J’avais toujours eu l’habitude de faire l’acquisition de belles choses pour m’entourer, tout au long de mon existence. Les pierreries et joyaux faisaient toujours de magnifiques présents pour Héra, qu’ils soient ou non sertis délicatement sur de l’or fin ou de l’argent.
J’aimais aussi acheter des œuvres d’art. Il y avait des tableaux et des sculptures de toutes sortes de formats, de toutes sortes de factures, de styles et de courants différents. Œuvres d’art choisies pour leur beauté, pour leur impact sur le regard… de l’argent dépensé intelligemment, dans des investissements qui pouvaient embellir chaque jour ma demeure.
Mon épouse méritait ces jolies choses, bien sûr, et je lui achetais régulièrement les plus belles pièces de joaillerie disponibles sur le marché. C’était un bien piètre moyen de compenser mes écarts, bien trop matérialiste par rapport à ce que nous étions, ma femme et moi, mais il était difficile pour moi de me faire pardonner des écarts impardonnables. Je n’avais jamais pu être fidèle, c’était bien plus fort que moi.

L’idée d’entamer un travail de fond sur moi-même pour trouver un moyen de calmer mes ardeurs et mes appétits aurait pu être, peut-être, une bonne manière de m’améliorer, mais je n’avais encore entamé aucune démarche en ce sens.

Mais le problème n’était pas là.
Ces derniers temps, il y avait pourtant des choses étranges qui se passaient chez moi. Des choses qui disparaissaient. Ma femme ne portait pas les parures que je lui offrais. Elles s’entassaient habituellement dans des boites à bijoux posées çà et là, chez nous, comme si elle gardait des reliques de mes infidélités… Mais cela ne m’empêchait pas de continuer à en acheter et à lui en offrir.
Jamais Héra ne se serait abaissée à revendre des objets pour se payer des palliatifs quelconques. A mes côtés, elle n’avait jamais manqué de rien, sinon de ma présence, mais cela, c’était quelque chose dont je n’avais pris conscience qu’assez récemment.
J’avais un peu changé, mais il était indéniable que ma femme et sa rancune n’étaient pas prêtes à le remarquer.

La disparition de ces biens était aussi étrange que douteuse. Mais je ne voulais pas demander à Artemis de placer des agentes chez moi. Sa société travaillait déjà dans mes bureaux, et je ne pouvais pas imposer à Héra la présence de jeunes femmes athlétiques à la maison.

Ce soir, j’étais dans la chambre lorsque la fenêtre s’ouvrit. Je ne dis rien, me tenant silencieux et observant la silhouette obscure s’affairer chez moi. Elle devait ignorer que j’étais là. Je pouvais faire en sorte de passer inaperçu, lorsque je le souhaitais… Mais quand je vis la posture de la cambrioleuse, cette croupe à la cambrure parfaite… Une petite voix au fond de moi était ravie que mon épouse ne soit guère présente chez nous en cet instant précis… elle m’aurait sans doute accusé d’avoir fait venir une prostituée toute vêtue de cuir pour me faire passer un moment chaleureux…
Les yeux rivés sur ses arrières, le sourire en coin qui naquit sur mes lèvres disparut lorsque la jeune femme se retourna et s’appuya sur le meuble avec une nonchalance presque vulgaire. Et son invitation était aussi provocante que sa tenue.

« Je peux aussi vous faire venir plus près. » Il ne me fallait pas grand-chose pour cela. Une décision, toute simple, pour contrôler l’air ambiant. Et la force de ma volonté, doublée du don de l’atmokinésie vint effleurer doucement les poignets de la jeune femme, comme dans un souffle. « J’ose espérer que vous avez à nouveau trouvé votre bonheur chez moi, mademoiselle. »

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Était-ce le regard qu’elle posa sur moi qui me fit songer que cette jeune femme était aussi joueuse qu’audacieuse. Ce qui n’était pas pour me déplaire, bien sûr. Cependant, les propos plus que téméraires de la cambrioleuse poussaient une partie de moi-même à entrer dans ce petit jeu… Évidemment que je savais ce que je faisais et ce que je voulais faire également… Mais allais-je m’en tenir à cela ? Savoir, c’était très bien, mais… j’étais un éternel insatisfait dans ce genre de situation.
Pour le moment, je la jaugeais, la laissant essayer de me faire sombrer dans je ne sais quel panneau… Tout ce que j’espérais, c’était que ma chère épouse n’avait strictement rien à voir dans tout cela.

