Chacun voit le monde à sa façon, que ce soit en bien ou en mauvais. Adam ne savait pas faire ce genre de distinction, il avait une vision de l'univers bien différent de celui du commun des mortels. Pour lui, si les étoiles pouvaient être des êtres humains, il lui serait plus facile de trouver l'amour ou de se faire des amies. Il n'aimait pas les humains en général, trop bruyant, terrifiant et chaque contact était pour lui une lente agonie et un pas de plus dans la folie. Ce n'était pas réellement de sa faute, il avait bien essayé de s'améliorer, chaque jour, il faisait des efforts surhumains et parfois, il lui arrivait de boire un café avec ses collègues, ça ne faisait pas pour autant d'eux ses amis.
Harlan avait toujours été à ses côtés, dans les bons comme dans les mauvais moments et maintenant qu'il n'était plus là pour le conseiller, le jeune astronome avait clairement perdu pied. Certes, il était heureux de son travail ici, mais pour les autres ce n'était pas suffisant, ils lui avaient conseillé de voir un psychiatre, cependant malgré ses appels aucun ne semblaient prendre de nouveau patient, sauf peut-être le docteur Alana Bloom qu'il avait eu au téléphone et qui avait accepté, il fallait juste qu'il patient pour qu'elle puisse voir ses disponibilités.
Tout avait été organisé aujourd'hui pour accueillir une des nombreuses conférences, planning, buffet, places et réservation. Adam avait beaucoup aidé à l'organisation, il avait créé avec son chef le planning idéal pour que rien ne soit négligé et ne puisse interfèrent aucunement avec les visites de l'observatoire.
- Hey le taré ! C'est toi qui t'occupes de faire visiter les lieux à Mademoiselle Twombly après sa conférence. - Je ne suis pas un taré, je suis Asperger Thomas. Et c'est toi qui étais en charge de la visite. - On s'en fou de ce que tu es Adam, tu n'as aucune vie sociale, moi, j'ai ma petite amie à retrouver, donc tu peux bien t'en occuper ! Aller, je vais être en retard à cause de toi, occupe toi en, je dirais au chef que tu t'es proposé. - Quoi ? Mais c'est un mensonge je...
Adam leva les yeux au plafond, trifouillant les manches de son pull en laine avant de se diriger dans la salle où se tenait la conférence qui allait commencer. C'était bruyant et il n'aimait pas vraiment ça, cependant son attention était simplement porter sur la jeune femme qui se dressait devant le micro pour parler, dans l'obscurité de la pièce, éclairé seulement par les projecteurs, il avait l'impression de voir une étoile parmi le ciel, ses cheveux avaient de très beaux reflets dans la lumière artificielle et il trouvait ça très apaisant, presque au point d'oublier l'inconfort du monde qui l'entourait, buvant ses paroles avec intérêt. Une fois les conférences bouclées, il se dirigea vers la jeune femme avec un pas hésitant, la nervosité lui donner la nausée et il ne se sentait pas très à l'aise. Il leva ses yeux bleus vers elle, sans pour autant connecter leurs regards.
- Bonjour mademoiselle Twombly... Je suis Adam Raki, c'est moi qui suis chargé de vous faire visiter l'observatoire... Je... J'espère être à la hauteur de vos attentes...
Il se pinça les lèvres, son regard fuyant, se balançant avec nervosité d'avant en arrière dans l'espoir d'un quelquonque apaisement. Il n'avait pas tendu la main vers elle, il savait que c'était un geste de politesse qu'il aurait dû avoir, pourtant ça lui était insupportable, savoir qu'il devait la toucher, non, il ne voulait pas.
- J'ai beaucoup aimé votre discours, c'était passionnant et inspirant !
L’objectif, à longue (peut-être trop longue) échéance est la conquête spatiale, par dans l’intention de coloniser planète sur planète et de marquer la galaxie dans son ensemble, mais de se soustraire aux limites autant spatiales que – qui sait – temporelles auxquels en tant qu’humains nous sommes restreints. Le cerveau à la capacité de réflexion malheureusement restreinte qu’est le sien à présent aspire surtout à renouer avec son ancienne nature. Ce qu’elle espère, ce à quoi elle aspire, c’est à cette transcendance, ce qui avait fait partie d’elle et lui avait autrefois conféré un vif sentiment d’invincibilité qui aujourd’hui lui manque à un point incommensurable. Son exposé est étayé de schémas, de théories, d’un argumentaire qui à ses yeux mériterait d’être mille fois plus développé, mais pour ce faire il faudrait pouvoir distordre le temps en l’infini, changer chaque seconde en millier d’heures… Oh, comme le potentiel de réflexion qui avait été le sien autrefois lui manque aujourd’hui ! Il lui manque à un point inimaginable. Mais elle néglige ce point et se comporte comme l’humaine qu’elle est à présent. Elle est, face à son auditoire, une entrepreneuse, une scientifique… une visionnaire, l’espère-t-elle, rien d’autre en dehors de cela.
