I feel like sarcasm is important in a relationship. (ft. Katherine Pierce)

La deuxième semaine de janvier débutée et ce début d'année avait été intense. Après avoir perdu un emploi et le sommeil, je retrouvais peu à peu la tête hors de l'eau, pour mieux y plonger mes mains. En effet, même si vivre d'amour et d'eau fraîche était une expérience relativement passionnante, cette époque, où les idées permettaient de vivre, était révolue. Depuis la crèche environ... Et encore, je n'y étais jamais allé. Tante May avait tenu à s'occuper de moi sans déléguer à un organisme qui retirait la moitié de son revenu à un foyer américain moyen. D'accord, j'exagérai un peu la somme, mais l'idée été là. Bref. J'avais remplacé la livraison de pizza par la plonge dans un restaurant étoilé. Cela payait assez bien pour ce que c'était. Bien sûr, les produits corrosifs abîmaient la peau, le travail était assez intensif, mais le principal avantage était la stabilité de l'emploi et surtout des horaires. Cela me laissait du temps pour les associations et dormir. Bon, il fallait aimer être un oiseau de nuit et les siestes, mais ce n'était pas dépaysant. Sérieusement, jamais je n'avais eu une fiche de salaire aussi grosse. Cela restait pauvre, mais moins que les petits boulots d'avant. Maintenant, les paris étaient ouverts, combien de temps avant de me faire renvoyer ? Je ne comptais plus les changements que j'avais dû avoir en cinq ans. Des dizaines sans doute ? Un par mois ? Un tous les deux mois ? Ouais, quelque chose comme ça. Bon au moins j'avais vu du monde et je m'étais fait des relations. Les employeurs s'excusaient toujours quand ils me renvoyaient. C'était toujours presque triste pour eux que je ne convienne pas à leur exigence. Au fond, je les comprenais. Juste... Je me sentais un peu comme se type qui se faisait larguer à coup de "Ce n'est pas toi, c'est moi". Bizarrement, je me servirai encore moins de cette excuse. 

On était désormais le soir et je commençais le service. Les cuisiniers avaient déjà commencé le travail et nous étions une petite équipe à nettoyer les premières assiettes revenues bien promptement. C'était un vrai flux tendu éreintant. Un marathon à l'allure d'un sprint. Le timing était serré rendant chaque seconde cruciale alors que l'odeur parfumée des mets raffinés venait à s'opposer aux odeurs chimiques des produits pour la vaisselle, le tout dans une eau chaude qui, de par sa vapeur, collait chacun de nos vêtements à notre peau. D'une certaine façon, je trouvais ça amusant. Au moins, je n'avais pas le temps de m'ennuyer ou réfléchir comme lors de la livraison de pizza. En revanche, ce qui m'embêtait, c'était que je ne voyais toujours pas la charmante peste qui devait compléter notre équipe. En général, j'avais très rarement les mêmes collègues en raison de ma vie professionnelle qui ressemblait à un jeu des chaises musicale n'ayant pour seule fin que moi ayant l'arrière-train dans les orties. Cependant, il y avait une exception... Katherine Pierce. On n'avait pas eu exactement les mêmes boulots, mais vu le nombre que j'avais eu, il était clair que l'univers voulait nous faire nous croiser encore et encore. Soit c'était le hasard, soit elle était fan de moi au point d'être extrêmement collante. Et oui, je gardais cette idée bien dans ma tête, car si j'avais le malheur de faire cette blague à voix haute... Disons que je priais pour que dans son monde ses yeux ne puissent pas lancer des éclairs, sans quoi j'aurai été enfin su ce que ça faisait d'être dans l’œil d'un cyclone. Katherine était presque mon inverse. Tout se passait bien au départ, mais elle finissait assez rapidement remerciée. Quand on travaillait ensemble, je faisais un pari mental pour voir lequel de nous deux perdrait le plus rapidement son emploi. 

