(Terminé) Fuck every man [Alucard x Pam]

Paméla se réveilla en début de soirée. Elle avait pris l’habitude de se lever tard pour assurer son boulot de serveuse, puis d’adjointe au Fangtasia avec Éric. Elle adorait être redevenue responsable du bar. Bien sûr, faire la comptabilité l’ennuyait toujours un peu, mais elle était tellement mieux traitée par Éric que son précédent patron. Elle devait aussi gérer l’ancien bar où elle travaillait dont elle était devenue la propriétaire grâce à Éric. L’affaire ne tournait pas trop mal dans l’ensemble parce qu’elle avait su y instaurer des règles bien plus strictes qu’auparavant. C’était d’ailleurs là-bas qu’elle se rendait ce soir-là.

Elle avait envoyé un texto à son créateur pour le prévenir qu’elle serait sur le deuxième établissement cette nuit-là. Cela lui prenait du temps et de l’énergie, surtout maintenant qu’elle était redevenue humaine, mais elle prenait la tâche à cœur. Déjà, parce que c’était Éric qui lui avait offert cette opportunité et parce qu’elle était fière de mener sa petite barque. Après s’être entretenue avec la responsable du bar, elle fit le tour des choses à faire avec elle. Kim s’était vraiment bien débrouillé pour prendre la direction. Elle n’était pas très maline, mais elle effectuait bien son travail et les rendez-vous réguliers qu’elles avaient toutes les deux aidaient à faire fonctionner le bar.

Elle passa le reste de la soirée dans le bureau à superviser le travail de Kim. Pam avait besoin que tout soit fait dans la légalité et en respectant ses règles. Elle se serait bien passée d’un peu plus de comptabilité, mais il fallait faire ce qu’il faut. Elle jeta quand même quelques coups d’œil dans la salle pour s’assurer que le service battait son plein. C’était une bonne soirée de travail et l’équipe y mettait vraiment du sien.

C’est donc assez satisfaite que Pam sortit de l’établissement vers 4h du matin, l’heure de la fermeture ce jour-là. Elle attrapa son téléphone pour demander à Éric s’il avait besoin d’elle jusqu’au lever du soleil. Elle savait qu’une fois le jour levé, son créateur irait se coucher dans son cercueil en laissant la course du soleil se poursuivre. Elle s’était calée sur ce rythme aussi même si elle pouvait marcher sous le soleil sans problème. C’était l’un des rares avantages à être redevenue humaine : pouvoir profiter du jour. Très sincèrement, c’était une bien maigre compensation quand elle réfléchissait à tout ce qu’elle avait perdue.

Elle laissa la nostalgie s’emparer d’elle momentanément tout en marchant vers son appartement au-dessus du Fangtasia. Elle regrettait tellement son existence de vampire. Voilà maintenant 4 ans qu’elle était une humaine de nouveau et comme ces dernières années avaient été dures. Retrouver Éric lui avait fait beaucoup de bien, mais elle avait souffert jusqu’à son retour dans sa vie. C’est parce qu’elle réfléchissait à tout ça qu’elle ne remarqua pas la présence de quelqu’un derrière elle. Ce n’est que lorsqu’elle tourna dans une petite rue qui rendait le trajet bien plus rapide qu’elle sentit la présence de quelqu’un dans son dos. Il était déjà trop tard, l’homme avait glissé un bras autour de son cou, la collant à son torse. Dans son autre main, il tenait un couteau qu’il approcha de la gorge de Pam.

C’était quoi les problèmes des gens dans cette ville ? Elle passait son temps à se faire agresser dernièrement. Bien décidée à ne pas se laisser faire, elle donna un coup de talon aiguille sur le pied de l’homme. Elle y mit tellement de force qu’elle explosa son talon dans le pied de l’homme. Surpris, il la lâcha et elle en profita pour mettre de la distance entre eux et se retourner face à lui. Si elle avait été un vampire, il serait déjà mort. Là, elle se retrouvait en face d’un homme très en colère, en talon et robe moulante avec l’un des escarpins cassés. Elle ne savait pas ce qu’elle allait pouvoir faire, mais elle ne partirait pas sans se battre…

- Je ne suis vraiment pas d'humeur pour jouer. Casse-toi avant que mon deuxième talon ne reste dans tes bijoux de famille.

