Le Grinch est de sortie [ RP Regina ]

Si on ne connaissait pas Jackson alors on pouvait croire qu'il avait un cœur trop petit pour être gentil et avoir de la compassion pour les autres. Il faisait toujours comme s'il n'en avait rien à faire des autres et les prenait de haut pour pouvoir se sentir, lui, au-dessus alors qu'il savait pertinemment qu'il était celui qui ne valait rien. Après tout, il était seul, personne n'était disposé à l'aimer certainement parce qu'il ne méritait pas de l'être. Même ses parents biologique n'avaient pas eu le temps de le connaitre, et si ça avait été le cas ? Est-ce qu'ils auraient vraiment pu aimer un enfant comme lui ? Il était... cassé. Il ne savait pas si ça venait de sa naissance post-mortem, son adoption, son caractère... le fait qu'il ait toujours été pété de thunes. C'est sûr que si l'affection pouvait être compensé par l'argent alors il serait loin de se sentir malheureux.

Jackson était tellement seul et amer qu'il en arrivait au stade où il souhaiterait détruire le bonheur des autres juste pour les voir aussi déprimés que lui. C'était totalement égoïste, il le savait certainement mieux que quiconque, mais lorsqu'on est au fond du trou, qu'est-ce qu'on est dégoûté et envieux de voir les autres contents, en couple, si satisfait de connaitre le bonheur alors que lui tout ce qu'il avait c'était des billets verts à la con. Il trainait dans la ville, ne bouteille d'alcool à la main sans but particulier. Quel but pourrait-il avoir, franchement ? L'amour n'était décidément par pour lui et ce n'était pas son argent qui allait lui acheter ce dont il avait vraiment besoin. Il était finalement arrivé sur la plage et n'avait pas pu se retenir en voyant un couple d'amoureux se tenir la main.

- Y'a des hôtels pour ça ! De toute façon, elle se barrera avec la moitié de ta thune et ton cœur avec...

à deux de rajouter "toutes les mêmes" mais ce n'était pas une femme qui avait laissé son cœur se briser, tout comme Ethan n'était même pas parti avec la moitié de son blé alors que franchement, il lui aurait tout donné pour qu'il ne parte pas. Ridicule quand on pense que c'était son égo qui l'avait empêché de partir avec lui, que voulez-vous, il était bête ! Le couple partit rapidement, comme si Jackson les avait effrayé et il ne voyait vraiment pas pourquoi ! Il ronchonna et repartit vers la mer, sa vue se brouillant, après quelques pas, il tomba à genoux devant cette immensité qui n'était que factice dans ce monde mais qui suffisait à le noyer. C'était ce qui arrivait lorsqu'on avait du mal à garder la tête hors de l'eau, combien de temps au juste pourra-t-il continuer ainsi ? Jusqu'à ce qu'il retrouve ses pouvoirs ? Et ensuite ?

Il termina de s'écrouler sur le sable, tombant dans un sommeil profond.

Regina ne sortait que très peu. Elle n’avait aucune envie de se faire des amis, encore moins de risquer de tomber sur d’anciens habitants de Storybrooke si, par hasard, certains s’étaient comme elle retrouver ici. Néanmoins, toujours attentive à ce que son corps reste en bonne santé, elle allait parfois se promener au bord de cette mer factice qui bordait la ville. Les rochers à nu, le sable humide, l’écume blanche qui s’envolait dans le vent lui rappelaient les côtes du Maine où elle emmenait parfois Henry quand il était encore petit. Enfin, quand il l’aimait encore plutôt. Ici, cependant, elle préférait nettement le faire le soir, là encore pour éviter au maximum de rencontrer qui que ce soit. Elle songeait à sa vie passée et à son absence de vie future, détestant cordialement cette ville et tout ce qu’elle représentait :absence de pouvoirs, solitude, ennui. Et la liste n’était pas exhaustive. Elle en aurait presque souhaité récupérer ses pouvoirs pour redevenir la Méchante Reine et s’amuser à répandre la terreur à nouveau. Au moins, cela l’aurait occupée et, qui sait, divertie même.

