Regina avait passé la semaine à trépigner intérieurement. Depuis sa rencontre avec Epona, elle n’avait pas pu oublié la jument ni le sort qui lui était réservé. Elle n’avait qu’une hâte, voir arriver le samedi matin afin de retourner au haras pour l’acheter, peu importait le prix, et lui sauver la vie. Elle ne doutait pas qu’avec assez d’attention et beaucoup de patience, l’animal changerait d’attitude. D’une certaine façon, elle se retrouvait en elle. Les accidents de la vie les avaient brisées mais ce n’était pas pour autant qu’elles ne pouvaient pas retrouver équilibre et paix intérieure. L’amour d’Henry et, plus récemment celui d’Emma, même si elle était encore réticente à l’accepter, avaient petit à petit soigné ses blessures. Bien sûr, elle garderait des cicatrices à l’âme toute sa vie, des souffrances qu’on lui avaient causées mais de celles qu’elle avait fait subir aux autres également. Pour autant, toute rédemption n’était pas inatteignable et elle comptait bien poursuivre dans cette voie. Epona pouvait tout comme elle évoluer vers le mieux et elle y veillerait. Elle ne doutait pas que Lagertha aussi, vu comme elle prenait soin de ses bêtes et d’Asvald en particulier malgré son fichu caractère, ou peut-être à cause de lui.
Quand elle arriva au haras alors que le jour se levait à peine. Elle se dirigea vers l’écurie et se rendit immédiatement dans la stalle à l’écart, tout au fond. Epona était là, absolument magnifique. Regina tendit la main en l’appelant calmement et la jument sembla la reconnaître. Elle leva ses grands yeux vers elle et hennit doucement. Tout à coup, la porte de l’écurie s’ouvrit et la jument se cabra et donna un grand coup de sabots dans le mur derrière elle. Un employé apparut et signala à Regina qu’elle ne devrait pas s’approcher, que cette femelle était dangereuse. Regina le regarda de haut. - Pas plus que certains êtres humains. Je suis venue l’acheter. J’ai rendez-vous dans dix minutes avec votre patron mais, s’il est déjà arrivé, nous pouvons peut-être réglé cela immédiatement. Ainsi, je vous débarrasserais d’elle plus rapidement.
En ronchonnant, l’homme l’emmena au bureau du directeur du haras qui ne fut que trop content de la voir. Il avait passé la semaine à croire qu’elle ne reviendrait pas comme promis pour le débarrasser de cette furie. - Je tiens toujours mes promesses, sachez-le. Allez-vous honorer votre part du marché et me laisser emprunter un van pour emmener Epona où elle résidera désormais ? Le directeur le lui confirma, le van était d’ailleurs déjà prêt. Regina reviendrait le déposer une fois Epona installée chez Lagertha et récupèrerait sa voiture à ce moment-là. Il ne fallut pas moins de trois employés pour parvenir à faire monter la jument dans le véhicule. Le directeur s’inquiéta de l’aide qu’elle pourrait recevoir à l’arrivée mais elle le rassura. Après tout, s’il devait y avoir un souci, Lagertha serait là et puis elle avait sa magie. Non qu’elle se soucia de le signaler à cet homme qui n’avait pas cru bon de s’obstiner pour sortir Epona de sa misère alors que les chevaux le faisait vivre.
Le trajet fut quelque peu agité, la jument le passa en effet à ruer et hennir de panique. Une fois arrivée sur le parking d’où elle partait pour rejoindre la propriété de son amie, Regina prit le temps de la laisser se calmer une fois le van à l’arrêt tout en lui parlant pour l’aider à s’apaiser. Elle ouvrit ensuite les portes et aida Epona à sortir. C’était une magnifique bête, à la robe d’un chocolat sombre, presque noir, et à la crinière de jais. Mais on regard était inquiet, ne se posant sur rien, sans cesse aux aguets. Regina se saisit de sa bride et, tout en continuant à lui parler, la mena aux pas vers la ferme de Lagertha. Elle espéra que celle-ci aurait un lieu où la loger. Cela faisait désormais plusieurs semaines qu’elles avaient évoqué la venue d’un cheval sur la propriété mais Epona était pour le moins particulière. Regina pria pour que la blonde accepte de l’accueillir malgré tout.
