Remains of the Day [Mélanie]

Remains of the Day

feat. Mélanie

En un clignement d’yeux, les sensations s’estompent jusqu’à ne plus exister. Emily baisse les yeux sur les touches du piano sur lequel elle découvre que s’est accumulée une légère couche de poussière… Et pour cause, ce n’est pas son piano… Elle reconnaît pourtant ces touches brunies, pour certaines impossibles à accorder convenablement… Et c’est au moment d’être frappée par cette évidence déconcertante, par cet éprouvant sentiment de familiarité, qu’elle prend le temps de réellement contempler ses mains… Elle s’interrompt alors net dans son élan musical, dans un léger cri désemparé. Les doigts de sa main droite sont d’une couleur bleuâtre : la couleur de la mort… Quant à son autre main… il n’en reste plus qu’un squelette…

C’est à cet instant qu’elle comprend… elle ne peut plus sentir son cœur battre sous sa poitrine… car son cœur ne bat plus. Il ne bat plus depuis longtemps. Dans son réveil dans l’autre monde, dans cet autre monde qui n’en était pas réellement un, Emily avait été prise de court par la multitude de sensations qui l’avaient assaillie soudainement, comme un enfant viendrait au monde et se retrouverait tout à coup submergé par une multitude de signaux… La sensation de l’air sur sa peau, le froid, la chaleur, le sommeil, la faim, la douleur, le vacarme intérieur d’un corps bien vivant… Tout ça l’avait terriblement décontenancée… Ce n’était pas ce à quoi elle s’était attendue… Et si elle aurait dû être ravie d’être à nouveau en vie, une part d’elle regrettait cette forme étrange de réincarnation involontaire… Elle avait espéré revenir à l’état d’une mort totale… Elle aura été exaucée à demi… Elle est morte à demi… Comment est-ce seulement possible ?  Est-ce que toute cette autre vie qu’elle s’était imaginée n’avait été qu’un songe… mais alors ? Depuis combien de temps rêve-t-elle exactement ? Qu’est-ce qui a été réel ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Est-ce que Victor a pu rejoindre le monde des vivants et retrouver Victoria ? Ou bien l’a-t-elle imaginé, cela aussi ?

Les questions se bousculent dans son esprit, sans trouver pour autant de résolution qui lui paraissent au moins un peu convenables ou réconfortantes. Elle reste là, songeuse, à effleurer les touches de son piano quand du mouvement, dans son dos, l’oblige à se retourner, un peu trop anxieuse, à l’évidence, à l’idée de ce qu’elle trouvera dans son dos. De qui elle trouvera dans son dos.

« Qui est là ? »

Elle se retourne et découvre alors, derrière elle, la silhouette plaisante et familière d’une jeune femme qui n’a définitivement pas sa place aussi… cette jeune femme rencontrée dans cette attraction de parc à thèmes… Deux réalités se télescopent soudainement. Elles n’ont rien de compatibles l’une avec l’autre. Toutes inconciliables soient-elles, Emily doit pourtant s’efforcer de les faire coïncider.

« Vous n’avez rien à faire ici… »

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Le voile de mariée, entre ses doigts, était aussi fin que fragile. Il avait coûté une fortune à ses parents, mais avait perdu de sa clarté à mesure que le temps passait. Car ce voile, tout comme la robe de mariée qu'elle portait, Mélanie ne les avait pas quittés durant… un temps qui avait semblé durer une éternité. Ces vêtements, elle les retrouvait, pourtant. Elle ne les avait pas portés pendant quatre ans, quatre années d'errance dans un monde aussi hostile que le précédent, mais bien plus mystérieux. Et à présent… Elle retrouvait un état qu'elle pensait avoir oublié, mais dont les sensations familières la faisaient autant frissonner qu'autrefois. Son cœur battait, et pourtant, elle ressentait les choses… différemment. Comme si elle ne parvenait à toucher ce qui l'entourait que du bout des doigts, et que tout, autour d'elle, risquait de s'évanouir à tout instant. Comme si rien n'était tangible… Ou peut-être que c'était elle, qui n'était pas tangible.

