(abandonné) (( paranoia is in bloom )) ✧ – saurgoth – (( event ))
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Ven 21 Oct - 0:50
Halloween · La panne d'essence
la panne d'essence ▿ ce n'est pas ton jour de chance aujourd'hui. Alors que tu rentres tranquillement chez toi, tu tombes en panne d'essence. Heureusement pour toi, dans ton malheur, il y a une station-service à même pas cinq cents mètres. Tu y vas et lorsque tu arrives, elle est éclairée, mais déserte. Personne dehors, personne à la caisse. Tu cries pour interpeller quelqu'un, mais aucune réponse. Tu sors, tu te dis que ce n'est rien et que tu vas quand même prendre l'essence qu'il te faut et poser l'argent sur le comptoir sauf que rien ne fonctionne. Tu es perdu au milieu de nulle part, tu ne peux pas rentrer chez toi à pied. Alors que tu désespères parce que tu n'as plus d'essence, pas de réseau et que cet endroit reste désespérément vide, tu entends des bruits de pas. Tout naturellement, tu te diriges vers eux, en criant. Il n'y a personne, pourtant, qui te répond. Quelqu'un a marché récemment sur cette terre, tu en es certain et tu entends toujours le bruit des pas, mais tu ne vois personne.
(( NSFW ))
Invité
Ven 21 Oct - 1:08
paranoia is in bloom
“It's bugging me, grating me, and twisting me around. Yeah, I'm endlessly. Caving in, and turning inside out. 'Cause I want it now. I want it now. Give me your heart and your soul, and I'm breaking out. I'm breaking out. Last chance to lose control.”(HYSTERIA •• MUSE)
31 OCTOBRE 2022 ▴ QUELQUE PART ENTRE L’ÎLE ET UN VASTE CHAMP DE HAUTES HERBES, PRES D’UNE STATION-SERVICE, EN PLEIN CŒUR DU NEVADA (USA).
CHAMP DES HAUTES HERBES.
Cela fait combien de temps exactement qu’ils roulent à travers les ruelles de plus en plus désertes, qu’ils traversent les plages et les montagnes à perte de vue, l’horizon donnant sur un vaste océan couleur bleu turquoise, jusqu’à se perdre aux confins de cette mystérieuse île. Ils roulent sans se retourner depuis des heures déjà, et Sauron, installé sur le siège conducteur, commence à tourner de l’œil. Durant une fraction de seconde, l’ancien sorcier d’Arda ferme les yeux, et dès lors, quelque chose se passe à son insu. A leur insu. Ce qu’il se passe est déstabilisant. Lorsqu’il rouvre les paupières, il constate que les plages ont disparues. L’océan n’est plus. Les montagnes ne sont plus exactement de la même couleur et s’apparentent désormais davantage à de gigantesques dunes couleur terre de sable. Sauron fronce les sourcils, interloqué par ce nouveau paysage. Ils roulent et les montagnes sableuses s'éloignent pour devenir des étendues boisées, luxuriantes, et enfin le vide. De grandes allées en bitume lointaines, le désert. Ils sont loin, bien loin de l’île mystérieuse désormais. Lui et Morgoth. Morgoth est à ses côtés, sur le siège passager. Il est silencieux depuis des heures, faute aux derniers propos prononcés par son serviteur. Sauron a été brutal et incisif dans ses arguments. Cela ne lui ressemble pas. Sauron s’est toujours montré particulièrement docile et silencieux, devant son maître. Il s’est passé des choses, en son absence, qui ont forcé son autonomie et son indépendance. Maintenant qu’ils se retrouvent, tout est différent dans l’esprit de Sauron, de celui qui fut durant des millénaires un puissant Seigneur noir. Seul, livré à lui-même. Dirigeant, despote incontesté. Ils ont remis sur le tapis le sujet de cette Samantha Twombly. Un sujet de plus en plus sensible depuis d’étranges rumeurs sur une prétendue grossesse. Impossible d’en avoir le cœur net. Sauron affirme qu’elle l’est, mais devant l’air sombre et menaçant de Morgoth, réajuste avec soin ses propos en évoquant une vaste plaisanterie visant à leur soutirer de l’argent ou des actions au sein de Mordor