(abandonné) Being a human is not easy [Ft. Lydia Martin]

Il y avait bien des choses qui ne furent pas faciles, mais ce dont ignorait le Seigneur des Rêves, c'était la difficulté d'être un humain. La responsabilité de tenir un Royaume, de créer des rêves et des cauchemars, de remettre tout en ordre, de récupérer ses biens, lui semblèrent être une tâche bien plus aisé que de devoir vivre comme un mortel. Tout lui semblait bien plus complexe. Mais dire qu'il ne l'avait jamais observé, jamais compris, serait un mensonge. Il l'avait quelque peu observé en se promenant avec sa soeur Death. Il avait aussi compris que ce n'était pas lui qui avait le job le plus difficile, mais bien elle. Comment faisait-elle pour faire son travail avec un certain détachement, tout en étant si bonne envers les pauvres âmes ? Il en avait été quelque peu chamboulé. Mais la notion de la mort en elle-même n'était pas quelque chose d'inquiétant pour lui, pour eux les Infinis. Pas jusqu'à aujourd'hui. Aujourd'hui, pour le moment, il se retrouva au stade de mortel, d'humain, d'un pauvre homme qui avait galéré toute une année sans réellement comprendre le fonctionnement de ce monde ci. On ne lui avait pas fourni de mode emploi. Enfin, visiblement, personne n'en avait reçu un exemplaire en arrivant en ces lieux.

Une année à vivre tel un ermite dans une ruelle sombre, n'osant guère en sortir. Mais il su très rapidement ce qu'humain voulait dire : la soif, la faim, le froid l'avaient tiraillé de l'intérieur. Lui qui fût déjà bien mince, le voilà qu'il aurait pu y passer en mourant de faim. Il avait saisi l'idée, mieux valait-il que ça se soit fait tardivement que pas du tout. Il avait compris qu'il fallait de l'argent pour subvenir à ses besoins, mais que pour en obtenir, il fallait du travail, et de même, pour en avoir, il fallait une certaine qualification. Ce qu'il pouvait comprendre, c'était comme si dans son Royaume, on frappait à sa porte du genre : salut, je prends la relève pour devenir le Maître des Rêves. Impossible. De nature assez solitaire, ne comprenant toujours pas le sarcasme, les hommes et parfois se prenant un peu trop pour ce qu'il n'était plus à l'heure actuelle, il avait opté pour un boulot où il n'était guère dans l'obligation de croiser âme qui vive. Et cela lui convenait parfaitement à merveille. Sa vie était donc dans ce schéma : boulot et pause au parc. Ni plus, ni moins. Les parcs avaient quelque chose de réconfortant.

C'était donc ainsi qu'il se retrouva tout naturellement dans ce parc, assit sur un banc comme à son accoutumer, une miche de pain entre les mains, en déchiquetant des petits morceaux pour nourrir les pigeons, ou tout autre espèces ayant un bec, deux pattes, des ailes et des plumes. Il n'aurait jamais cru dire ça un jour, mais Matthew, son corbeau, lui manquait. Et pourtant ce fût compliqué à l'accepter. Non pas parce qu'il ne l'aimait pas, mais après la mort de Jessamy, cela l'avait attristé et il ne désirait pas revivre la même situation. Il ne le savait pas encore, mais il devait faire peine à voir, assit tout seul sur son banc, ayant pour seule compagnie, des oiseaux. Habillé tout en noir, ses cheveux en bataille, comme s'il était sortit tout droit de son plumard sans prendre la peine de se coiffer, ou de s'apprêtait convenablement. Il ne prenait même plus la peine de regarder autour de lui, ces hommes qui le regardaient étrangement. Cela lui était devenu complètement égale au fil du temps. Cependant, aujourd'hui ce fût quelque peu différent. Alors qu'il jeta une dernière miette de pain, il ne prêta pas attention à une personne qui passa devant, et le pain lui atterrit sur les pieds. Morpheus releva la tête d'un air impassible, mais ne pût s'empêcher de s'excuser bien malgré lui.

« Desolé. »

Dit-il avec détachement en observant la jeune femme. Ses cheveux d'un blond vénitien, son jolie visage laissa Dream quelque peu stupide. Il ne cessa guère de la fixer, la trouvant d'une beauté à couper le souffle. Cela faisait bien des siècles qu'il n'avait pas ressenti cela en regardant une femme.

Humaine, Lydia l'avait presque toujours été. Du moins, en apparence, car ses dons et son rapport avec la mort avaient probablement toujours sommeillé quelque part en elle - par sa grand-mère peut-être - avant de finalement s'éveillaient par la morsure d'un alpha. Cela remontait à fort longtemps maintenant, mais ô combien Lydia se souvenait encore de la difficulté, des doutes qu'elle avait dû essuyer pour accepter ce qu'elle était. Mais qu'était-elle au juste ? Je suis quelque chose... Se souvient-elle avoir pensé plus d'une fois sans pour autant parvenir à mettre un terme, un mot, un qualificatif à sa condition nouvelle. Et cela sans même parler de l'immense solitude qu'elle avait pu ressentir en essayant de comprendre ce qui lui arrivait, ce qu'elle était devenue désormais.

Être une banshee ne s'était jamais, ô grand jamais, avéré quelque chose de facile. Prédire la mort, ou plus exactement la sentir arrivée quelques instants seulement avant qu'elle ne frappe sans pour autant pouvoir y changer quoi que soit au sort funeste de celui ou celle destinée à mourir, est quelque chose de profondément injuste et de perturbant. Et cela sans même parler des voix qu'elle est la seule à entendre, de son cri effroyable qui retentit juste avant que le glas ne tombe, de ses états seconds auxquels s'accompagne toujours un air livide... Pendant un temps, Lydia avait pensé être folle, tout simplement et que jamais, elle ne quitterait cette maison de fous qu'était Echein House. Et puis, Stiles l'avait sauvé et Meredith lui avait finalement appris à contrôler ses pouvoirs afin que ces derniers cessent de l'étouffer. Alors tout doucement, l'acceptation de ses dons lui avait paru, on ne peut plus facile. Si bien qu'elle eût la drôle d'impression qu'on lui avait brutalement arrachée une partie d'elle-même lorsqu'elle était subitement arrivée ici, littéralement dépossédée de ses aptitudes surnaturelles.

Aujourd'hui, elle en avait récupéré une partie - elle pouvait alors entendre à nouveau les murmures imperceptibles que seules les femmes comme elle pouvait entendre. C'était bon de pouvoir se réapproprier cette partie de soi, cela lui donnait alors le goût de chérir le doux espoir que, bientôt, elle pourrait à nouveau être pleinement elle-même. Souriante à cette pensée, Lydia se délectait un peu plus encore de cet instant de liberté qui s'offrait à elle en cette belle matinée. Elle n'avait aucun cours particulier à donner aujourd'hui, alors elle s'était autorisé une petite balade au parc Weatherly à Baker Street Avenue. Elle habitait le quartier voisin avec Liam - ami et colocataire - et Raccon Square offrait également un joli parc, idéal pour ce genre de promenade. Mais n'était pas récalcitrante à un peu de changement, elle avait opté pour celui-ci (Weatherly Park). Les mains enfouies dans les poches de son jean - d'un blanc éclatant dans lequel elle avait coincé le bas de son débardeur noir sur lequel retombé joliment un haut transparent de la même couleur à motif fleuri - la rouquine, cheveux au vent, marchait droit devant. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti une telle quiétude et c'était agréablement de flâner sans but apparent. Faisant les cents, un peu plus que cela peut être, sans doute aurait-elle dû tout de même regarder ou est-ce qu'elle mettait les pieds. Cela lui aurait sûrement évité de recevoir que flopée de miette de pain, destiné aux quelques pigeons qui se trouvaient là et non pas à sa jolie paire de bottine en daim. Marquant aussitôt une pause, elle secoua instinctivement les pieds - l'un après l'autre - en espérant que cela suffirait à chasser même les miettes les plus enclines à demeure ancrées à ses chaussures.