Si la météo n'est pas encore printanière, je sens néanmoins un certain redoux et la quantité de neige diminue de plus en plus. J'ai ainsi pu dégager la neige de l'enclos des moutons, et les volailles ainsi que les lapins ont maintenant eux aussi leur propre espace correctement aménagé et protégé pour qu'ils ne se fassent pas manger par un prédateur. Nul doute qu'au printemps, l'endroit va grouiller de poussins et de lapereaux. J'ai passé aussi plusieurs jours à dégager toute la neige au sol pour poser les délimitations de ma future maison longue. La structure est immense, et honnêtement je commence à me demander comment je vais pouvoir gérer une telle construction à moi seule. Je vais probablement devoir demander de l'aide, et l'idée me gêne. Mais je n'aurai pas bien le choix j'en ai peur. Mais pour le moment, je suis occupée à gratter pour la retourner et faire les délimitations pour les semailles. D'ici une mois, je vais pouvoir commencer à planter, il faut que tout soit prêt. Beaucoup de travail m'attends, et je me demande comment à moi seule je vais pouvoir m'en sortir. Mais il faudra bien que je trouve un moyen.
Ma cheville me fait encore un peu mal, même si elle s'est bien remise. Il faut dire qu'au lieu d'être au repos pour la guérison je passe mes journées à travailler dehors. Cela n'aide pas vraiment. Mais si je ne m'occupe pas des êtes et des travaux, qui va le faire ? Certainement pas cette tête de mule d'Asvald ! Cette pensée m'arrache un sourire, je l'image encore entrain de se gaver de foin. S'il continue comme ça, il va être en surpoids. Il faudrait peut-être que je le fasse courir ? Je me redresse et rigole toute seule comme il peut m'arriver parfois. La vie seule ici n'est pas un long fleuve tranquille, la solitude est pesante parfois, et peut-être ai-je l'air un peu folle à rigoler toute seule. Mais qu'importe ? Il faut bien se détendre un peu.
Et en parlant de se détendre... Appuyée sur ma bêche mon sourire se veut sincère en voyant mon amie arriver au loin. Et accompagnée en plus. Accompagnée d'une superbe créature au pelage sombre et au regard alerte. Lâchant mon outil, je quitte la terre pour aller à sa rencontre, levant la main pour caresser le museau de l'animal. Cependant, son mouvement de recule et son hennissement me font renoncer à le toucher alors que je fronce les sourcils d'inquiétude. Cet animal est terrifié, son regard ne trompe pas.
« Bonjour, mon amie. Quelle bonheur de te voir. Et tu amène avec toi une créature magnifique... Mais terrifiée. Comment s'appelle cette belle jument ? Quelle est son histoire ? »
Doucement, je présente ma main à l'animal, paume ouverte, pour la laisser me sentir à sa guise quand elle en aura envie. Cette belle demoiselle à une histoire, c'est une certitude. Sinon elle ne serait pas effrayée à ce point. Je regarde derrière moi, l'enclos des moutons sera très bien pour elle. Et au moins, elle aura de la compagnie. Cependant il va falloir que je lui fasse un abri rien qu'à elle. Cela ne sera pas bien compliqué. J'ai déjà beaucoup de planches disponibles pour la maison longue. Elles serviront plus tôt que prévu. La jument en a plus besoin que la maison pour l'instant.
« Elle sera bien dans l'enclos des moutons. Je l'ai déneigé et elle aura tout le foin dont elle a besoin. Lui faire un abri ne prendra que quelques jours j'ai déjà tout le matériel. Et si nous la laissions prendre ses marques dans l'enclos ? Elle est stressée... »
J'ose espérer que gambader dans l'enclos lui fera du bien. Et puis, les moutons sont dans la bergerie, elle aura donc tout l'espace pour elle. Cette jument va demander patience et travail... Mais avec le temps, ses blessures à elle aussi guériront... Et peut-être que les miennes aussi.
Comme à chaque visite à la ferme, le sourire de Regina s’épanouit à la vue de son amie. Elle fronce cependant assez vite les sourcils de la voir claudiquer légèrement pour la rejoindre. Emma lui a raconté ce qui s’est passé. Dans un premier temps, elle a voulu foncer de suite chez Lagertha pour l’aider à guérir avec sa magie mais, après réflexion, elle s’est souvenu de certaines de leur conversations et a résisté. Elle comprend et partage la fierté de la reine blonde. Quand quelque chose peut être accompli par leurs propres moyens, elles le préfèrent. De plus, Emma l’a rassurée en lui disant que la plaie a été bien soignée et se remettra sans souci.
