J'étais dans un bâtiment abandonné, plongé dans l'obscurité totale. Il n'y avait aucun signe de vie, aucun son, juste le silence oppressant qui m'entourait. Mais quelque chose n'allait pas. J'avais l'impression de ne pas être seul dans ce lieu sinistre.
Était-ce encore une machination des Daleks ? Ce n’était pas impossible, mais je n'avais aucun indice concret pour étayer cette hypothèse. Les Cybermen pouvaient également être impliqués, étant donné qu'ils avaient déjà formé une alliance auparavant. Cela me mettait sur mes gardes. Je décidais donc de sortir mon tournevis sonique, mon seul outil de défense, et d'explorer les lieux.
Au fil de mes pas, j'entendais peu à peu des bruits étranges. Des craquements, des murmures, des chuchotements... Étaient-ce des sons réels ou simplement des hallucinations auditives causées par mon esprit affolé ? Je ne pouvais pas en être sûr.
Je me sentais comme pris au piège dans un labyrinthe inquiétant. Tout était différent de ce que je connaissais déjà. Les couloirs s'étendaient à l'infini, se croisant de manière chaotique. Les portes étaient verrouillées, les fenêtres étaient barricadées. Je ne voyais aucun moyen de sortir d'ici.
Je continuais mon exploration, à la recherche d'indices, de réponses. Mais plus j'avançais, plus l'atmosphère devenait pesante. J'avais la sensation dérangeante que quelqu'un me surveillait, que je n'étais pas seul. Je me retournais parfois, mais il n'y avait jamais personne derrière moi. Était-ce seulement une illusion ou une véritable menace ?
Je finis par arriver dans une pièce qui semblait différente des autres. Elle était plongée dans le nori le plus total. C'était presque silencieux, hormis le bruit étouffé d'un battement de cœur. J'avais l'impression que quelque chose ou quelqu'un se cachait dans l'ombre, me regardant.
Je pointais mon tournevis sonique en direction de l'obscurité. Une lueur bleue s'en échappa, éclairant faiblement la pièce. Et c'est alors que je vis quelque chose bouger. Une ombre qui se déplaçait lentement vers moi. Je resserrais ma prise sur mon tournevis, prêt à me défendre.
« Il y a quelqu'un ? » Ma voix résonna comme si j'étais dans une grotte. Je perçus un mouvement derrière moi et, dans cette obscurité angoissante, je me retournais vivement : « Vite, courez ! »
J'attrapais le poignet de la personne qui avait surgi derrière moi et je l'entrainais dans une course folle, revenant sur mes pas et parcourant de nouveau des couloirs, traversant des pièces et verrouillant quelques portes derrières nous régulièrement. J'avais eu le temps d'apercevoir la Chose... j'avais réalisé que c'était une créature inconnue, avec des yeux qui brillaient dans l'obscurité et des crocs acérés. De quoi motiver n'importe qui pour un vrai sprint !
Elle ne s’est pas du tout comment elle en est arrivée là. Ah. Si… En fouillant de fond en comble chaque coins de cette île à la recherche de personnes qu’elle connaît. Son père par exemple. Enfin, elle l’a retrouvé depuis longtemps à l’université, c’est son professeur de physique. Mais ce n’est pas le visage qu’elle a vu dans ses plus lointains souvenirs. Et de ce qu’elle a appris par Eleventh, c’est qu’ils sont plusieurs Docteurs. Des régénérations. La version de son père qu’elle a côtoyé est aussi présente dans ce monde, alors dès qu’elle l’a su, elle n’a pas hésité une seule seconde à se lancer à sa poursuite. Après tout c’est dans son caractère de foncer, non ? Enfin. Sa façon de foncer n’est pas la meilleure puisqu’elle le fait tête baissée sans forcément réfléchir non plus de temps en temps. Elle se retrouve alors dans un bâtiment à moitié délabré, abandonné sûrement depuis de longues décennies. Jenny ne veut pas reculer. Et si elle le voulait, elle ne le pourrait pas. Tout simplement parce qu’à force d’avancer dans ce dédale de couloirs, elle a fini par se perdre. Un labyrinthe des plus étranges, qui attise sa curiosité. Bien qu’elle sent une présence malsaine tout autour d’elle, sa peur se faisant légèrement ressentir dans ses tripes, la blonde avance pas à pas, serrant fermement sa lampe torche.
