(abandonné) (( you were my salvation )) ✧ – perséphone x eurydice –
Jean Duran
▿ Ton univers : Casino Royale ▴ James Bond
▿ Date de naissance : 16/11/1984
▿ Age : 40
▿ Métier : Chef secret de SPECTRE et de QUANTUM ▴ Comptable ▴ Criminel international ▴ Joueur de poker mondialement connu ▴ Directeur et propriétaire du « Casino Royale », — un établissement très VIP dédié aux jeux d’argent et aux plaisirs des plus riches de la ville
28. 08. 2022 ▴ PARC DE L’UNIVERSITÉ MARSHALL, HOGWARTS PLACE
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Un an déjà. Cela fait des mois que son cœur se meurtri peu à peu de son absence. Une absence déchirante en tous points de vue. Quoique puisse dire sa mère, Demeter, sur la question – Perséphone s’ennuie de son mari. De son Dieu. Ses ténèbres et sa lumière. Il incarne tout sur Terre à ses yeux, et pourtant, elle ne cesse de le fuir. Constamment. Les circonstances de leur mariage et de la naissance de leur amour sont assez discutables. Perséphone se souvient d'avoir été une jeune fille particulièrement naïve, idéaliste et romantique, avant de sombrer dans l’obscurité, le chagrin, la dépendance, la violence et même l’obsession. Elle a aimé la nature, voir les fleurs et les plantes grandir, accompagner la récolte aux côtés de sa mère, déesse de l’agriculture. Perséphone est sa digne héritière, une déesse des récoltes, du printemps et de l’été. Une déesse joyeuse. Huit mois dans l’année, avant de plonger dans les abymes profondes du royaume des Morts – là où rien ne vit, là où rien n’existe, là où la vie n’est plus et où les Morts sont Rois. Perséphone n’est pas hypocrite en disant apprécier plus que tout la vie en extérieur. Les Enfers peuvent être… si morbides. Sombres, froids et humides. Seule la présence d’Hadès la réchauffe. Mais celle-ci n’est jamais suffisante. A vrai dire, ses sentiments envers son époux sont plutôt contrastés et contradictoires. Une part d’elle se réjouit de l’amour obsessionnel et malsain qu’il semble lui porter, tandis qu’une autre part l’a en sainte horreur. Elle le fuit, autant qu’elle le peut. Huit mois par an, aux côtés de sa mère, Demeter. Elle lui dit qu’elle prend bien plus de plaisir à ses côtés que dans les Enfers, mais c’est une affirmation mensongère. Pas un jour ne passe, lorsqu’elle se trouve sur Terre, sans qu’elle ne pense avec une mélancolie sordide à sa vie plus bas, près d’Hadès. Son Roi. Son kidnappeur. Son amant. Son bourreau. Celui qui la fait tant souffrir, qui la violente de toutes les manières possibles et lui retourne l’esprit en un claquement de doigt. Un seul sourire de sa part lui fait courber l’échine. Elle l’aime, oui, elle l’aime si passionnément et avec force… Mais elle le hait tout autant. Elle le hait pour l’avoir privée de sa mère, de sa vie, de sa jeunesse, de son innocence. Sans lui, toutefois, elle a l’impression de ne pas pouvoir exister.
