(abandonné) A common ground | Nolan

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A common ground

Il s’était créé de la part de Morgoth vis-à-vis de Nolan Sorrento une curiosité qui n’avait rien de saine. Pas qu’il l’intéresse outre mesure, en dehors d’un intellect certes convenable mais avec lequel Sauron rivalisait plus que largement, ou d’un physique que naturellement il apprécie puisqu’il est en tout point identique à celui de son serviteur, mais les récents événements, et les déplaisantes accointances de celui qui devait pourtant lui promettre en toute occasion de toujours lui être loyal, sans exception aucune, avec Samantha Twombly, l’ont poussé à s’intéresser à son cas de plus près. En pure vengeance, on peut le dire, par strict divertissement, c’est assez certain également. Rien que l’on ne puisse en tout cas qualifier d’honnête ou de louable (mais Morgoth n’a jamais prétendu être honnête ce même s’il attend les louanges de tout un chacun). S’il a voulu le rencontrer, c’est pas curiosité d’une part, mais également afin de se faire une idée plus précise de la manière dont il pourrait exploiter ses compétences, celles qui sont relativement connues et qui sauront peut-être, qui sait, lui servir d’une manière que le dernier ne concernerait pas. Exploiter éventuellement la présence et la personne de Nolan Sorrento, c’est également, bien sûr, obtenir une certaine vengeance auprès de celui qui pensait pouvoir se louer de son déplaisant sentiment de jalousie sans en payer le prix fort. Morgoth se fera un malin plaisir – pour ne pas dire qu’il y mettre un point d’honneur – de lui prouver le contraire une bonne fois pour toutes.

La méthode est basse. Elle est vile. Mais ce n’est jamais rien d’autre qu’une des méthodes dont il a l’habitude. Aux grands maux les grands remèdes, s’il doit, pour avoir le sentiment d’obtenir gain de cause, s’accaparer le corps et l’esprit de l’exact copie de l’homme qui partage sa vie et ses ambitions, il le fera. Cette petite guerre intestine que ne leur envieraient pas certains conflits de bac à sable trouvera bien à prendre fin quand Sauron en assumera le ridicule et admettra qu’il n’a qu’un seul et unique maître… En attendant, il leur faudra s’arranger différemment. Il a convenu d’un rendez-vous avec Sorrento, en dissimulant bien sûr ses véritables intentions sous couvert d’avoir quelque chose à lui proposer. La nature de ce quelque chose n’a pas grande importance, il caresse juste le souhait de lui parler, et d’improviser en fonction de ce qu’il considèrera être utile ou non à sa cause par après. Il a bien perçu quelques réticences de la part du doyen universitaires, mais il les a rapidement balayées d’un revers de la main. L’essentiel était qu’il accepte de le rencontrer, et ça a été le cas.

Afin de pouvoir parler ensemble en toute discrétion, sans être interrompus par aucun intervenant extérieur et afin également de s’assurer que Sauron puisse avoir plus facilement vent de cet entretien, Morgoth a fixé ce rendez-vous dans les locaux mêmes de Mordor Industries, dans son imposant bureau situé au somment même du bâtiment imposant, se démarquant dans le paysage de la ville, de par son aspect se voulant naturellement agressif et si possible intimidant. Si Sorrento s’avère ponctuel, alors il devrait arriver d’ici une dizaine de minutes. En l’attendant, Morgoth sirote tranquillement le verre de whisky qu’il vient de se servir tout en contemplant le décor environnant qui s’offre à sa vision depuis l’imposante baie vitrée faisant face à son bureau. La neige tombe dru depuis plusieurs longues heures déjà, changeant les contours des immeubles et bâtiments alentours en forme floues et presque spectrales, comme s’il se trouvait tout au sommet d’une ville fantôme, sur laquelle il espère bien un jour exercer le plein contrôle. Cette pensée est définitivement plaisante. Quand sa secrétaire l’informe de la venue imminente de son rendez-vous de dix-huit heures, Morgoth la remercie, une légère esquisse de sourire aux lèvres, et moins d’une minute plus tard, les voilà face à face.

C’était déjà flagrant sur les diverses photographies qu’il avait glanées çà et là, c’est encore plus remarquable en cet instant, cette ressemblance évidente entre Nolan Sorrento et Sauron, même dans leur regard, dans leur posture, il discerne des similarités qui n’ont absolument rien d’anodines. Certes, il a été rodé à l’exercice depuis qu’il a fait la connaissance d’Orson Krennic, mais ce cas précis est encore différent. Orson s’est pour ainsi dire intégré au décorum de l’entreprise au fil du temps, et aucune confusion n’a jamais été possible entre lui et Sauron. Là, il a encore affaire à un cas différent, et il en a pertinemment conscience. Morgoth arrive néanmoins à reconnaître également ces différences qui font que cet homme ne saurait pour rien au monde être le Valar pour qui il a su développer des sentiments qui l’ont bien souvent dépassé, à plus d’une occasion, et qui le dépassent encore à l’heure actuelle. Preuve en est des manœuvres qu’il met en cet instant en place. Il peut bien leur donner toutes les justifications du monde afin de ne pas admettre trop ostensiblement la faiblesse dont il fait en réalité preuve, les faits n'en sont pas moins éloquents.

« Ah monsieur Sorrento. » Morgoth contourne le bureau afin d’adresser une poignée de main ferme à son interlocuteur, profitant de ce geste déférent pour apprécier de plus près les traits de son visage et les comparer mentalement à ceux qu’il connaît d’ores et déjà par cœur. « Ponctuel, j’apprécie », commente-t-il d’une voix enjôleuse. « Asseyez-vous, je vous en prie. Je vous remercie d’avoir daigné faire le déplacement, je gage que vous ne le regretterez pas », ajoute-t-il en en pensant chaque mot, car après tout, il entend bien conserver la pleine maîtrise de cet entretien et s’arranger pour que ce dernier abonde dans son sens quelle que puisse en être l’issue réelle. « Est-ce que vous voudriez boire quelque chose avant de commencer ? » ajoute-t-il en lui adressant un regard affable avant de se diriger vers le minibar au coin de la pièce afin de satisfaire aux éventuelles envies de son interlocuteur.

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