Tire un dé pour savoir si tu manges

Nouvelle existence
@Willy Wonka

Tout est à apprendre, ici. Tout est nouveau. Les gens ne me connaissent pas. C'est tout à la fois effrayant, et un soulagement. La toute première chose qu'il me faut faire est de me trouver des vêtements. En cette période hivernale, je dois admettre que ma fine chemise ne me sert pas réellement. Bien sûr, avant de courir les rues, j'ai passé ma main dans un rayon de soleil, comme un chat met prudemment sa patte dans la neige. Bon, je ne crains pas le soleil ici, visiblement.

Après avoir appris à respirer, ou réapprit à respirer, il me faut apprendre à contrôler le froid que je ressens désormais, mais pour cela, il faut faire comme les vivants : s'habiller chaudement. J'arrive près des premiers magasins et je suis déjà en train de souffler sur mes doigts pour essayer de les réchauffer, un réflexe que j'ai perdu depuis plus de 200 ans. Je passe devant divers magasins quand je trouve ce que je recherche.

Je lève les yeux au ciel.

La mode, ici, c'est vraiment n'importe quoi... Je m'apprête à entrer quand je remarque que la façade annonce très fièrement qu'ils sont fermés en ce 1er janvier (quoi que janvier veuille dire). En fait, tous les magasins semblent fermés aujourd'hui. Mon sourire s'étire un instant. Parfait.

J'étudie la serrure longuement avant d'y introduire un outil de crochetage. Ceux qui pensent que je suis venu désarmé se trompent lourdement. Au bout de quelques minutes, une dame passe et me regarde étrangement. Je lui fais mon sourire le plus charmeur en lui faisant un large geste de la main.

"Ma clé est gelée, vous savez ce que c'est..."

Elle hoche la tête, visiblement convaincue. Après tout, seul un idiot sortirait dans le froid et la neige en chemise pour aller cambrioler quoi que ce soit.

"Bonne journée."

Juste après, un cliquetis agréable se fait entendre et la porte s'ouvre docilement. J'entre, prend les vêtements sur la première... poupée étrange... et absolument effrayante, sans visage... que je vois, m'habille, et ressort sans demander mon reste.

C'est alors qu'un autre désagrément me parvient... La faim...

J'avais oublié que la faim, chez les gens normaux, passe par l'estomac, et que celui-ci se tord dans d'horribles gargouillis. Je passe ma langue sur mes dents, je pense que je n'ai plus réellement le choix. La vieille dame, où est-elle ? Non ! Il ne faut pas que je morde !

C'est alors que je vois une personne habillée... Étrangement. Elle semble aussi perdue que moi. C'est un jeune homme, plutôt mignon d'ailleurs. En d'autres circonstances, j'en aurais bien fait mon quatre heures. Viendrait-il d'un autre monde, lui aussi ? Je m'approche de lui, précautionneusement.

"Bonjour mon chou. Toi aussi, tu es perdu ?"

Mon estomac se met à gronder de plus en plus. Heureusement que les vampires ne gargouillent pas ainsi, ou nous n'aurions jamais notre chance.

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@Astarion Ancunín

Quel étrange monde ! D’abord cette lune toute rouge dans le ciel. Willy avait voyagé, beaucoup voyagé, en des contrées étranges peuplées de Oompa Lompa, avait croisé des Yeti, chanter des berceuses à des girafes pour en obtenir leur lait, mais jamais encore il n’avait vu de lune aussi rouge et aussi grosse dans le ciel. Il était d’ailleurs certain que les étoiles étaient différentes, lui qui aimait les regarder après une bonne journée de travail. Il était du genre observateur, qualité indispensable à un magicien, pourtant il ne reconnaissait rien ici. Pas même la ville qui s’étendait devant lui. Malgré ses inquiétudes, il savait comment en avoir le coeur net. Parcourir la ville de long en large ! Il n’était pas fatigué, alors il s’élança. Il s’inquiétait tout de même, s’il ne parvenait à revenir, Noodle allait s’inquiéter de n’avoir de ses nouvelles et puis, sa chocolaterie ferait faillite sans lui pour cuisiner ses chocolats ! Toutes ces pensées inquiétantes le figèrent sur place. Willy soupira, il était grand temps de se requinquer. Délaissant les poches de sa veste violette élimée comme son gilet coloré bouffé par les mites ou sa chemise qui avait connue des jours plus heureux, il attrapa son chapeau de haute forme situé sur sa tête et y plongea sa main pour chercher quelques chocolats. Il en cherchait un précisément, celui qui serait capable d’éloigner la boule d’angoisse se formant dans son estomac.

