Rey sentit des picotements le long de sa main ainsi que de son bras, plongée dans l’obscurité elle plissa les yeux pour mieux y voir. Elle n’y voyait absolument rien, juste des formes se distinguant vaguement à l’horizon, éclairées par la lumière lunaire qui passait par un globe au-dessus d’elle. Immobile, elle n’arrivait pas à bouger le moindre pied ni même le petit doigt. Que se passait-il ? Elle cligna des yeux et quelqu’un apparu soudainement à sa gauche dissimulé sous une cape. Une longue main crochue se posa sur son épaule, la jeune femme suivie du regard ces longs doigts blancs pour remonter jusqu’au visage qui se tournait vers elle. La vision qu’elle eut lui arracha un hoquet de peur. Ces yeux jaunes crocodile qui la regardaient et ce sourire édenté relevaient d’une vision d’horreur. Elle tenta de se lever de l’endroit où elle était retenue, mais cette main pesait de tout son poids sur elle, la forçant à rester assise. Ses yeux s’habituaient petit à petit à cette pénombre, elle comprit qu’elle se trouvait surélevée, assise sur un trône qui surplombait une assemblée de petits êtres encapuchonnés eux aussi. L’atmosphère était si oppressante qu’elle ferma les yeux, tentant de comprendre où elle se trouvait tout en espérant disparaître de cet endroit dont l’odeur du soufre lui donnait des haut-le-coeur. L’homme a ses côtés se mit à rire, d’un rire guttural qui lui fît serrer la mâchoire. Tous ses sens étaient en alerte, elle ressentait même les battements accélérés de son pauvre cœur paniqué. Les rires ne s’arrêtaient pas. Pourtant, subitement, il se tut, le regard rivé sur la lumière rouge qui venait de sa main. Rey regarda à son tour cette lueur, comprenant bien vite que ce rouge provenait de la lame lumineuse qu’elle tenait devant elle. Elle tenta de lâcher ce sabre laser qu’elle tenait, mais rien ne fit. Rey ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Elle se libéra pourtant de l’emprise de cet homme qui n’était autre que Palpatine lui-même, repoussant son bras avant d’apercevoir sa propre main qui avait cette apparence étrange. Elle n’avait plus cette couleur rosée, plutôt un blanc macabre à l’image la peau de son grand-père. Cette vision lui fit perdre tous ses moyens, elle chassa l’air devant elle d’un mouvement de sabre pour faire reculer ce monstre qui l’observait sans rien dire. Ils se regardèrent tout deux en chiens de faïence durant un long moment, puis un bruit sec les fit tout deux baisser la tête pour voir ce qui se passait à leurs pieds. Une tête casquée séparée de son corps roula jusqu'à eux. Ce masque lui paru tout de suite familier. Cette protection fait de métal et de soudures rouges s’arrêta à ses pieds. Elle resta muette, incapable de dire quoi que ce soit tandis que son locuteur prît enfin la parole, murmurant de sa voix funeste : « Tu t’es débarrassé de lui, c’est bien. » Puis il se remit à rire, de plus en plus fort.
Rey manqua d’oxygène, elle toussa brutalement et émergea aussi vite de son sommeil. Elle se roula dans son lit, tâtant du bout des doigts sa table de chevet pour l’allumer la lumière. Elle appuya précipitamment sur l’interrupteur de sa main tremblante pour enfin se retrouver dans sa chambre. Ses palpitations s’affaiblissaient alors qu’elle regardait autour d’elle. Voilà un lieu plus rassurant et chaleureux, bien que vide de toutes décorations. Ce n’était qu’un cauchemar, heureusement. Un long soupir s’échappa de ses lèvres alors qu’elle s’aventurait hors de sa chambre pour boire quelque chose. Elle traversa son appartement d’un pas désorienté, rejoignant la cuisine pour se servir un verre d’eau. Ces pensées lui jouaient des tours, encore une fois. Heureusement, l’absence d’une quelconque Force lui rappelait que ce n’était que des cauchemars et non de visions prémonitoires. Palpatine était mort de toute façon. C’était pathétique de penser à ça et de se faire hanter par son existence. Il n’était plus rien et ne représentait rien pour elle. Voilà tout. Elle claqua son verre sur la table dans un élan d’irritation, avant de chasser ces visions de son esprit. La jeune femme savait que tout ce qu’elle avait pu voir s’éloignait à mille lieux du réel et qu’il n’y avait aucune chance pour que cela se produise. Et pourtant. Elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer que lui aussi, Palpatine, aurait pu survivre à sa mort tout comme Ben. Elle était persuadée que c’était la Force qui avait épargné Ben et lui avait donné une seconde chance ici, mais Palpatine, lui, ne méritait rien. Cependant, il était déjà renaît de ses cendres une fois, donc une seconde fois pouvait s’avérer plausible. Elle se torturait l’esprit totalement gratuitement, et en avait conscience. Rey ne parvenait plus à chasser cette idée de son imagination depuis qu’elle avait vu Ben. Elle erra quelques minutes au beau milieu de son habitation, cherchant quoi que ce soit à faire pour éviter de ressasser ses divagations nocturnes. Le soleil était à peine levé qu’elle s’installa au beau milieu de son balcon alors qu’il faisait bien trop froid pour sortir en t-shirt et en short. Elle n’y songea même pas, observant les lumières des lampadaires qui s’éteignaient au fur à mesure que les minutes défilaient. Finalement, le soleil pointa le bout de son nez, Rey observa l’heure sur son téléphone. Elle allait être en avance, en avance de deux bonnes heures au moins si elle partait maintenant. Elle haussa les épaules, elle serait incapable de se recoucher de toute manière. La brune décida d’aller se doucher, tout en regardant son téléphone en espérant que l’heure file plus vite. Ce ne fut pas le cas, les minutes lui paraissaient deux fois plus longues ou alors c’était elle le problème, trop rapide peut-être. Elle eut l’occasion de s’observer quelques secondes dans le miroir de la salle de bain, rencontrant son regard cerné. Il serait compliqué de cacher ça, surtout qu’elle ne s’embêtait pas à porter du maquillage. Elle attacha ses cheveux dans un chignon bâclé puis quitta son appartement en emportant juste un sac à dos avec elle.
