Where's your head at ?

feat. Nancy

Comment est-elle arrivée là ? Jane ne saurait répondre à cette question. Le dernier souvenir qu’elle garde avant d’ouvrir les yeux sur un paysage dangereusement chaotique, car familier et étranger en même temps, c’est celui d’un lit aux draps confortable, dans sa nouvelle chambre, celle que Jim lui a préparé, trop ravi de l’accueillir de nouveau à partir du moment où ils se sont tous les deux retrouvés. Ce n’est pourtant pas sur un matelas confortable qu’elle s’est réveillée, mais sur un sol dur et inconfortable d’un trottoir lui aussi familier. Elle a la tête lourde, mais elle n’a pas l’air blessé. Est-ce qu’elle a fait une mauvaise chute ? Est-ce qu’elle a une hallucination ? Est-ce qu’elle est vraiment de retour à Hawkins… Se peut-il qu’elle soit vraiment… dans l’upside down ?  Cette pensée lui arrache un violent battement de cœur. Non, elle ne veut pas y croire, elle ne peut pas y croire. Cette pensée lui retourne l’estomac. Pourtant, le ciel au-dessus d’elle témoigne d’une réalité impossible à éviter.

Jane se redresse, tourmentée autant par sa présence ici que par son incapacité manifeste à comprendre comment elle a atterri là. Tout ceci ne fait aucun sens à ses yeux. Elle ne parvient à rassembler aucun souvenir cohérent qui puisse justifier tout ceci. Et elle n’a certainement pas rêvé ces trois, bientôt quatre, années passées sur une île étrange et chargée de mystère, sans aucun moyen de la déserter, pas vrai ? Non, ça ne peut pas être le fruit de son imagination… Alors ce serait maintenant qu’elle rêve ? Serait-elle prisonnière, en cet instant, de ses songes les plus anxiogènes. Jane a le réflexe de se pincer l’avant-bras dans l’espoir, peut-être, de créer un choc, quelque chose qui la ramènerait au cadre confortable et rassurant de la maison de Jim, mais rien ne se passe. Presque rien ne se passe.

Jane voit bientôt une silhouette progresser vers elle, tout en plissant les yeux, elle se fige, prête à attaquer si nécessaire. Quoi que soit cette chose, elle sait qu’elle doit s’en méfier le plus possible. Tout ici, est susceptible d’être considéré comme une menace. Mais au moment de voir plus distinctement la silhouette se découper dans le brouillard, elle entend sa voix, et Jane se voit aussitôt partagée entre la joie de retrouver une figure connue, et l’inquiétude de la savoir elle aussi prisonnière de ce cauchemar à ciel ouvert.

« Nancy ! »

Jane se précipite dans les bras de son amie, de sa grande sœur de cœur, et la serre un instant tout contre elle, comme une manière de se rassurer sur sa présence, sur le fait qu’elle soit bel et bien là, présente à ses côtés, et n’aille nulle part ailleurs.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu sais comment on est arrivées ici ? Je me souviens de rien… »

Where's your head at ?

feat. Nancy

El adresse un fin sourire à Nancy qui n’a à s’excuser de rien. Elle n’est pas responsable de la situation dans laquelle elles se trouvent. D’ailleurs, si l’une des deux pouvaient être responsable de cette situation, Jane parierait plutôt sur elle-même, mais en l’occurrence, elle a envie de penser que ce n’est malheureusement de la faute de personne. Oui, Jane devrait être avec Jim, et elle aimerait l’être, d’ailleurs, plutôt qu’ici. Mais si Nancy doit rencontrer le moindre danger, elle préfère rester ici, avec elle, en espérant pouvoir intervenir, d’une manière ou d’une autre, le moment venu – quand bien même elle ignore si cela peut véritablement être possible.

Elles doivent trouver un passage, c’est l’essentiel, mais surtout, elles doivent le faire discrètement avant de finir poursuivies par elle ne sait quelle entité terrifiante. Jane hoche la tête quand son interlocutrice suggère que le passage vers le véritable Hawkins pourrait se situer dans la caravane des Munson. Elle, de son côté, n’en a pas la moindre idée, mais elle décide de faire pleinement confiance à son interlocutrice. Elle sait que cette dernière ne veut jamais rien d’autre que sa sécurité, elle est convaincue de cela, sans le moindre doute possible. Nancy a un plan, elle a l’air de connaître la direction, Jane se fie donc totalement à elle.

« Oui, ne t’en fais pas », affirme Jane quand Nancy lui demande si elle se sent de marcher avec elle.

Oui, c’est le cas, et elle a d’autant plus à cœur de protéger Nancy que cette dernière est enceinte… si l’une des deux doit veiller sur l’autre, ce n’est pas la plus âgée. Jane fera tout, absolument tout, pour les mettre à l’abri et plus encore pour les tirer de cet enfer. Presque par réflexe, elle agrippe le bras de son amie. Dans ces circonstances, elles doivent à tout prix rester ensemble et ne surtout pas se perdre, c’est absolument primordial.

