Blødende kærlighed || ft. Godric

▿ Date de naissance : 12/10/1975

Blødende kærlighed*

La nuit enveloppait le Fangtasia d'une étreinte sombre, promettant une échappatoire aux âmes égarées. Je poussai la porte de ce sanctuaire punk rock, mes sens immédiatement assaillis par le mélange électrisant de sueur, d'alcool et de musique révoltée. Un verre à la main, je m'égarais dans la contemplation des visages, tous marqués par des vies intenses, peut-être même brisées. Chacun d'eux portait une histoire, une douleur, une joie, aussi unique que les accords discordants qui vibraient contre les murs du bar.

Je venais là parfois avec des amis, mais ce soir, j'étais un loup solitaire parmi la meute. La mélancolie m'avait saisi, une nostalgie pour des jours que je n'avais jamais vécus, des souvenirs empruntés à des chansons que je buvais comme le whisky brûlant ma gorge.

Soudain, un tumulte. Deux groupes de jeunes s'étaient lancés dans une danse de violence, leurs cris se mêlant à la musique, transformant l'harmonie en chaos. Je me levai, poussé par un élan que je ne m'expliquais pas. Peut-être l'espoir naïf de calmer la tempête, de ramener la paix dans ce havre de nuit.

« Hey ! » criai-je, m'avançant vers eux. Ma voix se perdit dans le vacarme, aussi efficace qu'un murmure contre un orage.
Puis, le monde bascula. Une douleur aiguë déchira mon bras, un verre fracassé par la haine aveugle d'un inconnu. Le sang coula, rouge et brillant sous les lumières clignotantes, un rappel brutal de la fragilité de la vie.

Je reculai, chancelant, mon cœur battant à l'unisson avec la douleur. Le barman s'approcha, son visage marqué par l'inquiétude et la colère. « Tu devrais voir ça… » dit-il, en me guidant vers l'arrière du bar.

La fraîcheur de la nuit m'accueillit comme une vieille amie, tandis que je m'asseyais, le bras en feu. « Ça fait mal, hein? »
J'esquissai un sourire amer.
« Oui, mais ça va aller. Juste... un mauvais moment à passer. »

Et puis, tout se passa très vite. Le barman sortit des crocs acérés, le genre bien trop pointus pour être faux… le genre qui devait adorer l’hémoglobine qui s’écoulait de mon bras. Putain… je pensais que ce n’était que des rumeurs, tout ça…
« En fait, ça va aller… je vais me débrouiller tout seul… » Je chopais une serviette en papier sur le côté, puis je la pressais contre mon bras.
Mais le gars semblait trop porté sur mon sang pour accepter de s’en aller… il fallut que la porte s’ouvre sur un autre membre du personnel pour que je puisse me sentir un peu moins oppressé.

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Le Fangtasia. Je n'aurais jamais passé autant de temps dans cet endroit que depuis que je suis arrivé dans cette ville, mais d'un autre côté, je ne vais pas m'en plaindre, si je n'avais pas eu Eric et cet endroit, il est très probable que je n'aurais pas tenu longtemps en tant qu'humain. Heureusement, j'étais redevenu vampire et croyez-moi, je n'avais pas l'intention d'inverser le processus, ni même de m'offrir de nouveau au soleil. Une nouvelle chance m'était offerte, j'allais la saisir. Quand Eric n'était pas au club, comme c'était le cas ce soir, j'en avais la gestion, d'ordinaire c'était Pam, mais elle n'était pas là ce soir non plus. C'est dommage, elle aurait pu m'aider pour la paperasserie, j'avais horreur de ce truc, mais bon je le faisais pour rendre service à Eric. De temps en temps, je jetais un œil sur la caméra de surveillance pour voir ce qu'il se passait dans le bar, je n'allais certainement pas rester debout derrière le comptoir toute la soirée.

Alors que je relevais la tête d'une comptabilité parfaitement ennuyeuse, mon regard fut attiré par ce qu'il se passait sur l'écran. Je poussais un grognement de mécontentement. Une bagarre, il ne manquait plus que cela. Je restais néanmoins regarder un peu avant d'agir, principalement pour voir ce qui allait arriver à l'homme qui avait décidé d'intervenir alors qu'il n'était même pas concerné. Les humains, je vous jure. Bon, il allait y avoir du grabuge, surtout lorsque je vis l'homme se faire blesser et un de nos serveur accourir, enfin quasiment, pour aller "l'aider". Il le sortit de la zone de combat. Je décidais alors de sortir de mon antre.

J'arrivais pile alors que les crocs de l'employé…Lucian, si je me souvenais bien, étaient sortis. Je jetais un regard au service de sécurité pour qu'ils s'occupent des fauteurs de trouble, ce qu'ils firent sans tarder et je me rapprochais de l'humain et de Lucian qui ne m'avait pas vu.

- Lucian !

Il sursauta, je n'avais pourtant pas parlé fort. Il se tourna vers moi, affichant un petit sourire coupable.

