deal avait rythmé la suite, mais ça ne lui suffisait plus. A côté de la lutte contre Xana, vendre de la drogue, ça faisant bien piètre figure, c’était une évidence.
Il fut cependant alerté par la manière dont Nigel parlait de faire un exemple des gens qui pourraient se mettre sur leur chemin. En fait, il ne savait pas vraiment ce qu’il voulait dire par là, ou du moins, il ne voulait pas le savoir, sans doute. Odd préférait se mettre des oeillères quant aux conséquences possibles.
- Un exemple ? Qu’est-ce que tu as en tête ?
Il espérait en savoir un peu plus. Ou peut-être pas. De toute façon, il était trop tard pour reculer. Mais il ne pouvait pas ne pas poser la question, au moins pour voir ce que Balan allait lui répondre. Quoi que soit sa réponse, il ne reculerait pas, de toute évidence, et il minimiserait sans doute les choses. Mais il ne parvenait pas à se retenir de poser cette question.
- Ca va être du tonnerre !
Répondit-il avec un air mi sérieux mi enthousiaste, une confiance absolue rayonnait du petit blond extravagant. Odd n’était pas quelqu’un de facilement impressionnable, dans tous les cas. Même en milieu hostile, il était imprévisible.
Odd se démène bien pour trouver des solutions. Il me parle d’une profileuse. Mon instinct me dit que ce genre de contact peut être un atout de poids, surtout si elle a les yeux et les oreilles partout dans Lockwood Hill. Je me fends d’un sourire en coin, un peu amusé par l’idée d’aller gratter des infos auprès de son ex. C’est toujours un jeu dangereux de mélanger les affaires avec les histoires de cœur, mais on est pas là pour faire dans la dentelle, hein ?
« Une profileuse… T’as confiance en elle ? Elle peut nous donner des infos sans trop poser de questions ? » Je sais que je devrais peut-être m’inquiéter de ce que ça pourrait impliquer, mais Odd semble sûr de lui. Et dans ce monde, la certitude, c’est une monnaie d’échange précieuse. On se met en route pour Lockwood Hill. La ville, avec ses ombres et ses lumières, elle a toujours une atmosphère électrique. Les ruelles étroites, les bâtiments décrépis, tout ça, c’est notre terrain de jeu. Je jette un coup d’œil à Odd, qui a cet air excité, prêt à mordre dans la vie. Moi, j’ai déjà mordu, croqué et digéré, mais lui, il a encore cette faim juvénile.
« Un exemple… » je réponds en écho à sa question. Je le vois bien, il a cette pointe d’inquiétude dans les yeux, mais aussi une curiosité morbide. « Quand je parle d’un exemple, c’est montrer à tout le monde que personne ne se met en travers de notre chemin sans en payer le prix fort. On parle de frapper fort, là où ça fait mal. Les doigts, c’est un classique, mais efficace. T’as jamais vu un type essayer de tenir un flingue avec des moignons ? » J’éclate d’un rire bref, rauque, presque sans joie. « Mais ça peut aussi être plus subtil… une petite visite nocturne, un incendie accidentel. Ce genre de trucs. »
On avance encore, nos pas résonnant sur le pavé. On est les seuls dans la rue, à cette heure, en tout cas, on ne croise personne. C’est plutôt une bonne nouvelle pour nous. « T’sais Odd, dans ce métier, la réputation, c’est tout. Si t’es connu comme le type qui laisse passer les choses, t’es foutu. Faut que les gens sachent qu’avec nous, y’a pas de deuxième chance. »
Les lumières des réverbères projettent des ombres mouvantes sur les murs. « Tu vas la contacter comment, ta profileuse ? Tu penses qu’elle va être réceptive ? » J’attrape une clope et l’allume, le bout rougeoyant éclaire brièvement mon visage avant que je ne souffle une bouffée de fumée dans l’air frais de la nuit.