Lorsqu’elle s’échappe de l’appartement de sa mère, ce matin, c’est pour se rendre au parc le plus proche du quartier. Elle déambule dans les rues étrangement dynamiques, peuplées de citoyens pressés. Perséphone n’est pas familière de cette modernité. Elle évite les gens, autant que possible, de peur de se retrouver devant des personnes susceptibles de la mettre en difficulté. Sans sa magie, elle voit les choses sous un angle beaucoup plus effrayant. C’est la faute d’Hadès. Il l’a couvée si longtemps, surtout depuis qu’ils ont foulé le pas de cette île. Il lui a fait comprendre que le monde est dangereux, et que lui seul, est en mesure de la protéger. Seul lui sait ce qui est bon pour elle. Seul lui est capable de veiller sur sa sécurité et sur son bien-être. Un mensonge, parmi tant d’autres. Hadès ne fait que lui mentir. Il lui a menti en l’emmenant la première fois dans les ténèbres, en lui promettant sa libération sous certaines conditions. Il lui a encore menti en l’autorisant à sortir. Il lui a fait manger des grains de grenade. De la nourriture maudite, celle des Enfers. Quiconque mange ou s’abreuve de quoi que ce soit aux Enfers est condamné à y rester pour toujours. Perséphone ne peut quitter définitivement le royaume des morts. Elle ne l’a pu, jusqu’à ce mystérieux phénomène lunaire – une lune rouge sang, éclatante est venue les frapper tous les deux et les emmener dans un monde nouveau. Un monde sans magie. Hadès a fulminé. Perséphone s’en est réjouie. Bien sûr, elle désire plus que tout retrouver sa magie, mais dans l’instant présent, ce qu’elle désire est surtout lié à sa liberté. Elle veut pouvoir sortir de nouveau, et ne plus être retenue où que ce soit. Hadès s’est affolé, en craignant de la perdre à tout jamais. Il l’a séquestrée dans un luxueux manoir durant des mois, avant qu’elle ne parvienne à s’en échapper – non sans difficultés. Elle l’a charmée, elle a endormi sa confiance. Il l’a naïvement cru. Mais cette faiblesse ne se reproduira sans doute pas deux fois. Perséphone est consciente qu’elle a détruit toute confiance entre eux. Toute possibilité de négocier avec lui. Il ne pourra jamais plus lui accorder la moindre contrepartie. Il craindra constamment qu’elle s’en aille à nouveau. Voilà pourquoi… Elle le fuit encore plus. Elle sait qu’avec sa mère, ce sera bien plus facile de ne pas céder à la douloureuse tension qui déchire son cœur depuis des jours. Elle veut le retrouver. Elle doit s’en empêcher. Elle fantasme secrètement sur la possibilité… que lui-même finisse par la retrouver et la ramener de force. Oui, c’est ce qu’elle veut, même si elle ne le verbalise pas devant qui que ce soit. Et encore moins devant Demeter, persuadée de s’être débarrassée à tout jamais de son frère. Hadès n’en aura jamais terminé avec elles. Jamais. Perséphone le sait, et s’en réjouit intimement, tout en prétendant le contraire avec un remarquable dédain.
Cela fait si longtemps qu’elle n’a pas pu profiter de la lumière véritable, des rayons chauds qui caressent sa peau légèrement hâlée, et brûlée par l’astre solaire. Elle contourne les passants et les immeubles, avant de se retrouver en plein cœur d’une immensité de vert, de pare-terres fleuris et d’arbres centenaires. Un parc, en plein cœur d’un bâtiment qu’elle suppose être une école. C’est une université, mais elle l’ignore – comment le peut-elle ? Dans son monde, les universités n’existent pas. Les écoles ont un mode de fonctionnement bien différent… Cela fait des semaines qu’elle se trouve en ville, seule et livrée à elle-même, et cette effervescence l’oppresse déjà. Finalement, Hadès a raison. Elle n’est rien sans lui. Elle n’arrivera à rien sans lui. Elle se sent perdue, littéralement apeurée. Les voitures, les gens, les bâtiments, l’agitation citadine, les cris, et même cette monnaie étrange – ces billets, ces dollars… Tout est si éloigné de ce qu’elle a toujours connu, que s’en est vertigineux. Parfois, elle le cherche dans la rue. D’autre fois, elle a presque l’impression de le reconnaître, mais… Non. Ce n’est jamais lui. Elle s’en rassure presque immédiatement, en ayant empoigné l’avant-bras d’un pauvre passant, avant de s’en excuser et de rebrousser chemin. Elle s’en rassure, mais son cœur se déchire au même moment. Cette dualité la rend aveugle. Elle manque d’air, terriblement. Et une fois encore, alors qu’elle marche entre les allées recouvertes de somptueux cerisiers en train de perdre leurs feuilles pour se parer de couleurs orangées et automnales, elle croit l’apercevoir. « Ha… Hadès ? Je... » crie-t-elle en attrapant le bras d’un homme qui – certes lui ressemble, mais n’est absolument pas lui. La carrure est similaire, la démarche est la même, l’arrière de son crâne, tout comme les reflets argentés de sa chevelure sont identiques, mais… son visage est différent. Ce ne sont pas ses yeux. Ils sont marrons. Ceux d’Hadès sont d’un bleu océan, si profonds et envoûtants. Ce n’est pas Hadès. Pardonne-moi, a-t-elle envie de dire au vrai Hadès. Le supplier pour tout, pour s'être enfuie, mais surtout... pour être incapable de lui retourner ses sentiments de manière saine. « Non… Oubliez-moi. » s’excuse-t-elle, furieuse à la fois contre elle-même et contre son bien-aimé mari pour l’avoir à ce point endoctrinée. C’est alors qu’elle se retourne, après s’être faite insultée au passage par le passant qui lui reproche d’avoir tiré si violemment sa manche, que les fils se sont décousus, qu’un visage féminin, aux traits gracieux s’impose à elle. Au moment même où Perséphone se retourne devant une grande allée en dalles grises, sous une pluie de feuilles orangées qui s’échappent des vieux arbres, une jeune femme se tient face à elle. « Eurydice ? » Perséphone murmure, les yeux plissés. Oui, c’est peut-être elle… Ou peut-être pas, après tout… Perséphone a une notion plutôt floue de la réalité et du fantasme, depuis quelques temps. Elle craint la reconnaître. Se trompe-t-elle une fois encore, en cherchant avec autant de désespoir les fantômes d'un passé qu'elle cherche à fuir, tout en priant de tout son cœur de se retrouver emprisonnée une fois encore dans ses bras invisibles ?