Pamela fut choquée en entendant les applaudissements lents de l’homme qui venait de faire son apparition. Elle ne s’était pas attendue à ce que quelqu’un assiste à la scène, encore moins qu’il le prenne pour un spectacle. Elle resta un moment surprise, mais heureusement son agresseur aussi. Il ne savait plus s’il devait pointer son arme vers elle ou vers le nouveau venu. Elle resta concentrée sur lui, ne se laissant pas distraire plus par le deuxième homme. Elle eut juste le temps de voir ses yeux rouges et sa canine quand il se mit à parler. Pas un humain. Tant mieux. Elle ne savait pas ce qu’il était, mais il n’avait visiblement pas l’intention de l’attaquer. Elle apprit même qu’il pouvait l’aider si elle en faisait la demande. Cela l’a surpris de nouveau.

Elle éprouva un mélange très étrange de beaucoup de sensations. La fierté de se dire que quelqu’un la trouvait suffisamment forte pour s’en sortir seule. L’agacement de voir qu’il pouvait lui prêter main forte mais qu’il ne faisait rien alors que visiblement, elle n’allait pas aller très loin avec un talon face à un couteau. Elle avait aussi un peu peur même si elle ravalait ce sentiment au plus profond qu’elle le pouvait. Elle craignait son agresseur évidemment, mais elle ne savait pas encore sur quel pied danser avec le nouveau venu. Elle osa un regard vers lui et remarqua qu’il lui montrait des armes à feu.

Elle profita de la confusion de son agresseur pour agir. De toutes ses faibles forces d’humaine, elle lui balança un uppercut. Elle se fit mal à la main dans le processus, mais ignora la douleur pour sauter hors de ses escarpins et courir vers l’étranger. L’homme derrière elle se remettait du choc du coup et s’avançait déjà derrière elle. Elle saisit l’un des pistolets qui lui étaient présentés. L’arme devait peser 20 kilos tant elle lui semblait lourde pour ses petits bras. Elle essaya de la soulever pour la pointer vers l’homme qui arrivait sur elle, mais ce pistolet n’avait rien de commun. Elle n’arrivait pas à viser avec un canon aussi long et aussi lourd.

- Un petit coup de main ne serait pas de refus là…

Elle détestait demander de l’aide, mais clairement, elle n’arriverait pas à tuer son agresseur sans un peu de soutien. Celui-ci avait ralenti l’allure en la voyant prendre l’arme, mais maintenant qu’il se rendait compte qu’elle n’arrivait pas à s’en servir, il avait repris son avancée vers elle, le couteau levé. Dans quelques secondes, il lui porterait un coup et elle ne savait pas comment éviter ça. Dans la panique, elle tira un premier coup de feu, mais qui ne toucha pas l’homme puisqu’elle n’arrivait pas à le viser. Elle donnait tout ce qu’elle avait pour s’en sortir, mais l’arme était vraiment surdimensionnée pour sa faiblesse d’humaine…

La situation devenait critique. Elle allait se faire tuer pour une histoire ridicule et cela l’a mettait en rogne. Déjà, parce que mourir n’était pas dans ses plans, ensuite parce que mourir à cause d’un idiot l’agaçait au plus haut point, enfin parce qu’elle n’avait pas été capable de se défendre malgré l’aide de l’étranger. Heureusement, il se plaça finalement derrière elle pour soutenir son bras. Pam n’hésita pas plus longtemps et pressa la détente. Le recul l’a surpris et elle s’enfonça un peu dans le torse de son sauveur. Elle regarda le trou qui avait été fait par la balle : elle avait littéralement explosé le torse de son agresseur. Waouh. Elle avait vu des trucs bien répugnants dans sa vie, mais elle ne s’était pas attendue à autant de puissance de la part d’une arme à feu.

L’homme resta dans son dos et elle ne bougea pas. La situation était assez étrange. Il lui avait proposé son aide, mais il l’avait laissé faire le plus gros du travail. Elle aurait pu en être indignée, mais c’était un tout autre sentiment qui naissait en elle. Elle se sentait respectée. Il lui avait fait confiance pour se défendre -presque- toute seule. C’était plutôt rare depuis son retour à la vie humaine. Elle n’était pas du genre à s’étendre dans des grands remerciements, mais elle ne pouvait pas ne rien lui dire non plus.

- Merci pour le coup de main.