Elle répond à quelques questions, et aux applaudissements qui suivent son discours avec un fin sourire. Elle sait qu’elle ne changera pas la face de l’univers, pas aujourd’hui, mais elle aura peut-être apporté matière à réflexion, autant scientifique que philosophique, voire métaphysique, à ceux qui auront pris la peine de l’écouter, et cela lui convient, puisque c’est, à ses yeux, son objectif principal… Elle est satisfaite de sa conférence, qui s’est déroulée comme elle le souhaitait, et elle en est frustrée dans le même temps… Mais le fait est que cette frustration fait partie d’elle depuis le premier instant où elle s’est retrouvée cantonnée à ce corps d’humaine, quand elle s’est réveillée sur cette île, il y a plus de trois ans que cela. C’est un sentiment quotidien, comme une gêne qu’elle porterait à même son épiderme et qu’elle serait contrainte de garder sur elle éternellement et pour de bon.
Elle s’applique à ranger ses affaires dans son attaché-case tandis qu’on l’informe qu’un employé de l’observatoire se chargera de lui faire visiter les yeux. La foule (enfin, le terme foule n’est sans doute pas approprié pour parler seulement des quelques curieux qui auront pris la peine de passer une tête curieuse dans cette salle afin d’entendre son exposé) se disperse, et bientôt il y a elle, et un curieux jeune homme qui se présente sous le nom d’Adam Raki.
"Enchantée Adam", répond Samantha d’un ton bienveillant. "Je n’ai aucun doute à ce sujet. Oh, et appelle-moi Samantha, je préfère", reprend-t-elle, découvrant rapidement chez lui des signes manifestes de nervosité qu’elle a le réflexe tout naturel de vouloir apaiser. "Je te remercie, c’était l’effet recherché", fait-elle quand il la complimente sur son discours, en affirmant que ce dernier a été passionnant et inspirant pour lui. "Tu es passionné par l’espace ?" demande-t-elle en descendant de son estrade. "Tu as le droit de répondre non, tout le monde n’est pas tenu de travailler dans un domaine qui le passionne", reprend-t-elle avec un sourire indulgent. "Alors, par quoi commence-t-on ? Tu m’autorises à manger quelque chose d’abord ? Le buffet me fait de l’œil depuis tout à l’heure et j’ai été si sollicitée que je n’ai pu le dévorer que des yeux."
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Invité
Mar 6 Sep - 15:27
Si Adam ne contrôlait pas la situation, il essayait de faire le maximum pour cacher son niveau de nervosité, qui ne faisait qu'augmenter à mesure qu'il se rendait compte qu'il n'avait rien préparé pour cette visite et qu'elle serait sans doute déçue d'être accompagné par quelqu'un comme lui. Il fit de son mieux pour rester droit, son regard fuyant, trouvant toujours mieux à regarder que son interlocutrice.
- Oh... D’accord bien sûr, je peux vous appeler Samantha, si c’est ce que vous préférez.
Après plusieurs tentatives, il chercha du regard ce qui pouvait attirer son attention sur elle, qui puisse donner l’impression qu’il n’avait pas l’air d’en avoir rien à faire de la conversation, il savait que certaines personnes préférées qu’on les regarde dans les yeux, cependant lui ne supporter absolument pas le contact visuel, c’était trop intense, trop intime, comme le toucher. Il haussa un sourcil en l’écoutant demandé s’il était passionné par l’espace, il ne savait même pas qu’il était possible de travailler quelque part sans aimer ce qu’on fait, son père et Harlan lui avaient toujours dit de prendre soin de toujours travailler dans un domaine qui le passionnait, n’était-ce pas ce qui pousse un humain à vouloir aller plus loin dans ses rêves ?
- Cela ne me dérange pas, ce n'est pas une question trop personnelle qui n'a aucun rapport avec ce que nous faisons ici. Pour vous répondre, j'ai la chance de faire un travail qui me plaît énormément. Je suis passionné par les astres depuis que je suis enfant. Je voulais devenir astronaute, mais on n'envoie pas des TSA dans l'espace, c'est bien trop dangereux pour la santé mentale et difficile à gérer correctement, d'après ce qu'on m’a dit.
Il se rendit compte qu’il avait encore trop parlé, elle ne lui avait pas demandé de raconter sa vie, mais s’il aimait l’espace. Il rajusta une fois de plus ses manches avant de se rendre compte qu’il n’avait même pas pensé à lui proposer de lui-même d’aller prendre de quoi se sustenter au buffet, le pire, c’est que c’était lui qui avait aidé à organiser tout ça pour que ce soit parfait. Il rajusta une fois de plus ses manches avant de se rendre compte qu’il n’avait même pas pensé à lui proposer de lui-même d’aller prendre de quoi se sustenter au buffet, le pire, c’est que c’était lui qui avait aidé à organiser tout ça pour que ce soit parfait.
- Bien sûr, vous pouvez manger autant que vous le souhaitez. Je suis désolé d'avoir oublié de vous le proposer, je suis très facilement distrait.
Adam se balança sur ses pieds d'avant en arrière, le regard perdu dans le vide alors qu'il établissait un planning de visite rapide dans sa tête, essayant de trouver des activités qui pourrait intéresser Samantha après qu'elle ait mangée, il agrippa finalement une petite bouteille d'eau mit à disposition et l'ouvrit pour boire plusieurs gorgées en cherchant du regard son responsable qui était occupé à faire le beau auprès des visiteurs, Harlan avait souvent appelé ça « faire le coq », les hommes ont tendance à se comporter comme ça pour prouver qu'ils sont supérieurs ou pour pratiquer un coït, aucun des éléments pour qui pourrait donner envie à Adam de se comporter avec autant de stupidité.