L’automne approche. Un constat tout simple. Sans conséquence. Sans intérêt, quelque part. Mais pour Eurydice, l’approche de l’automne, et par conséquent de l’hiver, est une source d’angoisse bien ancrée, et de laquelle elle peine à se libérer – pour ne pas dire qu’elle en est tout bonnement incapable. Les paroles rassurantes d’Orpheus l’apaisent toujours un peu, mais jamais assez. Pour peu qu’elle échappe au refuge de ses bras et se retrouve seule avec elle-même, les mêmes angoisses refont leur apparition, insupportables dans ce qu’elles ont de constantes, lancinantes, comme un cauchemar répété toutes les nuits, et qui viendrait vous tourmenter en plein jour, sans lui laisser un seul instant de répit. L’automne est proche, et avec elle, les fleurs mourront, et le froid s’installera, tant et si bien qu’elle redoutera, tout naturellement, de ne jamais quitter l’hiver… En plus de trois années passées sur cette île, elle aurait pu admettre que le printemps finissait toujours par revenir… mais si un jour il ne revenait plus ? Par deux fois, par elle ne sait quel maléfice, de courte durée certes mais bien réelle, elle est retournée en enfer… elle a revu Hadestown, et l’idée d’en être prisonnière pour toujours a retrouvé une place prépondérante dans un esprit agité de souvenirs horrifiants. Elle ne sera véritablement rassurée qu’au retour du printemps. Autant dire qu’elle peut attendre longtemps.
Alors elle essaie de profiter encore un peu, tant qu’elle le peut, des restes d’un été parfois brûlant, pas au point, cependant, d’en être éprouvant. Elle aime particulièrement se rendre dans le parc de l’université pour cette raison. Sur le principe, elle n’a rien à faire ici, et elle le sait, bien sûr. Elle n’est pas étudiante, et elle ne prétendrait pas appartenir à la catégorie de ceux qui seraient susceptibles de supporter de longues études. Mais elle a participé à l’élaboration de ce jardin, dans une moindre mesure. La boutique de fleurs pour laquelle elle travaille a collaboré avec les paysagistes pour leur offrir certains des bulbes et plantes qui avaient permis la constitution d’une flore harmonieuse qui déjà se détériore, malheureusement. Eurydice en profite tant que cet endroit a encore quelques couleurs. L’hiver ternira tout.
Indifférente aux personnes allant et venant dans l’allée, l’attention d’Eurydice est seulement focalisé sur ce grand carré d’herbe qu’elle contemple comme la plus pure des œuvres d’art, et c’est au prix d’un long moment de quasi-absence, qu’une voix, ou plutôt un nom, attire son attention. « Hadès ? » Eurydice frissonne à l’évocation de ce nom… son attention se reporte sur cette femme qui vient de le prononcer et qui aussitôt qu’elle comprend avoir fait erreur sur la personne se confond en excuses, l’air embarrassé… est-ce que ça pourrait être… ? Eurydice a un moment d’hésitation. Figée, elle la fixe avec sûrement bien trop d’insistance. Et il faut que Perséphone la reconnaisse pour qu’Eurydice admette qu’il s’agit bien d’elle. Elle est… différente de celle qu’Eurydice a connue… ou qu’elle se souvient avoir connue, du moins… mais quelque chose dans son regard ne lui laisse aucun doute, une lueur qui n’appartiendrait qu’à elle. C’est bien l’épouse d’Hadès qu’elle a sous les yeux. Il y a chez elle ce mélange de beauté et de détresse, d’insolence et de résignation, et des restes d’enfer quelque part, au fond de ses prunelles.