« Combien de temps avant d’arriver sur place, selon toi ? » murmure-t-elle à son adresse en avançant d’un pas prudent à côté d’elle.

Le moindre son pourrait éventuellement attirer l’attention d’elle ne sait quelle créature répugnante. Elles doivent à tout prix faire preuve de précaution et de prudence… Cette situation les place dans une position particulièrement dangereuse, mais elles en sortiront. Elles le doivent. Elles n’ont pas le choix.

Quelques pas de plus, et Jane se fige finalement. Elle a entendu un bruit, comme une sorte de grognement, quelque chose qui ne lui dit absolument rien qui vaille. Même si elle n’est pas en mesure de l’identifier, elle est en revanche très inquiète, et s’efforce de le montrer le moins possible.

Where's your head at ?

feat. Nancy

« Excellente idée », confirme Jane avec une fine esquisse de sourire en coin quand Nancy suggère qu’elles se gavent toutes les deux de gâteaux une fois qu’elles seront tirées d’affaires (des gaufres ce serait encore mieux).

Est-ce que El est totalement sereine et confiante à l’idée de partir d’ici et de s’en tirer en un seul morceau ? Ce serait tout de même aller un peu vite en besogne que de l’affirmer, et non, la jeune femme est loin d’être certaine de sa capacité à les tirer d’affaires. Elle a beau ne pas manquer de ressources et savoir Nancy tout aussi – si ce n’est plus – débrouillarde qu’elle, ce n’est pas pour autant qu’elle n’éprouve pas une certaine anxiété dans ces circonstances. A plus forte raison que faute de s’inquiéter pour elle-même, c’est pour Nancy, qui est enceinte qui plus est, qu’il s’inquiète, bien plus que pour elle-même.

Jane laisse Nancy prendre les rênes malgré tout, semblant connaitre la direction à prendre. Bon, en effet, il aurait été préférable qu’elles aient un moyen de déplacement un peu plus rapide, mais Jane n’a repéré aucun vélo à proximité, et son interlocutrice non plus. Dans tous les cas, elles garderont la tête haute, et si quelque obstacle que ce soit doit se présenter face à elles, elles feront en sorte de l’affronter dignement. Et ensuite ? Ensuite… Elle ne sait franchement pas. Toute cette situation la dépasse largement. Elle s’est déjà retrouvée dans plus d’une situation incongrue, mais en temps normal, elle finissait toujours par en comprendre l’origine. Là, tout de suite, elle n’est vraiment pas certaine de savoir mettre des mots sur ce qu’elles vivent… Et elle n’est pas totalement convaincue du fait qu’il y ait réellement des mots adéquats pour cela.

Quand, en chemin, Jane ressent une présence, elle se fige presque aussitôt, sans prévenir Nancy au préalable, prise au dépourvu et assez incertaine quant à ce qu’elle vient d’entendre. Elle ne voulait pas nécessairement l’alarmer, maisv c’est probablement un peu tard pour cela.

« Oui », se ressaisit Jane, encore sur le qui-vive… Rien n’approche d’elle, pas pour l’instant, en tout cas, mais la jeune femme est presque convaincue qu’une ombre guette et rode à proximité, et cette pensée est loin, vraiment très loin de la rassurer.

Nancy a raison, elles doivent s’armer. Certes, Jane a ses pouvoirs, mais elle ne peut être totalement sûre qu’ils feront le poids en fonction de ce qu’elles auront à affronter, et il est tout aussi important que Nancy puisse se défendre également.

« Cette maison », décide Jane en désignant une bâtisse un peu plus loin, un peu au hasard il est vrai, décidée par le seul critère qu’elle est la plus proche en l’occurrence. « Et on ferait bien de se dépêcher », ajoute-t-elle avant de saisir le poignet et de se précipiter aux côtés de Nancy jusqu’à la maison en question, dont elles forcent l’entrée avant de refermée la porte à moitié arrachée par les pouvoirs d’Eleven derrière elle.

Maintenant, il fallait espérer qu’elles aient atterri dans un de ces foyers américains qui gardent des armes de pointe dans leur table de chevet.

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feat. Nancy

Les voilà – relativement – à l’abri, dans cette maison qui ne les protègera probablement qu’un temps, mais leur permet au moins de reprendre leurs esprits et de réfléchir à la situation dans laquelle elles se trouvent. Jane a du mal à y croire… Même encore en cet instant, elle a peine à réaliser que ce qu’elles vivent est vraiment… réel. Elle aimerait tant se tromper, mais les signes ne trompent malheureusement pas. Elle est bel et bien de retour dans l’upside down, et comme si cela ne suffisait pas que de renouer avec ces anciennes et déplaisantes sensation, elle doit accepter que Nancy se trouve elle aussi dans cette situation. Rien ne garantit que les pouvoirs d’Eleven soient suffisants à les protéger toutes les deux… et cela, malheureusement, la jeune femme n’en a que trop conscience.