Que faisait-elle ici, pourquoi avait-elle retrouvé ses habits de noces ? Et d'ailleurs… où était-elle ? Contempler sa robe et son voile ne l'aiderait pas à obtenir des réponses. Mélanie rejeta le voile en arrière, révélant son visage pour mieux observer son environnement. Tout était si… coloré. Si étrange, si… macabre. Elle n'était pas effrayée, pourtant. C'était la curiosité qui l'emportait sur l'effroi. Tout ceci était si intriguant…

Elle entendait, sans l'écouter jusqu'ici, une mélodie jouée au piano. Mais cette mélodie prit soudainement fin, ce qui l'incita à en chercher la source. Elle n'eut qu'à ouvrir une porte pour la trouver. Interpellée avant d'avoir pu interroger la jeune femme qui se trouvait là, Mélanie, dans un premier temps, ne la reconnut pas. Mais, passée la surprise initiale, elle se souvint. Cette femme ressemblait tellement à celle qui était venue au manoir peu de temps avant ce jour… Mais elle était différente, aussi. Son teint, son apparence… Tout ceci ne coïncidait pas avec ce qu'elle avait vu. Et si elle ne pouvait se fier ni à son esprit, ni à sa mémoire, ni à sa vue, alors que lui restait-il ? L'avait-elle seulement imaginée, elle aussi ?

- Je ne sais pas ce que je fais ici, avoua-t-elle à regret. Nous nous connaissons, n'est-ce pas ? Que nous arrive-t-il ?

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La confusion de son interlocutrice est totale. Emily n’en est pas surprise, elle en est néanmoins attristée… Elle aurait aimé que quelqu’un possède les réponses à ses questions… Devrait-elle interroger les morts autour d’elle ? Elle n’aurait probablement pas le choix… Oui, mais cette perspective lui fait peur… à quoi doit-elle s’attendre ? Qui retrouvera-t-elle ? Les morts n’ont d’ordinaire nulle part où aller… Elle sera probablement accueillie comme à l’époque, certains seront peut-être même heureux de la revoir, qui sait… Elle n’en sait rien… Emily sait juste qu’elle n’est pas prête… Elle le ressent… Elle ne veut pas affronter la réalité de cette situation, mais elle y est maintenant contrainte, car si à sa manière, elle a sa place ici, ce n’est pas le cas de son interlocutrice qui, fait étrange, se trouve habillée elle aussi d’une robe de mariée qui les ferait passer toutes deux pour de bien sinistres jumelles. En d’autres circonstances, peut-être prendrait-elle le temps de l’interroger à ce sujet… Là, les questions sont si nombreuses que celle-ci passe à un plan secondaire.

« Vous ne voyez pas qui je suis ? »

Dans un premier temps, Emily songe à s’en offusquer. Elle ne se sont vues et parlé qu’une fois, toutes les deux, mais Mélanie avait fait une si forte impression à Emily que cette dernière s’était persuadé que ce sentiment pour le moins frappant serait réciproque… Mais à bien y réfléchir, Mélanie a de bonnes raisons de ne pas être sûre de qui elle est… Elle n’a pas l’apparence que Mélanie lui a connue, et dans de telles circonstances, elle a d’excellentes raisons de penser qu’elle puisse être une autre. Et quelqu’un de complètement différent.

« Emily, nous nous sommes rencontrées… au manoir. Je m’étais perdue, vous vous souvenez ? »

Elle esquisse un fin sourire et, après un moment d’hésitation, tapote la place libre à côté d’elle. Elle n’est pas encore prête à affronter le monde, en revanche, elle ressent le besoin d’accueillir son interlocutrice dans cet espace restreint qui lui donnera le sentiment d’être moins seule face à l’absurdité cruelle de ce qui leur arrive. Par ailleurs, elle a à cœur de rassurer son interlocutrice. Si cette dernière n’est pas en mesure de comprendre les raisons de sa présence, Emily, elle, sait au moins où elles se trouvent. Si elle se pose de nombreuses questions, le fait est qu’elle dispose de plus de réponses que ce que son interlocutrice ne serait capable d’en formuler.

« C’est de là que je viens. Vous êtes… chez moi, en quelque sorte ? C’est ici que je me suis retrouvée après ma mort. » Elle comprend immédiatement la confusion et l’angoisse que cette affirmation pouvait entraîner. « Oh mais ne vous en faites pas, vous êtes bien vivante », ajoute-t-elle du ton qu’elle veut le plus rassurant possible. « Vous ne devriez pas être ici, c’est une erreur et… » Elle affiche un sourire d’excuse. « Je crois bien que c’est de ma faute. Mais je vais vous aider à rentrer chez vous. C’est déjà arrivé… » Elle se racle la gorge, un peu mal à l’aise. « Je sais comment faire. » Son regard se veut plus apaisant. « Tout va bien se passer, je vous en fais la promesse. »

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feat. Mélanie

Mélanie n'était jamais certaine de pouvoir se fier à ses cinq sens. Mais ce qu'elle percevait, chez son interlocutrice, était d'une délicatesse et d'une prudence telle qu'elle en fut immédiatement touchée. Il aurait été légitime qu'elle s'insurge après avoir été confrontée à l'incertitude de la rousse. Et c'est parce qu'elle ne le fit pas que Mélanie estima, une fois de plus, qu'elle était digne de confiance. Elle n'était pas entièrement détendue, comment l'être dans des circonstances aussi mystérieuses, mais elle se sentait déjà plus sereine.