Le silence qui s’est installé depuis ces dernières minutes est pesant. Beaucoup trop pesant. Et chaque petits bruits qu’elle peut entendre par-ci et par-là la fait tressauter et se retourner vivement. Pourtant, rien ne se trouve dans son champ de vision. Son corps frissonne de peur et la chair de poule ne tarde pas à se montrer physiquement sur son corps. Elle passe une main sur sa nuque, comme si elle avait été caressé par quelque chose. Soudainement, une voix retentit au loin. Une voix qui demande si quelqu’un est présent non loin d’elle. Jenny déglutit, et hésite un peu. Deux options apparaissent. La première : elle décide de ne pas suivre la source de cette voix qui semble être « pacifiste » et part dans l’autre direction, au risque de se perdre et de cette fois tomber sur quelque chose ou quelqu’un qui lui voudra du mal. La seconde : elle suit cette voix et tombe sur quelqu’un qui lui aussi est perdu, et ils s’entraident pour sortir de ce trou à rats, au risque de finalement tomber sur quelqu’un qui lui veut du mal et se faire alors dézinguer sans avoir la chance de revoir la lumière du jour.
Elle choisi la seconde option et s’aventure un peu plus loin, et suit la source de la voix. Sa respiration se fait plus rapide quand l’obscurité l’enveloppe complètement. La Dekens est courageuse, mais elle n’a jamais réussi à vaincre sa nyctophobie depuis sa naissance. Cette peur irrationnelle de voir quelque chose d’horrible apparaître devant elle, ou de sentir quelque chose lui attraper une partie de son corps. C’est d’ailleurs ce qui finit par lui arriver. Sans demander son avis, on lui chope le poignet pour la faire courir loin d’où elle se trouvait. La même voix lui somme de courir avec elle, et elle le fait sans réfléchir. Un sentiment étrange la transperce de toute part et elle ne dit rien durant ce laps de temps. Leurs bruits de pas résonnent dans les couloirs, et elle regarde de temps en temps derrière elle pour voir les portes se refermer. Elle a tout juste le temps d’entrapercevoir un visage abominable qui était prêt à les dévorer tout cru. Un petit cri sort de sa bouche, et elle regarde droit devant elle, lorsque la luminosité revient peu à peu. C’est alors que le dos de la personne qui lui tient toujours le poignet se forme sous ses yeux. Et c’est un dos qui lui rappelle quelque chose. Un flashback la prend soudainement. Elle écarquille les yeux, et retire sèchement sa main de là avant de s’arrêter, le souffle court.
« - P-Papa ? C’est toi ? » interroge-t-elle, les sourcils froncés, en essayant de reprendre sa respiration.
Et c’est bien lui qui se retourne. Lui. Le visage de ce Docteur qui l’a vu naître. Son père. Le premier visage que Jenny a pu voir quelques secondes après sa naissance. Celui qui l’a aidé à comprendre sa véritable nature et de bannir la violence qui était en elle. Le visage de la jeune femme s’illumine, et elle se jette littéralement dans ses bras. Elle le serre d’une force, comme si elle avait peur de le voir disparaître. Comme si elle craignait que ce soit une hallucination. Pourtant il est bien réel. Jenny plonge sa tête contre son cou et laisse quelques larmes de bonheur couler le long de ses joues.
Une chose était sûre, cette créature ne nous aurait pas ! J’étais prêt à courir autant qu’il fallait pour cela, pour bien mettre de la distance entre elle et nous. L’empêcher de nous attraper, c’était le plus important. Voilà sans doute pourquoi je n’avais même pas encore pris le temps de regarder la personne que j’avais entraînée dans ma course folle, ni de lui parler. Nous courions comme si nos vies en dépendaient… et c’était sans doute le cas, d’ailleurs.
