(abandonné) (( in the loop )) ✧ – evelia – (( au - nsfw ))
Dr. Hannibal Lecter
▿ Ton univers : Tétralogie (( Dragon Rouge (1981) Le Silence des agneaux (1988)﹒Hannibal (1999)﹒Hannibal Lecter : Les Origines du Mal (2006) )) + Films (( Le Silence des Agneaux (1991)﹒Hannibal (2001) ))
▿ Date de naissance : 20/01/1968
▿ Age : 56
▿ Métier : Neurochirurgien
▿ Quartier : Baker Street Avenue
▿ Côté cœur :
“I'll confess it is pleasant to look at you asleep. You're quite beautiful, Clarice.” ― Hannibal Lecter to Clarice Starling
C’est de la folie, songe-t-elle un instant, en terminant de poudrer son délicat visage de porcelaine et de faire remonter ses cils noir charbonneux à l’aide d’un recourbe-cil en métal doré. Celia St. James est une mondaine, dans cette nouvelle réalité. Terrible réalité. En pleine guerre. En Europe. En Allemagne, plus précisément. Elle est la bienvenue dans les cercles mondains de force, du fait de son patrimoine, mais surtout pour être la « protégée » des hommes qui détiennent le droit de vie et de mort. Celia est née d’une mère allemande et d’un mère américain. Ce qui a suscité bien des regards méprisants, dans les débuts, avant que son nom soit sanctifié par le grand cinéma, au point de gommer radicalement ses origines américaines de l’esprit des gens. Après tout, Celia est à moitié allemande. Une allemande bien élevée, belle et talentueuse. De bonne famille. De bonne souche. Des constatations qui lui font une sainte horreur. En effet… Celia est une très belle femme. Une femme qu’ils convoitent tous, sans comprendre que ses refus représentent une véritable tare, aux yeux de chacun d’eux. Celia aime les femmes depuis toujours. Les femmes et seulement les femmes. Dur d’évoluer dans un siècle aussi fermé sur les sexualités. D’autant plus, que l’actuel régime condamne fermement et mortellement les personnes… comme elle. Bien qu’ayant conscience du danger, Celia gravite parmi les étoiles allemandes de Berlin. Jeune comédienne en devenir, elle a déjà tourné en compagnie d’une actrice en vogue, une certaine Leni Riefenstahl. Avec et pour elle, car Leni est également une jeune réalisatrice. Celia incarne la beauté froide, à la peau très blanche et aux yeux très bleus. Seuls ses cheveux ont représenté un frein – un roux vénitien – durant les premières années du régime. C’est pourquoi elle les a fait teindre, avant de tourner ses premiers long-métrages pour le cinéma allemand. Un blond cuivré, mais suffisamment doré pour représenter un véritable fantasme ambulant. Celia n’est pas fière de cacher sa véritable couleur de cheveux, tout cela pour se conformer aux normes édictées par les puissants. Elle n’est pas non plus fière de dissimuler sa véritable sexualité. Homosexuelle. Non. Celia St. James déteste profondément devoir trafiquer la réalité, il y a quelque chose de déshonorant dans le fait de travestir la véritable personne qu’elle est au fond. Sous ce maquillage, ces jolies tenues ou ses rires hypocrites.
Celia St. James fréquentes les plus hauts cercles depuis le début de la guerre. Elle est amie avec certaines épouses de dignitaires, en plus d’avoir des contacts exceptionnels dans le milieu du cinéma allemand. On l’invite à toutes les sorties, on écoute ses anecdotes croustillante sur les plateau de tournage et on se gargarise du son mélodieux de sa voix. Beaucoup s’étonne du fait de ne pas la voir avec la bague au doigt. Celia se moque de ses soupirants. Une seule personne occupe chacune de ses pensées depuis deux ans déjà. Une femme indisponible, inaccessible. Un véritable challenge. La femme d’un général allemand. Evelyn. Evie est… sa plus proche amie. Pour ne pas dire sa meilleure amie dans tout Berlin. Evelyn est magnifique, elle incarne la grâce et la splendeur dans chacun de ses gestes, des intonations de sa voix, de ses soupirs lascifs. Une beauté digne d’Hollywood. Evelyn n’est toutefois pas actrice. Pas comme Celia. Elle l’a pourtant été quelques années avant de tout plaquer pour épouser le général qui lui a promis richesses, statut social et protection, outre son amour éternel et dévoué. Celia et Evelyn sont restées amis, malgré son mariage avec cet homme et l’abandon d’une carrière prometteuse. Elles sont amies, rien de plus. Il n’y a jamais eu le moindre geste ou mot de trop entre elles, alors que Celia brûle d’un feu ardent pour sa meilleure amie depuis toutes ces années. Celia garde le silence, muette comme une tombe, en craignant des représailles. Elle sacrifie sa santé mentale pour sa propre vie, et celle d’Evelyn. Cette femme est son obsession. C’est pour Evelyn qu’elle se trouve actuellement dans cette immense salle de réception, pleine de couples et de groupes de riches convives. Encore une soirée mondaine comme toutes les autres. Des amateurs d’art, d’esthétisme, de cinéma, de beauté sous toutes ses formes. Aux yeux de Celia St. James, la plus belle pièce de maître de cette soirée, Ô combien ostentatoire et d’une rare frivolité, porte le doux prénom d’Evelyn.