- Si… Si, je me souviens de vous.

La jeune femme rencontrée au manoir… La seule qui ait pris la peine de discuter avec elle. Elle avait laissé une forme impression sur Mélanie, qui par incertitude, avait toutefois eu tendance à douter du fait que cet ange de bienveillance ait réellement existé… Tout comme elle doutait, par moments, du fait d'avoir bel et bien était persécutée par un fantôme et par des esprits, autrefois. Si les rumeurs disaient vrai, si elle n'était rien d'autre qu'une pauvre folle destinée à l'asile, alors… Comment se fier à ses souvenirs ?

L'invitation suivante était inattendue. Mélanie baissa le regard sur l'espace tapoté par Emily, mais n'hésita qu'un bref instant avant de s'avancer pour la rejoindre, s'installant à ses côtés. Aussitôt, une certaine timidité lui imposa néanmoins de baisser le regard sur le clavier du piano plutôt que d'affronter le regard éblouissant de la jeune femme. Ainsi côte à côte, il était difficile de ne pas constater les similitudes de leur robe de mariée. Mélanie songea à l'interroger sur cette tenue, songeant à ses propres hypothèses, mais ressentant un étrange pincement de cœur à l'idée qu'Emily soit bel et bien promise à un homme. Elle soupçonna que ce sentiment résultait de l'envie, celle d'être à sa place, sans comprendre que ce pincement au cœur était dû à un tout autre sentiment, plus noble mais plus insidieux.

- Je ne me sens pas vivante, confessa-t-elle à voix basse, surprise par ce qu'elle apprenait.

Ainsi, elle serait une anomalie, une vivante au pays des morts. La situation était déjà surprenante, mais ce qu'elle apprit ensuite eut de quoi l'intriguer bien davantage encore. Ce n'était pas la première fois, et ce monde-ci, étrange, macabre, Emily le connaissait... ?

- Je vous crois, Emily, assura-t-elle doucement, esquissant son premier sourire. Tout ceci est… déconcertant. Mais quelque chose me dit que je peux vous faire confiance.

Elle hésita quelques instants avant de relever les yeux vers elle et de reprendre :

- Vous me donnez le sentiment que cet autre cas que vous mentionnez est une histoire qui mérite d'être racontée.

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Emily contemple son interlocutrice avec une lueur de tristesse dans les prunelles alors que cette dernière admet à voix si basse qu’elle ne serait presque qu’un souffle qu’elle ne se sent pas vivante. Elle n’a pas besoin de l’interroger à ce sujet, elle le voit, elle le ressent. Respirer, sentir son cœur qui bat, ne nous garantit pas vraiment d’être en vie. La vie ne tient pas tant de l’état de notre corps que de celui de notre cœur. Quand Emily y pense, elle se dit qu’elle s’est souvent sentie bien plus en vie parmi les morts que parmi les vivants. Dans son monde, il n’y avait eu que déceptions et trahisons, parmi les morts, elle s’était sentie aimée et soutenue. Et auprès de Victor, elle avait ressenti… vraiment ressenti… Comme elle ne s’en pensait plus capable. Emily a une compassion sincère, immense, envers Mélanie. Elle-même a beaucoup appris de ses mésaventures et de ses expériences, suffisamment pour ne plus céder à la morosité.

La voir sourire, même s’il ne s’agit là qu’une légère et fine esquisse étirant ses lèvres une fraction de seconde seulement, cela lui réchauffe le cœur, ce cœur qui ne bat à nouveau plus. Elle voudrait la voir sourire plus souvent. Elle voudrait la voir heureuse. Mélanie lui assure la croire, sans s’inquiéter, sans discuter. Elle lui fait confiance. Elle a raison de croire pouvoir le faire. Emily n’a aucune raison de la trahir ou de lui faire du mal. Surtout, elle n’en a pas la moindre envie. Emily se sent responsable de Mélanie, même si elle n’a pas la moindre idée de comment cette situation a bien pu se produire, elle sait en revanche que cette femme ne serait pas ici sans elle, et par conséquent, elle veut être présente pour elle… Autant qu’elle peut en être capable.

« Je n’ai jamais été la plus douée pour raconter ma propre histoire », dit-elle avec un fin sourire.

Par ailleurs, on la racontait très bien pour elle. Mais Emily veut faire un effort pour Emily. Au vu des circonstances, elle estime tout à fait normal de lui apporter un peu de contexte, même si ce ne sera pas des plus simple. Il est presque impossible de raconter une histoire cohérente sans se raconter peut-être un peu trop.