- Godric…je ne savais pas que vous étiez là.

- Et moi j'ignorais que tu avais ton brevet de secouriste.

- Je….

Je ne lui laissais pas le temps de continuer et enchaînais.

- Je crois que tu as des bouteilles à ranger dans la réserve.

- Mais Godric, il….

Mes yeux se froncèrent et mon ton devint beaucoup plus froid.

- J'ai dit…je crois que tu as des bouteilles à ranger dans la réserve….maintenant !

- Oui, Godric.

C'était plutôt amusant de voir une "armoire à glace" comme Lucian s'aplatir devant moi, mais il savait qui j'étais et mon statut vampirique m'ayant été rendu, même si je ne suis plus aussi fort qu'avant, je suis tout de même le vampire le plus puissant du Fangtasia. Une fois Lucian parti, j'affichais un sourire amusé et m'approchais de l'homme.

- Et bien, mon ami…ne vous a-t-on jamais dit qu'il était plutôt dangereux de saigner ici ?

Je pris un torchon que je nouais autour de son bras pour faire un garrot. Je plongeais ensuite mon regard dans le sien.

- La blessure est vraiment profonde….vous êtes sûr que ça va aller ?

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Ce soir, la tension dans l'air était palpable, différente de celle des nuits précédentes. Je sentais le poids des regards sur moi, comme si chaque âme présente avait cessé de respirer, suspendue à l'issue de cette confrontation inattendue entre un humain blessé et un être de la nuit.
Godric, son nom résonnait avec une autorité silencieuse, un écho de puissance ancienne. Ses mots, porteurs d'une curiosité voilée et d'une menace à peine dissimulée, me faisaient face avec une intensité déstabilisante. "Ne vous a-t-on jamais dit qu'il était plutôt dangereux de saigner ici ?" Ses yeux plongeaient dans les miens, un abysse sans fond où je me perdais, oubliant presque la douleur lancinante qui embrasait mon bras.
La morsure de verre avait laissé une plaie béante, une marque violente de ma naïveté. "La blessure est vraiment profonde… vous êtes sûr que ça va aller ?" poursuivait-il, ses mots teintés d'une inquiétude presque sincère. Sa main, étrangement froide, serrait le torchon autour de mon bras, tentant de contenir l'hémorragie.

« Ça... ça ira, » murmurai-je, ma voix éraillée trahissant mon incertitude. « J'ai connu pire, » mentis-je, tentant de masquer ma vulnérabilité. Après tout, qu'était une plaie physique comparée aux cicatrices laissées par la vie elle-même, par les échecs et les déceptions, par les rêves brisés d'un professeur d'histoire qui n'avait su ni inspirer ses élèves, ni sauver son mariage de l'ennui mortel du quotidien ?

Godric m'observait, semblant lire dans mon âme écorchée. Il avait fait dégager un type plus grand que lui, plus costaud aussi et, ce, sans avoir à vraiment élever la voix.

« C’est pas la première fois que je viens ici, mais c’est la première fois que je me retrouve comme ça. Je n’aime pas trop les bagarres… beaucoup de gens sont assez bêtes pour chercher à s’amuser comme ça alors que ça ne fait que plomber l’ambiance…»

Je me levai, mais je sentis bien vite que la tête me tournait. Un peu comme lorsque je donnais mon sang lors des récoltes de la Croix Rouge et qu’il me fallait un truc sucré pour éviter de tomber dans les pommes. Godric avait sans doute raison au sujet de la profondeur de la plaie. Pour que je me sente comme ça, je devais avoir perdu une certaine quantité de sang. Parce que ce n’était pas le genre de tournis qu’on ressent quand on est bourré. Je pris appui sur la table avant de me rassoir.

« Bordel… je ne tiens même pas debout… » L’image que j’avais de moi-même n’était déjà pas terrible au départ, mais quand je me sentais aussi nul et pas à la hauteur, c’était juste comme un coup de massue.

Quand ça retombait, j’étais capable de me retrouver au sol en moins de deux, avec six ou sept de tension alors que j’étais le plus souvent aux alentours de 12.7… « Vous auriez un truc pour la tension ? et un peu de sucre ? »

Il valait mieux aussi que je puisse faire en sorte que ma plaie au bras ne saigne pas trop, mais à part presser le tissu contre la blessure, je n’avais pour l’heure pas de vraie solution.
« J’abuse un peu mais… je pense qu’il me faudra un pansement compressif… » Le genre de truc qu’il fallait toujours dans toutes les trousses de secours quand on partait en voyage avec une bande d’ados et qui ne servait jamais. Mais dans les lieux comme celui-ci, il y avait des normes de sécurité et j’étais à peu près sûr que les trousses de secours devaient être complètes et vérifiées régulièrement.

