(Abandonné) Crazy, Mad, Insane [Joker & Harley]

Crazy, mad, insane

feat. Mr J

C’est un piège. C’est forcément un piège… n’est-ce pas ? Oui, c’est forcément ça. Le Joker recherche sa présence, il requiert son attention. Elle ne devrait pas s’en sentir flattée, elle devrait admettre qu’il ne le fait que dans le but d’asseoir à nouveau sa domination sur elle… Il s’ennuie de son jouet préféré, et elle ne doit certainement pas lui donner la satisfaction de le lui rendre aussi facilement. Est-ce qu’il pense vraiment qu’une manœuvre aussi grossière va fonctionner sur elle ? Est-ce qu’il s’imagine qu’elle va tomber dans le panneau ? Il a forcément fait appel à des complices pour mettre en place cette fichue mascarade… Elle peut éventuellement saluer l’effort, ce n’est pas pour autant qu’elle doit lever le petit doigt…

Oui mais… Mais si le Joker était véritablement en danger ? Eh bien, si le Joker est en danger, tant mieux, pas vrai ? Ce n’est pas à elle de s’en préoccuper. Est-ce que lui-même serait venu à son secours si les rôles étaient inversés ? Peut-être… Peut-être pas… Tout dépendait des moments, de son humeur, de ses priorités sur l’instant. Elle ne lui doit rien. Ce sont ses histoires, ses emmerdes. Et s’il devait ne pas s’en sortir ? … Eh bien c’est son problème, et certainement pas le sien. Ce ne sont pas ses affaires. Ce ne sont pas ses affaires. Est-ce que, si elle se le répète suffisamment, elle finira par y croire ? Harley en doute quelque peu. Parce que même si elle débat intérieurement et s’efforce de ne pas céder trop facilement à la tentation d’aller le retrouver… son choix est déjà fait. Harley est faible… Toujours trop faible quand il est question de cet homme qui l’a brisée pour mieux la façonner ensuite à son image. Elle ne lui doit rien. Elle ne doit surtout pas estimer lui devoir quoi que ce soit. Elle doit le fuir autant que possible. Le fuir sans un seul regard en arrière. Elle ne doit pas se laisser intimider, sous aucun prétexte et certainement pas manipuler comme une bête poupée de chiffon.

Oui mais… S’il devait vraiment lui arriver quelque chose ? Elle sait qu’en dépit de ce que la raison exige d’elle, elle ne le supportera tout simplement pas… Et puis… Si elle parvenait à sauver le Joker, il lui serait redevable, n’est-ce pas ? Oui. Bien sûr qu’elle se cherche des excuses. Elle ne fait que ça. Fait chier. Bien sûr qu’elle va y aller. Bien sûr qu’elle va voler à son secours, comme un brave toutou répond toujours à l’appel de son maître. Hors de question, en revanche, de payer la rançon demandée. Ces connards, qu’ils soient complices ou ennemis du Joker, le paieront cher dans tous les cas. Alors elle se dirige à l’adresse indiquée et force sans difficulté l’entrée de la boutique déserte du centre commercial. Harley s’annonce en fanfare auprès des hommes présents, en transperçant d’une balle dans le crâne le sombre abruti supposé faire le guet, avant de s’intéresser aux deux types restants.

« Qu’est-ce que tu inventerais pas pour me revoir, hein ? » cingle Harley à l’adresse du Joker, ligoté sur une chaise, le visage en sang. N’est-ce pas là la preuve qu’il est bien une victime dans cette affaire ? Harley n’en est pas si certaine… Si son cœur se serre à cette vision, si elle se laisse émouvoir par la manière dont il prononce son nom, elle en montre le moins possible. Pas le temps de sortir les violons de toute manière.

Les deux types se ruent vers elle et lui donnent sérieusement du fil à retordre. Il faut du souffle, de l’inventivité… et peut-être aussi les encouragements du Joker pour venir à bout de ses hommes, qui l’auront tout de même légèrement amochée. L’arcade sourcilière légèrement coupée, un rai de sang barre son visage, le scindant presque en deux. Tous les hommes à terre, un silence s’abat soudain sur cette scène morbide, qu’Harley ne rompt qu’après quelques secondes, le regard fixé sur cet homme qui lui inspire des sentiments si violents et contradictoires.

« Donne-moi une seule raison de ne pas te laisser ici », fait-elle en redressant la tête, orgueilleuse… plus qu’elle ne peut se permettre de l’être en réalité.

Crazy, mad, insane

feat. Mr J

Harley aimerait pouvoir se satisfaire des paroles de Joker et savoir puiser un plaisir malsain dans l’idée que les rôles soient finalement inversés, mais elle n’y croit pas elle-même. Le Joker n’est pas à sa merci, même ainsi, ligoté à une chaise, c’est encore lui qui la domine, comme le prouve le rire éclatant qui résonne dans l’espace de la pièce – un rire auquel elle se serait jointe, probablement, si elle ne se trouvait pas dans cette position délicate qui fait remonter à son esprit une foule de souvenirs qu’elle veut occulter – ceux d’une vie passée qu’elle aimerait enterrer une bonne fois pour toutes.