Perdue dans ses pensées, habituée à se retrouver seule sur la plage en ces heures indues, elle ne prenait pas garde à où elle mettait ses pieds. Tout à coup, elle se cogna contre une masse s’étirant en travers de son chemin et s’étala de tout son long, le visage dans le sable. Sa fierté sérieusement éborgnée, elle se releva en crachant les minuscules particules de quartz et en maudissant le crétin qui avait laissé trainer elle ne savait trop quoi derrière lui. Par curiosité, elle jeta un coup d’œil dessus et se rendit compte qu’il s’agissait d’un être humain, visiblement endormi. Enfin, jusqu’à sa rencontre impromptue avec son pied droit dans les côtes au moins. Du moins espérait-elle que ce soient ses côtes. Elle grimaçait en imaginant que ses chaussures aient pu se retrouver en contact avec certaines parties de l’anatomie de ce qui ne pouvait qu’être un clochard à dormir ainsi en plein air au vu et au sus de tout le monde.

Elle tenta de s’éloigner le plus discrètement possible. A l’odeur qui se dégageait du corps, il devait en plus être bien alcoolisé. Et, franchement, elle n’avait aucune envie de rajouter à la longue liste de tout ce qui la mettait en boule depuis quelques années, un loqueteux la poursuivant de ses propos avinés sur une plage déserte. Dans l’obscurité, elle ne vit pas la bouteille qui traînait à côté de lui et, dérapant dessus, elle perdit l’équilibre à nouveau. Atterrissant cette fois-ci, fort peu gracieusement, sur son arrière-train avec un gémissement douloureux. Elle ne put se retenir de le faire suivre d’un cri de rage étranglé. Que ne donnerait-elle pas pour pouvoir à nouveau tout faire brûler autour d’elle dans des moments pareils !

écroulé en plein milieu de la plage, probablement pas loin de se faire ensevelir sous les flots dès qu'il y aurait la marée, c'est sûr que ce n'était pas le meilleur endroit pour piquer un somme. Ce n'était pas une de ses plus brillantes idées de se balader alors qu'il était complétement bourré. Il aurait mieux fais de rester chez lui et tomber de haut de son balcon. Propre. Sauf pour la personne à qui appartenait la voiture en-dessous évidemment. Mais non, il fallait qu'il soit étalé sur cette plage bloquant ainsi le passage et se prenant facilement dans les pieds des passants qui ne l'avaient pas remarqués. Fort heureusement, il n'y avait pas grand monde qui passait par ici surtout à cette heure de la journée, il était fort possible que personne ne le remarque même avant que le soleil ne se lève.

C'était sans compter que Regina, qu'il ne connaissait pas encore. Il ne se réveilla même pas lorsqu'elle le heurta et s'étala de tout son long. Non, il eut à peine un grommellement, perdu dans sombres pensées de son inconscient alcoolisé. Ce ne fut que lorsqu'il y eut ce cri de rage juste à côté de lui qu'il sursauta et se redressa finalement. Il mit du temps à réagir et comprendre que ce qu'il sentait sur son visage actuellement était le sable qui s'était collé à peu trop fort à sa peau. C'était un peu douloureux mais l'alcool faisait encore son affaire donc ce n'était pas si grave, il passa juste sa main dessus pour faire partir le plus gros dans ce qui ressemblait à un soupir. C'est là qu'il reporta son attention sur ce qui l'avait réveillé : une femme aux cheveux bruns en train de fulminer comme si le monde était contre elle.

- C'était pas votre journée, on dirait...

