It's not what you think (but it is)

feat. Alphard

Regulus avait longtemps hésité avant de se rendre à cette adresse… Il hésite encore tandis qu’il fait les cent pas sur ce fichu palier, incapable de savoir ce qu’il veut… Est-ce qu’il souhaite avoir cette conversation ? Non, mille fois non. Sur ce point, la question ne se pose absolument pas. Est-ce qu’il doit l’avoir ? Il n’en sait rien. Peut-être que ça ne fera qu’empirer les choses. Peut-être que ça les apaisera. Regulus a l’intuition qu’Alphard serait capable de l’entendre et de le comprendre… Mais faut-il se fier à de si dangereuses convictions, qui pourraient lui coûter beaucoup ? Mais quand bien même il ne comprendrait pas… Il doit lui parler, pas vrai ? Ne serait-ce que pour s’assurer qu’il n’ira rien répéter aux mauvaises personnes… Si ce n’est pas déjà trop tard.

Dans sa tête, il a improvisé une multitude de scénarios. Il a envisagé de jouer la carte de l’innocence, de prétendre avoir simplement voulu le voir, le bon vieux coup de « Je passais dans le coin » - tu parles – en attendant qu’il aborde le sujet de lui-même, en le sondant discrètement… Mais ce serait probablement plus embarrassant encore que d’aborder la chose de but en blanc. L’autre option serait de mentir comme un arracheur de dents, de prétendre que, quoique Alphard ait pu voir à travers la vitrine de la librairie, ce jour-là, ce n’est pas ce qu’il pensait… Mais comment lui vendre un tel mensonge ? Impossible… Et pour cause… Regulus a beau être d’un naturel discret, à mesure qu’il fréquente Peter et que ce dernier l’aide, progressivement, à faire s’effondrer toutes ses barrières… il a tendance à faire preuve de plus d’imprudence. Sans doute aussi parce qu’il ne veut pas réellement se cacher, obliger Peter à endosser sa honte, ses angoisses et ses scrupules… Mais le résultat est là. Le baiser dont Alphard a été le malheureux témoin pourrait difficilement passer pour une erreur d’interprétation. Non, ça ne marcherait pas… Solution plus extrême encore, Regulus pourrait décider d’oublietter son oncle – non, bien sûr que non, jamais il ne fera ça…

Dernière solution. Être honnête. Être honnête et prier intérieurement pour qu’il comprenne… ou au moins parvenir à lui faire promettre de garder le silence. Car c’est bien sûr là la pensée qui l’angoisse et l’horrifie le plus : et s’il répétait tout à ses parents ? Cette angoisse le poursuit depuis plusieurs jours, qui s’ajoute à une anxiété tenace qu’il garde depuis plus longtemps encore. Peter le rend heureux, oui. Profondément heureux, même. Mais Regulus n’oublie rien. Prisonnier d’une éducation très stricte, il garde à l’esprit qu’une telle révélation lui retirerait pour de bon ce que ses géniteurs gardent encore d’estime pour lui, et cette pensée lui brise le cœur.

Il spécule, oui. Beaucoup. Il s’inquiète encore davantage. Mais à la fin, il n’y a qu’une seule et unique manière de savoir… Alors, après avoir pris une grande inspiration, Regulus ose sonner à la porte, retient son souffle jusqu’à ce que son oncle vienne lui ouvrir.

« Bonsoir Alphard. Je suis désolé de te déranger à l’improviste. Je passais… » Dans le coin ? Non, ne dis pas ça, Regulus. Ferme-la. « Je peux te parler ? Juste quelques minutes ? »

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Alphard l’accueille normalement. Ce qui a le don de rassurer Regulus. De sa part, il ne devrait probablement pas s’attendre à autre chose. Après tout, son oncle s’était toujours montré plus ouvert d’esprit que le reste de sa famille – exception faite de Sirius, mais ce n’est pas sans raison si les deux ont toujours eu de vrais atomes crochus… Mais vu les circonstances, il était impossible pour Regulus de présumer réellement de la manière dont son oncle allait réagir. En l’occurrence, il semble faire comme si de rien n’était. Et Regulus ignore s’il devrait réellement s’en réjouir ou non. Si ce dernier décide de prétendre qu’il n’a rien vu… autant corroborer ce récit et s’en contenter, n’est-ce pas ? Oui…