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Les humains sont fiers, c'est un fait avéré, mais ils ne sont pas stupides au point de refuser d'être soigné….enfin cela dépend qui, si l'on considère ce médecin que j'avais rencontré il y a quelques jours, ce drogué à la Vicodin qui avait refusé mon offre de le soulager. Les gens peuvent être stupides parfois, enfin peu importe si ce médecin avait décidé de continuer à souffrir et se droguer, c'était son problème, non le mien. Pour l'heure, je préférais me concentrer sur l'homme en face de moi. Un petit rire amusé secoua mes épaules lorsqu'il me dit qu'il avait connu pire.

- Oh oui, je n'en doute pas un instant, surtout si vous êtes toujours aussi….fonceur. Une sensation étrange s'empara de moi, une sensation que je ne saurais expliquer, j'eus soudain envie de protéger cet humain, et je n'ai jamais ressenti un élan protecteur aussi fort envers qui que ce soit, à part envers Eric et, dans une moindre mesure, Nora.

L'homme me donna son avis sur les bagarres. Je ne pouvais que hocher positivement la tête, étant complètement d'accord avec ce qu'il disait. Nous avions comme politique de ne laisser aucune bagarre gâcher l'ambiance. Pour l'heure, tous les regards étaient tournés vers nous.

- Nous avons au moins un point en commun, j'ai également horreur des bagarres, surtout quand elles sont injustifiées et je….

- Godric ?

Je roulais des yeux. Pas moyen de discuter tranquillement cinq secondes. Je me tournais vers la vampire qui venait de m'interpeller.

- Que veux-tu, Marissa ?

- Désolé de vous déranger, mais c'est Luke, il demande ce qu'il doit faire des fauteurs de trouble ? Je crois qu'il aimerait bien s'amuser un peu.

Je fronçais les sourcils, était-il complètement abruti ou bien le faisait-il exprès ? Je pris un air sarcastiquement mielleux.

- Oh il aimerait bien s'amuser ? Et bien tu vas dire à cet homme de Neandertal que si le moindre mal est fait à ces humains, s'il fait couler la moindre goutte de leur sang, il devra en répondre devant moi, et je ne serais pas d'excellente humeur. Alors vous les raccompagnez le plus loin possible d'ici et vous revenez ensuite, rien de plus, rien de moins….est-ce clair ?

Elle hocha positivement la tête et je savais que j'avais été clairement compris. Je reportais alors mon attention sur l'humain. Il avait tenté de se lever et avait dû se rassoir, manquant de s'écrouler au sol. Je poussais un soupir teinté de lassitude. Pas envers lui spécialement, mais envers le genre humain dans sa globalité.

- Vous savez, il n'y a rien de mal à accepter de l'aide de quelqu'un, cela ne vous rendra pas moins intéressant pour autant, cela ne fera pas de vous quelqu'un de faible.

Je lui pris doucement le bras pour le faire se lever.

- Venez avec moi, je crois que nous nous sommes assez donnés en spectacle.

Je tournais alors mon regard vers la foule et, affichant un large sourire, je les incitais à continuer leur soirée. J'emmenais l'homme dans le bureau que je venais de quitter et l'installais sur un des sièges. Je m'appuyais contre le bureau, m'étant positionné à côté du siège de l'homme, je plongeais mon regard dans le sien.

- En fait, j'ai bien mieux qu'un simple morceau de sucre et un peu d'eau pour vous soigner. Ce n'est rien d'illégal, je vous rassure…cependant, il y a un tout petit effet secondaire, qui n'est pas désagréable…enfin je ne pense pas tout du moins, sinon ce serait plutôt vexant pour moi, mais auquel il faut néanmoins être préparé et puis, la manière d'administrer ce "remède" est un peu particulière, mais le remède en lui-même est particulier…disons qu'il faut avoir l'esprit ouvert. Avez-vous l'esprit ouvert, cher Monsieur dont je ne connais toujours pas le nom ?

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Je ressentais encore la froideur de ses mots alors qu’il m’aidait à me relever, cet élan protecteur si soudain, si inattendu. C’était une sensation nouvelle, une douceur étrange venant de quelqu'un d'aussi antique, aussi impénétrable. Me retrouvant plus proche de lui qu'auparavant, dans l'intimité de son bureau, j'avais du mal à soutenir son regard intense. C'était un monde à part, ici, loin du chaos de la salle.

Il proposait quelque chose, un remède qu'il disait sans danger, mais à l'effet un peu spécial. Ses paroles coulaient lentement, délibérément, tandis qu'il observait chaque réaction de mon visage. Il me demanda si j’avais l’esprit ouvert, une lueur de malice dans les yeux. Je n'étais pas certain de pouvoir répondre à cette question moi-même. Après tout, la soirée avait commencé de manière assez ordinaire et avait soudainement pris une tournure des plus étranges.
J'inspirai profondément, tentant de rassembler mes pensées, et de surmonter la tête qui me tournait encore légèrement. « Martin, je m'appelle Martin… » réussis-je enfin à articuler. Ma voix semblait lointaine, détachée, comme si j'observais la scène de l'extérieur. « Quant à l'esprit ouvert... je suppose que j'ai déjà franchi la ligne plus d’une fois, notamment en venant ici… »