Se permit-il de dire tout haut alors que son ton ne laissait en rien douter de son taux d'alcool en ce moment même. Il n'avait même pas encore compris que si la pauvre était dans cette état c'était sa faute. Il se massa les côtes, il avait étrangement mal alors qu'il ne se souvenait pas s'être battu. En même temps, il fallait bien avouer qu'à force de boire, il avait quelques trou de mémoires, donc était-ce vraiment surprenant au fond qu'il ne se souvienne pas d'une potentielle bagarre.

- J'vous aurais bien filé un coup, mais j'crois que j'ai tout bu...

Elle était passé où sa bouteille, d'ailleurs ?

Non mais quel crétin ! Était-il si imbibé qu’il n’avait même pas senti qu’elle avait trébuché sur lui ? Elle en eut soudain plus qu’assez de se retenir depuis des années dans ce monde pourri. Elle sentit sa colère enfler au-delà du raisonnable et neut aucune envie de la maîtriser. Elle ne savait pas qui était l’idiot sur lequel elle était tombée et elle s’en contrefichait. Par contre, lui, il allait bientôt la connaître et apprendre à ne pas se trouver sur la route d’une ancienne Méchante Reine doublée d’une des sorcières les plus puissantes, de son monde à tout le moins !

- Espèce de déchet humain ! Il faut en être descendu où pour cuver en plein milieu d’une plage comme cela ? C’est de votre faute si je suis tombée ! Et de la faute de votre bon sang de bouteille si j’ai réitéré ! Et vous croyez que je voudrais vous accompagner dans votre beuverie ?

Elle poussa un cri de rage et le projeta à quelques mètres d’un mouvement sec de la main avant de lui roussir les poils d’une boule de feu volontairement lancée à quelques centimètres à peine de sa carcasse. Elle s’était retenue au dernier moment de la lui envoyer en pleine face. Même dans ses plus mauvais jours dans la Forêt enchantée, elle n’avait jamais tué un inconnu sous le coup de la colère. Torturé, oui, mais pas tué. Il fallait bien se mettre quelques limites tout de même.


Après un dernier regard de dédain sur la masse affalée au sol, elle tenta de se relever, ce qui s’avéra difficile avec des talons aiguille sur une plage. Qu’est-ce qui lui avait pris à elle, aussi, d’aller se promener au bord de la mer en pleine nuit avec de telles chaussures ? En dehors du fait qu’elles étaient extrêmement malcommodes pour une telle expédition, elles faisaient aussi parties de ses préférées et il y avait fort à parier qu’elle les avaient définitivement abimées. Elle les arracha presque de ses pieds avant de se redresser enfin. Elle soupira de soulagement et fit demi-tour pour rentrer chez elle. Elle n’avait pas fait un pas que son pied droit glissa à nouveau sur la fichue bouteille que le poivrot avait laissé trainer là. Eh merde ! Dans sa colère et sa hâte de quitter cette plage maudite, elle l’avait oubliée celle-là. Elle se retrouva à quatre pattes sur la plage, sa dignité et sa cheville droites définitivement mises à mal.

Jackson ne réagit pas tout de suite lorsque la dame commença à lui gueuler dessus comme du poisson pourri. En fait, il la regarda de son air d'ivrogne ahuri, le temps que les informations circulent jusqu'à son esprit perdu dans un épais brouillard d'alcool et d'autres trucs. Il entendait juste une femme gueuler, ou en tout cas s'énerver sur lui, et elle avait certainement des raisons pour cela. Le truc c'est que tout le monde n'était pas du genre à s'énerver pour cela, il y avait ceux qui passaient leur chemin comme s'ils n'avaient rien vu, ceux qui avaient pitié et se demandaient ce qu'il avait fais dans sa vie pour en arriver là. Mais l'engueuler ? Il fallait déjà un sacré tempérament plein d'amertume, comme le sien. Mais avait-il vraiment l'esprit assez claire pour y réfléchir ? Il fit enfin le lien entre la bouteille et la colère de la dame.

- Oh, d'accord... Donc t'avais toute la plage pour toi, et il a fallu que tu tombes sur moi, ça c'est vraiment pas de chance quand même.