Ce n’était pas grand-chose, mais ça venait du cœur quand même. Et ce n’était pas rien quand on connaissait le caractère de Pam. Elle resta encore un moment dos à lui, parce que cette proximité avait quelque chose de… de rassurant ? De sécurisant ? Elle ne savait pas trop, mais peut-être, était-elle trop sensible aux émotions humaines pour réagir parfaitement rationnellement quand elle avait esquivé d’assez peu la mort.
Elle eut un petit rire un peu nerveux quand il évoqua la possibilité qu’elle possède une arme.

- Il me semble que ça soit une nécessité dans cette ville. Mais pas cette arme-là. Ce pistolet est bien trop lourd pour moi. Et puis, il ne rentrerait pas dans mon sac de créateur…

L’esprit pragmatique en matière de style, toujours. Pam finit par s’éloigner de l’homme avec une pointe de regret et se retourna pour être face à lui quand il lui dit son nom. Elle remarqua alors ses vêtements tachés de sang, auxquels elle n’avait pas fait particulièrement attention jusqu’alors. Il fallait dire qu’elle avait été bien occupée à ne pas mourir… L’explosion de son agresseur l’avait complétement tachée. Une robe Chanel… Quel gâchis. Elle n’arriverait jamais à faire partir autant de sang. Elle grimaça en se regardant, blasée pour sa tenue. Elle retira même un petit morceau d’intestin sur son épaule.

- Paméla. Ce n’est pas coutume, mais je suis enchantée de faire ta connaissance.

« Parce que sans ton intervention et ton arme je serais probablement morte » aurait-elle pu ajouter, mais cela aurait été trop de compliments d’un coup pour elle. Elle était sous le choc, mais quand même pas au point d’être trop aimable…

- Comment on se procure une arme ici ? Et comment on vise ? Parce que sans toi et s’il n’avait pas été aussi proche, j’aurais aussi bien pu viser le mur 4 fois avant de le toucher à un endroit non-létal.

Il était hors de question qu’elle soit une demoiselle en détresse une autre fois. Elle allait prendre les devants à partir de maintenant.

Une jarretière pour supporter une arme ? C’était une très bonne idée. Il était loin le temps où Pamela portait ce genre d’accessoires même si elle avait toujours trouvé cela joli et sexy. A l’époque où elle était tenancière d’un bordel, elle en portait pourtant quotidiennement. C’était l’époque et puis un accessoire indissociable de son métier même si elle avait réussi à seulement s’occuper de ses filles et non plus des clients. L’arme qu’elle avait eu entre les mains était bien trop lourde pour qu’elle envisage de la glisser dans une jarretière cependant. Il lui faudrait un plus petit modèle.  

- Une idée charmante en effet. Une touche de sexy et de mystère est toujours appréciable pour une femme comme moi.

Elle lui lança un sourire tout à fait charmeur. Elle aurait pu être impressionnée par cet homme. Il était terriblement grand et avait une aura assez impressionnante. Pourtant, il l’avait aidé et il lui avait même montré du respect en la laissant se débrouiller par elle-même. Elle ne savait pas qui il était, ou ce qu’il était mais cela ne changeait rien à l’impression qu’il lui faisait. Et puis, Pamela était une séductrice dans l’âme même si ce n’était que très rarement sérieux.

Elle écouta avec attention quand il lui expliqua comment se procurer une arme et apprendre à s’en servir, pas du tout perturbée par le fait qu’il se lèche les doigts plein de sang. Intriguée seulement de comprendre sa nature. Était-il un vampire d’un autre univers que le sien ? Elle était, en tout cas, moyennement emballée par l’idée d’être pistée par la police quant à la possession et à l’utilisation d’une arme. Elle n’aimait pas qu’on mette le nez dans ses affaires. Encore moins quand c’était pour sa protection. Ça ne la regardait qu’elle et Éric à la limite.

- Tu serais partant pour devenir mon professeur ? Je pense que j’aurais bien besoin de tes conseils et visiblement tu sais très bien te servir de ses Bad Boys.

Il lui rappela que la police risquait de débarquer à la suite du coup de feu. Il n’avait pas tort. Elle avait pris l’habitude d’avoir sa vitesse de vampire pour se sauver d’une scène qu’elle aurait voulu éviter mais ce n’était pas si simple maintenant qu’elle était humaine. Avant de se sauver, elle se pencha vers le cadavre et le dépouilla de son portefeuille. Au moins ça ressemblerait à un vol pour ceux qui viendrait enquêter là.

- Je rentrais chez moi. Tu m’accompagnes ? Je te dois bien un verre pour te remercier de ton aide. Je maîtrisais la situation. Presque.