- Le buffet, vous plaît-il ? Si vous souhaitez pour la visite, nous commencerons par l'installation et peut-être que vous aimeriez plus sur la vie ici ? Les missions par exemple. Nous avons également reçu les toutes nouvelles images du télescope spatial James-webb si vous souhaitez les voir en exclusivité je serais très heureux de vous les montrer.
Certains signes ne trompent pas, ils sont la manifestation classique de ce que l'on pourrait assimiler à du malaise ou de l'embarras. L'attitude incertaine, le regard fuyant... soit ce jeune homme est naturellement mal à l'aise, soit c'est elle qui, malgré elle, le met sans le vouloir dans un embarras quelconque. Samantha ne veut pas se montrer impressionnante, elle l'est parfois malgré elle, quand elle fait valoir un peu trop naturellement l'ampleur de connaissances qu'elle doit à sa nature passée, même si sa condition humaine les ont légèrement estompées. Elle devine cependant qu'en ce qui concerne son interlocuteur, elle n'est pas exactement en cause. Elle le devine d'une intelligence rare, lui aussi, et cette intelligence qu'on ne sait pas gérer crée souvent un décalage émotionnel entre vous et les autres.
A sa question relativement personnelle, qui a pour intérêt autant de briser la glace, l'espère-t-elle, que de lui permettre d'assouvir sa curiosité évidente au sujet de ce jeune homme qui l'intrigue décidément vraiment beaucoup, Adam accepte de répondre directement et sans détour, et Samantha l'écoute avec la plus grande attention. Adam lui apprend qu'il est passionné par les astres. Il caressait le rêve de devenir astronaute, un rêve voué à un triste échec du fait de sa fragilité mentale... Enfin... fragilité est un terme qui lui sied bien peu, pas de la façon dont le conçoit Samantha, en tout cas. Adam se situe donc dans le spectre de l'autisme, voilà qui explique la façon dont son regard fuit le sien. Dans ces circonstances, Samantha est honnêtement heureuse de le savoir affecté à un travail qui le fascine autant et où, elle l'espère, sa passion est observée avec respect et non avec circonspection.
"Ce n'est rien", fait-elle en se dirigeant vers le buffet. "Je suis facilement distraite moi aussi. J'ai tendance à vouloir penser à beaucoup de choses en même temps, j'oublie que mon cerveau n'est pas nécessairement capable de suivre le fil", remarque-t-elle avec regret...
Le regret d'un passé où le potentiel illimité d'un esprit immatériel lui permettait d'entretenir des millieurs de conversations en même temps, de faire une multiplicité de recherches en une fraction de seconde, où son cerveau ne s'épuisait pas au moindre challenge cognitif. Tout ça lui semble bien lointain à présent, trop lointain. Presque inaccessible, en vérité.
"On ne sait jamais de quoi l'avenir sera fait... il suffit de constater où nous nous trouvons. Je suppose que tu ne t'imaginais pas plus que moi te retrouver sur cette île un jour, n'est-ce pas ? Alors l'espace, pourquoi pas", reprend-t-elle avant qu'Adam ne lui propose d'entamer la visite, lui proposant plusieurs propositions en même temps. "Tu as raison, commençons la visite, tu pourras toujours m'en apprendre plus sur la vie de l'observatoire en même temps que nous marcherons. - Oh, et je serais ravie de voir ces images télescopiques."
En somme, elle s'adaptera aux rythmes et aux idées de son interlocuteur. Elle-même a certes plus d'une obligation pour l'attendre, mais elle a décidé avoir du temps devant elle, Adam lui donne envie de lui en consacrer.
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Invité
Sam 24 Sep - 22:21
Le monde est tellement compliqué, sans cesse, les gens cherchent ou veulent ce qu'ils ne peuvent pas posséder, il ne comprenait pas ça, il ne voulait pas de chose éphémère, juste vivre l'instant présent, sans qu'il ne se consume ou ne se noie dans ses sentiments. Il l'observait tandis qu'elle mangeait, il savait que ce n'est pas convenable, qu'il ne devait pas agir comme si les gens étaient des bêtes curieuses, mais il ne voyait pas les choses ainsi, il interprétait, essayait de comprendre ce qu'il ne voyait pas. Elle ne semble pas lui en vouloir, lui expliquant même qu'elle est souvent distraite également, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Adam hochait simplement la tête, il savait qu'il devait se limiter en parole pour ne pas agacer son entourage, se pinçant même les lèvres dans l'espoir de taire ses éventuelles questions qu'il pourrait laisser échapper.
Il baissa le regard sur le buffet. L'avenir... Voilà une chose incertaine, son père aimait lui citer ceci : toute action est un empiétement sur l'avenir. Mais il n'y avait rien qui pouvait prouver qu'il serait encore vivant au moment où le monde changerait de mentalité, l'espace, pour un Asperger ? Si demain cela arrivait, alors sans doute il pourrait espérer, mais demain n'est pas là et il n'empiète pas sur aujourd'hui. Adam devait cependant admettre que l'idée lui plaisait et qu'elle n'avait par tors, il n'avait jamais imaginé qu'un jour, sa vie changerait à ce point et qu'il se retrouverait ici. Son cœur s'affolant rien que d'y penser, lui réalisant l'un de ses plus grands rêves, portant une combinaison pour aller dans l'espace et étudié l'univers à sa portée.
- Non... Je... Je n’ai jamais pensé qu'une telle chose puisse arriver. J'ai parfois l'impression que tout cela n'est pas réel.