Mais Regulus n’est pas sûr que ça suffise, et il a bien trop peur de ce que pourrait être la réaction de ses parents pour ne pas s’en inquiéter très franchement. Regulus éprouve une profonde gratitude à l’adresse d’Alphard de le traiter précisément comme il l’aurait traité en n’importe quelle autre circonstance, mais dans le même temps, il se sent de moins en moins capable de s’exprimer sur ce qui le taraude et l’angoisse, de crainte de briser ce qui lui donne le sentiment de pouvoir n’être qu’un moment agréable et détendu et rien d’autre.

« Oui, avec plaisir », répond Regulus en parvenant à afficher une esquisse de sourire quand Alphard lui propose du thé. « Je ne suis pas très fan du whisky, le thé ça ira très bien », ajoute Regulus, mal à l’aise. Il tient très mal l’alcool, et quand bien même un verre l’aiderait peut-être à plus facilement soutenir une conversation embarrassante, il n’est pas du tout certain que ça lui délie la langue de la bonne manière. A choisir, il préfère conserver le contrôle de son discours… Même si clairement, il n’a le contrôle sur absolument rien à l’heure actuelle.

Regulus attend que son oncle se soit affairé à préparer son thé et qu’il se retrouve assis devant une tasse fumante pour reprendre la parole… Ou pour essayer de le faire, en tout cas. Le résultat n’est pas nécessairement ce qu’on pourrait qualifier de franchement concluant. Il a le regard fuyant. Et son discours est ce qu’on peut imaginer de plus embrouiller. Il ne fait clairement pas le moindre sens.

« A propos de… hum… » Voilà qui commence parfaitement bien, n’est-ce pas ? Il n’arrive pas à enchaîner deux mots à la suite sans balbutier terriblement. C’est d’un ridicule. « Tu sais… » Oui, il sait. « C’est pas… Enfin… si, mais… » Merde. « N’en parle pas aux parents, s’il te plaît. »

Voilà, c’est finalement la seule phrase un tant soit peu distincte qu’il parvient à prononcer, mais c’est probablement ce qui importe le plus, aussi, qu’il parvienne au moins à dire ça n’est probablement pas plus mal.

« Je veux bien un verre de whisky, finalement. »

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Regulus contemple un instant le contenu de son verre, jaugeant le liquide ambré comme s’il réfléchissait à la manière dont ne serait-ce qu’une gorgée d’alcool influerait ou non sur son discours. Soit cela l’aiderait à se sentir plus détendu, soit cela l’encouragerait à dire n’importe quoi… Peut-être bien les deux a bout du compte. Regulus n’est pas totalement sûr d’apprécier l’idée, mais il a besoin de puiser du courage où il peut être susceptible de le trouver, et pour l’heure, c’est dans cet étrange whisky moldu qu’il pense trouver le saint Graal. Il en boit une gorgée un peu trop grande, qui lui arrache la gorge, au moment où Alphard lui épargne l’embarras de rajouter quoi que ce soit en lui posant des questions qui le rassurent au moins un peu.

C’est vrai, concernant sa vie personnelle, Regulus n’a jamais été très bavard… ni sur quoi que ce soit, d’ailleurs. Secret, renfermé, il révèle rarement le fond de sa pensée. On lui a appris de longue date à refouler ses sentiments, et c’est une leçon qu’il avait parfaitement bien intégrée, en réalité. Il a changé, certes, il parvient à s’ouvrir davantage qu’à une époque. Mais rien n’est gagné pour autant, bien au contraire… En témoigne cette conversation, si difficile pour Regulus.

« Oui… oui je crois bien », répond Regulus sans oser lever le regard vers son oncle quand ce dernier lui demande s’il est heureux, et si sa relation est vraiment sérieuse. Que ce soit sur ces points en particulier qu’Alphard se concentre a le don de rassurer Regulus, pas au point qu’il le soit pour de bon, mais il avait eu besoin, oui, que cette considération passe en priorité.