Il interrompit son geste en constatant qu’il n’était pas seul. Un homme plutôt beau, élancé, avec un beau sourire enjoué et une tenue plutôt impeccable qui lui lança un mon chou. Willy cligna des yeux, la dernière personne l’ayant surnommé ainsi l’avait enfermé dans sa cave et forcé à laver du linge sale ! Il fronça les sourcils donc mais réalisa qu’il devait bien admettre qu’il était effectivement perdu. « Effectivement, je crois que je suis perdu… je sais plus où retourner aux… Galerie Gourmet, ça te dit quelque chose ? » Celles-ci étaient si réputés que si l’homme en face de lui ignorait où elles étaient ni ce qu’elles signifiaient alors peut-être son instinct lui soufflait quelque chose ressemblant à la vérité, à savoir qu’il n’était peut-être pas dans le bon monde tout simplement. Cette explication pourrait répondre à toutes ces observations qu’il avait faite. Soudain, il s’arrêta de réfléchir. Il venait d’entendre le son caractéristique d’un estomac en souffrance. Il fronça à nouveau les sourcils et fouilla à nouveau dans son chapeau avec une telle concentration que tout son visage se retrouva comprimé. Puis soudainement, ses yeux s’agrandirent ainsi que son sourire. Trouvé ! Il sortit de son chapeau sa main et la tendit devant le jeune homme en l’ouvrant pour révéler: « Le choco’ ventre bien rempli, il contient toutes les saveurs d’un repas de gourmet et donne même la sensation d’avoir un peu trop mangé ! » Le dit chocolat était un peu replet, assez grand pour tenir tout juste dans sa paume, et ressemblait à un buffet miniature. « Tu m’en dira des nouvelles ! » Car rien ne valait un retour sur ses créations à ses yeux.

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@Willy Wonka

Les... galeries gourmet ?

Je prends un air navré et je secoue la tête. Pourtant, j'ai vécu et voyagé dans Faërun, j'ai même connu un tout autre plan de l'existence, mais il me semble que cet endroit est encore tout nouveau. Normalement, je n'ai même pas cette forme physique là. Je ne suis pas un humain, et je ne l'ai jamais été.

"Non, il semblerait que je vienne à peine d'arriver dans les parages."

Autour de moi, je ne vois aucun panneau, aucune carte, comme si les gens devaient savoir d'emblée comment se diriger. Ce monde n'est définitivement pas fait pour moi. Je vais devoir apprendre, évoluer, encore. Mais d'abord, il faut que je sache comment me nourrir. C'est impressionnant à quel point la faim semble arriver si facilement dans ce monde ! Je regarde en coin l'homme fouiller dans son chapeau et j'ai une petite grimace. Je ne veux pas de quoi que ce soit qui ait pu traîner là-dedans aussi longtemps... et en même temps, vu de quoi mon régime était fait, je ne peux pas faire la fine bouche non plus.

Obligeamment, l'homme tient dans sa main un minuscule carré.

"Je... eurm..." Faisant un geste avec le bras, je me reprends. "Pardonnez-moi, très cher, mais suis-je supposé mettre ceci dans ma bouche ?"

Après qu'il m'ait donné son approbation, je prends le "choco’ ventre bien rempli" qui m'a l'air d'être du domaine du charlatanisme le plus pur. De toute façon, je n'ai pas de quoi le payer, et j'ai réellement faim. Pendant une longue minute, je regarde cet homme en essayant d'y déceler la moindre trace de duplicité dans son regard... mais rien. Tout respire en lui la satisfaction, l'optimisme et la volonté de bien faire. Mon ventre semble vouloir à tout pris que nous ingurgitions cette chose. Dans le pire des cas, si cette chose est empoisonnée, je renaîtrais, voilà tout.

Je mets le chocolat en bouche et suis immédiatement stupéfait par la savoir qui s'en dégage. Pour une personne normale, cela aurait le goût de salade-crudité avec une sauce alambiquée, de la dinde rôtie à la crème et aux morilles accompagnées de pomme dauphines maison, puis, enfin, le dessert qui est un tiramisu avec plus de chocolat que de tiramisu.

Voilà ce qu'aurait en goût une personne normale.

Mais moi ? Moi, je ne sens que des saveurs, pleinement, infiniment. Jamais je n'ai rien ressenti de tel. Naturellement, je ne connais aucun des ingrédients. Je sens du salé, de l'acide, de l'amer et du sucré. Je sens un goût que j'ai déjà trouvé parfois dans le sang de certaines personnes. Je sens quelque chose de raffiné, de nourrissant. Du goût, du goût et encore du goût, mais celui-ci n'éveilla aucun écho de souvenir. Une fois fini, je me sens bien, mieux que bien, satisfait. Je souris à l'homme.

