Promenons Nous Dans Les Bois

Les temps sont durs mes amis. J’ai perdu l'entièreté de ma famille. Mais je garde malgré tout le sourire. Il faut dire que je ne m’attendais pas à un tel retournement de situation. Je m’apprêtais à regarder les étoiles simplement avant d’aller me coucher et bam : Une lune de sang débarque en m’arrachant de mon monde. Me voilà orphelin, errant dans un nouvel univers riche et regorgeant de mystères enfouis.

Actuellement, je m’amuse à battre mon record de pompes. La dernière fois c’était 123, j’étais chaud mais préparé. Là, pas vraiment. J’étais juste ennuyé par le manque d’événements dans cette magnifique forêt.

Bon, je n’y passe pas tout mon temps. Je sors à des moments, pour faire de nouvelles rencontres et vivre des aventures les plus incroyables possibles.

Je suis carrément l’incarnation de l’amusement, sans moi il n’y a pas de fêtes et encore moins d’alcools. Alors profitons du moment passé ensemble, comme si c’était le dernier du reste de notre existence.

Un moment unique et qui ne reviendra jamais, car vous le savez notre temps est limité sur terre. Et pour ma part, cela ne me dérange pas. Cela me pousse à davantage profiter de l’instant présent. Je médite quand j’en ai le temps. C’est très libérateur, dans le sens où j’arrive également à extérioriser mes craintes.

Dans la vie, je n’ai peur de rien excepté, de perdre les miens. Ce qui est arrivé dernièrement ne sera que temporaire, je le ressens au fond de mon âme.

Une âme marquée par les pertes, mais toujours empreinte d’un dynamisme et d’une gaieté sans faille.

D’ailleurs, j’entends un bruit bizarre. Je crois que c’est mon piège, à testicules. Je vais aller voir, quel homme se l’est encore pris.

À ma grande surprise, c’est un bel apollon très bien monté.

<< Qui es tu ? Et que fais-tu dans ma zone d’habitation ? Je suis navré pour tes testicules, c’est le code d’entrée pour les invités ou les types malveillants qui s’invitent gratuitement >>

Il ne semble pas louche mais, j’aime bien m’amuser et faire attendre mes interlocuteurs d’ailleurs.

<< T’es originaire de quel endroit ? Je sais que la plupart des gens ici, viennent de très loin >>

Il semblait qu'Aidan avait ce vide au fond de lui qui s'intensifiait de jour en jour. Ce grand vide dans lequel il semblait perdre pied en ce moment même...

Linus était un guerrier loup, un solitaire, son colocataire, avec lequel il couchait, il ne savait pas pourquoi il avait commencé à penser qu'il était peut-être spécial pour lui, qu'il avait sa place à ses côtés. Lui qui n'avait jamais voulu être aux côtés de quelqu'un, c'était peut-être normal finalement qu'il se soit si lourdement trompé. Il n'avait que ce qu'il méritait. Le dindon de la farce, l'arroseur arrosé, la roue a tourné, qui sème le vent récolte la tempête... alors certes, il n'avait rien semé, il n'avait jamais voulu que les choses tournent ainsi, mais il fallait bien qu'un jour ce soit le cas et qu'il puisse avoir des regrets. Il grandissait enfin, le petit Aidan, mais pourquoi ?

Se retrouver avec ces sentiments étranges et envahissants qui le dévoraient de l'intérieur, lui qui voulait simplement rester dans les bras de celui qu'il... aimait. Le voilà à déambuler dans une sinistre forêt, le cœur brisé, comme si rien n'avait plus d'importance. Rien n'avait jamais eu d'importance, pas depuis la mort de sa famille en tout cas, il avait retrouvé un semblant de vie auprès de son colocataire et s'était même trouvé un job. Tout ça pourquoi ? Finir malheureux. Ça valait vraiment le coup de grandir et d'avoir des sentiments ! Il était frustré et pour la première fois... en colère. Aidan n'était pas le genre de personne à s'emporter, il ne se mettait jamais en colère, comme si ce genre de choses ne l'atteignaient pas, comme s'il ne pouvait avoir de haine pour quoique ce soit.

Pourtant, lorsqu'il reçut ce coup dans les coucougnettes, la douleur fut telle qu'il aurait bien mis son poing dans la gueule du premier venu. Celui-ci semblait d'ailleurs avoir un visage qu'il ne connaissait que trop bien... était-ce une hallucination ? C'était fort possible puisqu'il perdit connaissance la seconde d'après.

Le piège a rapidement fait son effet, cependant celui qui se l’est mangé ne semble pas menaçant en apparence.

Alors, je suis navré pour lui. Mais d’un côté il n’avait pas qu’à traîner ici.

