Le mécénat… voilà bien un principe qui m’avait plu d’emblée lorsque j’étais arrivé ici. D’abord parce que cela pouvait m’ouvrir les portes de domaines artistiques ou culturels, ensuite parce que je pouvais également investir et avoir, par conséquent, un retour sur investissement par la suite, enfin parce que cela me donnait l’occasion de parier sur des talents ou des projets divers et variés.

Il y avait quelque chose de très gratifiant dans le fait d’être contacté pour être le mécène de quelque projet d’envergure, c’était une forme de reconnaissance, pour moi, qui me rappelait à quel point je pouvais être un dieu protecteur.
De plus, j’avais acquis bien assez d’argent pour me permettre ce genre de dépenses et je préférais investir dans des projets plutôt qu’acheter des objets d’art ou des bijoux que ma femme ne portait jamais.
L’argent devait être utile.
Certains mortels passaient leur vie à essayer d’en amasser le plus possible… mais ils n’en avaient jamais assez avec une seule vie. D’autres avaient appris que l’argent ne pouvait pas acheter les choses véritablement importantes. Ce qui m’était apparu assez clairement, c’était que beaucoup de mortels n’étaient pas heureux car ils rêvaient d’un bonheur trop grand. Et ceux qui parvenaient à se contenter de ce qu’ils avaient étaient bien rares de nos jours.

Financer l’université Miskatonic était une belle opportunité pour moi. Aussi, lorsque la directrice m’avait contacté, je n’avais pas rechigné pour trouver un moment pour un rendez-vous avec elle. J’ignorais à quel genre de personne j’allais être confronté mais je savais que son but (obtenir des finances de ma part) pouvait fort bien être combiné avec le mien (améliorer sans cesse mon image auprès de la population mortelle pour ensuite pouvoir retrouver ma famille et mes proches). Un échange de bons procédés me semblait donc tout à fait possible.
Une fois le rendez-vous fixé, d’un commun accord sur les lieux de l’université pour que je puisse me rendre compte sur place de la réalité, j’avais vaqué à mes occupations.

Le jour J, au moment où j’étais attendu, je me présentais à l’université Miskatonic où je fus accueilli par un homme qui devait être un secrétaire ou un majordome. Difficile de faire la différence entre les deux, au vu de son attitude. Il me mena au bureau de la directrice qui, à son tour, m’accueillit avec toutes convenances.

« Merci, Mrs Hellsing. » Elle m’indiquait un siège et je pris place, me croisant les jambes une fois installé. Elle me proposé du thé et je secouais doucement la tête. « Non merci, je préfèrerais un simple verre d’eau. »

Pour discuter affaires, je consommais du café plutôt que du thé. Ou de l’eau. Je ne prenais pas beaucoup de plaisir à boire du thé, je ne savais pas pour quelle raison, mais c’était comme cela.

« Alors, dites-moi, que puis-je faire pour vous ? »

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J’avais des secrétaires, des conseillers, des cadres, des employés, toutes sortes de personnes à mes côtés et sous mes ordres, mais, pourtant, quand il s’agissait de prendre des décisions liées à des investissements qui ne rapportaient rien de financier, je ne me fiais qu’à moi-même, à mes instincts et à mes impressions.
Lorsque des opportunités de mécénat s’offraient à moi, j’avais tendance à foncer, parce que tout ce qui relevait du domaine de la culture était quelque chose qui m'attirait et me plaisait... n'était-ce pas dans les arts et les connaissances que l’esprit humain pouvait s’approcher le plus du divin ? La créativité et l’originalité, le savoir, le savoir faire… Tout cela m’émerveillait, car j’y voyais comme une fenêtre ouverte sur la beauté de l’esprit humain.

Mon verre d’eau servi, j’écoutais attentivement Mrs Integra Hellsing, tandis qu’elle m’exposait les richesses qui se cachaient dans l’université et les différences entre celle-ci et celle, plus traditionnelle, de l’université Marshall.