"Je vous remercie ! C'était une expérience unique. J'ignore si vous vous nourrissez toujours ainsi, mais c'était très agréable ! Y a-t-il quelque chose que je puisse faire en retour ?"

Sous-entendu, je n'ai pas le moindre argent pour vous payer, monsieur.

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@Astarion Ancunín

A la légère grimace qu’esquissa l’homme lui faisant face, Willy en devina sa réponse. Il baissa le nez, la déception s’imprimant sur ses traits juvéniles qui n’essayaient même pas de travestir les émotions le traversant. Il était par trop naïf pour chercher à les cacher. Pourquoi essayerait-il ? Quand il était sur scène, devant de futurs clients à séduire et qu’il exécutait son numéro de charme pour les pousser à la gourmandise ainsi qu’au léger brin de folie qu’il distillait jusqu’à dans ses chocolats, il pouvait feindre tant d’émotions qu’il cherchait à offrir à ses clients. Mais feindre pour feindre ? Il n’y aurait même pas songé !

Ce à quoi il songea, le nez baissé, c’est que le trou dans ses souliers s’était agrandi, qu’un petit vent frais s’y glissait et qu’au contraire, les souliers de l’inconnu luisaient à tel point qu’il avait l’impression qu’il pourrait y distinguer son reflet s’il se penchait un peu plus. Il esquissa à son tour une petite grimace. Il disait qu’il venait tout juste d’arriver dans les parages, pourtant, il semblait sortir d’une laverie tant il était propre ! Aurait-il mis les pieds dans la blanchisserie d’où Wonka s’était échappé après tant d’efforts ? Il releva le nez et examina attentivement cet inconnu, ce teint blanc, ce nez droit, ces cheveux blonds, non, ça ne lui disait rien du tout ! « J’imagine que vous ne savez pas non plus où nous nous trouvons ? » Demanda Willy à tout hasard. Il refusait de céder à la paranoïa, il croyait en la bienveillance et aux jours heureux ! Il croyait en sa bonne étoile. Et s’il était tombé dans un monde inconnu, il ne doutait pas qu’il y ferait de merveilleuses rencontre et séduirait les palais de ses chocolats enchanteurs !

D’ailleurs, il espérait que ceux-ci se trouvent encore dans son chapeau quand il y fourra la main. Il sourit, soulagé, en sentant le bocal de verre qu’il extirpa et ouvrit. Il en sortit un chocolat qu’il tendit à l’homme dont l’estomac grognait comme s’il n’avait rien mangé depuis au moins 12 heures ! Se passer de chocolat durant toutes ces longues heures, c’était impensable ! Abominable ! Suis-je supposé mettre ceci dans ma bouche ? Question qui foudroya Willy. Ce dernier cligna des yeux. Bien sûr qu’il le faut ! Songea-t-il mais il préféra hocher la tête en souriant, l’encourageant de ce petit mouvement de tête. Puis il attendit de voir sa réaction, ses yeux rivés sur ce visage altier.

Il s’attendait à un peu de stupeur, d’amusement, d’étonnement, mais l’inconnu parut vivre une expérience assez inoubliable. Willy adorait voir ce genre d’expression. Il sourit. « J’essaie de faire en sorte que chacun de mes chocolats soient une expérience unique, aussi je suis ravi que ce soit le cas ! » Il devait avouer qu’il avait eu peur que les chocolats aient mal vécu ce curieux voyage. Mais non ! Il sourit. « Vous pourriez peut-être me dire où trouver un endroit pour dormir ? La dernière fois que j’ai tenté de m’endormir sur un banc dans une ville inconnue, ça s’est mal fini… »

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@Willy Wonka

Ce monsieur m'examine autant que je l'examine. Je me demande s'il joue "vrai" sur son apparence, autant que moi, je joue faux. Naturellement, rien de ce que je reflète n'est authentique. Mais je donne le change à force de gestes pour éviter de montrer à quel point je suis nerveux.

"Nous sommes dans un monde différent du mien d'origine. Une logique différente, une monnaie différente, un peuple différent."

Et une technologie très différente aussi, qui semble avoir remplacé la magie. L'air me paraît plus froid, plus implacable. C'est impensable de dormir dehors ici. Les couleurs me paraissent plus ternes... enfin... me paraissaient, jusqu'à ce que je croise ce très cher jeune homme aux traits avenants.