« Il s’appelait Victor… » Emily esquisse un sourire attendri à la pensée de celui qui à sa manière l’avait aidée bien plus en ne l’épousant pas qu’il ne l’aurait fait en acceptant des noces qui l’auraient rendu malheureux. « Il a demandé ma main par accident… Je sais, ça paraît absurde, pas vrai ? » Elle rit un peu nerveusement. « Mais c’est ce qui s’est passé. Je l’ai entraîné avec moi dans le monde des morts en espérant partager mon éternité avec lui. Mais sa place était parmi les vivants. Son cœur également. »

C’est là un résumé bien succinct, et qui néglige un grand nombre d’informations, mais Emily décide de se contenter de cela pour le moment.

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Mélanie écouta le récit d’Emily, à la fois pour satisfaire sa curiosité et parce qu’elle avait le sentiment qu’Emily elle-même appréciait de pouvoir raconter une partie de son histoire. Même si, selon ses propres termes, elle ne se sentait pas douée pour cela. Mélanie, elle trouvait qu’elle en disait bien suffisamment, avec pudeur, certes, mais avec sincérité. Et ce dernier classait son récit dans la catégorie des bons récits, à son humble avis.

Naturellement, elle accueillit avec surprise la grande révélation. Ce Victor avait demandé sa main, par mégarde ? Tout ceci était fort curieux. Elle imaginait difficilement comment cela pouvait se produire, mais elle n’osa pas l’interrompre pour demander plus de détails. Elle la laissa poursuivre, donc, comprenant, à la manière dont elle le racontait, que ce Victor avait causé une certaine souffrance à celle qui se tenait face à elle. Par compassion, le coeur de Mélanie en fut attristé. Elle voulut esquisser un geste de réconfort à son encontre, mais se ravisa au dernier moment.

- Ceci explique votre tenue, observa-t-elle doucement, son regard s’attardant avec sympathie sur la robe d’Emily.

Elle-même portait une robe similaire, et la coïncidence était décidément remarquable. Mais c'était une ressemblance qu'elle appréciait, sans qu'elle ne se l'explique tout à fait. Quelques secondes s’écoulèrent durant lesquelles elle se tut. Puis, lorsque le coeur prit le dessus sur la raison, elle acheva enfin son geste de sympathie et osa poser une main sur l’avant-bras de la brune.

- Je suis navrée, Emily. Pour tout ce qu’il vous est arrivé.

Car dans ce récit, elle n’occultait pas le fait que son interlocutrice s’était retrouvée, à un âge bien trop jeune, dans le royaume des morts. Cela faisait écho à sa propre histoire, et lui rendait cette femme d’autant plus sympathique à ses yeux.

Par ailleurs, une pensée aussi troublante que fugace traversa son esprit. Quel homme refuserait décemment de passer une éternité auprès de cette superbe jeune femme, talentueuse, de surcroît ? Il fallait être sot, ou aveugle. Mais là encore, aucun homme n’avait jugé que la vie était suffisamment précieuse pour la partager avec elle…

- Comment est-il, ce monde ? Reprit-elle avec tout autant de curiosité, focalisée non plus tant sur Emily elle-même que sur ce contexte des plus surprenants.

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Emily esquisse un fin sourire quand Mélanie observe que son histoire, même si elle ne l’a racontée que de façon très partielle, explique la tenue qu’elle porte en cet instant. Oui et non en réalité, car cette robe, elle la portait avant même de rejoindre le monde des morts, mais elle ne croit pas qu’évoquer le souvenir de son fiancé et le mal qu’il lui a fait soit une bonne chose, pas tout de suite en tout cas. Peut-être finira-t-elle par en parler, quand elle en trouvera l’énergie et la force, mais pour le moment, elle préfère se contenter de ce qu’elle est capable de partager. Elle ne sera probablement jamais capable de pardonner à Lord Barkis le mal qu’il lui a fait, mais à Victor, elle n’avait rien à pardonner, bien au contraire. Même si leur idylle ne devait pas être, elle sait malgré tout qu’elle lui doit beaucoup, et c’est une chose qu’elle n’oubliera jamais ni ne négligera, sous aucun prétexte que ce soit.

« Vous n’avez pas à l’être. Je n’ai pas été malheureuse, vous savez. A la fin, j’étais même… »

Soulagée est le mot qui lui vient à l’esprit. Morte avant l’âge, elle avait inutilement couru après une chimère inaccessible. Elle a su faire le deuil d’une vie qu’elle ne devait pas mener, elle a connu une forme d’amour telle qu’elle ne se pensait pas capable d’en vivre, un amour qui n’était pas égoïste mais, bien au contraire, pur et libérateur. Certains points de son histoire sont terriblement malheureux, oui, c’est un fait. Mais en fin de compte, Emily n’est plus malheureuse quand elle pense à cette histoire. Nostalgique, peut-être, mais pas triste. Et surtout, elle est en paix avec elle-même. Elle espère que, où qu’ils puissent se trouver à présent, Victor et Victoria filent le parfait amour et vivent une union parfaitement harmonieuse et prospère, qui sait, peut-être même ont-ils fondé une famille ? C’est tout le bonheur qu’elle leur souhaite.