Industries. C’est son problème. Il le règlera seul. Un point c’est tout. Morgoth risque de tout casser, comme à son habitude. Sauron ignore encore ce qu’il compte faire de cet élément d’information. Ce qu’il veut réellement. La paternité n'a jamais occupé ses pensées, jusqu’à maintenant. Il ne désire sincèrement pas être père. Il ne se voit pas l’être. Il ne l’a jamais envisagé, parce que son âme appartient au premier Seigneur noir, avant les désirs et les œuvres de son propre corps. Cet enfant est un fruit pourri. Il ne peut le laisser exister. Un enfant portant son sang, sa magie, son nom… Son nom. Une pensée insidieuse et étrange s’infiltre progressivement dans son esprit, lorsqu’il se répète inlassablement que cette chose encore à l’état d’embryon porte son sang dans ses futures veines. Cette puissance tant rejetée peut être un moyen d’œuvrer pour ses sombres desseins. Cet enfant peut même être d’une utilité capitale. Est-ce forcément synonyme d’apocalypse d’envisager une descendance ? (pour Morgoth oui)
Puis, c’est le trou noir. Des tremblements saisissent le véhicule imposant, et des vibrations viennent se propager le long de ses jambes. Sauron appuie avec brusquerie sur la pédale de frein. Un coup sec. D’un mouvement rapide, Sauron rattrape le volant en cuir au vol, alors qu’il cherche à garder leur gigantesque Range Rover sur le bon côté de la route. Il a suffi de quelques minutes d’inattention pour que les pneus de leur 4x4 ne se heurtent à quelques cailloux ambrés répandus ici et là sur la route. Manquant de déraper sur le bas-côté, Sauron leur évite le pire. Il épargne une embardée retentissante au 4x4 américain. Un accident, loin d’être fatal, mais suffisamment gênant pour retarder leur trajet, jusqu’à destination du nouveau terrain de construction dans lequel Morgoth et Sauron espèrent investir une succursale pour leur entreprise fleurissante spécialisée dans l’armement de pointe et de haute technologie. Sauron jure intérieurement. Il déteste ce véhicule, tout comme cette ville et toutes ces… technologies. Il déteste conduire, épris d’une profonde nostalgie pour les calèches tirées par des chevaux libres et majestueux. Ces créatures nobles au poil luisant lui manquent terriblement. Il s’imagine parfois en chevaucher une, comme par le passé. Dans son monde. Dans leur monde. Combien de temps encore sont-ils prêts à supporter cette mascarade ? Morgoth est en vie et à ses côtés, mais lui, lui se languit de leur passé et méprise leur présent. « Je dois m’arrêter. » signale-t-il sans détourner son regard du rétroviseur à sa gauche.« Nous n’avons plus d’essence. »D’une voix morne, presque dénuée de toute sympathie, Sauron exprime là un constat bien ironique. Ils doivent s’arrêter dans une station-service. Fort heureusement, à cinq-cents mètres à peu près, Sauron en repère une. Elle lui semble désertée par les voyageurs, plutôt tranquille et à l’écart de la route. Située au beau milieu d’une zone désertique et sablonneuse, nichée aux pieds de ces dunes rocailleuses s’étendant à perte de vue, couleur terre brûlée, dans un décor typique d’une carte postale du Colorado, l’un des cinquante États américains. Le panorama tropical de leur île semble bien surfait. D’un battement de cil, le décor de l’île a été subitement balayé pour laisser place à d’imprenables montagnes brûlées traversées par des tempêtes de sable, des déserts ardents au beau milieu de forêts denses, ainsi que des lacs profonds aux eaux troubles. Chose étrange cela dit, mais il élude rapidement ce mystère. Plus rien n’étonne l’immortel depuis son arrivée sur cette étrange île. Rien ne l’effraie non plus. Il observe compulsivement la vieille station-service dans le coin de son pare-brise, tout en préparant sa marche arrière d’une main ferme en saisissant