Etre avocat était important pour Matthew. Même s’il avait parfois remis en cause ce métier, il savait qu’il ne pourrait pas en faire d’autres. De plus, il avait retrouvé une partie de ses dons et cela l’aidait beaucoup. Il pouvait savoir si quelqu’un mentait, si une personne était sincère et il pouvait ainsi choisir ses clients. Evidemment, il donnait aussi de son temps en pro bono. C’était important à ses yeux et il ne comptait pas laisser cela de côté. Cependant, depuis quelques mois déjà, il avait réfléchi à ce qu’il voulait faire. Il travaillait au tribunal depuis son arrivé en ville et il avait envie de changement. C’est ainsi que depuis début mars il faisait des démarches pour pouvoir ouvrir son propre cabinet. Ca lui demandait beaucoup de travail, mais il se disait que non seulement il pourrait avoir encore plus de choix sur ses clients, mais également, cela pourrait amener ses amis à le retrouver. En effet, Karen et Foggy lui manquait énormément et il se disait que s’il ouvrait son propre cabinet d’avocat, il pourrait peut-être parvenir à les retrouver.
Il avait aussi envie d’avoir une partenaire pour commencer et il pensait en particulier à Jennifer Walters. Il avait senti durant leurs entretiens comme avocats qu’elle se retenait de lui quelque chose. Il ne savait pas quoi et il était très loin d’imaginer qu’elle avait toute sa mémoire et pas moi. En effet, il avait oublié qu’il avait déjà fait sa rencontre. Seulement, depuis quelques semaines déjà, il avait des impressions de déjà vu en sa compagnie, mais il n’arrivait pas à comprendre ce que cela voulait dire. En tout cas, il appréciait beaucoup de pouvoir la voir et il trouvait la jeune femme rafraichissante. Elle était naturelle, sûre d’elle et même s’il était aveugle, il pouvait se faire une image d’elle. Cette image l’attirait beaucoup. Secouant la tête pour sortir de ses pensées, Matthew était à son bureau au tribunal, quand il entendit frapper à sa porte.
Maître Murdock ? Une jeune femme demande à vous voir. Faites-la entrer.
Il pensait qu’il s’agissait de Jennifer et se leva, fermant sa veste de costume, souriant et faisant quelques pas vers la porte. Seulement, en entendant les pas de la personne qu’il pensait être Jennifer, il fronça les sourcils en perdant son sourire. Ca n’était pas le son des pas de l’avocate.
Bonjour.
Il sourit à nouveau, mais cette fois-ci de façon plus factice. Cette personne était potentiellement une cliente, il se devait donc de faire bonne figure malgré tout.
Je vivais dans un monde qui n’était pas le mien depuis quelque temps déjà. Ce n’était pas la maison, mais ça y ressemblait étrangement et après des jours, des mois, voir même des années, je sentais que c’était mon nouveau chez-moi, que ma vie était ici maintenant. Il manquait, bien évidemment, quelques personnes importantes dans ma vie pour que ce soit le cas, et j’osais espérer les retrouver un jour. Peut-être qu’ils étaient ici quelque part ? Peut-être qu’il n’avait pas été affecté par cette pleine lune rouge, en janvier 2019. À mon arrivée, j’ai fait tout ce qui fallait pour survivre et je suis retombée dans mes bonnes vieilles habitudes informatiques. Puis, Maria Hill a décidé de relancer S.H.I.E.L.D. et m’a offert mon ancien job, que je n’ai pu refuser. J’aimais bien ma vie de pirate, mais l’organisation était devenue avec le temps, ma famille. Celle que j’ai toujours voulu, celle que je n’ai jamais eu, puisque j’ai passé la majorité de ma vie dans un orphelinat. Par chance, j’avais Matthew. Il avait quelques années de plus que moi, et il était orphelin lui aussi. Cependant, la vie a fait que nos vies ont pris des chemins différents et nous nous sommes perdus de vue. Il m’arrive de penser à lui de temps à autre. Je me demande ce qu’il est devenu.