Les étoiles dans les yeux de Lagertha à la vue d’Epona la font se retourner vers la jument avec fierté. Elle est magnifique, elle le sait, et elle ne regrette absolument pas son choix, même si elle n’ignore pas qu’il va falloir un temps conséquent avant de pouvoir la monter en toute sérénité. Le hennissement et le recul qu’Epona marque à l’approche de Lagertha en sont la preuve. Ce qu’elle a traversé est terrible mais Regina ne doute pas qu’elle sortira de son traumatisme avec tous les soins et l’attention qu’elle et Lagertha lui apporteront. Elle entreprend donc de raconter son histoire afin de mieux expliquer son comportement et ce qu’il convient de faire, ou d’éviter, avec elle.
- Elle s’appelle Epona. Oui, elle a vécu un accident assez atroce qui fait qu’il est impossible de la monter pour l’instant. Ce pourquoi l’idiot qui tient le haras où Emma m’a emmenée récemment voulait s’en débarrasser. Heureusement, j’étais là quand il en a discuté sinon je n’ose imaginer où cette pauvre bête aurait fini. Elle était dans un autre haras, il y a quelques semaines. Une nuit, le feu a pris durant un orage particulièrement violent et certains chevaux, dont Epona, se sont retrouvés cernés par les flammes. Elle est la seule à avoir réussi à défoncer son box pour s’enfuir. C’est une battante mais, depuis, elle est difficile à approcher et s’effarouche d’un rien. Je pense qu’elle a besoin de beaucoup de calme et d’espace et je ne vois pas de meilleur endroit que ta ferme pour cela.
Regina approuve la proposition de Lagertha. Autant que la météo le permette, il faudra s’efforcer de laisser la jument dehors. Se retrouver enfermée entre quatre murs éveille en elle une peur automatique qui se manifeste généralement par des grands coups de ses sabots arrière dans les cloisons ou la porte du box. L’ancien propriétaire lui a dit qu’une des raisons pour laquelle il souhaitait se débarrasser d’Epona était qu’elle lui avait déjà coûté trop cher en réparations pour un cheval qui ne rapportait rien puisque personne ne pouvait la monter. Encore un idiot intéressé seulement par l’argent. Ce n’est pas comme s’il n’avait eu qu’elle pour faire des profits. Au moins, ici, personne ne lui réclamera ce qu’elle ne sera pas prête à donner.
- Oui, ce sera parfait. D’ailleurs, à moins qu’une tempête ne s’annonce ou que les températures chutent brusquement, je te conseille de la laisser dehors. Elle ne supporte plus d’être enfermée depuis la catastrophe. De toute façon, le printemps ne devrait pas tarder. Et j’espère que nous aurons réussi à réparer son traumatisme d’ici l’hiver prochain. Si cela ne te dérange pas, une fois dans l’enclos, je vais repartir de suite pour rendre le van à l’ancien propriétaire et en profiter pour acheter de quoi pallier l’urgence en terme d’alimentation. Je prendrai aussi quelques brosses. Je suis sûre que prendre soin d’elle quotidiennement l’aidera. Tu vois autre chose qu’il faudrait que je me procure ?
Regina a hâte de repartir pour revenir au plus vite et profiter du reste de la journée avec Epona et Lagertha. Elle est sûre qu’elle aidera la jument à guérir autant que celle-ci l’aidera à aller mieux. Déjà, rien que de la savoir là, son cœur est plein d’une joyeuse anticipation.
Cette pauvre bête semble avoir beaucoup souffert, je comprends mieux la peur dans son regard. Elle a peur de tout, il y a un profond traumatisme en elle. Epona à vu la mort de près, elle a entendu ses amis mourir près d'elle. Elle a senti le feu. La mort est maintenant inscrite dans sa mémoire. Les animaux sont comme nous, ils ressentent, ils ont peur, ils se souviennent. Tout comme nous, se remettre d'un traumatisme prend du temps. Cela tombe bien, du temps j'en ai. Epona sera bien ici, avec les moutons comme compagnie et le grand enclos pour gambader. Pour ce qui est du reste, cela prendra le temps qu'il faut.