Après m'avoir fait découvrir cet étrange... chocolat, je dois admettre que l'inconnu a gagné quelques points d'appréciation. Nous ne sommes pas encore meilleurs amis à boire toute la nuit et à déambuler bras dessus bras dessous, mais au moins, je lui fais confiance pour ne pas m'empoisonner.

"C'est un succès critique, mon cher !"

J'hoche la tête. Dormir en plein air est un coup à ne pas se réveiller

"Je connais un endroit, mais ce ne sera pas possible pour le long terme. Sais-tu t'occuper de chevaux, ou de bétail ?"

Je repense à Malon, ce n'est pas très gentil d'abuser de sa gentillesse à ce point... Mais je ne peux pas laisser cet homme tout seul dehors.

"Suis-moi, nous allons demander si ma logeuse peut t'héberger pour la nuit. Je m'appelle Astarion, au fait."

Un sentiment étrange me prend... Un sentiment que jamais je n'avais ressenti, ou alors pas aussi consciemment.

"Malon est très... gentille. Elle ne dira jamais non au fait de venir en aide à quelqu'un, vous comprenez ? J'espère que vous n'avez pas de mauvaises intentions et que vous ne voulez réellement que dormir en sécurité."

...ou il risquerait bien de ne jamais se réveiller.

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@Astarion Ancunín

Un monde différent. Willy observait avec attention son interlocuteur. Il y avait une foule de détail qui ne trompait pas. Sa manière de se maintenir, son allure tapissait une haute place dans la société pourtant, il ne lui avait démontré par le moindre dédain. A cela s’ajoutait tout ce qu’il avait pu de constater de différent avec la ville qu’il avait laissé derrière lui. Il était définitivement ailleurs. Mais dans un autre monde ? Il avait du mal à concevoir l’idée et sentit un vertige le saisir. « Monnaie vous avez dit ? » Pourquoi n’y avait-il pas songé auparavant ? Il plongea la main dans sa poche et récupéré une pauvre petite pièce d’argent. Grande estampillée du monarque local. Il la brandit devant l’homme. « Est-ce que les pièces d’ici sont les mêmes que les miennes ? » Il en doutait fort mais il avait besoin d’évacuer chaque possibilités, ainsi, il se retrouverait devant l’impossible. Il ne pouvait s’appuyer sur aucune certitude, le monde, il l’avait parcouru, mais pas assez pour prétendre en connaitre chaque recoin. Il pouvait fort bien y avoir une ville comme celle-ci qu’il ne connaissait, avec des coutumes étranges comme ces coupes modernes mais il avait du mal à croire en cet astre rouge dans le ciel. Cela, il ne l’avait jamais vu et personne n’en avait jamais parlé. Pourtant, les navigateurs aimaient partager leurs histoires. « Et cette lune rouge… cela me parait curieux aussi, je n’en ai jamais vu ni entendu parlé, et vous ? » Autant éluder toutes les questions en une fois.

Mais avant, il se devait d’agir pour cet estomac grondant comme le tonnerre. Il sortit donc de son chapeau un chocolat qu’il tendit à l’élégant jeune homme. Ce dernier parut d’abord surpris puis heureux. Il annonça un succès critique à Willy qui esquissa un grand sourire de ravissement et de fierté. « J’espère que je pourrais en vendre quelques uns, j’ai plus beaucoup de sous en poche et s’ils ne valent rien ici… » avoua-t-il à haute voix. Mais pourquoi se méfierait-il de quelqu’un qui, comme lui, se trouvait perdu dans ce monde étrange ? L’homme précisa qu’il connaissait un endroit mais qu’il fallait s’y occuper de chevaux et de bétail. « Je sais m’occuper de girafe alors… j’imagine que je me débrouillerais ! » Il avait aussi dû s’occuper de vache et s’attendait à en trouver dans ce qui ressemblait fort à une ferme s’il se fiait au dire de l’homme. « Moi c’est Willy ! » Répondit-il du tac au tac avec un grand sourire. Mais la question de son nouveau compagnon le prit par surprise. Personne ne s’était encore jamais défié de lui. En revanche, il avait déjà essuyé de mauvaises surprise, alors il comprenait la méfiance de du jeune homme. « Je vous assure de mes bonnes intentions ! Je n’ai d’autre désir que de faire du chocolat et ravir les papilles ! Je veux être le plus grand chocolatier du monde… même si je suis pas certain d’être encore dans mon monde. Et vous ? » Demanda-t-il, en se disant que s’il confiait ses ambitions, il montrerait qu’il n’est pas quelqu’un de méchant. Enfin, il le croyait.