« Il y a des fois où je préfèrerais avoir tort », répond Jane avec un léger rire trahissant sa nervosité.

Oui, c’était juste le calme avant la tempête… et maintenant ? Maintenant, elles ne savent pas plus précisément à quelle tempête elles s’exposent. Elles ne peuvent l’une et l’autre que se fier aux épreuves déjà rencontrées par le passé, mais cela n’est pas forcément suffisant. Elles ne savent pas pour autant ce à quoi elles seront confrontées.

Dans tous les cas, et peu importe les dangers à affronter, il est évident qu’elles doivent les affronter armées. Eleven a le mérite de disposer de ses capacités hors du commun, mais même avec ça, elle ne dirait pas non à ce que Nancy et elle puissent compter sur des armes un peu plus concrètes. Un fusil, un pistolet… même une batte de baseball ferait l’affaire, ne serait-ce que pour la satisfaction peut-être factice mais rassurante d’avoir quelque chose de tangible entre les mains, afin de frapper et d’attaquer la ou les choses qui chercheront à s’en prendre à elle.

« Tu t’y connais un peu trop bien », fait Jane avec un fin sourire en coin quand Nancy énumère les endroits où elles peuvent espérer trouver une arme à feu.

Elle hoche la tête en réponse à son interlocutrice. Elle lui suggère d’un geste de la tête de se séparer le temps de fouiller les lieux à la recherche d’une arme de fortune. Elle se dirige vers une chambre jouxtant une salle de bain, fouille divers placards… Elle découvre une boite à chaussure un peu poussiéreuse, sur laquelle elle souffle par réflexe avant de l’ouvrir. Un sourire satisfait orne ses lèvres au moment de découvrir un gun dans ladite boîte.

« Nancy ! J’ai trouvé quelque chose ! » l’appelle-t-elle peut-être un peu fort, au risque éventuel d’attirer d’autres attentions que celle de Nancy.

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feat. Nancy

Jane ne se verrait certainement pas se lancer dans un pamphlet interminable quant au fait qu’il serait préférable tant qu’à faire de ne pas avoir d’arme à feu chez soi. D’une part, Nancy est raisonnable et sait comment s’en servir, d’autre part, contrairement à toutes ces familles américaines qui conservent précieusement une arme létale sous leur toit sous le prétexte d’abattre des cambrioleurs, Nancy avait affronté de vraies menaces, il était on ne peut plus normal, dans ces circonstances, qu’elle cherche autant que possible à se protéger. Bref, elle ne lui dira rien, d’autant que c’est bien simple pour El de s’épargner le luxe d’avoir un tel équipement puisque de son côté, elle n’a pas besoin d’arme… Elle est l’arme. Aussi la jeune femme se contente d’adresser un regard amusé et entendu à son interlocutrice alors que, assez ironiquement, cette dernière lui affirme ne définitivement pas l’encourager à l’imiter… retrouvant un rien de cet instant sororial qui l’anime beaucoup en sa présence… Et que Jane apprécie largement, car elle a le plus grand besoin d’une sœur de cœur, après tout.

Quoi qu’il en soit, les deux jeunes femmes ont mieux à faire, autant l’une que l’autre, que de discuter plus longuement de cette question. Aussi, elles repartent chacune dans leurs recherches, jusqu’à ce que, finalement, Jane mette la main sur un pistolet qui devrait convenir à Nancy. Cette dernière semble en effet approuver, en même temps qu’elle saisit l’arme en question entre ses mains. Pas le temps de se gargariser de ses talents d’enquêtrice malgré tout, il s’agit de savoir faire face à tout danger qui pourrait éventuellement les menacer.

C’est Nancy qui, la première, prend conscience de l’odeur, mais Jane suit bientôt, et elle a l’impression que la bile lui monte grandement à la gorge. Cette odeur qui mettrait en appétit n’importe quel vautour est difficile à soutenir pour elle.

« Oh merde… »

Jane couvre sa bouche et son nez de sa main pour ne plus avoir à sentir cette insoutenable odeur qui lui tourne la tête et lui donne le sentiment qu’elle va soit vomir, soit s’évanouir, soit les deux. Une carcasse animale… encore fraîche.

« Oui… »

Elle a à peine le temps de dire ce mot qu’elle entend en bruit dangereux dans son dos. Elle frissonne. Elle sait. Si elles ne font rien, elles seront les prochaines.

« Cours. Cours d’accord ? Je vais le ralentir », dit-elle en tendant le bras, prête à utiliser dans ses pouvoirs dans l’espoir de retarder suffisamment la créature pour pouvoir ensuite prendre ses jambes à son cou en toute sécurité.