(terminé) Tu es là toi aussi ? - Enola

A son arrivée en ville, Sherlock devait avouer qu’il avait été surpris. Tout était différent, il avait dû faire en sorte de s’adapter rapidement, mais ça n’avait pas été simple. Il avait réussi à redevenir détective privé, mais il avait de la concurrence. Ca n’avait pas été aussi facile qu’à son époque. Il avait dû se battre, mais ça ne l’avait pas dérangé outre mesure, car il s’en était plutôt bien sortie. En tout cas, il trouvait. Il avait eu le plaisir de retrouver le nom Baker Street et c’est donc tout naturellement qu’il avait réussi à y trouver un logement. Cette fois-ci malheureusement, il avait plus de voisin qu’il n’en aurait voulu, mais il devait faire avec. Etant porté surtout sur son travail, il n’avait pas cherché à faire de rencontres professionnelles. A vrai dire, il n’avait regardé que de loin. Il avait, au fond de lui, surtout l’espoir de pouvoir retrouver sa famille, en particulier sa mère et sa sœur.Eudoria et Enola lui manquaient, il devait bien l’avouer. Seulement, malgré ses talents de détective, il sentait qu’il n’aurait pas toutes les réponses, car cette ville avait le don de changer régulièrement, ce qui n’aidait pas dans ses recherches. Aujourd’hui, cependant, il devait enquêter. Une jeune femme était venue le trouver pour lui dire qu’elle était sûre et certaine que son mari l’a trompait. Un cas assez banal en soit pour un détective privé quel qu’il soit. Sherlock lui avait longuement parlé pour savoir ce qui lui faisait dire une telle chose et elle avait fini par lui avouer qu’elle avait trouvé, dans ses poches, des reçus pour un hôtel, nommé le Cortez. S’y rendant, Sherlock fit en sorte de passer inaperçu et pu prendre les escaliers pour monter au premier étage. Il ne savait pas si la chambre était occupée, mais il faudrait qu’il puisse y mettre les pieds.Il fallait trouver des indices et le plus tôt serait le mieux. Evidemment, il comptait aussi suivre le mari. Mais pour le moment, l’hôtel était la meilleure piste. Il irait sans doute discuter avec une femme de chambre ou une personne à la réception pour savoir si le mari avait été vu seul ou accompagné. Arrivant devant la bonne chambre, il fit en sorte de crocheter la serrure, mais ça ne fut pas assez simple que prévu. Allant alors au fond du couloir, il sourit en voyant un escalier de secours. Il parvint à trouver la chambre et la fenêtre fut bien plus facile à ouvrir. Une fois à l’intérieur, il commença son enquête. Au bout de quelques minutes, il entendit un bruit. La porte ou la fenêtre ? Il ne savait pas, mais il fallait qu’il se cache. Allant dans la salle de bain et laissant la porte entre-ouverte, il voulait savoir s’il allait tomber face à un client de l’hôtel, le mari de sa cliente ou quelqu’un d’autre.

Depuis son arrivée dans ce monde, Enola consacrait presque sa vie entière à ses enquêtes. Ici, au moins, elle avait plus de succès que jamais. Elle ne croulait pas sous les enquêtes, comme elle l’avait parfois espéré, mais elle pouvait vivre décemment de son métier, ce qui lui suffisait amplement. La jeune détective se voyait régulièrement confier des enquêtes de différentes natures. Et en règle général, Enola ne jouait pas les difficiles et acceptait tout ce qu’on lui proposait. La seule condition étant qu’aucune enquête ne devait différer de son sens moral.

Depuis plusieurs jours, Enola était sur une enquête qui lui donnait pas mal de fil à retordre. Mais Enola était coriace et ne lâchait jamais si facilement. Son enquête était en cours depuis quelques jours déjà, mais elle venait enfin de faire un grand pas en avant. Un pas qui l’avait mené tout droit devant cet hôtel.