Oui, Regulus est heureux avec Peter. En fait, il n’a jamais été plus heureux que quand il se trouve avec lui… il lui a même appris, l’on pourrait dire, une forme de bonheur qu’il n’avait jamais véritablement envisagée avant de le connaître. Pour ce qui est d’être sérieux ou non… Leur relation est encore toute récente. Trop récente, sans doute, pour que Regulus puisse apporter une réponse définitive à cette question. Mais Regulus Black ne fait jamais rien à la légère. Et ce n’est certainement pas avec légèreté non plus qu’il aborde ses relations humaines, même s’il le devrait bien souvent.

« Je ne veux pas la blesser plus que nécessaire. Je sais que je l’ai déjà déçue… », admet doucement Regulus au sujet de sa mère.

Ce qui est vrai. Même s’il s’est pour beaucoup détaché des préceptes familiaux, il y reste… lié, d’une manière complexe et inéluctable, de cette manière que Regulus a le sentiment que Sirius n’est pas en mesure de comprendre.

« Je te remercie… de réagir comme ça… De garder le secret… Je veux dire… j’aurais compris si tu avais décidé de ne pas le faire. »

Et cela, sincèrement, le touche, il a l’impression de pouvoir réellement se confier à son oncle, et il ne réalisait pas à quel point il était en recherche d’un tel pilier familial.

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L’avantage de parler avec Alphard, c’est que ce dernier est totalement capable de comprendre son statut et ce que ce dernier implique, et combien il est difficile de contrevenir à ces préceptes familiaux qui leur ont été inculqués depuis leur naissance. Regulus en a bien parlé avec Peter, mais il voit bien qu’il ne parvient pas à comprendre… D’autant moins qu’il a également sous les yeux le contre-exemple de Sirius, qui lui donne probablement le sentiment que ça devrait être plus simple pour lui que ça ne l’est en réalité. Oui, Regulus sait que ses parents ont été élevés avec certains principes, et ce sont ces mêmes principes qu’on lui a inculqués…

C’est pour cette raison que Regulus se sent aux prises avec une telle dualité. Il y a ce qu’il se sent l’obligation d’être et ce qu’il est réellement, ce qu’il a toujours cru vouloir et ce qu’il a finalement pensé vouloir. Il ne fera pas marche arrière, avec Peter, mais au fond de lui, il voudrait pouvoir tout avoir : filer le parfait amour avec Peter et converser une bonne entente avec ses parents. Mais ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent… Il faut faire des choix, des choix radicaux. Et puisque Regulus ne compte pas quitter Peter, ce n’est qu’une question de temps avant que ses parents ne le renient… ou pire.

Un sourire légèrement cynique étire les lèvres de Regulus quand son oncle lui assure que sa mère l’aime. Il veut le croire, lui aussi… et ça l’inquiète d’autant plus. S’il pouvait se contenter de penser que sa mère le détestait, tout serait plus simple… Ce serait moins triste ou difficile de redouter de perdre son estime s’il n’avait pas également peur de perdre son amour… Et comme il n’est pas plus capable de montrer ses sentiments qu’elle… l’affaire n’en est que plus compliquée. Pourquoi est-ce qu’il pensait qu’il en parlerait à sa mère ? Pour des dizaines de raisons…

« Parce que c’est un homme… parce que c’est un moldu… Peter ne coche aucune des cases attendues par la très noble et très ancienne famille Black », constate Regulus avec une sorte d’ironie qui lui ressemble si peu, et qui pourtant lui vient presque naturellement, en l’occurrence. « Au moins les parents n’auront pas à s’inquiéter que je leur ponde un bâtard », observe Regulus dans un léger soupir.

Il pourrait presque s’amuser de cette situation si elle ne le mettait pas si mal à l’aise en fin de compte. Même en parler comme ça avec son oncle, ça reste… très étrange, et assez compliqué. Même s’il en a trop vu et qu’il s’est trop confié pour s’arrêter en si bon chemin, ce n’est pas pour autant que la chose soit si simple.

