[TERMINE] Cours de botanique pour herboriste débutant (Wall E.)

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Marvin & Wall E. ;

Rien de telle qu’une petite sortie au jardin botanique pour s’éloigner de ma vie professionnelle trépidante mais également stressante. Bien sûr, j’aimais mon laboratoire et le temps que je pouvais y passer à créer et réaliser le futur de la médecine. Mais m’aérer l’esprit me permettait parfois de trouver de nouvelles idées. Il n’y avait rien de mieux qu’observer le monde pour mieux comprendre son fonctionnement et apporter des solutions en parfaites adéquations avec ce dernier. Contrairement à ce que les scientifiques ayant élaborés ma matière grise pouvaient penser, les secrets de l’univers n’étaient pas dissimulés entre quatre murs. A l’époque, je n’avais jamais autant appris qu’en devenant la nageoire droite de Skipper.

C’était une chose que j’avais eu tendance à oublier une fois mon arrivée sur l’île. Entre ma psyché délicate et ma peur de recroiser mes anciens amis, j’avais passé trop de temps enfermé dans le noir privé de tout contact. Une chance pour moi, un ange aux cheveux dorés avait changé beaucoup de choses dans ma vie. Elle m’avait ouvert les portes de ce nouvel univers m’invitant à le découvrir à ses côtés. Jamais je ne pourrais lui en être suffisamment reconnaissant. Et j’avais la certitude que jamais je n’avais ressenti de tels sentiments pour personne. Même pas à l’époque où je fréquentais Doris, cette belle dauphine au regard de braise et au cœur de pierre. Sans Raven ma vie n’aurait été qu’une lutte permanente pour une survie qui n’avait qu’un goût amer. A présent, mon cœur était rempli d’espoir et même si j’appréhendais toujours le monde, j’avais le courage de l’affronter le bec bien haut et la démarcher assurée.

J’affectionnais tout particulièrement le jardin botanique. Comme tout scientifique en médecine, j’avais conscience de la valeur inestimables des plantes dans ma profession. Il y a un temps où les gens taxaient les herboristes de sorciers et les brûlaient sur un bûcher. Pourtant ils avaient raison. Les plantes étaient à l’origine d’un nombre incalculables de remèdes et avaient permis de soigner des maladies très diverses. D’ailleurs la plupart des médicaments qui circulaient aujourd’hui sur le marché s’inspiraient de leur vertu et ne faisaient que reproduire chimiquement leurs propriétés. J’en ferais donc de même en espérant trouver le remède miracle à certaines maladies orphelines que j’étais menées à étudier.

Préparant mon excursion, j’avais rangé dans ma sacoche des livres sur la santé par les plantes, empruntés à la bibliothèque de l’hôpital. J’avais tellement parcouru de fois ces livres qu’ils étaient à présent raturés, soulignés et certaines pages avaient même été racornies. Etai-je réellement sensé les rendre dans cet état-là ? Peu importe. Si jamais la bibliothécaire s’en plaignait, je pourrais toujours lui en racheter de nouveaux. Ma passion souvent débordante ne m’empêcherait pas de faire preuve d’un minimum de savoir vivre.

J’avançais dans les allées, mon livre à la main et un sandwich dans l’autre. Il fallait bien que je prenne 5 minutes de mon temps à manger quelque chose même si à mes yeux manger était une activités bien ennuyeuse qui me privait d’un temps précieux que j’aurais voulu consacrer à mes recherches scientifiques. Je croisais alors la route d’un jeune jardinier tout occupé à sa besogne. Je ne pus m’empêcher de remarquer ses cheveux couleur arc-en-ciel. Assez étrangement, je sentis un léger pincement au cœur. J’imaginais volontiers que le plus jeune membre de notre commando de manchot, le jeune Private, n’aurait pas hésité une seconde à se teindre les cheveux de la même manière s’il s’était retrouvé sur cette île étrange. Mais ce n’était pas lui, n’est-ce pas ? Il n’y avait aucune chance pour qu’il puisse travailler ici. Ravalant mes craintes idiotes, je l’abordais alors.