le manche de sa voiture. Personne autour d’eux. Pas âme qui vive. Il vérifie toutefois qu’aucune voiture n’approche par surprise, pour tourner brusquement le volant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Enfin garé en face de la station-service, près des pompes à essence, Sauron déboucle sa ceinture rapidement, sans accorder d’attention à son confrère et maître. Morgoth est anormalement silencieux. Il devine sans mal que le Seigneur noir pense à différents moyens de le punir, une fois qu’ils seront rentrés chez eux. Sauron tourne la clé pour éteindre le moteur du 4x4. Il demeure silencieux à son tour durant quelques secondes, le visage blanc comme un linge, inexpressif et rivé sur ce nouveau paysage. Ni lui ni Morgoth ne prononcent le moindre mot durant… probablement une minute. Enfin, Sauron se décide à briser ce désagréable silence électrique entre eux. « Reste-là. Je vais voir à l’intérieur. » souffle-t-il d’une voix étonnamment douce, malgré les circonstances de leur violente dispute. Il se lève et récupère sa veste de costume grise au passage, pour l’enfiler avec soin, avant de claquer la portière du Range Rover couleur bordeaux. Il la claque sans doute trop brutalement, mais qu’importe, Sauron est hors de lui. Il comprime toute sa frustration et sa rage pour s’éviter de la décharger sur son maître. C’est en se dirigeant vers la station-service, qu’un détail l’interpelle durant sa marche. Il n’y a qu’eux ici, mais pire encore, depuis les vitres non teintées de la station, Sauron distingue un éclairage au néon, ce qui prouve qu’elle n’est pas désertée, mais aucun mortel en son sein. Pas de clients et encore moins de propriétaire. De plus en plus étrange. Il fronce les sourcils en s’avançant tout de même à l’intérieur. Une main sur le coin de la porte d’entrée, Sauron jette une tête, et balaie l’immense station de son regard froid, inquisiteur. Ce n’est probablement pas le plus inquiétant. Alors qu’il s’apprête à rebrousser chemin et retourner vers la voiture, une vaste étendue d’herbes hautes et d’un vert vibrant presque hypnotique, se dessine sous ses yeux. « Ce n’était pas là tout à l’heure… » se fait-il remarquer, mouvant difficilement ses lèvres sèches, qu’il humidifie du bout de sa langue presque machinalement. Ces herbes hautes sont gigantesques et prennent une place considérable dans le paysage semi-désertique. Ces herbes vibrantes tranchent radicalement avec le désert routier aux alentours. Il n'y a que de la terre ambrée et du bitume. Et maintenant, il y a ça. Sauron distingue au loin des montagnes couleur sable, ainsi que ce qui ressemble au sommet d’une vieille église en plein cœur de cet étrange champ. Stoïque, encore sur le pas de la porte de la station-service, Sauron n'ose plus faire le moindre geste. Il ne retourne pas à la voiture et il n’entre pas dans la station. Il reste planté là, dehors, à observer l’autre côté de la route. Il hésite à proposer à Morgoth d’aller voir. Quelque chose, là-bas, l’attire inexorablement sans qu’il ne puisse se justifier. C’est comme si… Oui… Les herbes l’appellent. Ce champ l’appelle. C'est compulsif. Non. Il ne doit pas. Il fait un pas hors de la station, avant de retourner à l'intérieur faire le tour du propriétaire, et finalement retourner sur le pas de la porte de la station. A quoi bon insister, cette station-service est belle et bien déserte, et puis... il y a ce champ miraculeux qui vient d'apparaître devant eux. Devant lui. Quelque chose l'attire, quelque chose de très précieux s'y trouve. Sauron en est persuadé. Quelque chose qui lui appartient lui a été dérobé. Ou bien n'est-ce qu'une hallucination. Un piège. (MON PRECIEUUUUUX S'Y CACHE JE LE SAIS)