Une fois devant l’hôtel, Enola était entrée à l’intérieur, ne sachant pas comment entrer sans se faire jeter dehors. Fort heureusement, la personne qui travaillait à l’accueil quittait son poste juste au moment où la détective était entrée. Quelle chance. Enola pouvait remercier la personne qui venait de l’appeler pour lui apporter de l’aide. Discrètement, la brune était donc entrée, faisait comme si elle connaissait les lieux à la perfection et s’était dirigée vers les escaliers. Après un court instant, la détective s’était retrouvée devant la bonne chambre, mais sans aucune clé pour ouvrir. Heureusement, elle savait comment forcer une porte, ce qui lui était bien souvent utile, ça lui évitait parfois de devoir escalader les bâtiments pour entrer par la fenêtre. Une fois la porte ouverte, Enola se dépêcha d’entrer à l’intérieur, mais avant d’entrer, elle avait pris soin de vérifier qu’elle était bien seule dans cette chambre. Elle ne tenait pas à se mettre en danger inutilement. À première vue, il n’y avait personne, Enola allait donc pouvoir enquêter tranquillement.

La brune commença alors à observer la chambre à l’affût du moindre détail. Après un rapide premier coup d’œil, elle avait remarqué cette porte. Entrouverte, elle montrait quelle fonction elle avait, il s’agissait de la salle de bain. Enola devait également observer cette pièce, un indice pouvait très bien s’y cacher. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle était entrée. « Sherlock ? » Sa voix était à la fois pleine de surprise et pleine de joie. Qu’est-ce que son frère faisait là ? Et en même temps, elle était contente de le revoir après tant d’années à le rechercher.

La discrétion était de mise, mais visiblement, il n’avait pas songé que quelqu’un pouvait arriver si rapidement dans la chambre. Il aurait mieux fait de passer par l’accueil pour s’en assurer. Erreur de débutant ! Mais il était trop tard pour y songer et il entra dans la salle de bain pour s’y cacher. Il espérait juste que la personne n’y viendrait pas de suite et qu’il puisse avoir une idée de qui était là. Une fois la porte ouverte, il aperçu la silhouette de la personne. Une femme très clairement et jeune. Il pouvait le dire de part sa taille, mais aussi sa façon de se tenir. Elle semblait faire le tour et il fronça les sourcils. Cherchait-elle quelque chose ? Quand elle se retourna, il s’éloigna de la porte. Avec cette dernière entrouverte, il espérait qu’elle allait s’en aller. Après tout, pas besoin de passer par la case salle de bain … si ? Apparemment si, vu que la jeune femme entra et le détective se retrouva surpris de faire face à sa sœur.

Enola ?

Il ne s’était clairement pas attendu à la voir, mais il en était heureux. Il esquissa un sourire et se rapprocha d’elle, posant les mains sur ses épaules.

Que fais-tu ici ? Dans une chambre d’hôtel ?

Oui, prendre des nouvelles n’étaient pas important en cet instant. Il était plutôt intrigué par sa venue. Pourquoi donc avait-elle besoin de séjourner dans un hôtel ?

Enola était à l’affût du moindre indice. Tout pouvait avoir son importance lors d’une enquête. Et puisqu’elle ne voulait rater aucun détail, elle devait vérifier l’entièreté de la chambre. Dans un premier temps, elle ne regardait que globalement les choses. Elle cherchait ce qui pouvait être étrange, pas à sa place, dérangé. Elle ne savait pas si elle allait avoir beaucoup de temps devant elle, alors elle faisait le tour rapidement dans un premier temps. Et si personne n’était venu la déranger quand elle avait fini, elle allait pouvoir fouiller plus en profondeur.

