(terminé) Sharing your story (Rin)

Rin avait accepté de rencontrer une journaliste ou romancière du moins quelqu'un dans ce genre là. En fait, elle n'avait pas tout bien comprit, mais elle s'intéressait à son histoire. C'est vrai que quelqu'un qui a un accident et oublie toute sa vie, sa suscite la curiosité. Elle avait donc rendez-vous dans un restaurant en ville, du côté de Baker Street. Un peu en avance, elle s'arrêta dans une boutique de bijou, juste pour flâner, n'ayant pas spécialement besoin de s'acheter quoi que ce soit. Cinq minutes avant le rendez-vous, elle alla directement au restaurant pour ne pas être en retard. Visiblement, elle était arrivée en même temps que son rendez-vous, au moins, ni l'une, ni l'autre, n'aura à attendre.

Les deux femmes s’installèrent à une table pour débuter ce repas et cet entretien. Pour Rin c'était un peu bizarre  de déjeuner avec une parfaite inconnue, mais pourquoi pas, elle ne lui voulait pas de mal de toute manière. Un serveur fit son apparition pour leur donner les cartes et également leur demander si elle désirait boire quelque chose. L'asiatique se contentera d'un coca et elle laissa ton interlocutrice faire son choix. Cette dernière lui demanda l'autorisation d'enregistrer leur rencontre. Voilà qui était intimidant, mais elle n'avait aucune raison de lui dire non. "Heu, non ça ne me dérange pas." Au moins, elle n'aura pas à ré-écouter ça et entendre sa voix, donc ça devrait aller. "En quoi puis-je vous aider ?" demande t'elle alors. Après tout, elle ignorait ce que Diane allait lui demander et elle n'avait pas spécialement envie d'attendre longtemps avant de le savoir en détail. "Je ferais mon possible pour vous répondre du mieux que je peux," assure t'elle plus pour se rassurer elle que la jeune femme. Sa vie est tellement une énigme, elle ignore tout de son passé, alors elle avait peur de ne pas pouvoir répondre à certaines questions.

Ce n'était pas tellement étonnant que son histoire puisse intéresser des journalistes ou des auteurs. Le fait de perdre la mémoire n'était pas spécialement commun, du moins pas à l'age de Rin et encore moins quand on est pas atteint d'une maladie comme Alzheimer. De l'extérieur, pour ceux qui ont encore leurs souvenirs ça doit paraitre totalement fou, déstabilisant et horrible de se retrouver comme une coquille vide qui ne se souvient plus de son passé et des personnes qui l'entouraient. C'était surtout difficile au début, quoi que bizarrement, on a pas tellement de peine puisqu'on ne se souvient de rien. Plus de souvenirs, plus d'émotions lié à ça... Le plus compliqué, c'était de ne pas savoir qui elle était, connaitre son caractère, ce qu'elle aimait et n'aimait pas, ce qu'elle pouvait détester... Bref, ne plus savoir qui on est c'était la chose la plus perturbante. Au final, même si on a oublié son passé, des souvenirs, on peut en construire de nouveau.

