Rencontre avec un Muppet {Kermit}

Rencontre avec un Muppet

Naviguant sans cesse entre la scène et les coulisse, nous enchaînions les numéros les uns à la suite des autres. Pour le moment, tout se déroulait à merveille. A merveille… c’était sans doute faire preuve d’un peu trop d’optimisme lorsque l’on dirigeait la troupe des Muppets. Les blagues douteuses de Fozzie qui tombaient à plat, les cascades de Gonzo qui le menait régulièrement à l’hôpital… tout cela faisait partie de notre quotidien. Cependant, cela faisait aussi le charme de notre petite communauté. Les spectateurs riaient aux échanges entre Fozzie et Waldorf et Statler, ils s’amusaient de la créativité de Gonzo et étaient charmés par la voix discordante de Piggy. C’était notre marque de fabrique en quelque sorte. Cela avait fait notre renommée dans notre monde originel et continuait encore de charmer les foules aujourd’hui. Non franchement, j’étais très fier de notre petite troupe et je me mettais à rêver du jour où nous pourrons enfin remettre sur pied le théâtre des Muppets. Peut-être que cela se fera un jour. Sait-on jamais… L’espoir fait vivre et c’était justement cet élément magnifique que je tentais de transmettre à nos fans.

Tout occupé à guetter les réactions des spectateurs face au numéro de dressage de chats, je ne vis pas tout de suite Scooter surgir dans mon dos.

« Chef, on a un problème. »

Soudainement, je sentis mon estomac se nouer. J’avais cette phrase en horreur. Elle ne présageait jamais rien de bon et je m’attendais toujours au pire. De toutes manières, gérer le pire faisait partie de mes attributions. Soupirant légèrement, je me retournais vers mon Va Chercher.

« Qu’est-ce qui se passe, Scooter ? »

« Ben le numéro de Piggy commence dans dix minutes et elle est pas là ! »

« Quoi ? Mais comment ça elle est pas là ? »

J’aurai certainement dû m’y attendre. C’est vrai que l’ambiance était étrangement calme ce soir-là. Pas de scandale en coulisse parce qu’avec ses kilos pris depuis le mois dernier elle n’arrivait plus à passer sa robe. Pas de vantardise liée aux cadeaux et bouquets de roses qu’elle recevait de ses admirateurs… et surtout pas de tentative grossière pour me séduire. Oui j’aurais dû trouver cela étrange en effet. Instinctivement, je me précipitais vers sa loge pour espérer pouvoir l’y trouver. C’était plutôt idiot comme comportement puisque Scooter venait de m’affirmer qu’elle n’était pas là. Je me disais cependant qu’il s’agissait d’un nouveau caprice de star et qu’elle était peut-être arrivée dans l’intervalle. En ouvrant la porte, je trouvais le concierge du théâtre occupé à nettoyer sa loge.

« Oh bonsoir Godefroy ! »

Nous n’avions pas encore eu l’occasion de nous croiser et je fus ravi de voir le concierge tout à son travail. Il ne parlait certes pas beaucoup mais c’était un très bon travailleur. Je n’avais jamais à me plaindre de ses nettoyages et j’avais même parfois un peu honte des saletés que ma troupe lui laissait à nettoyer.

« Tu n’aurais pas vu miss Piggy par hasard ? »

J’espérais qu’elle se cachait derrière le paravent en train d’essayer une nouvelle tenue dégottée en urgence par Oncle Deadly.
   

Rencontre avec un Muppet

La panique me prit au moment où Scooter vint m’annoncer que Piggy était aux abonnés absents. Je devais bien admettre que cela me surprenait grandement. D’ordinaire elle était toujours la première entrer sur scène. Ce n’était pas son genre de manquer une occasion de jouer les stars. Que lui était-il arrivé ? Je devais bien admettre que cela me faisait un peu peur. Ce n’était pas parce que nous n’étions plus ensemble depuis longtemps que son absence m’était égale. Nous avions passés tant d’années côte à côte et nous restions malgré tout des amis. Tout du moins c’était ce que je pensais. Peut-être planifiait-elle secrètement son départ et qu’elle cherchait à m’éviter tant que rien n’était officiel. Qui sait ? Ce ne serait pas la première fois qu’elle me ferait un coup bas ou une surprise de dernière minute.