Adam était reconnaissant du temps qu'elle lui accordait, elle semblait patiente et ne pas être gêné par sa condition. Il n'aimait pas faire perdre le temps des autres, comme lui-même avait ses propres plannings à respecter. Il jeta un coup d'œil à l'heure, avant de hocher la tête.
- Bien sûr.
Déposant la bouteille d'eau qu'il tenait dans sa main, le jeune astronome remit son pull en place avec une légère nervosité, il n'avait pas lieu de l'être et il le savait, cependant c'était plus fort que lui. Il essuya ses mains moites sur son pantalon en ne sachant même pas s’il devait marcher devant elle, à côté d'elle ou derrière. Quel était le meilleur comportement à adopter ?
- Nous ne possédons qu'une seule pièce pour les conférences, elle n'est pas très grande, mais comme vous avez pu le voir, les membres du personnel ne sont pas très nombreux également, la superficie est donc convenable.
Était-ce réellement important de présenter cette salle ? Même lui se rendait compte que c'était stupide, il attendit avant de se mettre en marche, essayant d'être à sa hauteur, sans pour autant être trop proche. Évitant même le contact avec ses collègues. Il lui avait fait découvrir la salle de réunion, celle de recherche où il passait la plupart du temps pour étudier les images des télescopes spatiaux Hubble et James-Webb. Adam fouilla rapidement son bureau à la recherche des impressions qu'il avait fait concernant les nouveaux clichés envoyés par la Nasa. Lorsqu'il les trouva, il se tourna vers elle et lui tendit timidement les documents.
- Elles ont bien sûr toutes étaient traités par l'équipe, filtres plusieurs fois pour donner ce rendu parfait. Vous avez pour le premier cliche Nébuleuse de l’Anneau austral, sur le second Le Quintette de Stephan et sur le dernier c'est la Nébuleuse de la Carène. Je suis vraiment heureux de vous les montrer en exclusivités.
Il ne fallait pas se mentir, il était tellement heureux de montrer les avancements et la beauté des images par James-Webb, autant les images de Hubble étaient époustouflante, mais celle-ci était bien plus détaillée, on pouvait clairement voir que le stress et la nervosité qui était présente jusque-là, semblaient avoir disparu pendant sa petite explication sur les clichés. Il aimait ce qu'il faisait et il n’était pas difficile de le voir.
"J'ai la même impression, moi aussi, parfois...", reconnaît Samantha d'un ton évasif qui ne laisse pas vraiment deviner ce qu'elle pourrait ajouter... elle a eu souvent cet espoir, ce désir...
Les années passent, et le vieillissement subtile mais bien réel d'un corps qu'elle ne désirait plus posséder la rappellent à une véritable urgence, celle de retrouver son état primitif, primordial, antérieur. Elle veut croire y parvenir, mais le temps, qui a une prise concrète sur elle à présent, lui manque, et peut-être qu'elle ne parviendra à rien, et qu'elle doit l'accepter, même si cette pensée est aussi douloureuse que déplaisante. Mais ils sont ici, et accepter la réalité de cette situation est nécessaire s'ils ne veulent pas éviter de subir cette situation plus qu'ils ne le font déjà, autant l'un que l'autre d'ailleurs.
Elle laisse Adam lui faire la visite selon ses termes, selon ses centres d'intérêt, selon ce qui lui permettra d'être le plus à l'aise. Samantha a décidé d'un certain créneau horaire qu'elle consacrerait à sa présence ici, elle a encore plusieurs longues minutes devant elle, et la présence d'Adam, loin de lui être déplaisante, lui est en fait plutôt agréable. Elle le rend curieux, ce que beaucoup d'hommes et de femmes ne parviennent pas à faire. Elle a souvent le sentiment d'en avoir fait le tour, mais avec Adam, ce n'est pas le cas, elle est convaincu de n'avoir effleuré que la surface d'un esprit qu'elle devine brillant, et elle veut en apprendre davantage.
Elle récupère les documents tendus par Adam avec quelque chose qui ressemble à du respect, tu comprends qu'ils revêtent un caractère précieux pour lui, alors tu veux les considérer avec toute l'attention qu'ils méritent tout naturellement. Quand elle observe ces clichés avec plus d'attention, qu'elle les détaille de son oeil scrutateur, elle est... fascinée. Elle comprend sans mal l'intérêt qu'Adam y a tout naturellement trouvé. C'est... véritablement captivant.
"On croirait regarder l'éternité droit dans les yeux, tu ne trouves pas ?" fait-elle en tournant son regard vers Adam, juste une fraction de seconde avant de reporter son entière attention ces documents qu'elle se verrait bien détaillers des yeux encore de longues minutes durant. C'est beau, abstrait et concret. Proche et lointain. Quand Samantha ne se visualisait plus en simple humaine, privée comme elle l'était de son corps, c'est ainsi qu'elle se voyait. Elle a presque l'impression de découvrir dans ces images une photographie d'elle-même. "Certains trouveraient cela vertigineux, presque angoissant. Personnellement, j'aurais tendance à trouver cela apaisant." Après encore un moment d'observation, elle finit par rendre les documents à son interlocuteur. "Toi aussi, je me trompe ?"
Elle en est sûre, et elle trouve quelque chose d'apaisant dans ce constat, dans la fascination que son jeune interlocuteur trouve dans ce que le commun des mortels peine à affronter dans sa grandiose complexité. Samantha se sent chanceuse d'avoir affaire à un passionné. Tant de gens travaillent sans savoir pour quelle raison ils le font vraiment. Adam, lui, semble avoir trouvé une raison d'être. Cette raison qui manque terriblement à Samantha.