« Pardonnez-moi jeune homme, pourriez-vous me dire où je pourrais trouver les plantes valérianacées ? »
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Flâner dans le jardin botanique était devenue une habitude pour moi. Il y avait tant de merveilles à voir sur chaque lopin de terre. C’était une source inépuisable de connaissance et de découverte stimulant mon cerveau comme à chaque fois que je m’abandonnais complètement à un projet qui me tenait à cœur. Les stimulations intellectuelles étant mon oxygène, j’avais besoin d’en découvrir plus, toujours plus, et je l’appréciais d’autant plus lorsque je pouvais le faire en compagnie de spécialistes du domaine. Même s’il était difficile de pouvoir trouver une intelligence semblable à la mienne. Et je dis cela en toute modestie ! Mon cerveau a été fabriqué pour devenir un ordinateur surpuissant et toujours en éveil, ce n’est pas le cas d’autres être pensants qui étaient simplement des êtres vivants d’intelligence moyenne.

Ils préféraient cependant développer d’autres capacités qui moi m’échappaient totalement… les compétences sociales par exemple. J’avais toujours beaucoup de mal à comprendre mes congénères. Très souvent, j’interprétais mal leurs émotions et leurs désirs. Le deuxième degré était une notion qui me passait souvent bien au-dessus de la tête et cela pouvait être handicapant dans un monde où le sarcasme et l’ironie s’imposaient comme des nouvelles formes de communication indispensables pour briller en société. Voilà pourquoi je ne me permettais pas de juger le jeune homme qui était en face de moi. J’ignorais si ces problèmes de prononciation venaient de tic de langage ou d’ignorance de sa part, même si je devais bien admettre que la première hypothèse aurait été bien plus rassurante pour moi.

« Euh oui des valérianacées… ce sont des plantes que l’on utilise en médecine pour leurs vertus relaxantes. Elle est utilisée pour soulagée les tensions nerveuses et les troubles du sommeil. Elle est également appelée herbes aux chats car les félins sont très attirés par leurs fortes odeurs. »

Je me rendais alors compte que je me perdais dans mes explications. C’état bien mon problème. Là où le jeune homme avait des problèmes à s’exprimer, je ne pouvais pas m’empêcher d’étaler ma science. Nous formions décidément un drôle de duo. Continuant à l’observer, je me rendais compte qu’il était en plus maladroit. Des difficultés motrices couplées à des problèmes de prononciations… tiens, tiens. D’où cela pouvait-il bien venir ? Était-ce les symptômes d’une maladie particulière ? Psychosomatique ? Je ne m’arrêtais pas à ces considérations, choisissant plutôt de me comporter d’une manière socialement acceptable. Je l’aidais à reprendre appui sur ses jambes.

« Oh ce n’est rien… cela peut arriver à tout le monde. »

Une fois encore, je n’étais pas réellement plus à l’aise sur mes jambes que lui. Le désavantage d’avoir été un pingouin… l’équilibre sur terre ne faisait pas partie de nos plus grandes forces. Je décidais alors de le suivre et en chemin me permit de faire « la causette » comme on le dit vulgairement. Cela aussi était une convention de la société.

« Est-ce que cela fait longtemps que vous travaillez ici ? »

Je regardais le jeune homme et sa drôle de coupe arc-en-ciel qui aurait fait pâlir d’envie le jeune Private.

« Je viens souvent par ici et je n’avais encore jamais eu l’occasion de vous y croiser. »
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Même si le jeune homme en face de moi avait un comportement bien étrange, je ne m’en formalisais pas. Il ne maîtrisait ni sa gestuelle, ni ses paroles. A croire qu’il n’avait pas eu l’occasion de le faire depuis longtemps ou qu’il n’avait simplement jamais appris. Ma première théorie à ce propos était que je me trouvais en présence d’un ancien animal. Pourquoi pas après tout ? Lui-même était en face d’un ancien manchot même s’il n’en avait pas conscience. Ma transition vers un être humain avait été étrangement quelque chose de simple pour moi. Arrivé amnésique sur cette île, je n’avais aucun souvenir de ma vie précédente et donc, par conséquent, de l’espèce animale à laquelle j’aurais dû normalement appartenir. Tout me semblait simple alors, sans doute parce que j’étais un animal pratiquement anthropomorphisé qui avait appris depuis longtemps comment se comporter comme un être humain. A moins qu’il s’agît de mes remarquables capacités intellectuelles qui m’avaient permis de m’adapter aussi facilement ? En tout cas, le jeune employé en face de moi ne s’y trompait pas. Il saluait avec gentillesse mon savoir et je bombais le torse de fierté.