« Il n'y a pas de mal. »

Avait-elle dit, bien qu'elle n'avait pu se retenir de lever les yeux au ciel sur le coup. Néanmoins, elle n'en dit rien. Cela pouvait parti des petites choses futiles qui pouvait arriver à n'importe qui dans la vie et le monde ne s'arrêterait pas de tourner pour autant, sous prétexte que les chaussures de Lydia Martin avait, par mégarde, étaient recouvertes de miette de pain. Secouant la tête dans un sourire, lorsque cette pensée lui avait effleuré l'esprit, Lydia se hasarda enfin à poser son regard sur celui qui avait - bien malgré lui - interrompu sa ballade. Son air impassible et las lui fit presque mal au cœur. Qu'est-ce qui pouvait bien le ronger au point qu'il semble avoir perdu tout sens à son existence ? La réponse à cette question pouvait être si vaste et profonde, que Lydia - à nouveau perdu dans ses pensées - ne remarqua pas tout de site le regard insistant qu'il lui portait.

« Est-ce que tout va bien ? »

Qui l'aurait cru qu'un jour, une excuse sortirait de la bouche de ce bon vieux Morpheus, pourtant si borné, entêté, pensant qu'il ne faisait jamais rien de mal, qu'il n'était jamais en tort. Serait-ce le monde des hommes qui le rendait parfois un peu mou ? Ou juste cette jeune femme à la chevelure flamboyante ? Il l'avait fixé du regard, n'arrivant juste plus à regarder au-delà de cette personne, ou ailleurs tout simplement. Ce n'était pas grave lui avait-elle fait comprendre, pourtant, le Seigneur des Rêves n'en était pas si persuadé. Il était presque certain de l'avoir vu lever les yeux au ciel assez exaspérée. Dream se redressa sur son banc, droit comme un piquet et non plus courber à jeter du pain, de toute façon il s'était déjà débarrassé du reste qu'il avait eu entre les mains, puis tâtonnant les poches de son long manteau noir comme s'il cherchait quelque chose, il finit par abandonner. Il était vrai qu'il pensait jamais à prendre quoique ce soit, et il n'avait donc pas de mouchoir ou quoi que ce soit d'autre pouvant aider cette jeune femme à nettoyer ses chaussures. Et il avait fait tout cela sans quitter un seul instant la jeune demoiselle de son regard bleu glacé. Soudainement perplexe par sa question, il l'abandonna du regard, comme pour observer autour de lui. Ah non ! C'était visiblement bien à lui qu'elle s'adressait.

« Oui. J'en ai pas l'air ? »

Peut-être était-ce son teint blafard ? Sa tenue vestimentaire ? Son visage impassible ? Ses yeux bleu clair mais pourtant si froids que c'était déstabilisant ? Il ne saurait le dire de lui-même. Cela ne voulait pourtant rien indiquer, il allait bien, enfin pour ce qu'il en savait. Il était juste telle une pauvre âme solitaire, perdue au coeur d'un monde trop vaste pour lui. Quel comble pour quelqu'un qui avait gouverné sur un Royaume tout entier, pourtant il était bien plus petit que le monde des mortels. Et c'était justement ça qui pourrait semblait si troublant. Il les faisaient rêver, cauchemarder lorsqu'ils quittèrent le monde éveillé. Mais non, il trouvait leur monde vaste malgré tout, et compliqué à y vivre. Un jour ou l'autre, il s'y ferait bien, n'est-ce pas ? De nature peu bavard, il se contentait que bien trop souvent d'observer les personnes l'entourant. Mais il était certain que s'il continuait à la fixer ainsi, elle finirait par prendre peur et s'enfuir à toutes jambes, ou quelque chose dans ce genre-là. Allons, tu peux être capable de conversation, fais un effort, pensa-t-il.

« Êtes-vous pressée ? » Lui demanda-t-il.

Qu'avait-il donc derrière la tête pour lui demander ceci ? Probablement qu'il comptait lui proposer de boire un petit café ? Comme en guise de pardon pour ses chaussures qui lui avait fait lever les yeux au ciel malgré le fait qu'elle lui avait certifié que ce n'était pas si grave. Une femme semblait beaucoup plus tenir à leur style vestimentaire qu'un homme, de toute évidence. Lui, c'était autre chose. C'était tout ce qui faisait de lui un Seigneur des Rêves, et il garderait espoir, qu'un jour, il récupérerait ses biens, ses pouvoirs.

En croisant le regard de cet homme, Lydia se sentait bête tout à coup - pourquoi diable avait-il fallu qu'elle lève les yeux au ciel de cette façon ? Elle était presque certaine qu'il l'avait vu faire et aussitôt, elle s'en était voulue. D'autant que, il n'y avait pas mort d'homme. Qu'était-ce quelques miettes de pain sur ses chaussures comparées à la perte de son monde, d'une partie de ses pouvoirs ou face à Dieu ne sait quelle autre chose bien plus dramatique encore de celle-ci ? Rien, en effet. Alors elle se sentait bête. Bête et peut-être même coupable en le voyant la regarder - pour ne pas dire dévisager - de cette façon. Avait-elle quelque chose sur le bout du nez ou était-il seulement si ahuri par son geste impulsif qu'il ne savait pas quoi faire d'autres ? Perplexe, elle le regarda chercher quelque chose dans ses poches, en vain. Renonçant donc à trouver ce qu'il cherchait, il détourna finalement son regard d'elle - comme s'il voulait s'assurer qu'elle s'adressait bien à lui et non pas une ombre qui aurait plané au-dessus de son épaule.

« Ne le prenez pas mal, mais vous avez l'air... Ailleurs. » Lui souffla-t-elle, peut sur d'elle-même en formulant ses quelques mots à cet inconnu.

Un inconnu pour le moins charmant avec ses yeux de glace à vous couper le souffle ! Du moins, si on l'oubliait l'air impassible qu'il affichait - comme détaché de tout et de tous. Cet air qui semblait faire de lui un être si seul, si triste. Penchant instinctivement la tête sur le côté tout en plongeant ses yeux noisette dans les siens - si bleu, si clair - Lydia commençait à songer qu'il avait sans doute dû renoncer - bien malgré lui - à tout ce qu'il tenait lui aussi en arrivant ici et que c'était sûrement pour cette raison qu'il avait l'air d'être là, sans réellement être là. Elle-même, au même titre que toutes celles et ceux qui se trouvaient ici, en avait fait les frais. Et certain, le vivant sans doute bien plus mal que d'autres. Mais, après tout, qu'est-ce qu'elle en savait ? Peut-être était-ce simplement dans sa nature d'être ainsi ? Peut-être ne devrait-elle tout simplement pas avoir à spéculer sur ce genre de chose ? Après tout, elle ignore tout de lui... Pour l'instant ?