Aujourd’hui encore, c’est une fantastique soirée mondaine qui s’annonce. Celia St. James fait partie des premières convives, affublée d’une élégante robe longue en satin de couleur bleu saphir, fendue sur l’un des côtés de ses cuisses à la peau laiteuse et aussi douce que de la soie. Elle déambule, comme une star de cinéma – ce qu’elle est, en fin de compte – entre les groupes d’invités pour les saluer ou échanger une flûte de champagne avec grâce et suffisance. Celia interprète ce soir l’un de ses meilleurs rôles. L’un de ses plus beaux rôles, habillée d’une fourrure en peau de renard. (pauvre bête, je pleure) Elle n’est pas qu’une actrice en vogue. Non, elle n’est pas seulement une icône sexuelle et fantasque, appréciée et convoitée. Elle n’est pas qu’une « bonne allemande ». Elle cache un autre secret que son homosexualité, un très lourd secret, et il ne porte pas exclusivement sur la nature de sa sexualité. Son secret n’est pas lié à son homosexualité. Celia St. James est une espionne pour quelques réseaux de résistance allemande et américaine. Elle est une héroïne. A sa manière. Un secret que personne d’autre qu’elle et ses responsables ne connaissent. Un secret qu’elle espère garder aussi jalousement le plus longtemps possible. Sa vie en dépend. L’issue de cette guerre en dépend. Alors qu’elle rit aux éclats d’un merveilleux rire cristallin en trinquant les coupes d’alcool pétillant comme les poignées de main et les baisers volés mais respectueux, une silhouette bien familière attire enfin son attention. Le clou du spectacle est cette femme. Une divinité blonde, aux courbes sensuelles et à la peau légèrement satinée par les rayons du soleil. Evelyn. L’épouse d’un puissant général de l’armée allemande depuis quelques années. Sa meilleure amie. La seule créature en ce bas monde qui fait battre son cœur comme le bruit des tambours d’un défilé militaire, et qui fait vibrer chaque centimètre de son corps d’un désir inavouable et brûlant. Evelyn, qui descend avec élégance les marches en marbre veiné d’un large escalier, depuis le hall d’entrée.
Celia s’excuse rapidement auprès d’un groupe de trois femmes de la haute société, afin de s’approcher de cette apparition divine. « Evelyn. Bonsoir, ma chère. » salut-elle en inclinant poliment sa tête, avant de l’étreindre en enroulant son bras fin autour de sa nuque pour déposer un baiser amical au creux de l’une de ses joues. « Tu es l’apparition que toute le monde a attendu avec impatience. Tu es… époustouflante. Tu as scotché tellement d’hommes, ce soir. » rit-elle chaudement, quoiqu’un peu amèrement. Une pointe de jalousie s’exprime dans le son de sa voix, mais Celia parvient à dissimuler la tristesse qui vient frapper son cœur de plein fouet. « Mais dis-moi… » Celia s’écarte à regret de son amie, pour observer à droite et à gauche, l’air curieux et aux aguets. Elle semble chercher une silhouette en particulier. « Où est donc le général ? »Son mari, pardi. Lorsque Celia évoque la présence du mari d’Evelyn, c’est avec l’ombre d’un sourire poli, mais hypocrite. Celia gravite dans le sillage de ces hauts dignitaires dans le seul et unique but de grapiller suffisamment d’informations utiles pour la guerre. Sa relation avec Evelyn a été, dans un premier temps, intéressée, muée par des intérêts bien plus grands que son attirance. Elle est devenue plus honnête sur le long terme, et surtout plus… insidieuse. L’ambiguïté de leur amitié passe facilement pour un attachement fusionnel, un peu comme pour deux jumelles. Dans le cœur de Celia, toutefois, ses devoirs et ses désirs s’entrechoquent quotidiennement et mettent ses émotions en disgrâce. Celia essaie de se raisonner, en se disant que ce n’est que pour la mission, qu’une fois la guerre terminée, elle pourra s’éloigner d’Evelyn sans compromettre son intégrité. Elle pourra… passer à autre chose. Taire à jamais ses sentiments profonds, cette attirance dangereuse. L’issue de cette guerre n’y changera malheureusement rien. Celia St. James a Evelyn Hugo dans la peau, maintenant et à jamais.