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@Willy Wonka

J'hoche la tête. Oui, j'ai dit "monnaie". Pièce d'or. Sous. Argent. Valeurs... Il me sort ses propres pièces... sa propre pièce que je prends d'un geste un peu trop leste pour être honnête. Je la regarde sous tous les angles, n'ayant jamais vu un tel sceau auparavant. D'ailleurs, elle est... ronde. Chez moi, les pièces ne sont pas rondes. En tout cas, elle ne correspond ni à ce que je connais, ni à ce que j'ai connu.

"Non, je le crains."

Je lui rends la pièce. J'hésite avant d'ajouter.

"Ici, l'argent de valeur est sous forme de... papier." Je fais la moue, c'est très dur à croire, moi-même, j'avoue avoir encore du mal. "Ce sont des espèces de rectangles avec un touché un peu particulier. Il y a la valeur marquée dessus, et des petits dessins. C'est assez particulier, mais je pense que vous le verrez bien assez vite."

Pour ce qui est de la lune rouge, j'avoue ne pas savoir... Mais je viens à peine de récupérer mon cerveau, mes pensées, et ma propre volonté. Pour moi, elle était un présage, bon ou mauvais, maintenant je sais que c'en est un bon, ou du moins, un pas trop mauvais.

"De là d'où je viens, je n'en ai jamais eu. Les voyages entre les plans sont fréquents, donc cela ne m'a pas spécialement surpris sur le coup. Je suis juste un peu choqué par mon apparence physique. Jamais je n'avais changé de corps auparavant."

Avoir des petits trucs en plus, comme des parasites, ou des canines, oui. Mais être totalement et à 100% humain, jamais. Je ne sais pas encore quoi en penser, et j'aimerais que quelqu'un me guide là-dessus.

Immédiatement après avoir proposé à Willy de partager l'endroit que j'ai trouvé (ou plutôt l'endroit qui m'a trouvé), j'ai un pincement de doute. Je sais que cette personne, ce Willy, a l'air honnête. Cependant, tout ce qui est trop beau pour être honnête l'est généralement.

J'hoche la tête, lentement, regardant attentivement son visage tandis qu'il me livre son souhait pour ce monde. Être le meilleur chocolatier. C'est une première. J'ai rencontré des "meilleurs forgerons", des "meilleurs alchimistes", mais jamais de "meilleurs chocolatiers". De plus, il m'a fait goûter gratuitement son produit.

"Ça ne fait aucun doute que vous y arriverez."

Et... moi ?

Pour une fois, dans ce qui semble être mon existence, je ne sais pas. À la base, je voulais rendre mes parents fiers. Puis, je voulais me rebeller contre cette même autorité parentale. Puis, je voulais rendre mon maître fier, par crainte des répressions. Puis, je voulais séduire quelqu'un dans le but d'obtenir une protection. Enfin, je voulais juste survivre et ne pas me transformer en bestiole tentaculaire.

"...Protéger ma logeuse..."

Pour le moment, du moins, c'est cela à quoi j'aspire.

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@Astarion Ancunín

« De papier ? » Willy a du mal à s’imaginer un pays où le papier est équivalent à des pièces sonnantes et trébuchantes. Bien sûr, le cartel avait réussi à transformer le chocolat dans leurs cuves en monnaie d’échange qui faisait tourner toute la ville jusqu’à son arrivée, dans son monde d’origine. Aussi se dit-il qu’après tout, chaque monde pouvait avoir ses particularités, pourquoi pas de l’argent en papier. « Mais on fait comment pour savoir à quoi cela correspond ? » En le disant à voix haute, cela parut évident. Il devait y être indiqué un tas d’informations utiles, au fond, ce n’était pas idiot comme idée. Sauf qu’il n’était pas certain de pouvoir lire les chiffres. Il s’était concentré sur les lettres et estimait les pièces selon leur poids et épaisseur. Mais ensuite Astarion lui indiqua qu’il y avait des formes et des couleurs différentes, il pourrait s’accrocher à ces détails. « J’imagine, la plupart des villes dépendent de l’échange d’argent. » De l’expérience qu’il en avait, alors que dans les villages et les petites communauté on pouvait se contenter d’échange de bon procédé ou de troc.