Des heures d’une route silencieuse. Le regard de Morgoth s’attarde de temps à autre, jamais longtemps, sur la silhouette du conducteur, tout aussi silencieux que lui, puis se détourne pour se reporter sur le paysage défilant sous son regard… La route à n’en plus finir, et l’habitacle du véhicule habité de silence et d’amertume. De déception. Sauron n’est plus celui qu’il était du temps d’Arda… il se rebiffe, il se permet de contester son autorité. Parfois, Morgoth songe que s’il n’y prend pas garde, Sauron pourrait être capable de le trahir dans le seul but de s’accaparer le pouvoir pour lui seul. Cette pensée est la plus complexe à appréhender… Si aucun autre de ses sbires s’était permis une telle irrévérence, il ne se serait pas contenté de sévèrement le corriger, il s’en serait débarrassé, purement et simplement. Mais avec Sauron… il lâche du lest… il s’empêche de commettre le pire de crainte de le perdre. La réalité le prend de court tant elle représente à ses yeux un aveu de faiblesse : Sauron n’a peut-être plus besoin de Morgoth. Il a pris goût au pouvoir, à l’autorité, et estime peut-être que celle-ci est incomplète alors qu’il lui faut s’« encombrer » de son maître. Où Morgoth n’envisage aucun de ses projets sans Sauron, l'inverse n'est probablement pas vrai. Sauron n'a pas besoin de Morgoth, et ce serait un constat acceptable, probablement, car simple à régler, pour le premier seigneur des ténèbres, si l’inverse pouvait être vrai. Morgoth, lui, a besoin de Sauron. Pas parce qu’il se sentirait incapable de s’octroyer le pouvoir à lui seul, mais parce qu’il n’en effleure plus le souhait depuis longtemps, maintenant. Et par conséquent, il accueille chacun de ses mensonges, chacune de ses provocations, chacun de ses choix les plus hasardeux, avec un agacement de plus prononcés. Le cas de Samantha Twombly n’a rien de gravissime en soi, mais il est symptomatique de cet écart qu’il voit doucement se creuser entre ce qu’étaient ses aspirations et ce qu’est la réalité de leur situation, à présent. Et voilà que, pour souligner le tout, Samantha Twombly serait enceinte.
Le mensonge avait été plus désagréable et plus reprochable que la tromperie, c’était ce que Morgoth reprochait vraiment à son serviteur… Mais ce mensonge a à présent moins de répercussion que la tromperie dont les conséquences deviendraient bien vite hautement problématiques. Un enfant… Un enfant n’a jamais fait partie de ses projets. En ce sens, la solution devrait être simple… S’en débarrasser, s’arranger pour tirer bénéfice de cette situation, par le chantage ou qu’importe… Mais c’est une option directe, alimentée par l’agacement et la rage, et qui mérite peut-être d’y regarder à deux fois. Ces réflexions le plongent dans des abîmes déconcertantes… comment en sont-ils arrivés là ? Si loin de ce qu’ils avaient été, aux antipodes de ce qu’ils avaient toujours cru être. De ce qu’il avait toujours cru qu’ils étaient. Tout est à refaire, tout est à revivre, et ça ne lui plaît. Prendre en compte ces variables qui ne devraient concerner que ces dispensables mortels de la catégorie desquels il ne supporte pas d’appartenir. Cette pensée est parasitante, il y songe trop souvent. A la possibilité de ne jamais retrouver la puissance qui fut autrefois la sienne, et à cette perspective, il ressent le déplaisant vertige… celui d’une chute pressentie. Seront-ce les faiblesses qu’il refuse de s’avouer qui le feront basculer dans l’échec et dans l’oubli ? Et sa plus grande faiblesse, celle qui se tient à ses côtés dans le silence du véhicule… ne serait-ce pas lui qui mettra un terme à tout, y compris à l’empire qu’il a voulu construire. Envisager l’échec est déjà un aveu d’échec, il ne peut se le permettre. Morgoth balaie cette pensée d’un revers de la main et choisit de donner à ses pensées une autre teneur, sans envisager de les articuler, une fois de plus.