« Il n’y a pas de quoi. J’aime transmettre mon savoir aux autres. »

C’était effectivement le cas. Même à l’époque, j’adorais faire étalage de mes connaissances ce qui avait le don d’agacer prodigieusement Skipper. Cependant, je me mis rapidement à penser. S’il ne savait pas de quoi il s’agissait, peut-être n’était-il pas la personne la plus indiquée pour répondre à mes questions ? Peut-être aurais-je dû choisir de m’éloigner à ce moment-là mais le mystère qu’il représentait à mes yeux me poussait à vouloir rester à ses côtés. Je voulais connaître et percer à jour sa nature sa véritable nature. Peut-être que le simple fait d’échanger avec lui me permettrait de résoudre son mystère. Il m’expliqua alors sa propre histoire et je finis par hocher la tête.

« Oh parler mal n’est pas forcément un gage d’incompétence. Tenez moi-même j’ai connu quelqu’un… »

Je finis par retenir ma langue, craignant de divulguer des informations indiscrètes et presque top secrète sur notre petit commando de manchots. Et pourtant le souvenir de l’absence de Rico me pinça légèrement le cœur. Je ne désirais pas m’étendre sur le sujet trop en détail et changeais donc de discours.

« Bref, travailler et sans doute le meilleur moyen d’acquérir du savoir. La pratique aide à figer ses connaissances dans sa mémoire à long terme bien plus efficacement que la théorie. »

Il me demanda alors si j’étais médecin. Excellente conclusion que je crus bon de souligner. Cette information n’était pas forcément des plus évidente. J’acquiesçais alors d’un mouvement de tête.

« Presque. Je suis chercheur en médecine. J’aide à trouver de nouveaux remèdes et détecter de nouvelles maladies. N’étant pas très à l’aise dans les contacts sociaux, cela me permet d’exploiter aux mieux mes compétences. »

Je m’arrêtais alors un instant, m’estimant en droit de lui poser une question qui me brûlait mes lèvres.

« Pardonnez mon indiscrétion mais vous n’avez pas toujours été un être humain. Je me trompe ? »    
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L’espace d’un instant, je me pers en songerie et en veine conjecture. Je repense à mon commando, mes amis qui ont failli disparaître par ma faute. Cette pensée me sert toujours le cœur, prouvant que cet organe était bien présent à l’intérieur de moi. Oh bien sûr c’est une vérité que je n’ai jamais mis en doute. Cela serait totalement stupide de croire que j’étais dépourvu de cette pompe essentielle à la projection de sang dans l’organisme et donc à la survie de tout mon organisme. Non je parlais au niveau métaphorique du terme. Mon esprit clairvoyant et prompt à la réflexion pure et dure mettait parfois le doute sur mon humanité… ou devrais-je dire sur mon pingouinité. Mot qui n’existe pas mais le devrait pourtant. Bref, je pensais très fort à mes amis et il m’arrivait bien souvent que certaines anecdotes de notre passé commun surgissent dans mon esprit sans que je ne puisse rien y faire. Dans ces moments-là, je souffrais de leur absence et me trouvais pathétique de n’avoir que ces souvenirs auxquels me raccrochait pour me rappeler leur existence. Cependant, je n’étais pas prêt à partager ces souvenirs et ces états d’âme avec qui que se soit. Je ne l’avais jamais fait avec Raven, la charmante assistance sociale qui me suivait dans mon intégration à ce monde. Alors pourquoi le ferais-je avec un parfait inconnu ?