Ajouta-t-elle en riant. Evidemment qu’elle n’avait pas la maîtrise de grand-chose ce soir là mais elle se permettait de le taquiner. Ils quittèrent donc les lieux pour revenir vers des rues plus passantes. Les gens fixaient son nouveau compagnon. Était-ce à cause de sa taille ? De ses yeux rouges ? Peut-être un peu tout ça. Les humains étaient si bêtes parfois… Enfin « parfois » elle devait même dire « toujours ».

- Tu fais toujours cette impression quand tu te balades ? J’ai toujours aimé qu’on se retourne sur mon passage mais cette fois, je crois que c’est uniquement à cause de toi…  

Alucard accepta de l’aider à apprendre à tirer. Elle ne connaissait pas vraiment ses motivations à l’aider, mais elle appréciait le geste. Elle ne voulait plus être une victime. Elle détestait être humaine à cause de ça, mais il lui avait trouvé une alternative. Grâce à lui, elle saurait remettre les goujats à leur place soit par intimidation, soit par une balle dans la tête. Elle était impatiente de commencer.

Il accepta de la suivre chez elle, mais refusa le verre à moins qu’il ne s’agisse de son sang. Ce qu’elle avait pensé se révélait donc vrai ? Il était un vampire lui aussi ? En tout cas, il était prêt à boire son sang. Elle ne savait pas trop comment réagir à ça. Elle n’avait plus été dans cette situation depuis si longtemps… C’était un acte plutôt intime et cette perspective avec lui l’attirait, elle devait bien l’avouer. C’est donc avec un sourire aguicheur qu’elle lui répondit :

- Seulement si tu es sage…

Elle ne s’engageait pas à grand-chose, mais elle verrait bien comment la soirée se passait. Elle était curieuse de savoir ce qu’il lui réservait, elle ne pouvait nier son attrait pour lui. Pendant qu’ils marchaient, elle décida de lui poser plus concrètement des questions sur ce qu’il était.

- Tu es un vampire, c’est bien ça ? Dans mon monde, j’en étais un, mais je n’ai pas récupéré mes facultés ici. J’essaie d’apprendre à vivre en humaine, mais je n’ai qu’une envie : renouer avec ma vraie nature.

Elle était amère d’être encore humaine. Heureusement, le fait d’avoir retrouvé Eric et de savoir qu’un retour à la normale était possible la rassurait. Elle était intriguée de savoir comment tout ça s’était passé pour Alucard. Avait-il retrouvé son Créateur lui aussi ? Est-ce que les règles de son monde à elle étaient les mêmes que son monde à lui ?
Elle eut un sourire en coin en l’entendant lui dire que les humains avaient peur de lui. Il semblait assez satisfait de lire l’angoisse sur ceux qu’il croisait. Paméla aimait le sentiment de puissance qu’il se dégageait de lui. Il y avait aussi un côté sécurisant à se promener avec un homme comme lui qui lui rappelait sa rencontre avec Eric il y avait plus de 100 ans de cela.

- Et si je te touche toi, tu me mangera ?

Elle lui glissa un regard en coin avec un sourire, toujours dans la provocation comme à son habitude. Ils finirent par arriver chez elle. Elle lui ouvrit la porte de son appartement qui était au-dessus du Fangtasia. Elle remarqua qu’il n’avait pas eu besoin d’invitation pour rentrer chez elle. Intéressant. Très intéressant même. Elle pensait qu’elle était en sécurité avec lui, car s’il avait voulu lui faire du mal, il l’aurait déjà fait. Cela dit, savoir que son monde ne répondait pas aux mêmes règles que ce à quoi elle était habituée était troublant. Elle n’avait pas peur de lui, mais sa curiosité était piquée une fois de plus.

- Je suis co-gestionnaire du bar qui est en dessous. Mon Créateur en est le propriétaire et je l’aide à gérer l’établissement. Nous avions déjà le Fangtasia dans le passé, mais les choses étaient différentes. Ici, il y a beaucoup de concurrence et nos spécificités sont moins connues. Mon Créateur m’a aussi offert d’être propriétaire d’un bar où je travaillais comme barmaid. Je laisse la gestion à des humains, mais je dirige les grandes lignes régulièrement. Et toi, tu fais quoi à part sauver les demoiselles en détresse ?