C’est un constat ô combien prosaïque qui les pousse à s’arrêter alors que Sauron lui fait remarquer qu’il n’a plus d’essence… Ils en sont là… A les regarder, aux prises avec cet absurde véhicule « moderne » à la technologie limitée, il songe qu’ils sont vraiment tombés bien bas, mais il n’en dit rien, il se contente de hocher la tête, laissant à Sauron le soin de leur trouver une station-service à laquelle s’arrêter. Son attention se reporte sur ce paysage qui n’a rien à voir avec ceux auxquels l’île les a habitués. Ces étendues rocailleuses à perte de vue sont surprenante, déstabilisantes… peuvent-ils encore prétendre être dans la bonne direction… Peuvent-ils encore prétendre savoir quoi que ce soit au sujet de quoi que ce soit ? Probablement que non… ce qui est plus désarmant et désagréable encore. Dominer des terres dont il ne parviennent pas même à comprendre la nature et la logique… Autant réduire le tout à feu et à sang et trôner sur des brasiers… s’il en avait seulement le pouvoir. Alors qu’ils s’arrêtent devant la station, Morgoth laisse à Sauron le soin de quitter le véhicule et patiente… Sauf que Sauron, à l’extérieur de la voiture, semble… étrangement figé. Voilà qu’il ne bouge plus, planté là comme une statue de pierre. C’est après plusieurs minutes que, dans un soupir agacé et impatient, Morgoth consent à quitter le véhicule pour comprendre ce qui se passe. Un coup d’œil à la station éclairée au néon lui suffit à comprendre que cette dernière est déserte.
"Qu’est-ce que tu attends ?" demande-t-il froidement, indifférent, pour commencer, à cette étendue herbeuse qui semble avoir jailli à quelques mètres, haute et attirante, focalisé avant tout sur son serviteur qui lui paraît… légèrement extérieur à elle -même. "Il n’y a personne, et alors. On se sert et on y va", soupire-t-il comme si c’était le cœur du problème. Devoir quoi que ce soit à qui que ce soit est de toute façon une aberration aux yeux du premier seigneur noir. "Ne perdons pas plus de temps…"
Cette dernière phrase est presque prononcée à mi-voix, comme interrompue par ce qu’il a le sentiment d’entrapercevoir plus loin. Du mouvement, dans les herbes, comme si quelque chose – plus probablement quelqu’un – se frayait un chemin à travers les herbes hautes.
"Dépêche-toi", ordonne-t-il d’un ton plus sévère sans pourtant quitter ces herbes hautes des yeux. Lui aussi se sent attiré par elles, irrésistiblement… Lui aussi caresse la volonté d’aller y voir de plus près.
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Dim 27 Nov - 1:55
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31 OCTOBRE 2022 ▴ QUELQUE PART ENTRE L’ÎLE ET UN VASTE CHAMP DE HAUTES HERBES, PRES D’UNE STATION-SERVICE, EN PLEIN CŒUR DU NEVADA (USA).
CHAMP DES HAUTES HERBES.
