Aemond avait fait de son mieux pour donner aux jumeaux ce que son propre père lui avait refusé : le droit d’avoir une personne sur qui compter pour le protéger contre le monde, un amour inconditionnel. Avec le secret qui avait tout de même fini par s’effriter, lorsqu’il avait commencé à magouiller pour obtenir les droits parentaux qu’il refusait de laisser à Aegon, ça n’avait pas toujours été facile, mais lâcher prise ne lui était jamais passé par la tête, alors que lui-même était encore en train de grandir, de devenir un adulte accompli. Les choses s’étaient adoucies, dix ans plus tôt, lorsqu'ils avaient retrouvé Helaena dont la présence l’avait convaincu d’assumer sa vérité et de cesser de se camper dans le rôle d’oncle. Et ses nouvelles expériences lui permettaient de voir la parentalité d’un autre œil, mais il y avait toujours ce fond de culpabilité à l’idée de ne pas en faire assez. Surtout depuis que les jumeaux naviguaient dans l’adolescence, commençant à réclamerleur indépendance. Aemond ne savait plus trop comment leur parler, comment panser leurs maux… Même Alicent ne pourrait pas lui donner la réponse, croyait-il. Il ne les avait jamais bercés comme l’avait fait Helaena, et n’avait donc pas ce lien particulier avec eux. C’était aussi qu’ils avaient eu la chance de ne pas avoir à grandir trop vite par obligation de s’occuper d’eux-mêmes, comme lui avait dû le faire. La naïveté de l’adolescence, il ne l’avait pas connue. Seulement la colère. Et celle-là, il la retrouvait chez Jaehaera, sa fille, qui avait pris ses traits plus que ne l’avait fait Jaehaerys. D’enfant douce que certains adultes traitaient de « simple d’esprit », elle était devenue une adolescente vive, authentique et intelligente à sa manière, mais difficile.
Le jeune avocat avait vu rouge lorsqu’on l’avait sollicité pendant une réunion pour lui demander de venir à l’école chercher Jaehaera, qui avait osé se défendre contre un petit groupe d’ado dont elle était la risée depuis le début de l’année scolaire. Encore plus lorsqu’il avait remarqué, en mettant les pieds dans le bureau du directeur, qu’il était le seul parent convoqué. À ce moment-là, il s’était vu dans les chaussures de sa mère, seule envers et contre tous, insistant pour que Lucerys soit puni. Une même impuissance, un même désir de lui sauter à la gorge, le happait chaque fois que le recteur refusait de lui dire pourquoi sa fille était la seule à être punie. Il ne réclamait pas la même punition pour toutes, simplement qu’elles ne s’en sortent pas qu’avec une légère réprimande. L’homme n’avait pas perdu sa tête de cochon ni sa tendance à attirer l’attention en tapant sur une table : il ne quitterait pas le bureau tant qu’on ne lui donnait pas une réponse satisfaisante (spoiler : il obtint gain de cause).
Le chemin vers la maison d’Helaena se fit dans un silence que le père tenta parfois de briser à coups de questions concernant la situation et de paroles semi-rassurantes : il ne la punirait jamais pour s’être défendue, mais que de foutre le feu à une veste, encore sur sa propriétaire, c’était peut-être un peu limite. Même si ça l’avait fait sourire en coin, parce que c’était du mini-lui pur et dur. Mais peu importe ce qu’il tentait, Jaehaera ne lui accordait que son silence, si ce n’était qu’un grommellement de temps à autre. Compliqué d’être pris au sérieux par une gamine de seize ans quand on en a à peine le double… Il tendit la main pour qu’elle lui rende son briquet, prétendument introuvable selon le directeur ; ce qu’elle fit à contrecœur, et il le rangea dans le coffre à gants. Lorsqu’il alluma la radio pour apaiser l’ambiance, l’adolescente la coupa et lui jeta un regard froid. Aemond leva l’œil au ciel.
***
Arrivé chez sa sœur, il n’a pas besoin de sonner à la porte : Jaheaera la déverrouille et part en coup de vent vers sa chambre. Jaehaerys suit, accordant un haussement d’épaules semi-compatissant à son père. Le jeune homme soupire et se masse le front, alors qu’il rejoint Helaena qui devait déjà être au courant de la situation, vu le message agacé qu’il avait laissé sur son répondeur. « Je sais que c’est mon tour de garde, mais je viendrai les chercher après-demain, d’accord ? J’ai des coups de fil à passer. » , un moyen de dire qu’il ne fait pas confiance au recteur et qu’il compte informer lui-même les parents de celles qui embêtent sa môme. Il s’invite dans le salon, où il dépose sur la table basse la pile de devoirs que l’école avait laissés pour occuper Jaehaera durant sa suspension avant de se laisser tomber sur un canapé. Il croise les bras contre son torse, l’air à la fois songeur et embêté. « Pourrais-tu lui parler ? Elle ne veut rien entendre, quand ça vient de moi. » Il craint surtout qu’elle se renfrogne dans cette absence d’expressivité qu’on lui reprochait, lorsqu’elle était encore toute petite. Aemond secoue la tête et laisse tomber un petit rire. « J’ai l’impression de me parler à moi, quand j'avais son âge. Pauvre maman… » Une petite pensée pour cette Alicent à qui ils n’avaient pas toujours fait la vie facile.