« Vous n’avez jamais utilisé de l’argent ? Cela doit être perturbant… » Il se dit que finalement il ne serait pas le plus perdu des deux. Il aurait bien proposé son aide à Astarion mais il n’était pas le nez le plus creux, il s’était retrouvé piégé dès sa première nuit en ville la dernière fois. Mais l’homme aux cheveux argenté lui avait dit quelque chose d’autre, il avait un corps différent avant. « Vous ressembliez à quoi ? » Demanda-t-il, vraiment curieux. Depuis qu’il avait croisé un Yéti et un Oompa Lompa il savait qu’il existait bien d’autres créatures que les humains. Chaque monde devait avoir ses particularités. Mais changer de corps ? Ce monde était des plus perturbants.

Un peu inquiet pour la nuit à venir, ne sachant où il pourrait dormir et inquiet pour la suite, il lui était arrivé tant de déconvenue la dernière fois qu’il était arrivé dans une nouvelle ville ! Mais Astarion lui avait montré qu’il n’avait lieu de se méfier de lui, bien au contraire, s’il ne connaissait ni ce qu’est l’humanité ni l’argent il devait être bien plus perdu que lui-même l’était. Il semblait ne pas savoir ce qu’il pourrait faire dans ce monde. Protéger sa logeuse, c’était un noble but, digne d’un chevalier. Willy hocha la tête. « Et je suis certain que vous y arriverez ! » Lança-t-il joyeusement. « Alors, vous me faites confiance ? Ou bien dois-je vous prouver que je ne serais pas une menace pour votre protégée ? » Il avait un peu peur de cette lune rouge et de ce monde perturbant. Rester auprès de son nouveau compagnon le rassurait, indéniablement, mais il semblait fermement décidé à protéger sa logeuse, peut-être ne lui accorderait-il sa confiance et le laisserait-il tout seul dehors. « Je pourrais vous confier ma réserve de fève, c’est mon plus grand trésor, en gage de bonne foi, pour la nuit ? » Proposa-t-il se disant que ça rassurait le chevalier servant.

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@Willy Wonka

De l'argent en papier, oui. Cela m'a perturbé aussi, et cela vaut beaucoup plus que les pièces. Cela ne me paraissait pas évident à la base, mais maintenant que je vois qu'il y a aussi de l'argent sous forme de... particules dans l'air... plus rien ne m'étonne. Je hoche donc patiemment la tête, amusé par la fascination du jeune homme.

"La somme est simplement marquée dessus."

Oui, la plupart des villes, des pays, et même des plans, dépendent d'argent. Il faut une monnaie commune pour le concevoir pleinement... ou être suffisamment malin pour en tirer parti en cas de guerre ou d'affrontement. J'étouffe un hoquet de rire à sa question. Moi ? Astarion ? Ne jamais avoir utilisé d'argent ? Ce serait réellement absurde !

"Non, je parlais de lune rouge. Je connais l'argent."

C'est un euphémisme. J'ai même l'instinct de l'argent, ou du moins, j'avais. Le jeune Willy se renseigne sur mon ancienne apparence. Je plisse un instant les yeux avant de me rappeler qu'il n'y a aucune raison qu'il y ait un quelconque avis de recherche ici. Je ne suis pas rassuré, mais je réponds néanmoins.

"J'avais l'apanage de tout elfe issu de la bourgeoisie qui se respecte : de beaux vêtements, brodés et colorés, des cheveux blancs, et frisés, et naturellement, de belles oreilles pointues." ... et des yeux rouges... et des crocs ... et des mains toujours fourrées dans les poches des autres. "Et vous, vous étiez pareil-pareil ? Jusque dans les moindres détails ?"

D'accord... De nous deux, c'est sans doute moi le plus dangereux... ou du moins, le plus méchant des deux, et par voie de conséquence, le plus indigne de confiance.

"Je vous remercie, mais ça ne sera pas nécessaire. Venez, ce n'est pas loin."

Sa réserve de fève ? Son plus grand trésor ? Mais pourquoi me dit-il cela ? Entre lui et Malon, je pense que personne ne se méfie de personne ici, ce n'est pas possible autrement !

Nous faisons donc le chemin en sens inverse. Après les dernières maisons, le ranch Lonlon apparaît, entre ses champs et ses arbres. Il nous reste encore un bon kilomètre à parcourir. Je protégerai Malon et la suivrai à la trace, pour sa part, je sais qu'elle protégera ses bêtes. À peine arrivé, le chant d'un coq raisonne.

"J'espère que vous aimez les animaux, monsieur Willy."