Diane lui expliqua rapidement, résumant ce qu'elle lui avait déjà dit, qu'elle cherchait des informations pour son prochain roman et l'évolution de son héroïne. C'était étrange de ce dire que sa propre histoire allait influencer les pages que cette femme allait écrire. Certes, ce n'était pas son histoire, mais ce qu'elle écrira aura une certaine inspiration de ce qu'elle va lui raconter. Tout ce qui concernait "l'après-accident" intéressait Diane, la manière dont Rin était parvenu à se reconstruire, ce qu'elle avait ressenti... Eh bien, il y en a des choses à dire, par contre elle ne savait pas par ou commencer. "C'est assez spécifique ce que vous cherchez comme information. Ce n'est pas très facile à expliquer, mais je ferais de mon mieux," assure t'elle avec un sourire. Pour le moment, elle n'avait pas de complexe à parler de son accident, mais elle appréciait la bienveillance de la jeune femme. "Je peux déjà vous dire, que quand vous vous réveillez à l’hôpital, sans savoir pourquoi, ni même où vous êtes au début, c'est déstabilisant. Je me souviens que je ne comprenais pas. Mon corps était accidenté, je n'en avais aucun souvenirs. Il m'a fallu quelques heures pour que l'accident me revienne en tête, mais ça reste vague, je me souviens juste de la voiture et plus rien. Mon identité aussi, j'ignorais qui j'étais. Je l'ai su en regardant mes papiers qui étaient sur moi quand j'ai été renversé. Un nom et un prénom qui ne m'évoquait pas grand chose." Ça faisait plus d'un an maintenant et il n'y avait pas beaucoup d'évolution dans sa mémoire. "Quand on perd la mémoire, je crois que c'est comme quand on perd quelque chose de précieux. On passe par différente phase, le choc, le déni, la colère, la dépression, l'acceptation et la reconstruction." La phase de choc avait été rapide, ça avait duré quelques jours à l’hôpital, puis l'étape du déni avait fait son apparition, presque mêlé en même temps à la colère. "J'ai refusé de croire à cette perte de mémoire pendant un moment, tout en étant également en colère contre moi, contre cette automobiliste et ce coup du sort. C'est d'autant plus difficile à supporter quand vous voyez les gens autour de vous qui savent qui ils sont et qui ont un réel passé." Elle essayait de ne pas aller trop vite pour laisser aussi l'opportunité à la jeune femme de lui poser des questions si elle voulait creuser un sujet ou un sentiment par exemple.

Aujourd'hui Rin pouvait parler des évènements passé, de l'accident et du fait que sa mémoire soit quasi inexistante sans trop de problème. Depuis le temps, elle s'était faite à l'idée que son passé n'était qu'une illusion qu'elle ne connaitra jamais. Ceci avait prit du temps avant qu'elle ne puisse l'accepter, tout un tas d'émotions l'avaient traversé, on était loin du long fleuve tranquille. Mais au final, elle n'avait pas le choix que de vivre avec ça, ce ignorance sur qui elle était. Parfois, elle se posait des questions, elle se demandait quel genre de personne elle était, comment était sa famille. Cependant, il lui reste quelques vagues impressions. Chaque fois qu'elle pensait à sa famille, elle ne se sentait pas bien, comme si une ombre planait au dessus, quelque chose de très négatif. Quoi ? Elle l'ignore, mais ça lui fait penser que ne plus savoir n'était peut-être pas si mauvais que ça. Une autre ombre était aussi présente, elle ignorait quoi, mais elle savait que c'était dangereux. Au moins, le fait de ne rien savoir avait un avantage certain : pouvoir tout recommencer à zero sans se poser plus de questions.

Diane se demandait comment Rin ressentait tout ça aujourd'hui, elle haussa les épaules et prit le temps de réfléchir deux petites secondes avant de lui répondre. "Eh bien... je dirais que je l'ai accepté. C'est pas comme si j'avais vraiment le choix. Je ne me souviens de quasi rien. J'ai vu des docteurs, des psy, pratiqué de l'hypnose, mais rien n'y fait, rien ne revient. Forcément, j'ai du accepter la réalité. A présent, je ne cours plus après mon passé, je n'aime pas dire ça, mais j'ai en quelque sorte abandonné. Ça pourrait revenir un jour, comme jamais. Je me contente de ma nouvelle vie, c'est le mieux à faire. Si un jour, je me souviens de quelque chose, tant mieux." Oui, c'était aussi simple que ça. C'est vrai que parfois c'est difficile de regarder les autres et les écouter parler de souvenirs alors qu'elle n'a rien de plus récent que son accident il y a un peu plus d'un an. C'était comme si elle était une enfant, une courte vie dans sa tête, mais les gens comprenaient, quoi qu'ils semblaient avoir pitié d'elle quand ils savaient ce qui lui été arrivée. "Je me forge de nouveaux souvenirs, c'est le plus important maintenant. Ne plus me souvenir de mon passé ne m'empêche pas de vivre pleinement," assure t'elle avec le sourire.