Alors, qu’est-ce que je voulais ? Peut-être juste un peu m’amuser ? Mais n’était-ce pas elle qui comptait s’amuser avec moi ? Avec tout ce qui se passait dans ce monde, il n’était pas impossible que je puisse tomber sur quelqu’un de mal intentionné ou de trop bien intentionné… Elle appréciait les bijoux que j’offrais à mon épouse…
« Cela fait au moins une personne qui en profite, c’est plutôt une bonne chose, vu comme ça. »

Je tâchais de ne pas trop en dire, je savais que ma chère femme n’apprécierait que très moyennement de savoir qu’une jeune femme était chez nous. Dans la chambre. En train de se servir dans la boite à bijoux d’Héra.
Mais l’attitude, la gestuelle, même la voix de cette jeune femme semblaient être étudiées pour créer un déséquilibre en moi, entre mes devoirs et mes désirs. Un déséquilibre qui m’avait bien trop souvent envahi par le passé… Je savais pertinemment que j’étais incapable de résister à une jolie fille.

« Une préférence ? Si je n’avais un tant soit peu de décence, je pourrais dire que vous êtes sans doute bien au-delà des merveilles matérielles dont je dispose ici. »
Je me levais pour faire quelques pas dans sa direction.

« Peut-être devrais-je vous offrir un verre, mademoiselle… Il n’est pas dans les convenances de recevoir une jeune femme sans lui proposer le gîte et le couvert. » Une manière de jouer le jeu, sans trop me mouiller pour autant, mais en maintenant les apparences de la bienséance et des bonnes manières.
J’eus un léger soupir. Je ne comptais pas lui dire ce que je préférais dans les objets que je possédais ici… cela aurait été bien trop facile pour elle, ensuite, d’avoir de quoi me faire mal.

« Je n’ai pas grand-chose à faire de tout ce qui relève du matériel. Aucun intérêt. » En tout cas pour moi. Mais ceux qui aimaient les belles choses et l'argent pouvaient y trouver du bonheur, je ne pouvais pas ignorer cela.

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Pourquoi mon épouse accumulait les bijoux sans jamais les porter ? La raison en était simple, mais étais-je suffisamment honnête pour exprimer cela à voix haute ? Et devant une inconnue ?
Il y avait quelque chose d’assez gênant dans le fait d’avoir été humain en arrivant sur cette île… j’avais appris, en les vivant par moi-même, ce que pouvaient être l’anxiété, le stress, l’appréhension et autres ressentis tellement humains… j’avais alors compris l’importance que l’on accordait au regard des autres et à ce qu’il pouvait représenter…
Mais je n’étais ni un menteur, ni un faussaire et encore moins un simulateur… aussi lâchai-je la vérité, aussi dérangeante pût-elle être.

« Il est vrai que ces parures lui siéraient à merveille... » Je les choisissais toujours avec soin, pour que les bijoux puissent être portés avec les tenues de ma femme, ou être en accord avec la beauté de ses yeux... « Mais elle est magnifique sans tout cela... »
Et c'était vrai, la beauté naturelle d'Héra n'avait pas besoin d'être soulignée par des artifices rutilants... Mais je savais pertinemment que la raison qui la poussait à laisser de côté mes cadeaux était toute autre... alors que j’avais certainement gagné en discrétion depuis notre vie sur l’Olympe. Mais Héra était ma sœur et ma femme, il devait y avoir quelque chose de blessant et peut-être d’un peu honteux à se dire que l’on ne satisfaisait guère son mari… Pourtant, je ne considérais pas les choses sous cet angle, pour ma part, nulle question de satisfaire ou non mes envies, c’était plutôt une manie que j’avais et dont je n’étais jamais parvenu à me défaire. « Les porter reviendrait, d’une certaine manière, à afficher ouvertement mes infidélités. »

Combien de scènes de ménage n’avions-nous pas déjà eues ? Toujours à ce sujet, d'ailleurs... La vérité m'était apparue très tôt, il m'était tout simplement impossible de me contenter d'une seule femme.
D’ailleurs, il m’était assez difficile de ne pas me laisser subjuguer par les jolies courbes que ma petite cambrioleuse. Elle possédait une grâce que sa silhouette, moulée par une tenue aussi sexy qu’elle devait être pratique pour ses activités de récolte d’objets de valeur.