Son remède m’intriguait, bien sûr, parce que j’ignorais de quoi il pouvait bien s’agir, mais quelque chose dans la façon de parler et dans les gestes de Godric m’inspirait confiance. Un peu comme quand il y avait des élèves qui me proposaient de tester des trucs pas toujours très légaux.
« De toute façon, je pense que tous les remèdes ont des effets secondaires… j’ai pas assez de malchance pour me taper tous les effets en question, encore heureux ! » c’était un truc que certains avaient tendance à avoir : les effets secondaires super rares qui ne concernaient qu’un petit pourcentage de rien du tout des utilisateurs, bim, c’était pour leur pomme. Anika était un peu comme ça, mais pas nos enfants, heureusement. « Quand vous dites que ce n’est pas désagréable, vous pouvez préciser ? » Peut-être un état euphorique ou quelque chose comme ça, une sorte de perte de repères ou d’aveuglement face à l’évidence naturelle… j’avais du mal à imaginer les possibilités qui pouvaient exister dans le domaine, n’étant pas du tout médecin ou quoi que ce soit en rapport. « Un jour, j’ai mangé des champis hallucinogènes, c’est le seul truc avec un effet secondaire pas trop désagréable que j’ai connu… »

J’eus un sourire. Je m’étais laissé tenté par la proposition de quelques élèves qui avaient amené ça en voyage scolaire, en fin de dernière année. Il fallait dire, aussi, que j’étais sans doute le prof le plus cool parmi les accompagnateurs cette année-là et on s’était bien amusés, mais je n’avais plus trop tenté l’expérience par la suite, étant donné l’engueulade que je m’étais prise par la direction qui avait estimé que j’étais comme un élève supplémentaire à gérer pour mes collègues.
« En tout cas, je suis désolé de causer autant de soucis… Si vous en avez marre, n’hésitez pas à me le dire, je peux me rendre à l’hôpital. Je ne veux pas dérenger. »

Même quand j’étais blessé, j’avais tendance à d’abord vouloir éviter d’être un poids pour les autres. Parce que j’avais été habitué comme ça. Éviter d’être un emmerdeur, faire en sorte d’être quelqu’un qu’on ne prend pas comme un poids mort, un boulet… J’avais pris l’habitude de me mettre entre parenthèses, de laisser passer toujours les autres avant moi-même.
« Les autres vous montrent un sacré respect, j’ai de la chance d’être tombé sur vous, c’est ça ? » Je n’étais pas sûr de vouloir savoir à quoi j’avais échappé exactement, mais il me semblait que Godric était une figure qui en imposait bien plus que ce qu’il semblait au premier abord. Une sorte de force tranquille émanait de lui, avec un charisme et un leadership indéniables.

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Dans le calme de mon bureau, je pouvais mieux observer ce mortel. J’aimais ce que je voyais, des sensations s’emparaient de moi, des sensations que je n’avais jusqu’alors jamais connu. C’était bien différent de ce que j’avais ressenti pour Eric la première fois que je l’avais vu. La première fois que mon regard s’était posé sur Eric, j’avais deviné en lui l’étoffe d’un fils spirituel, d’un infant, mais avec Martin, c’était différent, c’était quelque peu perturbant d’ailleurs, parce que je n’aurais jamais imaginé ressentir cela un jour, mais je décidais de ne pas trop m’y attarder pour le moment.

- Et bien enchanté, Martin, même si une rencontre sous de meilleures auspices aurait été apprécié. Enfin, je suppose qu’on ne choisit pas vraiment ce genre de chose. J’esquisse un sourire amusé à la fin de sa phrase. Oui, on peut dire cela effectivement, même si dans le cas présent, ce à quoi je fais référence peut sembler un peu plus difficile à accepter qu’une simple visite au Fangtasia.

Ce que je lui proposais, c’était tout simplement de boire un peu de mon sang, alors pour qu’un humain accepte de boire du sang, il fallait qu’il ait vraiment l’esprit très ouvert, sans compter qu’ensuite, ses rêves seraient peuplés de ma personne, alors je ne savais pas vraiment ce qui pourrait le déranger le plus. J’écoutais attentivement ce qu’il me disait.

- Des champignons hallucinogènes ? Je vois. Et bien on peut peut-être imaginer que certaines sensations seront similaires. Pour vous dire exactement ce à quoi je fais référence, c’est que une fois que je vous aurais donné ce « remède », les prochaines nuits attendez vous à rêver de moi, des rêves pas vraiment innocents, si vous voyez ce que je veux dire ?

On pourrait penser que je plaisante, que je bluff, mais j’affichais un air mortellement sérieux qui devait certainement le convaincre que je disais vrai et quand bien même il n’en serait pas convaincu, il n’aura qu’à tester lui-même. J’affichais un petit sourire.