"Un ami m'a beaucoup aidé à traversé tout ça. C'est l'homme que j'ai sauvé de l'accident. Je ne me souvenais pas de lui, on s'était juste croisé et visiblement on ne s'entendait pas bien de ce qu'il m'a dit. Pourtant, il est resté auprès de moi pour m'aider et me soutenir. Sans lui... tout ça aurait été plus difficile. Je pense que même sans souvenirs, on peut c'en sortir. C'est difficile et long à accepter, mais avec le temps on se concentre sur le présent et l'avenir. Après tout, le passé n'est pas si important," explique t'elle. Avoir de l'aide ça comptait beaucoup. Sans David, ça aurait été moins facile et peut-être qu'elle aurait mis plus de temps à accepter tout ça. On peut dire, qu'elle a eu de la chance. "Je suis vivante, c'est tout ce qui compte, j'aurais pu mourir ce jour là." Qu'est-ce qui était le plus important au final ? La vie ou les souvenirs ? Car quoi qu'il arrive, des souvenirs, elle pourra en construire encore plein et cette fois-ci, elle ne les oubliera pas !

Est-ce qu'elle était vraiment en paix ? En paix avec l'idée de ne jamais se souvenir de qui elle était vraiment. La réponse serait un mélange de oui et de non. Vu que sa mémoire ne voulait pas revenir, elle était bien obligée de se contenter de sa nouvelle vie, sans pour autant essayer d'en savoir plus. S'escrimer à essayer de ce passé perdu, c'était une perte de temps et d'énergie. Elle avait tout tenté, l'hypnose, les médicaments, regarder des films, écouter des chansons, aller dans des endroits différents, sentir des parfums, gouter plein de nourriture différentes dans le but que ça puisse raviver quelque chose en elle. Mais rien, c'était toujours le même constat. Alors, elle avait simplement stoppé pour se préserver et ne pas se mettre à déprimer. Accepter sa nouvelle vie, la nouvelle "Rin" et se faire à l'idée que peut-être, elle ne se souviendra jamais de rien. "vous savez, une part de moi espère toujours qu'un jour je puisse me rappeler de quelque chose. Mais j'ai fait tellement... tellement pour me souvenir et ceci sans le moindre résultat que je suis bien forcée d'abandonner par la force des choses. Parfois, on dit qu'on trouve sans chercher les choses qu'on a perdu, j'espère que ça peut marcher avec la mémoire. Alors, on peut dire que je suis en paix avec l'idée de ne plus être celle que j'étais. Cependant, je croise les doigts pour que ça puisse changer... un jour." Le cerveau demeure un grand mystère pour la science. Un organe complexe dont on ne connait pas encore toutes les capacités. Il se pourrait qu'un jour, quelqu'un trouve le moyen de ramener les souvenirs perdus à la vie. "Je ne sais pas trop si on peut dire que je me suis "reconstruite". J'ai simplement accepté ce qu'il m'arrive. Vous savez, je ne peux pas me morfondre quotidiennement sur mon sort. Je dois avancer, aller de l'avant, c'est le choix que j'ai fait. Même si je ne me souviens de rien, je peux vivre, je suis vivante après tout et c'est le plus important. Ma vie n'est pas terminé, j'ai encore beaucoup de choses à vivre, c'est ça qui m'a aidé." Ça pourrait être différent pour une autre personne, Rin à fait le choix d'avancer et de ne pas rester bloquer sur une autre vie dont elle a tout oublié.

Elle parla de David, il l'avait beaucoup aidé et avait été un soutient essentiel dans sa guérison. Sans lui, elle aurait peut-être plus difficilement accepté tout ça. Quelque part, il a été une raison pour avancer. Diane voulait en savoir plus sur David. Elle fit son possible pour ne pas trop rougir et surtout parler de lui de manière amicale sans montrer qu'elle avait des sentiments pour ce dernier. "Si vous voulez une anecdote drôle, de ce que David m'a dit, on s'était rencontré avant mon accident. Un client du bar ou je travaillais et visiblement, le courant n'était pas du tout passé entre nous. Et finalement, je l'ai sauvé de cette voiture et il m'a soutenu et il est devenu un ami qui m'est très important. Il est là pour moi depuis ce jour." Drôle de hasard quand même, mais c'est amusant de penser qu'elle avait envoyer bouler Monsieur King alors qu'il la draguait et qu'aujourd'hui, elle était amoureuse de lui. Comme quoi, la vie jouait des tours.