« Qu’est-ce que tu attends ? » Qu’est-ce qu’il attend, oui… C’est une très bonne question. Lui-même ignore ce qu’il attend vraiment de cet endroit. La voix froide et autoritaire de Morgoth le tire de ses pensées noires et impénétrables. Cette voix si méchante mais à la fois si chaude le dévie momentanément de cette fixation malsaine pour les hautes herbes qui se dessinent dans un immense champ à perte de vue, bien au-delà de la route. Il ne répond pas à Morgoth, ce dernier reprend alors, apparemment agacé, une fois à sa hauteur : « Il n’y a personne, et alors. On se sert et on y va. » Sauron demeure une fois encore étrangement muet. En vérité, il n’écoute pas complètement ce que lui dit son aîné en bien des aspects. Il est distrait par ce paysage, qui se trouve être presque trop beau pour être vrai. Morgoth s’impatiente comme à son habitude, mais se heurte au silence glaçant de son jeune serviteur. « Ne perdons pas plus de temps… » Morgoth semble avoir enfin compris quelque chose. Sauron sourit. Un mince rictus orne lentement ses lèvres minces, au moment même où la voix du premier Seigneur noir s’élève pour le rappeler à l’ordre avec ce qui s’apparente plus comme un chuchotement. Sauron apprécie l’idée que son maître se laisse également convaincre par ce mystérieux phénomène particulièrement attractif, juste devant eux. A quelques mètres seulement. Il suffit juste… de traverser la grande route, déserte et terne, et de pénétrer dans ce champ vert forêt. Morgoth observe à son tour ces hautes herbes dominant tout un pan du paysage du Nevada. Quelque chose les interpelle tous les deux, comme une présence. Une ombre étrange, peut-être même familière, qui se glisse dans les herbes. Un mouvement rapide, trop furtif pour être pleinement analysé par deux puissants sorciers aux pouvoirs déclinants. Il sent une présence, une voix l’appelle dans un coin de sa tête. Sans sa magie, ce n’est que pure folie que de s’aventurer dans un endroit aussi… mystérieux. Sans protection. Mais… Quelque chose l’attire inexorablement là-bas, dans les hautes herbes. Il doit savoir. L’Anneau Unique se trouve probablement là-bas… Sauron est persuadé que son anneau s’y trouve. Il doit le trouver, il doit le saisir dans la paume de sa main, il doit retrouver toute sa puissance et ne plus craindre personne. Pas même Morgoth.
D’un seul coup, les rayons du soleil lui semblent plus brillants, dans le ciel. L’odeur d’essence qui empeste la station-service lui semble même très attirante, tout comme celle des friandises et des chips salées qui émanent des rayons garnis du petit commerce de passage. Le grincement énervant et répété de la porte du frigo, à moitié ouverte sur des cannettes de Red Bull, de Mountain Dew ou de Doctor Pepper ne le dérange même plus. (placement de produits bonjour) Les cris des oiseaux qui rôdent au-dessus de leurs têtes ne l’interpellent pas le moins du monde. Non… Rien n’est en mesure de le détourner de sa route. Sauron ignore pourquoi ses oreilles ou même ses yeux sont plus sensibles que ceux de son maître bien-aimé, pourquoi les hautes herbes l’appellent avec plus de conviction et de séduction… Peut-être parce que contrairement à Morgoth, il a perdu quelque chose. Il recherche quelque chose de très précieux. Il est dévoré par la pensée de l’Anneau Unique au bout de son doigt. Jour et nuit. Ses pensées convergent toutes vers ce bout d’or fin. Morgoth lui ordonne de se dépêcher. Même le ton sévère et autoritaire de Morgoth ne parvient pas à dissiper cette rage, et encore moins ce besoin irrésistible de conquérir ces satanées hautes herbes.