Elle rejoignit assez vite la mer et son vent qui n’améliorait pas l’aspect de sa coupe de cheveux. Pour autant, cela restait bien son endroit favori, elle trouvait le son des vagues qui s’échouaient apaisant. Certains jours lorsque la mer était déchaînée, cela lui rappelait Kef Bir et son eau engloutissant tout sur son passage. Rey marcha jusqu’à la grève, ne croisant aucun passant sur sa route. Elle s’assit à même le sol froid et humide afin d'observer la mer. La jeune femme fit le vide autour d’elle, ne pensant désormais plus à rien. Elle essayait toujours de se connecter à la Force, bien que rien n’y faisait. Elle continua pourtant son exercice de méditation, tentant de sentir la moindre vibration des vagues contre la pierre, de percevoir le ruissellement de l’eau qui retourne à son contenant, d’avoir conscience du mouvement du vent et de son sens. Elle ne sait pas combien de temps elle passa ainsi, mais la figure aux cheveux roses attendue se détacha dorénavant à l’horizon, la rejoignant. Elle se releva alors, essuyant la brume qui s’était déposée sur son visage à force de rester posée là. Un sourire se dessina pour la première fois de la journée sur le visage de la brune qui fit un signe de la main à son amie.
« - Salut. Tu n’es pas en retard, ne t’en fais pas. C’est juste moi qui suis toujours en avance. Tu vas bien ? »
Aelita enfile ses chaussures à la va-vite, pressée. Pas le temps d'avaler son petit-déjeuner, juste le temps d'enfiler une tenue à peu près correcte et de passer une main rapide dans sa chevelure rose pour s'assurer qu'elle ne soit pas totalement emmêlée. L'adolescente n'est pas en retard, mais pas loin. Elle n'a pas entendu son réveil... Elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même.
Elle veille beaucoup trop tard ces derniers temps. Dès qu'elle en a l'occasion, elle se réfugie sur son ordinateur et explore toutes les pistes à sa disposition dans l'intention de détecter n'importe quel signe d'activité qui lui confirmerait l'intervention de XANA dans ce qu'elle vit depuis beaucoup trop longtemps... Ou simplement parce qu'elle essaie de détecter un signe de Jérémie ou des autres Lyoko-guerriers. Une fois n'est pas coutume, elle aura fait une presque-nuit blanche pour rien, mais ce n'est pas grave, si son réveil a été brutal, elle veut croire que la suite du programme sera un peu plus enthousiasmante. Car ce matin, elle a rendez-vous avec Rey.
De toutes les rencontres qu'Aelita a pu faire depuis la lune rouge, depuis son réveil étrange dans cette ville encore plus étrange, celle qu'elle a faite avec Rey est sans aucun doute à compter parmi les plus marquantes. Elle a très vite ressenti une sorte de connivence entre elles. On ne peut pas dire que leurs parcours sont les mêmes, mais ils se ressemblent, et surtout, leur ont forgé des personnalités suffisamment similaires pour qu'elles comprennent rapidement pouvoir et devoir compter l'une sur l'autre.
Aelita demeure en quête de repère, elle reste accroché à son passé et à ceux qu'elle a perdus, déterminée à comprendre l'endroit où elle vit à présent et à retrouver ses meilleurs amis, qui lui manquent atrocement, mais grâce à Rey, elle a trouvé un point d'ancrage. Pour Aelita, Rey est comme une grande sœur. De sa part, elle se sent comprise sans avoir besoin de trop en dire, et ce sentiment lui fait du bien.