« Et vous ? » Ne put-elle s'empêcher de répondre à sa question, par une autre question tout en lui souriant - l'air espiègle à présent. « Que diriez-vous d'une ballade ? » Se surprit-elle, à moitié, à lui demander.

Morpheus avait conscience que son aspect physique pouvait attirer l'attention. Quel genre de type aussi pâle que lui, portant des vêtements noirs, un très long manteau le rendant aussi svelte que possible, les cheveux en bataille, pouvait-il se rendre dans ce genre de lieu ? Un Seigneur des Rêves qui avait perdu ses capacités et qui ne savait pas trop quoi faire d'autre de sa vie. Il se surprit tout de même à converser avec ce jolie petit bout de femme. Il pourrait tout de même tenter un sourire, elle finirait par le fuir, mais actuellement, il en était incapable, comme s'il était éteint. Ou comme le disait-elle, comme s'il était un peu ailleurs. Il ne savait pas trop ce qui lui manquait le plus, ses dons, son Royaume, Lucienne ou Matthew ? Qu'en savait-il réellement ? Même sa fratrie, les plus chiants, pouvait lui laisser un vide en son coeur.

« Disons qu'en général personne ne prend la peine de me parler. »

Et ça c'était sa faute, très probablement. La faute à son comportement, à sa façon de s'exprimer, et à son style qui laissait un peu à désirer. Comme s'il broyait du noir constamment, ou qu'il était en deuil, une connerie de ce genre. Les hommes étaient si affolés pour un rien, ne comprenant pas grand chose, manquant parfois d'empathie, souvent fort égoïste. En bref, Dream avait peine à leur trouver de véritable qualité. Pourtant, il avait toujours fait son devoir, tel un anti-héros, sauvant leur monde pour sauver le sien par la même occasion. Enfin surtout pour sauver son royaume serait le terme le plus exacte. L'homme était si stupide qu'il était capable de mettre son propre monde en danger pour obtenir ne serait-ce qu'un peu de pouvoir, en le volant à quelqu'un d'autre de bien plus puissant que lui. Il fallait avoir un certain culot, et pourtant il avait fallu qu'un homme débile, se nommant le mage, pour oser emprisonner Dream et lui voler tous ses biens. Morpheus était si patient, mais un jour où il en a la possibilité, il en ferait payer tout le mal qu'on lui avait causé. Sans aucune once d'hésitation, ni même d'empathie. À la différence de cette jeune femme, qui semblait quant à elle, plutôt attentive. Alors le Seigneur des Rêves se redressa convenablement sur son banc, quelque peu hésitant, avant de finalement se lever totalement de sa place. Il dépassait aisément de quelques têtes cette jolie demoiselle qui venait de lui faire une proposition qu'il accepta avec grand plaisir.

« Je dirais que j'accepte avec plaisir. » Fit-il dans un premier temps, avant d'enchaîner avec une nouvelle question. « Pourrais-je savoir votre nom ? »

Et soudainement, il se rendit compte que si il obtenait une réponse alors elle aimerait savoir quel est le sien par la même occasion. Et il était persuadé que cette jeune femme était tout sauf idiote, et qu'elle pourrait éventuellement faire un rapprochement assez simplicité s'il se servait de son nom le plus commun à tous : Morpheus. Sans nul doute que ce n'était pas un nom qu'on donnait avec aisance à la naissance d'un bébé, il fallait être un peu toqué pour oser appeler son enfant ainsi, à mois d'être le Marchand de Sable lui-même. Mais Dream savait que parfois, l'homme faisait des choses complètement stupides.

Lydia Martin n'était pas le genre de femme à avoir froid aux yeux. Elle avait toujours su ce qu'elle désirait et en toute logique, toujours su ce qu'elle ne désirait pas. Et pour être tout à fait honnête, avant d'arriver ici - comme par enchantement - elle n'avait jamais réellement eut le sentiment de douter de quoi que soit et certainement pas d'elle. Cela pouvait sembler très présomptueux de sa part, mais en vérité elle détestait simplement l'idée de devoir dépendre des autres si elle n'était pas ce qu'elle était.

Pourtant aujourd'hui, face à cet homme aux regards glacé et impénétrable, elle ne put s'empêcher de ressentir un sentiment étrange. De l'incertitude quant à sa proposition ? Et là encore, cela ne faisait qu'accroître l'exaspération qu'elle avait déjà à l'égard du doute. Ce genre de ressenti n'était guère très agréable. Dieu merci, il ne la laissa point demeurer trop longtemps dans cet état. D'abord hésitant, semble t-il, il finit néanmoins par se lever de tout son long avant d'accepter la ballade. Relevant les yeux vers lui, elle sourit à nouveau avec ce même brin de malice dans le regard qu'elle avait tantôt.

« Seulement si vous me donnez le vôtre. »

Puis, sans outre mesure, elle amorça quelques pas en direct de... À dire vrai, elle n'y avait pas vraiment réfléchi. Elle ira là où le vent voudrait bien la mener en compagnie de celui-ci, s'il ne s'offusquait pas de sa condition pour connaître son nom.

« J'aurai une question moi aussi. Pour quelle obscure raison, les gens ne vous parleraient pas d'ordinaire ? »

Dans tous les cas, il n'avait rien à perdre, et du temps libre devant lui, donc du temps à consacrer à cette jeune femme. Pas certain cela dit qu'il serait d'une très bonne compagnie vu sa façon de se comporter et parfois sa façon de parler quelque peu brutal, mais il ferait de son mieux. Même si sourire n'était pas son genre, qu'il avait un regard à vous glacer le sang, un visage toujours aussi inexpressif, il pourrait néanmoins essayer de faire de son mieux. À voir ce que cela pourrait donner. En tout cas, elle était tout son contraste, tout se lisait sur son visage. Comme si elle semblait assez souvent exaspérée ou impatiente peut-être ? Il ne saurait le dire avec exactitude, on ne pouvait pas dire qu'il était très doué avec les relations et encore moins à comprendre le comportement humain. Il commença donc à marcher à ses côtés, faisant probablement une bonne tête de plus qu'elle, ça devait donner rien qu'en les regardant. Elle qui semblait juste normale, colorée, et lui qui semblait être dépressif et habillé tout en noir. Pâle tel un cadavre, son long manteau noir lui donnant une silhouette si fine, qu'il pourrait finir par passer inaperçu.

