(TERMINE) Renseignements...? [PV Jo]

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Jo avait toujours été convaincue que les femmes devraient pouvoir faire les mêmes choses que les hommes, si elles le souhaitaient, dans la mesure où leur condition physique le leur permettait, mais comme les hommes en fait. C’est ainsi que là-bas, à Concord, elle avait regretté de ne pouvoir partir au front pendant la guerre de Sécession avec son père, sous prétexte qu’elle n’était pas un garçon. C’est également, plus que le besoin d’argent – ce qui n'était désormais plus son cas -, ce qui l’avait poussée à rejoindre la société de sécurité d’Artémis. Si les choses avaient évolué entre son époque d’origine et celle-ci, ce n’était pas encore suffisamment le cas à son goût. Alors, quand elle avait entendu dire qu’il existait des associations féministes, elle avait cherché à savoir s’il y en avait dans cette ville. Et effectivement, il y en avait au moins une. Alors, elle en avait noté les coordonnées et décidé d’aller prendre la température lors d’un de ses temps libres en se renseignant sur place.

En arrivant, elle entendit de la musique. Elle ne manqua donc pas d’avoir une pensée pour sa chère Beth, qu’elle avait retrouvée ici, contrairement à Laurie. Sa deuxième pensée alla justement au jeune homme. Comme une femme venait à elle et la saluait, elle lui répondit.

« Bonjour, Madame. Oui, c’est possible. J’ai appris qu’il y a une association féministe à cette adresse. Si vous en faites partie ou la connaissez, vous pourrez peut-être me renseigner à ce propos ? »

L’accueil lui paraissait pour l’heure cordial, restait à voir si elle se retrouverait dans les propos qu’elle entendrait, dans la manière de voir le féminisme de l’association. Du moins si cette femme pouvait lui donner plus d’informations à ce sujet.

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Jo avait eu la chance en arrivant à l’association féministe sur laquelle elle voulait se renseigner de tomber sur sa présidente. Personne ne serait mieux placé pour lui permettre de prendre la température.

« Enchantée d’être tombée sur vous alors » fit-elle en réponse au fait qu’elle se trouvait face à la présidente de l’association.

Elle chercha un instant comment formuler ses questions, minutes pendant lesquelles elle put constater que l’accueil était en tous cas des plus cordiaux.

« Je veux bien un peu de thé, s’il-vous-plait » répondit-elle à ce sujet.

Puis, elle se présenta. Après tout, quoique donnerait la suite, c’était des quelques usages auxquels elle pouvait se plier.

« Je m’appelle Jo March »

Elle était toujours aussi peu encline à utiliser son prénom complet, sauf pour tout ce qui était administratif, et encore. En plus, son diminutif faisait plus masculin… Et justement elle qui avait toujours regretté de ne pas être un homme… Cela lui convenait parfaitement.

Elle reprit :

« J’aurais aimé savoir un peu quelle est votre vision du féminisme ici, si je puis m’exprimer ainsi. Quelles sont vos actions actuelles, à venir ? J’aimerais bien, si vous le voulez bien, que vous me présentiez un peu votre association »

Si elle n’avait pas étudié la question du féminisme d’assez près pour connaître les différents courants, au fond d’elle, à un certain niveau, elle avait conscience qu’il y avait différentes manières d’être féministe, différents niveaux d’engagement aussi. Comme souvent, elle avait agi suivant une impulsion.
Elle arriverait peut-être à poser des questions plus précises, mais quand elle en saurait un peu plus.

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Quand la présidente se fut présentée à son tour, Jo lui répondit par la formule de politesse consacrée. Quoi que peu friande de mondanités et n’ayant jamais aimé à contrôler son langage pour être ‘‘une jeune fille/femme comme il faut’’, elle ne souhaitait pas pour autant se faire remarquer dans cette nouvelle ville pour son impolitesse.

« Enchantée également, Oksa »

Après quoi, son interlocutrice était allée chercher du thé. Jo choisit un classique : l’english breakfast.
Elle écouta ensuite les réponses d’Oksa aux questions qu’elle avait posées à celle-ci. Même si de par le fait qu’elle avait toujours voulu être un homme et considéré que les femmes pouvaient avoir les mêmes activités que ceux-ci, elle ne s'était jamais posée de questions liées au genre et surtout n’y connaissait rien à ce sujet. Elle fut donc intriguée qu’une femme eusse pu naître sans en être une. Cela supposait que la société – malgré les inégalités qui perduraient de manière évidente – avait dû beaucoup évoluer depuis son époque. Mais, elle ne savait trop comment formuler la question qui germait dans son esprit.

« Oui, j’aimerais bien en savoir plus » acquiesça-t-elle tout en cherchant comment elle allait présenter son ignorance sur une partie des sujets abordés par la présidente de l’association. Elle devinait que les manifestations pour les droits des femmes étaient des événements visant à défendre les droits de celles-ci, mais en dehors de ce point, elle nageait dans le flou artistique.