Ce passé oublié, elle n'avait d'autre choix que de l'accepter. Elle avait essayé et les souvenirs n'étaient pas revenus. A quoi bon s'acharner jour et nuit là dessus ? Si ça ne veut pas ça ne veut pas. Diane n'avait pas tort en disant qu'un effet sensorielle pouvait faire revenir cela. Le cerveau a également une mémoire des odeurs, du toucher... La jeune femme était bien au courant, les docteurs et thérapeute lui en avait parlé, elle avait même testé. Gouter des saveurs différentes, sentir des parfums de toute sortes, toucher différentes matières, mais rien ! Le vide complet, toujours cette absence de souvenir, aucun flash, rien ne lui revenait en mémoire. Ceci pouvait être long, ça pouvait arriver comme jamais se produire. C'était aléatoire, au petit bonheur la chance. "Je crois qu'en matière de méthode pour essayer de retrouver la mémoire, j'ai tout testé. Les médecins ont fait travailler mes sens et je l'ai fait aussi de mon côté, mais ça n'a rien donné. Aucun goût, aucune odeur, aucune texture n'a su me faire retrouver la mémoire ou juste un souvenir. Ce ne sont pas vraiment des souvenirs, mais depuis mon accident, j'ai juste comme une sorte d'impression bizarre vis à vis de mon passé. C'est difficile à expliquer, mais juste l'impression qu'il y a quelque d'étrange du côté de ma famille. Ne me demandez pas d'explication, je ne saurais pas quoi vous répondre. Est-ce qu'on peut mettre ça sur le dos d'une sorte de souvenir ? Aucune idée, peut-être que si j'arrive à me souvenir de ça, tout reviendra. C'est tout ce que j'ai, mais ça ne m'avance pas beaucoup plus." Comme le reste de sa mémoire, elle ne se souvenait pas de ses parents, mais quelque chose clochait quand elle pensait à eux.

Plutôt que de courir derrière des souvenirs qui ne reviendront pas ou qui reviendront un jour, elle avait décidé d'accepter son sort. Elle ne pouvait pas perdre son temps à ne penser qu'à ça. L'instant présent était plus important. Si son passé doit refaire surface, elle verra ça le moment venu. "Vous savez, quand vous vous retrouvez dans ma situation. A un moment donné, vous êtes obligé d'avancer. Les docteurs me l'ont dit, ils ignorent si mes souvenirs vont revenir et combien de temps ça prendra. Demain ça pourrait arriver, comme dans dix mois, trois ans, trente ans... Je ne peux pas rester bloquer là dessus. Comme tout le monde, je dois continuer à vivre !" On peut voir ça comme quelque chose de très optimisme, mais c'était plus de la logique et de la fatalité. Se morfondre ça va bien un moment, après ça suffit !

Quant à David hasard ou pas, elle était heureuse de l'avoir rencontré et surtout l'avoir comme ami. Sans lui, ça aurait été bien plus difficile, Rin en était consciente. Puis la nouvelle question de Diane, très pertinente, la fait réfléchir un peu. "Dans la mesure ou je ne me souviens de rien, je crois que c'est difficile à dire. Je n'ai hélas aucune réponse à vous donner. Mais ça serait une très bonne question pour des scientifiques. Est-ce que notre caractère et notre personnalité nous vient de notre enfance, la manière dont on est façonné par nos parents, par notre apprentissage ? Ou est-ce que c'est inné, ancré en nous ? Suis-je la même Rin que celle d'avant ? Pour ça, il faudrait trouver quelqu'un qui me connaissait bien avant, hélas, il n'y a personne ici." Est-ce que sa personnalité risquait de changer si elle retrouvait ses souvenirs ? Là aussi c'était une question intéressante, mais elle ne voulait pas y penser. Vivre l'instant présent était plus important. "Je suis désolé, j'ai l'impression que je n'ai pas grand chose de très concluant à vous dire," dit-elle un peu embêtée pour Diane.