Je ne savais pas vraiment ce qui clochait chez elle. Au départ, elle avait été assez charmante même avec moi, mais rapidement, son attitude se dégrada. Disons que ses grands sourires disparurent peu à peu pour laisser place à de l'agacement et de la consternation. Je n'avais sans doute rien à lui apporter. Néanmoins, j'aimais croire qu'elle n'était pas qu'une peste superficielle comme certains la décrivaient. Oh, elle savait bien s'entourer et beaucoup restaient sous son charme même après son renvoi. Juste, les patrons étant des patrons, il arrivait un moment où les chiffres l'emportaient sur les battements de cœur. Bref, tout ça pour dire que même si avec moi, elle ne montrait pas sa plus belle facette... Disons juste qu'elle ne semblait pas être détestable. Juste... Elle devait avoir ses raisons. Et puis ma tendance à trop parler devait lui taper sur les airs. Alors que mon nez était encore pris par la douce saveur citronnée du liquide vaisselle, un autre parfum se mélangea. Ah, elle était enfin arrivée. Sans me retourner, pris par la spirale infernale des va-et-vient spongieux, je finis par dire d'un air enjoué « Ah enfin là. J'espère que tu es prête à me remplacer. J'ai dû me dépasser pour que ton retard ne se remarque pas ! » Bien sûr qu'elle ne serait pas reconnaissante, je ne l'attendais pas, je voulais juste la taquiner. Ma plus grande victoire, serait un jour de la faire sourire. Pas le sourire de façade qu'elle pouvait sortir, mais un vrai sourire. Après, j'étais idiot. Je savais que même si elle me sortait un faux sourire, pour peu qu'elle fasse un petit effort, je n'y verrai que du feu. Je me tournai vers elle avec un petit sourire provocateur à l'image d'un gamin de cinq ans. « Voyons Pierce... Ne souris pas trop. On pourrait tomber sous ton charme. Et puis ça risquerait de donner des rides à ton visage ! » Bien sûr, qu'elle ne souriait pas. Elle devait déjà être exaspérée à l'idée d'être en ma compagnie. Une petite aspirine lui ferait sans doute du bien. Alors qu'elle arrivait près du lieu de plonge, je lui tendis des gants. « Tiens... Quand j'ai vu que tu bossais avec nous, je me suis dit que les gants du boulot ne te suffiraient pas... Avec eux, tu devrais pouvoir protéger des mains avec ceux-là. » Je les avais pris de chez moi, très utiles quand je bossais sur de la mécanique ou des liquides qui avaient tendance à marquer même la peau de manière durable. Même si j'aimais la taquiner, j'espérais qu'un jour quelqu'un saurait l'aider. L'aider à quoi ? Je n'étais pas sûr. J'étais juste persuadé qu'elle en avait besoin. Était-ce en raison des retours progressifs de mes pouvoirs ? Non... Même si... Je ne pouvais pas nier que les changements au niveau de mon corps commençaient à se faire voir... Ma musculature était plus prononcée, notamment au niveau du dos et du cou... Mon intuition revenait. Combien de temps avant que ma force et mon adhérence aux surfaces reviennent ? Cette question me terrifiait... Aider les autres et embêter Katherine me permettaient d'éluder cette métamorphose. Et dire que quand on s'était rencontré elle et moi, j'avais dû remettre mes lunettes en raisons du retour des problèmes de vue. Aujourd'hui, je ne prenais même plus la peine de mettre des lunettes de décoration.

Pourquoi fallait-il travailler pour subvenir à ses besoins ? Pour se nourrir et se loger ? A défaut de pouvoir hypnotiser les gens grâce à des pouvoirs, pourquoi ne suffisait-il pas de faire les yeux doux à un gars suffisamment stupide pour vous offrir absolument tout ce que vous désiriez ? Non, il fallait travailler. Et s'il y avait bien une chose que Katherine détestait par-dessus tout, c'était justement devoir travailler. Faire travailler les autres pour elle était toujours un plaisir, mais s'acquitter de ces tâches elle-même comme si elle était n'importe qui... Non. Katherine n'était pas n'importe qui et sa haute estime d'elle-même la poussait à rechigner pour chaque effort que lui demandait ce nouveau monde. Elle n'était pas comme tout le monde et elle refusait de se plier aux mêmes règles.