Cette chambre d’hôtel était composée de deux parties, le coin chambre et une salle de bain. Avec l’expérience acquise dans ce monde, Enola savait qu’il fallait aussi chercher les indices dans les endroits qui paraissaient le moins suspect. Qui penserait à chercher dans une salle de bain ? Sans doute peu de gens. Pas en premier lieu en tout cas. Mais Enola, elle, allait y fouiller. Parce que la salle de bain était une bonne cachette, il pouvait y avoir des tas d’indices dans une salle de bain.

Après avoir fait le tour de la chambre, la brune s’était avancé vers l’autre pièce, elle s’attendait à tout y trouver, mais certainement pas son grand frère. Que faisait-il là ? La surprise s’était lu sur le visage d’Enola, mais également sur le visage de Sherlock. « J’enquête. » Se contenta-t-elle simplement de dire. « Et toi ? » Ajouta-t-elle avec cet air suspicieux. Était-il là pour enquêter ? Où était-il là pour d’autres raisons ?

Revoir sa sœur était à la fois un choc et un soulagement. Mais quand elle prit la parole, il ne pu s’empêcher de lever les yeux au ciel. Forcément, elle n’allait pas lui en dire plus, mais il comptait bien creuser. Face à sa question, il la détailla du regard avant de répondre.

Pareil.

Croisant les bras, le détective se demandait si, une nouvelle fois, ils étaient sur la même enquête.

Es-tu à la recherche de mère ou es-tu là pour autre chose ?

Oui, il était curieux, mais ça lui permettrait également de réduire le champ des possibles sur sa venue dans cette chambre.

Et d’ailleurs, que fais-tu seule dans une chambre d’hôtel ? N’importe qui aurait pu être présent ici.

Son rôle de grand frère prenait le dessus. Oh, il savait que cela amuserait sans doute leur mère, mais c’était plus fort que lui. Depuis qu’il avait partagé des aventures à ses côtés, son côté protecteur refaisait surface. Il voulait simplement qu’elle soit en sécurité, même si cela le faisait passer pour le grand frère casse pied.

Tu as donc repris tes activités de détective ? Seule cette fois-ci ?

Oui, c’était une façon de savoir si elle avait désormais un ou des partenaires et si Tewksbury était peut-être dans le coin.

Même si elle ne lui avait nullement montré, Enola était plus qu’heureuse de retrouver son grand frère. Elle l’avait cherché, lui, sa mère et Tewkesbury depuis leur arrivée. Elle avait longtemps désespérée, pensant ne jamais les retrouver. Et voilà qu’elle était tombée sur Sherlock. La première question de Sherlock fut de lui demander ce qu’elle faisait là, dans cette chambre d’hôtel. Et Enola préférait rester évasive, même s’il s’agissait de son frère. Sans grand étonnement, Sherlock fit de même, restant évasif à son tour. « Je recherche mère, mais ce n’est pas ce qui m’a conduite ici. » C’était une tout autre enquête qui l’avait conduite jusqu’ici.

Le côté grand frère protecteur de Sherlock semblait refaire soudainement surface. Que faisait-elle là, seule, alors que la chambre aurait pu être occupée ? La brune leva les yeux au ciel, avant de répondre à son frère. « Mère m’a enseigné le combat. Je sais me défendre. » Donc il y aurait pu y avoir quelqu’un dans cette chambre, elle aurait soit trouvé une excuse pour repartir, soit elle se serait défendue.

« Oui, je suis de nouveau détective ici. Et oui, je travaille seule. » Elle aurait préféré ne pas être seule. Elle aurait préféré travailler avec Tewkesbury peut-être, ou avec quelqu’un de confiance. Après tout, sa mère lui avait conseillé de ne pas rester seule, mais avec ce changement soudain de monde, Enola n’avait, malheureusement, pas pu suivre ce conseil. « Et toi, tu travailles seul ? » Avant de quitter son ancien monde, Sherlock avait voulu que sa sœur et lui travaillent en collaboration, mais pour ne pas être dans l’ombre de son frère Enola avait refusé. Mais pour ne pas le laisser seul, elle lui avait envoyé quelqu’un. Était-il avec lui dans ce monde ? Ou avait-il retrouvé qui que ce soit d’autre ?