« Je sais que je pourrais pas le leur cacher éternellement… surtout qu’à l’évidence, je suis pas spécialement doué pour ça. » Regulus baisse le regard. « Mais je ne suis pas encore prêt pour ça. »

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Regulus a l’estomac serré à la seule idée d’annoncer à sa mère la nature de sa relation avec Peter. Il le sait, il n’aura pas d’autre choix que de lui en parler, ne serait-ce que parce qu’elle l’apprendra probablement d’une autre manière. Sirius lui répliquerait sans doute que dans tous les cas, ça ne regardait pas leur mère, et qu’il ne devrait même pas être encore en contact avec ses parents, mais Regulus n’est pas capable d’une chose pareille. Couper radicalement les ponts avec sa famille, c’est impossible à ses yeux, ce serait comme s’amputer d’une partie de lui-même. Non, vraiment, il ne peut pas s’y résoudre. Alors oui, il devra lui en parler… Mais il reculera ce moment, encore et encore et encore… Il prétendra probablement attendre le bon moment alors même que le bon moment n’existe pas, et n’existera probablement jamais, quoi qu’il fasse.

« J’y penserai le moment venu, promis, même si je veux pas te mettre en porte-à-faux vis-à-vis de maman. »

Regulus adresse un sourire infiniment reconnaissant à son oncle. En vérité, il se sentirait effectivement très soulagé qu’il soit présent le moment venu. Il pourrait prendre sa défense, il pourrait l’aider à affronter ses choix, à aller au bout de ses aveux sans faire marche arrière… Oui, ça vaudrait mieux. Le moment venu. Mais pour l’instant, il n’a absolument aucune envie d’y penser. Pour le moment, il préfère observer cette perspective comme lointaine, et laisser le Regulus du futur gérer cette situation… Ce qui ne sera probablement pas si simple que ça.

« Eh bien en fait… »

Regulus hésite, c’est tellement étrange de parler si librement de sa vie sentimentale avec Alphard, et en même temps, il veut partager avec lui, il ne peut pas se montrer si évasive, attendre son aide et sa discrétion, et ne rien lui apprendre ensuite. Qui plus est, il a tout de même envie que son oncle connaisse Peter, il le veut parce qu’il l’aime profondément, qu’il est important pour lui, et que par conséquent, il veut que les personnes importantes à ses yeux l’aiment et l’acceptent également.

« Il m’a sauvé la vie. C’est comme ça que je l’ai rencontré. Sans lui, je serai pas là devant toi aujourd’hui. » Il ne veut pas lui donner le détail non plus, il ne veut pas l’inquiéter plus que nécessaire en évoquant les dangers qui l’entourent et le fait que le seigneur des ténèbres l’a dans sa ligne de mire. « Il est étudiant, à la fac. Il étudie les sciences et la biotechnologie, et à côté de ça, il s’est trouvé un stage à la police scientifique. » Et encore à côté de ça, il joue les super-héros… Regulus n’a pas les mots pour dire combien il l’admire. « On vit ensemble depuis un peu plus d’un an. Enfin… on était pas ensemble au début, on était juste coloc, mais… » Il baisse le regard. « Bref… voilà. »

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Regulus affiche un fin sourire, amusé par le discours que tient son oncle au moment d’évoquer l’éventualité de parler à Walburga. Le vocabulaire de champ de bataille devrait probablement passer pour exagéré, mais le jeune homme a tendance à penser que c’est effectivement le cas. Quand le moment des grandes révélations aura lieu, ça tiendra probablement du véritable carnage… Mieux vaut s’en amuser, d’une manière ou d’une autre. Ils verront en temps et en heure.

Regulus ne croit pas que l’on puisse vraiment se préparer quand le champ de bataille est celui qui les attend, mais il ne doute pas aussi du fait qu’Alphard ait plus d’un tour dans son sac. Il a toujours été plus capable de tenir tête à sa sœur que lui… Alphard, c’est le bon compromis entre lui-même, qui s’écrase d’office devant Walburga, et Sirius qui part au quart de tour quand il ouvre la bouche. Oui, vraiment, ça le rassure de pouvoir avoir Alphard de son côté, qui parvient à se montrer aussi compréhensif que possible, en dépit du caractère singulier et peut-être désarmant d’une situation à laquelle il n’avait probablement pas dû s’attendre (et pour cause, Regulus ne s’y était pas attendu davantage de son côté).