Cependant, même si elle prenait toujours un certain plaisir à pester, à se plaindre ou à se venger de ce qu'elle était obligée de faire, comme n'importe quel humain vivant dans ce monde stupide, elle n'avait pas d'autres choix que de subvenir à ses besoins. Elle attendait avec une impatience non dissimulée le jour où elle retrouverait ses pouvoirs. Manipuler, se venger, hypnotiser, se servir sans rien demander... Cette vie lui manquait. Elle détestait n'être qu'une stupide et faible humaine - ça la rapprochait un peu trop de son stupide sosie, ce qui n'arrangeait pas les choses, évidemment.

Puisque Katherine s'était découvert une nouvelle capacité depuis son arrivée dans ce monde - à savoir se faire renvoyer régulièrement parce qu'elle finissait par ne plus venir, par se montrer particulièrement désagréable ou parce qu'elle était incroyablement inefficace - elle devait enchaîner les petits boulots - et comme elle détestait ces moments où elle devait vendre son profil pour être acceptée alors que sa seule envie, face à son recruteur, était de lui arracher la tête, de récupérer l'argent et de partir se dorer la pilule au soleil. Alors, c'était parti pour un nouveau travail. Encore. Elle allait finir par réussir l'exploit de faire le tour de cet endroit.

Son nouveau boulot faisait certainement partie des pires qu'elle avait eus jusqu'à présent - et elle jugeait déjà les autres comme particulièrement terribles. Cependant, elle n'avait pas eu d'autres choix - au bout d'un certain temps, les sourires ravageurs et les yeux doux ne suffisaient plus à se faire embaucher, la réputation précédait tout le reste. C'était donc avec toute la tranquillité du monde que Katherine arrivait au restaurant ce soir, malgré son retard... de quoi ? Dix minutes ? Vingt minutes ? Trente ? Quelque chose comme ça ! Pouvait-on vraiment appeler ça du retard ? Personne n'allait en mourir - malheureusement. Et il lui fallait au moins ça pour se préparer psychologiquement à l'épreuve qui l'attendait.

Tranquillement, elle entrait donc dans les cuisines. Elle donnerait presque l'impression d'être en avance, enfin elle aurait pu donner cette impression si ce Peter - un type aussi paumé qu'elle au niveau job, semblait-il puisqu'elle avait la désagréable habitude de se retrouver au même endroit que lui - ne s'était pas senti l'obligation de faire une réflexion. « Super ! T'es mon nouveau héros maintenant, t'es content ? » Soupira-t-elle déjà fatiguée de devoir se le coltiner pour la soirée. S'il avait vraiment voulu lui rendre service, il aurait fait tout le travail pour elle, mais... enfin, ce n'était pas comme ça que les choses fonctionnaient dans ce monde - elle avait déjà dit à quel point ça l'ennuyait d'ailleurs ?

A la réflexion suivante, elle avait hésité : lui enfoncer les doigts dans les yeux pour être certaine que jamais il ne puisse voir le moindre sourire sur son visage ou le vider de son sang à l'instant où elle retrouverait ses pouvoirs pour que son énergie inépuisable - ce qu'il pouvait parler - lui serve enfin à autre chose qu'à l'épuiser ? Le choix était particulièrement difficile, il lui fallait un temps de réflexion. « T'es déjà sous mon charme, Parker. Tu fais le travail à ma place pour être sûr que je ne me fasse pas renvoyer... Tu ne voudrais pas louper une occasion de pouvoir profiter de ma présence. » Quant à sourire... Sourire. C'était un concept presqu'inconnu pour Katherine - plus encore lorsqu'elle était obligée de faire la vaisselle pour un tas d'abrutis fortunés. Quant aux rides... Elle ne préférait pas penser à ce que le temps ferait à son visage dans un monde où elle n'était plus immortelle. Elle avait déjà goûté une fois aux effets de la vieillesse et... non merci, elle ne préférait pas retenter l'expérience. Ne serait-il pas dommage pour la ville de perdre un aussi beau visage que le sien, après tout ? Il fallait penser aux autres et à l'effet qu'elle pouvait avoir sur eux - question de générosité.