« Tu as bien fait de me l'amener, Régina. être au calme ici, avec les moutons, lui fera sûrement beaucoup de bien. Mais le travail va être long. Avec les guerres, j'ai déjà vu des chevaux traumatisés comme elle. Les réadapter prend du temps, et certains ne se remettent jamais. Mais il faut garder espoir. Qu'elle se remette ou non, elle sera bien plus heureuse ici. Tu as fais une très belle action, Régina. »
Je pose ma main sur son avant bras, lui souriant sincèrement. J'ai compris qu'elle avait du mal à voir qu'Elle est une bonne personne, qu'elle pense avoir un mauvais fond. À mon sens, elle ressemble un peu à Epona. C'est une femme blessée qui, elle aussi, à besoin de temps pour guérir de ses blessures. Lui prouver une nouvelle fois qu'elle est une personne de bien me semble important. Ce sont souvent ces petits gestes qui déterminent la personne que l'on est. Et tout comme quand elle m'a sauvé moi et mes moutons, elle a sûrement sauvé Epona d'une mort certaine. Cette jument, si elle n'aurait pas été tué par son ancien propriétaire, se serait sûrement tué elle-même un jour en se débattant dans son box.
« Ne t'en fais pas, elle restera dans l'enclos autant qu'elle le voudra. De toute façon, le printemps va bientôt s'installer, et la neige continue à fondre. Les moutons vont lui tenir compagnie et elle aura du foin sec sous abris. J'ai tout ce qu'il faut pour m'occuper du ferrage donc pas besoin de matériel. Nourriture et brosses cela devrait suffire. Merci Régina... D'ici un mois, l'herbe verte devrait tout recouvrir, et je pourrais commencer les cultures. Elle va être gâtée ! D'ailleurs, et si on aller l'installer ? » Je presse mes pas jusqu'au portique en bois de l'enclos et le déverrouille pour en ouvrir les deux portes en grand et ainsi avoir le plus de place pour son passage. « Vas-y tu peux l'y emmener et la lâcher. Je suis sûre qu'elle a hâte de courir. »
J'observe mon amie diriger la jument dans l'enclos, puis la relâcher, et presque immédiatement elle se met à courir plus vite que le vent, faisant des tours et des détours dans l'enclos, sautant par moment en jetant ses pattes arrière pour frapper l'air. Cette vision m'arrache un sourire alors que je m'appuie sur la barrière en bois. Epona semble profiter de cette liberté nouvelle, comme soulagée de pouvoir se défouler dans un grand espace. D'ailleurs le bruit de ses sabots frappant le sol et ses quelques hennissements ont attiré la curiosité des moutons, Asvald en tête qui sort de la bergerie pour se poster devant sa porte et regarder l’équidé. Eh oui mon grand, tu vas devoir partager l'espace !
« Elle a l'air satisfaite. Se dépenser va lui faire du bien. Pendant ton absence, je vais sortir du foin et en mettre près de la bergerie pour qu'elle puisse se servir à sa guise. Et j'irai remplir l'abreuvoir extérieur. Tu peux partir sereine, à ton retour elle sera sûrement plus détendue. »
Cela va prendre du temps, mais je suis sûre qu'un jour cette superbe créature se laissera monter.
Regina observe Epona qui se met à galoper comme le vent à travers l’enclos. Un sourire radieux éclaire son visage. Elle est sûre que la jument leur montre ainsi sa joie de se retrouver enfin libre de ses mouvements. Elle ne doute pas qu’elles arriveront à l’apprivoiser. Epona n’est pas une bête mauvaise, elle est juste traumatisée. C’est la peur qui la fait réagir violemment. Avec de la patience et du respect, elle s’épanouira à nouveau. Et même s’il n’est pas sûr qu’elle puisse un jour la monter, peu importe, Regina ne l’a pas délivrée pour s’en servir mais pour la sauver. S’il le faut, elle achètera un autre cheval, plus tard. Pour l’instant, l’important est de soigner Epona.