« Perséphone ? »
Eurydice se rapproche, encore hésitante. Elle ressent le besoin de la prendre dans ses bras, elle ne le fait pourtant pas, elle profite de s’être approchée davantage afin de la détailler des yeux avec davantage d’attention.
« Tu as changé… », ne peut-elle s’empêcher de lui faire remarquer sans réellement mettre le doigt sur ces différences. Ce monde ne pouvait que les changer l’une comme l’autre. « Je suis heureuse de te retrouver », ajoute-t-elle en autorisant un sourire plus sincère à se déposer sur ses lèvres, cette fois.
Les années qu’Eurydice aura passé à Hadestown, loin d’Orpheus, abandonné à sa solitude après avoir douté et contrevenu à la condition d’Hadès de ne pas se retourner afin de s’assurer qu’elle le suivait bel et bien, sont des années plutôt floues pour elles, ténébreuses, mais il y avait eu un semblant de lumière pour éclairer sa détresse, cette de Perséphone, qui l’avait prise sous son aile, et facilité son sort, peut-être émue par leur sort ainsi que par celui d’Orpheus. Elle se souvient avoir trinqué avec elle à la santé d’Orpheus, un moment doux amer à jamais gravé dans son esprit… Elle éprouve, en la voyant, de la tendresse, de la reconnaissance… et aussi une certaine compassion.
« Je t’ai entendue, à l’instant… », reprend-elle non sans une certaine hésitation, craignant d’aborder le sujet, à ses risques et périls. « Je suppose que tu ne l’as pas retrouvé. »
Elle ne prononce pas son nom mais ne pense pas avoir besoin de le faire. Elle parle d’Hadès, bien sûr qu’elle parle de lui.
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28. 08. 2022 ▴ PARC DE L’UNIVERSITÉ MARSHALL, HOGWARTS PLACE
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« Perséphone ? » Oui, c’est bien elle. C’est bien Eurydice. Son amie. Sa tendre Eurydice, sa dame de compagnie, son amie dans les souterrains infernaux des Enfers grecs, sa confidente, sa lumière dans l’obscurité des galeries sombres, sa meilleure amie. Eurydice est… Tout. Perséphone réalise maintenant à quel point Eurydice lui a manqué. C’est exactement comme perdre une moitié de soi-même, un deuxième rein. Eurydice a été sa seule bouffée d’air pur au cours de sa captivité. Une captivité imposée, par le Roi des Enfers, qui est par la suite devenue plus ou moins acceptée par Perséphone. Elle ne peut mentir ou se voiler la face indéfiniment. Elle a adoré son rôle de Reine aux côtés d’Hadès, malgré sa cruauté, sa bestialité et sa possessivité. Hadès lui a tout pris. Sa liberté, sa mère, sa vie. Comment peut-elle concrètement éprouver des sentiments aussi forts, aussi intimes pour un pareil bourreau ? Un véritable monstre ? Elle s’en veut. Oui, elle s’en veut beaucoup à chaque instant pour les élans lancinants et contradictoires de son palpitant. Eurydice a toujours compris son désespoir. Elle a toujours écouté ses jérémiades, ses éternelles périodes de détresse, de remise en question, ses dualités. Perséphone incarne un dualisme qui ne peut être facilement guéri. Partagée entre les Enfers et la Terre depuis son mariage avec Hadès – ou plutôt son kidnapping. Ce n’est que maintenant, depuis trois ans sur cette île, et particulièrement depuis un an qu’elle est en fugue, hors du manoir d’Hadès, qu’elle semble goûter pour la première fois à la liberté retrouvée. Elle apprend enfin à se connaître, à comprendre chaque recoin d’une psychologie amère et troublée. La sienne.