C’est peut-être un coup du destin ou un pur hasard, mais un matin, il y a quelques jours, j’ai ouvert le journal, puis j’ai aperçu l’énorme photo de Matthew Murdock, avocat. Il avait gagné un procès super important et il en avait fait un article. J’ai longtemps regardé son visage. Il avait vieilli, mais je ne pouvais me trouver. Je pouvais le reconnaître parmi des centaines. J’étais vraiment fière de ce qu’il était devenu. J’ai fait quelques recherches et j’ai découvert que son bureau était au tribunal. J’ai alors décidé de m’y rendre, sans rendez-vous. Je voulais lui faire une surprise. Je n’avais aucune idée s’il avait le moindre souvenir de moi, mais ça vaut le coup d’essayer, non ? Je suis arrivée, puis à ma grande surprise, il m’a tout de suite reçu. « Bonjour. » M’a-t-il dit. Je pouvais voir qu’il s’attendait à voir une autre personne. Sa petite amie, peut-être ? Un sourire s’est affiché sur son visage, comme sur le mien. « Comment puis-je vous aider ? » Je n’étais pas une cliente, mais comment pouvait-il le savoir ? « Bonjour Matt. Je ne sais pas si tu te souviens de moi, mais je suis Dais… Skye, de l’orphelinat. » J’avais failli lui donner mon véritable nom. Non pas que c’était grave, mais il n’avait aucune idée de qui était Daisy Johnson. Il connaissait Mary Sue Potts, il connaissait surtout Skye.
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Dernière édition par Daisy Johnson le Mer 31 Mai - 1:09, édité 1 fois
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Lun 22 Mai - 19:10
L’orphelinat. Ce lieu qui avait fait passer l’avocat par un grand nombre d’émotions. Devoir faire le deuil de son père, pouvoir survivre et vivre sans lui. Faire face à son handicap en étant désormais seul. Puis, l’arrivée de Stick qui avait été une bouffée d’air frais, avant que ce dernier ne le mette de côté et coupe les ponts. Puis, Skye. Cette demoiselle plus jeune que lui, mais qu’il avait pris sous son aile. De ce qu’il avait compris à l’époque, elle passait de famille en famille, sans jamais réussir à trouver les parents qui lui conviendraient. De son côté, il avait été l’aveugle intriguant. Il savait que son handicap avait surpris plus d’une personne et surtout chez les plus jeunes. Ca l’avait agacé, mais aussi amusé. Ca dépendait de qui se trouvait en face de lui. Avec Skye … il avait ressentit ce besoin de jouer au grand frère, sans vraiment savoir pourquoi. Ca avait été plus fort que lui et il avait fait tout ce qu’il pouvait pour la protéger.
Seulement, en grandissant, leur écart d’âge avait fait qu’ils avaient pris des chemins bien différents. S’il avait pu faire des études pour devenir avocat, le nom de Skye restait toujours dans un coin de son esprit. Malheureusement, ils n’étaient pas reliés biologiquement, lui devait payer ses études et il ne pouvait pas lui venir en aide. Puis, il y avait eu Elektra et tout avait basculé. Heureusement, il avait eu Foggy de son côté. S’il n’avait jamais revu Skye, il avait parfois pensé à elle. Mais c’était toujours vers des sentiments négatifs, car il n’avait pas pu l’aider. Alors, quand la femme face à lui se présenta comme étant Skye, il hésita. Se concentrant sur la respiration de la brune, il comprit qu’elle ne mentait pas. Peut-être était-elle douée pour cacher la vérité, mais pouvoir maîtriser les battements de son cœur à ce point serait impressionnant. Haussant les sourcils, il leva un peu plus la tête.
Skye ? Cette petite fille blonde ennuyeuse ?
Il avait fait exprès de changer la couleur des cheveux pour savoir si elle indiquerait qu’elle était brune et non blonde. Car oui, même s’il ne pouvait pas voir, ils s’étaient décrits l’un à l’autre à l’époque. Evidemment pour le côté ennuyeuse, il avait esquissé un sourire à cela.
Si je me souviens bien, Skye n’était pas très appréciée des sœurs. Je me souviens aussi de la famille Brody.