Pamela vit naître un sourire vraiment amusé sur ses lèvres quand Alucard avoua ne jamais être sage. Elle devait bien l’admettre, il lui plaisait bien. Il avait une attitude vraiment intéressante qui n’était pas sans rappeler l’assurance que Pam avait elle aussi lorsqu’elle était vampire. Cette façon de rire à gorge déployée en se moquant éperdument des autres, au point même de les faire changer de trottoir… C’est assez irrésistible pour Pam d’être en présence de quelqu’un d’aussi lui-même et puissant. Elle regrette une fois de plus de n’être qu’humaine. Elle se moque de l’opinion des autres humains, mais elle ne peut pas se vanter d’être plus forte qu’eux sur tous les points comme c’était le cas avant. Pourtant, ce soir, elle n’a pas envie de se morfondre. Elle a évité qu’une rencontre désagréable devienne pire encore et elle est en bonne compagnie. Elle écouta donc avec attention quand il lui parla de ses propres pouvoirs.

- Quelles facultés possèdes-tu ? J’ai rencontré des personnes d’autres « passés » et chacun n’avait pas les mêmes « règles ». C’est un peu bizarre a expliquer, mais je pense que tu me comprends.

Elle resta pensive quand il évoqua qu’il était un monstre. Ce n’était, bien sûr, pas la première fois que son statut de vampire était considéré comme tel. Elle survivait en buvant le sang des humains et sans jamais vieillir. Évidemment qu’il y avait un petit côté monstrueux. Pourtant, elle ne se considérait pas comme tel du tout. Elle avait toujours eu une certaine fascination dès qu’elle avait rencontré Éric et elle n’avait jamais éprouvé de dégoût pour lui. C’était étrange d’entendre cela de la part d’Alucard, il semblait si confiant.

- Je ne sais pas si on est des monstres, je sais juste qu’on est quelque chose de différent d’eux. Et franchement, ça me plaît comme ça.

Lorsqu’Alucard s’approche de l’oreille de Pam pour lui chuchoter que ça pourrait être agréable, Pam sourit franchement. Il lui plaît bien, ce vampire. Mais elle ne s’arrête pas là. Pour le provoquer, elle pose sa main sur son avant-bras, un sourire espiègle aux lèvres.

- Touché.

Elle ne connaît pas Alucard depuis longtemps, mais elle comprend très bien que ce qu’il dit, il le fera. Il s’assume suffisamment pour ne pas avoir peur de ce genre de choses. Mais elle est plutôt culotée elle-même et elle n’a pas froid aux yeux. Alors pourquoi pas rester dans la provoque encore un peu plus ?

- Ho tu connais Éric ? J’aurais dû m’en douter, cet homme est connu comme le loup blanc.

Elle a un petit sourire en se disant que même ici, Éric a su se créer tout un réseau de personnes. Il a toujours eu un certain talent pour connaître des personnes utiles pour toute sorte de situation.

- Je suis désolée pour ton infante. Je pense comprendre le manque que tu peux ressentir par rapport à elle. Avoir un Créateur est un lien indescriptible. Je ne suis pas complète sans lui. C’est l’une des raisons qui fait que je veux absolument redevenir un vampire : ressentir cette connexion parfaite avec lui. C’est plus fort que de l’amour…

Pamela fut un peu nostalgique de la sensation qu’elle éprouvait lorsqu’elle avait pu ressentir ce lien avec Éric. Cela ne faisait pas si longtemps qu’elle l’avait retrouvé lui, mais elle était plus qu’impatiente de redevenir vampire pour être en harmonie complète avec lui.

- Je ne te pensais pas aussi vieux, mais tu dois avoir un sacré nombre d’années au compteur… Tu veux goûter du Tru Blood ? C’est du sang synthétique. Pas aussi bon que du vrai…

Pamela écouta avec attention son métier. Ça expliquait pas mal de choses en effet. Son arme, son manque de remords quand elle a tué ce type. Ce n’était clairement pas un métier pour tout le monde, mais il semblait assez satisfait de ce qu’il faisait.

- Tu faisais déjà ça dans ton ancien monde ? En-tout-cas, merci pour la proposition. J’aimerais prendre des cours de tir pour m’en charger moi-même, mais en attendant ça peut toujours servir.

Elle s’installa sur le canapé à côté de lui, semblant bien plus petite comparé à lui.