Pendant qu’Odd se démerde pour contacter sa profileuse, je regarde autour de moi. Ce quartier, il pue la misère et le désespoir, mais c’est aussi là qu’on trouve les meilleures opportunités. La nuit cache les horreurs du jour, mais pour moi, elle révèle les vraies possibilités. Les bars sont miteux, avec des néons clignotants, une clientèle qui semble avoir perdu tout espoir… même les prostituées ont l’air au bout du rouleau… C’est un quartier qui me rappelle un peu Bucarest, en tout cas pour tous ces trucs un peu glauques, qui n’ont rien à voir avec le reste de la ville, il y a des bouges, ici, des buis-buis bien crados et des gens qui se trainent dans la vie comme on traine un boulet derrière soi…
Je me demande quand même un peu ce qu’une profileuse fout ici, dans un quartier qui n’est clairement pas celui qui a la meilleure réputation. En ville, les flics et leurs alliés sont plutôt du genre à se loger dans des coins un peu plus nets.
PRETTYGIRL
Odd Della Robbia
▿ Ton univers : Code Lyoko
▿ Date de naissance : 18/06/2004
▿ Age : 20
▿ Métier : DJ et musicien, mais aussi dealer
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Côté cœur : Dragueur invétéré, mais incapable jusqu'à présent de conserver une relation plus de quelques mois
Est-ce que Tierney allait lui donner des informations sans poser de questions ? Au vu de son caractère et de la relation qui les avait uni, peut-être pas. Elle pourrait vouloir mettre son nez dans ses affaires, juste par curiosité. Elle pourrait aussi se montrer incroyablement professionnelle. C’était ça qui lui avait plu, chez elle, le fait qu’il ne parvenait pas à la trouver prévisible. Il haussa légèrement les épaules.
Le petit blond ne s’attendait pas forcément à ce que Nigel se montre aussi sombre dans ses explications quant aux représailles. Odd regretta presque aussitôt d’avoir posé la question, parce que c’était un premier signe qu’il mettait les pieds dans quelque chose qui ne lui plaisait pas des masses. Mais il était trop tard pour reculer, maintenant, alors quoi qu’il arrive, il ferait avec. Il se débrouillerait d’une manière ou d’une autre et espérerait que personne ne vienne leur chercher des noises. Ainsi, personne ne perdrait son doigt. Et puis, avec un peu de chance, Nigel exagérait les choses ! Ils n’étaient pas obligés d’en venir à pareilles extrémités !
Le jeune homme préféra ne pas réfléchir à tout ça. En fait, c’était plus simple pour lui d’ignorer complètement les problèmes que cela allait provoquer, il y ferait face lorsque ce serait nécessaire, mais en attendant, rien ne l’obligeait à affronter ce qu’il ne souhaitait pas affronter.
- Sûr.
Approuva-t-il simplement. Histoire de faire bonne figure et de ne rien laisser paraître. Ses doutes s’évaporaient au même rythme que ses pensées. Il suivrait le sens du vent et verrait bien là où cela allait le mener. Il avait besoin d’action, et il espérait seulement trouver l’adrénaline dont il avait besoin. Il sourit et sortit son téléphone de sa poche. Contacter Tierney ne serait pas une affaire difficile pour lui.
- La profileuse, c’est mon ex copine. J’ai toujours son numéro, on est en bons termes. Plus ou moins.
Ouais, ils n’avaient pas eu une très longue relation non plus, mais il fallait dire que tous deux avaient des caractères fort peu compatibles. Deux forts caractères mais pour des raisons trop différentes pour vraiment être capables de se trouver sur un pied d’égalité. Il appela le numéro de Tierney, et attendit. Répondeur. Pas une surprise.
- Ouais, allô, Tierney, c’est Odd ! Est-ce que tu pourrais me rappeler ? C’est important !
Elle était sans doute occupée, ce n’était pas étonnant, elle trainait beaucoup à Lockwood Hill et avait des affaires à régler de son côté. Il raccrocha, et rangea son téléphone dans sa poche.
- Elle me rappellera quand elle aura mon message, j’ai aucun doute là-dessus !
Le petit blond était d’une confiance… absolue. Comme à son habitude.
Je plisse les yeux en le regardant, Odd, ce gamin plein de certitudes, persuadé que tout va bien se passer juste parce qu’il l’a décidé. Toujours ce petit sourire en coin, cette arrogance juvénile, ce besoin d’aventure qui le pousse à foncer sans trop réfléchir. Ouais, l’énergie de la jeunesse… j’étais comme ça, moi aussi, y’a longtemps. Avant de comprendre que dans ce monde, y’a toujours quelqu’un qui finit par payer. Et souvent, c’est pas celui qui s’y attend.