Je n’avais pas rêvé le contact qu’il y eut. Des effleurements, simples, mais suggestifs. Il n’en fallait pas vraiment plus pour que je me sente emporté par des désirs multiples. Mon torse, mon cou, mes lèvres… Le toucher était léger, amorti par la douceur des gants… et les propos qui l’accompagnèrent me suggéraient de prendre les choses en mains, bien que ce petit jeu de séduction me soit si agréable que j’en éprouvais déjà un certain plaisir. Mais j’avais toujours été très réactif dans ce domaine, alors, évidemment, quelques provocations soulevaient rapidement des idées.

« On dit que l’indécence est le propre de l’être humain qui ne craint pas d’être regardé en face… » Audace, indécence, liberté… Finalement, tout cela se rejoignait, quand on y songeait… Et je voyais cette jeune femme comme indécente, audacieuse et tout à fait libre, ou libérée, selon le point de vue. « Vous êtes une sorte d’électron libre, n’est-ce pas ? Les règles sont faites pour être contournées, les cadres pour être déformés et les définitions pour être révisées… » Une partie de moi était parfaitement en accord avec cela. Rien n’était figé, d’une certaine manière, et le libre arbitre était l’élément clef de nombreuses situations. Ce qui était d’autant plus vrai, ici, sur cette île étrange.

Son rire, léger, doux comme un ronronnement, résonna à mon oreille comme un signal. Certes, j’avais toujours un peu de mal avec ce tutoiement intempestif, mais la plastique sans faille de la belle cambrioleuse me poussait à lui pardonner cet écart langagier.

« Aimez-vous le champagne ? les vins doux et sucrés ou plutôt des alcools plus forts ? »
Peu importait, au fond, mais une petite voix en moi songeait que la voir déambuler félinement, une flûte d’un excellent champagne à la main, devait être le plus beau tableau que l’on puisse rêver d’admirer dans le décor de ma demeure.

Cette vie nouvelle me convenait-elle ? c’était une question qui pouvait s’avérer difficile. Comme pour tout le monde, certaines choses me plaisaient, d’autres moins. De roi des dieux, j’étais passé au statut de président directeur général d’une florissante société de holding. Je restais quelqu’un d’influent et de puissant.

« Je me suis adapté à cette nouvelle vie. J’ai la chance de pouvoir m’ajuster assez aisément à toutes sortes de milieux et de situations. » Dit comme cela, cela faisait un peu opportuniste, mais je ne me reconnaissais pas vraiment dans ce terme. « Et vous, dites-moi ? Vous êtes-vous facilement acclimatée à l’île et à ses frasques ? »

Ma curiosité était plutôt une manière de converser avec mon invitée surprise, mais le sujet pouvait s'avérer intéressant également.
Je préparai deux verres en cristal fin pour nous servir à chacun une boisson digne des dieux.

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La soirée était bien différente de ce que j’avais pensé qu’elle pourrait être… parce que je n’avais jamais vraiment imaginé que le moment où je trouverais la personne qui cambriolait ma demeure puisse être un moment aussi agréable. Tout comme je n’avais pas non plus pu imaginer que le cambrioleur était en réalité une cambrioleuse aussi sexy que féline et gracieuse… Peut-être bien que sa tenue, aussi moulante, était aussi une façon de me donner de quoi imaginer de nombreuses choses…
Bien sûr, je n’avais que bien peu d’idée de ce qui pouvait se passer dans l’esprit de mon invitée surprise. Parfois, j’aurais aimé pouvoir lire dans les pensées des autres, ce devait être aussi amusant que gênant… Mais ici, face à une cambrioleuse, aussi sexy soit-elle, je devais sûrement m’attendre à des pensées concernant l’évaluation de la valeur des pierreries et des bijoux. Peut-être imaginait-elle déjà, aussi, comment elle allait faire fructifier son butin par la suite… à moins qu’elle ne soit en train de rêver aux prochaines parures qu’elle pourrait trouver ici, chez moi…

« Effectivement… » Elle avait raison sur ce point, un amour exclusif, c’était compliqué à vivre. Je n’avais jamais pu me résoudre à faire une croix sur mes aventures extra conjugales… et je ne pensais pas pouvoir y arriver tout à fait un jour.
Je ne me lançais pas dans des relations durables, la plupart de mes aventures étaient sans lendemain, mais il était arrivé que j’aie de l’attachement et donc un désir de voir un peu plus régulièrement certaines femmes. Lorsque c’était le cas, il était évident que j’agissais en suivant des pulsions de désir plutôt que ma conscience et ma raison.