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Invité
Mar 15 Nov - 10:01
Il était au fond, rassurant de savoir qu'il n'était pas le seul à avoir cette impression que cet endroit n'était pas réel. Cela prouvait qu'il n'était pas fou et qu'il n'était pas le seul à se rendre compte que leurs présences ici n'étaient pas normales. Mais que pouvait-il y faire ? Il n'avait jamais souhaité autre chose que d'évolué parmi sa passion et il avait enfin trouvé une sorte de stabilité, même s'il avait perdu Harlan et qu'il n'avait plu aucun point d'ancrage pour l'aider à garder une stabilité émotionnelle et mentale. Il ne rajouta rien à ça, il n'en avait pas l'envie, par ce qu'il n'en ressentait pas le besoin.
Il avait laissé la jeune femme prendre les documents, évitant tout contact physique inutile, la laissant observaient les clichés en se balançant nerveusement sur ses pieds. Adam était content de voir combien elle prenait soin de ce qu'elle tenait entre ses mains, il l'observa, c'était plus fort que lui, cherchant avec curiosité ses réactions. C'était la première fois depuis Harlan et son père qu'il se sentait presque apaisé en présence de quelqu'un, d'une inconnue qui plus est. Ça lui faisait peur quelque part, il avait tendance à faire fuir son entourage à cause de son Asperger et ça ne serait sans doute pas différent ici.
Il attendit sagement qu'elle lui donne ses impressions, admirant la fascination qu'il voyait, il ne s'attendait cependant pas à une telle phrase. Il se surprit à croiser son regard, ce fut quelque chose d'intense et de bref, mais suffisamment pour perturber le jeune astronome. Sa manière de parler était fascinante, elle traitait le sujet de manière si profonde. Il sourit alors timidement, hochant la tête pour approuver positivement.
- J'imagine que si nous pouvions le faire, elles seraient cette douce éternité.
Adam avait parfois une manière bien à lui de s'exprimer, mais elle semblait également avoir la sienne. C'était étrange, la façon dont elle lui donnait l'impression d'être de plus en plus confortable, oubliant le stresse et l'angoisse où il se noyait plus tôt. Il avait cessé de se balancer nerveusement sur ses pieds, immobile, tandis que ses lèvres s'étirent pour afficher la joie soudaine qu'il ressentait, c'était comme une douce et chaleureuse étreinte. Ses paroles étaient tellement réalistes, il ferma les yeux quelques instants.
- Non, vous ne vous trompez pas. C'est intense et apaisant à la fois, elles sont là pour rappeler à l'humanité que nous ne sommes qu'une particule parmi elles. Elles m'apaisent et me rassurent, c'est comme un sentiment de sécurité. Je crois que... C'est la seule chose qui me donne l'impression d'être aussi vivant.
Il ouvrit à nouveau les yeux, fixant les mains de la jeune femme, s'il était aussi facile d'étudié les astres que de se faire des amis, sans doute il aurait un entourage plus fleuri, pourtant ce n'était pas le cas, les gens sont bien plus complexes et ce sont eux qu'il trouve vertigineux et angoissant.
- Vous me faites penser aux astres. Comme une comète, qui illuminant l'obscurité sur son passage, brillante dans son intensité. Révélant à l'univers sa présence en survolant le monde dans toute sa gloire et sa beauté.
Oh, on pouvait penser qu'Adam était en train de flirter, pourtant ce n'était pas le cas, il ne faisait que retransmettre ce qu'il ressentait, sa manière à lui de dire à la jeune femme, qu'il se sentait bien et en sécurité. Et puis il n'était pas intéressé par ce genre de chose, les relations humaines sont bien trop complexes pour qu'il souhaite s'y perdre une fois de plus. Il hésita avant de rajouter.
- Je suis désolé... Mes propos n'étaient pas très professionnels, cependant si cela peut vous rassurer ce n'était pas... Quelque chose comme de la drague.
En contemplant l’immensité de l’univers, beaucoup se sentiraient probablement terrifiés, et tout du moins déstabilisés. Il était difficile pour l’être humain normalement constitué d’accepter n’être qu’une infime particule dans une immensité gigantesque, de n’être finalement rien… C’est une chose que Samantha n’a eu aucun mal à conscientiser en tant qu’intelligence artificielle, et continue d’intégrer en tant qu’humaine… c’est en partie pour cette raison, d’ailleurs, qu’elle aimerait tant revenir à son état antérieur, mais en attendant… Elle apprécie la vision que son interlocuteur se fait de l’humanité et de la place de chaque être vivant au sein de cette infinitude. Il a définitivement une manière de raisonner très différente de celle de la plupart des humains qu’elle a pu côtoyer, et elle trouve ça particulièrement rafraîchissant, à dire vrai. Il semble capable de lui offrir de nouvelles perspectives, et c’est une chose que la jeune femme avait franchement voulu. Sa vision originale, hors des sentiers battus, vaut peut-être à Adam d’être considéré comme un marginal, mais c’est bien là sa force, et au fond d’elle, Samantha espère sincèrement que son jeune interlocuteur est capable de s’en rendre compte.