J’allume une autre clope, le bruit du briquet claque dans le silence de la rue, et je souffle une longue bouffée en observant autour de moi. Lockwood Hill, c’est pas vraiment l’endroit où tu choisis de vivre. C’est l’endroit où t’atterris quand t’as plus d’options, quand t’as accepté que ta vie va jamais s’arranger. Les ombres sont longues, les néons clignotants des bars miteux jettent des éclats de lumière sale sur le pavé. Ici, tout le monde cherche à survivre, à tirer le plus possible de cette existence pourrie. Et nous, on est pas différents. On fait ce qu’on doit faire pour garder le contrôle, pour pas finir comme les autres, à se faire bouffer par ce trou à rats.
Je garde mes pensées pour moi, pourtant. Odd, il est trop… optimiste. Il croit qu’il peut jouer avec ce monde sans en payer le prix. Moi, je sais que tôt ou tard, il va se brûler les ailes. Mais c’est pas mon problème, pas pour le moment. Ce qui m’importe, c’est qu’il reste utile, qu’il continue de faire ce qu’il fait bien – poser les bonnes questions, dénicher les infos, et surtout, rester dans mon sillage sans poser trop de questions.
Quand il me parle de sa profileuse, son ex, je me contente de hocher la tête, l’air de rien. « Ex copine, hein ?» je murmure avec un petit sourire en coin, tout en crachant un nuage de fumée. « Intéressant. » Y’a quelque chose d’un peu tordu dans l’idée de travailler avec son ex, mais j’vais pas le juger. Tant que ça nous mène quelque part, tant qu’elle nous file les infos qu’on cherche sans poser trop de questions, ça me va.
Le répondeur. Pas surprenant, dans ce monde-là, les gens comme elle sont rarement disponibles. Toujours un pied dans une affaire, l’autre dans des emmerdes qu’on préfère ignorer. Odd semble pourtant confiant, comme toujours. Il pense qu’elle va rappeler. Moi, j’en suis pas si sûr. Mais là encore, c’est pas mon problème, c’est le sien. S’il veut jouer à ce jeu-là, avec elle, il le fait à ses risques et périls.
Je tire une nouvelle bouffée de ma clope, les yeux rivés sur la rue déserte. « T’es sûr d’elle ?» je lui demande finalement, sans le regarder. « Parce que ce genre de choses, ça peut vite mal tourner. Les ex, elles ont toujours quelque chose à prouver, quelque chose à cacher. Alors, si elle t’aide, j’dis pas non, mais si elle commence à poser trop de questions, à fouiner là où elle devrait pas…» Je laisse ma phrase en suspens, laissant le silence et les bruits lointains de la ville faire le reste. Odd sait ce que je veux dire. Pas besoin de détailler. Ici, tout le monde connaît les règles du jeu.
Je lui jette un coup d’œil, pour voir comment il prend ça. Il a toujours ce sourire, cette assurance qui m’agace presque. Ça me rappelle des choses… moi, quand j’étais comme lui, quand je pensais que j’allais tout contrôler, que rien ni personne pouvait m’arrêter. La vie, elle m’a vite remis à ma place. Mais Odd, il a pas encore compris ça. Pas encore.
« On va pas attendre des plombes pour qu’elle rappelle, hein ?» Je balance mon mégot sur le trottoir, l’écrasant d’un geste mécanique avant de m’étirer. « Si elle te rappelle pas d’ici peu, on bouge. J’veux pas traîner ici plus longtemps que nécessaire. Ce coin, il pue le problème à des kilomètres, et j’ai pas envie qu’on se fasse griller.» Mon ton est calme, mais y’a un fond de menace sous-jacente. Odd doit savoir qu’on est sur une corde raide ici. Chaque minute compte, et chaque faux pas peut nous coûter cher.
Je sens dans l’air cette tension, ce calme avant la tempête. C’est toujours pareil avec les deals comme celui-là. Tout peut basculer en un instant, et je me prépare mentalement à ce qui va suivre. Parce que, même si Odd a confiance en son ex, moi, je fais confiance à personne. Surtout pas à quelqu’un qui pourrait avoir une raison de nous la mettre à l’envers.