Pamela écouta avec attention les capacités dont bénéficiait Alucard. C’était très impressionnant. Jamais, dans sa vie d’avant, elle n’avait pas rencontré quelqu’un d’aussi puissant. Même Godric, qui était très vieux n’avait pas ses capacités. Du moins, autant qu’elle le sache, car Éric ne lui en avait jamais parlé. Aux dernières nouvelles, Godric était de nouveau humain, mais il n’avait pas évoqué ce genre de facultés non plus, même par le passé.

- Impressionnant. Je n’avais que les pouvoirs de base : force accrue, sens surdéveloppés, rapidité décuplée…

Elle se sentait en sécurité avec lui-même si elle avait conscience qu’il aurait pu la tuer très facilement quand bien même elle aurait été vampire. Pourtant, il lui avait prouvé ce soir qu’il ne lui voulait pas de mal. Cette proposition, de prendre des cours de tirs était aussi un gage de sécurité. Et puis, elle le sentait dans son attitude : il aurait pu lui faire du mal, mais il n’en avait pas envie.

Il le prouva en pressant ses lèvres contre son cou. Elle arrêta de respirer un instant, à la fois grisée par la sensation et prête à sentir la douleur de la morsure. Mais il ne fit que jouer avec ses crocs sans percer la chair. Il avait du répondant et il allait au bout des choses. Ça plaisait à Pam, mais elle savait qu’elle devrait la jouer moins téméraire, si elle en était capable, si elle ne voulait pas avoir des soucis.

- Il y a des vampires qui se détachent complétement de leur Créateur aussi. Mais c’est une étape qui n’est pas très agréable. Je sais que mon lien avec Éric s’est aussi renforcé pour être ce qu’il est maintenant, car nous nous aimons et nous nous respectons.

Elle sourit à sa remarque, sans en prendre ombrage, sur le choix des boissons.

- Je vis au-dessus d’un bar dont je suis la co-gérante : bien sûr que tous les choix de boissons sont possibles. Fais ton choix et si je ne l’ai pas à l’appartement, je peux descendre te le chercher.

Loin d’elle l’envie d’être une mauvaise hôtesse, bien au contraire. Elle était prête à lui proposer ce qu’il voudrait. Bien sûr, elle avait songé à lui donner son sang, mais c’était un acte assez intime et elle ne savait pas si elle était prête pour ça. Depuis qu’elle était redevenue humaine, elle n’y avait pas vraiment pensé. Tout à l’heure, quand il avait approché sa bouche de son cou, elle avait été assaillie par de multiples émotions, mais elle s’était surtout dit qu’elle le méritait vu la provoque qu’elle faisait. Maintenant, qu’ils étaient dans un contexte plus calme, c’était différent. Elle le regarda un instant avant de reprendre :

- Qu’est-ce qui t’a donné envie d’avoir une Progéniture ? Tu te sentais seul ?

Bien sûr, Pam savait ce qu’Alucard voulait. Du moins, si elle n’avait pas été certaine à 100 % jusqu’alors, il venait de le confirmer. Elle n’avait connu qu’Éric comme vampire en étant humaine. Il n’y avait que lui qui avait bu son sang de cette façon-là. Elle l’avait désiré très fort. Elle voyait des ressemblances entre les deux hommes. Elle sentait une certaine attraction envers Alucard, elle ne pouvait le nier. Pourtant, était-elle capable de le laisser boire son sang ? C’était un acte si intime, si fort pour elle. Elle pensait savoir quelle soif il ressentait en restant en sa présence. Elle avait déjà expérimenté ce sentiment d’être un vampire face à un mortel.

Elle savait que si elle acceptait de le laisser boire son sang, elle se livrait à lui d’une façon très personnelle. Elle lui donnait le droit de vie ou de mort sur elle, car elle serait à sa merci. Elle avait bien conscience que s’il avait voulu la tuer, il l’aurait déjà fait un million de fois, mais tout de même. Elle se leva du canapé et partit lui préparer son meilleur whisky en réfléchissant encore à la question. Elle se servit un verre à elle aussi. Pendant qu’elle préparait, il lui raconta la transformation de sa Progéniture.

- Tu étais un chasseur à gage de vampire ? Tu tuais ceux qui ne respectaient pas les règles ? Comment était ton infante ?

Elle se rapprocha de lui et lui tendit son verre avant de s’asseoir sur le canapé à son tour.