Elles se sont donné rendez-vous sur la plage, du côté de Lockwood Hill. Se donner rendez-vous, sur cette île dont la géographie paraît changer à tout instant, c'est s'en remettre en partie au destin, c'est sûr, mais Aelita trouve son chemin facilement et rapidement, courant à toute vitesse pour ne pas être en retard. C'est essoufflé qu'elle finit par rejoindre Rey, qui la rassure. Non, elle n'est pas en retard, c'est Rey qui est en avance. Aelita sourit tout en se remettant de sa légère course.
"J'ai couru comme une folle pour venir, j'ai pas entendu mon réveil, ce matin", lui apprend-elle. "Mais sinon, ça va bien."
Elle prend une grande inspiration et profite un peu du décor. Au début, elle s'inquiétait d'approcher la plage... Mais elle s'est fait une raison. Mer ou océan, dans un cas comme dans l'autre, cette étendue infinie d'eau par laquelle il est inutile d'essayer de s'échapper n'a rien à voir avec la mer numérique dans laquelle elle avait redouté de se dissoudre. Elle se tourne ensuite vers Rey et l'observe plus attentivement. "Tu vas bien, toi ? Tu m'as l'air un peu... fatiguée."
Rey ne se préoccupait que très peu des conventions sociales, et notamment de l’importance d’être à l’heure. À part au travail. Elle avait bien retenu qu’être là lors des horaires de boulot était une chose essentielle pour vivre désormais. Donc elle faisait toujours en sorte d’être à l’heure. Mais lorsque cela relevait de l’ordre privé, elle n’avait pas tendance à se précipiter en réalité. Elle parvenait plus ou moins à toujours arriver à l’heure, par chance. Voir son amie couleur rouge pivoine lui arracha donc un sourire amusé. Elle supposa aisément qu’Alerta avait dû piquer un sacré sprint pour arriver jusqu’ici à temps. Pourtant, Rey n’avait pas l’attention d’aller se promener sans Aelita. Elle n’avait jamais pour habitude de tenir rigueur d’un retard aux autres, et encore moins à son amie. Surtout que cela ressemblait très peu à un retard, au final. Puis, en réalité cela lui avait permit de méditer un peu, ça ne pouvait être que bénéfique.
La brune épousseta son pantalon couleur crème sur lequel s’était accroché des résidus de sable puis ramassa son sac. Elle rattacha ses cheveux de la manière la plus appliquée qu’elle pu, mais le résultat ne fut pas grandiose : des tas de mèches s’échappaient du chignon mal fichu, malmenées par le vent au passage.
« - Tu n’étais pas obligée de courir pour arriver, tu sais. Nous sommes loin d’être pressées.» Dit-elle dans un sourire qui se voulait rassurant. »
Aelita et elle s’étaient rencontrées il y a un petit moment déjà, et étrangement, pour deux personnes d’univers totalement contraires, cela avait bien collé. Une sorte d’harmonie générale ressortait de cette amitié, c’était ce que Rey ressentait en tous cas. Elle était persuadée que s’il y avait encore un tant soit peu de Force en elle, ce lien qu’elle trouvait tellement cohérent en était la preuve. Rey n’avait pas de famille, pas de véritable en tous cas, bien qu’elle portât le nom de ce qui pouvaient être des parents spirituels, et Aelita lui donnait l’impression qu’elle avait quelque chose de tangible, de choisi. Elles s’étaient acceptées mutuellement, et une certaine fraternité en découlait. La jeune femme ne savait pas combien de temps cela durerait, un jour l’une d’elles serait probablement amenée à retourner dans son monde. Et même si l’idée semblait plus douloureuse plus le temps passait, elle chérissait ce lien. C’était comme avoir une sœur. Une attache à cette ville maudite, cela rendait la vie plus agréable et soutenable. Elle ne comptait plus les jours passés ici depuis que s’était forgé cette amitié.
« - J’ai eu du mal à trouver le sommeil. Mais je vais bien, un café serait sans doute la solution à mon problème. »
Rey frotta par réflexe ses yeux dont les cernes devaient sans doute ressembler à des panneaux lumineux clignotants au beau milieu de la nuit tellement il était difficile de les ignorer. Cette fatigue était devenue habituelle pour elle, être loin de chez soi avait quelque chose de stressant. Autant pour Rey que pour son amie. Bien qu’elle ne fît pas la remarque, il ne lui échappa pas que la panne de réveil devait être dû à une carence en sommeil. Elle allait donc encore une fois devoir carburer à la caféine. Au moins cette matinée pouvait leur permettre de se détendre un peu, et surtout, de penser à autre chose. Le ventre de Rey gargouilla, lui faisant froncer les sourcils. Elle avait totalement oublié de prendre quelque chose à manger avant de partir. Elle émit un léger soupir presque discret, usée par sa propre négligence. Comment s’occuper des autres quand on ne se préoccupe même plus de soi ?