C'est au bras du général Adler qu'Evelyn arrive à cette réception, et c'est ce même bras qui la guide élégamment vers la pièce principale avant de s'éloigner. Evelyn n'en est pas chagrinée. Bien au contraire. Elle savoure cette indépendance brève, et pendant quelques instants, se complait même dans ce fugace instant d'anonymat, où il ne suffirait que de quelques pas pour fuir cette demeure et fuir à jamais ses responsabilités. Ce ne sont cependant que des rêveries passagères, qu'elle étouffe aussitôt qu'elles se fraient un chemin dans son esprit. Evelyn Hugo - un nom de scène, mais c'est toujours ainsi qu'elle se fait connaître, même après son mariage, ce qui a tendance à profondément contrarier Don, mais c'est là sa seule exigence - ne peut guère se permettre de faire demi-tour. En acceptant d'épouser Don Adler, après que celui-ci ait tenté de la séduire durant des semaines et des semaines, lesquelles se sont transformées en mois, c'est également sa fonction au sein de l'armée qu'elle a choisi d'embrasser. Bien sûr, cela remonte à plusieurs années... des années durant lesquelles la situation était tendue, des années d'incertitude et de tension pour l'Allemagne, mais... des années où l'on pouvait encore se permettre d'être décadent et frivole. Au début de son mariage, tout se passait à merveille. Evelyn pouvait encore tourner dans des films et se faire connaître en tant qu'actrice digne d'Hollywood. Mais... progressivement, les arguments que lui avait répété Don prirent de l'ampleur. Evelyn devait teindre ses cheveux, car elle n'était pas une vraie allemande. Née de parents cubains, son teint était trop foncé, ses cheveux étaient trop sombres. C'était une concession qu'elle avait faite, car elle avait eu le don de servir sa carrière. Puis, ce fut cette même carrière qui fut en péril. Don lui répétait que c'était indécent, pour une femme de son rang, que de se montrer à l'écran à présent qu'elle n'était plus célibataire. La peau d'Evelyn appartenait à Don, après tout. De même que chacun de ses talents, y compris les plus sulfureux. C'étaient des paroles qu'il avait martelées, jusqu'à ce qu'Evelyn finisse par céder et accepte de mettre sa carrière de côté. En récompense, le soir où ils avaient visionné le dernier films d'Evelyn, Don avait levé la main sur elle pour la première fois. Il s'en était excusé dès le lendemain, blâmant l'alcool et la jalousie. Depuis, c'était régulièrement qu'il lui servait ces mêmes excuses et Evelyn, lèvres pincées, n'avait d'autre choix que de les accepter. C'était le confort du mariage ou l'exil, ou pire. Elle qui n'était pas allemande d'origine mais qui l'était devenue par les circonstances, pouvait très facilement passer du rang d'idole à celui d'étrangère détestée de tous, exposée à des risques bien trop grands. Alors elle endurait les moments cauchemardesques, et savourait avec désespoir ceux où Don était un mari charmant et attentionné. Dans ces instants là, elle s'efforçait d'oublier le régime que son époux servait. Elle s'efforçait d'oublier toutes les horreurs auxquelles il prenait part et dont il se vantait éhontément dès qu'ils recevaient des convives.
C'est finalement lorsqu'ils quittent les confins de leur demeure que Don est le plus charmant et le plus attentionné. Il en vient même à délaisser, pendant un temps, sa possessivité, trop accaparé qu'il est par son devoir et par ses discussions d'ordre professionnel. Evelyn n'ose imaginer le contenu des discussions qu'il a avec les autres généraux. Elle se complait dans une ignorance aveugle qu'elle entretient soigneusement, refusant d'affronter de plein fouet sa propre souffrance et celle, plus vertigineuse, infiniment plus importante, de la majorité de la population allemande. La guerre est bien plus douce aux êtres privilégiés qu'elle ne l'est envers les humbles citoyens. Evelyn en a conscience, et pour cette raison, accepte volontiers de s'estimer chanceuse. Don, en la choisissant pour épouse, lui a épargné un destin bien funeste.
C'est donc sans son époux qu'Evelyn fait son entrée dans la salle de réception, et elle n'a guère l'occasion de laisser son regard brun dériver qu'elle se fait déjà aborder par nulle autre que Celia St James. Celia est... son unique amie. Oh, bien sûr, Evelyn fréquente d'autres jeunes femmes de son âge, mais elle trouve toujours leurs sourires trop mécaniques, trop hypocrites. Elles ont toutes, ou presque, les yeux bleus et la peau aussi pâle que les rayons de la lune, et toutes contemplent son teint halé avec un mélange de circonspection et d'envie qui les rendent, au final, antipathiques aux yeux d'Evelyn. Cette dernière préfère mille fois la compagnie de Celia, qu'elle trouve plus douce, plus sincère... sans se douter de son allégeance, ni même de la raison pour laquelle Celia s'était rapprochée d'elle dans un premier temps. Elle accueille donc son amie et accepte le baiser qu'elle dépose au creux de sa joue non sans un certain plaisir. Evelyn a d'abord été confuse par la manière dont Celia parvenait à occuper la majorité de ses pensées dès l'instant où elles se sont véritablement rapprochées. Puis, peu à peu, elle a pris conscience de la complexité de ses sentiments, et de la manière dont son regard sombre s'attardait toujours un peu trop longuement sur les courbes de Celia, en particulier sur ses hanches. Elle a également pris tristement conscience du caractère ô combien dangereux de ses pensées et de ses désirs. C'est donc en taisant ce qu'elle désire tant lui avouer qu'elle plante son regard dans le sien, inspire discrètement son parfum et savoure leur proximité qui, aux yeux de tout le monde dans cette pièce, n'est que le témoin chaste d'une amitié fusionnelle... mais qui est infiniment plus aux yeux d'Evelyn.
- Le général et ses grands amis se sont réunis à l'étage... je suppose que les discussions seront longues et sérieuses. Trop sérieuses pour cette soirée.
Mais Evelyn ne veut pas songer aux occupations de son époux. Elle ne veut pas songer au fait qu'à quelques dizaines de mètres de là, le sort de millions de victimes est discuté avec une nonchalance indécente. Au lieu de ça, elle veut se focaliser sur les beaux yeux bleus de Celia, mis en valeur par la robe qu'elle porte, et qui révèle des espaces de peau qu'Evelyn ne peut que fantasmer de pouvoir toucher un jour.
Troublée par les pensées qui s'imposent à son esprit, son visage s'adoucit au moment pour elle de murmurer, tel une confession :
- Je suis heureuse de te voir.
