Secrets unlocked [Calypso]

Secrets unlocked

feat. Calypso

Davy Jones n’avait jamais connu cela avant son arrivée sur cette île étrange qui par certains aspects lui semble proche de ce à quoi le paradis devrait ressembler, et par d’autres lui feraient davantage penser à l’Enfer (mais pour avoir de trop longues années guidé les morts en leur dernière demeure, il sait que ni l’une ni l’autre de ces théories ne sont vraiment adéquates)… Il avait aimé, profondément, viscéralement, au point de s’en arracher très littéralement le cœur, mais il n’avait savouré cet amour qu’à lointaine distance, ou en des instants trop courts, trop fugaces… Ici, dans ce nouveau monde, Calypso est sienne, elle est sienne parce qu’il lui ment, avec conviction, avec prudence, avec détermination. Il veut croire que c’est un signe si elle ignore le rôle qu’il a joué dans sa condamnation à être enfermée dans la simple enveloppe humaine qui est dorénavant celle qu’elle porte au quotidien. C’était pour qu’enfin ils puissent s’offrir l’occasion qu’ils ne s’étaient jusqu’alors jamais accordée l’un à l’autre. Celle d’être ensemble et de s’aimer vraiment.

Il fait tout, tout ce qui est en son pouvoir, pour faire de Calypso la femme la plus heureuse qui puisse être, pour qu’elle ne caresse jamais le désir de davantage, elle qui est si impétueuse, aussi fougueuse que l’océan par un temps orageux. Il sait qu’elle n’est pas de ces femmes que l’on enferme, que l’on dompte, que l’on domine. Il l’aime aussi – il l’aime surtout – pour cette raison, mais il vit de cette contradiction : il veut qu’elle soit sienne tout en restant elle-même comme si les deux pouvaient être véritablement compatibles… Alors, depuis leurs retrouvailles sur l’île, et après l’avoir longuement amadouée, il n’a eu de cesse que de vouloir la surprendre, lui plaire, la courtiser sans cesse afin de ne jamais lui laisser l’occasion de se lasser de lui. Il veut qu’elle l’aime envers et contre tout, y compris sa nature la plus profonde.

Ce jour-là, c’est donc dans un des restaurants les plus luxueux de la ville qu’il a décidé de l’inviter à dîner. Il ne roule pas sur l’or, pourtant, loin de là, mais il s’autorise toutes les extravagances et toutes les excentricités s’il peut avoir en retour l’assurance qu’elles plairont à sa déesse. A Calypso. Le dîner avait agréablement commencé. Ils avaient tous les deux trinqué, faisant tinter leurs flûtes de champagne l’une contre l’autre. Le temps et sa compagnie assidue n’ont en rien altéré l’amour profond que Davy Jones porte à la déesse des mers, bien au contraire, il a le sentiment de ne l’avoir jamais aimé davantage. Peut-être bien que le fait d’avoir un cœur pour palpiter à un rythme démentiel dans sa cage thoracique, pour battre pour elle, n’y est pas pour rien. Tout se passe à la perfection, tout aurait pu continuer ainsi, mais c’est sans compter cet homme qui vient tout à coup les interrompre dans leur conversation.

« Cette table est occupée, ça ne se voit pas ? » grogne l’ancien pirate, mécontent, quand un homme totalement inconnu au bataillon, du genre jeune premier arrogant, vient poser son séant sur une chaise entre eux comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.
« Bien sûr, bien sûr », répond l’homme, indifférent à l’attitude hostile de Jones. « Je ne serais pas long. » Il affiche un sourire bien trop serein en tournant son attention vers Calypso. « Calypso… » Il l’observe avec attention. « Quel dommage, vraiment… » Davy Jones fronce les sourcils, sans savoir ce qui va suivre, il sait que cela le fera forcément sortir de ses gonds. « Quel gâchis que de vous retrouver sous cette forme. »