« Financer une bibliothèque d’ouvrages rares, cela m’intéresse. Concernant les cours dispensés à l’université, je ne suis pas très au fait de ce que vous appelez « l’occulte »… Mais l’histoire perdue et les mondes anciens, voilà des sujets intéressants.»
Peut-être y avait-il des choses au sujet des Atlantes, par exemple, ou des civilisations oubliées et disparues qui dataient d’avant même l’émergence de la culture gréco-romaine.

Quant aux bâtiments… à vrai dire, oui, l’architecture était remarquable et devait forcément être maintenue en état grâce à des techniques particulières et sans doute très précises, qui avaient un coût considérable.
« Cela va de soi. Il faut préserver ces murs et garder l’atmosphère particulière qu’ils dégagent. » Peut-être était-ce parce que c’était une construction un peu inhabituelle pour moi, mais les bâtiments me semblaient différents de ceux que j’avais pu voir jusqu’à présent. Difficile de dire si la construction était romane, gothique, rococo ou baroque, cela n’entrait pas en ligne de compte. C’était une structure à part, avec un style bien à elle. « Auriez-vous un plan de vos projets de travaux ? »

En réalité, financer des travaux de grande envergure ne me faisait pas peur et ne me dérangeait pas. Je ne tenais même pas spécialement à ce qu’une plaque avec mon nom soit apposée quelque part. Ce qui m’intéressait, c’était surtout de pouvoir participer à quelque chose, de pouvoir jouer mon rôle de protecteur de l’humanité, même si l’on pouvait se dire qu’ici, le contexte était assez loin de ce à quoi j’avais été habitué.

Je bus un peu d’eau fraîche, observant mon interlocutrice. Je n’avais pas vraiment besoin de beaucoup réfléchir pour décider si oui ou non j’allais accorder des fonds à l’université Miskatonic.

« Je dispose d’une certaine somme que je peux allouer à des projets de recherches. Avez-vous des programmes établis pour des investigations ? J’aime l’idée de participer à l’approfondissement et à l’enrichissement des savoirs humains… »

Je n’étais pas très précis dans mes dires, mais il me semblait qu’il était important de montrer que j’étais en faveur des découvertes et du progrès, quels qu’ils soient.

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Dès que j’étais en présence d’une femme, mon cerveau agissait d’une façon bien à lui. Heureusement que j’étais capable de trier les informations qu’il envoyait à tous mes sens, car j’aurais pu m’emballer et voir des invitations qui n’en étaient aucunement. Cette femme, donc, la directrice de l’université Miskatonic, me semblait dotée d’atouts physiques, bien sûr, mais aussi intellectuels. Et c’étaient sur ces derniers que je tâchais de me concentrer.

Si les lieux étaient aussi étranges, cela ne m’étonnait guère. Sur cette île, il y avait tant de bizarreries que même l’Olympe aurait pu paraître un endroit tout à fait normal à côté. Alors, une université qui contenait des salles secrètes, qui étaient découvertes chaque jour…

« J’imagine qu’en plus de l’effet de surprise, ce genre de découvertes doit amener de nombreuses questions… Vous avez des chercheurs qui sont spécialisés dans l’étude du lieu, peut-être ? »

Oui, cela, ça m’intriguait quelque peu. Ces bâtiments étaient-ils vraiment définis dans l’espace ? Avaient-ils seulement une limite ? Voilà ce qui me taraudait… J’avais l’impression qu’en tant que divinité, j’aurais peut-être pu chercher, moi aussi, des réponses… et peut-être même que mes pouvoirs auraient pu rendre la tâche plus aisée. Mais je ne le ferais pas.

Je posais les yeux sur les plans posés sur la table où Mrs Hellsing m’avait invité à la suivre. Je dus me faire violence pour ne pas laisser courir mon regard sur la courbe de ses hanches et de sa croupe, car au rythme de la marche, les femmes avaient toujours là des arguments qui retenaient mon attention bien facilement.

« La bibliothèque est un bon début, oui… Mais si je ne m’abuse, de nombreuses écoles ont été bâties sur le modèle des monastères. Ou des prisons, à en croire certaines jeunes personnes. » Mieux valait en sourire, mais oui, une cour intérieure, des bâtiments tout autour… des couloirs à n’en plus finir et des alcôves un peu partout. Je comprenais bien la comparaison, de fait. « Je ne suis pas très familier des monastère, j’en ai visité quelques-uns, jadis, en Grèce, notamment, mais ils ne ressemblaient pas du tout à ceci. »
Sans doute parce qu’il s’agissait d’orthodoxie et non de catholicisme. Mais c’était là une parenthèse que je n’avais pas très envie d’approfondir.