La brune est aussi ravie de constater que, comme elle s’y attendait, Lagertha est tout aussi attentive au bien-être de la jument qu’elle. - Oh, je ne me faisais pas de souci, je savais que tu saurais en prendre soin et que tu t’y attacherais, toi aussi, après avoir entendu son histoire. Je me dépêche, j’ai envie de pouvoir profiter d’elle le plus longtemps possible avant de devoir retourner à mes obligations. Elle serre brièvement le bras de la blonde avant de retourner le plus rapidement possible au van. Elle retourne au haras aussi rapidement que les limitations de vitesse l’y autorise. Elle rend le véhicule en remerciant sèchement le propriétaire avant de monter dans sa voiture pour se rendre au hangar où elle sait pouvoir trouver ce qu’il faut pour nourrir correctement Epona en attendant le printemps. Une fois sur place, elle commanda du foin à faire livrer. Lagertha en avait pour ses moutons mais sans doute pas assez pour nourrir un cheval en plus et elle ne voulait pas risquer de la mettre dans l’embarras alors qu’elle accueillait déjà Epona gratuitement. Elle acheta des tourteaux de graines ainsi que quelques pommes et carottes. Elle se souvenait à quel point Rocinante les appréciait, même s’il s’agissait plus d’une friandise que d’aliments réellement nécessaires à la jument. Elle trouva quelques brosses qui conviendrait parfaitement pour prendre soin de la robe d’Epona, en espérant qu’elle se laisse suffisamment approcher pour pouvoir s’en servir. Elle verrait bien. Et sinon, elle attendrait que celle-ci se sente plus en sécurité et en confiance.
Ses achats enfin terminés, Regina retourna à la ferme. Une fois garée, elle se retrouva bien ennuyée devant son coffre. Elle ne pourrait jamais emmener out ce qu’elle avait acheté en un seul trajet, ni même en deux. Les sacs de tourteaux étaient particulièrement lourds et, même avec l’aide de Lagertha, cela allait sûrement leur prendre plusieurs heures. Elle n’aimait pas à user de la magie pour des tâches qui pouvaient s’accomplir sans mais, pour une fois, elle s’y résolut. Elle visualisa l’espace libre entre la maison de la guerrière et la bergerie et d’un petit tour de main transporta le tout là-bas. Elle referma le coffre et se lança dans la petite sente qui menait à la ferme. Elle se prit à se souvenir de la première fois où elle l’avait empruntée. Elle n’arrivait pas à croire que cette simple promenade dans les bois lui avait amené une amie d’une grande rareté et qu’elle aurait désormais la chance, en plus de sa présence, de retrouver aussi une jument aussi magnifique qu’Epona. Les choses prenaient également une tournure très agréable avec Emma. Elle avait désormais un travail qui lui plaisait, avec une patronne en bonne voie de devenir également une amie. Sa vie était presque parfaite. La seule ombre au tableau était l’absence d’Henry. Mais elle ne doutait pas qu’un jour le destin leur rendrait leur fils. Il ne pouvait en être autrement.
Au fil de ses pensées, elle arriva en vue de la propriété de Lagertha et se mit en quête de la jeune femme pour s’enquérir du lieu où ranger toutes ses trouvailles en sécurité afin que les bêtes sauvages ne risquent pas de mettre la patte dessus.
Dernière édition par Regina Mills le Dim 19 Mar - 18:06, édité 1 fois
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Dim 19 Mar - 17:24
Epona
Elle commence à vraiment bien me connaître, Regina. Il faut dire que depuis notre rencontre dans des circonstances assez dramatique nous passons pas mal de temps ensemble, presque tous les week-end. Alors c'est tout naturel qu'elle sache que je m'attacherait à cet animal meurtri. Encore une fois, elle prouve qu'elle est une femme de confiance et avec un cœur bon. Jamais je n'en ai douté.
« Ne t'en fais pas, en t'attendant je vais continuer mon travail et la laisser profiter de sa liberté. Sois prudente. »
Ces voyages en voiture me font peur je dois bien l'admettre. Ce n'est pas vraiment la peur comme on peut l'entendre habituellement, mais plutôt un manque de confiance. Ces choses énormes, puantes, sont clairement dangereuses. Je ne peux pas me fier à un tel objet pour me transporter, ce n'est pas fiable. Non, je préfère un bon cheval ! Alors savoir que Régina et Emma utilisent ces engins régulièrement m'inquiète. Mais c'est ainsi, c'est leur monde à elle. Du moment qu'elles me reviennent en un seul morceau, cela me va. J'ai tant de projets pour cette ferme, en faire un havre de paix pour moi et mes amies. Serait-ce une rédemption pour mes actions passées ? Peut-être bien.