Plissant les yeux face à sa remarque, le détective devait avouer que sa sœur n’était pas aussi facile à lire que les autres. Elle restait vague et il ne savait pas quoi en penser. Cependant, il se demandait pourquoi elle était là seule, alors qu’elle aurait pu tomber sur la personne qui occupait cette chambre, mais elle avait visiblement réponse à tout.

C’est vrai que tu l’as fait par le passé, mais tu ne sais jamais sur qui tu peux tomber.

C’était plus fort que lui de dire ce genre de choses, mais sa curiosité avait pris le pas sur tout le reste et il voulait en savoir plus sur elle. Découvrir qu’elle travaillait seule ne l’enchantait guère. Il aurait préféré qu’elle ait au moins une personne à ses côtés. Une personne en qui elle aurait confiance. Peut-être aurait-il dû plus la chercher. Quand elle lui retourna la question, il soupira doucement.

En règle générale oui. La police semble moins à même de m’écouter ici.

Dans leur monde, il était parvenu à faire tourner la tête de Lestrade, mais ici, c’était bien différent.

J’ai déjà dû faire équipe avec une autre détective, mais elle utilise des techniques bien plus directes que les miennes.

En effet, il avait fait équipe avec Jessica Jones et ça n’avait pas été une mince affaire, car cette dernière n’était pas des plus subtiles, même s’il devait avouer qu’il avait apprécié travailler à ses côtés.

Je n’ai pas vu qui que ce soit d’autres de chez nous à part toi aujourd’hui. As-tu croisé Mycroft, Tewkesbury ou Edith ?

Enola n’avait pas été éduquée comme toutes les jeunes filles de son époque. Avec sa mère, elle avait reçu une éducation bien particulière et dans ses apprentissages, l’art du combat s’y trouver. Se retrouver face à des personnes mal intentionnées ne faisait nullement peur à la jeune femme, c’est pourquoi, elle ne s’était pas inquiétée à l’idée de devoir se retrouver seule dans une chambre d’hôtel sans savoir sur qui elle pouvait tomber. Mais bien évidemment, Sherlock était un grand frère protecteur et n’aimait pas savoir cela. Enola allait donc lui taire les quelques nombreuses fois où elle s’était mise en danger dans ce monde. C’était sans doute mieux pour lui. « Je serai plus prudente la prochaine fois. » Répondit-elle, tout en sachant très bien qu’elle n’allait nullement le faire.

Sherlock chercha, ensuite, à savoir si sa jeune sœur travaillait seule. Il est vrai que par le passé, elle avait fait équipe avec lui et Tewkesbury. Mais elle avait aussi travaillé seule et elle se débrouillait bien ainsi. Alors dans ce monde, elle avait préféré continuer ses enquêtes seules, préférant cela au fait de devoir accorder sa confiance à des personnes qu’elle ne connaissait pas et qui pouvait la trahir à tout instant. Et l’éternel solitaire qu’était Sherlock travaillait seul lui aussi dans ce monde. Il avait bien tenté de travailler avec sa sœur par le passé, mais Enola avait refusé cette offre, lui envoyant une autre personne pour travailler à ses côtés, une personne qui ne semblait pas avoir croisé son chemin dans ce monde. Une personne qui n’avait peut-être même pas eu le temps de le croiser dans leur monde. Ici, ce n’était pas chez eux. Comme le soulignait Sherlock, la police n’était pas la même et ne travaillait pas de la même façon. Les interventions de Sherlock ne devaient pas forcément plaire. Et son frère avait également tenté de travailler avec une autre détective, mais leurs méthodes étaient trop différentes. Alors Sherlock était resté seul.