Elle me parla de sa vision des règles, évoquant les différences entre les classes sociales… Je ne me sentais pas spécialement concerné par les règles, mais j’aimais la manière dont ma cambrioleuse percevait cette injustice du monde. « La liberté, c’est le plus important. » C’était compliqué de se dire que les humains avaient besoin sans cesse qu’on leur garantisse leurs droits et leurs libertés… Ce n’était pas comparable au statut des esclaves durant l’Antiquité, mais je percevais bien le caractère indispensable du libre arbitre. Est-ce que la civilisation grecque aurait tendu à ce genre de choses aussi si elle avait continué à évoluer et à s’étendre ? Mais les disparités entre les cités et les multiples conflits auraient empêché une unification pendant encore bien longtemps…

Cela dit, le champagne était sans nul doute une manière plus simple, plus conviviale et plus sûre de profiter de l’instant présent. Le cristal des flûtes était finement ciselé et le liquide, dans ces coupes, ressemblait presque à de l’ambroisie. Je lui tendis une coupe, tandis qu’elle m’expliquait que sa vie d’avant n’était pas toute rose et violette… « Le naturel revient toujours au galop… Mais il est clair que cette île est bien plus confortable que de nombreuses existences passées.»
Quand j’y pensais… le luxe dans lequel je vivais ici était bien difficile à comparer à l’Olympe… mais j’avais appris à aimer cette nouvelle vie et ses avantages.
Comme elle me laissait la voie libre, je revins près d’elle, mais, au lieu de reprendre ma place dans le fauteuil, je lui lançai l’invitation : « Si vous souhaitez vous asseoir, prenez place… rien ne vous oblige à rester debout. »

D’ailleurs, un bon champagne devait se savourer les yeux fermés, mais pas forcément debout. Assise dans un fauteuil confortable, elle aurait tout autant de plaisir à déguster cette ambroisie.
« A votre charmante visite. » Nous trinquâmes comme si le destin nous avait fait un beau cadeau ce soir. « Ma femme n’est pas ici pour le moment. Et je m’en voudrais de vous imposer quoi que ce soit alors que la liberté fait partie de votre charme. »

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Le tutoiement me hérissait toujours un peu, sans doute parce que nous ne nous connaissions pas et que je réservais le « tu » à mes proches. Je ne voulais cependant pas passer pour un casseur d’ambiance, alors je lui répondis, en toute honnêteté.

« Connaissez-vous un peu l’Europe ? J’ai grandi en Crète. » Toute personne ayant des connaissances en géographie hellène situait rapidement l’île du peuple minoen au large de la Grèce. « Mais j’ai passé le plus clair de mon temps en Grèce continentale. » Je ne mentais pas, mais je n’étais pas non plus le plus précis. Je lui renvoyais tout de même la question : « Et vous, dites-moi, d’où venez-vous ? »

Je l’avais invitée à s’asseoir et sa manière de me parler, avec tant de sensualité, n’avait de cesse de m’inspirer des pensées que me chère épouse aurait très certainement jugées de mauvais goût ou malvenues. Mais Héra était toujours d’humeur à me juger.
Pour l’heure, entre l’excitation due à l’anticipation d’un moment sensuel et mon envie de rationaliser, je me rendais compte que, déjà, les manifestations physiques de l’approche de l’instant T se faisaient sentir. Mon cœur battait plus vite. L’adrénaline montait. Mon corps s’électrifiait… Comme si une charge de tonnerre restait en moi.
La présence de cette jeune femme était source d’une nervosité positive. L’impatience de vivre un moment avait fait naître là cet effet de nervosité difficilement contrôlable, mais pas désagréable pour autant.

Et puis il y eut ces mouvements de ses doigts courant sur ma chemise. Une source de frisson, bien sûr, parce que je n’étais pas insensible à tout ce qui pouvait éveiller des sensations. Sa position me suggérait tant d’idées…

Le champagne, ses cuisses, ses gestes, sa sensualité… J’eus un sourire en coin à sa question.
« Qui sait… peut-être… Il faudra sans doute revenir pour vérifier cette hypothèse… »

En attendant, nous dégustions un délicieux champagne, un grand cru, et je ne pensais plus vraiment à ma femme. L’instant présent me semblait bien plus intéressant et plus prometteur.
L’attitude de la jeune femme, sa manière de venir près de mon oreille, de m’approcher comme cela… Je finis par refermer les bras sur elle, sur ce corps que je devinais parfait, et je fermais les yeux un instant.