« - Tu as eu le temps de déjeuner ? »
Elle espérait que non, maintenant qu’elle avait faim.
Non, en effet, rien n’obligeait Aelita à courir, et au fond, elle sait d’ailleurs pertinemment que son amie ne lui en aurait pas voulu si elle avait accusé un léger retard en ne se précipitant pas à sa rencontre. Mais outre le fait que l’adolescente déteste faire attendre les gens, elle avait aussi été impatiente de retrouver son amie. Rey est devenue très vite un véritable repère pour elle, et hors de question de passer à côté de l’occasion de passer du temps en sa compagnie, même si c’est pour grapiller seulement quelques minutes, ces minutes-là sont déjà des plus précieuses. Par ailleurs, si Aelita sait être patiente quand nécessaire, on ne peut pas dire que c’est là la qualité par laquelle elle se distingue le plus. Son arrivée dans ce monde n’y a rien changé. Bien au contraire, on peut même dire que ça aurait eu tendance à aggraver les choses.
Dans tous les cas, courir même si elle arrive tout essoufflée à présent près de son amie ne la dérange pas. Au contraire, ça lui fait un exercice supplémentaire, il s’agirait de ne pas se rouiller. Pourtant, en effet, elles ne sont pas pressées, et c’est presque frustrant, presque désarmant, cette absence d’urgence. Aelita n’y a pas franchement été habituée, et elle devine que Rey, de son côté, n’y a pas spécialement été habituée non plus. Il faut sûrement profiter de ce temps de latence, de cette pause providentielle, pour réfléchir plus avant à leur situation et à ce qu’il leur est donné d’en faire, mais Aelita a bien du mal à voir les choses ainsi. Elle aimerait que ça bouge, que ça s’agite, d’une manière ou d’une autre. Une façon de lui prouver que cette situation n’est pas immuable.
Rey lui apprend qu’elle a eu du mal à trouver le sommeil. Aelita s’en inquiète un peu, mais elle sait, en même temps, que c’est plutôt une constante pour beaucoup d’entre eux. Même si cela fait un moment maintenant qu’ils évoluent dans le même décor, il n’est pas dit qu’il soit réellement possible de s’habituer une bonne fois pour toutes à une situation aussi alambiquée. Forcément, le passé vous hante, vous poursuit, et ne vous laisse qu’une paix relative. La nuit, le moment des rêves ou celui où l’on cherche le sommeil est bien souvent le moment, également, où les repères s’étiolent, où les pensées les plus sombres vous rattrapent, où les « et si » vous assaillent. Il est plutôt logique, dans ces circonstances, de ne pas trouver le sommeil salvateur que l’on espérerait tant, et qui nous serait pourtant si indispensable. Rien qu’un bon café ne sache résoudre, donc. Ou plutôt un bon jus d’orange, en l’occurrence, car du haut de ses quinze ans, Aelita affiche un dégoût très naturel (et qui lui passera sans doute) pour toute boisson à base de caféine. « Non, et maintenant que tu le dis, je meurs de faim. », répond Aelita avec un fin sourire quand Rey suggère d’aller petit-déjeuner. Elle aurait accepté dans tous les cas, mais elle ne ment pas pour autant : son estomac la rappelle effectivement à l’ordre, un bon petit-déjeuner ne sera pas de refus. « J’ai repéré un salon de thé qui a l’air sympathique, en chemin, si ça te dit. »
Et sans attendre la réponse de Rey, elle l’entraîna, d’un pas plutôt guilleret, vers leur nouvelle destination. Vu le vent qui fouette fort les visages ce matin, elles n’auraient pas fait long feu sur la plage dans tous les cas.
« Alors, quoi de neuf depuis la dernière fois ? Tu as fait des rencontres intéressantes ? »
La question n’est pas anodine, et ne peut pas surprendre Rey, elle devient presque habituelle. On fait constamment des rencontres intéressantes, ici, tant tout le monde semble venir d’horizons très différents. Et puis, bien sûr, il y a aussi cet espoir de rencontrer une personne que l’on connaît déjà, une personne de notre pensée. Aelita n’a pas eu cette chance pour le moment. Mais elle ne perd pas espoir pour autant.