« J'ai..  Plusieurs noms. Mais vous pouvez m'appeler Dream ou Morpheus. »

À sa convenance. De toute façon, peu importe le nom qu'il donnait, les gens régissaient toujours. Et il était presque certain que plusieurs personnes faisaient bien vite le rapprochement, seulement ils semblaient être trop respectueux pour le lui demander de vive voix, ou alors ils en avaient peur ? Sa réputation le précédait ou bien c'était juste son accoutrement qui ne donnait guère cette envie de tenter le diable en sa compagnie ? Par ailleurs la question de la jeune femme aurait presque pu l'amuser. Pour quelle raison on ne lui accordait guère la parole ? Pour un tas de raisons différentes et propre à chacun il supposait. Car il faisait peine à voir ? Car il faisait peur ? Qu'en savait-il réellement ? Lui, tout ce qu'il savait, c'est qu'il n'avait pas une parfaitement grande estime pour l'homme qui détruiser tout sur leur passage, mais ça ce n'était que de son point de vue. Avait-il conscience qu'ils n'étaient pas tous pareil ? Sans aucun doute.

« Cela dépend des personnes. C'est propre à chacun. Soit par peur, soit autre chose. »

Cela l'arrangeait parfois. En fait, en règle général, c'était lui qui choisissait avec qui parler, ceux qui lui semblaient intéressants, ou qui le rendait curieux. Ainsi, ça lui évita de tomber sur des gens un peu bizarres. Comme s'il essayait de jauger la personne qu'il avait face à lui. Serait-ce une bonne ou mauvaise personne ? Car oui, c'était assez facile de le remarquer, il suffisait de faire attention au comportement et à la façon dont la personne pouvait répondre. Temps qu'il ne tombait pas sur un pseudo sorcier, ça irait. Une fois, mais pas deux.

♡ La différence est un espoir pour l'humanité. | Lorsque la différence sera la norme, alors les hommes vivront en paix. | La différence d'autrui, est un don offert à l'humanité. Sans cela, l'univers serait un environnement morose, parsemé de visages identiques et chaotiques. ♡

Marchant à présent côte à côte, la rouquine se laissait porter par chacun de ses pas. Ne réfléchissant pas spécialement à un itinéraire en particulier - en partant du principe qu'elle connaissait ce parc comme le fond de sa poche, ce qui n'était clairement pas le cas - Lydia se contentait simplement de marcher. Après tout, fallait-il absolument une destination ? D'autant plus que, il lui paraissait difficile et absurde de se perdre dans ce genre d'endroit. Alors, elle ne s'en soucia pas plus que cela.

« Morpheus ? Alors c'est à vous que je dois tous ses drôles de rêves ou vous ne faites que donner vie à la folie déjà existante dans mon esprit ? »

Morpheus. Songea Lydia. En marchant à son côté, elle pouvait presque sentir ses joues s'empourpraient en repensant aux nombreuses fois où elle l'avait supplié de lui offrir une bonne nuit de sommeil. Ou ne serait-ce que l'ombre d'un sommeil tranquille. Notamment après son effroyable passage à Eichen House. Elle en avait littéralement perdu le sommeil et les rares fois où il s'était emparé d'elle après cela, celui-ci avait été ponctué d'horreur. Rien qu'en n'y repensant, un frisson lui parcouru froidement l'échine.

L'avait-il seulement entendu ? Se souvenait-il de chaque âme qui pénétrait son royaume ?

« J'imagine qu'il doit y avoir quelque chose d'intimidant dans le fait de s'adresser directement au Seigneur des rêves, non ? »

Aussi étrange que cela puisse paraître, Lydia n'avait pas réellement de doute quant à la véracité de son identité. Ici, tout était possible. Et honnêtement, dans la mesure où elle-même était une messagère de la mort, elle n'était guère bien placée pour ne serait-ce qu'envisager remettre en doute ses paroles. C'était à la fois excitant et effrayant, quand t-on y pense. Tant de choses cela dit lui semblait encore irréelle. Et pourtant, là voilà là, s'octroyant une ballade en compagnie de Dream Morpheus.

Voilà quelque chose d'incroyable ?!

Morpheus faillit presque s'arrêter en chemin. Alors celle-là, on ne lui avait jamais faite ! En général les gens trouvaient juste son nom étrange, mais on ne l'associer jamais directement au monde des rêves. Voilà que cette jeune femme à la chevelure flamboyante l'étonna. Dream garda malgré tout un air impassible, lui jetant quelques brefs regards quelque peu intrigué tout de même, continuant à marcher à ses côtés, parfaitement droit comme un piquet, inexpressif. Néanmoins, au bout d'un certain laps de temps, il finit par secouer que très légèrement la tête, et ce de façon négative, et d'une milliseconde.

« Non. Moi je ne fais rien, je vous ouvre les portes du royaume des rêves pour vous y accueillir. Ce dont vous rêver ne dépend que de vous et de ce qui se passe dans votre tête. » Avoua-t-il sans mal. Dans tous les cas, elle semblait savoir parfaitement qui il était, alors quel intérêt avait-il de lui mentir ? Bien sûr, que parfois, il pouvait arranger les rêves, mettre fin à certains cauchemars et les remplacer par des rêves plus réparateurs, plus joyeux. Mais rarement en étant contraint de le faire sous la demande. En théorie, il ne devrait pas trop arranger les rêves des dormeurs, sinon il le ferait sans cesse à ses pauvres enfants qui faisaient des tas de cauchemars. Bon, certes, la plupart des cauchemars étaient créer par Morpheus, mais tout de même, il ne disait pas tel ou tel gamin doit cauchemarder. Tout dépend vraiment de ce qui se passait dans la tête de chacun, de leur vécu également.

« Oui, je laisse une impression plutôt terrifiante la plupart du temps. J'intimide sûrement, mais je leur fais peur. »

Sûrement parce qu'il avait de très grands pouvoirs. Il faisait même peur quand il était enfermé dans une cage de verre, c'était pour dire à quel point sa réputation semblait le précéder. Et si on lui faisait du tort, ils en payaient les conséquences, et elles pouvaient être terribles à subir.

« C'est étrange. La plupart des personnes que je rencontre ne m'identifie pas directement comme le marchand de sable. Pourrais-je savoir comment vous en êtes venu à cette conclusion ? »

Même si certaines personnes semblaient hésitantes quant à sa réelle identité, elles ne prononçaient jamais à voix haute ce qu'il était ou ce qu'il pouvait bien faire. Comme si que c'était une chose interdite, dangereuse ou effrayante de savoir qu'on pouvait se retrouver aux côtés du Seigneur des rêves. Il n'était pourtant pas mauvaise. Il fallait juste savoir le respecter. Tant qu'on le respectait ainsi que le royaume des rêves, alors il n'y avait aucun problème en apparence.

Elle n'aurait pas su dire pourquoi elle avait été si convaincu, dès le départ - ou du moins, dès l'instant où il lui avait révélé son nom - que cet homme était bel et bien le Morpheus , Seigneur du royaume des rêves - également connu sous le nom plus familier, peut-être, de : marchand de sable. Après tout, il aurait très bien pu n'être qu'un homme ? Un homme avec un drôle de prénom et ayant probablement pour parents, des gens pour le moins excentrique et/ou amoureux d'Hypnos, le sommeil, et de Nyx, la nuit - dieux issus de la mythologie grecque. Mais quelque chose en elle l'avait poussé à y croire, sans éprouver le besoin de remettre en doute ni son instinct, ni la parole de celui-ci - ben qu'en soi, en-dehors de son nom, il ne lui avait pas dit grand-chose finalement.