Entré dans la loge, je ne trouvais personne. Ni Piggy, ni son adorable assistant ancien dragon et fantôme de son été, Oncle Deadly, qui avait une patience à toute épreuve même à celle des crises de l’ancienne cochonne. A la place, je trouvais le concierge taciturne du théâtre Godefroy Zilla. Je lui demandais alors s’il avait vu quelque chose. A mon grand désespoir ce n’était pas le cas. Mince ! Je lui souris alors tristement.

« Oh bon sang ! Merci tout de même Godefroy. »

Je m’apprêtais à sortir pour faire part à Scooter du plan B que j’avais concocté à la vitesse de la lumière dans mon cerveau sautillant de grenouille. Cependant, je fus arrêté par une cohue d’acteurs qui passaient devant les coulisses. Mon cœur se serra en entendant les propos odieux qu’ils tenaient à l’adresse du concierge. Ils étaient tous tellement méchants et cruel. Pourquoi tant d’amertume ? Il ne leur avait certainement jamais fait de mal. C’était hélas le lot des personnes différentes. Combien d’acteurs, producteurs et réalisateurs humains s’étaient moqués de nous parce que nous n’étions que des marionnettes désireuses de s’imposer dans le monde du showbiz humain ? Je ne répondis pas à l’acteur qui confirma que Godefroy lui faisait peur. Il repartit aussi sec et je tentais de me rapprocher du concierge.

« Je suis désolé… tu ne dois pas prendre trop à cœur leur propos tu sais. Les gens sont ainsi faits qu’il ne supporte pas ce qui est différent. Crois-en ma vieille expérience de grenouille. »

Je pris alors le temps de regarder la loge et souris légèrement.

« Tu sais je trouve que tu fais de l’excellent travail. Cette loge n’a jamais été aussi propre. Et pourtant je connais Piggy, ce n’est pas son genre de faire le ménage… même pas quand nous étions ensemble. C’est plutôt la première à critiquer le moindre grain de poussière qui traîne. Depuis que tu travailles ici tu nous auras éviter beaucoup de ses caprices de diva. Merci.»
   

Rencontre avec un Muppet

Au dehors l’agitation du spectacle continue comme si de rien n’était. Les artistes passent dans les couloirs, se préparent à jouer le numéro de leur vie. Si d’apparence je ne laisse rien paraître, ou tout du moins un minimum de frayeur, à l’intérieur je bous littéralement. Mais où donc est passé Piggy ? Mon attention est détournée par le passage de comédien méchants qui ne peuvent pas s’empêcher de s’en prendre au pauvre concierge taciturne. Mais comment peuvent-ils être aussi cruels ? Il n’a rien faire de mal. Fort heureusement, ce dernier ne tient aucun compte de leurs critiques. C’est une chance. Mais peut-être est-il habitué à ce genre de critiques acerbes ? Peut-être qu’elles font partie de son quotidien ? Si c’est le cas, je le plains vraiment. A croire qu’aucun monde quel qu’il soit ne peut supporter les différences.

« Je suis content de voir que tu ne les prends pas au sérieux. Je pense qu’ils n’en valent pas la peine. Ce sont des artistes de talent certes mais pas des personnes très faciles à vivre. »

J’eus alors un petit rire nerveux, sachant très bien de quoi il en retournait. Après tout j’avais eu l’habitude durant toutes ces longues années de travailler avec des artistes. Je savais qu’ils pouvaient être parfois capricieux et très désagréables. Cette pensée me ramena à Piggy et je jetais nerveusement des regards rapides vers mon portable. Elle finirait peut-être par tenter de me joindre par téléphone. J’espérais en tout cas.

« Mais je pense que je n’ai pas à te l’apprendre. Ca ne doit pas être simple tous les jours de faire un métier comme le tien dans un endroit comme celui-ci. »

Je m’apprêtais à lui répondre lorsque Scooter passa à son tour sa tête dans la loge de la cochonne.

« Eh chef, chef… oh salut Godefroy. »

Ce denier avait presque l’air déçu que l’autre personne présente dans la pièce n’était pas notre diva nationale. Je le regardais tristement.

« Je n’ai pas réussis à trouver Piggy. »

« Mais alors qu’est-ce qu’on va faire pour son numéro ? »

« Est-ce qu’Annie Sue est dans les coulisses ? »

« Oh oui tu penses bien. Ca fait longtemps qu’elle espère passé sur scène. »

« Très bien dans ce cas écoute-moi. Demande à Gonzo de faire son numéro maintenant et dis à Annie de se préparer. Elle chantera à la place de Piggy. »

Il me regarda avec de grands yeux. Je savais parfaitement ce qu’il se disait. Il craignait certainement plus que tout d’imaginer l’état de fureur dans lequel serait Piggy si elle l’apprenait. Tant pis pour elle dans le fond, elle n’avait qu’à être présente.