« Oui oui ne vous inquiétez pas pour moi. »

C’était un mensonge bien évidemment mais cela me permettrait de détourner la conversation pour le moment. Nous parlions alors des fleurs et des plantes de la serre. L’occasion pour moi d’étendre tout mon savoir face à un jeune homme maladroit mais adorable qui les buvait avec plaisir. Je me sentais alors gonflé d’orgueil. C’était tellement agréable d’être reconnu à sa juste valeur. C’est alors qu’il se lance dans les explications, me racontant ce qu’il était avant d’être un humain. Je n’arrive pas à le croire. Ce petit bonhomme en face de moi était à un moment de sa vie un robot… un vrai robot ? Je ne détournais plus le regard de lui à présent, entre ouvrant malgré moi légèrement la bouche comme si je venais d’entendre la nouvelle la plus incroyable de ma vie.

« Vous étiez un robot ? Un véritable robot ? C’est incroyable… c’est fou ! Je n’ai encore jamais rencontré un être en chair et en os qui étai à la base un amas de boulons et de métal. C’est fou. »

Je m’emporte alors comme un gamin ouvrant un cadeau de Noël, un changement de comportement radical mais que je ne pouvais pas maîtriser. Ce qu’il me racontait était tellement étonnant et bien au-delà de toute réalité.

« Les mystères de cette Lune Rouge sont réellement incroyables ! J’aurais une foule de questions à vous poser. Mais je ne sais… enfin je ne sais si je peux me permettre. »

Je disais cela uniquement par politesse, afin que cela ne le fasse pas fuir. J’avais curieusement remarqué les années passant que nos interlocuteurs n’appréciaient pas que l’on soit trop indiscrets à leur sujet, encore moi lorsqu’ils ne nous avaient pas invités à le faire. Faire preuve de politesse dans cette situation me permettrait d’en apprendre plus sur lui. Choir purement stratégique.

« Cela a dû vous faire un grand choc de vous retrouver ici mais au moins je comprends pourquoi la nature vous passionne à ce point. C’est logique étant donné qu’elle découle directement de votre programmation et de votre raison d’être. »

Il me demanda alors ce que j’étais dans notre monde originel. Je me rembruni alors subitement. Il n’y a rien sur moi que je pourrais lui raconter qui ne le ferait pas fuir. Je tentais malgré tout quelques informations de base.

« Oh oui… on peut dire cela comme ça. Mais j’ai touché à tous le domaine de la science. Tout comme vous je n’étais pas humain à ma conception. J’étais un manchot. »
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Je devais bien admettre que le jeune homme m’intriguait de plus en plus. J’appréciais déjà sa grande soif de connaissances que j’abreuverais avec plaisir s’il venait à me poser des questions. Le grand avantage avec ma mémoire inégalable c’est que je peux stocker des tonnes d’information sans jamais les oublier… tout du moins c’est ce que je crois. Les choses ont un peu changé depuis mon arrivée sur l’île. Il faut dire que mon séjour à l’hôpital a endommagé mes circuite neuronaux. Saleté de médicaments ! Je tâche malgré tout de toujours faire bonne figure et mes capacités restent malgré tout bien supérieur à la moyenne. Bref, lorsque l’ancien petit robot me parle sans retenue de son ancienne nature et cela me fascine. J’ai toujours été passionné de robotique. En plus de leurs applications militaires, j’avais très envie de travailler sur un projet qui permettrait de créer de véritables animaux de compagnie bien moins encombrant que de véritables animaux… qui pourrait accompagné des personnes allergiques, en situation de handicap, malades ou que sais-je encore. Rencontrer ce jeune homme était donc une aubaine pour moi et j’en profiterais autant que possible.

« Oh et de quoi étiez-vous composé encore ? Etiez-vous capable de vous réparer ou aviez-vous besoin de l’assistance d’un humain ? Dans votre monde, existait-il des robots pour accomplir différentes tâches ? Si oui, lesquelles ? »

Je me rendais compte que je m’emportais beaucoup trop facilement. Je ne voulais pas trop l’effrayer. Même si je ne connaissais pas tous les habitants de cette île, je pouvais facilement deviner que les robots ne couraient pas les rues. Si je perdais le contact avec lui qui sait auprès de qui je pourrais me renseigner ?