Il était ridicule de sentir ce besoin irrépressible d’être à l’heure dans une pareille situation. Ils se sentaient tous embarqués dans une routine un peu étrange, sans pouvoir voir la fin de celle-ci. Depuis un an Rey avait pris ces petites habitudes, ces longues habitudes répétitives qui à force perdraient tous leurs sens. Elle avait presque oublié pourquoi elle faisait telle ou telle chose d’une manière si naturelle. Tous, elle y compris, patientaient. Et cette attente semblait infinie. Le plus dur dans l’histoire était de ne pas savoir quand les choses s’arrêteraient un jour. Comme sur Jakku. C’était exactement ce même sentiment, cette même espérance que quelqu’un ou quelque chose vienne bousculer cette situation en suspend. Mais rien n’arrivait pour le moment et elle avait fini par prendre son mal en patience. Peut-être qu’elle était vouée à rester là, à des milliers de lieux de chez elle. Le mal du pays se faisait déjà tant ressentir. Certains jours Rey avait envie de donner un grand coup de pied dans cette fichue ville, de la secouer un bon coup pour voir les choses bouger. Mais ils étaient tous comme elle : désarmés et désemparés. Cloués ici par une force qu’aucun d’entre eux n’était en mesure de contrôler jusque-là. Une force immense, en tous cas, c’était le point de vue de Rey. Et elle n’aimait pas vraiment cette idée d’être bloquée ici sans aucun moyen de retourner la situation. Même mettre cette ville à feu et à sang comme certains le faisait n’avait aucun effet notable. Ils étaient juste bons à attendre et subir cet état inaltérable.
Dormir est parfois un bien grand mot pour la jeune femme. Elle mettait cela sur le compte d’un manque de sécurité. Elle ne se sentait pas chez elle, comme beaucoup de personnes ici. À cela venait s’agglutiner d’autres facteurs comme la culpabilité ou des remords. La nuit tombée, beaucoup de « et si » venaient lui envahir l’esprit et la tourmentaient. Elle repassait en boucle les scénarios vécus jusqu’à ce que ceux-ci s’estompent dans sa mémoire et que les scènes vécues deviennent de plus en plus floues. Pourtant, chaque semaine, une nouvelle trame se profilait et Rey refaisait à nouveau tout son univers d’une toute autre manière. Heureusement, ces journées s’avouaient être bien plus agréables que ces nuits. Elle finissait par bien s’accommoder de la nourriture présente sur cette planète et appréciait tout particulièrement la caféine. Le goût un peu amer l’avait surpris sur le coup, puis ses papilles s’étaient petit à petit habituées à l’équilibre étrange entre cette boisson âpre et à la fois délicate. C’était toujours avec bonne humeur qu’elle allait prendre un café. De plus, avec Aelita cela ne pouvait qu’être un agréable moment à passer en sa compagnie. Cela la rassurait un peu de ne pas être la seule à mourir de faim ici. Au moins, elle serait deux à engloutir une sucrerie dans le salon de thé le plus proche. Elle salivait déjà rien qu’en imaginant ce qu’elle pourrait bien manger dans les minutes à venir. Elle hésitait avant même d’avoir vu la carte, ici les choix étaient tellement vastes habituellement.
« - Je te suis dans ce cas. On pourra s’abriter au moins. »
Rey adressa un sourire à son amie alors qu’elle enfonçait sa tête dans son pull. La brise qui s’était glissée sous ses vêtements lui fit réprimer un frisson. Elle aurait dû se couvrir un peu mieux. Mais elle était partie à la va-vite, comme à son habitude.
« - On a l’occasion de croiser tellement de personnes, d’univers totalement étranges ici, tout de même. »
C’était elle qui disait cela. Ironiquement. Elle faisait tout de même d’une planète qui était composée d’espèces plutôt composites. Et cela ne la choquait même pas. Rey songea un instant à ce qu’elle pourrait raconter de croustillant à son amie et ce qui ferait durer la conversation en longueur. Elle se pinça les lèvres, il y avait deux trois choses qui lui venait à l’esprit, mais rien de bien captivant sur le moment survenait. Elle pouvait lui raconter quelque chose de plus ancien. Une rencontre marquante lui venait à l’esprit.
« - Je ne crois pas t’avoir encore parlé de Ben. On s’est revus il y a quelques mois et je crois avoir assez de recul maintenant pour aborder le sujet sans dire des choses insensées. Nous sommes amis, on va dire. Nous sommes tous deux du même univers. Et on entretient un lien dû aux pouvoirs qu’ont avaient auparavant. On arrivait à communiquer ensemble, sans être sur la même planète. Mais communiquer dans un sens... Réel des choses. On pouvait se voir comme je te vois maintenant. Cela fait bizarre de l’avoir vu, après tout ce qui s’est passé... »
Rey resta interdite quelques secondes, perdue dans ses pensées sans même s’en rendre compte. Cela faisait déjà un moment qu’ils s’étaient vus et ils avaient bien discuté tout de même. Mais c’était toujours un peu perturbant de l’imaginer en vie après l’avoir perdu d’une manière si brutale. Elle n’osait même pas parler du sacrifice qu’il avait fait pour elle. La brune était incapable de mettre le mot dessus. Le dire, c’était comme rendre réel ce qui s’était produit sur Exegol. Elle ressentit un frisson tout le long de son échine et abandonna enfin ses songes pour pointer du doigt la boutique qui apparaissait non loin d’elle.