« … bien. »

C’est le mot qu’elle choisit finalement, même s’il est peut-être un peu simple, trop simple pour lui offrir d’exprimer convenablement sa manière de penser. Elle était bien, oui, et elle espère qu’elle continuera d’être bien… même si les cartes ont été à présent rebattu de telle manière qu’elle n’est plus tout à fait sûre de comprendre la situation dans laquelle elle se trouve à présent.

« Je ne m’explique pas votre tenue, en revanche », se permet-elle de lui faire remarquer malgré tout, parce que l’on peut difficilement passer à côté du fait que Mélanie porte une robe de mariée, tout comme elle, et que la chose paraît bien intrigante.

Elle ne fait cependant pas plus de commentaire, elle laisse la curiosité de Mélanie alimenter sa question suivante.

« Ce monde… ? Je dirais qu’il est… » Elle cherche ses mots. « Plus accueillant qu’on ne l’imaginerait de prime abord. Je ne me suis jamais sentie seule, ici. J’ai toujours été écoutée et soutenue. »

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Savoir qu'Emily avait trouvé une forme de bien-être dans la mort, dans ce qui lui était arrivé, était étonnamment réconfortant, pour Mélanie. Cela lui permettait de relativiser cette impression de fatalité qui avait pesé sur elle durant des années. Elle était rassurée pour son interlocutrice, rassurée de savoir que, finalement, sa souffrance n'avait duré qu'un temps. Elle éprouvait, pour elle, une sympathie telle qu'elle se sentait elle-même peinée à la simple idée qu'elle ait pu éprouver du chagrin.

- Vous avez trouvé la paix ? l'interrogea-t-elle dans un souffle.

Elle faisait preuve d'une grande curiosité, mais elle espérait ne pas incommoder son interlocutrice en lui posant autant de questions. Elle peinait à se retenir de l'interroger, encore et encore. Elle voulait la connaître. Toujours plus. C'était là le risque, lorsque l'on ne possédait plus ou peu de vie sociale. Un seul individu pouvait incarner tous les besoins et toutes les attentes qu'une femme comme elle avait. La sympathie, la bienveillance, l'humour… C'étaient là les qualités qu'elle appréciait le plus chez son interlocutrice, mais tout ce qu'elle découvrait sur elle ne la lui rendait que plus intéressante.

Quant à sa propre tenue… Mélanie baissa sur sa robe un regard teinté de chagrin.

- J'ai porté cette robe par cinq fois… puis une éternité durant.

C'était à peine une exagération. Les souvenirs de nuits sans fin peuplées de spectres, de danses et de chants mélancoliques lui revenaient à l'esprit comme des réminiscences revenant la tourmenter.

- J'ai longuement eu le titre de fiancée… Mais je n'ai jamais eu l'occasion d'obtenir celui d'épouse.

À son grand désespoir. Estimant néanmoins qu'elle en avait déjà beaucoup révélé sur elle-même, elle baissa la tête et s'efforça d'expirer longuement, refoulant ses angoisses passées. Seul le présent devait l'obséder, à présent. Elle n'oubliait pas l'étrangeté de cette réunion, et préféra interroger Emily sur leur sort, à commencer par le monde dans lequel elles se trouvaient. La réponse apportée par la jeune femme lui plaisait, car elle achevait de lui faire considérer cet endroit comme étant bien plus… serein que le monde spectral qu'elle avait connu, lorsqu'elle-même avait été plongée dans cet état entre vie et mort dont elle avait l'impression de n'être jamais véritablement sortie.

- C'est une chance. D'être écoutée, soutenue… Et d'avoir trouvé dans ce lieu la compagnie dont vous aviez besoin.

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feat. Mélanie

Emily hoche la tête et affiche un sourire doux, presque nostalgique, en réponse à la question de son interlocutrice quand cette dernière lui demande si elle avait trouvé la paix. Cela avait été le cas, oui. Il avait fallu qu’elle en passe par de nombreux questionnement internes, qui l’avaient angoissée et troublée, mais elle avait fini, oui, par dépasser toutes ces angoisses et toutes ces attentes qui l’ancraient au monde terrestre. Même si elle ne sait pas totalement regretter d’être revenue à la vie (même si sa présence dans ce monde l’interroge sur ce qu’elle est réellement), elle doit reconnaître qu’elle avait été prête à accueillir ce qui devait l’attendre. Elle était sereine… elle était soulagée, même. Elle a fait beaucoup de chemin, en somme. Et maintenant… Maintenant elle en est là, et plutôt que de se concentrer sur ce constat, elle décide de focaliser toute son attention sur son interlocutrice et sur son histoire.