Je notais l’intérêt de loger le personnel sur place. Il y avait là un gain de temps non négligeable, puisqu’il n’y avait pas de risque d’arrivées tardives ou de grèves des transports en commun.
« C’est à la fois astucieux, brillant et génial. Le personnel qui loge sur place, c’est une excellente idée. Vous n’avez pas besoin d’un système de sécurité externe, pour veiller sur les livres précieux, c’est vraiment du génie ! » Ajoutons, en plus, que tout employé consciencieux n’aurait pas voulu risquer de perdre son emploi et son logement en même temps. De quoi développer le zèle et la motivation tout en ayant le rôle de bienfaitrice. J’adorais.

« Les mythes et légendes… Intéressant… » Mais la suite l’était encore plus. Et pour cause… « Je pense que toute personne un peu attentive doit avoir remarqué, oui… Pensez-vous pouvoir trouver la source de ces pouvoirs ? Ou cherchez-vous à rétablir un équilibre ? »
Je tenais à mes pouvoirs. Beaucoup. Je n’aurais pas voulu que la recherche me fasse perdre des dons que j’avais mis du temps à retrouver.

« Dans tous les domaines de recherche que vous abordez, pouvez-vous m’assurer que vous ne comptez rien utiliser contre les êtres humains de cette île ?» J’étais un philanthrope, un dieu protecteur. Il aurait été assez désagréable pour moi d’apprendre que je m’apprêtais à soutenir un projet qui m’intéressait mais qui, d’un autre côté, pouvait faire courir des risques à des humains sans défense.

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Il y avait quelque chose de très agréable dans le fait d’observer une femme.
Mes pensées se mirent à divaguer, et mon imagination prit le dessus. Je commençai à m'imaginer une aventure incroyable avec elle. Peut-être que nous nous rencontrerions de manière fortuite dans un parc, nos regards se croisant au milieu d'une foule joyeuse. Nous engagerions la conversation, partageant des rires et des anecdotes de nos vies respectives.
Au fil des jours, notre complicité grandirait. Nous nous retrouverions dans des cafés chaleureux, nos conversations durant des heures sans jamais s'épuiser. Chaque moment passé ensemble serait empreint d'une énergie vibrante, et je pourrais sentir une connexion spéciale se développer entre nous.
Nous nous aventurerions main dans la main dans les ruelles étroites d'une ville inconnue, découvrant des lieux cachés et des trésors oubliés. Les étreintes passionnées viendraient s'entremêler avec les doux murmures échangés à l'oreille, créant une symphonie de désir et d'affection.
Nos voyages nous conduiraient sur des plages immaculées, où nous marcherions pieds nus dans le sable, les vagues venant lécher nos pieds. Nous nous émerveillerions devant les couchers de soleil embrasant l'horizon, capturant ces moments magiques pour les garder éternellement dans nos souvenirs.

Pourtant, je me rappelai soudain de la réalité qui m'entourait. Mes rêveries étaient simplement le fruit de mon imagination, une escapade dans un monde parallèle où les rencontres fortuites conduisaient à des aventures romantiques...

Nous étions loin du compte, vraiment. Cette entrevue était professionnelle, voilà qui devait me rester à l’esprit.

« Quel genre de spécialiste chercheriez-vous ? » Face aux phénomènes étranges de cette île et, plus encore, de cette université, quelles études pouvaient mener un être humain à comprendre et à analyser les faits ?  « Un scientifique ? Un philosophe ? »

C’était difficile d’imaginer le genre de personne qui ferait le mieux l’affaire. Surtout que, comme elle le disait, l’université semblait venir d’un autre monde.
Certes, la différence était une richesse, mais parfois, c’était un peu plus compliqué. Je n’avais, par exemple, pas idée de ce que cet autre monde pouvait receler et je ne pressentais pas de visions ou de possibles événements liés à tout cela…

« Vous êtes croyante ? » De tradition chrétienne, protestante. Une croyance en un dieu unique, avec des institutions bien établies… bien plus sobres que dans le christianisme orthodoxe ou, même, le christianisme catholique.