« J’ai encore une question plus importante à vous poser… n’accomplissiez-vous que les tâches pour lesquelles les humains vous avaient programmés ou étiez-vous doté d’une conscience ? Je vous pose la question car je souhaiterais plus loin les compétences actuelles en matière de robotique. Créer de véritables animaux de compagnie, dotés de leurs propres caractères et raisonnements. Mais j’ignore si cette tâche serait réalisable. Et je pense que votre savoir pourrait m’être d’une aide précieuse… si bien sûr vous accepter. »

J’en oubliais presque le but initial de ma visite. En même temps, ce qu’il avait à me dire était tellement passionnant. J’adorais cette idée et j’étais certain que cette conversation serait réellement prolifique. Je m’intéressais alors à lui et à son intégration en tant qu’êtres humains.

« J’imagine que cela n’a pas dû être facile pour vous tous les jours. Vous avez dû apprendre à vous alimenter et vous habituer à dormir ? Qu’avez-vous trouvé le plus difficile en devenant humain ? Avez-vous des choses que vous n’arrivez pas encore à faire ? »

Il s’intéressa alors à moi. Il est vrai que moi aussi j’étais loin d’être quelqu’un d’ordinaire. Même si je partageais un grand nombre de fonction de base avec un mammifère, ce changement de statut m’avait également demandé un certain temps d’adaptation. Le jeune Wall. E s’intéressa alors à son tour à ce que j’étais auparavant.

« Un manchot… oh eh bien c’est un petit oiseau marin de la famille des Spheniscidae. Il existe 18 espèces de manchots réparties dans l’hémisphère Sud. Nous nous adaptons à tous aussi bien aux environnements polaires qu’aux climats tropicaux. Notre caractéristique est que nous ne savons pas volés… nous sommes en revanche d’excellents nageurs. Il y aurait tant à vous expliquer à ce sujet mais je crois avoir assez bien résumé notre nature. »
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Peut-être que je lui posais trop de questions ? Allez savoir. Il faut dire que je débordais de curiosité et d’envie d’apprendre. C’était ce qui faisait que j’étais moi et j’en étais très fier. Que vaut la vie sans savoir ? C’était une existence vouée car incapable de s’adapter à son environnement. C’est vrai qu’on ne vivait pas dans le même monde et qu’on ne trouvait pas à chaque coin de rues des robots traiteurs de déchets. Mais il y avait toujours quelque chose de bon à prendre un récit raconté par un expert. Je buvais littéralement chacune de ses paroles et ne me gênais surtout pas pour faire de remarques au moment où il abordait les points qui me semblaient le plus passionnants de tous.

« Ainsi les humains vous avaient programmé afin que vous deveniez totalement autonome ? C’est impressionnant et vraiment intéressant. Vous avez l’air de plus d’échapper à la norme puisque vous avez développé votre propre intelligence qui vous as vraiment permis de survivre. Pensez-vous qu’il s’agissait d’une erreur bienheureuse de programmation ou possédiez-vous une conscience ? »

La question était maladroite certes mais soulevait d’étonnants questions philosophiques. Une machine dotée de conscience, ce n’était pas banal. Il faut dire que c’était également le grand fantasme apocalyptique de grands réalisateurs de films dans notre monde.

« Il est vrai que bons nombres de robots ont été créer afin de répondre à des besoins spécifiques. Il faut comprendre les scientifiques. Jamais ils ne pourront créer d’être aussi complexe que les êtres humains… d’ailleurs même chez les humains il a des personnes créer pour être médecins, d’autres pour être botanistes ou d’autres encore pour être avocats. Je pense qu’il n’y a pas que chez les humains que les êtres sont créés avec des dons qui leur sont propres. »

Je ne sais pas trop à qui était destinée cette longue tirade… à lui ou à moi ? Dans le fond peu importe. Je trouvais ce commentaire utile et je trouvais normal de le partager avec lui. Il me demandait alors pourquoi les humains voyaient comme nécessités d’avoir des robots comme animaux de compagnie.