« Cinq fois… », répète Emily dans un souffle.

Elle n’avait pas voulu sembler si médusée, mais ça avait été plus fort qu’elle. Cinq fois, elle avait porté cette robe, cinq fois, elle avait attendu après un mariage qui n’avait finalement jamais eu lieu… comment est-ce seulement possible ? Elle se fige presque malgré elle aux propos que son interlocutrice tient ensuite. Des propos aussi troublants qu’inattendus. J’ai longuement eu le titre de fiancée… Mais je n’ai jamais eu l’occasion d’obtenir celui d’épouse… Ce sont des mots presque similaires que lui avait adressé Lord Barkis, cet homme qu’elle avait commis la tragique erreur d’aimer en un temps qui lui semble si lointain qu’il en serait presque improbable, se moquant ostensiblement d’elle, sans la moindre considération. Pauvre Emily, lui avait-il dit. Toujours demoiselle d’honneur, et jamais épouse. Ces paroles l’avaient profondément marquée, et profondément heurtée, il va sans dire.

« Que s’est-il passé ? Pourquoi ne vous êtes-vous jamais mariée, finalement ? »

Elle a bien conscience de combien sa question peut paraître indiscrète… Non, de combien sa question est indiscrète. Et elle l’est en effet. Elle devrait probablement s’en excuser. Elle ne le fait pas, parce qu’elle ressent, peut-être à tort, que c’est une histoire que son interlocutrice n’a eu que peu d’occasions de partager, ce qui ne rend cette même histoire que plus précieuse. Il y a des histoires qu’on ne raconte pas, non pas parce qu’on ne veut pas les raconter, mais parce qu’on n’a jamais trouvé le bon interlocuteur pour le faire.

« C’est vrai, c’est une chance que j’ai eu ici… Cela va sembler… » Elle rit nerveusement. « N’y voyez rien de sinistre. » Emily ne veut pas attirer la pitié, elle se contente de dire les choses comme elle les pense, avec transparence et douceur. « Mais je me suis sentie plus écoutée et soutenue morte que vivante. »

Elle le dit sans vraiment d’amertume. C’est plus… un constat. Un constat qu’elle ne s’était jamais fait jusqu’alors et qui l’assaille tout à coup.

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La surprise d'Emily était palpable, et même légitime. Mélanie pouvait aisément le comprendre. Cinq fiancés, sans aucun mariage, c'était anodin. Pour n'importe qui. Elle s'attendait donc à ce qu'Emily la questionne, à ce qu'elle cherche à en savoir plus. C'était naturel, après tout. Tout le monde serait curieux en de telles circonstances. Seulement, pour commencer, Mélanie ne savait pas par où commencer. Elle-même ne connaissait pas tous les détails, il y avait trop de zones d'ombres pour en faire une histoire qui soit satisfaisante, à la fois à raconter et à entendre. Mais une part d'elle estimait qu'elle lui devait une certaine forme d'explication… elle avait ouvert son cœur, un peu, ce qui n'était pas un mince fardeau. Il aurait été cruel et injuste de lui en révéler un peu sans donner davantage de détails.

Occupée à chercher ses mots, elle la laissa poursuivre, s'intéressant à ce qu'elle lui révélait d'elle, en quelques mots. Ce qu'elle lui annonçait pouvait sembler sinistre, en effet. Mélanie, elle, en éprouva seulement une profonde compassion. Comme il était tragique, pour un être aussi jeune, de plus, que de n'avoir trouvé que la mort comme réconfort.

- C'est quelque chose de précieux, que d'avoir pu être écoutée et soutenue de la sorte. Je n'y vois rien de sinistre, Emily, bien au contraire. Je suis rassurée, pour vous, que la mort vous ait au moins apporté cela. J'espère seulement que votre nouvelle vie, celle qui fut responsable de notre rencontre, vous sera plus douce que la précédente, et plus agréable encore que cette existence macabre que vous semblez retrouver aujourd'hui.