Il voulait voir si ce nom lui dirait quelque chose. Il s’agissait de la famille qui avait été la plus proche de l’adopter, avant qu’elle ne soit renvoyée à l’orphelinat. Il fallait qu’il soit sûr d’avoir la bonne personne face à lui. Il aurait dû lui ouvrir les bras, mais avec tout ce qui s’était passé depuis plusieurs années, il se devait d’être prudent.
J’ai passé une majeure partie de ma vie à l’orphelinat de Saint Agnes. Je n’avais que quelques jours lorsqu’on m’y a déposé et j’y suis restée jusqu’à ma majorité. Je ne garde pas nécessairement de très bons souvenirs de cet endroit. Chaque fois qu’une famille m’accueillait, j’étais des plus heureuses, me disant que cette fois-là, c’était la bonne. Qu’il finirait par m’adopter. Je terminais souvent déçue, puisqu’au bout de quelques mois, on me retournait auprès des sœurs. Par chance, je retrouvais Matt. Ce dernier était arrivé à l’orphelinat, lorsque j’avais environ six ans. Ce dernier venait de perdre son père. Un lien bien fort s’était tissé entre nous en peu de temps. Il était devenu comme un grand frère pour moi. Comme il avait quelques années de plus que moi, nos chemins se sont naturellement séparés. Il a quitté l’orphelinat pour continuer des études en droit. J’étais si fière de lui, à l’époque. Je l’étais toujours d’ailleurs. Je ne lui en avais jamais voulu de m’avoir abandonnée, parce que ce n’était pas réellement le cas. Nous étions proches, oui. Nous étions des amis, oui. Mais je n’aurais jamais accepté qu’il s’empêche d’avancer, parce que pauvre petite Skye, elle était toujours avec les sœurs.
Lorsque je suis devenue hackeuse, j’ai effectué quelques recherches sur lui. Je me tenais informer sur ce qu’il devenait, sans pour autant m’inclure. Puis, la vie a suivi son cours. J’ai rejoint le S.H.I.E.L.D., j’ai finalement découvert l’identité de mes parents, que j’ai rencontrés d’ailleurs. Puis, nous voilà dans cette ville, qui a changé depuis l’arrivée de cette nouvelle population, dont nous faisons partie. Il fallait que ça se produise pour que nos chemins se croisent à nouveau. Bon, j’ai quelque peu forcé la chose, mais sachant qu’il était ici, je ne pouvais pas passer aux côtés de retrouvailles. « Skye ? cette petite fille blonde et ennuyeuse ? » M’a-t-il lancé après lui avoir mentionné mon nom. « Blonde et ennuyeuse ? Je pense que tu te trompes avec… C’était quoi son nom déjà ? Euh.. Heidi ? J’sais plus… Elle pleurait tout le temps, ça je me souviens. » Lui lançais-je. La pauvre ! Elle passait des journées et des nuits entières à pleurer. « J’avais les cheveux plutôt foncés à l’époque et dans mes souvenirs, tu ne me trouvais pas si ennuyeuse que ça… » Ajoutais-je, un sourire amusé sur les lèvres.
« Si je me souviens bien, Skye n’était pas très appréciée des sœurs. Je me souviens aussi de la famille Brody. » Les sœurs ne m’avaient jamais appréciée, parce que je n’étais pas une enfant facile… Puis, maintenant que je sais qu’on les avait forcés à me protéger, j’imagine que ça jouait sur leurs comportements envers moi. Il fallait que Matt mentionne les Brody. Cette famille aimante, qui m’a brisé le cœur d’une petite fille de neuf ans. Bien que j’eusse été déçue de nombreuses fois avant, j’ai cru très fort qu’il s’agissait de la bonne famille. Mais non ! Je suis retournée bredouille à l’orphelinat après seulement quelques semaines. Plus de vingt ans s’étaient écoulés depuis, mais celle-là, elle était bien douloureuse encore. « Ce n’étaient pas les sœurs qui ne m’aimaient pas, c’était moi qui ne les aimais pas… » Je n’ai pas osé commenter sur les Brody. « J’vois que tu te souviens de pas mal de choses, même ceux qu’on préfère oubliés… » Dis-je, simplement.