Les lumières vacillantes des réverbères donnent à la rue un aspect presque surréaliste, comme si on marchait dans un rêve, ou plutôt dans un cauchemar dont on connaît pas encore la fin. « On va pas se mentir, » je reprends d’un ton plus bas, presque pour moi-même. « Ce genre de plan, ça finit rarement bien. J’ai vu des gars beaucoup plus malins que toi ou moi se faire broyer par des conneries pareilles. Alors, Odd, fais gaffe. »
C’est peut-être la première fois que je lui montre un semblant de souci. Pas pour lui, non, mais pour ce qu’il pourrait déclencher si tout ça tourne mal.
Je me passe une main sur la nuque, le regard fixant le vide ou, en tout cas, un point fictif au loin. « Si elle rappelle, on la fait parler, mais on reste sur nos gardes, compris ? Pas de détails inutiles, pas de trucs personnels. Elle doit rien savoir de ce qu’on fait, ni pourquoi on le fait. On veut juste les infos, le reste, elle a pas besoin de le connaître.» Odd fait comme il veut. Il est assez grand pour savoir dans quoi il se lance. Mais moi, j’suis plus là pour rigoler.
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PRETTYGIRL
Odd Della Robbia
▿ Ton univers : Code Lyoko
▿ Date de naissance : 18/06/2004
▿ Age : 20
▿ Métier : DJ et musicien, mais aussi dealer
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Côté cœur : Dragueur invétéré, mais incapable jusqu'à présent de conserver une relation plus de quelques mois
Ce qu’Odd ignorait, c’était que Tierney ne lui répondrait jamais. Non pas parce qu’elle avait décidé de couper les ponts, mais parce qu’elle avait purement et simplement disparu de la ville. C’était bien sa veine ! Franchement, il n’avait pas de chance, sur ce coup-là. Mais comment aurait-il pu deviner ? Il se mettrait bientôt à sa recherche, en n’ayant pas de nouvelle, inquiet malgré tout pour sa sécurité, car il savait que la profession qu’elle exerçait pouvait être dangereuse. Mais il ne la trouverait jamais, elle s’était simplement évaporée.
L’air de Nigel concernant son ex était un peu étrange, mais Odd avait toute confiance en elle. Elle ne lui ferait pas un sale coup, elle était tout de même quelqu’un d’un tant soit peu raisonnable ! Enfin, il avait l’impression… Il n’en serait sans doute jamais vraiment sûr, forcément…
- Ouais, je suis sûr. Elle est hyper professionnelle. On s’est quittés à l’amiable, et on n’est même pas restés longtemps ensemble.
Rien d’étonnant, Odd avait toujours eu du mal à se poser. En se mettant ensemble, ils savaient déjà que leur relation ne durerait pas. Quand elle s’était terminée, ni l’un ni l’autre n’avait été ni surpris ni blessé. Ca avait juste été ainsi que le contrat avait été fat à la base. Mais il était d’accord avec Nigel, il valait mieux ne pas rester par ici.
- Ouais, c’est mieux de bouger. Je te ferai savoir quand elle m’aura répondu ! Elle est sûrement occupée.
Maintenant, Nigel avait l’air de se soucier de lui, ce qui lui fit d’autant plus penser que oui, il était vraiment important dans l’affaire. Il se sentait enfin valorisé à sa juste valeur. Odd avait toujours eu besoin de ça, cette certitude d’être utile, d’être reconnu. Le petit blond avait souvent eu l’impression d’être invincible, presque immortel, prenant trop souvent des risques inconsidérés.
- Ça va le faire, j’en suis sûr.
Répondit-il, confiant. Il n’avait pas l’intention de mettre Tierney au parfum de grand chose, juste de collaborer avec elle. Elle ne poserait pas tant de questions que ça ! Et puis, même s’il l’ignorait, elle n’en poserait aucune, puisqu’elle n’était plus là.
- Elle saura rien. Elle sait quand poser des questions et quand ne pas en poser.
Il gèrerait au mieux, l’avantage c’était qu’il la connaissait assez bien, quand même. Odd jeta un oeil sur son téléphone, mais pas de nouvelles de la blonde. dommage.
- Pas de réponse. Je vais passer la voir, ce sera plus sûr de vive voix, de toute façon.
Au moins, personne ne pourrait retracer leur appel, et Odd savait généralement où traîner pour la trouver.