« C’est un ordre Scooter. »

« B… bien chef, je vais annoncer Gonzo. »

Il referma la porte derrière lui, me laissant seul avec le concierge. Je repris alors la conversation où nous l’avions laissée, ravi d’avoir trouvé une solution temporaire à notre problème.

« Alors qu’est-ce que je disais… ah oui ! Je suis effectivement une grenouille… enfin je l’étais dans notre monde d’origine. J’ai bien changé depuis comme tu peux le constater… le plus étonnant c’est qu’en plus d’être un batracien, j’étais un batracien en peluche. Une marionnette. C’est amusant, non ? »
   

Rencontre avec un Muppet

L’accueil que lui avait réservé les acteurs n’était vraiment pas appréciable. Je n’avais jamais aimé les gens qui se permettaient de juger les autres ainsi. Comme s’ils leur étaient supérieurs. En quoi exactement ? Chacun avait son rôle à jouer dans ce monde et personne ne pouvait estimer être plus important qu’un autre. C’était ma conviction la plus profonde. Ces acteurs ne faisaient pas partie de la troupe des Muppets depuis longtemps et s’ils continuaient à se comporter ainsi, j’ignorais si j’allais les garder très longtemps. Il y avait assez de Piggy dans notre troupe pour jouer les divas.

« Ouais je vois ce que tu veux dire… mais ce n’est pas représentatif de notre troupe. Tu sais nous autres Muppets avons toujours été une troupe un peu particulières. Tu sais un groupe de marionnettes décalées et des cas soc qui se sont associés pour former la plus étranges des troupes de variety show. »

Je rigolais alors nerveusement, cependant convaincu des paroles que je venais de prononcer. Il était rare que l’un de nos shows se déroulent à la perfection du début à la fin. Rien ne se passait comme prévu et bizarrement c’était là notre marque de fabrique, notre véritable raison d’être. C’est ce qui nous avait rendu célèbre et j’aurais tellement aimé que Godefroy puisse partager cette ambiance si caractéristique.

« J’aurais tellement voulu que tu puisses connaître les marionnettes que nous étions à l’époque… l’ambiance de notre théâtre. Tout le monde t’aurait accepté tel que tu es et crois bien que nous serions les derniers à nous moquer de toi. Mon rêve ce serait de créer un nouveau théâtre Muppets sur cette île. Je me dis que si tu le souhaite, tu pourrais faire partie de cette grande aventure à nos côtés. Je t’engagerais avec grand plaisir. »

J’étais sincère et j’espérais que quand l’heure viendrait enfin de lever le rideau sur le nouveau Muppet Show, il serait également de la partie. Il me fit bien comprendre qu’il ne désirait pas se joindre à nous… tout du moins pas sur scène. Je lui souris alors bienveillant.

« Oh tu sais, ce n’est pas nécessaire. Rien ne t’y oblige. Je n’ai jamais forcé personne à entrer en scène. »

En revanche, j’avais accepté toutes les personnes qui souhaitait présenter un numéro. Même si cela ne faisait que participer au grand n’importe quoi qu’était notre troupe. Les concierge Georges et Beauregard étaient apparus à différentes reprises dans nos spectacles et nos films. La différence était qu’ils avaient réellement exprimé l’envie de se montrer au public.

« Chacun à son propre talent après tout. Le tien c’est de faire briller ce théâtre comme personne. En revanche, je serais plus que ravi si tu acceptais de venir assister à notre représentation. Voir à quoi ressemble un de nos spectacles. Tu n’y as jamais assisté je crois. »
   

Rencontre avec un Muppet

Il était bien rare que j’aie le temps de discuter avec tous les employés du théâtre. Je n’étais pas fermé à la discussion bien sûr. Ma porte était toujours ouverte pour les personnes qui souhaitaient me trouver et me parler de leurs projets et de leurs préoccupations. Mais c’est bien la première fois que je me trouvais en présence de Godefroy en tête-à-tête. Comme quoi la disparition de Piggy avait beau être inquiétante, elle m’avait quand même réservé une belle surprise. J’essayais de le rassurer sur nos intentions et notre véritable nature. Chacun de nous était un être à part s’il l’on y réfléchissait bien. Il y avait bien quelques humains dans notre troupe, mais même notre orchestre comptait parmi eux des drôles d’individus qui bien qu’humains ne cessaient de semer le trouble sur leur véritable nature. Je me mis à rire légèrement en pensant à tous ces être étranges que j’aimais comme une grande famille.