Courir avec une fille, cela m’était arrivé assez souvent par le passé… Il fallait dire, aussi, que j’aimais beaucoup courir. J’adorais cela, même. Mais je pouvais bien comprendre que ce n’était pas au goût de tout le monde. Mais quand nous nous étions arrêtés un instant, pour reprendre notre souffle et voir un peu où nous en étions dans cet endroit labyrinthique et, surtout, où en était cette créature affreuse. Et là, elle m’appela papa. Alors je la regardais d’un peu plus près.
« Jenny ? » Wow, c’était fou que ce soit elle ! Mais je retrouvais bien chacun des traits que j’avais pu voir lorsqu’elle était née. J’avais eu du mal à accepter que j’avais partagé mon ADN avec quelqu’un d’autre. Je n’avais pas prévu ce qui était arrivé ce jour-là. Et c’était Donna Noble qui m’avait ouvert les yeux…
« Mais, je te croyais morte ! » Je l’avais vue disparaître. Je l’avais vue mourir… En un instant, la jeune fille me sauta dessus pour me serrer bien fort contre elle. Une effusion à laquelle je ne m’attendais pas du tout… « Je n’aurais jamais cru te retrouver ! »
Ce monde, cette île, c’était tellement dingue… On pouvait retrouver un tas de personnes, même celles qui étaient mortes, même celles qui semblaient avoir disparu… Mais nous ne pouvions pas non plus rester là, comme ça, enlacés, alors qu’une bestiole aux dents aussi longues que mon bras nous talonnait. A entendre les bruits qui s’approchaient, la créature devait défoncer les portes l’une après l’autre. Et se rapprocher, encore et encore…
Je n’avais pas envie que ce moment s’arrête, mais nous devions avancer. Il nous fallait poursuivre, c’était obligatoire si nous voulions survivre… et je ne voulais pas voir mourir ma fille une deuxième fois. Hors de question. « Tu as repris ton souffle ? » Je me dégageai un peu de son étreinte, parce qu’il était vraiment temps que nous puissions reprendre notre course folle. Il fallait que nous puissions fuir. « Jenny, je ne veux pas te perdre encore… » C’était cette créature ou nous, alors, il fallait que l’on sorte d’ici, que l’on trouve la sortie et pour cela, il fallait continuer à bouger, en espérant qu’il n’y aurait pas une autre créature effroyable dans les parages… « On va essayer de monter dans les étages. » En espérant que l’immeuble ne disposait pas de trente étages et de trente créatures pour les peupler et nous courser. « Il nous faut un abri ! »
Son sourire ne la quitte pas. Il était impensable de le retrouver aussi vite. Quoique… Dans une situation comme celle-ci, à courir pour échapper à une menace vivante, c’est tout le Docteur. C’est tout son père et elle. Il est vrai que la dernière fois qu’il l’a vu, elle se trouvait dans ses bras, mourante, après avoir reçu un tir qui lui était destiné. Jenny ne regrette pas de l’avoir défendu, elle a pu lui prouver qu’elle pouvait être une bonne personne. Une meilleure version d’elle-même. S’écartant un peu de ses bras, elle hoche la tête à ses dires et rit doucement. « Il faut croire que je peux tromper la mort, Daddy. Après que tu sois partie, la Source m’a ressuscité. Et… Je me suis enfuie à bord d’un vaisseau spatial que j’ai volé, pour faire comme toi ! Voyager et découvrir le reste de l’univers ! » dit-elle, avec une certaine fierté dans la voix. Une fierté qui disparaît soudainement, lorsque les bruits de la créature se font de nouveau entendre. Vivement, la blonde tourne la tête vers la source de ces bruits et se mord la lèvre. Elle n’a pas vu à quoi ce monstre pouvait ressembler, ça l’intrigue énormément comme ça lui file une grosse frousse. « Oui, ne t’en fait pas. » Elle le rassure avec ces quelques mots, et fronce les sourcils. Non, elle refuse qu’il pense ça. Elle pose une main sur son épaule.