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@Astarion Ancunín

« C’est pas con ! » lâcha-t-il en constatant qu’au final, les pièces aussi avaient leur montant indiqué dessus. Bon, il y avait aussi le poids, la taille, on sentait immédiatement la différence entre de la petite monnaie et de la plus grosse mais il n’avait jamais de toute façon eu beaucoup d’argent donc beaucoup de pièces en main. « Pas con du tout, est-ce que ces morceaux de papiers valent pour de la petite monnaie ou c’est comme les promesses de dette et chacun y inscrit le montant correspondant dessus ? » Il n’avait même pas conscience du fait qu’il venait de trahir ses origines misérables en quelques mots. Le jeune homme n’avait jamais eu beaucoup d’argent, des dettes en revanche, oui. Il avait toujours travaillé pour les rembourser. Il ne rechignait pas à la tâche et pensait qu’on apprenait toujours d’un métier.

« Ah oui, la lune rouge. Moi non plus je n’en avais jamais vu jusqu’à présent. Des jaunes oui, enfin, une jaune oui. Mais pas de rouge. Seul le soleil l’est dans mon monde, quand il frôle l’horizon. Alors tout s’enflamme et c’est sublime. Enfin, ça ne brûle pas vraiment hein. » Il s’interrompit, conscient qu’il pouvait avoir parfois de vraies diarrhées verbales à propos de tout et de rien. Il faisait souvent de drôle de tête à ce moment là. Comme en cet instant, les doigts posés sur les lèvres arrondies en un o généreux. Il sourit quand l’homme déclara être un elfe avec des cheveux blancs et des oreilles pointues. Il ne put s’empêcher de pencher la tête pour vérifier. « Oh euh, je crois pas que mon anatomie a changé… mais en fait, je pensais pas que les changements pouvaient nous concerné directement donc… j’ai pas vérifié ! » Il se demanda s’il le devait. Mais il allait pas se dénuder devant un parfait inconnu ! Dans son monde c’était très mal vu de faire cela. Et Willy n’aimait pas choquer ou déranger les gens, il voulait juste les émerveiller. « Vous croyez que je devrais ? » Demanda-t-il tout de même.

L’homme finit par lui accorder sa confiance. Willy n’avait encore jamais rencontré quelqu’un d’aussi méfiant. Il supposa que c’était une qualité qui devait éviter bien des inconvénients dans la vie. S’il l’était plus, il ne se serait pas retrouvé enfermé dans une cave, obligé de blanchir les vêtements d’autres personnes pour rien du tout. Il le suivit donc d’un pas tranquille, sans manifester la moindre méfiance, et parvint jusqu’à un joli ranch qui donnait envie de sauter dans la paille en chantant et de gargouiller les mentons des vaches et des chevaux. « J’adore les animaux ! J’ai toujours un bon feeling avec eux. Vous saviez par exemple que les girafes adorent qu’on leur gargouille le menton ? Bon je connais personne qui n’aime pas ça ! » Willy n’osa tout de même pas le vérifier avec l’homme qui l’impressionnait un peu. Néanmoins il observa avec une grande curiosité les animaux. Des oiseaux et poules s’approchèrent, un cochon renifla avec entrain sa poche. « Non non, le chocolat c’est pas bon pour toi mon beau ! » Déclama le jeune homme au cochon comme s’il le connaissait bien, il lui tapota le dos sans se soucier de la poussière et de la terre qui s’envolait et se déposait sur sa veste.

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@Willy Wonka

Pas... con ? J'ai un sourire en coin. Tiens, ce jeune homme serait-il plus familier que je ne l'aurais soupçonné de prime abord ? Cela ne me dérange pas le moins du monde, au contraire... Cela dénote une certaine franchise que j'apprécie. Par contre, sa question, j'admets qu'elle me perd un peu, non pas que je ne sache pas ce qu'une promesse de dette vaut, mais parce que je n'ai pas la réponse.

"Les billets ont de la valeur en eux-même... je crois ? Le montant est déjà inscrit dessus."

Nous entamons le "lourd" sujet de la lune rouge, celle qui semble avoir téléporté plein de monde ici. Je pense qu'il y aura pas mal de gens qui vont se demander ce qui se passe pendant les prochains jours. Moi, ça va, j'ai tout de suite vu que le monde était différent, que JE suis différent (en espérant retrouver mes cheveux, mes oreilles pointues et mon charme naturel assez rapidement), mais si j'ai bien compris, ce n'est pas le cas de tout le monde qui viennent de plans assez similaires. Pour ma part, personne n'a porté atteinte à mon intégrité physique pour le moment, donc ça me va.