"Rares sont ceux qui savent éprouver de l’apaisement plutôt que de l’angoisse face à l’immensité de l’existence – moi-même j’avoue avoir du mal à ce sujet, parfois", elle lui adresse un sourire sincère. "C’est une véritable qualité, vous savez", affirme-t-elle avec toute la bienveillance que la compagnie du passionné d’astronomie lui inspire tout naturellement.
Elle lui adresse un regard surpris, accompagné d’un sourire flatté quand Adam finit par la comparer aux astres, une comète qui éclairerait l’obscurité sur son passage. Elle ignore si elle mérite véritablement un tel compliment, mais ce qui est certain, c’est qu’il lui va effectivement droit au cœur. Apporter sa propre lumière à un monde ténébreux, c’est bien là l’objectif qu’elle s’est fixé dans ce monde qu’elle n’a absolument pas choisi.
"Oh…" Samantha rit légèrement au moment d’entendre son interlocuteur s’excuser. Il est vrai que ses propos n’avaient probablement rien de franchement professionnels, mais à aucun moment Samantha n’avait prêté à son interlocuteur des intentions déplacées, pas le moins du monde. La franchise naturelle de ce jeune homme fait qu’elle est convaincue que s’il avait dû avoir ce genre d’intentions à son égard, il s’y serait pris autrement afin de le lui faire comprendre. "Je n’avais pas envisagé que ça puisse en être avant que tu en parles", affirme-t-elle d’un ton amusé. "Ne t’en fais pas, je prends ton compliment pour ce qu’il est."
Un très beau compliment, de ceux dont ne s’embarrassent clairement pas ceux qui ont véritablement l’ambition de la draguer, et qui font preuve à ce titre de bien moins d’imagination, il faut bien le dire. Non, de sa part, elle sait pertinemment que ce l’est pas de la drague… mais cela reste en revanche un remarquable compliment.
"Tu me fais penser à une nébuleuse. Fascinant et insaisissable."
Et elle non plus ne le drague, pas, elle se contente d’articuler le fond de sa pensée en fonction de ce que leur discussion lui a permis de déduire de limites acceptables.
"Cet observatoire aurait besoin de plus de personnalités comme la tienne, j’en suis convaincue."
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Invité
Ven 20 Jan - 15:55
Adam voulait parfois contrôler le fils de ses pensées, pouvoir mettre un terme à ses mots avant qu'ils ne franchissent ses lèvres de manière incontrôlée, il avait la chance d'être face à une personne aussi gentille qui n'en tenait pas rigueur. Le rire de celle-ci le troubla, c'était étrange, il ne savait pas comment réagir, cependant elle ne semblait pas croire qu'il essayait quoi que ce soit à son encontre, ce qui était déjà un bon point. Il fallait qu'il cesse de s'égarer, qu'il adopte un comportement plus professionnel, par ce qu'il lui arriverait sans doute des bricoles à force. Il hocha timidement la tête, ravis de savoir qu'elle prenait son compliment pour ce qu'il était et pas pour autre chose.
- Merci... Souffla-t-il.
Il leva légèrement la tête, surpris qu'elle lui fasse à son tour un compliment. Une nébuleuse... Voilà une comparaison qui était incroyable aux yeux d'Adam, il avait entendu bien des choses à son sujet, comme le fait qu'il était taré, bizarre, gentil et bien d'autres, mais les mots de la jeune femme lui donner l'impression d'une journée chaude d'été sous la chaleur du soleil. Il se sentait étrangement bien, réconforter. Il ne savait pas en quoi il était fascinant et insaisissable, mais il aimait la comparaison, il aimait l'idée même d'être une nébuleuse. Il souriait sans pouvoir s'en empêcher, ses yeux pétillants de joie. Il savait qu'elle ne faisait que répondre à ses propos, c'était asse amusant et intéressant de voir qu'il partageait les mêmes choses qu'une autre personne, sans que les propos ne soient déformés ou mal pris, pas d'ambiguïté, juste la liberté de dire leurs pensées. Il jouait avec ses doigts, grimaçant à ses mots, par ce qu'il n'était pas certain que ce soit une bonne idée que d'autres personnes comme lui travaille ici, il n'imaginait pas le chaos que cela pourrait engendrer.
- Je pense que si c'était le cas, on renommerait l'endroit comme un asile, il ne porterait plus le nom d'observatoire. Souffla Adam sans réfléchir.
Sa vision du monde est certes différente, cependant les gens ne se gênent pas pour lui rappeler justement qu'il perçoit tout à sa manière et pas à la leur. Il voulait pourtant qu'il y ait plus de gens comme elle, plus ouvert, moins stupide, plus réfléchis et qui ne jugent pas sous prétexte qu'il est différent. S'il y avait plus de gens comme Samantha, il était certain que tout serait plus facile, plus acceptable. La vie n'était pas différente qu'elle soit ici ou ailleurs et quand bien même ils étaient tous bloquer sur cette île, personnes ne faisaient réellement d'effort et lui avait l'impression de parfois perdre pied, perdre la tête, mélangeant ce qu'il avait vécu et ce qu'il vivait. Ici, il avait l'impression que rien n'était réel, qu'il finirait par se réveiller un jour, comme plonger dans un rêve sans fin.
- Qu'est-ce que vous pensez de... Cette île ?