« Du gâchis pour qui ? » elle rétorque seulement sans lever le petit doigt pour libérer son interlocuteur de ses entraves. Elle ne sait pas ce qu’elle va faire de lui. Une part d’elle a envie de profiter de la situation sans réellement savoir comment, une autre sait pertinemment que ce serait prendre un risque inconsidéré, de ceux desquels on ne se remet pas.

Elle devrait partir, repartir comme elle est venue… Mais de qui se moque-t-elle ? Elle a fait le chemin jusqu’ici… elle peut bien prétendre ne rien en avoir à faire, bien sûr, mais il ne sera certainement pas dupe de cette indifférence qui, normalement, aurait dû la pousser à ne surtout pas se mêler de ses affaires et à se tenir le plus loin de lui possible. Alors elle reste là, pesant le pour et le contre, tentant d’ignorer le compliment que lui adresse l’homme pour qui elle avait été prête à se damner il n’y a pas si longtemps encore, alors qu’en réalité, elle sent son palpitant s’emballer, et l’envie de l’entendre lui dire d’autres compliments, et de continuer de la regarder comme il a l’air de faire en cet instant, comme s’il était envouté par sa présence.

« Qu’est-ce qui t’a manqué ? Me voir risquer ma vie pour toi ? T’habitue pas trop », réplique-t-elle. « Je suis venue parce que j’étais curieuse. Mais je reconnais être un peu déçue… tu t’es fait avoir comme un débutant, mon chéri. »

Elle s’efforce de savourer cette position de supériorité, mais ce rôle n’est absolument pas naturel pour elle, et elle n’a pas du tout le sentiment d’être, par conséquent, véritablement convaincante. Elle a au contraire l’impression d’être tout l’inverse, en dépit de ses efforts. Mais elle n’oublie pas qu’elle a l’ascendant physique sur lui pour peut-être la première fois de sa vie, faute de le dominer mentalement, et c’est déjà une petite victoire qu’elle veut apprécier pour ce qu’elle est, et ne surtout pas négliger.

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feat. Mr J

Harley écoute son interlocuteur parler avec une distance résolue et affichée. Elle ne veut se laisser atteindre par aucune de ses paroles. Est-ce aussi simple pour autant ? Elle voudrait prétendre que oui, la réponse est en réalité tout autre. Non, elle n’a certainement pas oublié leur histoire… comment l’aurait-elle pu ? Qu’elle le veuille ou non, elle a été façonnée par celle-ci. Elle ne serait pas grand-chose de ce qu’elle est aujourd’hui si sa route n’avait pas croisé celle du Joker, et si elle n’en était pas tombé amoureuse. Follement amoureuse.

Mais ce constat ne retire rien à la situation telle qu’elle l’éprouve et l’observe. Il doit faire partie de son passé… Il est important que ce soit encore le cas… Non, ils n’ont jamais gouverné Gotham ensemble. Le Joker semait la terreur et elle… elle était son toutou, son ombre… pas sa reine. Il a raison sur un point, on ne peut pas effacer pareille époque, et le souvenir de celle-ci l’émeut et la trouble, plus qu’elle ne le voudrait… mais son bonheur d’alors était factice… n’est-ce pas ? Peu importe à quel point elle se sentirait naturellement attirée vers le Joker… il ne serait jamais prêt à la garder dans son sillage que pour s’en débarrasser dans n’importe quelle situation qui lui paraîtrait opportune.

« Je ne l’ai jamais autant été que depuis que tu ne fais plus partie de ma vie », rétorque Harley avec un sourire quand J lui assure que ce qui lui a manqué, c’est de la voir elle. Non, elle ne réagira pas sur ce point, elle n’admettra pas que son cœur a manqué un battement en entendant ces mots. Elle se réfugie derrière son orgueil. Oui, elle est flamboyante. Oui, elle est puissante. Et elle n’a certainement pas besoin de ce fichu Joker pour l’être dans toute sa splendeur dangereuse.

Est-ce qu’elle lui en veut ? Il ose lui poser la question ? Il l’ose vraiment ? Oui, et de cette voix doucereuse et pourtant froide, aussi, qui serait capable de la faire douter d’elle-même. Harley est partagée, douloureusement divisée. Bien sûr qu’elle lui en veut, elle lui en veut pour des milliers de raisons différentes. Est-ce qu’elle le hait pour autant ? Elle veut, de toutes ses forces, le détester. Elle ne veut pas être cet aimant qui, impuissant, revient toujours à celui vers qui elle se sent attiré. Elle vaut mieux que ça… Elle doit valoir mieux que ça… Pourtant, elle ne le hait pas. Ou plutôt… C’est plus compliqué, beaucoup plus compliqué que ça.

« Tu me poses la question comme si je devais t’en vouloir. Comme si j’avais de très bonnes raisons de vouloir te refaire le portrait et d’arracher ton fichu sourire. » Elle le fixe avec une intensité dangereuse. « Tu as une idée, peut-être ? »