En l'absence de Regina, je retourne sur ma terre fertile à travailler avec ma bêche, j'ai encore une bonne portion du terrain à m'occuper. Ma cheville douloureuse n'aide pas vraiment, mais étrangement, la douleur physique apaise la douleur de mon âme. La déchirure de me retrouver loin des miens. Alors pour oublier, je travail, encore et toujours. Qu'importe que la terre soit encore un peu dure, qu'importe les cailloux à dégager, je retourne inlassablement la terre, mes oreilles profitant du son des sabots d'Epona courant dans l'enclos. C'est étrange comme le vide peut s'installer dans le cœur de quelqu'un qui est privé de ses racines. Pendant trois ans j'ai réussi tant bien que mal à surmonter cela, seule dans ma forêt. Mais aujourd'hui, cela devient de plus en plus dur alors que je suis bien mieux entourée.
Prise dans mon travail, je n'ai pas entendu mon amie revenir, et c'est presque en sursautant que je l'accueil à nouveau, ma main sur le cœur. J'ai l'impression que je me ramollie. Des fois, j'aimerai bien une bonne bataille ! Cela me remettrait peut-être en forme.
« Excuse-moi, j'étais perdue dans mes pensées. As-tu trouvé tout ce qu'il fallait pour Epona ? »
Je repose ma bêche, boitant doucement pour me rapprocher d'elle. J'ai hâte de voir tout ce qu'elle a rapporté. En attendant, Epona semble s'être calmée, ne courant plus mais semblant malgré tout aux aguets à tout ce qui se passe autour d'elle. Elle et moi, je sens qu'on va se créer de beau souvenirs.
Durant sa recherche de Lagertha, Regina fit une pause devant l’enclos des moutons. Epona semblait s’être un peu calmée, elle trottait désormais plus qu’elle ne galopait. L’ancienne reine ne pouvait se lasser d’admirer sa prestance et sa beauté. En d’autres temps et lieu, elle aurait été fière de chevaucher une telle monture en public, elle était royale. Pourtant, ce n’est pas cela qui l’avait tant attiré chez la jument. Elle s’était reconnue dans cet être magnifique que les blessures de la vie avait rendue inapprochable. Comme elle, Epona avait répondu au traumatisme par la violence et le rejet. Sans doute espérait-elle qu’en apprivoisant petit à petit la belle pouliche, elle se prouverait à elle-même qu’elle aussi pouvait sortir de son enfermement et cesser de repousser tous ceux qui cherchaient à nouer une relation avec elle.
Son amitié naissante mais déjà florissante avec Lagertha la réjouissait autant qu’elle la surprenait encore. Elle ne pouvait s’empêcher d’y voir une exception à la règle. La présence constante d’Emma dans ses pires comme ses meilleures moments avait beau ronger petit à petit ses défenses, une force hostile en elle luttait pied à pied pour lui résister. La médiocre estime en sa valeur née des années passées par Cora à la rabaisser, à l’humilier, à ne jamais lui reconnaître le moindre mérite avait la vie dure et il faudrait encore du temps avant qu’elle parvienne à admettre qu’elle méritait d’être aimée comme tout un chacun. Pourtant, elle parvenait désormais à se dire que, justement, c’était une question de temps et non plus d’impossibilité de la chose.
En susurrant doucement quelques mots d’encouragement et de flatterie, elle attira Epona à elle. Celle-ci vint frôler la barrière et se laissa flatter l’encolure quelques secondes. Puis, relevant la tête, elle hennit et repartit mais sans énervement dans sa foulée. Regina prit cet instant et ses réactions comme un bon signe. Elle constatait que la bête ne se comportait pas avec elle comme avec ses anciens propriétaires. Comme si elle avait perçu qu’elle prendrait soin d’elle, de son bien-être, qu’elle ne la forcerait à rien, qu’elle lui laisserait le temps. Et c’est exactement ce que la brune comptait faire, elle dont la vie avait toujours été dirigée et manipulée par d’autres, destin compris. Après un dernier regard vers la jument qui avait repris son trot en toute liberté à travers l’enclos, Regina repartit en quête de son hôtesse.