(c) DΛNDELION
Invité
Jeu 13 Avr - 0:55
let's talk about Jaehaera {ff, 2033}
Être arrivée sur cette île, c'est relevé être une véritable chance pour Helaena. Elle qui pensait encore quelques années auparavant être désormais privée a jamais de sa famille et condamnée a errer dans ce monde moderne dans lequel elle ne serait jamais tout a fait à l'aise ; avait tout retrouvé en l'espace de quelques semaines. Le clan Targaryen avait été réuni, réinsufflant de la vie dans le cœur d'Helaena qui ne pouvait exister sans eux autour d'elle.
Quant a ses enfants, non seulement, ils avaient été retrouvés sains et saufs, mais ils avaient également pu s'épanouir ici dans un cadre parfait. Westeros natale manquait terriblement à la fille aux cheveux blancs, et sûrement autant aux jumeaux. Mais ici ne pesait plus sur leurs épaules la responsabilité qui incombait aux régents du royaume, nul contrainte de mariage politique, de batailles forcées comme leurs parents avaient vécu. A la place, il y avait le lycée, les sorties entre amis, les réseaux sociaux et les expérimentations stylistiques et capillaires dignes des adolescents de 2033.
Ces dits adolescents étaient au lycée aujourd'hui, et pendant ce temps, Helaena vaquait à ses occupations de cogestionnaire de la réserve animalière locale. Une activité chronophage entre la paperasse, le soin et autres tâches qui allaient avec, mais toujours une passion. Elle était encore là-bas d'ailleurs lorsqu'elle avait reçu un message vocal d'Aemond qui lui avait raconté la dernière péripétie de leur fille. Jaehaera avait été touchée par une sanction disciplinaire après une altercation avec des camarades de classe.
La mère de famille n'avait pas saisi tous les détails de l'affaire, mais elle en avait entendu assez pour comprendre que la jeune femme avait mis le feu à la veste d'une camarade en représailles pour ses brimades. Une véritable Targaryen en somme... Pour les valyriens aux cheveux blancs, le feu avait été un allié de toujours, aussi destructeur que purifiant. Et contrairement a certains qui s'était adonné a cet acte pour l'esprit de conquête, Jaehaera l'avait fait pour se défendre.
C'est en s'étant arrangée pour sortir du travail plutôt que prévu, que Helaena se retrouve dans l'après-midi à faire le pied de grue dans sa demeure occupée avec Ivar. Elle y attend l'arrivée sans doute imminente d'Aemond venu y déposer leurs enfants, l'occasion de lui en toucher deux mots quant à la situation.
Aux termes de plusieurs minutes, la porte finit par s'ouvrir sans même qu'elle n'ait besoin de se lever pour y toucher, et à peine le temps de prononcer un bonjour que les jumeaux se retrouvent déjà dans leurs chambres à l'étage. Rien de bien surprenant même si les accueils de ce genre ne sont jamais plaisants.
Sa mine, froissée en une expression confuse, se radoucit un peu face à Aemond. Il est plus grand qu'elle, et toujours aussi impressionnant, mais il ne lui inspire que de la sympathie. Elle ne voit pas un guerrier assoiffé de sang comme il a pu l'être, mais plutôt un père et un homme qui fait de son mieux, c'est criant en cet instant surtout. '' Pas de soucis, je les garde un peu plus longtemps alors. '' il doit déjà être assez fatigué comme ça après sa discussion avec le proviseur de l'établissement des deux ados, elle ne va pas lui en rajouter encore en exigeant de lui plus. De toute manière, ils se sont toujours arrangés à l'amiable pour la garde des enfants, respectant leurs jours divisés équitablement dans la semaine.
'' Tu as fait de ton mieux Aemond, ne t'en veux pas. Jaehaera est une ado, tu sais comment ils sont... Je vais essayer de lui parler quand elle sera un peu moins bougonne. '' sûrement sera t'elle un peu plus enclin a se confier quand le trop-plein d'émotions sera passé.
Helaena se félicite d'avoir confié Maelor aux soins de son père Aegon, ça lui permettra de passer un peu de temps en la compagnie de sa seule fille comme ça.
La remarque d'Aemond provoque un sourire amusé en réponse chez sa soeur. Elle se voit transportée a cette époque qui semble lointaine mais ne l'est pourtant pas tant que ça. '' Tu étais plutôt du genre entêté, et bagarreur pour ne rien arranger. '' confirme Helaena. Elle se souvient d'Aemond prêt à dégainer son épée pour défendre la fierté de sa famille a la moindre provocation de leurs cousins Strong. '' Mais regarde nous, nous nous en sommes plutôt bien sortis. J'ose espérer que nos enfants le feront aussi en temps voulu. '' Alicent avait désiré le meilleur pour sa progéniture et ses efforts n'avaient pas été vains, les quatre enfants avaient évolué dans le bon sens.
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