Avait-elle retrouvé d'autres personnes de leur monde ? En tout cas, lui, n’avait retrouvé personne. Et mauvaise nouvelle, puisque c’était la même chose pour elle. « Non, je n’ai retrouvé personne. Tu es aussi la première personne de notre monde que je retrouve. » Répondit-elle avec un air légèrement triste qu’elle tentait de dissimuler. « Mais si nous sommes là tous les deux, ils sont forcément là eux aussi. On finira par les retrouver, j’en suis certaine. » Même si Enola devait bien avouer ne pas avoir envie de retrouver toutes les personnes de son ancien monde, et son frère Mycroft faisait partie de ces gens.

Haussant un sourcil face aux paroles de sa sœur, Sherlock devait avouer qu’il n’était pas certain de la croire. Déjà elle utilisait le terme « prochaine fois », donc il savait qu’elle risquait de tomber dans une situation compliquée. Mais, il ne préféra pas revenir sur le sujet. Il voulait juste qu’elle soit en sécurité et il espérait que si elle avait besoin, elle pense à lui. Maintenant qu’il savait qu’elle était là, il pourrait aussi garder un œil sur elle, de loin. Mais, ça il préféra ne pas le dire tout haut. Même s’il savait qu’elle s’en douterait. Parlant alors de ce nouveau monde dans lequel il était, le fait qu’il n’était pas aussi intéressant que dans leur monde, n’était pas une chose qu’il appréciait, mais il devait faire avec. Il avait même tenté un partenariat, mais rien qui ne douchait sur quelque chose de probant. Il voulait donc savoir si la jeune femme en avait fait autant et si elle avait déjà retrouvé quelqu’un de chez eux. A sa réponse, il soupira doucement. Au moins, ils s’étaient retrouvés tous les deux, c’était déjà ça.

Si tu as cherché comme moi pendant tout ce temps, les chances commencent à s’amenuir.

Ca n’était pas son genre d’être si défaitiste, mais c’était plus fort que lui pour une fois. Se reprenant, il se racla la gorge et fixa la jeune femme.

On devrait peut-être s’y remettre et sortir d’ici. L’occupant de la chambre peut arriver à tout instant. Je te laisse la salle de bain, je n’avais pas fini de vérifier la chambre.

Il lui fit un clin d’œil avec un léger sourire et retourna dans la chambre pour faire un tour, en espérant trouver quelque chose pour son enquête.

Tu as au moins trouvé un logement décent ?

Sa voix était un peu forte, mais pas trop pour que des personnes qui passeraient dans le couloir se posent des questions.

Les chances commençaient à s’amenuir, Sherlock disait vrai. Pourtant, ils venaient tout juste de se retrouver tous les deux. Enola l’avait cherché autant que sa mère ou que le vicomte et elle venait seulement de le retrouver. Alors ils ne devaient pas perdre espoir, ils ne devaient pas être défaitistes. Un jour, ils allaient les retrouver. Enola n’était pas le genre de fille à baisser les bras. Lorsque sa mère avait disparu, elle l’avait cherché, même si les chances de la retrouver étaient minces. Aujourd’hui, elle était encore prête à chercher, même si elle perdait, peut-être, du temps en le faisant.

Avec ces retrouvailles, ils avaient tous les deux oublié le pourquoi ils étaient là. Ils avaient une enquête à mener. Et ils devaient rester professionnels, et ce, malgré la bonne nouvelle. Surtout que le temps défilé et qu’ils n’allaient plus pouvoir rester ici très longtemps. Plus ils tardaient, plus ils avaient de chance d’être vu, par une personne venant nettoyer la chambre ou pas l’occupant lui-même. Alors Sherlock avait raison, mieux valait qu’ils s’y remettent. « Tu as raison. » Dit-elle simplement avant que son frère ne quitte la salle de bain pour aller fouiller la chambre.