« Non. » chuchote-t-il, ses lèvres asséchées se mouvant très lentement. Enfin, Sauron daigne répondre à son maître. Enfin, sa voix gronde à son encontre. Un murmure, dans un premier temps, qu’il répète fortement pour que les oreilles de Morgoth n’y échappent pas : « Non. » Non, il ne se dépêchera pas. Non, il n’ira pas se servir. Non, ils ne repartiront pas. « Sers-toi, si tu veux. »précise-t-il, sans même un regard pour son maître ou bien l’intérieur de la station-service déserte, qu’il dédaigne d’un mouvement léger de la main gauche. Sauron s’appuie plus fortement sur le coin de la porte à l’aide de son autre main, enroulant même ses doigts autour des vis rouillées avec une étrange possessivité. « Prends ce que tu veux. » Sauron s’en moque. Il ne le dit pas, mais son attitude désinvolte le fait à sa place. Nul besoin de mot, alors que son regard bleuté s’obstine à fixer ces grandes étendues d’herbes vertes. « Je dois… régler quelque chose avant... » En personne, sans Morgoth. Il doit aller là-bas. Quoique dise Morgoth, quoique Morgoth fasse. « Nous ne partirons pas. »grogne-t-il en réponse, menaçant et froid. Un peu trop froid, d’ailleurs. « Nous n’irons nulle part. » répète Sauron, trop machinalement pour être parfaitement conscient de ce qui s’échappe de sa bouche figée. Ces mots sonnent comme une menace. Un avertissement, précisément. Sauron est déjà sous l’emprise de ces hautes herbes. (un comble pour un manipulateur) Morgoth y sera moins sensible, car il n’est pas fragilisé comme peut l’être son serviteur. Sauron a besoin de quelque chose d’infiniment précieux. Sauron regarde un point devant lui, indifférent aux rayons éblouissants du soleil d’or, ou à la brise de vent venant faire virevolter ses mèches légèrement bouclées. Indifférent même à la présence de son maître et amant à sa gauche. Tout près de lui. Morgoth lui parle en cherchant à attirer son attention, mais tout ce qu’il récolte, c’est une froideur polaire. (comment il va se faire défoncer en représailles celui-là, je le sens) Sauron observe l’horizon, fasciné par la couleur verte vibrante des herbes. Un étrange voile recouvre bientôt ses orbes bleu océan, ce n’est ni de la tristesse ni de la colère et encore moins du désir, c’est… autre chose de plus insidieux. « Il faut entrer. »Non, il ne faut pas, mais Sauron l’ignore encore. Ce sont ses dernières paroles, avant qu’il ne se mette à marcher d’un pas conquérant le long de la place, en contournant leur énorme 4x4 américain de marque Range Rover, gris métallisé, jusqu’à traverser la route. Il ne regarde ni à droite ni à gauche. Personne ne l’écrasera. Sauron le sait, le sent. Les herbes le protègent, les herbes veulent lui rendre son bien matériel le plus précieux. Le voilà devant elles. Quelques millimètres seulement les séparent… Oui, il faut y aller. Il meurt d’envie de les toucher. Il le fait du bout des doigts, savourant la fraîcheur des herbes humides avec leur pulpe, de longues secondes, avant de glisser une main, puis le bras au fin fond de ce champ maléfique. Trop tard.
Il y a pire au monde que de ne pas être entendu. Et c’est de ne pas être écouté. En cet instant, Sauron ne l’écoute pas, comme mu par une autorité qui n’est pas la sienne, une autorité que Morgoth ne saurait tolérer puisqu’elle n’est justement pas la sienne. Son intuition lui dicte de s’en aller au plus vite et de reprendre la route… Cette intuition entre en conflit avec cet autre instinct qui lui semble comme lui susurrer de répondre à l’appel de ces étendues de hautes herbes immenses, dans lesquelles il serait probablement possible de se perdre des heures et des heures durant. Cet appel, il semble que Sauron l’entende aussi, plus distinctement encore que lui, et en cet instant, son plus fidèle serviteur, celui qui devrait ne jamais contester ses ordres, semble bien plus intéressé par ce qu’il pourra découvrir dans ces étendues verdâtres que par le fait de lui plaire et de lui obéir. Peu importe ce vers quoi veut les guider cette ombre invisible qui agite l’herbe à la manière d’une brise légère, c’est une sirène à l’appel duquel il est plus que préférable de ne pas répondre. Et pourtant. Pourtant... Ses ordres, son influence, ses injonctions ne suffisent plus, et la colère que Morgoth contient au moment de s’entendre opposer, à deux reprises, un « non » tel que son serviteur ne devrait ô grand jamais avoir l’audace de lui adresser, atteint alors des seuils dangereux.