De ce que la Japonaise savait, oui elle avait effectivement testé à peu près toutes les méthodes possibles pour essayer de retrouver sa mémoire perdue. Il se peut qu'il en existe d'autre, ça aurait pu lui échapper, après tout elle n'est pas un robot et encore moins une mine d'or d'information tel internet. Il suffirait d'une personne qui ne soit pas répertorié sur la toile et ça serait passé à la trappe. De toute manière, elle en avait déjà trop fait, trop vu, pourquoi conserver ce mince espoir de la sorte ? Le mieux était de passer à trop chose sans y penser et un jour où l'autre, il se pourrait qu'elle retrouve sa mémoire. Il en allait de même avec sa famille, elle avait cherché, demandé à la mairie s'il y avait d'autre "Yamaoka" en ville, mais elle n'avait rien trouvé, rien de concluant. C'était peut-être mieux ainsi, surtout vu l'espèce de ressenti bizarre qu'elle avait à leur sujet quand elle pensait à eux. "Je dois dire que j'ai fait le minimum, je me suis renseignée auprès de la mairie, cherché sur internet et c'est tout. Je doute que mes parents soient ici, peut-être même qu'ils ne sont plus de ce monde depuis longtemps. Sincèrement, j'en ai aucune idée... Je préfère ne pas trop chercher de ce côté là de toute manière." Il faut dire que vu ce qu'elle ressent vis à vis d'eux, l'ignorance lui semblait être la meilleure option.

La jeune femme amnésique faisait donc sa vie tranquillement et ça lui allait très bien pour le moment, c'était suffisant. Est-ce que toutes ses réponses et explications étaient assez compréhensible pour Diane ? Elle l’espérait que ce ne soit pas trop fouillis et compliqué. C'était la première fois qu'elle parlait de tout ça de la sorte, c'était nouveau, une expérience inédite pour elle. Diana la rassura en disant que c'était claire et que ça l'aidait beaucoup. Ceci la rassura et la fit un peu sourire. Au moins, elle ne lui faisait pas perdre son temps c'était rassurant.

La journaliste lui posa une nouvelle question, le genre plus sur sa vie actuelle. Beaucoup plus simple que de parler de son accident et son amnésie. "Eh bien, si on pense on fait que je ne me souvienne de rien avant mon accident, je dois dire que je me suis plutôt bien adaptée. J'ai repris le travail depuis plusieurs mois. Après l'accident, j'étais en rééducation, mais maintenant ça va mieux. Je peux faire ce que tout le monde. Je mène ce qu'on pourrait appeler une vie tranquille et ennuyeuse. Toutefois, j'ai vécu quelques évènements étranges... Des choses que je ne comprends pas. En dehors de ça, ma vie ici me convient." Cette ville sans nom jouait parfois des tours. Elle aurait pu être tué par une psychopathe qui avait essayé de la tuer, elle et d'autres personnes alors qu'ils étaient enfermés dans un hôpital abandonné à devoir réparer des générateurs pour alimenter la porte en électricité et l'ouvrir. Une situation peu commune et déroute, mais elle avait survécu. De même, elle pourrait parler de cette fois ou elle s'était retrouvé dans une rue, elle ne pouvait pas en sortir, ça la faisait revenir au même point. Des faits étranges, mais elle savait que ça arrivait assez souvent ici. Du moment qu'elle survivait à tout ça, c'est tout ce qu'il comptait. "Vous avez surement entendu parler des choses étranges qui se passent aux quatre coins de la ville ?" demande la Japonaise par simple curiosité.

Nan, elle n'avait pas de famille, du moins pas ici. Si ça aurait été le cas, elle imaginait qu'ils seraient venus la voir en apprenant son horrible accident. Quand bien même ils auraient pu ignorer sa présence ici, les journaux auraient du leur mettre la puce à l'oreille. Certes, de son côté, elle avait cherché, un peu, sans non plus remuer cette île de fond en comble. Ceci n'avait rien donné, alors elle avait gardé son énergie plutôt que de la gaspiller de manière utile dans des recherches qui n'allaient rien donner. C'était peut-être mieux comme ça, surtout qu'elle avait une sorte de mauvaise impression au sujet de sa famille. Un petit truc qu'elle ne pouvait pas définir mais qui la plupart lui donnait froid dans le dos quand elle pensait à eux. L'absence de souvenir lui empêchait de savoir pourquoi, mais ça n'avait pas l'air positif.