Je n’aimais pas vraiment le monothéisme. J’avais toujours eu le sentiment que c’était une sorte de phénomène de mode, que cet Abraham avait trouvé cette idée pour se démarquer…
Mais nous n’étions pas ici pour discuter de théologie ou d’histoire des religions.

Je préférais écouter les explications de Mrs Hellsing au sujet de son organisation. La création d’appartements, la réfection de différentes parties du bâtiment… je comprenais sa logique qui m’apparaissait comme une évidence.

« Je vois. D’une pierre, deux coups, comme on dit. »

Mais le sujet des pouvoirs était plus intéressant encore. En avait-elle, elle-même ? La question me brûlait.
« Une question me taraude… avez-vous été confrontée, d’une manière assez proche, à cette émergence de pouvoirs ? » Elle en parlait avec assez bien de prudence et je me demandais s’il était acceptable, à ses yeux, de faire affaire avec moi, puisque j’avais quelques dons.

« Je prends cette vie comme une nouvelle chance. J’ai eu l’opportunité de m’enrichir et d’investir dans des sociétés auxquelles je trouve quelque chose de bon. Je profite de cette île pour me rapprocher de membres de ma famille avec qui je n’aurais jamais pu partager ce que j’ai la chance de partager aujourd’hui… mais le fait d’avoir retrouvé une partie de ma puissance me conforte dans l’idée qu’en cas de besoin, ma foudre et mon égide seront là pour défendre les miens. »

J’étais loin de mes propos d’homme d’affaires. Mais je révélais mes intentions assez clairement. J’étais un dieu protecteur, après tout.

« Tant que nous disposons du libre arbitre, j’estime que notre statut est plutôt correct. »

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Je ne changerais sans doute jamais, mes yeux aimaient l’art et le beau et je trouvais bien souvent les courbes féminines d’une grande beauté.
J’avais l’habitude d’être assis sur un trône ou à un luxueux bureau, contemplant le monde d'en haut… Mais ici, j’étais sur son territoire à elle. Une femme d'une beauté inouïe, sa démarche gracieuse et sa silhouette parfaite me captivaient instantanément. Mon regard se perdait dans chaque partie de son corps, alors que mes pensées s'enchaînaient, rappelant les détails enchanteurs.
Son visage, délicatement sculpté, arborait une peau douce et lumineuse. Ses yeux, tels des joyaux, brillaient d'une lueur mystérieuse, reflétant son intelligence et sa passion. Les longues mèches soyeuses de ses cheveux flottaient dans l'air, donnant à sa présence une aura de grâce divine.
Mon regard glissait le long de son cou, délicieusement courbé, et s'arrêtait sur ses épaules dénudées. La finesse de sa peau se mariait harmonieusement avec sa silhouette élancée, tandis que ses bras dégageaient une force insoupçonnée, prêts à embrasser la vie.
Mes yeux descendaient lentement le long de sa poitrine, qui se soulevait légèrement à chaque respiration. Sa féminité exaltée, subtilement mise en valeur, attirait mon regard hypnotisé. Le détail de ses seins, doux et arrondis, m'invitait à succomber à leur magnétisme.
Mes pensées s'attardaient sur sa taille, fine et délicate, soulignant la courbe gracieuse de ses hanches. Sa taille se prolongeait en une silhouette sculpturale, symbole de féminité éternelle, dont l'harmonie parfaite me subjuguait.
Mes yeux se posaient ensuite sur ses jambes, longues et élégantes, qui semblaient s'étirer jusqu'à l'infini. Chaque pas qu'elle faisait était un ballet céleste, captivant mon regard, tandis que mes pensées ne pouvaient s'empêcher de souligner leur grâce et leur puissance.
Enfin, mon regard s'attardait sur ses pieds, délicatement cambrés, témoins de sa légèreté et de son ancrage à la terre. Chaque pas qu'elle faisait était une danse, une offrande à ma vision, et mon esprit enregistrait chaque détail de cette divine symphonie.
Mon esprit vagabondait au rythme de ses courbes parfaites, tandis que mes pensées s'envolaient vers un amour interdit. Car en tant que dieu, je me devais de rester à ma place, observant en silence, envahi par l'éternelle fascination qu'éveille la beauté de la femme.