La soirée aurait été bien plus oppressante sans la présence miraculeuse de Celia. Sa chère Cece, avec qui elle ne demande qu'à passer des instants seule à seule et, un jour peut-être, lorsque l'alcool coulera à flots et que la guerre aura pris fin, partager quelques baisers qui, dans les songes d'Evelyn, n'ont rien d'innocents. Evelyn est charmée par Celia, elle l'est depuis plusieurs années à présent, et se le répète chaque fois qu'elle l'aperçoit à l'écran ou lors de soirées telles que celle-ci. Mais c'est dans le plus grand des secrets qu'Evelyn se consume d'amour et de désir pour celle dont elle ne soupçonne pas un seul instant la teneur des pensées ou des sentiments à son égard.
Refoulant toutes ses envies trop imprudentes, Evelyn se souvient cependant des compliments que lui adressés Celia à son arrivée et, tout en s'emparant du premier verre qui vient à sa portée, prend enfin le temps de la saluer comme il se doit, elle aussi :
- Et tu es bien trop généreuse en compliments. Nous savons toutes deux que tout le monde ne remarque que toi, ce soir, et à raison. Tu es sublime. Et convoitée.
Son air est volontairement complice sur ces derniers mots. Et pourtant, ce sont ceux qu'elle pense le plus, non sans une certaine amertume. Non sans une certaine jalousie. Oui, Celia St James fait tourner toutes les têtes, Celia St James est toujours célibataire, et c'est toujours avec une certaine satisfaction qu'Evelyn apprend que Cece continue de refuser les demandes en mariage. Elle est certaine que le jour où Celia acceptera de se marier, son coeur se brisera. Et elle ne pourra pas le montrer, sous aucun prétexte. Cette pensée, odieuse, l'incite à tremper ses lèvres dans sa boisson. L'alcool est un refuge qu'elle ne devrait pas savourer autant mais en cet instant, il est son plus fidèle allié. Finalement, c'est après avoir savouré une première gorgée du liquide pétillant qu'elle relève la tête et, croisant les beaux yeux de Celia, lui adresse un sourire tendre.
- Je n'étais pas certaine de te voir ce soir. J'ai eu peur que tu ne viennes pas.
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▿ Date de naissance : 20/01/1968
▿ Age : 56
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“I'll confess it is pleasant to look at you asleep. You're quite beautiful, Clarice.” ― Hannibal Lecter to Clarice Starling
Alors que ses yeux détaillent chaque silhouette qui passe le pas de la porte, à la recherche de l’époux de son amie, c’est la voix de cette dernière qui la ramène à la réalité. « Le général et ses grands amis se sont réunis à l'étage... je suppose que les discussions seront longues et sérieuses. Trop sérieuses pour cette soirée. » Ah, voilà donc l’explication de la non-présence du général pour l’instant. Sans doute que lui et ses amis redescendront plus tard dans la soirée, une fois avoir scellé de manière désinvolte et méprisante le sort de millions d’innocents. Une grimace de dégoût s’installe de manière très furtive sur son élégant visage de porcelaine, alors qu’elle vient glisser une mèche de ses cheveux blonds en arrière. Une de celles qui s’est négligemment échappée de son chignon impeccable. « Oh, oui, bien sûr… Les hommes ont toujours tant à faire, eux et leurs satanés jeux de guerre. » s’exclame-t-elle en prenant le ton de l’humour, pour dissimuler l’effroi et la frustration qui la hantent à cet instant. Elle fait mine d’ignorer la cruauté des hommes de cette époque, en ne voulant pas heurter la sensibilité d’Evelyn, car après tout, le général Adler est son mari. « Il te tient toujours à l’écart de leurs discussions interminables, sans doute très ennuyantes ? » Une question loin d’être innocente – elle dissimule une réelle curiosité, et un besoin de savoir ce qu’Evelyn sait exactement. Celia veut dédouaner Evelyn. Elle ignore sans doute tout. Ce n’est qu’un mariage d’intérêt pour elle, rien d’autre. Ou d’amour, ou bien un peu des deux. L’amour rend aveugle. Celia en a secrètement besoin, et non pas seulement pour la résistance, mais pour se conforter elle-même dans ses sentiments à son égard. Elle a besoin de savoir qu’Evelyn, sa douce et tendre Evelyn, est bien la femme qu’elle espère qu’elle est. Une femme bien, un cœur sensible, une âme pure.
Celia observe longuement les mains de son amie, avant de les lui prendre dans les siennes, sans crier garde. Elle exprime là un geste d’amitié déguisé. En réalité, elle brûle de toucher sa peau. Cette caresse n’est qu’une manière polie et élégante de lui apporter son soutien et son affection, sans éveiller les soupçons sur la véritable nature de ses émotions tumultueuses. « Je suis heureuse de te voir. » lui dit Evelyn, l’épouse du général Adler. L’épouse d’un homme terrible, qui fait des choses terrible avec une insouciance cruelle et sordide. Malgré toutes les pensées froides et dures qui s’agglutinent dans son esprit en pensant à cet homme en uniforme, le visage de Celia St. James semble se détendre quelques instants. La froideur laisse bientôt place à la tendresse de retrouver sa vieille amie, celle qui représente… bien plus encore à ses yeux. Un mince sourire s’étire sur ses lèvres maquillées. Alors que ses doigts gantés de soie s’enroulent entour de ceux d’Evelyn, silencieusement, elle murmure à voix basse : « Tu n'imagines pas à quel point je le suis, Evelyn. » Non, Evelyn Hugo l’ignore. Evelyn Hugo n’a pas conscience de quel feu ardent brûle dans le corps de l’actrice allemande Celia St. James depuis toutes ces années. Des braises qui demandent à s’enflammer et se consumer entre des draps en satin.