« Et tu sais, parmi nous il y avait des monstres aussi. Des colosses aux couleurs et aux formes bien différentes qu’ils auraient bien été embêté de railler. Je pense notamment au grand méchant Carl qui avaient la fâcheuse tendance à dévorer toutes les personnes qui osaient le contrarier. Même maintenant il est terriblement soupe au lait et gare à ses coups de poings quand il s’énerve… on cache bien plus de secret qu’ils peuvent l’imaginer. Mais en fait, qui étais-tu dans notre monde originel ? »

Il me révéla alors que faire briller les lieux n’était pas son seul objectif. Cela prouvait qu’il avait des rêves et des ambitions. C’était une chose que je respectais, en ayant moi-même énormément et je devais bien avouer que cela attisait ma curiosité.

« Ah oui ? Raconte-moi. Quels sont tes rêves, tes projets… quoi qu’en fait tu n’es pas obligé de m’en parler si tu n’en as pas l’envie. Je suis trop curieux excuse-moi. »

J’approuvais alors d’un mouvement de tête et lui sourit.

« Oh eh bien je serais plus que ravi de t’offrir une place aux premières loges pour notre prochain spectacle. Pas auprès de Waldorf et Statler. Je te conseille pas de te rapproché trop près de ces vieux râleurs à la langue bien pendue. Mais tu auras le droit à une place de choix. »  
   

Rencontre avec un Muppet

Je me concentrais sur les propos, tentant d’en ressortir le maximum d’information que je pouvais tirer de lui. S’il y a une chose qui était certain c’était bien que le concierge n’était pas du genre très causant. Je comprenais bien vite que la définition de monstre pouvait s’appliquer à lui. Je devinais donc qu’il n’était pas humain. Mais alors qu’était-il exactement ? Malgré ma curiosité, je décidais de laisser cette question de côté. Il était plus qu’évident pour moi que le monstre n’aimait pas parler de son passé. Selon ses termes, il aurait été de plus très difficile pour moi de le comprendre. Nous n’étions pas issus du même monde c’était une certitude. Le sien semblait beaucoup plus sérieux que le nôtre qui était remplis de personnages haut en couleur et de belles chansons. Je ne pris cependant pas vraiment le temps d’approfondir le sujet. S’il souhaitait m’en parler un jour ce serait à lui de faire le premier pas et non pas à moi d’aller vers lui.

« Je comprends… je suis navré d’être aussi curieux. C’est qu’on se croise tous les jours. Je voulais en connaître plus sur toi. »

Pourtant, il y avait une question qui me turlupinait malgré tout. S’il prétendait avoir d’autres ambitions, cela signifiait peut-être également qu’il n’était pas vraiment heureux dans sa vie pour le moment.

« Comment ça se fait que tu travailles aujourd’hui comme concierge ? Ce n’est pas que je déprécie ta profession. Bien au contraire. C’est un boulot admirable et que tout le monde ne ferait pas. Mais je me demandais si ce travail te plaisait. Peut-être que tu voudrais évoluer un jour… et devenir machiniste ou chef décorateur. Je suis toujours à la recherche de nouveaux talents. »

Il me remercia pour les places et je laissais alors un large sourire naître aux coins de mes lèvres.

« Oh mais je t’en prie. Ca serait un véritable plaisir pour moi. Je demanderais à tout le monde de se dépasser ce jour-là. Après tout, tu le mérites bien. »
   

Rencontre avec un Muppet

L’homme qui se trouvait devant moi avant quelque chose de mystérieux… ou de sacrément étrange. En disant cela, je ne parle bien évidemment pas de lui en lui-même. Nous venions tous d’univers différents et les langues, modes de vie étaient forcément différents. Je n’allais pas émettre de jugements de valeur à ce sujet. A vrai dire, l’idée d’intéresser le concierge à ce propos me semblait des plus déplacer. Je comprenais simplement qu’il s’agissait d’une créature d’une autre espèce à laquelle il ne fallait pas se frotter. Il risquait d’y avoir du grabuge et je n’étais clairement pas de taille. Lorsque l’on est chef d’une troupe aussi hétéroclite que les Muppets, on sait d’avance qu’il ne faut pas provoquer certaines subtilités. Encore moins si la créature en question serait capable de nous écraser d’un seul coup de poings. Je me contentais de répondre à son affirmation.