Il remarqua à peine la boule de feu passer près de lui, ou plutôt, à retardement, comme le reste, il se contenta de cligner des yeux béatement. Certes, c'était passer à un cheveu, mais ce n'est pas comme s'il tenait à la vie de toute façon. Pas pour le moment alors qu'il n'avait absolument plus rien qui comptait dans la vie, et qu'il se retrouvait à boire comme un trou pour oublier. Il ne savait même pas comment il était arrivé jusqu'à la plage parce que dans son souvenir, il était censé boire quelque part, ne serait-ce que chez lui. Il se redressa et tituba un instant, voyant que la dame partait mais qu'elle n'avait pas fais attention à la bouteille par terre, un phénomène étrange ce produisit et il réussit par un réflexe inexplicable à la rattrapé dans sa chute. Il en était le premier surpris.

- Wow... vous êtes super légère.

Ou alors il ne sentait plus sa force. Quoique, avec l'alcool, il ne devait pu sentir grand chose tout compte fais. Il la remit doucement sur ses pieds, n'ajoutant rien et se doutant qu'elle n'allait pas tarder à se remettre à crier, surtout si elle était effectivement comme lui et que son ego devait être blessé devant l'embarrassement de la situation.

Mais de quel droit cet alcoolique se permettait-il de poser ses sales pattes sur elle ? Elle se fichait pas mal de ses tentatives de jouer au sauveur. Elle était parfaitement capable de s’en sortir seule. Au pire, elle aurait fait appel à sa magie en dernier recours. Et il croyait quoi, qu’il lui faisait un compliment en lui parlant de sa légèreté ? Elle allait lui en fiche de la légèreté, tiens ! En un tour de main, Regina se transforma en une magnifique jument à la robe ébène, l’arrière-train soigneusement installé sur le malotru. Néanmoins, à peine avait-elle accompli sa transformation que la partie équine de son cerveau manifesta très clairement des signes de panique instinctive. Aussi décida-t-elle de ne pas faire durer la « punition » plus longtemps. Elle se redressa et s’éloigna de quelques enjambées avant de redevenir humaine. Il y avait quelque chose de non-humain dans ce personnage et plutôt du côté prédateur.

Regina l’observa autant que cela était possible sur une plage en pleine nuit avec une lune gibbeuse comme seul éclairage. Il avait l’air parfaitement humain. Mais, après une jeunesse passée dans la Forêt enchantée, elle savait parfaitement que toute une collection de monstres pouvaient se dissimuler derrière les apparences les plus anodines.
- Vous êtes quoi, exactement ? Non pas que cela m’intéresse infiniment mais vous avez gâché ma tranquillité de toute façon alors si vous pouvez m’aider à lutter un peu contre l’ennui, ce sera toujours ça de pris.

Libre à lui de lui répondre ou pas mais elle était censée être sur la voie de la rédemption après tout. Alors si elle pouvait aider une autre âme en peine à lutter contre ses démons… Elle ne pouvait cacher qu’elle méprisait ceux qui se laissaient entraîner dans l’alcool ou la drogue sous prétexte que leur vie n’était pas facile. Pourtant, plus elle y songeait, plus elle réalisait que son rapport avec la magie n’avait pas été si éloigné que cela d’une addiction. Elle en avait usé et abusé toujours plus, jusqu’à s’y perdre et à y sacrifier des êtres auxquels elle tenait.

Jackson ne comprit pas tout de suite ce qu'il lui arrivait, la seconde d'avant, il était en train de tenter de faire en sorte que la dame ne se casse pas la figure et la seconde d'après, il était écrasé par un croupion très chevalin, et là effectivement, il sentait bien que ce n'était pas si léger. Cela lui écrasait la poitrine au moins autant que lorsqu'il songeait à Ethan et les regrets qu'il avait. Toutefois, ça ne dura pas longtemps et peu après, le cheval avait repris forme humaine, le regardant toujours comme s'il était un cafard sur son chemin, mais avec pourtant un certain intérêt, il ne comprenait vraiment pas pourquoi cependant, n'ayant rien fais d'extraordinaire, et il était certain que ce n'était pas le fait qu'il soit alcoolisé au point de s'écrouler sur une plage qui l'intéressait. Il fut surpris par sa question.