Un mince sourire réconfortant se dessine sur ses lèvres roses. Elle confirme la question de son amie d’un simple hochement de tête, avant de rompre les quelques centimètres qui les séparent. Eurydice s’est approché la première. Perséphone a renchéri. « Oh, Eurydice… Je ne pensais pas te retrouver dans un pareil endroit… N'est-ce pas... vulgaire ? » Oui, tout ici l’est. Perséphone est dehors depuis des mois, et bien que des choses lui plaisent dans cette liberté retrouvée, comme sa nouvelle vie d’artiste, le brouhaha citadin l’horripile toujours autant. Ce qu’elle ignore, c’est que cette sensation finira un jour par être remplacé par une autre, bientôt, elle sera dans son élément et refusera de le quitter, malgré toutes les justifications possibles, tous les mensonges d’Hadès pour la ramener dans son antre. Si jamais il daigne la retrouver, bien entendu… Oh, il finira par la retrouver. Vu la manière dont ils se sont quittés. Il voudra le lui faire payer. « Tu as changé… » lui dit-elle, mais Perséphone remarque assez rapidement une lueur d’incompréhension dans le fond de ses yeux. Elle lui trouve un air de changement, mais la déesse est persuadée qu’elle ne peut exactement dire en quoi. Perséphone a bel et bien changé. Le changement a opéré il y a trois ans déjà, dès les premières heures passées dans ce monde. Elle-même non plus, est incapable de dire en quoi ce dernier fut impactant. « Peut-être... Mais toi, en revanche, tu n’as pas changé. » répond-elle, le plus sincèrement du monde. Eurydice est exactement comme dans ses souvenirs, à quelques détails près.
Elle ne voit pas… non, elle ne perce pas encore les changements que cette île a opéré dans son amie. Il lui faut la côtoyer de plus près, plus longtemps pour pouvoir le dire. Peut-être bien qu’elle ne désire de toute manière pas croire qu’Eurydice puisse avoir changé. Elle veut conserver le souvenir d’Eurydice tel quel, depuis les Enfers. « Je suis heureuse de te retrouver. » Un sourire accompagne cette phrase, qui est aussitôt accueilli par Perséphone. Elle hésite à s’élancer vers elle, toucher ses bras, sa joue dans un geste de tendresse infinie. Perséphone comprime ses émotions le plus profondément possible, en elle. Elle hésite, elle tremble sous l’émotion. La sensation de soulagement qui la possède à cet instant la laisse même sans voix. C’est presque… miraculeux. Comme retrouver quelque chose qui nous a terriblement manqué depuis des années. Le manque qu’elle a éprouvé depuis son arrivée sur cette île, entre les murs du manoir d’Hadès est lié à l’absence de son amie, sa seule amie. Mais pourquoi avoir mis tant de mois à retrouver Eurydice ? Un an, c’est tout ce qu’elle a eu pour savourer de l’agitation ambiante, des gens, de tout. Demeter est là, mais ce n’est pas assez. Son temps est en réalité compté. Elle le sait. Il la retrouvera, et hors de lui, il cherchera nécessairement à lui retirer tout ce qu’elle a bien pu construire.
Tous les moments qu’elles ont partagé, les discussions, les verres, les chants (oui elles chantent allez), les moments de doute et d’intense solitude lui reviennent douloureusement en mémoire. Elle déglutit péniblement, parce que derrière chaque beau souvenir se dissimule une part de noirceur. Les ténèbres des Enfers ne laissent personne indemne. Eurydice a conservé, elle aussi, des restes des Enfers. Les Enfers entachent la beauté naturelle, presque angélique, de son visage, de son corps. Tout comme les Enfers laissent encore un voile obscur et amer dans les yeux noisette de la déesse, fille de Demeter. Les Enfers changent à tout jamais. On n’en ressort jamais vraiment. Cette île change et bouleverse également, mais elle pense avoir déjà tout affronté par le passé. Être suffisamment armée pour une expérience pareille. Perséphone se trompe. Elle n’a pas encore exploité tout son potentiel, enfermée dans sa cage dorée avec Hadès. Pour beaucoup, ces trois années ont été ce qui se rapproche le plus de son expérience aux Enfers. Ces trois années les ont brisés à tout jamais. Perséphone, en décalage, n’en prend conscience que depuis peu de temps. Elle a l’impression d’être comme un nouveau-né, découvrant la sordidité et la morosité de l’île, dans une atmosphère collective faussement naïve. Ce qu’elle éprouve pour Eurydice est un mélange de sentiments doux, tendres et bienveillants. Elle se sent presque chanceuse d’avoir fait sa rencontre, et ne regrette finalement qu’une chose, c’est d’avoir attendu si longtemps avant de recroiser sa route.