« Dans ce cas, vous me voyez ravie d'apprendre que je suis bel et bien toquée. » S'en amusa-t-elle.

Après tout, il valait sûrement mieux en rire. Lydia avait parfaitement conscience des horreurs qui avaient forgé la femme qu'elle était aujourd'hui. Elle ne pouvait ni les renier ni les oublier. Alors autant les accepter et puis, il était bon, parfois, de savoir rire de soi-même.

« Je suis certaine que je pourrais vous faire peur moi aussi... » Lança-t-elle espiègle.

Là aussi, elle avait parfaitement conscience que, telle une rose, elle pouvait sans doute lui paraître douce et inoffensive. Mais, il fallait néanmoins et toujours, garder à l'esprit que même la plus jolie des fleurs pouvait avoir des épines.

« Il y a encore quelques années, je ne l'aurais pas cru. Cela m'aurais paru impensable. Absurde peut-être même. Mais lorsque j'ai découvert l'existence du surnaturel, ma véritable nature ou encore ce drôle d'univers ou tout semble possible... » Commença-t-elle. « Eh bien, disons que cela change quelque peu votre perception des choses, du monde - ou d'un monde tel qu'il soit. Alors, si les loups-garous, les kanimas et autres diables peuvent exister ici-bas, pourquoi pas vous ? »

Eh puis, Lydia n'avait pas osé le lui dire, mais il n'avait clairement pas l'air d'être à son aise ici, comme la plupart des gens qui avaient atterri là en fin de compte, mais lui... Lui, il semblait réellement sortir du lot. Étranger ou si peu accoutumé au monde des Hommes - même si, au sein de ce monde là, les Hommes n'était guère la norme.

« Au fait, je m'appelle Lydia. » Acheva-t-elle en réalisant que, sous l'effet d'une surprise mesuré, elle en avait littéralement oublier de lui retourner la politesse.

« L'imagination ne rend personne cinglée, ni même les cauchemars en réalité. » S'avança-t-il de dire avant de la contempler un long moment. « Cependant, ça peut fatiguer. Si tel est votre cas, je pourrais exceptionnellement vous aider. » Proposait-il tout simplement. Il pourrait cesser ses cauchemars, les chasser et libre à elle de rêver de ce dont elle voudra, sans prendre peur de refaire des rêves qui pourraient en devenir épuisant à la longue. Tout comme avec Johanna Constantine qui ne faisait de cesse que des cauchemars. Il avait arrangé la situation. Après tout, même s'il évitait de faire ce genre de chose, une fois de temps-en-temps ne faisait pas de mal, bien au contraire.

Il secoua faiblement la tête. Elle lui faire peur ? Bien sûr que non, si Lucifer ne lui faisait nullement peur, sachant que selon lui, il n'y avait pas pire que Lucifer en personne, pas plus puissant non plus, alors avoir peur d'un petit bout de femme serait étrange. Même s'il se doutait bien qu'à cette annonce, elle ne devait pas être qu'une simple petite humaine lambda. Il resta néanmoins impassible face à ses propos, parfaitement inexpressif comme à son habitude.

« À moins de vous nommer Lucifer, j'en doute sérieusement. » Il lui lança un regard de sous-entendu. « Mais vos propos n'ont pas été choisi pour vous s'amuser, n'est-ce pas ? Alors qu'êtes-vous donc ? » N'oublions pas que Morpheus avait cette superbe capacité nommé la conscience cosmique, il était très compliqué à le duper car il connaissait tout et n'importe, autant de légendes, de mythes et d'histoires qu'il est possible de connaître depuis la création du monde. Peut-être pouvait-elle avoir un pouvoir ? Ou se révéler être autre chose la nuit tombée ? Ou tout autre chose, et donc être potentiellement dangereuse pour quiconque n'étant pas comme lui. C'était une possibilité à ne pas écarter, mais rien qui pourrait l'effrayer lui.

« C'est une très bonne question. Mais parfois il est bien plus simple de croire aux vampires et loups-garous, qu'à l'existence même des Infinis. Dont la plupart des hommes confondent avec des Dieux. Peut-être avez-vous juste un esprit bien plus ouvert encore. Et probablement en ayant certaines connaissances dans quelques domaines. »

Car même quelqu'un croyant à l'existence de vampires, par exemple, ne croirait pas forcément à l'existence du Seigneur des Rêves. Ils peuvent étrangement croire aux Dieux ou à Satan lui-même, mais quand il s'agit de croire aux rêves même, c'était plus délicat. Pourtant , ils croyaient en la Mort, et Death étant sa soeur, une Infinie, ça pourrait paraître étrange de bien vouloir croire en elle, plutôt qu'à lui. Il ne s'en offensa pas le moins du monde, la seule offense dont il serait capable, c'est de ne plus croire aux rêves.

« Enchanté Lydia. »

Voilà un bien jolie prénom pour une belle petite fleur flamboyante, pensât-il.

« Il m'a fallu du temps pour le comprendre. Je suis sûrement plus apte aujourd'hui à l'assimiler, même si ce n'est pas toujours facile de l'admettre quand on sait ce qu'il m'arrive de voir dans de mauvais rêves... Je ne vais même pas essayer de vous le cacher. » Commença-t-elle, mêlant volontiers son regard au sien, alors qu'il semblait la contempler ? « Et aussi charmante soit cette proposition, je me vois contrainte de la refuser. » Acheva-t-elle.

Pourquoi diable se résigner ainsi, puisque le Seigneur des rêves lui-même lui proposait de chasser les cauchemars qui pouvaient hanter ses nuits ? Eh bien, il y avait sans doute une multitude de réponses à cette seule et unique question. Mais la première chose qui lui venait à l'esprit était son don, lié à la mort et qui se manifeste aussi, parfois, à travers ses songes. Bien que cela n'était pas toujours joli ou agréable à voir, ils lui délivraient parfois des messages, des indices importants. Rien que pour cela, elle ne pouvait pas envisager sérieusement cette proposition. Et puis, comme elle l'avait pensée, on ne peut plus tôt, tout cela faisait aussi partie d'elle dorénavant. C'était souvent effrayant, mais elle avait déjà tant perdu de ses capacités, qu'aussi effrayant que cela puisse paraître, elle ne pouvait se résigner à en perdre davantage, y compris les fantômes, les voix qui pouvaient hanter ses nuits.

« Néanmoins, je vous en remercie. C'est une jolie attention envers quelqu'un qui pestait contre vous, il y a encore quelques minutes. » Sourit-elle, les yeux emplis d'une malice certaine. « Lucifer ? » Reprit-elle. « L'avez-vous réellement connu ou est-ce un subterfuge pour nier l'éventualité que je pourrais peut-être vous effrayer ? »

Puis, elle s'arrêta un moment lorsqu'il lui la question. Qu'était-elle donc ? La question était si simple, la réponse l'était sûrement tout autant, puisque aujourd'hui, elle savait avec certitude ce qu'elle était. Mais que pensera-t-il d'elle lorsqu'il saura qu'il s'est lancé tête baissée dans une ballade aux côtés d'une femme hurlante ? Étrangement, à cette pensée, son cœur, se sera un peu.