- Ce serait pas plutôt à moi de poser la question ?

Il n'avait quand même pas rêver que la dame venait de se transformer en cheval, on est d'accord ? Il voulait bien être un peu alcoolisé et réagir à retardement, mais il n'avait rien pris au point d'avoir des hallucinations et il n'était pas encore fou. Quoique. Et si finalement, il était en train de discuter tout seul et qu'elle n'était qu'une manifestation de son imagination pour lui faire comprendre qu'il picolait trop ? Il était certain que c'était possible, et ça se trouve, des gens étaient en train de le voir parler tout seul. Mais bon, vu qu'elle n'avait pas l'ait de l'engueuler, même si elle ne savait pas encore trop si elle s'intéressait à lui ou pas, il valait mieux lui répondre même si elle n'était pas réelle.

- Ce que je suis... Comment ça ? Qu'est-ce que vous avez vu ?

Ce qu'il était, il aurait tendance à répondre qu'il était avocat, mais il avait bien l'impression que ce n'était pas la réponse attendue. Qu'est-ce qu'elle avait vu ? Ou ressentie ? Peut-être lorsqu'elle était en cheval ? Il faut dire que depuis un certain temps, il avait un doute, ses absences, son mal-être, tout semblait reprendre forme comme la dernière fois que le Kanima s'était manifesté, mais n'était-il pas censé avoir perdu ses pouvoirs ? Une panique soudaine s'empara de lui, si bien que des écailles apparurent sur sa peau, bien que rapidement, car il luttait contre cette forme, en tout cas lorsqu'il était conscient.

- Je ne suis plus totalement humain... mais j'ai perdu mes pouvoirs en arrivant ici.

Regina prit sur elle pour se calmer et répondre un tant soit peu calmement à l’individu qui venait de la faire chuter par deux fois et l’interpellait comme s’ils avaient élever des cochons ensemble. Elle avait été reine après tout et une reine se devait de garder son sang froid en toutes circonstances. Même si on ne pouvait pas dire que son règne avait été particulièrement marqué par sa capacité à garder ses impulsions sous contrôle. Eh bien, justement, elle essayait de changer depuis quelques temps, c’était une occasion comme une autre.

- Même si je ne cous dois aucune explication, je veux bien vous en accorder une. Je suis humaine, totalement. Il s’avère juste que je maitrise la magie et je n’hésiterai pas à en faire usage à nouveau si vous continuiez à vous montrer à ce point irrespectueux avec moi !

L’individu en face d’elle semblant avoir été bien calmé par sa démonstration chevaline, elle prêta un peu plus attention à lui. Il paraissait déstabilisé par sa question, comme s’il ne savait pas lui-même ce qu’il était réellement ou ce dont il était capable. Ou peut-être cherchait-il juste à l’induire en erreur. Sa méfiance automatique revenait toujours à la charge dans des situations où elle sentait qu’elle ne maitrisait pas tout. Elle devait en apprendre plus sur lui afin de calculer le degré de dangerosité qu’il présentait. Elle ne pourrait s’en aller en toute tranquillité sur un terrain aussi malcommode à arpenter qu’une plage avant d’être sûre de ne pas se faire attaquer par derrière.

- J’ai senti un prédateur en vous, au sens animal du terme. Ou, du moins, la jument que je fus durant quelques minutes l’a senti. Qu’êtes-vous vraiment ?