Ou alors au mieux dans mon lit, qu’est-ce qu’il est sexy !

Par contre j’ai un énorme problème, il vient de s’évanouir, alors pour me faire pardonner : je vais lui préparer du thé.

Aisément je grimpe dans ma cabane, m’occupant du thé vert. Avant de descendre le poser à ses pieds.

J’espère qu’il va se rétablir rapidement et ne pas trop m’en vouloir, ce serait dommage de me faire un ennemi supplémentaire …

Bon ça va être long, je vais essayer de le réveiller.

<< Hé, mister couilles d’acier, réveilles toi ! Tu vas pas rester là, à pioncer toute la journée, tu risquerais de te faire piquer par les moustiques la nuit. Et crois-moi c’est horrible à vivre, surtout lorsqu’une centaine te pique en même temps. Bon je te laisse trente secondes pour te lever ou je te renverse le thé, en pleine figure mon mignon >>

Manquerait plus qu’il m'envoie chier et me dise va te faire enculer, je préfère dormir que de voir ta tronche de cake ! En plus tu m’as littéralement cassé les couilles, enfoirés !

Et aussitôt il se rendormir en oubliant ce qu’il s’est passé et je lui renverserai le thé sans vergogne. Puis tôt ou tard il finira par se réveiller à force de recevoir du thé en pleine figure.

Je sens qu’on va bien s’entendre tous les deux.

Reste plus qu’à attendre, que Morphée le libère de ses plus palpitants rêves de la journée.

<< Si tu te réveilles t’auras droit à un somptueux Mars, venu tout droit du distributeur d’une université. Que demander de plus ? Oui je sais, deux Mars supplémentaires. Aller, fais pas ton fatigué, tu va pas rester là à dormir comme un boeuf >>

Heureusement qu'actuellement, Aidan évanouit, n'entendait pas les énormités de Crash, sinon il se demanderait sur qui il était tombé cette fois et ce qu'il avait pris.

Non, Aidan était dans les vapes, rêvant à un avenir qu'il n'aurait jamais. Se souvenant de ce pompier torride pompier dont il avait fait la connaissance et qui n'avait pas été contre un plan à trois. Que serait-il advenu de lui s'il avait été en colocation avec le premier des doubles au lieu de Linus ? Johnny aurait-il pris soin de lui ? Aurait-il supporté Aidan au quotidien ? Aurait-il fini sur Onlyfans lui aussi ? Johnny aurait-il fini par se ranger ?

Non, franchement, Aidan doutait avoir ce genre de pouvoirs sur qui que ce soit, il n'avait pas fait changer Linus et n'allait certainement pas donner à quelqu'un un jour envie de n'être qu'avec lui. Ce n'était pas plus mal, il préférait ne pas prendre d'engagement ou de responsabilité. Si personne ne s'attachait à lui, alors il n'avait aucune raison de culpabiliser de ne s'attacher à personne non plus. C'était plus simple comme ça. Alors, pourquoi s'était-il finalement attaché ? Pourquoi était-il si triste ?

Alors qu'il revenait doucement à lui, il entendait des bribes de parole, quelqu'un semblait lui parler, il ne comprenait pas tout cela dit. Il ouvrit doucement les yeux avec une complainte du bout des lèvres alors qu'il avait cette douleur intense entre ses jambes. Il jeta un œil à côté de lui et ne put qu'observer ce visage qu'il ne connaissait que trop bien à présent : Johnny, Billy, Linus et maintenant un quatrième énergumène ? Mais avait-on prévu de ne pas le laisser en paix, c'est ça ?

- T'as pas mieux à proposer franchement ? Je sais pas moi, d'habitude on embrasse la personne pour la réveiller, et je te signale que t'y es pas allé avec le dos de la cuillère. Je suis pas sûr de pouvoir marcher tout de suite, là.

Ouais, Aidan était clairement un douillet, lui qui aimait les plaisirs de la vie, la douleur qu'elle soit physique ou mentale était clairement dans son top 3 à éviter ! Autant dire que leur première rencontre commençait mal.

Tic Tac, c'est l'heure de se réveiller, joli minois. J'attends un tantinet ou je lui jette du thé sur sa figure angélique ?

Les deux ?

Aller, perdons pas de temps.

Ah, il vient tout juste de se réveiller, monsieur beauté sexy.

- Tu préférais que je te renverse du chocolat chaud à la figure ? D'un côté t'a pas tord, il a bien meilleur odeur. Et ne t'en fais pas pour tes boules de billard, elles reprendront des forces assez rapidement.