Au moment de parler de Peter, Regulus est enthousiaste, emphatique… Impossible pour lui de faire autrement. De bien des manières, Peter a changé sa vie, et Regulus ne sera jamais suffisamment reconnaissant envers son petit ami pour tout ce que ce dernier a fait pour lui. Il a toujours su se montrer présent, il lui a sauvé la vie au sens premier du terme, il est plus que quelqu’un de vraiment très chouette, il est la personne la plus incroyable que Regulus connaisse – et ce n’est pas peu dire compte tenu du nombre de personnes incroyables qui font partie de son entourage. Pour ce qui est de l’inverse, le jeune sorcier n’en est pas si sûr, en revanche… Il n’a pas le sentiment d’apporter grand-chose à son petit ami, mais il aime l’idée que ce dernier puisse le penser autrement. En attendant, s’il est une chose certaine, c’est qu’ils sont heureux ensemble et ça, ça compte. Ça compte vraiment.

Regulus prend conscience d’en avoir trop dit au moment d’entendre les interrogations de son oncle concernant l’« accident » qui lui a permis de faire la rencontre de Peter. C’est certain, il ne peut pas en parler à Walburga, cette dernière s’inquiéterait beaucoup trop, mais peut-il envisager d’en parler à son oncle ? Il hésite longuement à ce sujet. Le faire serait se soulager d’un poids, mais il a peur, aussi, en agissant de la sorte, de se montrer particulièrement égoïste. Et comment pourrait-il prétendre ne pas l’être, d’ailleurs. Ce serait bel et bien le comble de l’égoïsme que de se comporter ainsi.

« C’est… » Il hésite encore un peu. « … compliqué. » A l’entendre, tout est compliqué, en réalité. « Si je t’en parle, je te mets en danger, tu comprends ? »

Il a envie d’en parler, mais s’il le fait, Alphard doit avoir conscience des risques, et du fait que ces derniers ne sont pas juste une invention de la part de son neveu, tout agité soit-il.

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Regulus esquisse un fin sourire à la réponse d’Alphard. Peut-être qu’il a raison en effet, peut-être que son rôle est de le protéger bien plus que l’inverse, mais il ne risque rien tant qu’il n’est au courant de rien (quoi que ce n’est pas si certain, le jeune sorcier part du principe que tout son entourage court un risque potentiel à l’heure actuel, et il éprouve toujours une certaine culpabilité vis-à-vis de Sirius et de Peter, quand il y pense – même si l’un et l’autre n’ont certainement pas attendu après lui pour s’attirer des ennuis ou se faire des ennemis). Il est partagé, et dans le même temps, il a ce sentiment de pouvoir se délester de certaines de ses responsabilités. Même s’il est un adulte à peu près fonctionnel, il reste encore bien jeune, et en certaines circonstances, il voudrait n’être rien d’autre qu’un enfant. Un enfant, c’est tout, qui pouvait s’en remettre à ses aînés quand les choses n’allaient pas. Il ne peut pas se tourner vers son père et sa mère, c’est exclu… alors il lui reste son oncle, et dans le fond, même s’il fait mine d’hésiter, sa décision est probablement déjà prise.

Il est sûr de lui. Il lui répond avec conviction. Il veut connaître la vérité. Elle apprécie de l’entendre dire qu’il ne compte pas aller sur le champ de bataille pour autant… Dans certaines circonstances, on n’a pas forcément le choix, mais il préfère savoir qu’Alphard se tiendra à l’écart. Quant à cette vérité qu’il entend à présent lui révéler… il ne tiendra qu’à lui de la garder pour lui-même et de ne rien en faire. Son oncle est lucide est clairvoyant. Il a bien analysé les choses, en effet. Peter avait été capable de le protéger des mangemorts qui l’avaient attaqué, mais non, effectivement, ce n’est pas pour autant que la menace avait disparu. Cette menace est bien trop imposante. Et elle le poursuit, et c’est de pire en pire.