C’est tout ce que Morgoth a toujours redouté depuis l’instant où il a réchappé du Vide pour se retrouver dans ce monde particulier. Ces changements, notables, chez Sauron, il les avait clairement remarqués, déjà, mais c’est la première fois qu’il constate véritablement l’ampleur de ces derniers. Morgoth ne semble plus être aux yeux de son serviteur qu’un poids chevillé à son âme et à son cœur, dont il avait probablement été soulagé, tout compte fait, d’avoir été débarrassé en même temps qu’avait péri son maître. Il peut bien faire preuve d’obséquiosité, prétendre encore lui adresser respect et déférence, les informations s’enchaînent qui toutes pointent d’un doigt accusateur le comportement de Sauron. La grossesse de Samantha Twombly, ces ordres auxquels il choisit délibérément de désobéir… c’est trop pour Morgoth, plus encore quand Sauron se permet à présent de donner des ordres à sa place. Que son ton soit machinal, qu’il semble excessivement absorbé, pour ne pas dire hypnotisé, par quelque chose d’invisible se tramant au loin ne justifie pas un comportement que le Maître ne saurait tolérer de la part de celui à qui, peut-être, il a trop concédé. En lui offrant son amour, il lui a servi sa faiblesse sur un plateau d’argent. A présent, c’est comme s’il n’avait plus de cesse que de l’exploiter, encore et encore, et il n’en est pas question.
"Ça suffit, Sauron."
Sa voix est caverneuse, son ton directif, brutal, sans appel, mais elle ne suffit pas à interrompre Sauron dans sa marche alors que ce dernier a traversé la route déserte pour rejoindre enfin l’étendue d’herbe humide. Morgoth pourrait s’inquiéter du comportement de Sauron, et de ce qui éventuellement l’attendra, où il se précipite, mais c’est la rage qui domine en cet instant ses pensées et son jugement, bien plus que la crainte – une crainte qu’il ne tolère pas de ressentir. De la rage à l’état pur, et absolument rien d’autre. Il veut se faire obéir, il veut entendre son serviteur s’excuser platement pour son attitude indécente. Morgoth ne veut pas se rabaisser à quelque chose d’à ce point avilissant en allant lui-même chercher Sauron. Mais conscient du fait que ce dernier ne l’écoutera pas, et ne reviendra pas sur ses pas, il admet également qu’il ne lui laisse pas véritablement le choix. En l’extirpant de ce champ, Morgoth le tirera aussi de ses mauvaises habitudes. Il le confrontera à son insoutenable insolence. Au nom de tout le respect qu’il a su lui adressées, de toutes les libertés qu’il lui a, dans sa grande mansuétude, octroyées, il mérite bien mieux que ce qu’il obtient en cet instant. Aucune magie extérieure, aucun événement surnaturel ne saurait justifier un comportement qu’il lui fera payer au centuple. Pour sa froideur, l’injustice de ses propos, son impertinence crasse, il le punira dans des propensions qu’il n’avait pas connues autrefois, et que son corps, plus humain à présent qu’il ne l’était autrefois, ne saura endurer qu’avec la plus grande et la plus douloureuse difficulté. D’un pas ferme et décidé, Morgoth traverse donc à son tour la route, et quand il pénètre également l’étendue d’herbe, il ressent plus profondément que jamais un appel qu’il s’efforce de négliger pour retrouver la trace de Sauron. Difficile d’y voir à plus d’un mètre – et encore, c’est une estimation généreuse. Il doit se fier à ce qu’il entend pour rejoindre de ses pas ceux de son serviteur. Quand il se retrouve dos à lui, il l’agrippe avec fermeté et lui fait une clé-de-bras, la tête posée sur son épaule, son souffle brûlant de colère tout contre son cou.
"J’en tolère toujours davantage de ta part", observe-t-il d’une voix trop douce pour ne pas être menaçante. "Mais c’est fini. Tu ne me donnes pas d’ordre. Tu ne décides pas pour nous. Tu n’es pas le maître en ces lieux", ajoute-t-il avec autorité, tirant si fort sur son bras qu’il menacerait presque de lui déboiter l’épaule. "Est-ce que je me fais bien comprendre ?"
Si ce n’est pas assez clair, il s’évertuera à rendre son propos plus limpide encore. Tout acte d’insubordination se doit d’être sévèrement puni. Sans exception aucune. Il veut l’entendre supplier, remettre ses idées en place et réclamer son pardon avec toute l’humilité qu’il lui doit très naturellement, mais alors qu’il s’évertue à lui imposer son autorité, un écho lointain, comme un rire, à peine plus loin, captive son attention et le détourne temporairement de ses objectifs.
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