Lorsqu’elle l’aperçut enfin, en train de retourner la terre où les cultures du printemps seraient bientôt plantées, Regina fronça les sourcils en voyant combien elle boitait. Elle l’avait déjà remarqué en début de journée mais, trop préoccupée par l’installation d’Epona avant toute chose, elle avait repoussé son inquiétude concernant la guerrière à l’arrière-plan. - C’est moi qui suis désolée, je ne voulais pas te surprendre. Oui, je crois qu’il y a tout ce qu’il faut, au moins jusqu’au printemps. J’ai déposé tous mes achats quelque part près de la bergerie. Je ne pouvais pas tout emmené à la force des bros, j’ai donc utilisé ma magie. Il faudra que nous rangions tout avant la nuit pour éviter que les bêtes sauvages ne s’y intéressent. Dis-moi, comment se remet ta blessure ? Es-tu sûre que je ne te rajoute pas une charge un peu trop importante en ce moment avec tous les préparatifs pour l’ensemencement ? Je sais que tu connais les chevaux aussi bien que moi, peut-être mieux, mais j’aimerais que tu me promettes de te montrer prudente avec Epona. Elle peut avoir des réactions imprévisibles à tout instant et je m’en voudrais terriblement si quoi que ce soit venait entraver ton bon rétablissement.
Passée la surprise, je suis contente de voir qu'elle est de retour. Et visiblement, elle a trouvé tout ce qu'il fallait. L'évocation de l'utilisation de sa magie aurait pu me surprendre, mais ce n'est pas le cas. Je commence à m'y habituer, même si l'étendue de ses capacités est absolument remarquable. En revanche, je suis plus surprise par son inquiétude. Une inquiétude sur mon état de santé, une inquiétude peut-être sur ma capacité à m'occuper d'Epona et de mes cultures à cause de ma blessure. Cela m'arrache un léger sourire amusé. Si elle savait...
« Merci de t'inquiéter de la sorte mon amie, je me porte bien, ne t'en fais pas. Ma blessure guérie bien et dans de bonnes conditions. Tu ne me rajoute aucune charge, tu me rajoute une compagne de vie. M,occuper d'elle sera mon petit plaisir quotidien ! Et puis, si cela peut te rassurer, j'ai travaillée dans des conditions bien pire que tout ceci par le passé. Et j'ai déjà côtoyé des chevaux traumatisés. Tout se passera très bien et au rythme qui sera dicté par Epona. Tu peux être sereine. »
Pour les semence,s je ne suis pas inquiète. Je vais plus doucement à préparer la terre à cause de ma cheville, mais cela ne m'empêche en rien d'avancer et tout sera prêt à temps. D'ici quelques jours, le travail sera terminé, et j'aurai donc encore plus de temps pour surveiller l'évolution de cette sublime créature au pelage de jais. Je sais que certains chevaux ne se remettent jamais, que certains refusent pour toujours d'être montés à nouveau, mais peut-être que cela sera différent avec elle ? Monter une telle créature serait un véritable honneur. Mais avant cela, le chemin sera long. Un dialogue doit s'installer entre elle et moi. Un dialogue fait de patience, de signes et de confiance mutuelle. En attendant, il faut s'occuper de ranger tout ce qu'à rapporter Régina. Elle a raison, laisser le tout dehors serait une très mauvaise idée, non seulement à cause de la faune sauvage, mais aussi à cause de l'humidité.
« Viens, allons ranger tout ça, cela sera fait. Il y a de la place dans la bergerie, les moutons sortent de plus en plus. Plus tard je fabriquerai un abri réservé à Epona et à tout ce qui lui est dédié. »
Cela peut largement attendre que j'ai terminé mes semences. Epona n'acceptera de toute façon pas d'entrer dans un abri avant un moment, pas maintenant qu'elle goûte à la liberté. Ne sachant pas où les affaires ont été déposées, je laisse donc mon amie me guider pour retrouver le tout à mi-chemin entre ma maison et la bergerie. Il y a de nombreux gros sacs de nourriture pour la jument, c'est très varié et mes yeux pétilles face à une telle profusion d'aliments. La vie était dure en Norvège, et n'importe qui possédant autant de denrées auraient été considéré comme extrêmement riche, au point sûrement d'attiser la jalousie. Si seulement avec Ragnar nous avions eut des récoltes aussi prolifiques, peut-être n'aurions-nous jamais eu besoin de partir en raids en Est-Anglie. Mais le monde est rempli de Si, et s'y plonger ne peut rien apporter de bon.
« C'est formidable Regina... Tout ceci... C'est parfait. Epona ne peut que s'épanouir avec tant de nourriture. Elle sera heureuse, c'est certain. Rentrons tout ça, et donnons lui son premier repas. Je suis sûre que ça lui fera plaisir. »
Sans attendre, je prends un énorme sac de carottes que je pose sur mon épaule pour être moins dérangée par son poids, bien décidée à aller ranger tout ça...
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