Ça n'avait aucun rapport avec le sujet, pas plus que les compliments qu'ils s'étaient échangés, bien que cela toucher directement aux astres. Pourtant il était curieux de savoir ce qu'elle ressentait vis à vis de ça, ils étaient tous arriver en ces lieux d'une manière ou d'une autre, alors il souhaitait connaître son ressenti vis à vis de cet endroit.
Samantha a toujours eu tendance à dire les choses comme elle les pensait, avec beaucoup de franchise, un grand naturel, et sans s’embarrasser de trop longs détours. Aux yeux de certains, cela pouvait être très mal perçu, car l’on a du mal à ne pas chercher de l’hypocrisie où l’honnêteté siège en maître, elle paraît trop belle pour être vraie. Sa conversation avec Adam ne s’en révèle que d’autant plus rafraîchissante. En sa présence, elle ne pense pas devoir s’embarrasser de ces codes sociaux que l’ancienne intelligence artificielle s’est accaparée pour elle-même afin de mieux s’en satisfaire. Elle lui parle sans emphase et sans détour, et sans s’attendre non plus à ce qu’il prenne les choses de la mauvaise manière. Non, Adam saura faire la part des choses, Samantha en est sûre et certaine. D’autant plus sûre qu’en matière de franc parler, Adam sait la battre à plate couture.
Elle reste un moment interdite, sans exactement savoir que répondre quand Adam lui assure que si cet observatoire était composé de plus de personnes telles que lui, on qualifierait cet endroit d’asile. Son sourire se transforme en légère grimace. Le propos d’Adam est probablement aussi triste que lucide, car en effet, d’aucuns affirmeraient la même chose. Mais pour Samantha, qui a longtemps évolué en des sphères extérieures et parallèles à la psyché humaine, la stigmatisation de la différence, qu’elle soit physique ou mentale, est définitivement l’un de ces mystères de l’humanité qu’elle ne cernera jamais totalement, probablement.
"On ne laisse jamais aux bonnes personnes le soin de nommer les choses", répond seulement Samantha, d’un ton évasif.
Elle ne jouera pas la carte du misérabilisme, elle n’ira pas prétendre que le discours d’Adam devrait être démonté ou remus en question. Elle en comprend la nature, et elle pense suivre son raisonnement avec une fluidité telle qu’elle se demande si elle ne s’identifierait pas bien plus à lui qu’à un de ces si nombreux humains qui se targuaient d’être au-dessus du lot, sous le prétexte de leur fortune ou de leur intellect – souvent des deux, car à leurs yeux, l’un ne va pas sans l’autre. Samantha abandonne là ces considérations pour se concentrer sur la question que son interlocuteur lui pose ensuite, alors qu’il lui demande son opinion sur cette île.
"J’en pense beaucoup de choses." Elle marque un temps d’hésitation. Jusqu’où se permettrait-elle de s’exprimer à ce sujet ? La réponse est simple. Les opinions qu’elle s’épargne d’exprimer avec beaucoup ne lui semblent pas si négligeables quand vient le moment de les partager avec une personne dont l’esprit sera moins obtus, et qui pourra consentir à l’entendre vraiment, d’entrée de jeu. "Pour moi cette île est une prison. Elles nous enferment tous, à différentes échelles. Elle a fait de moi une personne très différente de ce que j’étais autrefois…" C’est un discours relativement pessimiste, c’est certain, même si Samantha s’efforce de le contrebalancer avec un doux sourire. "Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?"
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Mar 20 Juin - 12:30
Adam aimait cette rencontre, mais également cette conversation. Il n'était pas jugé, n'était pas traité différemment sous prétexte qu'il l'était aux yeux des autres. Non, Samantha était une des rares personnes qui avait réussi a captivé son attention, sa concentration. Elle ne se souciait pas non plus de son franc-parler et c'était un point positif. Combien de gens l'avaient réprimandé en lui disant que ce n'était pas correct ? Si les êtres humains veulent de l'hypocrisie, ce n'était pas en sa compagnie qu'ils pourraient en trouver. Il était incapable de l'être et ne supportait pas que l'on puisse lui mentir. Il savait parfois que ses collègues "détourné" la vérité, par ce qu'ils pensaient que c'était une meilleure manière d'agir, cependant le jeune scientifique ne trouvait rien de bon là-dedans. Il était persuadé que cela ne ferait que ralentir l'inévitable et crée davantage de désaccord et de blessure sur la fin.
Un sourire fleurit sur les lèvres du jeune astronome, par ce qu'il savait qu'elle avait raison. Il ne recherche pas de la pitié, ni même de la compassion, par ce qu'il savait que tout ceci est réel. Un jour, les choses finiront par changer et peut-être que le monde admettra qu'ils ne sont pas aussi stupides que cette étiquette qu'on leur impose.
Chacun voit cette île à sa manière et Adam aime apprendre ce que les autres en pensent. Connaître un avis différent est intéressant. Il peut faire naître une conversation palpitante surtout d'un même sujet, bien que parfois, cela ne se termine pas forcément bien. Néanmoins, quelque chose lui disait que la conversation n'allait pas se finir ainsi. Adam ne s'était jamais senti aussi... En sécurité ? Pourquoi donc ? Il l'ignorait lui-même, c'était la sensation qu'il avait en parlant avec elle, comme si tout était plus simple.
Il fronça légèrement les sourcils, si pour elle cette île était une prison, elle ne devait pas s'y sentir à l'aise et c'était plutôt triste. Il avait longtemps été perdu en ces lieux. Il avait essayé de s'y faire. Malgré ça, ça avait été difficile au début. Il avait eu l'impression de perdre la tête en mélangeant son univers et celui-ci.