La brune commençait à fouiller le moindre recoin, le moindre tiroir. Un indice pouvait se cacher n’importe où, même dans les endroits les moins attendus. « Le quartier dans lequel je vis n’est pas le meilleur quartier de la ville, mais j’ai un petit appartement correct, dans lequel je me sens bien. » Lockwood Hill était un quartier animé parfois, un peu bruyant et personne n’y était vraiment en sécurité, pas tout le temps du moins. Mais une fois chez elle, Enola n’avait plus rien à craindre. Son appartement était petit, mais il était descend et elle s’y sentait bien, ça n’avait rien à voir avec la première chambre qu’elle avait occupé en arrivant à Londres lorsqu’elle était à la recherche de sa mère. « Et toi ? Toujours dans un grand appartement vide et mal ordonné ? » Demanda-t-elle alors histoire de taquiner son frère, même si elle cherchait aussi à avoir une véritable réponse.

Retrouver Enola était une très bonne chose, mais retrouver le reste de leur famille semblait … lointain. Il espérait pouvoir retrouver leur mère. Mais cette dernière l’avait démontrée, elle savait très bien se cacher. Pour ce qui était de Mycroft … malgré des tensions entre eux, il appréciait son frère. Il espérait que ce dernier allait bien malgré tout. Mais le temps était à leur enquête et il fallait fouiller les lieux avant d’être découvert. Retournant dans la chambre, il fit attention à chaque détail de la pièce, tout en s’assurant que la jeune femme avait de vivre en ville. Hochant la tête aux paroles de la jeune femme, il serait curieux de voir son logement. Il espérait que c’était mieux que ce qu’elle avait pu avoir pendant un temps. Après tout, beaucoup lui avaient tourné le dos, parce qu’elle était une femme et qu’elle ne pouvait pas être une détective à leurs yeux. Mais, Sherlock savait que sa sœur était pleine de ressource. Il ne doutait pas de ses capacités, même s’il ne le disait pas souvent. Se redressant face à la question de sa sœur, il haussa un sourcil, tournant la tête vers la salle de bain.

Toujours aussi agréable à ce que je vois.

Il esquissa un sourire amusé, avant de reprendre ses recherches et de répondre à sa question.

Appartement de taille moyenne et toujours ordonné par mes soins.

Oui, il avait des tas de feuilles un peu partout, des cartes aux murs, des livres sur des étagères et le sol était jonché de papiers quand il était sur une affaire, comme aujourd’hui.

C’est ma méthode de travail et tu sais qu’elle est efficace. Malheureusement ici, mes méthodes ne semblent pas aussi intéressantes que chez nous.

Se mettant à genoux pour regarder sous le lit, il soupira doucement.

As-tu ce genre de problème ? Que la police et la population ne considère pas les Holmes comme importants dans leurs enquêtes ?

C’était quelque peu frustrant pour Sherlock. Il était doué et même s’il n’avait pas aimé l’attention que la presse lui portait chez eux, ici, il avait l’impression d’être juste un homme lambda, ce qu’il n’appréciait pas du tout.

Après la mort de leur père, Sherlock et Mycroft avaient quitté la maison familiale, laissant Enola vivre seule avec leur mère. Ce n’est qu’après la disparition de cette dernière que la cadette pris la décision de contacter ses frères. Un choix qu’elle avait en partie regretté. Si elle avait détesté retrouver Mycroft, elle avait vraiment apprécié retrouver son autre frère. Sherlock était bien différent et son comportement envers elle était plus humain. Sherlock comprenait sa sœur et un véritable lien s’était développé entre eux au fil du temps. Le retrouver aujourd’hui était un véritable bonheur – bonheur qu’elle n’exprimait pas vraiment – même son comportement surprotecteur lui avait manqué. Son frère s’inquiétait pour elle, pour la vie qu’elle menait ici, mais il n’avait pas à s’en faire. Enola vivait convenablement. Elle n’avait pas une grand maison et n’était pas riche, mais elle avait un petit appartement qu’elle appréciait, dans lequel il faisait bon vivre et elle avait assez d’argent pour payer les factures et pour manger à sa faim.