« J’ai un objet en ma possession – deux, même, maintenant… Quelque chose que j’avais voulu détruire, avant de… »

Sa gorge se bloque. Il reste en surface des choses, mais il n’arrive pas à en parler plus concrètement, même si ce ne serait probablement pas une mauvaise chose, loin de là. Plus le temps passe, plus il lui est simple de parler de certains détails, mais pour certains… Même à Sirius, il est loin d’avoir tout dit. Et réciproquement, d’ailleurs. Ils ont été éduqués dans la pudeur, dans le refoulement de leurs pensées profondes et de leurs sentiments… Cela ne pouvait bien sûr que laisser des traces.

« Bref, cet objet a fini par réapparaître. C’est le genre… difficile, presque impossible à détruire. Le genre qu’il ne doit surtout pas récupérer. Et depuis qu’il sait que je l’ai en ma possession… il est prêt à tout pour le récupérer. »

Parfois, Regulus se croit hors de danger, il a l’impression que tout ça est à présent derrière lui, mais c’est toujours une fausse piste. Et à un moment ou à un autre, il devra une fois de plus faire face à ses responsabilités. Au cours de ce combat qui semble ne pas avoir de fin.

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feat. Alphard

Regulus, un peu décontenancé, voit son oncle se lever sans deviner ce que sera sa prochaine réaction. Alphard s’est montré parfaitement silencieux tout au long de ses explications… Des explications imprécises, des explications qui lui épargnaient un grand nombre d’informations qui n’étaient certainement pas des moindres. Pour protéger son oncle, pour se protéger lui-même…. Ou les deux ? Difficile à dire. Toujours est-il que le jeune sorcier ne se verrait probablement pas en dire plus, et espère qu’Alphard saura s’en contenter… Quand bien même il se doute que ce ne sera oas forcément si simple d’éviter la moindre question, en fin de compte.

Il le regarde faire les cent pas sans bouger lui-même, se contentant de siroter le contenu de son verre, qui commence gentiment à lui monter à la tête au passage. Il ne sait pas si c’est une bonne chose en fin de compte. Sous l’effet de l’alcool, certaines choses semblent soudainement plus simples… Mais certainement pas toutes. D’autres… d’autres paraissent soudainement bien plus complexes également. Alphard semble réfléchir à quelque chose, et Regulus ne se sent pas d’interrompre le fil de ses pensées. Il n’aurait pas été capable de dire quoi que ce soit de pertinent dans tous les cas. Alors il attend, et même s’il ne s’écoule sans doute que quelques secondes durant lesquelles Alphard semblent se parler à lui-même de manière indistinctes, ces secondes ont l’air de durer une éternité aux yeux du jeune homme. Jusqu’à ce que, enfin, il s’interrompt dans ses cent pas et tourne son regard vers lui pour s’adresser à lui d’une voix plus claire.

Le feudeymon. C’est un sortilège dont il a déjà entendu parler, mais c’est un sort qu’il n’est pas sûr de savoir maîtriser (en même temps, il n’a jamais essayé, donc forcément). Un sortilège hyper-puissant… Bien plus puissant que tous ceux dont il s’était servi jusqu’alors dans l’espoir de détruire les horcruxes. Une lueur d’intérêt illumine aussitôt le regard de Regulus. Il ignore si cela pourrait fonctionner, mais ce qui était certain, c’est que face à une magie aussi puissante que celle des horcruxes, il fallait opposer une magie aussi puissante et destructrice… Le feudeymon n’était par conséquent pas une idée délirante. Regulus note mentalement de discuter de la question avec Dumbledore dès qu’il en aura l’occasion. Si lui-même ne se sent certainement pas de lancer un tel sort.

« Je ne me sentirais pas de lancer un tel sort mais t’as raison. C’est sûrement pour cette raison que ça pourrait fonctionner. » Il parle presque pour lui-même. « J’en parlerais à Dumbledore. » Il a peur que ses espoirs soient faussés et de revenir ensuite à la case départ. « Merci. Ça pourrait vraiment marcher. » Il affiche un fin sourire. « Par contre, si ça marche vraiment… il va me haïr encore plus. » Il. Le seigneur des ténèbres.

Oui, c’est très possible, mais il sera également diminué, plus faible… ça peut vraiment être une solution.