L'interview continue, la question étant de savoir ce qu'elle faisait dans la vie. Après son accident, elle avait été longtemps sans travail, beaucoup de séquelle, elle avait du reprendre un rythme petit à petit et ça faisait plusieurs moins qu'elle avait pu retrouver une vie "normale", si on peut dire qu'elle a une vie de ce genre là. "Après mon accident, j'ai eu une longue convalescence. Ça fait plusieurs mois que j'ai pu reprendre. Comme avant, je bosse dans un bar, je suis serveuse, rien de très glorieux. Mais je projette de faire autre chose, c'est au stade d'idée et je préfère garder ça pour moi pour le moment. Mais ça sera aux antipodes de ce que je fais actuellement et je serais mon propre patron si jamais ça marche." Elle aimerait pouvoir ouvrir un dojo. Un dojo où elle pourrait apprendre l'art du sabre, un art ancestrale de sa nation et bizarrement, son corps semble savoir se souvenir de ça. Une mémoire musculaire peut-être, quoi qu'il en soit, avec un sabre entre les mains, elle sait quoi faire. "Je ne sais pas si ma vie d'avant était pareille, je sais que je travaillais dans un bar, un bar pas hyper bien fréquenté dans un quartier malfamé. A présent, c'est un bar respectable dans un bon quartier. C'est pas le métier de mes rêves, mais faut bien payer les factures." Oui, citoyenne comme tout le monde, elle devait gagner de l'argent pour vivre, une règle à laquelle personne ne pouvait vraiment échapper. "La routine... on arrive à se contenter de ça. J'essaie quand même de sortir un peu et de faire des choses différentes."

En parlant de la ville et de ce qu'il s'y passait, il était difficile de ne pas penser aux choses étranges pouvant s'y passer. A plusieurs reprises, Rin y avait été mêlé. "Vous avez de la chance d'avoir échappé à ça. La ville m'a joué des tours plusieurs fois et à chaque fois, j'aurais pu mourir." Elle pensait à la première fois et c'était surement la pire qu'elle avait du vivre. "J'étais à l’hôpital pour un rendez vous de contrôle quelques temps après mon accident. D'un coup, l’hôpital est devenu un hôpital fantôme en ruine. J'y étais bloquée avec trois autres personnes. Un fou furieux habillé en docteur nous traquait pour nous tuer, il nous suspendait à des sortes de crochet de boucher. Je ne vais pas entrer dans les détails, c'était une expérience particulière. Mais cette ville est capable de tout !" Elle aurait pu y passer, d'autant plus que l'une des survivantes étaient une sacrée pétasse qui faisait son possible pour sacrifier les autres afin de se sortir de cette situation. Au final, c'est Rin qui l'avait sacrifié à ce tueur fou pour se sauver elle et les deux autres. Un détail qu'elle gardera pour elle, mais la survie avant tout. Est-ce que ça fait d'elle quelqu'un de mauvais ? Au final en plus de sa vie, elle avait sauvé celle des autres et aidé. Ce que la pétasse blonde n'aurait pas fait. "Vous êtes chanceuse de n'avoir rien vécu de tout ça. C'est assez... traumatisant !"

Rin espérait également qu'elle pourrait un jour réaliser son projet. Mais ça allait demander un dossier solide, de l'argent et surement un prêt conséquent auprès de la banque. Ce qu'elle voudrait, c'est ouvrir un Dojo pour apprendre la pratique du sabre. On peut dire que c'est très spécifique, mais ça lui plairait de pouvoir le faire. Tant qu'elle n'a pas ce qu'il faut, elle préférait ne rien dire, ça rendait tout ça moins concret et moins déprimant si jamais ça n'arrive pas.