Et s’il fallait parler des lieux de vie de chacun, Enola était prête à parier que celui de son frère était toujours vide et mal ordonné, comme autrefois. Pour taquiner un peu son grand frère, la brune ne put s’empêcher de lui faire la réflexion, ce qui fit d’ailleurs sourire Sherlock. Et la réponse de ce dernier, fit sourire Enola à son tour. Ordonné par ses soins, ça voulait dire qu’il était en bazar, il y avait sans doute des papiers étalés absolument partout, y compris sur le sol et sur chaque surface libre d’ailleurs. Enola se contentant de réagir intérieurement uniquement, ne relevant pas ce que son frère venait de lui dire.

« Notre nom n’est pas aussi connu dans ce monde. » Autrefois, dès qu’Enola disait qu’elle était une Holmes, on lui parlait de son grand frère et de son immense talent de détective. Ici, prononcer son nom n’avait vraiment pas le même effet, personne ne semblait vraiment les connaître et on ne leur accordait de l’importance que lorsque l’on avait vraiment besoin d’eux. « Alors, oui, j’ai déjà rencontré les mêmes problèmes. » Dit-elle avec une certaine déception dans la voix. « On dirait que les Holmes n’ont plus vraiment d’importance ici. » Ajouta-t-elle tout en continuant de fouiller les lieux avant de rejoindre son frère de l’autre côté. Ne pas être connu n’avait pas vraiment d’importance pour elle, elle n’avait jamais eu la notoriété de son frère, tout ce qu’elle voulait, c’était avoir des enquêtes à résoudre, Sherlock, lui devait le vivre différemment, il avait presque toujours été dans la lumière.

Parler de sa demeure n’était pas toujours un plaisir. Enfin, avec Enola s’était plus amusant qu’avec n’importe qui d’autre. Cependant, Sherlock avait remarqué qu’en ville, leur nom de famille n’avait vraiment aucun poids. Sa sœur le lui confirma et il soupira doucement. Sa sœur était déçue aussi et ça se comprenait. Sherlock avait mis longtemps à faire ses preuves et sa sœur encore plus. Il pouvait donc comprendre que repartir à zéro n’était pas chose facile. Ca l’avait aussi été pour lui. Malgré ses capacités, personne ne semblait intéressé et étrangement, les détectives étaient encore plus mal vus par la police.

Non, pas la moindre importance apparemment.

Il soupira à nouveau, regardant sa sœur, avant de regarder autour d’eux.

Je n’ai rien trouvé d’intéressant pour mon affaire.

Il devait avouer qu’il était assez déçu. Il pensait vraiment pouvoir trouver quelque chose qui le ferait avancer, mais visiblement, ce qu’il cherchait n’était pas là.

Tu sembles tout aussi bredouille que moi. On devrait partir avant que quelqu’un ne nous voit.

Il avança vers la porte et l’ouvrit, vérifiant des deux côtés avant de sortir. Il se retourna pouvoir si Enola était derrière lui et il la fixa.

Je sais que tu es occupée avec ton affaire, mais peut-être qu’on peut aller quelque part manger ou discuter.

Le détective devait avouer qu’il n’était pas vraiment doué pour ce genre de choses. Il ne savait pas vraiment comment parler avec Enola, mais il voulait faire des efforts et être plus présent dans sa vie.

Qu’il était plaisant de retrouver Sherlock et de pouvoir discuter avec lui. Ils n’avaient pas toujours eu ce lien. Enola avait pendant longtemps vécue seule avec sa mère, loin de ses deux frères. Mais aujourd’hui, les choses étaient différentes, leur relation avait évolué et Enola était contente de le retrouver dans ce monde. Tout comme lui, elle était détective. Tout comme lui, elle avait dû faire ses preuves – même si ça avait plus le cas pour elle que pour lui. Et tout comme lui, ici, elle avait compris que leur nom de famille n’avait aucune importance.