Elle lui adressa un sourire se voulant encourageant, aimable, avant de baisser les yeux. Les confidences appelaient les confidences. La bienveillance appelait la bienveillance. Elle s'humecta les lèvres, puis prit une longue inspiration, avant de reprendre doucement :

- Chacun de mes fiancés a trouvé la mort dans des circonstances aussi inattendues que mystérieuses, expliqua-t-elle enfin. Oh, je sais, cela peut sembler étonnant, voire suspect… Les rumeurs étaient nombreuses, en ce temps-là. Mais… je n'ai jamais su si leur mort était bien accidentelle ou si elle s'était, au contraire, déroulée dans des circonstances amplement plus sinistres. Toujours est-il que je n'ai jamais eu le temps de célébrer de noces… même si, concernant le dernier, j'ai espéré. Et je l'ai attendu. Je l'ai tant et tant attendu que j'ai fini par en perdre la notion du temps et de la réalité. Si bien que finalement, je ne savais plus ce que j'attendais réellement… lui, véritablement lui, ou simplement une présence, n'importe qui susceptible de m'arracher à mes nuits sans fin et à la solitude de mon manoir.

Admettre tout ceci n'était pas une épreuve aisée. Elle marquait des pauses, s'exprimant en articulant un peu trop les mots, cherchant les termes les plus justes, cherchant à donner du sens à ce qu'elle disait tout en tâchant de prendre suffisamment de distance pour ne pas fondre en larmes et devenir incohérente. Mais, au terme de son récit, elle se sentait comme… libérée d'un poids. Elle se sentait plus légère.

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Emily hoche doucement la tête aux propos de son interlocutrice. Elle est du même avis. Oui, c’est quelque chose de précieux que d’être écoutée et soutenue… Ce n’est pas toujours si évident malgré tout, mais elle aime la manière dont Emily perçoit la chose : la mort n’est qu’une étape, et si l’on est capable d’y trouver une certaine forme de réconfort, alors pourquoi serait-ce nécessairement sinistre ? Non, ça n’avait pas besoin de l’être. Quant à cette nouvelle vie, celle qu’elle peut mener sans voir son corps se décomposer petit à petit ou sans asticot pour venir loger confortablement dans son crâne – et il lui manque, pourtant. Il lui manque sincèrement. Cette nouvelle vie est désarmante, mais elle n’est pas déplaisante. Emily y trouve même certains plaisirs oubliés. Ceux d’un bon repas, de la chaleur du soleil sur sa peau. Vraiment, cette situation est loin, très loin de lui déplaire. Même si elle s’était sentie en paix, prête à partir, et capable de laisser le passé derrière elle.

« Je ne dirais pas que j’ai su totalement m’adapter à ce retour à la vie. Et je pense que je serais toujours nostalgique de cette période de ma vie mais… J’en ai fait le deuil. » Elle rit doucement. Faire le deuil. L’expression est assez adaptée, il est vrai. « Enfin… j’ai peut-être fait ce deuil trop vite, vu les circonstances. »

Car à présent, elles sont ici, et Emily ignore combien de temps s’écoulera exactement avant qu’elles ne retrouvent leur ancienne vie. Elle ne sait même pas si elles seront capables ou non de retrouver leur ancienne vie. Il est très possible, après tout, qu’il n’en soit absolument rien. Emily préfère considérer la chose avec douceur et philosophie, il ne servait à rien de paniquer, après tout. Et aussi, puisqu’elle se sent responsable de la présence de son interlocutrice ici, elle ne veut pas l’inquiéter plus que nécessaire.

Elle décide donc de mettre son histoire et ses appréhensions de côté pour être totalement attentive à celles de son interlocutrice. Si son cœur était encore capable de battre, il se briserait au moment d’entendre cette dernière lui parler de ses fiancés qui ont trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses. Pas un seul instant, elle n’envisage le fait que ces morts puissent être suspectes, elle songe seulement à la douleur que son interlocutrice a dû ressentir, à la souffrance de perdre ces hommes, les uns après les autres… Et être en plus accusée des pires maux de la terre.

« Je connais ça… L’attente désespérée d’un fiancé qui n’arrivera jamais », répond Emily avec douceur. « Oh, Mélanie… » Emily se rapproche doucement de son interlocutrice pour prendre sa main dans la sienne. Et la garder longuement dans la sienne. « Je suis vraiment désolée de ce qui vous est arrivé. Sincèrement. » Elle marque une pause. « Ces hommes… vous les aimiez ? »

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feat. Mélanie

Mélanie accepta la main d'Emily avec gratitude, touchée par sa compassion et sa douceur. Elle prit un moment pour rassembler ses pensées avant de répondre d'une voix douce et teintée de tristesse :

« Oui, Emily, je les aimais tous. Tendrement. Chacun d'eux avait une place particulière dans mon cœur. À des degrés divers, bien sûr, mais tous étaient importants à leur manière. Perdre chaque fiancé a été une épreuve douloureuse, et les rumeurs et soupçons qui ont circulé autour de moi n'ont fait qu'ajouter à ma peine. Je me suis souvent demandé si j'étais maudite, si j'étais condamnée à voir ceux que j'aime disparaître tragiquement. »

Avait-elle été amoureuse, pour autant ? Elle avait pensé l'être, comme la jeune fille naïve qu'elle était à l'époque avait été éduquée à le penser. Mais si son affection avait été sincère, aucun d'entre eux n'avait jamais véritablement fait battre son cœur un peu plus fort.