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Dim 18 Juin - 19:25
Tout cela était étrange pour Matthew. Il n’avait pas revu Skye depuis des années et aujourd’hui, elle se retrouvait là devant lui. Etait-ce réellement elle ? C’était ce qu’il cherchait à déterminer, c’est pour cela qu’il posait des questions et écoutait avec attention ses réponses, mais aussi les battements de son cœur. Haussant un sourcil quand elle indiqua qu’il ne l’avait pas trouvé ennuyeuse à l’époque, il garda son sourire professionnel, même s’il avait vraiment envie de sourire plus que ça. Au moins, elle était directe, ce qu’elle avait toujours été, même plus jeune. Concernant les sœurs, de son côté Matthew avait fini par découvrir que l’une d’entre elle était en réalité sa mère. A l’époque, elle n’en avait jamais rien dit. Mais après les évènements de New York, quand il avait dû faire face à l’organisation de la Main, il avait découvert qu’elle était là pour l’aider, mais qu’elle avait toujours gardé un œil sur lui, même quand elle avait quitté la demeure familiale. Oh, il lui en avait grandement voulu à l’époque, mais il avait aussi compris pourquoi elle était partit. Ils en avaient parlé. Mais, il se concentra sur les propos de la brune, avant de sourire plus ouvertement.
Désolé de remuer le couteau dans la plaie, mais cette ville est étrange et je me dois d’être prudent.
Il avança un peu plus vers elle et la fixa. Le cœur de la jeune femme n’avait pas défailli et il pouvait dire à cent pour cent qu’il s’agissait bien d’elle.
Je ne m’attendais pas à te revoir et encore moins à ce que tu débarques dans mon bureau de la sorte. Aurais-tu des problèmes avec la justice ?
Il haussa un sourcil, amusé. Ca ne l’aurait pas étonné, mais il disait cela avec un ton d’humour et il espérait surtout qu’elle s’en était bien sortie depuis la dernière fois où ils s’étaient vus.
Ce n’était pas facile de remuer le passé, mais il fallait bien que je m’y en attende en rendant visite à Matt. Il en faisait partie après tout. Puis, l’Orphelinat, les sœurs, les Brody ont forgé la jeune femme que je suis devenue. « Désolé de remuer le couteau dans la plaie, mais cette ville est étrange et je me dois d’être prudent. » J’ai hoché légèrement la tête. Je comprenais totalement sa réaction. Nous étions loin d’être à New York, d’être dans un monde que l’on connaissait, bien qu’avec les années, je commençais à m’y faire. « Ne t’inquiète pas, je comprends ta réaction. J’aurais probablement fait pareil. » Matt est avocat, et même si c’est l’une des meilleures personnes que je connaisse, il s’était peut-être fait des ennemis tout en traçant sa route et n’importe quoi aurait pu effectuer des recherches et découvrir, bien que j’en doute, un lien entre nous deux et se faire passer pour moi. Le jeune homme a fait quelques pas vers moi et mon regard était toujours sur lui. « Je ne m’attendais pas à te revoir et encore moins à ce que tu débarques dans mon bureau de la sorte. Aurais-tu des problèmes avec la justice ? » Un sourire s’est dessiné sur mon visage. J’avoue que ma visite pouvait être surprenante, surtout après toutes ses années, mais pour une fois dans ma vie, je n’avais pas de problème avec la justice. La nouvelle Daisy était du côté lumineux de la force et travaillait fort pour aider les autres qui en ont réellement besoin. « Ne t’inquiète pas pour moi, c’est du passé tout ça. J’ai seulement vu ton visage sur la page couverture de journal et je me suis dit que c’était ma chance de te revoir après tout ce temps, de prendre de tes nouvelles et de potentiellement rattraper le temps perdu, si ça t’intéresse, bien évidemment ? » Je n’allais pas le forcer à faire quelque chose qui n’avait pas envie, mais j’aimerais bien avoir une réponse positive de sa part.
Avec sa vie d’avocat, mais surtout celle de justicier, Matthew devait faire attention à qui il parlait. Il pouvait le faire plus librement avec des personnes qu’il connaissait depuis longtemps comme Peter et May Parker, Jennifer Walters, ses amis Foggy et Karen. Mais avec Daisy, ça faisait tellement longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus, qu’il était resté sur ses gardes. S’excusant pour cela, il apprécia la réponse de la jeune femme. Au moins, elle comprenait pourquoi il avait eu un tel comportement. Grimaçant quand elle parla de son visage dans le journal, il soupira doucement, avant de sourire face à sa question.