- J’ai eu une progéniture. Je n’ai pas eu le choix de la transformer, je l’ai fait pour honorer une dette. J’ai détesté faire du baby-sitting de la sorte et devoir gérer cette fille quand elle pétait les plombs. On ne s’entendait déjà pas quand elle était humaine alors transformée contre son grès, tu imagines…

Cette transformation, c’était quelque chose ! Heureusement, Tara n’était pas réapparue dans les parages. Elle n’aurait pas supporter de devoir la côtoyer de nouveau dans ce monde. Mieux valait qu’elle reste là où elle était : loin.

Elle laissa un petit silence s’installer avant de prendre son courage à deux mains. Elle but une gorgée de whisky tranquillement puis posa son verre sur la table basse. Elle se rapprocha d’Alucard sur le canapé jusqu’à être cuisse contre cuisse et attrapa les cheveux qui traînaient dans son cou. Elle le regarda sérieusement.

- Je n’ai pas fait ça depuis très très longtemps. C’est ma façon de te remercier pour ce que tu as fait ce soir.

Elle regarda face à elle, pencha légèrement la tête sur le côté opposé pour lui laisser toute la place nécessaire. Elle était nerveuse, c’est vrai, mais elle était résolue et tentée de faire ça aussi. Elle ne se forçait pas.

Pam écouta avec un sourire ce que lui racontait Alucard sur sa progéniture. Visiblement pour lui aussi le fait de devenir un Créateur n’avait pas été simple. Elle se doutait tout de même que cela ne devait pas être la seule faute de sa Progéniture. Il semblait avoir un caractère bien affirmé sur de nombreuses choses et si quelqu’un ne se laissait pas faire cela devait être quelque chose.

- J’imagine que tu es assez têtu toi-même ce qui n’a pas dû rendre les choses plus simples… Je te souhaite de la retrouver dans ce monde surtout si elle a su devenir un atout pour toi au fil du temps comme j’ai l’impression de le comprendre. Ce n’est pas facile de former quelqu’un à son image pour le laisser disparaître derrière.

L’atmosphère change quand Pam se rapproche d’Alucard pour l’autoriser à boire de son sang. La fragile et humaine Pam ne peut retenir un petit frisson d’excitation en sentant les doigts du vampire sur sa peau. Le contact était léger, mais il était la promesse de quelque chose de tellement plus intense. Pam n’était pas quelqu’un de fragile, mais en cet instant elle était plus vulnérable qu’à son habitude. Elle savait très bien ce qu’elle donnait et ce que ça représentait. Ça n’avait rien d’anodin.

Elle se laissa soulever et s’installa sur ses genoux. Elle le regarda dans les yeux et progressivement, son appréhension se dissipa pour faire place à du désir.

- J’en ai envie aussi sinon je ne l’aurais pas proposé.

Elle lui offrit un petit sourire en coin avant de rapprocher son bassin du sien dans un geste souple. Elle appréciait qu’il installe un contact plus sensuel entre eux. Elle aurait accepté qu’il se contente de la mordre sans cérémonie, mais elle préférait largement ça. Elle répondit à son baiser avec entrain, prouvant qu’elle désirait ce rapprochement autant que lui.

Cela remontait à si longtemps tout ça. Elle n’avait pas vraiment vécu d’histoire avec qui que ce soit pendant les 4 dernières années. Elle avait flirté des millions de fois, mais elle ne se sentait pas assez à l’aise pour aller plus loin. Elle n’aimait pas son corps d’humaine et c’était peut-être pour ça que c’était si facile avec Alucard ce soir : il était un vampire lui aussi et il avait vécu dans un corps d’humain récemment. Il pouvait sans doute la comprendre mieux que la plupart des gens. Bien sûr, Eric et Godric étaient dans ce cas-là aussi, mais c’était la famille, ça n’avait rien à voir. Elle se sentait en sécurité avec Alucard même si elle savait qu’il pouvait la tuer en claquant des doigts.

Elle noua ses bras autour de la nuque du midian accentuant leur rapprochement et repartit à la découverte de ses lèvres parce que leur premier baiser avait été agréable. Elle en profita pour mordiller doucement la lèvre inférieure d’Alucard pour lui montrer qu’elle aussi pouvait jouer même si c’était un enjeu bien différent.

- Je préfère ça aussi. En plus, il se trouve que tu es très bel homme.

Elle pencha légèrement la tête pour venir embrasser son cou à lui. Il n’y avait pas de raison qu’elle n’en profite pas elle aussi, même si clairement, elle n’allait pas le mordre.