Et puis, mes ennemis sont habitués maintenant. Même mon père s'en est pris des centaines de fois, je me demande même si au fond ce n'est pas bénéfique pour lui.

- Eh bien, mister bien foutu, on est pas chez les princesses Disney : donc avec moi la méthode bisou magique ça fonctionne pas. Je préfère me la jouer militaire radical ou pote complètement con, qui aime emmerder tout le monde.

Le gus doit avoir sacrément mal quand j'y pense, ce n'est pas tous les jours qu'on déguste autant à cet endroit. Mais bon, faut bien s'y préparer les gars.

Ce n'est qu'une question d'habitude et de renforcement testiculaires.

- Non jamais avec une cuillère c'est pas assez efficace à cet endroit et encore moins avec du coton ça fait encore plus con

Qui utiliserait une foutue cuillère pour s'en prendre à quelqu'un ? À part pour lui retirer ses yeux avec ingéniosité.

Seul les psychos feraient ça, moi j'vous le dis, y a de sacrément tordus dans ce monde.

- Tu marcheras très bientôt, ne t'inquiète pas, mes ennemis s'en sortent très bien généralement. Enfin statistiquement parlant, 30% ne finissent pas stériles, donc c'est plutôt bon signe.

Et encore, je dirais moins que ça, mais j'veux pas qu'il paniquent de fou et qu'il vrille totalement. Ce serait dommage qu'il n'ait la possibilité de procréer.

- Sinon c'est quoi ton joli nom ? Tu viens d'une autre planète ? Ou t'es toi aussi originaire de la planète terre ?

Tant de questions, dont je meurs d'envie d'entendre les réponses.

- Tu veux que je te serve un petit quelque chose, en guise de dédommagement ? J'castres pleins de gars mais j'suis pas un monstre non plus.

Aidan se serait bien passé de se prendre un coup dans les parties intimes, et encore plus d'un accueil si chaleureux que le gars lui propose de lui jeter un thé ou maintenant un chocolat chaud à la tronche. Linus avait certes des défauts, mais au moins, il ne l'avait jamais malmené de la sorte, en tout cas, ses boules n'avaient jamais été douloureuses. Il vivait dans le déni, mais la vérité, c'est qu'il lui manquait et ce personnage, bien qu'il lui ressemble physiquement, n'était pas lui.

- T'as raison, je me sens beaucoup mieux là, si tu pouvais juste éviter de me jeter quelque chose à la figure en fait.

Pour une fois, Aidan se sentait vraiment irrité, il ne savait pas trop si c'était juste à cause du coup, ou parce que le mec ressemblait à Linus ou parce qu'il se foutait de lui et n'avait visiblement aucun remord sur le fait de lui avoir fait mal. Il voulait juste un moment de tranquillité, et voilà qu'il se retrouvait au milieu de la forêt, sans une goutte d'alcool et ce gus qui lui latte littéralement les burnes.

- Super, bah tu vois, je suis réveillé, pas besoin d'en arriver là si ça te défrise à ce point l'idée de m'embrasser.

Il ne comprenait pas trop ce qu'il se passait dans la tête de ce gars, à dire qu'il était bien foutu, mais lorsqu'Aidan lui lançait une perche, il la refusait comme si Aidan ne lui convenait tout simplement pas, dans ce cas qu'est-ce qu'il venait faire là ? ça l'éclatait de le voir souffrir ? Il prenait son pied à regarder un inconnu écrouler là à cause de son piège à la con ?

- Super, heureusement que j'ai pas dans l'idée de procréer alors.

Il roula des yeux, en quoi il était censé être rassuré que 30% ne finissent pas stérile ? ça voulait donc dire qu'il avait 70% de l'être, bas super, vraiment là, c'était le pompon ! Certainement une des pires journées qu'il a passées dans cette ville. Mais bon, c'était toujours mieux qu'affronter des zombies, n'est-ce pas ? Oui, c'était certainement mieux. Il arrivait à s'en convaincre en tout cas.

- Je m'appelle Aidan et oui, je viens de la terre. Je suis un gars normal, pas de pouvoirs ou je sais pas quoi... la banalité à l'état pur. Et toi, t'es quoi ?

Ou t'es qui, peu importe de toute façon, il n'était pas certain d'être très intéressé par la réponse, mais au moins, pendant qu'il parlait, il évitait de lui faire davantage de mal. Aidan n'était vraiment pas fan de la souffrance, aussi bien physique que morale, là, il regrettait de ne pas avoir été picolé dans un coin sombre.

- Ah ouais ? Bah écoute si t'as un truc genre alcool fort là, je dis pas non...

Si ça pouvait l'empêcher de broyer du noir pendant au moins quelques minutes, ça lui allait.