« Je vois ce que c’est… il y a tellement de choses étranges depuis que nous sommes arrivés sur l’île. Nous ne tenons pas nécessairement le rôle que nous jouions à l’époque. Je ne me serais jamais imaginé en professeur de maternelle… pourtant j’adore ce travail. Mais soit, je n’insisterais pas. Sache cependant que mon offre tient toujours. Si un jour tu veux prendre ce poste, n’hésite pas à me le dire. »

Il se demanda alors pour quelle raison je lui offrais ce cadeau. Un air compatissant marqua alors mon sourire. Je me demandais l’espace d’un instant s’il n’avait jamais reçu de cadeau de sa vie. C’était d’un triste… oui vraiment tragique. Je souris davantage au moment de lui répondre.

« Eh pourquoi pas ? Comme tu l’as dit toi-même, cela me fait très plaisir de t’inviter. C’est une manière de t’exprimer ma gratitude. Tu nous aides beaucoup dans ce théâtre et je tiens vraiment à ce que tu te sentes dans notre troupe comme chez toi. On est une sacré bande de barjot mais notre amitié est sincère. Accepte-la comme telle. »

Je m’arrêtais quelques secondes avant de reprendre complice.

« Et puis imagine les réaction des personnes qui se sont moquées de toi lorsqu’elles s’apercevront que tu as la place d’honneur… en plus tu pourras les critiques ouvertement sur leur travail sur scène. Ca serait intéressant, non ? »
   

Rencontre avec un Muppet

Je trouvais Godefroy très touchant. J’étais triste en me rendant compte que ce simple geste ne semblait pas avoir été accordé souvent après son arrivée sur l’île. D’ailleurs, lorsque j’y repensais, ll aurait peut-être été plus juste de penser que les personnes qui lui avaient accordé un tel cadeau par le passé n’avaient pas été très nombreuses. Cela me faisait me poser beaucoup de questions et notamment sur l’espèce à laquelle il avait appartenu. Dans ma tête, j’imaginais que l’humain qui été devant moi était un monstre par le passé. Était-ce réellement exact ? Était-ce la conclusion à laquelle je devais arriver ? Et si c’était le cas, à quelle espèce pouvait-il bien appartenir ? Bref, je me posais beaucoup de questions… sans doute beaucoup trop ! Je savais que je ne pourrais pas obtenir une réponse et je respectais son point de vue. C’était tout à fait louable de sa part de vouloir conserver ses secrets et ce n’est pas une chose sur laquelle je souhaitais le contredire. Je m’apprêtais à lui répondre lorsque j’entendis la porte de la loge claquer. Je vis alors arriver Piggy. Elle avait réellement dans un sal été. La robe et ses boucles blondes trempées, ses vêtements légèrement déchirés, elle avançait dans la pièce tout en faisant raisonner sa voix si charmante.

« Si je tenais l’espèce d’idiot qui conduisait cette voiture, je te jure que je l’étranglerais de mes propres mains. »

« Mais… mais Piggy tu vas bien ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Oh si tu savais, mon grenouillaud. Je suis venue en théâtre en scooter. Je me rendais au théâtre lorsqu’un automobiliste m’a poussé et m’a fait atterrir dans le canal. »

Elle se débarrassa de son chapeau et de son sac qu’elle jeta littéralement dans les bras du concierge auquel elle ne prêta pas même un regard.

« Tenez, rendez-vous utile et prenez ça. »

Elle continua alors à m’expliquer dans quel état se trouvait son véhicule qui serait inutilisable pour un moment. Puis, elle se rendit compte de la présence de la troisième personne et le regarda en fronçant les sourcils.

« Vous êtes qui vous d’abord ? Je m’attendais à voir Deadly et je me retrouve face à vous. Comment êtes-vous arrivé dans ma loge. Vous êtes un admirateur ? »
   

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Je m’apprêtais à expliquer à Piggy qui était cet homme qui était présent avec nous dans sa loge. Comme à son habitude, elle jugea le concierge avec dédain. Je poussais alors un grand soupir auquel elle ne prêtait pas attention. Si je voulais démontrer à mon nouvel ami que notre troupe était prête à lui faire une place et à l’intégrer, Piggy venait de mettre à mal toute ma jolie théorie. Il faut dire qu’elle n’avait jamais été quelqu’un de facile… vraiment vraiment pas. Aucun de mes serments, aucun de mes propositions de cours de communication ou de yoga n’y avait pu faire quoique se soit. Elle était toujours égale à elle-même et elle ne changerait sans doute jamais. Qu’est-ce que cela pouvait être agaçant.