Ca m’intéresse. Après tout, on va avoir beaucoup de choses à se raconter, parce que ça doit faire …
Il fit un calcul mental rapide, avant de hausser les sourcils de surprise.
Ca fait vraiment vingt ans que l’on ne s’est pas vu ? Je ne pensais pas que c’était si loin.
Il était parti de l’orphelinat à ses dix-huit, entrant à l’université. Il avait d’ailleurs été soulagé de pouvoir enfin prendre son indépendance et voler de ses propres ailes.
Tu voulais peut-être aller quelque part pour discuter ? Sinon, on peut commander à manger et rester ici, j’aurai juste besoin de ranger quelques dossiers avant.
Vu qu’elle était venue à lui, elle avait peut-être déjà une idée en tête et il suivrait le mouvement.
Je savais qu’en me présentant à Matt après toutes ses années que les chances étaient divisées. J’osais espérer qu’il accepte de me voir et de m’entendre, mais ce n’était pas certain. Après tout, je faisais partie de son passé et j’étais la première à comprendre que ce n’était peut-être pas un endroit où il avait envie de replonger. Une légère grimace s’est dessinée sur le visage de mon interlocuteur lorsque j’ai fait la mention de sa photographie sur la page couverture du journal. Je n’ai pu m’empêcher de sourire. « Ça m’intéresse. Après tout, on va avoir beaucoup de choses à se raconter, parce que ça doit faire… » Il s’est arrêté un instant, il comptait les années dans sa tête. « Ça fait vraiment vingt ans que l’on ne s’est pas vu ? Je ne pensais pas que c’était si loin. » J’ai hoché la tête pour acquiescer. C’était ridicule puisqu’il ne me voyait pas. Par chance, mon geste de la tête était suivi de paroles. Je me sentais un peu plus stupide. « Je n’y crois pas non plus, mais ouais. Vingt ans. Le temps passe si vite. Par moment, j’ai l’impression que c’était hier… Et d’autres, une éternité. » Lui répondis-je pour compléter cette interrogation. Matt avait quitté l’orphelinat à sa majorité et je vous mentirais si ce n’était pas à ce moment-là que nous avons perdu le contact. Je ne me souviens pas si j’avais été fâché contre lui. Une partie de moi a dû comprendre. Il avait passé plus ou moins les dix dernières années de sa vie dans ce trou. J’aurais fait probablement comme lui… À vrai dire, j’ai fait la même chose que lui, lorsque mon tour est venu. « Tu voulais peut-être aller quelque part pour discuter ? Sinon, on peut commander à manger et rester ici, j’aurai juste besoin de ranger quelques dossiers avant. » A-t-il fini par me proposer. Je ne pensais pas qu’il accepterait qu’on discute aussi rapidement, mais je n’allais certainement pas refuser. « Je n’avais pas d’idées bien précises en tête. Je ne m’attendais pas à grand-chose de cette rencontre, pour tout t’avouer. Il y avait tout de même 50 % des chances que tu refuses, mais on peut rester ici ou aller ailleurs, c’est comme tu préfères… Et prend tout le temps que tu as besoin, je ne veux surtout pas défaire ton emploi du temps de la journée. » Lui répondis-je, toujours souriante. Bien contente de pouvoir enfin passer du temps avec celui qui, à une époque, avait été mon seul et unique ami.
Vingt ans étaient déjà passés. Il n’avait pas pensé que ça avait été si long, mais aujourd’hui, il avait la possibilité de revoir celle qu’il considérait comme une sœur. Daisy avait raison, ça faisait long et en même temps, ça semblait proche. Avec tout ce qu’ils avaient pu faire à l’époque, il ne pu s’empêcher de sourire légèrement. Certains moments lui manquaient, il devait bien l’avouer, mais il était aussi heureux de la vie qu’il avait pu mener jusqu’à aujourd’hui. Proposant à la jeune femme de prendre des nouvelles de l’un et l’autre, il fut attentif à sa réponse, avant de hocher la tête.