La réalité était pourtant bien là et je me trouvais bien bête d’être ainsi toujours subjugué par la féminité… Il m’était toujours très difficile d’avoir la tête sur les épaules quand je voyais une dame ou une damoiselle… Peut-être que cette faiblesse était ce qui me rendait plus humain, mais c’était tout de même bien souvent un fâcheux handicap.

« En multipliant les points de vue de chercheurs, vous pourriez vous approcher de l’idéal. Vous avez déjà quelques candidats, peut-être ? »

Il valait mieux me concentrer sur la raison pour laquelle j’étais là. Financer des recherches et des projets culturels, donner la possibilité à cette université d’accueillir les étudiants dans les meilleures conditions possibles… Utiliser ma fortune à bon escient pour donner à chacun des chances équitables.

« Je n’ai aucun problème avec la foi. C’est quelque chose de très personnel et d’intime. Je ne peux pas dire que je comprenne le choix du monothéisme, mais je suis toujours curieux d’apprendre. »

En fait, si, je savais très bien pourquoi les humains s’étaient tournés vers un dieu unique pour la plupart. Notre panthéon mythologique était trop complet et trop complexe pour perdurer dans le temps. Je me demandais parfois dans quelle mesure le judaïsme et le christianisme s’étaient nourris des mythologies pour être fondés et pour se développer ensuite… mais je ne m’arrêtais jamais bien longtemps sur ces questionnements-là. Peut-être qu’un jour, j’aurais l’occasion de croiser ce fameux Jésus de Nazareth ou Moïse ou encore Abraham… J’avais des questions à leur poser à tous les trois.

« Bien. Tant mieux si vous êtes à l’aise avec les pouvoirs. C’est un sujet qui peut parfois être relativement délicat à aborder. » Mes propos précédents n’avaient guère suscité de haine et c’était une bonne chose.
Comme elle, je voyais en cette rencontre une opportunité d’unir nos forces pour protéger l’île et ses habitants. Ce n’était pas rien. Je n’étais cependant pas sûr de vouloir créer une force armée pour autant.

« Une forme armée… J’ai bien peur que cela pousse à un usage encore plus marqué de la violence de ces êtres incontrôlables… La peur fait parfois prendre aux humains des décisions tout à fait déraisonnables… »
L’armée, l’uniforme, tout cela impliquait, aussi, une hiérarchie à mettre en place et ça, certaines personnes n’en voudraient pas.
« Comment envisagez-vous cela exactement ? Et comment serez-vous certaine de pouvoir octroyer votre confiance aux candidats pour cette force armée ? »

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Distrait par les courbes féminines, j’étais une fois encore en train d’imaginer ce que pouvait cacher la tenue vestimentaire de mon interlocutrice. Je lui imaginais une peau douce, presque comme celle d’une pêche mûre, des muscles fins, agréables au toucher… J’étais comme cela depuis toujours, sensible au charme des femmes, des déesses, des nymphes, des muses, des Grâces, des Amazones, des Sphinges, des hespérides, des érinyes, des néréides, des danaïdes… je ne pouvais empêcher mon esprit de virevolter dans des songes et des fantasmes que je ne pouvais pour le moment que refouler. J’essayais, sur cette île, d’être une meilleure version de moi-même et cela impliquait d’être honnête et sincère. Aussi, lorsque la directrice de l’université m’interrogea, je ne pus réprimer un léger sourire.