Le soleil est un astre qui n'est pas mon ami, habituellement. Ce cher Willy semble apprécier le feu... Me voilà assez surpris, à nouveau. Mais soit. Je connais donc un pyromane... Ah non. J'ai un éclat de rire.

"Oui, vous pourriez vérifier, je pourrais vous y aider."

Est-ce que ma voix est plus grave ? Non, juste mon sourire qui est plus prononcé. Cela ne peut pas être aussi facile, n'est-ce pas ? Tout le monde ne peut pas être aussi naïf !

Nous voilà partis pour rejoindre le ranch. Je sais que Malon ne va pas mal prendre que j'invite quelqu'un d'autre... Lui aussi est en demande de protection, après tout. Il aime les animaux... lui aussi... Je retiens de lever les yeux au ciel.

"Qu'est-ce qu'un girafe ?" Si on en trouve ici, autant que je sois paré à leur... grattouiller le menton ! "Comment vous savez que le chocolat n'est pas bon pour les animaux ?" Une bribe d'inquiétude passe dans ma voix. Quelque chose ne peut pas être à la fois mauvais pour les bêtes et bon pour les humains... si ? "La propriétaire des lieux sera enchantée de voir que vous respectez ses amis les animaux." J'essaie d'éviter d'avoir l'air trop sarcastique. "Venez, entrez là. Je vais vous la présenter."

Nous allons dans la grande salle d'accueil et je me rends compte seulement maintenant que je ne suis pas habillé de la même manière qu'à mon départ. Cela ne fait rien.

"Mademoiselle Malon, êtes-vous là ? Je vais avoir besoin de vous présenter quelqu'un."

@Malon Lonlon

Nouvelle existence
@Astarion Ancunín

« D’accord ! C’est comme les promesses de dette mais sans la dette en somme ! » s’exclama-t-il avec un sourire ravi. Parce que les dettes, il a connu ça et c’était pas ouf du tout. Il n’avait même pas réalisé qu’il avait usé d’un vocabulaire plus familier, il avait connu surtout les cales des navires et les iles peuplées d’étranges petites personnes, alors le langage soutenu de la haute, c’était vraiment pas trop son truc. Mais Willy était capable de s’adapter, à des personnes différentes et des milieux différents, comme il l’avait fait durant ses voyages.

L’inconnu lui conseilla de vérifier si rien n’avait changé en lui. Willy n’était pas méfiant pour un sou ne se fit pas la réflexion que sa proposition d’aide était pour le moins étrange, il se dit juste qu’en pleine rue, se déshabiller, en ville, lui semblait une mauvaise idée. « Hum, il faudrait sans doute que je trouve un endroit plus propice à cet examen… et si possible avec un miroir. » Parce que c’était gentil sa proposition mais ce gentil étranger ne savait pas à quoi il ressemblait avant ce soir ! Willy esquissa un sourire, puisque l’homme venait de lui proposer de loger là où il se trouvait, bien sûr il avait posé des conditions mais aucune n’étant pécuniaire pour le moment et n’impliquant d’immenses dettes, Willy accepta.

« UnE girafe c’est un animal au cou très long qui vit en Afrique, mais on en trouvait dans les zoo dans mon monde. Les gens qui vivent dans les villes de mon monde aiment voir des animaux derrière des cages, c’est quelque chose que je n’ai jamais compris… » Les animaux aimaient la liberté, tout comme les humains. Il avait toujours eu des facilités pour communiquer avec eux et obtenir quelque chose en échange de gratouilles, caresses ou de remise en liberté. « Je sais, comme la caféine et la théine, c’est quelque chose dans leur système digestif qui ne le supporte pas. Enfin je crois, je suis pas médecin, juste chocolatier ! » Noodle lui avait reproché de ne jamais s’être renseigné sur quoi que ce soit d’autre que le chocolat et sa fabrication. Grâce à elle, il savait désormais lire même si c’était encore un peu compliqué pour lui.

« Mais je suis très respectueux des animaux ! J’ai déjà montré à des flamants roses comment voler. Figurez-vous qu’ils étaient coincé dans un zoo et qu’ils n’avaient jamais essayé tout simplement de s’envoler ! Ils étaient très contents d’ailleurs, si content qu’ils m’ont laissé quelques plumes. Je sais pas trop ce que j’en ferais d’ailleurs… » Il les avait sorti de son chapeau en haut de forme et se chatouillait le nez avec, l’air pensif. « Vous en voulez une ? » Proposa-t-il, en se disant que cela pouvait être une forme de remerciement pour ses informations et le logis de ce soir.

Il suivit ensuite son guide dans le ranch pour être présenté à la propriétaire des lieux.