Parce qu'elle n'avait pas le choix - elle avait grand besoin d'argent - elle s'était approchée pour se mettre à ce qu'elle considérait comme la pire des corvées. Elle s’apprêtait déjà à abîmer ses pauvres mains qui ne méritaient pas de subir un tel sort, quand son collègue lui tendit une paire de gants. « Tu vois, j't'avais dit que tu étais déjà sous mon charme. » Souffla-t-elle, volontairement aguicheuse, en attrapant ce qu'il lui tendait pour les enfiler et se mettre, enfin, au travail dans un soupir d'agacement. « Tu n'espères pas que je te remercie ? » Non parce que si c'était ce qu'il espérait, il allait pouvoir attendre longtemps. Très longtemps, même.

D'une certaine façon, j'appréciais Katherine. Que l'on soit clair, elle ne pouvait pas me supporter et je ne savais pas si elle pouvait être classée parmi les bonnes personnes. J'avais un sacré doute. Cependant, au-delà, du fait que j'aimais bien les gens exaspérés par moi, comme la capitaine Yuri, il y avait une forme de sincérité dans sa frustration. Et elle était touchante. Sa volonté d'utiliser ses collègues pour les tâches ingrates l'était moins... Clairement moins. Non, d'accord, je n'avais aucune raison valable de l'apprécier, c'était juste... Comme ça. C'était amusant de l'avoir en tant que collègue. Et puis elle n'était pas méchante. C'était une humaine, relativement fragile, pas un monstre comme Venom qui allait me causer des problèmes même avec mes pouvoirs. Alors la juger directement alors que je prônais une main tendue même vers les super-vilains... Cela aurait été un peu hypocrite. Ceci étant dit, même moi ça m'arrivait d'être exaspéré. Comme quand elle arrivait trente minutes en retard au beau milieu de l'heure de pointe. Et encore... Trente minutes après le début officiel. En général, on arrivait quand même cinq minutes en avances. J'avais fait ce que j'avais pu pour éviter que cela se voit et qu'elle ait des ennuis, mais si les collègues commençaient à parler, cela allait être difficile de limiter la casse. Alors, oui, quand elle avait son petit sarcasme sur le fait que j'étais son héros une partie de moi n'avait qu'une envie... Prendre le robinet et l'arroser. Sauf que si je faisais ça... Même en supposant que le patron ne me tue pas, Katherine m'aurait tué. Dommage, j'aurai adoré voir sa réaction autre que mon meurtre. La petite réaction de surprise et d’indignation. Ça lui allait bien. Quoi ? Oui, j'adorais faire du sarcasme. Ce n'était pas pour autant que j'appréciais toutes les formes de sarcasme ! D'accord, il s'avérait que Mademoiselle Pierce était quand même une pointure en sarcasme, juste... Elle, c'était du sarcasme méchant ! Moi... Ça l'était moins. Non ? 

Alors qu'elle commençait à travailler avec les gants que je lui avais donnés, elle me demanda si j'attendais des remerciements. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire pendant que je prenais une pile de vaisselle lavée. Elle en avait des bonnes. D'abord, j'étais sous charme et maintenant, je voulais des remerciements... Elle n'allait jamais changer. Cela avait du bon, si elle était heureuse comme ça. « Des remerciements ? Non, bien sûr que non. Je m'attendais à tendre baiser qui précéderait une demande en mariage. Je suis tellement sous le charme. J'ai déjà le prénom des futurs enfants. » Je gloussais. Ce ne serait pas un échange très équitable. Des gants contre une bague... Eh, il y avait mieux quand même. Elle n'avait pas besoin de dire merci alors pourquoi avait-elle besoin de faire ce commentaire ? Avait-elle tant envie que ça de me remercier au fond d'elle pour qu'elle se sente obligée de dire que c'était débile ? Rien que la façon de faire était débile. Par contre, j'allais devoir dormir que d'un œil cette nuit, car pas sûr qu'elle apprécie la vanne. Je pouvais déjà imaginer le dégoût sur son visage. Ce n'était pas très gentil d'ailleurs. Alors que je passais derrière une, je me contentais d'ajouter « Parfois les gens n'ont pas besoin d'attendre quelque chose en retour pour aider les gens. » Je haussais les épaules et me mettais à côté d'elle pour sécher la vaisselle au fur et à mesure afin de faciliter le travail de tout le monde. J'aurai pu partir en pause après tout ce que j'avais fait, mais cela n'aurait pas été très cool pour elle ou pour mes autres collègues. D'ailleurs, je taquinais sur les retards, mais peut-être avait-elle une vraie raison. Un proche malade, une malédiction ou autre... J'y croyais assez moyennement, mais bon, tant qu'on n'était pas sûr, il ne fallait pas juger. 