- Ceci dit, en compensation, vous vous sentirez encore plus en forme que vous ne l’avez jamais été. Encore une chose, ce remède, c’est mon sang et pour que cela fonctionne, pour que ce soit efficace, il faut que je vous le fasse boire….voilà pourquoi je voulais savoir si vous aviez l’esprit ouvert.

Je chassais ses excuses d’un vague mouvement de la main.

- Si nous n’avions que des « dérangements » comme celui-ci, les soirées seraient vraiment très calmes. Alors ne vous excusez pas pour cela.

Je m’appuyais un peu plus confortablement sur le bureau, mon regard toujours posé sur Martin. Un sourire amusé étira mes lèvres.

- On peut dire ça comme ça, oui. J’ai un peu plus de deux mille ans et mon fils vampirique est le propriétaire de cette boîte. Même si j’ai un peu diminué en arrivant dans cette « réalité », ma puissance est telle qu’aucun des vampires présent dans ce club ne tient plus de deux minutes face à moi. Maintenant que tous vous ont vu avec moi...il n’oseront plus vous importuner.

D’ailleurs, il ne vaut mieux pas que certains tentent de le faire parce que je pourrais me mettre vraiment en colère.

- Alors….ce remède….vous le voulez ?

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Ses mots résonnaient en moi, porteurs d’une douceur inattendue, presque dérangeante. La froideur qui s’était immiscée dans notre interaction précédait maintenant une proximité inhabituelle. Son bureau était un havre de tranquillité, contrastant fortement avec le tumulte de la salle en bas.
Je peinais à soutenir son regard intense, ce regard qui semblait scruter jusqu’à l’âme. Il proposait un remède, une solution à ma confusion, et malgré la bizarrerie de la situation, il y avait quelque chose de rassurant dans son assurance. Les mots sortaient difficilement de ma bouche, comme si mon esprit luttait pour retrouver son équilibre.

Un sourire un peu forcé étira mes lèvres. Ce remède mystérieux m’intriguait, bien sûr, mais je n’étais pas certain de ce à quoi m’attendre. J’avais déjà eu des expériences avec des substances étranges, des champignons hallucinogènes notamment, une aventure avec des élèves lors d’un voyage scolaire. C’était un souvenir à la fois amusant et embarrassant, me rappelant combien il était facile de se laisser entraîner par la curiosité et l’envie de nouvelles expériences.

Il m’expliqua les effets secondaires de son remède et je me surpris à rire doucement, un rire qui sonnait presque faux dans le silence de son bureau. Je me rendis compte que je parlais sans vraiment attendre de réponse, comme si le simple fait de poser la question pouvait me rassurer.

Il y avait quelque chose de rassurant dans la manière dont il restait calme, imperturbable. C’était comme s’il avait tout vu, tout vécu, et que rien ne pouvait vraiment l’ébranler.

Je me souvenais de l’impression de sécurité que j’avais ressentie en sa présence, une sécurité presque irréelle. C’était comme si, malgré la situation étrange et la proposition inquiétante, une part de moi savait que j’étais en de bonnes mains. Pourtant, accepter de boire son sang, c’était franchir une ligne que je n’aurais jamais imaginé franchir.
« Alors, ce remède, c’est… votre sang ? » Je me rendis compte que ma voix tremblait légèrement en posant la question. «Et ça va me faire rêver de vous, c’est bien ça ? »

Je tentais de m’imaginer ce que cela signifiait, de comprendre les implications. Rêver de Godric, de manière non innocente… C’était à la fois fascinant et terrifiant. « Et vous, vous allez rêver de moi ? Ou c’est à sens unique ? » J’étais curieux. Je l’avais toujours été. Et au fond de moi, il y avait cette part qui avait soif de quelque chose de nouveau, d’excitant.

« Bon, je suppose que je n’ai plus grand-chose à perdre, hein ? Allons-y, je suis prêt. »

L’attente était presque insoutenable. Mon cœur battait plus vite, l’adrénaline parcourant mes veines. Le moment où il s’approcha de moi sembla durer une éternité. Je savais que ma vie allait changer, que je franchissais un point de non-retour. Mais dans ce silence pesant, il y avait une sorte de résolution, une acceptation de l’inévitable.
Je fermai les yeux, prêt à accueillir ce que l’avenir me réservait.

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Il n’était pas tranquille, je pouvais le ressentir, bien que je n’ai pas de connexion particulière avec lui….pas encore. Cela ne m’étonnait guère. Il était assez normal de ne pas être rassuré à l’idée de boire du sang lorsque l’on est un mortel. A mon époque, quand j’étais moi-même mortel, cette idée me révulsait purement et simplement, mais après avoir été transformé, j’ai fait un carnage...bon c’était aussi pour me venger, mais ça il est inutile d’en parler. J’observais Martin, attendant tranquillement qu’il digère les informations que je lui donnais, je lui laissais aussi l’opportunité de me poser toutes les questions qu’il souhaitait.

Un sourire amusé étira mes lèvres et je hochais positivement la tête.