« Je suis une Banshee. Ou du moins, ce qu'il en reste... » Acheva-t-elle dans un murmure presque inaudible tout en reprenant doucement sa route. Après tout, ne lui avait-elle pas proposé une balade, mais en avait-il seulement encore envie maintenant qu'il savait quel oiseau de mauvaise augure, elle était ? Essayant de ne pas trip y accorder d'importance pour l'instant, elle enchaîna avec une autre question : « des Infinis, c'est ainsi que l'on vous nomme ? C'est joli. »

Puis, elle prit le temps de la réflexion, c'est vrai qu'elle l'était - ouverte d'esprit. Elle l'avait plus ou moins toujours été d'ailleurs, bien que jadis, elle préférait nettement flirter avec la stupidité dans l'espoir de paraître insistante, d'être populaire. Et finalement, en une seule soirée, tout avait basculé. À la fois, pour le meilleur et pour le pire. Et depuis, elle ne pouvait que garder l'esprit ouvert.

« Enchanté Lydia. »

Alors, il avait demeuré là ? Enchanté de la rencontrer ? En partant du principe, bien sûr, qu'il ne faisait pas seulement preuve de politesse, de bienséance ? Cela étant dit, elle lui était déjà fort reconnaissante d'avoir eu le respect de ne pas prendre ses jambes à son cou en découvrant sa véritable nature. Bien que, en réalité, elle l'imaginait finalement très mal faire ce genre de chose. Elle ne le connaissait pas outre mesure, ils venaient à peine de se rencontrer... Et pourtant, elle pouvait d'ores et déjà affirmer qu'il n'était pas ce genre de type - lâche, prêt à fuir à la moindre occasion qui se présentait.

Ce fût bien la première fois qu'on refusait une telle proposition. Sûrement lorsque cette dernière venait d'un Infini, venait du Seigneur des Rêves en personne. Il aurait pu s'en sentir vraiment offusquer. Seulement, il trouvait ça louable de sa part. Comme il avait si bien l'habitude de le penser, les femmes semblaient doter d'une force qu'aucun homme n'avait en sa possession. Cela tombait à pique, lui n'aimait pas les hommes, et il n'était pas l'un des leurs. C'était parfait, n'est-ce pas ? Néanmoins, il ne comptait pas laisser sa proposition sur un refus catégorique, il en avait une deuxième qui pointait le bout de son nez.

« Très bien. C'est très louable de votre part. Mais dans ce cas puis-je vous suggérer autre chose ? Comme le fait de vous accompagner dans vos cauchemars ? »

Eh oui, il le pouvait. Il pouvait rendre visite à n'importe qui dans leur rêve, dans leur cauchemar. Après tout, lorsqu'un être humain s'endort, il entre dans le royaume des rêves, le royaume de Dream. Il pouvait donc pénétrer dans n'importe quel rêve de n'importe quelle personne endormie. C'était ainsi qu'il se nourrissait en réalité. Il se nourrissait de ses propres créations, des rêves d'autrui sans jamais les bousculer, sans jamais les déranger. Ils pouvaient sentir sa présence s'il désirait vraiment qu'on le remarque, ou il pouvait passer inaperçu. Il pourrait donc, non sans un mal, être présent dans le cauchemar de Lydia, lui tenant compagnie, mais sans jamais interférer dans celui-ci, pas sans qu'elle le lui demande en tout cas. Il ne savait pas si elle accepterait, et lui-même ne savait pas trop comment il pourrait prendre la chose, s'il devait essuyer un second refus. Mais il ferait avec, très certainement. Qu'est-ce qu'il avait du mal qu'on lui dise non. Mais il travaillait sur ce défaut.

Morpheus pourrait presque en rire de sa remarque. Non, il avait hélas bien souvent rencontré Lucifer en personne. Un être très puissant, avec beaucoup de pouvoirs, et qu'il fallait mieux éviter de se mettre à dos. Tout du moins aussi inutilement que possible. Mais ça tombait bien, Dream était un être tout aussi puissant. Ce n'était pas pour rien si Lucifer espérait qu'un jour le Seigneur des Rêves rejoigne ses rangs.

« Non, je l'ai vraiment rencontré. Je ne doute pas de la capacité d'une jeune femme à être puissante, et avoir du pouvoir. Mes soeurs en ont. Mais Lucifer, mieux ne vaut pas se le mettre à dos, croyez-en mon expérience. » Et encore, dans ce genre de cas, c'était plutôt Lucifer qui en avait payé les frais. Jugeant Morpheus comme étant un Infini sans pouvoir aux enfers. Quelle erreur de sa part. Et l'étoile du matin l'avait appris à ses dépends.

« Une Banshee.. J'en suis navrée.. » Répondit-il. Peut-être que la plupart des gens seraient époustouflés, qu'ils lui diront que ça devait être cool. Mais lui s'y connaissait énormément en légendes et mythes et toutes sortes d'histoires à travers les âges et les mondes. Il était à lui tout seul une encyclopédie vivante. Il ne pouvait pas vraiment imaginer la dureté de cette responsabilité, mais sa soeur était pareille. Elle était la Mort en elle-même, et il estimait qu'elle avait le travail le plus difficile d'entre tous. Il finit par un simple hochement de tête. « Oui, c'est ainsi que l'on nous nomme. Que ce soit moi, Désir, Death.. Nous sommes des Infinis avec chacun une part de responsabilité dans nos propres royaumes. »

Il aurait pu lui rajouter qu'il lui promettait d'éloigner sa soeur de sa personne, mais ce n'était pas vraiment simple, et il ne devait pas interrompre le travail de sa fratrie. En revanche oui, il ne laisserait pas Désir s'en approcher. Pas une nouvelle fois. Aussi longtemps qu'il vivra, Désir ne sera pas une menace. Mais ça, il préféra le garder pour lui seul, Lydia n'avait nulle besoin de le savoir. Elle avait déjà beaucoup à gérer entre ses cauchemars et son côté messagère de la mort, pas besoin de lui faire peur avec sa rivalité entre lui et Désir.

Morpheus, de nouveau, observa la jeune femme à la chevelure flamboyante. Elle semblait dans ses songes, ou peut-être surprise, ou autre chose peut-être. Il n'était pas forcément doué pour détecter ce genre d'émotions chez les gens. « Qu'y-a-t-il ? Vous semblez un peu ailleurs.. ? » Il espérait que ce n'était pas de son fait, que le fait d'être aux côtés d'un Seigneur des Rêves ne soit pas effrayant. Même si en théorie, elle ne connaissait nullement l'étendu de ses capacités, de ses pouvoirs. Mais parfois, juste son aspect pouvait laisser à désirer. Non pas qu'il était laid, effrayant ou ce genre de chose. Juste qu'il semblait broyer du noir à longueur de journée. On ne pouvait donc pas trop savoir ce qui lui passer par la tête.

Ce n'était guère par impolitesse, par affront ou par dédain que la jeune femme avait décliné l'offre de Morpheus. Aussi touché, avait-elle été par cette attention particulière qu'il lui avait offerte, elle avait malheureusement et non, sans une pointe de regret, dû y renoncer. Ses cauchemars faisaient partie d'elle. Elle le savait. Pas tous, mais la plupart d'entre eux pouvait être essentiel à la Banshee qui sommeillait quelque part en elle. Y renoncer reviendrait donc à abandonner une partie de son être. Autrefois, elle y aurait sans doute consenti sans trop y réfléchir. Aujourd'hui, elle n'avait plus peur de ce qu'elle était - bien que cela, même aujourd'hui, n'était pas toujours aisé à affronter.