La vaisselle s'empilait peu à peu et était récupérée par les autres services. Katherine allait lentement. Cela se sentait que c'était un job alimentaire. Je secouai la tête, levant les yeux au ciel. Bon, si elle avait du mal... Je n'avais rien de mieux à faire après tout. Je me replongeais dans la vaisselle afin d'aller plus vite. Ainsi, aucun de nous n'allait se faire taper sur les doigts. De toute façon, je ne me faisais pas vraiment taper sur les doigts pour les mêmes raisons qu'elle. Du moins pas selon ce qu'on m'avait raconté. Comme si de rien était, pour combler un silence qui devait lui convenir, brisant le doux bruit de l'eau à force pression sur des assiettes sales, je continuais « D'ailleurs, tu n'aurais rien à m'apporter. Même si j'avoue que le travail est souvent plus intéressant quand tu es là. Bon... Il y a souvent plus de travail quand tu es là. Comment tu fais pour être aussi lente ? Juste... Essaye de ne pas perdre ce job-ci. Tu as beau avoir plus d'épines qu'une rose, je suis sûr que tu es intéressante à connaître. Nan, mais là, tu as laissé une tache de graisse. Donne-moi ça ! Et range ce sourire intérieur qui te dit que je fais le boulot à ta place. Je n'ai juste pas envie de par en retard cette nuit, j'ai des projets ! » Rien de bien folichon, juste une nuit à Free. Ils avaient besoin de quelqu'un pour mettre à jour leur base de données. Je m'étais proposé et ils en avaient besoin assez vite. Le seul truc chiant était qu'avec tous les produits toxiques, j'avais les mains qui accrochaient un peu. Les assiettes, les serviettes... Et j'espérais sincèrement que c'étaient les produits toxiques et pas autres chose... La première fois que je souhaitais du mal à ma santé physique, pour le bien de ma santé mentale. Surtout que si Katherine se rendait compte que je pouvais coller les objets à ma main sans faire exprès, elle n'avait pas fini de le commenter devant tout le monde. Pourquoi je l'aidais déjà ? Ah oui, j'étais persuadé qu'elle avait bon fond... Il fallait juste creuser... Longtemps. 

A défaut d'être capable de bien faire les choses, Katherine était capable de le faire rire, n'était-ce pas déjà une bonne chose ? Ne pouvait-il pas la remercier de lui permettre de se détendre de la sorte ? Il ne fallait peut-être pas exagérer, mais Katherine étant Katherine, elle était capable d'attendre des remerciements pour tout et, surtout, pour n'importe quoi. En revanche, elle, elle n'était même pas capable de dire merci alors qu'il avait eu une gentille attention à son égard. Non, même le si simple merci lui était impossible à dire - pas lorsqu'elle n'y gagnait rien derrière, en tout cas. A sa réflexion, elle l'avait d'abord regardé avec agacement. Il se pensait drôle ? Elle le trouvait juste agaçant à toujours avoir réponse à tout, à toujours avoir une connerie à dire, à toujours être là, sourire aux lèvres, comme un idiot. Elle avait hésité un instant sur la réponse à lui donner, puis elle s'était décidée. Elle n'allait pas le tuer tout de suite - combien de fois avait-elle déjà eu envie de le tuer depuis son arrivée, il y a quelques minutes, déjà ? Trop, sans doute, pour son propre bien. « T'es pas si mal Parker... Enfin, t'es mieux que lors de notre première rencontre... » Souffla-t-elle en le dévisageant, avant de reposer son regard sur l'eau de la vaisselle qui était bien plus intéressante. « mais t'es qu'un gamin, alors faudra attendre un peu pour les tendres baisers et toutes ces conneries. » Un gamin plus vieux qu'elle - enfin techniquement, elle était beaucoup beaucoup plus vieille que lui, mais elle éviterait de lui donner son âge - mais un gamin qui pouvait lui rester utile un jour ou l'autre, donc autant se montrer un minimum correct - correct selon Katherine Pierce, donc incorrecte, en réalité selon beaucoup.