Fouiller cette chambre ne donnait rien, ni pour elle, ni pour Sherlock. À croire que la piste était fausse. À croire qu’elle avait été trouvée uniquement pour que le frère et la sœur se retrouvent. « Tu as raison, nous devrions partir. » Répéta-t-elle alors. Puisqu’ils ne trouvaient rien, il était inutile de rester. La personne qui occupait cette chambre risquait de rentrer d’une minute à l’autre, par conséquent, ils risquaient de se faire voir. Sherlock s’avança alors vers la porte et prit soin de vérifier si le couloir était vide avant de sortir de la pièce, suivit de près par Enola. « Pourquoi pas. » Dit-elle alors simplement, contente de pouvoir passer un moment avec son frère. « Mais c’est toi qui paies. » Lâcha-t-elle un sourire amusé aux lèvres.

J’aurai dû me douter que tu dirais une chose pareille.

Il ne pu s’empêcher de sourire face aux paroles de sa sœur. Sortant des lieux, le détective devait avouer qu’il appréciait vraiment le fait d’avoir retrouvé Enola. Elle était la première et il espérait sincèrement pouvoir retrouver les autres membres de sa famille et les quelques amis qu’il avait.

Maintenant que j’y pense, tu me dois des explications sur une chose que tu as faites sans mon accord.

Marchant dans les rues, il savait qu’il y avait un restaurant pas loin d’ici et il comptait l’y amener.

Nous devions nous retrouver, mais quand j’ai ouvert la porte, j’ai fait face à un certain John Watson.

Il haussa un sourcil tout en regardant sa petite sœur.

Tu peux imaginer ma surprise de l’avoir trouvé là sur le pas de ma porte.

Esquissant un sourire, il tourna dans une rue, avant de lui ouvrir la porte du restaurant en question. Il demanda une table pour deux et ils purent aller s’installer tranquillement dans un coin. Il remercia la serveuse qui venait de leur donner les menus. Il posa le sien sur la table avant de la regarder à nouveau.

Je ne l’ai pas revu ici cependant. Je ne sais pas si je pourrai même le reconnaître.

Puisque leur recherche ne donnait rien et puisqu’il était temps pour eux de quitter cet hôtel, Sherlock proposa à sa petite sœur d’aller manger quelque part. Enola n’était pas contre cette idée, puisqu’elle commençait à avoir faim et qu’elle était heureuse de pouvoir passer un peu plus de temps en compagnie de Sherlock.

Alors que le frère et la sœur étaient sur le chemin du restaurant, l’aîné interrogea Enola sur un événement qui s’était passé peu de temps avant qu’ils ne quittent leur monde. Enola devait retrouver son frère, au lieu de cela, elle avait envoyé un homme, un certain Watson à sa place. Elle n’avait jamais eu l’intention de se rendre à ce rendez-vous, elle avait simplement voulu que son frère ne soit plus seul, alors elle lui avait envoyé cet homme pour qu’il puisse travailler avec lui et lui tenir compagnie. « Je n’ai aucune explication à te donner. » Dit-elle souriante. En réalité, elle lui en devait beaucoup. « Tu avais juste besoin de ne plus être seul. » Répondit-elle plus franchement sans plus d’explication.

Le chemin jusqu’au restaurant avait été très rapide. Durant la soirée, le frère et la sœur en avaient profité pour discuter un peu, profiter de rattraper un peu du temps perdu, à parler de quelques-unes de leurs enquêtes, qu’elles soient victorieuses ou non. Même si Enola ne pensait pas, par le passé, pouvoir être heureuse d’être en compagnie de son frère, elle l’avait vraiment été. Sherlock lui avait vraiment manqué, comme sa mère lui manquait. Finalement, il ne lui manquait plus grand monde pour être pleinement heureuse dans ce monde.

Terminé.