Elle marqua une pause, contemplant leurs mains jointes avant de poursuivre :

« Je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé, mais je n'ai jamais cessé d'espérer qu'un jour, je pourrais mener une vie normale, heureuse et épanouissante avec quelqu'un que j'aimerais et qui m'aimerait en retour. »

Mélanie serra doucement la main d'Emily, plongeant son regard dans le sien. Elle se perdit dans sa contemplation, soudainement fascinée. La tendresse de son interlocutrice était la source d'une grande émotion, pour elle.

« Vous savez, quand je vous ai rencontrée, j'ai ressenti quelque chose de spécial, une connexion, une compréhension mutuelle presque instantanée. Cela peut sembler étrange, compte tenu de ces circonstances inhabituelles, mais je pense que vous comprenez, d'une certaine manière, la solitude et la recherche d'amour qui m'ont toujours habitées. »

Elle inspira profondément, décidée à se montrer plus positive malgré son passé douloureux.

« Et je veux croire que nous n'avons pas été réunies ici par hasard. »

Mélanie sourit doucement, les yeux brillants d'espoir.

Remains of the Day

feat. Mélanie

Le cœur d’Emily, ce cœur qu’elle ne sent à nouveau plus battre dans sa poitrine, se brise au moment d’entendre son interlocutrice lui apprendre combien elle avait aimé tendrement chacun de ces fiancés qui lui avait été cruellement arrachés par un sort trop insoutenable et terrible. Elle imagine la douleur, continue, devenue presque habituelle, qu’elle avait ressentie pour chacun de ces départs… quant aux rumeurs qui avaient alors circulé au sujet d’elle… ce devait rendre la douleur plus insoutenable encore. Difficile de ne pas se croire maudite, dans de telles circonstances, en effet. Emily ne trouve rien à commenter à commenter ou redire à ce sujet.

« Même les plus terribles malédictions peuvent être rompues. Vous n’êtes pas condamnée, Mélanie », promet Emily à son interlocutrice d’une voix douce, alors que cette dernière admettre se penser maudite… chose qu’elle comprend tout à fait. Comment s’imaginer autre chose en de si sinistres circonstances.

Ce n’était peut-être pas très malin de l’interroger sur ce qui s’était passé, toujours est-il qu’Emily se sent au fond rassurée de voir que cette série de déconvenues sordides ne l’ont pas découragée pour autant. Elle se sent encore capable d’être heureuse, elle nourrit toujours la volonté de connaître le bonheur… de rencontrer quelqu’un qui l’aimera autant qu’elle l’aimera… Quand elle y songe… Emily n’a jamais connu cela. Victor a été attentif et patient avec elle, mais il ne l’aimait pas. Quant à Lord Barkis… faut-il seulement évoquer le sujet ? Elle est capable de comprendre les rêves de Mélanie, oui… Parce qu’elle les partage.

« J’ai ressenti la même chose… », reconnaît Emily en plongeant son regard dans celui de Mélanie, troublée, confuse… Elle a aussi eu le sentiment, oui, qu’elles étaient… les mêmes…. Ou pas loin. Elle a eu l’impression qu’elles étaient liées par quelque chose de plus fort et de plus exceptionnel que tout ce qu’elles ont un jour connu ou vécu. C’est… remarquable, de se sentir si profondément, naturellement, attaché à quelqu’un que l’on connaît si peu. Leur histoire commune n’y est probablement pas pour rien. « Et vous avez raison, Mélanie, je vous comprends, je comprends tout de vous. » Oui, elles n’ont pas été réunies ici par hasard. Emily n’est pas encore en mesure de comprendre les raisons, ou peut-être se voile-t-elle la face… mais elle sait que Mélanie est rentrée dans sa vie – et dans sa mort – pour y rester. Elle n’aura pas à forcer sa compagnie et sa tendresse. Vouloir se trouver l’une en présence de l’autre est quelque chose de réel, de naturel… elles n’ont pas besoin de s’y réfléchir ou de s’y obliger. Ça fait partie d’elles, en quelque sorte. « Vous avez totalement raison, vous savez. Vous méritez d’être heureuse. Vous méritez d’être aimée pour la personne exceptionnelle que vous êtes. Et ça arrivera… » Son sourire se fait plus malicieux. « Ne me demandez pas comment je le sais. Je le sais, c’est tout. »