« Allez savoir. Les humains sont tellement arrogants. Ils ne se doutent pas toujours des grandes capacités que peuvent avoir les autres animaux… je dis autres car les humains sont des animaux également même s’ils l’oublient souvent. Mais les animaux sont également imprévisibles. Peut-être que cela arrange les humains d’avoir un minimum de contrôle sur leurs créatures. J’ai connu par le passé une gardienne de zoo qui rêvait de remplacer tous les animaux de son zoo par des copies conformes, des robots bio mécaniques. Tout cela parce qu’elle ne supportait pas de faire le ménage derrière eux. Vous imaginez la situation ? »

Ce souvenir me fit légèrement rire. Cette histoire semblait tellement grotesque lorsqu’elle était racontée après que ces évènements eurent lieu. Je souris à nouveau compatissant lorsqu’il évoqua la peine qu’il avait à comprendre les sentiments humains.

« Oh vous savez c’est le cas de beaucoup de monde. J’ai moi-même beaucoup de peine à comprendre mes congénères. Les sentiments sont tellement changeant et nuancés… on peut dire quelque chose et penser tout autrement. Comment démêler les sentiments ? C’est une tâche très ardue et difficile. »

Il était lui-même très curieux et cela se ressentait dans les questions qu’il me posait. J’aimais son attitude et j’étais bien évidemment très heureux de pouvoir lui répondre.

« Les manchots sont des oiseaux blancs et noirs. C’est une sorte de camouflage pour se protéger de prédateurs. Nous avons des ailes, oui. Mais les nôtres ne nous permettent pas de voler. Nous sommes trop lourds et nos ailes ne sont pas taillées pour. En revanche, nous faisons d’excellent nageurs. Nous pouvons atteindre jusqu’à 10 kilomètres / heure dans l’eau. Nos cousin pingouins en revanche sont tout à fait capables de voler… il y a souvent une erreur de dénomination entre les espèces dans notre langue d’ailleurs. Mais rappelez-vous de ceci… les pingouins volent et les manchots non. Il faudrait que je vous en montre un jour. Ce sont des animaux fascinants, sans fausse modestie »
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Sa petite bouille était vraiment trop adorable à rougir ainsi à mon compliment. Pourtant, c’était bien vrai. Je trouvais incroyable de penser qu’un robot comme lui avait pu s’adapter si bien à son environnement alors que son monde était totalement apocalyptique, pire que cela même. Comme quoi ce que certains peuvent considérer comme « Une anomalie » peut s’avérer être en réalité la plus belle des exceptions. Je l’appréciais beaucoup ce petit robot. Sa grande curiosité ainsi que la candeur qui émanait de lui me faisait penser à notre cher petit Private. Nom d’une sardine… qu’est-ce que le jeune manchot pouvait me manquer ! Il y a si longtemps que nous nous étions séparés et j’ignorais si un jour je parviendrais à le revoir. Alors retrouver un peu de lui dans cet ancien robot m’apportait une sorte de sentiment de bien-être assez étrange et indescriptible.

Il semblait vraiment choqué par l’histoire que je lui avais raconté à propos de cette diabolique gardienne de zoo. Son seul souvenir me faisait frissonner. Penser qu’il pouvait exister dans ce monde des êtres aussi perfides avait de quoi faire dresser les plumes sur la nageoire. Je hochais la tête d’un signe négatif lorsqu’il me demanda si elle avait réussi.

« Au début oui. Sa mascarade a marché durant un temps. Mais nous avons réussis à découvrir son plan machiavélique et à y mettre un terme. Vous savez, je faisais partie d’un petit commando de pingouins à une époque. Nous protégions les animaux et remplissions des missions pour garantir leur sécurité. »

Je rabaissais mon regard un instant en parlant de mes chers amis. Je me rendais alors compte que je n’avais jamais évoqué cette période de ma vie avec une autre personne depuis mon arrivée sur cette île. Mais c’était ainsi. Il faut dire que le jeune jardinier avait un don. Il inspirait immanquablement la confiance des autres. Je le regardais un instant interdit avant d’annoncer.

« Mais gardez cette histoire pour vous… je ne veux pas que ça s’ébruite. C’est un secret. »

Il me demanda alors pour quelle raison cela me faisait rire. Je pris donc le parti de l’honnêteté.

« Cela parait si étrange que des oiseaux puissent accomplir le genre d’exploits que nous accomplissions au quotidien. »

Je me rendis alors compte qu’un insecte avait grimpé sur son épaule. Cela devait être une chose assez commune dans un jardin botanique. Après tout, il y avait beaucoup de plantes autour de nous. Je pointais alors ma propre épaule en déclarant.