- Oui, c’est bien mon sang. Nouvel hochement de tête. A nouveau, oui, vous rêverez de moi. Sa question suivante me fit secouer négativement la tête. Je n’ai pas besoin de beaucoup dormir, si bien que je n’ai pas vraiment le temps de rêver, mais même si je l’avais, je ne rêverais pas. Nous n’avons plus cette capacité dès le moment où nous devenons vampire.

Je l’observais tandis qu’il fermait les yeux et je m’approchais doucement de lui. J’attrapais une lame sur le bureau. En y réfléchissant bien, il était le premier humain que j’allais guérir de la sorte. Soit je les tuais, soit je les transformais, mais jamais encore je n’en avais soigné, j’estimais que c’était gâcher du sang que de faire cela, mais Martin était spécial, je voulais l’aider. Spécial en quoi ? Je ne saurais l’expliquer, je savais bien ce que je ressentais pour lui, j’avais eu ce que tout le monde appelle un « coup de foudre », mais je ne pouvais pas me laisser aller à ce genre de sentiment, pas tant que je ne saurais pas s’il y a la moindre chance pour qu’ils puisse être partagés. Je pris une voix douce, hypnotique.

- Détendez-vous, Martin. Tout se passera bien, ce ne sera pas douloureux.

Puis sans plus ajouter un mot, je m’entaillais le bras et le plaquais sur la bouche de Martin.

- Maintenant, bois….je retirerais mon bras quand tu en auras eu assez.

Quoi ? Je lui donnais de mon sang, je pouvais bien me permettre quelques familiarités, non ? Quelle sensation cela me faisait ? Bof, cela piquait un peu, mais cela n’avait rien de désagréable, je le sentais à peine.

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Sa voix douce et hypnotique sembla calmer les battements frénétiques de mon cœur. Je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais le cœur qui battait si vite et si fort. Puis, sans plus ajouter un mot, il s’entailla le bras et le plaqua sur ma bouche.

Le goût métallique du sang envahit ma bouche, étrange et enivrant. Ce n’était pas comme quand on se coupait et qu’on portait machinalement le doigt à la bouche… Une chaleur intense parcourut mon corps, chaque goutte semblant infuser une énergie nouvelle en moi. Les battements de mon cœur ralentirent, remplacés par une sensation de calme profond. Je buvais avidement, presque désespérément, jusqu’à ce que Godric retire doucement son bras.

Je restai silencieux un moment, observant les sensations nouvelles qui parcouraient mon corps. Une clarté mentale s’installait, chaque pensée devenant plus vive, plus intense. Je relevai les yeux vers lui, cherchant à comprendre ce qui m’attendait désormais.

« Alors, que se passe-t-il maintenant ? »

Mon regard était attiré vers lui. Comme un métal par un aimant. Je ne pouvais faire autrement que de fixer Godric, comme s’il était tout ce qu’il y avait de plus important au monde. Il était rare que mon esprit soit aussi clair et lucide sans que mes pensées n’aillent rejoindre Anika et mes fils. Mais là, il n’en était rien. Ma famille, c’était mon passé. Ma femme et mes enfants étaient au Danemark, moi, j’étais ici, à vivre une autre vie depuis plus de cinq ans maintenant…

« Est-ce que tout change d’un coup ou est-ce que je vais devenir comme vous, lentement, progressivement ? »

Ma question était peut-être stupide. Je ne savais pas bien comment tout cela fonctionnait. Je n’avais jamais rencontré d’êtres comme lui auparavant. En tout cas, jamais en personne et jamais d’aussi près.

« Merci, Godric. Je... je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais je suis prêt à le découvrir. »

Enfin, si, je savais que j’allais rêver de choses pas très catholiques mettant en scène Godric. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre exactement, mais pour l’heure, j’étais prêt à me laisser guider dans toute cette nouvelle aventure.

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Normalement, je ne faisais pas boire mon sang aux humains, il m’arrivait de temps en temps de me nourrir sur eux, mais jamais encore je n’avais fait boire mon sang à un humain que je n’avais pas l’intention de transformer après. Pourquoi celui-ci y avait droit ? Je ne saurais le dire avec exactitude, mais quelque chose en lui me donnait envie de le protéger de m’assurer de son bien-être et cela allait bien au-delà d’une attirance physique envers lui. Même si je n’étais pas un habitué des sentiments amoureux, il m’est arrivé d’en ressentir et je savais exactement ce que cela faisait, voilà pourquoi je pouvais parler de coup de foudre concernant Martin. Je l’observais tandis qu’il buvait. Au début cela sembla le rebuter un peu, ce que je pouvais aisément comprendre, mais il ne mit pas longtemps à s’y faire.

Si je l’avais laissé faire, il m’aurait probablement drainé, mais je savais que je ne devais pas le laisser trop boire au risque de provoquer l’effet inverse. Oui, boire une trop grande quantité de sang est dangereux pour un mortel, si en boire un peu le guérit, en boire de trop pourrait non pas le tuer, mais le rendre affreusement malade. Je retirais donc doucement mon bras lorsque le moment opportun arriva. Un doux sourire étira mes lèvres et je haussais nonchalamment les épaules.