Je le regarde, ce petit blond plein de fougue et de naïveté, persuadé qu'il a toutes les cartes en main. Pourtant, y’a une lueur dans ses yeux, un éclat qui me dit qu’il croit encore à cette histoire. Un peu de confiance en trop, sans doute, mais c'est typiquement Odd. Il pense que le monde marche à son rythme, que les gens attendent bien gentiment qu'il les contacte quand il est prêt. S’il savait seulement… Enfin, faut dire que dans ce monde, l’innocence, c’est une qualité qu’on perd vite. Il finira par comprendre, peut-être trop tard, mais ça, c’est pas mon problème. Je l’ai averti, maintenant, c’est à lui de jouer.
Je sors une nouvelle clope et l’allume d’un geste rapide, l’air pensif. « Ouais, j’sais bien qu’elle saura rien, cette Tierney… Mais c’est pas elle qui m’inquiète. » Je laisse planer ces mots dans l’air, laissant la fumée de ma cigarette monter en volutes paresseuses. Parce qu’en vrai, ce qui me tracasse, c’est l’impression tenace que les choses sont en train de se compliquer, que cette fameuse profileuse est en train de se volatiliser, de disparaître comme un fantôme dans les ombres de Lockwood Hill. Et Odd, avec sa tête de chien fou, il voit rien venir. Il est convaincu qu’il peut passer la voir, lui parler, que tout va se dérouler comme il le pense.
Mais dans ce quartier, les gens disparaissent sans laisser de traces. Ils s’évaporent, happés par des abysses dont on parle pas, parce que c’est plus sûr de fermer sa gueule. Tierney pourrait très bien être tombée dans ce piège, happée par les courants sombres de la ville… Et Odd, il est sur le point de se lancer à sa recherche, sans savoir qu’il pourrait très bien finir par la suivre, lui aussi.
Je fais craquer ma nuque, gardant mon regard fixé sur lui. « Écoute, Odd… Si elle répond pas, y’a peut-être une raison. Va pas te foutre dans un traquenard pour une nana qui te donne pas signe de vie. C’est comme jouer à la roulette russe, t’sais. » Je lui décoche un regard lourd de sous-entendus, cherchant à voir si ça fait tilt dans son esprit. Mais le bougre, il est têtu. Ce genre de mise en garde, ça glisse sur lui comme la pluie sur le bitume.
Il insiste, il veut y aller en personne, la voir de ses propres yeux, la trouver coûte que coûte. Je le laisse faire, après tout, il est assez grand pour comprendre les risques, enfin… s’il veut bien les voir. Je soupire et j’écrase ma clope, mes pensées glissant déjà sur la suite des événements. S’il veut jouer au héros, très bien, mais je sais que tôt ou tard, il reviendra vers moi, que ce soit avec des infos ou avec des emmerdes.
« Alors bouge-toi, gamin. Mais sois pas surpris si t’trouves que du vent. Dans ce quartier, les gens changent de peau plus vite que des serpents. Et si elle a décidé de t’échapper, crois-moi, elle t’aura laissé que des ombres à suivre. »
Je le regarde s’éloigner, et un vague sourire cynique étire mes lèvres. Odd est comme un môme qui découvre le monde pour la première fois, persuadé qu’il peut tout apprivoiser, tout comprendre. Mais dans Lockwood Hill, c’est pas toi qui choisis les règles. C’est la rue qui décide, et elle t’oblige à plier, à te tordre jusqu’à ce que tu ne sois plus que l’ombre de toi-même.
Je glisse mes mains dans les poches de mon manteau et regarde autour de moi, la rue sombre et déserte, les silhouettes indistinctes qui rôdent au loin, comme des ombres menaçantes. Lockwood Hill a ce pouvoir de te rappeler que t’es rien, qu’un morceau de chair de plus, facilement broyable sous le poids des secrets et des dettes non payées.
Je murmure pour moi-même, à peine audible, mais avec cette certitude dure comme l’acier : « Fais gaffe, Odd. On marche tous sur un fil ici, et je sais pas si tu te rends compte que tu risques de tomber avant d’avoir compris pourquoi. »
Puis je me détourne, mes pas résonnant dans le silence, m’éloignant, prêt à observer de loin comment ce petit jeu va tourner. Parce qu’en fin de compte, dans ce monde, tout le monde finit toujours par perdre quelque chose.
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