« Excusez-moi mais vous avez un… un cafard sur votre épaule. »

Je restais bien intrigué par ce phénomène mais poursuivais notre discussion. Je lui montrais à quoi ressemblait les pingouins. Il les trouvait beau… il me trouvait beau ? Je le regardais très étonne, ne sachant pas vraiment de quelle manière réagir.

« Oh et bien je… je vous remercie pour ce joli compliment. »

C’était la meilleure manière de réagir, non ? Nous poursuivions la visite et il finit par dégotter la plante que j’étais venu chercher.

« Je vous remercie. Sans vous, j’aurais été incapable de la trouver. Milles mercis. »

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Je reculais d’un pas lorsque l’ancien robot annonça joyeusement que j’étais un héros. Un héros, moi ? J’avais cru pouvoir en être un. Tout le temps que j’avais passé au sein de notre commando avait eu pour effet de me rassurer sur mes propres capacités. Mais j’avais bien vite été rattrapé par cette froide et cruelle vérité. Mon cerveau était celui d’un meurtrier, une arme en puissance qu’un simple geste suffisait à éveiller. Si j’avais pu être un héros, il n’en restait plus aucune trace aujourd’hui. C’est une chose qui manquait à ma vie et une partie de moi que j’aurais vraiment voulu pouvoir retrouver un jour. Qui sait ? Il ne fallait pas désespérer. Je commençais à être bien entouré ces temps-ci. Soutenu par des amis fidèles qui étaient tous heureux à l’idée de pouvoir un jour me sauver. Peut-être que je pourrais redevenir fier de moi un jour. Qui peut savoir ce dont demain sera fait ? Je répondis donc modestement.

« Je ne crois pas avoir grand-chose d’un héros. Si seulement vous aviez pu connaître mes compagnons. Eux c’était de véritables héros. Et mon commandant bien plus que nous trois réunis. »

Skipper me manquait atrocement. Ils me manquaient tous à vrai dire. Mais il était hors de question pour moi de signaler ma présence tant que je ne m’en estimerais pas digne. C’est pour cette raison que je demandais au robot de tenir le secret. Je ne savais pas si mes amis étaient présents sur l’île. Je n’avais pas approfondis mes recherches à ce point-là. Mais qui sait ? Alors tant que je n’en aurais pas de certitude, je tiendrais mon bec et éviterait de laisser trop d’informations trompeuses à mon sujet.

Je fis la connaissance, amusé, de la petite créature qui se promenait sur l’épaule du jeune botaniste. Avoir un tel animal de compagnie n’était pas une chose commune, c’était certain. Je me rappelais encore la crainte et le dégoût que ces insectes bien intelligents pouvaient inspirer à notre cher Private. S’il avait été présent ici, il se serait très probablement enfuis craignant plus que tout qu’il ne lui saute à la gorge.

« Nesquick vous avez dit ? En voilà un prénom tout à fait adorable. Ces petites créatures sont très intéressantes. Résistantes et plus intelligentes que l’on pourrait le croire. Je vous envie d’avoir un tel compagnon. »

Il vient alors le moment de se quitter. Je retournais à mes recherches. J’étais ravis d’avoir pu connaître un jeune homme à l’identité si passionnante. Il m’annonça que lui-même avait pris beaucoup de plaisir à parler avec moi. C’était donc un sentiment partagé et je m’en sentis très content.

« J’ai été ravi de faire votre connaissance, moi aussi. J’espère avoir l’occasion de vous recroiser à l’avenir. Cela me ferait extrêmement plaisir de faire une visite de l’aquarium avec vous en tout cas. »

Je lui tendis alors une petite carte avec mon numéro de téléphone dessus. C’était une démarche certes solennelle mais j’étais au moins certains qu’il puisse l’avoir.

« N’hésitez surtout pas à joindre si l’aventure vous tente. Je serais ravi de vous revoir. »

Je le quittais ainsi, persuadé de pouvoir me faire un nouvel ami. Et cela tombait bien car j’en avais bien besoin.

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