« - Tu parlais de celui-ci ? Que la devanture est jolie. »
Elle observa les décorations de Noël, la tradition de cette planète dans un murmure d’admiration. Les petites lumières clignotantes derrière la vitrine et au-dessus de l’entrée lui réchauffèrent immédiatement le cœur. Vivre ici avait son lot de bonnes choses parfois. Celle-ci en faisait partie, sans aucun doute. L’atmosphère qui se dégageait du salon de thé était si paisible qu’elle apaisait presque la jeune femme.
Aelita affiche un sourire qui en dit long alors que son amie observe qu'en ces lieux, l'on fait définitivement la rencontre de personnes aux destinées bien particulières, et venues d'horizons tout à fait exceptionnels. C'est la pure vérité, évidemment, mais l'adolescente ne peut s'empêcher de trouver amusant que ce soit Rey qui en fasse la remarque, elle qui, de toutes les personnes qu'elle a rencontrées depuis son arrivée en ville, est définitivement celle à l'histoire (de ce qu'elle en connaît) et aux origines surtout les plus colorés.
Elle-même a beau avoir vécu près de dix ans au sein d'une réalité virtuelle qui l'a maintenue captive et avoir bataillé plusieurs années durant contre une intelligence artificielle de pointe, elle a le sentiment d'avoir mené une vie ce qu'il y a de plus banale en comparaison de tout ce qu'a traversé son interlocutrice. Au point qu'il lui est parfois encore difficile d'assimiler cette réalité brute : une autre galaxie, d'autres planètes, des luttes interstellaires, des vaisseaux spatiaux. Jérémie et Odd auraient sans doute adoré l'histoire de Rey. Elle ne déplaît pas à Aelita non plus. Elle est juste... toujours aussi difficile à intégrer. Même si au point où elle en est, elle ne se sent plus l'énergie de remettre en question le discours de qui que ce soit. Cette ville aux allures de prison et tout ce qu'elle représente ont aisément raison de toute raison, justement. Il faut accepter l'impossible, ou ce qui tenait lieu d'impossible en tout cas, quand l'impossible devient votre quotidien. Après tout, Aelita elle-même a bien compris que sa propre histoire semble impossible à beaucoup également... C'était d'ailleurs déjà le cas dans son propre univers.
Rey enchaîne en évoquant le sujet de Ben. En effet, Rey ne lui en avait encore jamais parlé, et sans qu'elle n'explicite grand-chose, Aelita pense en deviner la raison. Elle avait bel et bien besoin de prendre un certain recul sur la situation, et le lien qui visiblement les unit. Elle n'en dit pas grand-chose, mais Aelita devine bien qu'il y a un lourd passif entre les deux, et elle ne sait pas trop encore si elle doit se réjouir pour son amie ou non. Aelita, elle, rêverait de retrouver quelqu'un de son univers... et à vrai dire, à ce stade, elle commence à se dire qu'elle se contenterait de n'importe qui. Ce serait frustrant, bien sûr, d'attendre après ses meilleurs amis et de voir débarquer Sissi, par exemple, mais au point où elle en est, elle serait bien capable de lui dérouler le tapis rouge. "N'est-ce pas ?" répond Aelita avec enthousiasme en entrant dans le salon de thé qui, à l'occasion des fêtes de fin d'année, avait été décoré aux couleurs de Noël.
Aelita peine à réaliser qu'ils en sont déjà à cette période de l'année. Le temps a passé depuis son arrivée sur l'île. Et par certains aspects, elle a bien souvent le sentiment que rien n'a changé. Elle n'a pas forcément le coeur à la fête. Pendant très longtemps, elle n'a pas eu l'occasion de fêter Noël. Elle a quelques vagues souvenirs de cadeaux déballés au pied du sapin, reliquats de sa prime enfance, mais tout est assez flou. En l'occurrence, sans personne avec qui le fêter, son Noël sera sans doute relativement morne dans tous les cas. Elles pénètrent à l'intérieur, profitent de la chaleur des lieux. Elles s'installent à une table, et tout en considérant la carte des pâtisseries qui y est disposée, Aelita reprend le fil de la conversation. "Qu'est-ce qui s'est passé exactement avec ce Ben ?" demande-t-elle, consciente de son indiscrétion.
A tout instant, Rey pourra refuser de lui répondre, Aelita ne le prendra pas personnellement. Mais peut-être aussi que Rey a besoin ou envie d'en parler ? Et dans ce cas, elle est là pour lui prêter l'oreille la plus attentive.