« De là où je viens, dans ma vie d’avant, si le féminisme existait sûrement à sa façon, je ne crois pas qu’il ait eu d’association de ce genre ou je n’en ai pas eu connaissance. Et si j’ai toujours pensé qu’une femme devrait pouvoir faire la même chose qu’un homme si elle le souhaite, je dois dire – au risque de paraître une ignorante – que je suis novice dans ces sujets, dans le militantisme,… Je ne sais donc pas exactement en quoi consiste le tractage ni comment une femme pourrait ne pas être née femme… » fit-elle finalement, avec embarras.

C’est qu’à Concord, elle n’avait vu ni tractage ni de personne dont elle eût su – à l’époque – que son genre ne correspondait pas à celui assigné à la naissance. Après tout, elle venait du XIXème siècle et d’un milieu pour le moins conventionnel (même si ses parents l’étaient beaucoup moins pour l’époque que les habitants de la ville ou que la tante March).

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Tandis que la présidente de l’association répondait à ses questions, essayait de l’éclairer sur les sujets qu’elle ne maîtrisait pas – avec tolérance, estima Jo – l’écrivaine buvait son english breakfast. Des réponses qui soulevaient de nouvelles questions, de celles auxquelles elle devrait sans doute trouver par elle-même les réponses. S’était-elle toujours comportée en homme pour mieux défendre le droit des femmes à pouvoir avoir les mêmes activités que les hommes ? Etait-ce un simple rejet de la société patriarcale ? Ou se sentait-elle homme ? Selon toute probabilité, ce qu’Oksa avait expliqué dans un sens devait exister dans un autre, non ? Peut-être devrait-elle chercher quelques informations supplémentaires par elle-même sur ce sujet.

« Je pense que j’ai compris » commença-t-elle, buvant un peu plus de thé avant de poser de nouvelles questions.

Elle pensait même se le représenter assez clairement.

« Y a-t-il d’autres choses à savoir sur l’association ? Comment vous organisez-vous pour les tractages ? Quand et où aura lieu le prochain ? » reprit-elle.

Elle reprit une gorgée de la boisson chaude.

« Auriez-vous des lectures à me conseiller sur le féminisme ? »

Après tout, il devait y avoir de bonnes références dans ce domaine comme dans tous. Tant de livres avaient été publiés depuis son époque !
Si elle avait bien compris que les informations circulaient dans cette ville par les nouvelles technologies, elle restait attachée au livre et au papier. Un des points où elle avait un peu de mal à suivre le progrès.

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Jo avait donc posé des questions à Oksa, la présidente de l’association féministe, au départ pour en apprendre plus sur l’association en elle-même et ses actions et ensuite, pour mieux comprendre les propos de son interlocutrice. Venant du XIXème siècle, certains concepts lui étaient complètement étrangers. S’il lui restait des questions, c’était majoritairement de celles auxquelles elle devait répondre par elle-même. Peut-être partagerait-elle ses interrogations avec ses proches, une fois qu’elle aurait fait quelques lectures pour s’éclaircir les idées. Si elle se lançait dans les dites lectures. Elle devrait d’abord déterminer si elle se sentait prête à tout les cas de figure quant aux conclusions qu’elle pourrait tirer.
Elle posa quelques questions d’ordre pratique sur l’association et il lui en apparut une essentielle. Elle ne connaissait pas les autres membres, aucun – ou du moins, a priori, ce n’était pas le cas -, donc dans l’idéal, elle aimerait savoir si elle s’entendrait convenablement avec tout le monde ou non.

« Est-il possible de venir à une action comme le tractage de samedi prochain sans avoir adhéré, pour prendre un peu plus contact avec tout le monde et d’adhérer ensuite ? » demanda-t-elle.

Elle avait ensuite pris des conseils de lectures et noté les références suggérées par la présidente. Elle n’emprunterait peut-être pas uniquement des livres de la bibliothèque de l’association, mais si elle y adhérait, elle en profiterait certainement.

« C’est une bonne chose que vous ayez une bibliothèque. Merci pour vos conseils de lecture. Je me souviendrai de ces références. »

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Jo avait donc eu une réponse positive à sa question. Ce qui la rassurait. Effectivement, si le militantisme et cette association l’intéressaient, une intuition lui disait que c’était le genre de cas où il était important de s’entendre un minimum avec le reste des membres. Pas nécessairement s’en faire des amis – quoiqu’elle ne dirait pas non si elle voyait qu’il y avait une possibilité de ce côté-là -, mais du moins, pouvoir fonctionner en bonne entente avec eux.

« C’est une bonne chose à savoir, merci »

Elle avait ensuite eu des conseils de lectures, et découvert qu’elle pouvait emprunter les documents concernés ici. Si jamais elle adhérait, elle profiterait pour consulter certains d’eux ici. Sinon, elle les chercherait en bibliothèque et en librairie. A cette fin, elle avait pris les titres que lui avait suggérés Oksa en bonne note, dans sa tête. Après tout, elle avait les moyens de s’offrir quelques livres. Jo finit de boire son thé en prenant quelques renseignements complémentaires. Quand ce fut fait, elle prit congé de la présidente de l’association.

« Encore merci pour vos réponses et votre accueil. A bientôt » lui dit-elle, avant de partir.

Puis, elle quitta les lieux et vaqua à ses occupations de la journée.

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