Les yeux bleus lagunes de Celia St. James se perdent dans chacun des mouvements de la magnifique épouse du général. Ils l’observent attentivement, lorsque cette dernière s’empare d’une coupe dans un geste gracieux et presque aérien. Elle imagine brièvement, dans un coin de son esprit tourmenté par des pensées de plus en plus obscures, être ce verre qu’elle tient avec tant de possessivité. Elle désire l’incarner de tout son être, comme la plus belle œuvre de sa vie. Evelyn la couve à son tour de compliments – des compliments qu’elle a maintes fois entendu au cours de sa carrière, mais qui revêtent une importance toute particulière dans la bouche d’Evelyn Hugo. Celia St. James souhaite les entendre jusqu’à la fin de ses jours, jusqu’à la dernière minute de sa vie. Elle s’est toujours prise de lassitude pour toutes ces marques d’attentions, propres à la gloire et à la célébrité. Lorsqu’Evelyn lui dit toutes ces choses agréables, elle se sent véritablement belle et convoitée. Cela lui importe plus qu’un millions de compliments de la part des médias ou de ses fans. On aura beau glorifier sa beauté et son charisme de toutes les manières possibles, ce n’est que lorsqu’Evelyn Hugo lui témoigne ces mots qu’elle se met enfin à le croire. « Je ne te le dit pas dans le but de te flatter, Evelyn, mais parce que je le pense. » souffle-t-elle en accompagnant ses mots d’un doux sourire charmeur, alors que ses cils enveloppés de mascara battent de plus belle. « De tout mon cœur. » Et son cœur, à cet instant, ne cesse de faire des bonds vertigineux dans sa poitrine.
Lorsqu’Evelyn porte son verre à ses lèvres, c’est avec un léger pincement au cœur que Celia la contemple s’abandonner dans l’alcool. Ces lèvres si pulpeuses et obscènes. Elle s’imagine une fois encore les goûter et savourer cette liqueur hors de prix avec les siennes. Comme elles doivent être parfaites, fermes et rebondies. Douces et satinées à la fois. Sucrées et amères à cause de l’alcool. Evelyn Hugo est son plaisir coupable. Un plaisir qu’elle rêve un jour de pouvoir porter à ses lèvres sans craindre se voir claquer la porte au nez. La voix cristalline d’Evelyn s’élève enfin, semblant surprise de la trouver à cette soirée. Celia esquisse un léger sourire en coin, et relâche alors la pression de ses mains sur celle vacante de son amie. « Je savais que tu viendrais, Evelyn. » Pleine de sous-entendus, cette phrase est une déclaration d’amour déguisée. « Je veux dire que… nous ne nous sommes pas vues depuis un moment, à cause de mon dernier tournage. J’ai beaucoup pensé à toi. » Plus que je ne le devrais, songe-t-elle tristement, en détournant ses beaux yeux bleus vers un coin de la salle de réception joliment décorée pour l’occasion. Les lumières étincèlent, les rires éclatent aux quatre coins de la pièce, mais son cœur n’est pas à la fête. Non, son cœur saigne atrocement de savoir la femme qu’elle aime engagée avec quelqu’un d’autre.
Sans doute l'imagine-t-elle, mais il lui semble reconnaître un semblant d'artifice dans le ton employé par Celia. Cette dernière emploie l'humour, mais Evelyn peine étonnamment à croire en la sincérité de son amusement. Elle ne songe pas un seul à l'en blâmer. Elle-même ne saurait sincèrement se réjouir ou s'amuser de tels sujets, pas plus qu'elle ne saurait les considérer à la légère. Mais en ce temps, nul ne peut être honnête quant à ses véritables opinions sur ce sujet aussi important. Elle n'a d'ailleurs pas le cœur de rebondir sur sa plaisanterie, aussi factice soit-elle, et se concentre plutôt sur sa question. Cette fois-ci, elle peut donner une réponse un tant soit peu honnête :
- Oui. Que ferait une femme comme moi au beau milieu de ces discussions ? Elles sont trop sin- complexes.
Elle avait failli dire "sinistres". Un euphémisme confortable, pour désigner la cruauté des décisions qui étaient prises. Mais un euphémisme essentiel pour supporter la réalité d'un mariage dans lequel elle ne s'épanouissait, non seulement par manque d'amour, mais par nettes différences d'idéologie. Seulement, en ces temps troubles, la moindre critique formulée à voix haute pouvait être fatale. Evelyn a confiance en Celia, mais elle en sait suffisamment sur les activités de son mari pour savoir que les oreilles traînent partout, et se souvenir qu'elles sont entourées. Pendant qu'elle lui parle, son esprit dérive et s'imagine les discussions qui ont lieu dans ce bureau où se jouent bien trop de décisions capitales.