« Oh, je ne m’ennuie certainement pas et je serais bien audacieux de tester sur vous mes capacités sans votre consentement…» Mon sourire s’évanouit et j’eus un léger haussement d’épaule. « C’est juste que… vous portez des vêtements amples et j’ai une imagination fertile. Quand une femme cache son corps, je me sens curieux. Surtout si la dame est jolie. »
Certes, je n’y allais pas par quatre chemins, mais il fallait bien dire la vérité si je ne voulais pas être pris pour un ennemi. Mieux valait-il passer pour un pervers ? Je n’en savais rien. Ce n’était pas le genre de problématiques auxquelles j’étais habitué sur l’Olympe, mais ces questionnements éthiques et existentiels que j’avais découverts en débarquant sur l’île prenaient de plus en plus d’importance à mes yeux.
« Je ne veux pas vous froisser, Mrs Hellsing, mais vous êtes tout à fait charmante et je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que vous sembliez dotée à la fois d’un esprit vif et d’un corps agréable. »

C’était « un peu » cavalier de ma part, mais je n’avais pas vraiment l’habitude de faire la cour et encore moins de me justifier. Je n’aurais jamais essayé mes pouvoirs sur elle sans lui en parler auparavant, mais je ne voyais pas comment lui prouver ma bonne foi autrement qu’en lui servant la vérité sur un plateau, un peu maladroitement.
Il fut ensuite question des personnes recommandées et recommandables, et je constatais que cette femme avait réellement un esprit axé sur la stratégie et l’organisation. Elle mettait toutes les chances de son côté et ne se contentait pas de simples recommandations, mais s’attachait aux faits et, également, à la bienveillance et à la bonté des gens qu’elle engagerait. Voilà qui me plaisait.
J’opinais. C’était une femme de tête, une femme qui était semblait-il capable de tenir les rênes d’un projet d’une telle envergure. Et je soupçonnais qu’elle devait avoir quelque atout dans sa manche dont je n’avais eu vent jusqu’à présent. Cela dit, je n’en dis mot, après l’épisode de mon regard sur son corps, disons que j’estimais que j’avais mieux à faire que de susciter le doute et le questionnement.

La foi était une vaste question. Mais une croyante monothéiste discutant de théologie avec l’un des dieux du panthéon grec, polythéiste donc, le plus connu, cela me semblait aussi complexe que de résoudre une énigme du sphinx sans avoir de finesse d’esprit ni de subtilité intellectuelle.
« Nous pourrions, en effet, mais il serait plus intéressant encore d’associer d’autres obédiences aux nôtres, afin de donner une sorte de dialogue interreligieux porteur de sens et de valeurs communes. »

J’avais refusé d’accompagner ma fille, Artémis, à la fête donnée en hommage à l’anniversaire de naissance du Christ. J’avais estimé que ma présence n’était pas souhaitable en un tel lieu et à une telle occasion. Avais-je tort ou raison ? Je n’en savais rien, mais cela m’avait semblé être plus correct vis-à-vis des mortels.

Encore une fois, j’approuvais les propos de mon interlocutrice quant aux conséquences que l’inaction pouvait avoir sur les êtres vivants. Et, comme elle, je ne souhaitais pas qu’une telle chose puisse arriver.

« Je suis d’accord avec vous, cette université peut être une belle opportunité pour protéger les mortels de l’île. L’idéal étant, à mes yeux, de donner à chacun les mêmes chances d’accéder à un statut lui permettant de discerner la meilleure voie à suivre. » Je laissais à mon frère tout ce qui pouvait relever du jugement des âmes, cela ne me concernait que de très loin, vu que je préférais m’intéresser aux vivants. « Dans votre projet, Mrs Hellsing, je vois plusieurs possibilités pour améliorer les choses sur cette île. La recherche est importante, tout comme la protection. Ces deux versants m’intéressent et je tiens à vous apporter ma contribution. »

Nous pouvions parler d’argent ou d’autre chose. Je ne donnais pas souvent ma bénédiction pour quoi que ce soit qui vînt des humains monothéistes, je n’étais pas comme leur dieu unique, mais si cela pouvait être un atout pour les projets bienveillants et porteurs dont je pressentais l’avènement, alors je pouvais faire une exception.

« On dit que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités… j’espère que vous trouverez les bonnes personnes pour vous entourer dans cette quête, Mrs Hellsing. Sachez, en tout cas, que je me tiens à votre disposition pour mettre au service de cette cause ce qui est en mon pouvoir. »

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