Regina se tendit quand elle l’entendit confirmer qu’il n’était plus vraiment humain. Il en avait donc conscience mais il pensait visiblement ne plus avoir de pouvoir. Elle pouvait admettre la chose. Elle-même commençait à peine à récupérer les siens et elle n’en avait pas eu conscience dès le début. Seule une maîtrise de la magie acquise sur des décennies avait d’ailleurs permis que cela se fasse sans imprévu catastrophique. Elle se retint de sursauter en voyant des écailles recouvrir la peau de son vis-à-vis. En effet, il n’était définitivement pas humain, au moins pas totalement.

- Vous ne savez donc pas que les pouvoirs reviennent petit à petit, totalement par hasard dans cette ville maudite ? Vous devriez faire attention, selon ceux que vous possédiez, une réapparition inattendue pourrait se révéler dangereuse pour vous ou pour votre entourage. Lesquels possédiez-vous ? y a-t-il quelqu’un que je puisse avertir pour qu’il puisse vous aider durant leur réapparition ?

Bien qu'elle ne lui devait rien, elle répondit tout de même à sa question, c'était assez amusant à vrai dire. Il avait effectivement affaire à une reine, ça se voyait dans son caractère, en tant normal Jackson avait quasiment le même, à part que lui le faisait exprès pour tenir les gens loin de lui et c'était plutôt efficace. Depuis Ethan, il ne laissait personne entrer dans sa vie, c'était trop dur. Il savait être un bon avocat, il savait être la perfection, mais il ne savait pas être juste un humain avec des sentiments. Il s'était laissé dévorer par ses démons, il avait abandonné et s'était mis à picoler pour oublier. Il n'était plus qu'une épave, pas étonnant qu'il se soit échoué sur la plage. Il ne s'attendait certainement pas à se retrouver devant une femme capable de se transformer en cheval.

- Navré si je me suis montré irrespectueux, vous prendrez en compte le fait que je ne suis pas exactement moi-même, mademoiselle.

Entre l'alcool et le Kanima qui se manifestait visiblement, il n'était effectivement plus tout à fait lui-même et il ne savait pas lequel mettre la faute. À moins que ce soit un mélange des deux, il est vrai que s'il avait été dans un état un peu plus normal, alors il l'aurait peut-être envoyé bouler, mais de façon plus respectueuse et digne, elle l'aurait mal pris, mais au moins, elle saurait que ce n'était pas parce qu'il était irrespectueux, mais juste qu'il était un connard. Il s'en fichait de toute manière, ce n'était pas comme s'ils allaient être amené à se revoir, n'est-ce pas ? à part possiblement dans le cadre professionnel, mais est-ce qu'elle ferait appel à lui comme avocat alors qu'il n'était même plus en état de travailler ?

- Je... suppose que je suis un prédateur, je ne peux pas le nier.

À mesure qu'elle lui expliquait ce qu'elle avait ressenti par rapport à lui, mais aussi que les pouvoirs revenaient au fil du temps, il sentit une masse de plomb lui tomber dessus. Lui qui pensait ne pas tomber plus bas, il avait peut-être des soupçons, mais il espérait tellement que ce soit faux. Ça ne l'était pas, il retrouvait ses pouvoirs de Kanima comme la dernière fois, et cette fois encore, il n'avait aucune idée de comment le contrôler. Il n'était plus un loup pour le moment et il n'avait plus d'ancre. Son cœur vacilla, mais il essaya de garder une certaine contenance, il eut un sourire de dépit alors qu'elle lui parlait d'entourage, ou de prévenir quelqu'un. Pensait-elle qu'il serait là s'il avait quelqu'un qui se souciait de lui ?

- Ah... il ne manquait plus que ça. Non, je ne savais pas que les pouvoirs pouvaient revenir, j'aurais aimé le savoir, même si ça ne change pas grand-chose. Je suis... un monstre. Ça s'appelle un Kanima, un truc avec des écailles, des dents acérés et une queue, du venin paralysant aussi. Et non, je n'ai personne, ni à prévenir, ni à protéger, alors à moins que vous vouliez être celle qui me tue, je crois que je vais retourner chez moi...