« Très bien. C'est très louable de votre part. Mais, dans ce cas, puis-je vous suggérer autre chose ? »
« Dites-moi ? »
« Comme le fait de vous accompagner dans vos cauchemars ? »

M'accompagner ? S'étonna-t-elle. Elle ne doutait point du fait qu'il en soit capable. Il était le Seigneur des rêves après tout. Cependant, elle était de plus en plus intriguée par ses propositions. Intriguée, mais pas moins touchée pour autant par la sollicitude dont il faisait preuve à son égard.

« Je ne suis pas contre cette idée. »

Lui accorda-t-elle finalement. Après tout, qu'avait-elle à perdre ? Que risquait-elle réellement face à ses pires cauchemars en compagnie de celui qui était roi dans le monde des rêves ? De quoi pouvait-elle avoir peur en marchant au côté de celui-là même qui était à l'origine de toute la beauté des rêves, mais aussi de la création de nos craintes les plus profondes ? Probablement pas grand-chose, puisque ce monde était le sien.

« Je n'en doute pas un instant et, croyez-moi, il ne me viendrait même pas à l'esprit de vouloir me mettre un être, tel que Lucifer, à dos. L'enfer, très peu pour moi. »

Elle avait déjà vécu son propre enfer entre les mains du Docteur Gabriel Valack, à Eichen Housse. Ça, parmi tant d'autres choses finalement. Elle n'était donc pas prête à remettre ça de si tôt.

Navré ?
Décidément, cet homme était de plus en plus surprenant. Ne put-elle s'empêcher de penser. Là où la plupart des gens ne voyaient uniquement que le côté "badass" de ce qu'elle était, de ce qu'elle était capable de faire ou tout simplement, là où ces mêmes idiots trouvaient que c'était "cool" d'avoir des dons si particuliers... Lui, avait aussi été capable d'y voir la souffrance et les contraintes qui incombent aux femmes de sa condition.

« Merci beaucoup. La plupart des gens ne réalisent pas ce que cela implique d'être aussi étroitement lié à la mort... »

Lui fit-elle remarquer, bien que cela, elle en était persuadée, il le savait déjà. Qui mieux qu'un être comme lui pouvait comprendre ce genre de chose ?

« Suis-je surprise d'apprendre que vous êtes frère du Désir et de la mort elle-même ? Je crois que non. »

Sourit-elle, l'air espiègle, c'est vrai, mais pas moins impressionné pour autant. Après ses révélations concernant Lucifer, voilà qu'il lui confiait être le frère de Death et de Désir. À ce stade, elle ne serait même pas surprise d'apprendre le Désespoir ne lui était pas non plus étranger.

« Qu'y a-t-il ? Vous semblez un peu ailleurs.. ? »

Avait-il fini par lui demander en la voyant se perdre, un peu malgré elle, dans le cours de ses réflexions.

« Rien de grave, rassurez-vous. Je m'étonnais seulement de voir que vous étiez encore là en sachant ce que je suis... Certains me croient folle et d'autres prennent peur. Tandis que d'autres, ne mesurent pas l'obscurité de ce qui habite en moi. »

Lui confia-t-elle, en se triturant les mains. Marchand toujours à son côté, n'étant guère plus effrayé que lui parce ce qu'il était que lui n'était effrayé par elle. Bien qu'elle aussi, dans le fond, ne pouvait mesurer l'étendue de ses pouvoirs, puisqu'elle n'en commençait pas grand-chose finalement...

Dream avait tant de pouvoirs en sa possession qu'il en serait difficile pour quiconque de savoir avec aisance l'étendue de ses capacités. Alors se baladait dans les rêves d'autrui lui était d'une simplicité extrême. Il pouvait même s'en nourrir, s'en servir comme ce fût le cas avec le garde du sorcier. Le laissant s'endormir, rêvant à sa belle plage de sable fin, où Dream en profita pour y pénétrer, pour y ramasser le sable dont il avait besoin et ensuite s'en servir dans le monde des hommes. Oui, on pouvait lui voler sa bourse de sable, mais il suffisait qu'il en trouve ailleurs et le ramène avec lui et le tour était joué. On l'avait sous-estimé durant plus d'une centaine d'années, et ce fût une bien belle erreur. Alors oui, il pouvait accompagner Lydia dans ses cauchemars, peut-être aurait-il un effet apaisant malgré la situation de son rêve dit maudit ? Il n'allait pas interférer, pas si on le lui demandait. Enfin si elle le lui demandait. C'était déjà arrivé qu'on lui réclame certaines choses, mais il en refusait de l'exécuter. C'était un Infini, pas une vulgaire personne devant répondre aux lubies des hommes.

« Je passerai donc. » Répondit-il avec simplicité. Une nuit ou plusieurs au besoin, car il n'était pas certain que ses rêves ne soient remplis que de cauchemars. Enfin, il n'espérait pas trop. En temps normal, il ne demandait pas vraiment l'autorisation, mais là il fit cet effort. C'était probablement la moindre des choses.

Dream n'aimait pas forcément parler de lui, de sa fratrie, ni même de Lucifer qu'il avait rencontré à maintes reprises. En fait, il n'en parlait jamais car il s'occupait seulement de ses propres responsabilités, ne regardant pas vraiment ce qui se passait dans le Royaume des autres, qu'ils soient des Dieux ou des Infinis. Juste qu'il voulait expliquer à Lydia qu'il n'aurait nullement peur d'une Banshee, pas tant qu'on avait vu Lucifer, qu'on l'avait battu en duel, pas quand on se nommait Morpheus. Alors oui, les gens pourraient se dire que ce n'était qu'un Marchand de Sable, mais c'était une très grave erreur. Il était l'un des plus puissants des Infinis, et ce n'était pas pour rien. Ne jamais se fier à la couverture d'un livre. Avec lui, il ne fallait donc pas se méfier du titre qu'on lui donnait. Alors pour quelle raison aurait-il pu avoir peur d'une Banshee, d'une messagère de la mort ? Ce serait plutôt les êtres humains qui devraient en avoir peur, en avoir l'appréhension de sa visite, car cela signifiait que très rarement quelque chose de positif les concernant. Lui ? Aucune Banshee ne viendrait à lui pour lui annoncer sa mort future.

« Oui.. C'est un endroit très particulier où aucune femme ne devrait à y mettre les pieds. Malheureusement, ça arrive. » Sans parler de la personne qu'il avait lui-même envoyé là-bas bien évidemment. Ils parlaient de toutes les autres âmes. Mais de même, ce n'était pas de son ressort, il ne s'en préoccupait pas. Les Enfers ne lui appartenait pas, ce n'était pas son Royaume et il avait déjà bien assez à faire avec le sien, et ses diverses responsabilités qui faisaient de lui la raison pour laquelle il vivait. C'était sa raison d'être.