« Tu ne me perdras plus jamais. Je t’en fais la promesse. On va s’en sortir. Ensemble. »
Sans plus attendre, elle attrape son poignet à son tour et l’entraîne de nouveau dans ces dédales de couloirs, en grimpant quelques étages. Un abri. Un abri, il leur faut un abri. Mais ne connaissant pas le bâtiment par cœur, Jenny ne sait pas s’il en existe un quelque part, qui pourrait leur sauver la mise. Elle se met alors à ouvrir plusieurs portes, certaines débouchant sur un cul-de-sac où d’autres ne permettant pas de les cacher suffisamment aux yeux de la créature. Le souffle court, elle se retourne pour voir ce qu’il en est et oui, elle aperçoit des yeux perçants. l’adrénaline est bien présente et la jeune femme finit par attirer le Docteur dans une pièce plus spacieuse, qui ressemble à une grande cuisine. Des meubles, des placards, assez pour pouvoir se cacher. Elle regarde autour d’elle, et ne perd pas une seconde avant de plaquer son dos contre ce qui semble être un buffet. Elle tente de reprendre sa respiration sans faire trop de bruit, et ses yeux croisent ceux de son père, lui aussi caché. « Plus un bruit… » lance-t-elle à voix basse, alors que la créature pose un premier pas dans la salle où ils se trouvent.
Courir, toujours courir… C’était une façon un peu simple de résumer ce que je faisais de ma vie… Fuir une créature, courir pour sauver des gens ou des planètes… Alors que le temps ne me manquait pas vraiment, je courais toujours. Et j’adorais ça. La différence, cette fois, c’était que je ne courais pas avec une compagne ou un compagnon de TARDIS, mais bien avec… ma fille. Celle qui avait été conçue à partir de mon ADN. Une trompe-la-mort… J’eus un sourire en entendant cela.
« Je me dois quand même de te le dire : voler, c’est mal ! » En tant que père, je me devais tout de même de le lui rappeler. Elle avait grandi d’un seul coup, elle n’avait pas eu d’enfance… alors ce genre d’apprentissage, il lui fallait le faire plus tard. Comme maintenant, par exemple.
Mais en dehors de cette petite remarque, honnêtement, il ne m’était pas venu grand-chose à l’idée. Sauf que… oui, j’étais heureux de la retrouver et oui, j’espérais bien ne plus jamais la perdre ! Cette île me permettait de retrouver la chair de ma chair, ce n’était pas rien !
« Bien sûr qu’on va s’en sortir ensemble ! On forme une super équipe, ça se voit directement !» Et c’était reparti, cette fois, c’était elle qui m’entraînait dans sa course folle mais je ne pouvais qu’être heureux : c’était tout à fait le genre de ma fille ! Ou en tout cas, dans l’image que je m’étais faite d’elle.
Tout se passait très vite : la recherche du meilleur chemin n’était pas simple quand on ne connaissait pas bien les lieux… et il fallut ouvrir et refermer des portes, courir dans un sens, revenir dans l’autre, aller et venir pour mieux repartir… mais quelle sorte d’abri cherchions-nous ? Nous ne savions même pas ce qu’était la créature qui nous poursuivait… terrestre ou alien ? Déjà, rien que là, il y avait de quoi être un peu perdu… les abris n’étaient pas nécessairement les mêmes selon l’origine de la chose… et puis, à part des yeux rougeoyants, des griffes acérées, des grognements rauques et une respiration haletante, on ne savait pas vraiment ce qu’il fallait imaginer autour de tout cela. Ça aurait très bien pu être un loup-garou, une invention des daleks ou une créature inconnue venue d’un univers parallèle…
Et puis, on posa les pieds dans une sorte de grande cuisine. L’idéal pour la créature nous préparer à son goût si elle devait nous attraper ici. L’idéal, aussi, pour voir si elle résistait à l’eau, au froid, à la chaleur… Je posai le doigt sur la bouche, indiquant à ma fille que j’avais bien compris que tout était une question d’enchaînements dans les secondes qui allaient suivre. Mais ce que je pouvais faire, c’était une diversion.
Je pointai mon tournevis sonique vers un évier pour déclencher une fuite imposante, faisant apparaître un geyser d’eau en direction du plafond. J’espérais que le bruit de l’eau avait couvert assez rapidement celui de mon tournevis… mais en attendant, je me glissais de l’autre côté, vers les chambres froides. Si la créature craignait le froid, je pourrais peut-être l’attirer par là et l’enfermer dans le congélateur géant. Peut-être même que je pourrais trouver un appât digne de ce nom, comme un poulet ou un lapin…