Parlant de choses effrayantes que cette ville était capable de faire subir, elle parla de sa première expérience, du moins celle qu'elle se souvenait. Qui sait, avant son accident, elle avait peut-être vécu pire. Mais il faut dire que son histoire à l’hôpital était déjà une épreuve intense. Se retrouver d'un coup dans les "ruines" de ce dernier avec un fou furieux qui voulait vous tuer, c'était loin d'être calme. Elle aurait pu y passer, surtout qu'il l'avait attrapé et suspendu à un énorme crochet. Quand parle d'être suspendue, c'est "accroché" par son propre corps, le crochet perforant son épaule de part en part. Imaginez la douleur de se retrouver là haut, ce fut intense et terrible, tout autant quand David était venu la secourir et la retirer de ce truc. Une sacrée expérience tout ça... Dans le fond, elle doutait que ce soit la faute de l’hôpital, ce genre de phénomène pourrait bien arriver n'importe où dans cette ville. "A ma connaissance, ce n'est arrivé qu'une fois. Je pense que l’hôpital est sûr. Vu la ville et ce qu'il s'y passe... ceci pourrait arriver n'importe où que je ne serais pas étonnée," explique t'elle. Rin n'en était pas traumatisé, ça ne lui servira à rien de l'être de toute manière. "J'ai vécu d'autre chose tout aussi bizarre après ça. Je crois qu'on finit par s'habituer quand on vit ici," explique t'elle. "Je m'efforce de continuer d'avancer quoi qu'il arrive. Je ne peux pas m'arrêter à ça. J'ai déjà perdu la mémoire, c'est suffisant." Des paroles positives, elle ne se laissait pas abattre, beaucoup devrait faire comme elle, mais les gens ne sont pas tout aussi optimiste. "Vous avez d'autres interrogations ?" demande t'elle, après tout, elle ne savait pas trop ce qu'elle voulait savoir, donc elle préférait lui demander et lui laisser l'opportunité de poser d'autres questions.

La jeune femme n'était pas certaine d'avoir plus de force de caractère qu'une autre. Disons que tout le monde réagit à sa manière en fonction des évènements. Même à l'avance, elle serait bien incapable de savoir comment elle réagira à tel ou tel situation. Mais il faut croire que d'avoir déjà vécu des choses ici l'aidait à savoir qu'elle était capable de gérer, même si ce n'était pas si simple. L'épisode de l’hôpital ne lui avait pas tellement laissé le choix, c'était rester calme et agir ou ne rien faire et mourir. Hors, elle n'avait pas envie de mourir. "On est tous différent et on réagit tous de manière différente à ce qu'il peut nous arriver. Disons que moi, mon accident m'a déjà un peu endurcie," explique t'elle à la jeune femme. Demain, peut-être qu'une situation arrivera et qu'elle n'aura aucune idée de quoi faire, ni de comment réagir.

Rin demanda si Diane avait d'autres interrogations. Elle imaginait bien qu ça ne devait pas spécialement être simple de savoir quoi demander et que même si elle avait déjà des éléments de réponses, il pourrait y avoir des choses qui lui manquent. "Bien sûr, n'hésitez pas à me contacter si jamais vous avez besoin de renseignement, je serais heureuse de pouvoir vous réponse du mieux que je peux," indique t'elle avec le sourire pour rassurer la demoiselle. D'ailleurs, elle lui proposait même de pouvoir lire le manuscrit pour pouvoir donner son avis pour la suite. C'était presque un privilège de pouvoir faire ça. "Ce serait avec plaisir. Même si le personnage est différent, j'imagine que les personnes dans mon cas ne réagissent pas tous de la même façon. Je suis sûre que ça sera super !" dit elle. L'encourager c'était la seule chose qu'elle pouvait faire, l'écriture n'étant pas son truc à elle. Diane savait ce qu'elle faisait, elle devrait réussir à écrire ce qu'elle veut, elle n'en doute pas. "Je suis certaine que ça sera captivant, si ma contribution aide, j'en suis ravis." Un sourire, pour une fois qu'elle était là pour servir et aider quelqu'un, ça lui faisait plaisir.