J’ouvris de grands yeux en entendant le concierge lui répondre à ma place. Lui parler ainsi ? Personne dans la troupe n’avait osé… tout du moins pas sans se prendre une bonne prise de karaté dans la figue dont elle avait le secret. Je la voyais là, restant la bouche ouverte sans rien dire, mais je pouvais le sentir. Intérieurement, elle était en train de fulminer comme jamais. Ca s’annonçait mal, très mal. Il fallait que je prenne rapidement les devants.

« Piggy, Piggy… il s’agit de Godefroy notre concierge. Tu l’as certainement déjà croisé, non ? »

« Je ne m’en rappelle pas… une insolence pareille je m’en serais sûrement souvenue. »

Elle me fusilla du regard et je pouvais très bien savoir ce qui se passait dans sa tête. Elle devait sûrement se demander comment j’avais pu engager un individu pareil. Je ne me laissais pas être décontenancé.

« Eh bien il aide en coulisse depuis longtemps déjà. Il a aidé à ranger ta loge et regarde il est en train d’essuyer tes affaires. Tu devrais lui donner une chance. »

Je lui pris la main, espérant que cela pourrait la faire réagir ce qui était loin d’être certain. Pourtant, elle semblait être adoucie par ce témoignage d’affection de ma part.

« Mouais… je veux bien lui accorder sa chance, crapaud. Mais s’il ose ouvrir à nouveau son bec… ne serait-ce qu’une fois je le lui cloue pour de bon. A présent, excusez-moi mais la star va devoir se préparer. »

Elle se glissa derrière le paravent et j’indiquais une robe tout en regardant Godzilla. Je murmurais alors.

« Excuse-moi je sais qu’elle est pas évidente à gérer. Pourrais-tu quand même lui apporter ses affaires en gage de paix ? Je t’en serais très reconnaissant. »
   

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Je me sentais mais à l’aise vis-à-vis du concierge. Cela n’aurait pas dû être son rôle de se préoccuper des vêtements de Piggy. Ce rôle revenait d’ordinaire à Oncle Deadly… notre adorable fantôme qui ressemblait à s’y méprendre à un dragon. Il faudrait d’ailleurs qu’il puisse rencontrer un jour Godefroy. Tous les deux se seraient probablement très bien entendu. Enfin, ce n’était bien sûr qu’une hypothèse. Je ne connaissais après tout pas le concierge depuis si longtemps que cela. En revanche, il est certain que Deadly aurait su mieux se tenir que Piggy. Ce n’est pas un exploit en soi vous me direz ! S’il y a bien un rôle que la cochonne savait tenir à la perfection, c’était bien celui de diva. De là a ce qu’elle en ait le talent… c’était moins certain.
Je souris à l’adresse de Godefroy qui devait très probablement fulminer de l’intérieur. J’étais donc ravi de savoir qu’il pouvait prendre sur lui… peut-être d’autant plus qu’il le fasse en partie pour moi. Non décidément, je ne voyais pas pour quelle raison les autres acteurs ne l’appréciait pas. C’était pourtant quelqu’un de bien. Je rajoutais alors avec une voix plus basse de manière que Piggy ne m’entende pas.

« Je t’en remercie. Je te promets que cela ne durera pas bien longtemps. »

« Qu’est-ce que tu racontes, crapaud ? »

« Rien. Rien Piggy… tu as préparés ton numéro pour ce soir ? »

« Mais bien sûr, Kermitou. Tu connais ta cochonne. J’ai répété et crois bien que je chanterais ce soir qu’on le veuille ou non. »

Elle se mit alors à grogner lorsque Godefroy se permit de lui faire une remarque sur la propreté de sa loge.

« Attention toi ! Si tu te permets de dire que ma loge est une porcherie, ça va très mal se passer. »

« Tes affaires sont propres, Piggy. »

Elle grommela alors un merci quasiment inaudible… mais un merci quand même. Rien que ça valait la peine d’être souligner même si je n’étais pas certain que Godefroy y aurait apporté autant d’importance que cela. Elle se prépara alors rapidement et déclara.

« Bon et bien il est tant de brille sur scène. Tu me rejoins mon Kermitou ? Le spectacle ne peut pas se faire sans toi. »

« J’arrive tout de suite. »

Je souris alors à l’adresse du concierge.

« Je te remercie beaucoup pour ta patience. Je sais qu’elle n’est pas facile à vivre. »