Au début, lorsqu’elle avait enfin compris qu’elle n’était pas d’ici et que cette vie qu’elle menait ne lui semblait pas spontanée, Rey avait cherché à n’importe quel prix à rentrer chez elle. C’était comme émerger d’un brouillard épais et de se rendre compte que rien n’avait de sens. Cela n’avait pas fonctionné, sans surprise. Et le maigre lot de consolation qui lui restait fût sa mémoire, dès qu’elle en avait l’occasion, elle contait à qui voulait bien entendre son histoire. Et à force d’entendre des tas de choses de la bouche de Rey, son amie devait se faire une idée plutôt bien fournie de son passé. C’était le même cas pour la Skywalker, elle commençait peu à peu à mieux comprendre d'où venait Aelita. Elle trouvait cela tout bonnement incroyable qu’on puisse permuter entre deux réalités opposées et qu’une entité puisse contrôler des choses qui lui sont extérieures par le biais de l’une d’entre elles. Cela relevait encore du futur aux yeux de Rey, c’était complètement passionnant. Elle n’y connaissait rien en informatique, pourtant elle buvait littéralement les paroles d’Aelita lorsqu’elle détaillait son univers. Il lui restait encore tant de choses à apprendre.
Rey avait fini par s’habituer aux gouffres qui se trouvaient entre les cultures des habitants de cette ville, et plus rien ne finissait par la surprendre au final. Le fait d’avoir parcouru la galaxie devait l’aider d’une certaine manière à aborder cela de la meilleure façon qu’elle pouvait. Le plus souvent, elle acquiesçait, essayait de comprendre et parfois d’établir un potentiel lien entre tous ses univers. Mais il n’y en avait aucun. Elle cherchait donc désormais à apprécier les histoires qu’elle entendait plutôt que de les analyser de fond en comble. Cela remplissait son imagination de nouvelles images et de paysages. Elle prenait plaisir à rêver d’autres univers où la vie serait plus saine, en définitive Rey était toujours un peu dans la lune.
« - Tu fêtes Noël ? » Demanda-t-elle par curiosité tandis qu’elle rentrait à l’intérieur.
Toutes ces décorations lui faisaient justement penser à cet événement joyeux, elles lui étaient dédiées après tout. Cela l’amenait à questionner son amie dessus, afin de faire la conversation. Rey n’avait jamais fêté Noël, et ne comprenait toujours pas vraiment l’intérêt de cela. C’était charmant et convivial, mais l’idée de se réunir à une même date chaque année pour déguster une carte bien précise et s’offrir des cadeaux lui semblait quelque peu tordue. Elle n’avait pas réussi à assimiler cette culture et n’avait pas l’intention de mettre chez elle un pauvre arbre qui allait décrépir pendant tout le mois de décembre. C’était étrange de couper un arbre et de le ficher dans son salon, et cela la désintéressait totalement. Bien que de voir de jolies décorations de Noël bien arrangées était un réel plaisir des yeux. Mais son appréciation pour cette fête de fin d’année s’arrêtait là.
La question de son amie la sortie de son observation attentive de la carte et par la même occasion de ses hésitations qui se multipliaient. Comme attendu, il y avait trop de choix. Si Rey n’avait jamais mis sur la table auparavant le sujet qu’était Ben, cela était principalement dû à la mort de celui-ci. Elle ne devait pas penser au passé. Mais cela reposait surtout sur le fait que son sacrifice était un tel fardeau à porter qu’elle s’était retrouvé incapable de même prononcer son nom. Il était mort, et elle avait préféré le laisser en paix avec les autres fantômes de la Force. Le fait qu’il soit vivant changeaient pas mal de choses, surtout en matière de poids sur la conscience. C’était donc déjà moins compliqué de s’exprimer sur le sujet, et maintenant que plus d’un an s’était écoulé depuis son arrivée, elle arrivait à discerner plus distinctement ses intentions et celles de ses protagonistes de l’époque.
« - À l’origine, il devait me tuer. Et moi, j’aurais sûrement dû faire de même. Cela arrangeait tout le monde. Plus de Jedi et plus de Sith. Cela aurait terminé cette guerre qui traîne depuis trop longtemps et qui affaiblit la galaxie entière. Je crois qu’au début, j’aurais pu. Et lui aussi bien évidemment. Ça aurait sans doute changé beaucoup de choses, tuer est le dernier recours pour un Jedi et ça m’aurait peut-être poussé à passer du côté obscur de la Force. J’étais trop instable et en colère contre lui. »
La brune fronça les sourcils, ses yeux s'assombrissant sur le coup. Cette possibilité avait germé dans son esprit lorsqu’elle apprit qu’elle était une descendante de Palpatine. Elle avait le mal tapis là, au plus profond de ses entrailles, et elle avait joué l’équilibriste entre la lumière et l’ombre. Elle détourna le regard qu’elle avait initialement posé sur son amie pour regarder la liste de boissons chaudes qu’ils proposaient, glissant son doigt le long des dénominations caféinées. Elle chassait aussi vite qu'elle pouvait cette idée. Un cappuccino à la vanille lui faisait bien envie pour l’instant. Penser à ce qu’elle allait boire la sortait complètement de sa narration et ce n’était pas plus mal. Il se révélait finalement assez compliqué de s’exprimer dessus. Rey n’avait toujours pas fini son récit, mais elle laissait un peu de temps à Aelita pour replacer les choses dans leur contexte. La jeune Skywalker avait déjà expliqué à celle-ci la différence entre Jedi et Sith, mais certaines nuances qui semblaient logiques pour Rey ne l’étaient pas forcément pour son amie. Cela lui laissait le temps de poser des questions, au moins.