A son plus grand soulagement, leur conversation retrouve un peu de légèreté tandis qu'elles passent à un sujet plus plaisant, mais plus mystérieux également. Leur relation. Elles parlent de cette dernière à demi-mots, s'adressent des compliments qui pourraient être anodins mais qui, à la manière dont elles les prononcent, à la manière dont leurs regards s'attardent l'une sur l'autre... ne sont pas anodins. Pas du tout.
- Je crois que tu sous-estimes ma sincérité, précise-t-elle d'une voix doucereuse, énigmatique après que Celia ait affirmé qu'elle était heureuse de la voir, elle aussi.
Une information qu'Evelyn garde précieusement, dans sa bibliothèque intérieure de toutes les phrases, toutes les douceurs énoncées par Celia à son adresse. Evelyn est une femme désespérée, en bien des domaines. Elle se raccroche à ce qu'elle peut, à ce peu de lumière que lui offre Celia au beau milieu de cet océan tumultueux et sombre, si sombre que sont son existence et son entourage.
Ses propres compliments semblent plaire à Celia, dont le sourire l'envoûte. Evelyn ne sait pas si elle doit se fier à ses yeux, elle ne sait pas si elle a raison d'interpréter ce sourire pour tout ce qu'il a de charmant, mais qu'importe. Le temps de quelques secondes, elle se plaît à fantasmer que c'est bien un jeu de séduction, subtil mais redoutable, qui s'instaure entre elles.
De tout son cœur. Quelle divine rêverie. De tout son cœur… Evelyn aimerait tant que ce cœur lui appartienne. Non pas pour le réduire en cendres ou le lui arracher, mais au contraire pour en prendre un soin dévot. Celia l'ignore, mais le sien, de cœur, lui appartient déjà. Sans qu'elle n'ose le conscientiser, sans qu'elle n'ose même le sous-entendre en des termes plus téméraires. Pas encore. Pourtant, déjà, après avoir pris une nouvelle gorgée de sa boisson, elle se sent plus brave. Comme si les regards qui se posaient occasionnellement sur elles n'importaient plus. Comme si elles n'étaient pas en temps de guerre, mais bien à l'abri, sereines, en pleine campagne. Juste elles, et la caresse du soleil… Troublée par le fil pris par ses pensées, Evelyn baisse sa coupe de champagne et le regrette aussitôt. Car Celia lui répond, et sa réponse est là encore trop sujette à interprétation. Or, Evelyn a cessé d'être raisonnable, elle a cessé de se fustiger pour chaque lueur d'espoir qui traverse son regard en écoutant Celia. Elle veut y croire, elle veut… Elle en veut plus. C'est bien son trait de caractère principal. Qu'importe l'époque, qu'importe l'endroit ou la compagnie, Evelyn Hugo en voudra toujours plus. Et elle est plus que jamais déterminée à obtenir ce qu'elle veut. Ce qu'elle aime.
- J'ai souvent pensé à toi également, confesse-t-elle doucement. Et tu as cruellement raison de souligner que nous ne nous sommes pas vues depuis trop longtemps. Viens, éloignons-nous. Raconte-moi ce que j'ai manqué, Celia. S'il te plaît. J'aime imaginer ton quotidien, j'aime savoir comment tu occupes tes journées.
Elle aime plus encore s'imaginer, elle, s'intégrer petit à petit dans ce quotidien qu'elle fantasme plus que de raison. Pendant qu'elle s'exprime, Evelyn passe le bras sous celui de Celia et, posant élégamment la main sur son avant-bras, comme le feraient les plus proches des amies, elle l'entraîne, lentement mais sûrement, en direction de l'immense baie vitrée qui mène sur les jardins. Jardins où, déjà, des groupuscules et des duos se sont formés, qu'elles peuvent apercevoir de loin, aussi petits que des insectes.
▿ Ton univers : Tétralogie (( Dragon Rouge (1981) Le Silence des agneaux (1988)﹒Hannibal (1999)﹒Hannibal Lecter : Les Origines du Mal (2006) )) + Films (( Le Silence des Agneaux (1991)﹒Hannibal (2001) ))
▿ Date de naissance : 20/01/1968
▿ Age : 56
▿ Métier : Neurochirurgien
▿ Quartier : Baker Street Avenue
▿ Côté cœur :
“I'll confess it is pleasant to look at you asleep. You're quite beautiful, Clarice.” ― Hannibal Lecter to Clarice Starling
Celia humecte doucement ses lèvres dans sa coupe, tout en observant distraitement les gestes de son amie. Evelyn… Evelyn est bien trop belle et pure pour faire partie d’un univers aussi sinistre. Elle gravite parmi les puissants dignitaires, considérée par la plupart d’entre eux comme un simple trophée, alors qu’elle mérite tellement plus. Tellement, tellement, tellement plus… Elle mérite d’être… Dans ses bras à elle. Respectée, aimée pour la personne qu’elle est, pour sa vivacité d’esprit, pour son intelligence, pour ses goûts concernant ses lectures, pour ses opinions, et non seulement pour son joli minois, la cascade de cheveux blonds ou pour son corps plantureux. Lorsqu’Evelyn évoque les discussions complexes de son mari et de ses amis, la rousse incendiaire – récemment teinte en un blond vénitien – esquisse l’ombre d’un sombre compréhensif. La langue d’Evelyn fourche, elle s’apprête à prononcer un autre adjectif que « complexe ». Cela attire sa curiosité. Sin… quoi donc ? Le premier mot qui lui vient à l’esprit est… sinistre. Oui, sinistre. Ces hommes le sont, ce régime abjecte l’est, ce pays l’est encore plus. Elles doivent partir, quelque part, n’importe où. Au soleil, à la liberté, loin, très loin de toute entrave… Juste toutes les deux. « Nous passons si peu de temps ensemble… » confesse Celia, en évoquant les longues semaines de séparation provoquées par leurs train de vie respectifs, presque avec mélancolie. « Si seulement nous pouvions toujours être toutes les deux. Ensemble. » La comédienne soupire, confessant le dilemme de sa vie, presque malgré elle. C’est un doux rêve, un fantasme qui ne verra probablement jamais le jour… « Je ne sous-estime rien, Evie. Je me languis souvent de nos discussions, de nos débats d’idées… » Elles sont si semblables, deux flammes jumelles. Incandescentes et vives. Pleines de séduction et de malice. Plus intelligentes et redoutables que ce qu’elles veulent bien montrer à ces messieurs.