- Mais rien de plus que ce que je t’ai dit tout à l’heure. Tu rêveras sans aucun doute de moi quand tu dormiras et en attendant, ce sera comme si ton corps se régénérait. Ne t’en fais pas, cela ne te fera pas mal.

Je pouvais sentir l’intensité de son regard sur moi, mais quelque chose me disait que cela n’avait rien à voir avec l’effet que mon sang avait sur lui. Je secouais négativement la tête à sa question.

- Tu ne deviendras pas comme moi, mon ami. Certes, tu as bu de mon sang, mais l’effet que tu ressens est temporaire, le temps pour ton organisme de se remettre de son agression de tout à l’heure. Une fois que tu seras complètement guéri, tu seras à nouveau comme tu étais en entrant dans le bar. Je pense que c’est à cause de cela que certains humains, chez nous, étaient si accro au sang de vampire. Il existait même un trafic de ça. Pour que tu deviennes comme moi, il aurait fallu que je te morde et que je boive de ton sang jusqu’au seuil de la mort avant de te faire boire de mon sang, et là tu aurais été transformé.

Je posais doucement une main sur son épaule.

- Tu n’as pas à me remercier, j’ai fait ce qui me semblait juste, ce que mon âme me poussait à faire et si tu as besoin d’aide d’une quelconque manière que ce soit, je serais là pour toi, tu seras toujours le bienvenu ici. Si tu reviens, personne ne te fera de mal, je ne le permettrais pas. J’avertirais même Eric de ton...statut particulier, lui dis-je d’un ton badin, après tout, c’est lui le boss ici. Mon ton était clairement amusé quand je disais cela. Je n’ai jamais contesté l’autorité d’Eric dans ce bar puisqu’il lui appartenait, mais il y a certaines choses que même Eric ne me forcerait jamais à faire et cela, il le savait déjà.

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Le goût métallique du sang restait sur mes lèvres, une saveur à la fois familière et totalement nouvelle. Mon cœur battait encore fort, mais d’une manière différente, comme s’il avait trouvé un rythme qui n’était pas tout à fait le sien. La chaleur qui parcourait mes veines semblait étrangement douce, presque réconfortante. Je pris une profonde inspiration, cherchant à ancrer mes pensées dans cette sensation qui m’envahissait.

Je fermai les yeux, laissant l’énergie de ce moment m’imprégner, sentant chaque fibre de mon être se réveiller avec une vigueur renouvelée. C’était comme si je découvrais un aspect de moi-même que je n’avais jamais connu auparavant, une force insoupçonnée qui bouillonnait juste sous la surface. Cette clarté mentale, cette précision dans mes pensées… Je n’avais jamais ressenti une telle acuité. C’était grisant et terrifiant à la fois.

J’ouvris les yeux et mon regard se fixa à nouveau sur lui. Une part de moi était attirée, comme par une force magnétique, incapable de se détacher. Je savais que ce qui venait de se passer n’était pas anodin. Ce goût de pouvoir, de vitalité, c’était comme une promesse. Une promesse de quelque chose de plus grand, de plus profond.

« Je crois que je commence à comprendre ce que cela signifie…» Ma voix était basse, presque un murmure. Je cherchais à mettre des mots sur ce que je ressentais, mais c’était difficile. « Mais… » J’hésitais, ne sachant comment formuler la question qui brûlait mes lèvres. « Combien de temps… combien de temps avant que tout cela ne disparaisse ? »

Je pouvais sentir que la réponse m’importait plus que je ne voulais l’admettre. L’idée que cet état puisse être temporaire me laissait une sensation de vide, comme une promesse non tenue. Je voulais en savoir plus, comprendre les profondeurs de cette nouvelle réalité qui s’offrait à moi.
Je pris un moment pour réfléchir, cherchant mes mots avec soin.
« Et si je ne voulais pas que ça s’arrête ? Si je voulais… aller plus loin ?» La question s’échappa de mes lèvres avant même que je puisse la retenir. C’était dit maintenant, et je ne pouvais plus faire marche arrière. « Qu’est-ce que cela impliquerait ?»

Je savais que poser cette question était dangereux. Cela ouvrait une porte que je n’étais peut-être pas prêt à franchir. Mais il y avait une part de moi qui était avide de savoir, avide de découvrir ce que ce monde avait à offrir, au-delà des limites de ce que j’avais toujours connu.
Je me tournai légèrement, détournant mon regard, comme pour fuir l’intensité du moment.
« Je ne suis pas sûr de ce que je veux,» avouai-je enfin, ma voix se brisant légèrement sous le poids de mes émotions. « Mais je sais que je veux en savoir plus. Que je veux comprendre. »