« Je t’ai entendue, à l’instant… » La voix fluette et mélodieuse d'Eurydice vient troubler le cours de ses pensées sombres. De ses regrets. Hadès lui a tout pris. Il lui a également tant donné. « Je suppose que tu ne l’as pas retrouvé. » L’éclat dans son regard se terni très légèrement, à la simple pensée d’Hadès, son époux. Perséphone s’approche encore de quelques pas, les bras le long de son corps, l’expression désormais vide, proche de l’indéchiffrable. Hadès… Son cœur s’emballe furieusement, cognant dans sa cage thoracique, espérant pouvoir s’échapper. Pouvoir lui échapper. Son souvenir est encore si brûlant, tout comme le son de sa voix, qu’elle retrouve bien trop souvent dans ses pensées quotidiennes ou dans ses pires cauchemars. Il la hante depuis un an, depuis son départ de son manoir, depuis sa fuite. Il la hante, mais elle le désire tout autant. Sa monstruosité est ce qu’elle aime et craint le plus au monde. « Il… » bredouille-t-elle, la gorge nouée et les mains mystérieusement de plus en plus moites. Perséphone est incapable de souffler son prénom, il lui brûle les lèvres, autant que la raison. Comme si le simple fait de le dire… le ferait apparaître. (c’est pas rumplestilskin hein)
« C’est plus compliqué que tu ne le penses, Eurydice. » confesse-t-elle d’une voix brisée, quelque peu hachée. Perséphone est pétrie de honte. « Nous nous sommes déjà retrouvés, pour te dire la vérité… Nous étions ensemble, en arrivant sur cette île… » L’intonation de sa voix est faible, comme un chuchotement sanglotant, et pleine de regrets. Peut-être qu’il est temps de dévoiler certains secrets, ces mêmes secrets qu’elle n’a encore osé confier à sa propre mère, de peur que cette dernière ne décide de se venger sur Hadès. Elle l’a protégé. Elle ne veut pas que Demeter lui fasse le moindre mal. « On s’est disputés… » En quelque sorte… La vérité est bien plus sordide. Hadès, privé de sa magie et persuadé de la perdre, l’a tout bonnement enfermée entre les murs de leur manoir durant deux longues années. « J’ai dû partir. » J’ai dû m’enfuir, est le terme juste. Sa nervosité apparente est plus que suspecte, Perséphone ne lui dit pas tout. La vérité est déformée, extrapolée pour ne pas nuire à son époux, tout en admettant à sa plus vieille amie avoir eu besoin d’une prise de distances. « Il y a un an, déjà. » Aucune duplicité sur cette information, toutefois. Perséphone admet, et encourage son amie à venir s’asseoir sur le banc en fer le plus proche d’elles, juste sous un gigantesque chêne centenaire aux feuilles bien colorées d’une myriade de reflets automnaux. « Dis-moi ce que tu fais sur cette île ? » interroge-t-elle, en venant déposer ses mains légèrement tremblantes contre ses cuisses. Elle lève son visage vers Eurydice, l’observant de ses grands yeux miellés d’en bas, en patientant sagement que cette dernière prenne place tout près d’elle.
« Il me plaît plus qu’aucun autre, cet endroit », répond Eurydice avec un sourire indulgent, quand Perséphone qualifie cette ville de vulgaire.
Eurydice n’a aucune difficulté à comprendre où son amie veut en venir, et elle-même préfère très largement toute occasion qu’elle peut avoir de s’isoler dans la forêt, ou au bord de la mer, où elle se sent au plus près de la nature. Mais elle a également appris à apprécier la vie citadine et son agitation : les hauts bâtiments, la technologie en constante évolution, le capharnaüm des voitures. C’est une vie étrange, mais c’est une vie libérée des Enfers où Eurydice pensait couler le restant de ses jours, une vie où elle peut être à nouveau réunie avec Orpheus. Pour ces raisons, la jeune femme ne peut qu’aimer cet endroit. Et elle est convaincue du fait que Perséphone également doit pouvoir y trouver un semblant de réconfort. Pour peu qu’elle fasse les bons choix et sache profiter de ce que ce nouveau monde, plus si nouveau puisqu’elles le foulent depuis près de quatre années déjà, peut avoir à lui offrir… des opportunités bien différentes de toutes celles qui avaient pu lui être offertes dans sa vie passée.