Lorsqu’Evelyn admet avoir bien souvent pensé à elle, c’est avec une certaine pudeur, que Celia St. James acquiesce en silence d’un hochement de tête. Elle la suit sans discuter dans les jardins du manoir. Là-bas, l’air est frais mais elles sont enfin véritablement livrées à elles-mêmes, isolées et loin des regards indiscrets. Elles pourront parler plus librement, sans crainte d’une éventuelle extrapolation de leurs propos. Evelyn Hugo l’encourage à parler de ses passions, de ses activités en son absence. Celia accueille sa curiosité avec un sourire énigmatique, en coin. Elle pose doucement sa main manucurée sur le poignet délicat d’Evelyn, en priant pour ne pas montrer le moindre signe de tremblement ou d’émoi. Rien qui puisse être perçu comme autre chose que de l’amitié pure et dure. Alors qu’au plus profond de son cœur, de son âme… ce n’est pas de l’amitié qu’elle désire au fond d'elle. « Tu sais, Evie… La vie d’actrice est certes trépidante, mais particulièrement solitaire. » Et pas seulement la vie d’artiste, celle d’espionne pour la résistance l’est encore plus… Mais cela, c’est son plus grand secret – le seul qu’Evelyn Hugo ignore et ne pourra jamais savoir. Qui sait ce qu’elle dira ? Est-ce qu’elle osera la dénoncer ou la trahir ? Est-elle si… liée à ce sinistre individu qui lui sert d’époux ? « J’ai souvent des moments de solitude… » Ces moments sont de plus en plus intenses et nombreux, maintenant qu’elle prend définitivement conscience de la nature des sentiments qui la lie à sa plus proche confidente et amie. Des sentiments interdits, loin d’être permis au sein d’une Allemagne pareille, à une époque aussi noire. « Alors, je pense à ton sourire. Toujours. » Instantanément, ses lèvres colorées d’un très beau rouge sang s’étirent en un sourire éclatant, au même moment, elle renforce sa prise autour du bras de son amie, alors qu’elles marchent paisiblement à travers les jardins. Celia observe avec attention ces groupes et ces duos qui se dispersent ici et là, tout en se mordant l’intérieur de la joue. Elle espère pouvoir gagner un peu de solitude avec Evelyn. Les autres les dérangent. Ce qu’elle peut lui offrir, c’est un peu de répit, surtout. Être une femme du monde, aussi convoitée et importante doit être un activité éprouvante à plein temps. « Je l’imagine, et… je me sens mieux. » reprend Celia en riant chaudement, le visage penché contre l’épaule de son amie. Elle évite soigneusement de la regarder, consciente de son état d’euphorie et de la moiteur de ses mains blanches. Cette proximité la met dans des états de nervosité remarquables. Loin de les fuir, elle plonge la tête la première. Celia désire tant se rapprocher enfin d’Evelyn. « Dis, Evelyn… Si tu pouvais m’accompagner, le ferais-tu, un jour ? Le temps d’un week-end ou d’une semaine de repos, loin de toute l’agitation de la capitale ? » Fuir Berlin pour quelques temps… Celia convoite cette fuite le plus ardemment possible. Troublée, Celia continue de fixer l’horizon, ces grandes allées couvertes de fleurs, ces arbres centenaires, ces petits bancs de pierre… Elle regard un peu partout, sauf dans la direction d’Evelyn.
Rester toujours ensemble... Un doux rêve, oui, qui fait cependant sourire Evelyn d'un air si doux, si rêveur qu'il semble appartenir à une autre femme. Car Evelyn Hugo n'est pas réputée pour être douce, ni même particulièrement docile, contrairement à ce que son rang laisse présager. Mais avec Celia... Elle est naturellement plus tendre. Plus dévouée, alors même que la société voudrait qu'elle accorde cette dévotion à son mari et non à... cette amie de longue date.
- J'en rêve, moi aussi, confesse-t-elle d'une voix si douce, si basse qu'elle pourrait tout aussi bien n'être qu'un souffle. Ta présence me manque dès l'instant où j'en suis séparée, aussi bref soit-il.