« - Et au final, nous n’avons pas été capables de le faire. Il pensait pouvoir me faire basculer du côté obscur, et moi j’étais persuadée qu’il retournerait vers la lumière. On s’est confrontés à plusieurs reprises, de manière involontaire, par le biais de ce lien dont je te parlais. Quelqu’un d’autre s’est servi de cette connexion pour nous manipuler. Mais ce lien, qu’on appelle dyade nous a permis de venir à bout de ce satané empire. C’est le principal. »
Il y avait encore tant de choses à dire sur ce lien et ce que cela avait impliqué. Mais il n’était plus, alors elle se contenta de clore ce qu’elle racontait. La brune avait terminé son histoire très vite résumée au bon moment puisqu’un serveur se présentait déjà à elles. Rey commanda ce café dont elle avait tant besoin accompagné d’un brownie. Elle allait pouvoir se remplir l’estomac en plus de se réveiller un peu. Tout cela semblait si loin maintenant qu’elle vivait dans cette ville, pourtant les souvenirs restaient si intenses. Elle était incapable de se détacher de ses événements qui restaient si vifs, cramponnés à son image pour encore de longues années.
Aelita hausse les épaules à la question de Rey. Techniquement, oui, elle fête Noël, au sens où Noël est un fête traditionnelle là d'où elle vient, et au sens où elle l'a fêté à sa manière, que ce soit avec ses parents à une époque dont elle n'a plus que de vagues souvenirs, ou avec ses amis ensuite, qui ont toujours tout fait pour l'intégrer et pour qu'elle se sente chez eux. Et évidemment, sur Lyoko, Noël n'existait juste pas. Même le passage des années était quelque chose de relativement flou, en réalité. Mais ces Noël vraiment traditionnels où sa famille serait réunie autour du sapin et de bons petits plats, cela tient plus de la publicité que du souvenir véritable. Et cette année, elle ne pense rien fêter du tout, sans grosse privation pour elle, c'est juste un constat. "Je le fête en temps normal", résume-t-elle plus ou moins, "même si je ne me souviens plus trop de mes Noël en famille. Mais je crois que cette année, je ne vais rien faire de spécial." Elle se tourne vers Rey, réalisant soudain. "C'est vrai, vous ne fêtez pas, de là où tu viens, je suppose. Vous avez peut-être d'autres fêtes, non ?"
Trop de conversations en même temps, sans doute. Quand elles sont installées, c'est pour discuter du fameux Ben, et manifestement, c'est un sujet très particulier pour Rey. Tout a commencé avec ce qui ressemblait à une haine mutuelle, et Aelita grimace quand Rey lui confie qu'elle estime qu'elle aurait pu être capable de tuer ce Ben.
Elle n'a pas envie de voir en Rey une tueuse. Celle qu'elle connaît, celle dont elle est devenue l'amie et qu'elle considère comme une grande soeur, n'a rien d'un assassin, de ça elle est absolument certaine. Et d'ailleurs, elle ne l'a finalement pas tué, ce Ben. Quand elle a fini de résumer sa situation, Aelita n'a aucun mal à comprendre pourquoi il lui était compliqué de savoir exactement où elle en était avec lui... Ils partagent de toute évidence une histoire plus que complexe, et même si l'issue en est apparemment heureuse, il ne doit vraiment pas être facile pour son amie de retrouver ce jeune homme dans ce contexte. Tout est différent, ici, et cela vous oblige sans doute à reconsidérer vos acquis, même vis-à-vis de ceux que vous pensiez connaître... ou commenciez à connaître, du moins.
Aelita s'apprête à répondre quelque chose. C'est ce moment que le serveur choisit pour s'enquérir de leur commande. Rey prend un café, Aelita un chocolat chaud avec supplément chantilly (on est gourmande ou on ne l'est pas) et un brownie, elle aussi (qu'est-ce que je disais). Elle attend que le serveur se soit éloigné, qui n'a franchement pas besoin d'entendre ce qu'elles se disent, pour reprendre la parole. L'histoire de Rey, le monde d'où elle vient, tout ça ne cessera jamais de la fasciner. "Vous ne l'avez plus du tout, ce lien, cette dyade ?" demande curieusement Aelita, tout en redoutant un peu d'être indiscrète mais trop curieuse pour ne pas l'interroger.
Ce doit être étrange, ce genre de connexion à une autre personne. Et peut-être tout aussi étrange quand on finit par la perdre.