C’est vrai que j’aurai pu refuser, mais tu sais que déjà à l’époque, c’était difficile pour moi de te dire non.
Il sourit de plus belle, avant de retourner derrière son bureau.
Il y a un restaurant pas loin d’ici qui est convivial.
Attrapant sa canne, il la déplia et tourna la tête vers Daisy.
On sera tranquille là-bas et on aura tout le temps qu’on veut. Pour ce qui est de mon emploi du temps, j’avais surtout de la paperasse à remplir, donc ça peut être remis à plus tard.
Avançant vers la brune, il lui tendit le bras, avant de marcher avec elle hors du tribunal, pour se rendre au restaurant.
Alors, qui est Skye aujourd’hui ?
Il était curieux, il devait bien l’avouer. Elle avait eu un tas d’idées quand elle était petite, sur la personne qu’elle voulait devenir et l’avocat avait bien envie de savoir si une de ses idées s’étaient concrétisée ou pas.
Lorsque j’avais décidé de rendre visite à Matt, je m’étais promis de ne pas me faire d’idées. S’il y avait une chose de ma vie d’adulte que j’avais appris, c’était bien ça. Lorsqu’on avait des attentes envers une personne, on finissait souvent par être déçu et avoir le cœur brisé. Je l’avais appris à mes dépens. « C’est vrai que j’aurai pu refuser, mais tu sais que déjà à l’époque, c’était difficile pour moi de te dire non. » A-t-il ajouté à sa première réponse. Un sourire taquin s’est dessiné sur mon visage. Il est vrai qu’à une époque, j’obtenais tout ce que je voulais lorsque Matt était dans les parages. Ces pauvres sœurs, elles vont y avoir goûté ! « Il y a un restaurant pas loin d’ici qui est convivial. » Comme je n’avais pas d’idées bien précises de ce que nous pouvions faire, et je ne voulais surtout pas le déranger dans son boulot, ce dernier m’avait gentiment invité dans un endroit qu’il semblait aimer. « C’est parfait pour moi ! » Lui dis-je, toujours souriante. Cependant, cette fois-ci, mon sourire était doux. Matt attrape sa canne, la déplie et tourne sa tête vers moi avant d’ajouter : « On sera tranquille là-bas et on aura tout le temps qu’on veut. Pour ce qui est de mon emploi du temps, j’avais surtout de la paperasse à remplir, donc ça peut être remis à plus tard. » Je ne voulais en aucun cas le déranger. Il avait un boulot important quand même. Il s’est avancé vers moi, me tendit son bras que j’ai attrapé et nous nous sommes mis à marcher afin de sortir du tribunal en direction du restaurant. « Alors, qui est Skye aujourd’hui ? » Une question si facile et si compliquée à la fois. « Par où commencer… ? » Soufflais-je. Même si je le savais attentif, je ne voulais pas l’ennuyer avec mon histoire de vie, qui ne sortait pas nécessairement de l’ordinaire jusqu’au moment où le S.H.I.E.L.D. est entré dans ma vie. « Après ton départ de l’orphelinat, j’ai commencé à faire de plus en plus de recherches sur mes parents biologiques. Je voulais connaître la vérité à tout prix. J’ai quitté mes études et je suis juste partie. J’ai rejoint un groupe de hackers et voilà, officiellement Skye est née. Mary Sue Potts n’était plus de ce monde. Je suis devenue l’une des meilleures de ce groupe. J’ai utilisé mes talents pour trouver le plus d’information sur ma famille, puis le S.H.I.E.L.D. est entré dans ma vie. EH oui, le S.H.I.E.L.D. ! Bref, j’ai rejoint leurs rangs et j’ai enfin rencontré mes parents, et j’ai pu comprendre d’où je venais… Oh et on m’appelle Daisy maintenant, Daisy Johnson. » Je me suis arrêtée un instant pour regarder le jeune homme. « Et toi, Monsieur l’Avocat qui fait les premières pages des journaux, qu’est-ce que tu deviens ? » J’étais tout aussi curieuse que lui d’en apprendre sur sa nouvelle vie, celle après l’orphelinat.
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