Dream hocha faiblement la tête. Bien évidemment que personne, aussi humaine soit-elle, ne puisse voir le fond du problème. Les hommes voulaient tellement le pouvoir, que tout leur semblait si formidable, même si cela voulait dire être un messager de la mort en elle-même. Mort qui soit dit en passant, était la soeur de Dream. Le destin pouvait être sacrément farceur vous ne trouvez pas ?

« Non, car ils sont humains. C'est avide de pouvoir en tout genre, même si cela implique de côtoyer la Mort en elle-même. Par ailleurs, plus d'un ont tenté d'invoquer la Mort et de l'emprisonner. Alors je ne suis pas surpris par le fait qu'ils vous trouve extraordinaire. »

Et à la finalité, c'était lui qui s'était retrouvé enfermé. Mais ça, il se garda bien de le dire. Il l'avait signalé à sa soeur, enfin tout le monde de sa fratrie le savait, mais il devait prévenir Death que c'était elle qui était visé à la base et non lui.

« Croyez-moi, vous ne pouvez rien me faire quoi qu'il arrive. Alors je n'ai absolument aucune crainte à avoir. Et je connais autant de créatures possibles et inimaginables. Votre condition est triste mais rassurez-vous, je suis celui qui, entre nous, effraie bien plus les hommes que vous ne le pensez. »

Non seulement, son accoutrement ne donner pas trop envie de l'approcher, mais son comportement pouvait donner l'impression qu'il était un être parfaitement égoïste. Et dans ce genre de cas, on n'osait que très rarement imaginer ce dont il serait capable de faire à quelqu'un.

Durant une bonne partie de sa vie, Lydia avait été sujette à toute sorte de proposition. Certaines plus farfelues que d'autres. Certaines plus drôles ou impensable que d'autres. Voire complètement idiote, vide de sens, sans intérêt ou complètement déplacer. Rare donc, avaient été celles qui valaient la peine d'être entendu. D'être prise en considération. Et plus rare encore, finalement, avaient été celles qui avaient values la peine d'être acceptées. Mais, ici, dans ce cas de figure, il lui était bien délicat de refuser celle que Morpheus venait de lui faire. Non pas qu'elle eût dans l'idée de le lui refuser de toute façon, car cela lui assurer - même de manière implicite - qu'ils allaient se revoir après aujourd'hui. Mais si telle avait le cas, elle ignorait de quelle manière il aurait pris la chose...

« Je vous attendrais donc. »

Lui assura-t-elle avec la même simplicité tout en se demandant ce quoi pourraient bien ressembler ses pires cauchemars en présence de Dream. À cette pensée, elle sourit. Elle n'était pas certaine qu'il se plaise à offrir ce genre de proposition à tous et à chacun. Devait-elle se sentir flatté ? À dire vrai, elle l'était - ce n'était point réellement une question.

Elle se contenta ensuite d'acquiescer, sans mot dire, lorsqu'il lui expliqua que les enfers étaient un lieu où aucune femme ne devrait avoir à mettre les pieds et cela, même si c'était - hélas - des choses qui devaient et arrivaient bien plus souvent qu'elle ne pouvait seulement se l'imaginer.

« J'aurais aimé pouvoir vous contredire, mais vous avez raison. Cela dit, le pouvoir appel le pouvoir. Et même les êtres qui en ont déjà possession, d'une façon ou d'une autre, en réclament toujours plus. Certains d'entre eux du moins. »

S'empressa-t-elle de rectifier. Après tout, chaque être était différent. Et elle se devait de faire la différence, car tous n'étaient pas aussi avides et/ou à la recherche d'un pouvoir encore plus grand.

« Je ne peux que l'imaginer... N'est ce pas trop dur à supporter, que tous vous craignent probablement autant qu'ils vous admirent ? »

En ayant pleine conscience ou non de ce dont était capable son compagnon de route, en aucune façon, Lydia se permettrait ni de le tester ni même de le sous-estimer. Elle était bien des choses, mais certainement pas stupide. Et puis, il n'avait pas l'allure d'un homme qui se ferait passer pour ce qu'il n'était guère. Ayant cela à l'esprit, la rouquine n'avait alors aucune de raison de douter de lui. De douter de ses dires. Néanmoins, au même titre - semble-t-il - qu'il était attristé pour elle, elle l'était pour lui... Car, la plupart des hommes méprisaient tout bonnement ce qu'ils ne comprenaient pas tout en étant paradoxalement fasciné par cette différence. Les hommes étaient parfois curieux. Souvent, à dire vrai.

Dream aurait très bien pu ne pas lui demander son avis, après tout voyager dans le monde des rêves ou des cauchemars - cela étant dit, c'était la même chose - ce n'était pas une chose anodine. Il pouvait le faire constamment, et on n'y prêtait jamais attention. Il était là, à observer les rêves et les cauchemars se faire, parfois même il s'en nourrissait en cas de besoin. Ou bien il pouvait donner forme à une certaine chose qui lui serait utile. Comme lorsqu'un garde s'était endormi, rêvant d'être sur une plage. Malheur. Dream en avait profité de ce sable fin de la plage pour s'en servir comme s'il s'agissait de son propre sable. Inutile de dire qu'une fois libéré, il s'était vengé d'une certaine façon qui aurait très bien pu être évitée si on avait bien voulu être raisonnable avec lui. Mais tout ceci était derrière lui, n'est-ce pas ? Il l'espérait de tout cœur. Il hocha donc faiblement la tête lorsque la jeune Banshee lui annonça qu'elle l'attendrait. Et il viendrait, soyez-en sûr.

« C'est effectivement une possibilité. Mais ils sont faciles à éviter. Comme ils ne recherchent que le pouvoir, ils se montrent moins patients, moins humains. » Moins beaucoup de choses en réalité. Ils ont un regard qui diffère des autres. Trop avides de pouvoirs, ils ne voient que par ça, et ils ne s'en cachent même pas. Ils n'en ont guère de honte.

Ce fut la première fois qu'on lui posait une telle question. Trop dur ? À gérer ? Il s'en moquait pas mal pour être tout à fait honnête. Il était né pour accomplir une tâche, il ne vivait que pour ses responsabilités. Ce qu'on pensait de lui ne semblait pas l'affectait d'outre mesure. Enfin, ça, c'était une façade. Car se prendre en pleine face qu'il était égoïste, alors que tout ce qu'il désirait, c'était le bien-être du royaume des rêves, impactant le monde des hommes. Qu'il avait essayé de réparer les erreurs d'un seul homme, de sauver le monde des humains, et à la place on lui crachait bien volontiers à la gueule. Difficile par conséquent de bien aimer ce genre humain. Alors qu'on l'admire ou qu'on le craigne, il ne savait pas trop ce qui changeait réellement. Peut-être même qu'on l'admirait autant qu'on le craignait. Après tout, Lucifer s'en méfierait tout autant qu'il désirerait avoir le Seigneur des rêves dans son camp.

« Je n'ai pas vraiment d'avis sur ce sujet. Ça a toujours été ainsi. » Répondit-il comme si c'était ce qu'il y avait de plus banal. D'aussi loin qu'il s'en souvienne en tout cas, il ne s'était jamais posé la question. Et comme il s'en fichait pas mal qu'on croie ou non en lui, car ça ne changeait en rien à son existence, il avait fini par s'y accommoder.