« J’irai peut-être acheter un véritable joyau si les choses suivent leur cours. »
Un vrai joyau, finement ciselé, une pièce rare, peut-être unique, même, pour couronner la soirée… J’anticipais beaucoup, cérébralement, et le fait d’être ainsi le jouet d’une jolie femme aussi séduisante que féline, cela n’enlevai rien à ma manière d’appréhender les choses.

« Vous permettez ? » Je respirais son parfum, mêlé à cette odeur corporelle sensuelle, qui faisait naître le désir. Et mon visage vint s’enfouir dans son cou, tandis que mes mains parcouraient doucement son corps.

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J’aurais pu parler des heures durant de mon pays d’origine. Les terres hellènes étaient riches en histoire, en vécu, en expériences de toutes sortes… La Grèce, la Crète, les îles… Tous ces lieux étaient chargés en émotions et en souvenirs pour moi. Et si nous n’avions pas été coincés sur cette île, peut-être que j’aurais même pu imaginer emmener cette fille sous le soleil crétois. Peut-être…
La Grèce à cette époque, c’était synonyme de plages de sable (parfois du sable noir, d’ailleurs, si l’on allait du côté de Santorin), baignades dans une mer tempérée, puis un petit bain de soleil étalé sur une serviette de plage…
Mais je ne devais pas m’emballer. Je n’étais pas prêt à emmener cette belle féline déguster des crèmes glacées, lancer des coquillages dans les vagues ou rêvasser au bord d’une piscine luxueuse, lunettes de soleil vissées sur son si joli petit nez…
D’abord parce que rien ne garantissait quoi que ce soit et que, bien que j’aie récupéré mes pouvoirs, il n’était pas certain que je puisse avoir les mêmes possibilités que jadis…
Ensuite, parce que cette île étrange n’avait pas encore révélé tous ses secrets et qu’il était probable que tout ceci débouche sur quelque chose qui nous dépassait toutes et tous…
Et enfin, parce que si ma chère et tendre Hera venait à découvrir que cette jolie cambrioleuse s’était introduite chez nous à plusieurs reprises et que ce soir, au lieu de l’arrêter, je m’étais laissé séduire… je ne donnais pas cher de notre belle vaisselle en porcelaine fine !

Je ne connaissais pas Gotham, ni même les Etats-Unis. Cela devait se voir à mon expression un peu dubitative, mais je ne demandais qu’à découvrir. On ne parlait pas de cela, durant l'Antiquité. Mais j'aimais les découvertes et je savais d'ores et déjà que discuter de géographie pouvait être enrichissant pour moi.

Le contact, de toute façon, rend l’atmosphère chargée, comme si l’air devenait trop lourd, trop chaud, trop tout. C’était symptomatique de l’éveil des sens, à mes yeux. Et ses mouvements sur mon torse m’électrisaient peu à peu et de plus en plus. Bien sûr que je laisserai une fenêtre accessible, peut-être même ouverte pour lui faciliter les allées et venues.

« Je n’y manquerai pas. » Mon sourire devait être aussi expressif que mon regard en termes de désir.
Et les frissons succédèrent aux frissons… J’eus même la chance de la sentir me mordiller le lobe d’oreille et jouer avec la peau de mon cou.
Elle était aussi excitante qu’inspirante. Je me sentais bien, en cet instant précis, et je savourais le moment présent, parce que c’était bon, parce que c’était prometteur…

Les mordillements, c’était le feu vert. Je laissais mes mains se glisser partout où elles le pouvaient, mais ma bouche se faisait gourmande et cherchait à se repaître de chair, comme si la subite fringale qui m’envahissait n’aurait pas de fin.
Je la laissais mener la danse, répondant à ses invitations, à ses demandes, me montrant aussi avide de sensations qu’elle… En ces instants, j’étais tout à elle, j’étais prêt à tout pour l’amener au septième ciel, pour lui montrer comme un dieu grec pouvait s’amuser. Je n’avais jamais été avare et dans des situations comme celles-ci, sans doute plus encore que jamais…
Installée sur moi comme sur une monture, c’était une invitation plus qu’efficace. Et les préliminaires faisaient leur effet. La suite, tout le monde pouvait s’en douter, n’avait pas besoin de moults détails.
Ce fut bon, ce fut agréable, ce fut grandiose.
Le sexe était quelque chose que j’aimais particulièrement. J’aimais donner du plaisir à mes partenaires avant de prendre le mien. J’aimais l’intensité de tout cela. J’aimais ces sensations…
Et j’aimais l’idée que cette charmante féline reviendrait par ici. Je ferais tout pour.

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