Je laissai mes pensées dériver un instant, repensant à ma vie avant tout cela. À Anika, aux enfants… mais ils semblaient appartenir à une autre vie, un autre moi. Ici, tout semblait différent. Plus intense, plus vivant.
Je relevai les yeux, plongeant mon regard dans le sien. « Je suppose que… c’est quelque chose que je dois découvrir par moi-même.» Un léger sourire étira mes lèvres. « Mais je veux que tu saches que je suis… ouvert à ce qui pourrait venir. À ce que cela pourrait signifier pour moi, pour… nous. »

Les mots étaient sortis plus facilement que je ne l’avais prévu. C’était peut-être à cause de son sang ? Mais maintenant qu’ils étaient dits, je sentais une certaine paix s’installer en moi. Une résolution tranquille.
« Je ne sais pas où tout cela me mènera, » continuai-je doucement, « mais je suis prêt à le découvrir. Pas à pas. Et peut-être… avec toi. » Je marquai une pause, cherchant dans ses yeux une réaction, une réponse. « Enfin, si tu es d’accord, évidemment. »

Je fis un pas en arrière, incertain de la réponse que j’obtiendrais, mais étrangement prêt à accepter ce qui viendrait. Quoi qu’il en soit, je savais que cette nuit, cette expérience, avait changé quelque chose en moi. Et que, d’une manière ou d’une autre, je ne pourrais plus jamais revenir en arrière.

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@Martin Andersen & @Godric Behal

C’était quelque chose de dangereux que de donner de son sang à un mortel. C’était assez paradoxal, parce que notre sang avait le pouvoir de les soigner, mais il était tellement puissant qu’il les rendait également très dépendants, presque comme la plus puissante des drogues. C’était le cas avec le sang d’un vampire lambda, alors imaginez ce que cela pouvait donner avec un vampire aussi vieux que moi. Je savais bien que dans cette ville, je n’étais pas vampire depuis très longtemps, il n’empêche que ma puissance passée se trouvait toujours dans mon sang, attendant de s’éveiller complètement, mais même l’échantillon que j’avais en moi était déjà suffisant pour être plus puissant que celui de mon fils par exemple. J’espérais sincèrement que Martin ne devienne pas trop accro à mon sang, sans cela je saurais obligé de l’attacher pendant quelques temps pour le sevrer. Qui sait, peut-être qu’il aimerait ça ? Oh là, Godric, tu commences à dériver un peu trop là.

Je l’observais tandis que mon sang coulait dans ses veines, je pouvais presque entendre mon liquide carmin parcourir son corps. J’attendais, quelque peu anxieusement sa réaction, même si mon visage n’affichait qu’une indifférence globale. Il posa ses yeux sur moi au bout d’un moment et je soutins son regard. Je hochais positivement la tête, l’incitant silencieusement à continuer lorsqu’il me dit qu’il pensait comprendre ce que cela signifiait, cependant sa question suivante ne me rassurait pas des masses. Ce n’était pas la question en elle-même, mais plutôt l’espèce d’espérance que je pouvais déceler dans sa voix, comme s’il souhaitait que cela ne finisse pas trop tôt. Je haussais nonchalamment les épaules.

- Cela dépend des individus, mais c’est relativement court.

Je comblais en instant la distance qui nous séparait quand il me demanda ce que cela impliquerait s’il voulait aller plus loin. Je posais ma main froide sur mon menton pour ancrer son regard dans le mien.

- A ton avis ? Qu’est-ce que cela pourrait impliquer ? Le corps d’un mortel n’est pas fait pour supporter une telle puissance, il y aurait donc deux solutions...soit tu veux encore plus de sang pour avoir cette sensation en permanence et tu en deviens complètement accro au point que je serais obligé de te sevrer parce que tu ne pourrais pas passer une seule minute sans en avoir une dose...ou alors je fais de toi le frère d’Eric.

Je savais qu’il n’avait pas besoin d’explication de texte pour mes dernières paroles. Je relâchais son visage.

- Naturellement que tu n’es pas sûr de ce que tu veux. L’inverse aurait été étonnant, tu n’es pas habitué à...tout cela, et si tu souhaites comprendre tout ce que cela implique, je pourrais éventuellement répondre aux questions que tu te poses. Ce serait, si tu veux mon avis, la meilleure façon et surtout la moins dangereuse, de savoir.

J’esquisse un léger sourire en coin quand il parle d’un « nous ». Ainsi ce que je ressentais au plus profond de moi était peut-être partagé ? Je posais doucement ma main sur une de ses joues.

- Ah oui...tu es prêt ? Vraiment ? Sache que si tu veux emprunter ce chemin, il n’y aura pas de retour en arrière...tu découvriras des choses que tu n’imagines même pas, mais je serais là près de toi, à chaque pas que tu feras...il se pourrait que tu obtiennes des informations qui ne soient pas très réjouissantes, mais il te faudra pourtant les accepter. Ceci dit, si tu penses être vraiment prêt...alors je ne vois aucune raison pour refuser, bien au contraire.

Comme pour sceller mes paroles, j’approchais doucement mon visage du sien et posais mes lèvres sur les siennes en un baiser léger, aérien.

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