Parce qu'il ne savait jamais s'arrêter, il n'avait pas pu taire une petite réflexion en passant derrière elle. Oh, c'était si beau. Il devait encore croire au Père Noël et aux miracles, aussi ? Les gens attendaient toujours quelque chose en retour. Rien n'était jamais gratuit dans la vie. Simplement, les choses ne se payaient pas toujours dans l'immédiat. On accumulait des dettes invisibles et, tôt ou tard, elles nous rattrapaient. « Tu rêves... » Se contenta-t-elle de souffler, davantage pour elle-même que pour lui. Ils n'allaient pas débattre de ça éternellement - parce qu'il finirait la tête dans l'eau de la vaisselle puisqu'ils n'étaient pas d'accord - mais Katherine en était persuadée. Et elle était plutôt bien placée pour savoir que rien, jamais, n'était gratuit.

Peter avait fini par s'installer à ses côtés pour essuyer la vaisselle. Katherine, quant à elle, avançait à son rythme. Un rythme beaucoup trop lent, mais qui ne la dérangeait pas le moins du monde. Les gens étaient toujours si pressés - bon, il fallait bien faire tourner le restaurant, mais c'était le dernier de ses soucis, en réalité. Puis pourquoi se fatiguer davantage en se pressant alors qu'elle avait son chevalier servant pour venir à son secours et faire une partie de son travail à sa place ? Ce serait parfaitement ridicule de ne pas en profiter, alors elle en profitait - un peu trop, d'ailleurs. « Oh, notre grand Peter a des projets ? Vraiment ? » Elle en oubliait tout le reste, notamment ses conneries sur le fait qu'elle devait faire en sorte de ne pas se faire renvoyer, même si elle lui donnait davantage de travail ou qu'elle était intéressante à connaître... Soit il était le plus idiot de tous les optimistes dans ce foutu monde, soit il était juste complètement stupide... Elle hésitait encore. De toute façon, ce qui l'intéressait, c'était ses fameux projets. Juste par curiosité, pour s'occuper un peu pendant qu'elle travaillait - enfin, elle n'avait même plus les mains dans l'eau, elle ne faisait plus rien et se contentait de l'observer... Donc pouvait-on réellement parler de travail ? « Y a une fille qui t'attend ? Non, parce que fais attention, je suis du genre jalouse. » Demanda-t-elle, moqueuse. « Ou tu vas te faire gronder si tu rentres trop tard ? » C'était tout de même plus amusant de deviner les projets de ce gars inintéressant plutôt que de faire la vaisselle. « Venir en aide à d'autres demoiselles en détresse peut-être ? T'as l'air d'aimer jouer au chevalier, après tout. » Elle était détestable, insupportable et désagréable, mais il ne pouvait pas s'empêcher de lui rendre service.

« Qu'est-ce qui t'arrive ? » Demanda-t-elle, oubliant un instant toutes ces histoires de projets pour la soirée, en remarquant que ses mains accrochaient étrangement les objets - et loin de s'imaginer la véritable raison pour le moment, elle craignait surtout pour ses propres mains à l'idée que les produits puissent les abimer ainsi.