Si Celia décide de s'offusquer de sa franchise, Evelyn mettra cela sur le compte de l'alcool. Mais la vérité, c'est qu'elle n'a pas besoin d'alcool pour lui confier de tels propos. C'est dans le regard de Celia qu'elle trouve la bravoure de se livrer, y compris dans ces instants où elle devrait faire preuve de prudence et se taire de peur que des oreilles indiscrètes ne décident d'interpréter un peu trop hâtivement ses propos. Même si, dans ce cas précis... toutes les rumeurs qui pourraient être engendrées par ses confessions auraient un fond de vérité. Elles seraient même en deçà de la vérité, leur prêtant volontiers des affaires de coucheries alors que les sentiments d'Evelyn sont bien plus profonds, bien plus importants que cela. Celia est une femme désirable, oui... Incroyablement désirable, même. Mais ce n'est pas uniquement de la sensualité qui anime ses pupilles lorsqu'elle pose les yeux sur son amie. C'est quelque chose de bien plus doux, de bien plus tendre. Quelque chose qui relèverait presque du sacré.
Elles s'isolent, à présent. Leurs pas les mènent dans les jardins. Là, elles peuvent entretenir un semblant d'intimité. Une illusion, lorsque l'on sait que les autres convives, eux aussi, se promènent dans ce décor trop enchanteur pour appartenir à leur hôte. Et pourtant… Le privilège revient bien à leur hôte, aussi cruelle soit sa position. Celia lui évoque sa vie d'actrice, cette vie qu'Evelyn lui envie, parfois. Mais ce qu'elle évoque plus en détails, c'est sa solitude. Une solitude pour laquelle Evelyn éprouve aussitôt de la sympathie. Elle aussi, se sent terriblement seule... Elle irait même jusqu'à affirmer qu'elle se sent dépérir de solitude tout en étant presque constamment entourée. Parce qu'elle ne se sent véritablement complète qu'en présence de Celia. Evelyn écoute la divine qui hante ses pensées, et se sent rougir sous les paroles qu'elle lui adresse, à elle. Rien qu'à elle... C'est un élan de possessivité qui anime soudainement Evelyn, qui referme une main sur celle de Celia, elle-même posée sur son avant-bras. Ce que lui confie l'actrice a des allures d'aveu... de déclaration. C'est ainsi qu'elle choisit de les interpréter, en tout cas. Celia reste évasive, mais ce qu'elle lui révèle enchante Evelyn, qui se sent aussi troublée, par leur proximité, par ces aveux, qu'une adolescente découvrant l'émoi de l'amour pour la première fois.
- Celia… soupire-t-elle amoureusement.
Elle n'accusera pas l'alcool, cette fois-ci. Elles sont presque seules, suffisamment éloignées des autres pour qu'elle se permette, enfin, d'être sincère. Ce qu'elle n'ose lui dire en paroles, elle le lui avouera par le ton de sa voix, par ses regards tendres et par la prise de ses mains sur ce corps si désiré.
- J'aime imaginer que tu penses à moi... Sache que c'est entièrement réciproque, Cece. Je pense toujours, toujours à toi... Y compris en des circonstances où je ne suis pas censée penser à une femme. Je pense à tes yeux. Ta voix. Ton sourire.
Ce même sourire duquel elle tente de se rapprocher, touchant le menton de Celia du bout des doigts, pour remonter l'index sur sa lèvre inférieure, qu'elle caresse distraitement. L'ombre d'un sourire pare ses propres lèvres. Il ne s'agit pas de timidité, pas vraiment... Evelyn n'est pas une femme timide. Mais elle agit avec une forme de pudeur qui n'est en rien due à Celia, mais bien plus à leur environnement.
La question de son amie et confidente l'empêche de commettre ce qui ne saurait être oublié si elle venait à franchir le pas. L'envie de l'embrasser est pourtant forte, presque douloureuse, tant elle tend son corps, qui ne demande qu'à trouver un refuge dans les bras de Celia. C'est terriblement indécent. C'est tragiquement réprouvé. Et pourtant... rien de tout ceci n'importe. Elle se damnerait pour Celia. Mais cette dernière lui fait une proposition qu'elle ne peut ignorer et qui, au contraire, l'incite à songer à cet avenir possible, très certainement imaginable, évoqué par Celia. L'accompagner... Quitter la capitale. Et ne jamais revenir.
- Je le ferais sans hésiter, Celia. C'est mon vœu le plus cher…
Le trouble de Celia, elle le ressent et l'interprète pour ce que son propre trouble révèle de ses sentiments. Elle caresse l'espoir, un brin illusoire sans doute, que ses sentiments soient partagés par Celia, avec la même intensité. Et... Evelyn, soudainement, ne parvient pas à réprimer le besoin d'obtenir une réponse claire à ce sujet. Lui prenant délicatement le bras, elle l'entraîne un peu plus loin, là où les buissons sont hauts, là où elles seront isolées, suffisamment isolées pour qu'aucun regard indiscret ne les trouve. Evelyn les guide au coin formé par deux murs de haies, avec une lenteur destinée non pas à les tourmenter toutes deux, mais à rassembler le courage d'agir. Et, alors que les secondes de silence se prolongent, elle plonge son regard dans celui de Celia, si clair, si envoûtant... Et trouve alors toute la bravoure dont elle avait besoin. Elle n'attend que le temps de quelques battements de cœur avant de se pencher vers elle, sans brusquerie, mais avec une grande attention. Ses lèvres, enfin, frôlent celles de Celia, puis se referment sur elles avec plus de franchise, exprimant ce besoin qu'elle ressent depuis bien trop longtemps. Ce besoin de sentir ses bras se refermer sur elle, ce besoin, vital, de partager le même souffle qu'elle.