Eurydice n’est pas si sûre de ne pas avoir changé. Elle n’est pas totalement certaine qu’un tel endroit soit susceptible de ne pas changer n’importe qui. Surtout quand, tout comme elles, elles reviennent d’aussi loin. Ça n’a cependant que peu d’importance. Elle balaie d’un geste invisible les années écoulées pour se concentrer sur la joie de ses retrouvailles avec Perséphone. Quand elle lui affirme être heureuse de l’avoir retrouvée, elle ne pourrait être plus sincère. Elle lui avait manqué, sincèrement manqué. Elle le réalise plus encore au moment de la retrouver, combien sa présence devait lui être nécessaire. Bien des fois, Eurydice avait songé qu’elle aurait aimé que Perséphone soit présente avec elle dans ses moments de pure incompréhension et de doute… Plus encore au cours de ces deux longues années durant lesquelles Orpheus avait été absent de sa vie, et où elle s’était retrouvée livrée à elle-même. Elle aurait aimé avoir ce repère, ce point d’ancrage… Elles n’avaient pas été là pour accompagner la solitude de l’autre. Et qui sait ce qui avait pu se passer pour Perséphone ce temps durant.
Tout ce qu’Eurydice espère, c’est que cette nouvelle vie, si difficile à appréhender soit-elle, aura permis à Perséphone à tirer un trait définitif sur Hadès. Eurydice a beau avoir pour l’amour sous toutes ses formes le plus profond respect, elle a beau avoir su trouver dans l’affection mutuelle d’Hadès et Perséphone quelque chose d’aussi beau que tragique, il était évident que cette situation ne pouvait que rendre la déesse malheureuse. Elle méritait bien mieux qu’un homme sombre, cruel et tortionnaire tel que l’était celui qu’elle avait été contrainte d’épouser. Si elle n’a pas retrouvé Hadès ici, Eurydice comprend que cela doit être difficile pour elle… mais elle n’en ressortira probablement que grandie… cela prendra le temps qu’il faudra, mais qui sait, peut-être parviendra-t-elle à s’ouvrir à une autre histoire d’amour, grande et belle ? Sans heurts… Elle voudrait le croire, mais en quelques mots, Perséphone met fin à cette éventualité. Eurydice connaît bien Perséphone, bien assez pour deviner, au moins en partie, la nature des émotions qui font trembler sa voix. Il y a de la honte dans son regard quand elle lui apprend que la situation est plus compliquée qu’elle ne le soupçonne. Et en effet. Hadès est donc ici. Ils sont même arrivés ensemble. Eurydice n’est pas surprise de l’entendre évoquer une dispute entre eux. De leur part, c’est plutôt monnaie courante, en réalité. Ce qui rassure Eurydice, en revanche, c’est que Perséphone soit parvenue à partir, et mieux encore, depuis un an. Pendant une année entière, elle est parvenue à échapper à son influence, elle a réussi à vivre indépendamment de lui. De toute évidence, cela a été difficile pour elle, et la jeune femme devine sans mal que difficile, cela l’est toujours, mais elle a su se montrer forte, déterminée… elle a su aller au bout de ses choix, elle a su décider de ce qui était le mieux pour elle.
« Tu as pris la bonne décision », fait doucement Eurydice tout en s’installant à côté de son amie, sur un banc à proximité. Eurydice n’est pas dupe, elle voit bien que son amie ne lui dit pas tout, mais avec suffisamment de douceur et de patience, elle veut penser que Perséphone finira par se livrer à elle et à lui en dire davantage. Elle doit seulement… éviter de la brusquer sur un sujet à ce point délicat. « Il te manque. » Ce n’est pas une question, c’est un constat, elle est certaine de ce qu’elle affirme. Elle a vu son comportement, elle la connaît. Elle sait. « Et c’est normal. Mais tu savais pertinemment que ça ne pouvait pas durer. Certaines personnes ne savent être ensemble sans se rendre malheureuses, c’est triste mais c’est ainsi », ajoute-t-elle avec douceur et philosophie. « Tout va bien pour toi malgré tout ? Où est-ce que tu vis maintenant, qu’est-ce que tu fais ? » Eurydice se montre plus soucieuse de la vie de Perséphone que de parler d’elle-même. Malgré tout, quand son amie lui pose des questions, elle n’hésite pas à répondre. « Je travaille dans une boutique de fleurs, sur Hogwarts Place. C’est un métier qui me plaît. » Son sourire s’élargit quand elle reprend la parole. « Et j’ai retrouvé Orpheus. »
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