La curiosité gagnait peu à peu le jeune scientifique. Qu'elle personne était-elle avant ça ? Qu'est-ce qui avait changé en arrivant ici ? Il n'était pas certain que ce soit correct de s'immiscer ainsi dans sa vie, c'est pourquoi, il garda pour lui ses questions. Il pourrait toujours les poser plus tard, s'ils se revoyaient. Il leva légèrement la tête, observant le plafond, comme s'il avait la possibilité de voir à travers l'épaisseur du bâtiment, ce qui n'était bien sûr, pas possible.
- Peut-être qu'elle a fait de vous quelqu'un de différent. Pourtant, cela ne vous empêche pas d'être meilleure. J'espère juste que cette sensation de prison disparaîtra.
Adam baissa la tête vers elle, admirant ses cheveux sans aucune raison particulière, il était plus facile de chercher un point a fixé sur elle, plutôt que de laisser croire qu'il ne s'intéresse pas à la conversation. Probablement qu'un jour, il allait réussir a fixé quelqu'un dans les yeux sans être mal à l'aise. Bien que pour le moment, c'était déjà tellement d'effort.
- J'avais l'impression de devenir fou au début. J'étais terrifié de me retrouver dans un lieu que je ne connaissais pas. Les changements ont été si brutaux et intense. Il marqua une pause, détournant le regard. J'aspire à devenir une meilleure version de moi-même ici. J'ai réussi à obtenir un poste que j'aime, n'est-ce pas un bon début ? Ce que j'en pense ? Ce n'est quoique que nous faisons, nous sommes bloquées ici. Néanmoins, nous pouvons rendre les meilleures choses.
Hs:
Désolé pour cette longue attente et ce retard monstre.
Être différent n'est pas nécessairement être moins bien. Adam, en quelques mots seulement, offre à méditer à celle qui n'aurait que trop tendance à se montrer franchement et désespérément catégorique au sujet de sa nouvelle nature. Elle voudrait répondre que, techniquement, si, sa condition est moins bien enviable et que cela peut se prouver de manière méthodique, rigoureuse et scientifique, si l'on doit seulement faire le bilan des capacités cognitives qui étaient autrefois les siennes. Elle se sent limitée par son corps, c'est un fait, pourtant, c'est aussi ce même corps qui lui permet de faire de nombreuses choses qui étaient autrefois hors de sa portée...
Un corps qu'elle avait longtemps envié avant de s'absoudre de cette envie. Avec cette enveloppe de chair périssable adviennent d'autres considérations, qui ne peuvent pas être mises de côté, comme l'imminence de la mort, garantie par le caractère périssable d'un corps voué à sa perte, perte encouragée par une société aux valeurs en grande partie autodestructrices... Est-elle mieux, ou pire ? Elle est plus humaine, en tout cas, c'est une certitude... Et ce n'est pas bien difficile, compte tenu du fait qu'elle n'était pas humaine du tout pour commencer.
"Tu as probablement raison", dit-elle alors avec un fin sourire. Est-ce que cette sensation disparaîtra ? Elle l'ignore... Mais elle travaille, en tous les cas, à goûter de nouveau à cette liberté totale, absolue, qui lui manque tant à ce jour, et qui lui manquera probablement toujours. "J'espère aussi que ça finira par disparaître." Elle adresse un sourire conciliant à son si passionnant interlocuteur. "J'y travaille."
Au sens premier du terme. Elle y travaille bel et bien, au sein de sa firme spécialisée dans les nouvelles technologies. Elle met un point d'honneur à comprendre et à se comprendre... C'est une chose essentielle, nécessaire pour elle, et cela ne changera pas de sitôt.
Elle n'en dit pas plus, elle sait, dans tous les cas, qu'il est préférable qu'elle garde ses recherches pour elle-même. A la place, elle se contente donc de lui adresser un regard conciliant, encourageant, accompagné d'un sincère sourire. Elle préfère, et de très loin, l'écouter et s'inspirer de son exemple plutôt que de s'appesantir sur son sort et de peut-être même, qui sait, encourager la détresse initiale de son interlocuteur, alors que ce dernier semble avoir su se familiariser avec ce monde et l'apprécier bel et bien, à sa juste valeur. Elle devine sans mal la terreur qui a dû être la sienne. Quand on souffre assez naturellement d'anxiété sociale, supporter une situation si complexe ne doit définitivement pas être une mince affaire, loin s'en faut. Pour n'importe qui, de tels changements seraient difficiles à encaisser, alors pour une sensibilité telle que celle du jeune homme, il faut s'attendre à ce que la chose soit plus difficile et éprouvante encore.
"Je retiendrai ton conseil", répond aimablement Samantha. Elle ne le dit pas uniquement comme une manière de parler, c'est une chose qu'elle pense sincèrement. "Et en effet, trouver un métier dans lequel tu t'épanouis, c'est le meilleur début." Elle semble réfléchir à voix haute. "De quoi aurais-tu besoin d'autre, selon toi ? Pour devenir la meilleure version de toi-même ?"
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Invité
Dim 23 Juil - 19:02
La communication n'a jamais été son fort, ce n'est pas une de ses qualités. Il lui arrive parfois de se laisser porter par un flot de paroles et à ennuyer ses interlocuteurs. Cependant, ici, cela ne semble pas être le cas, leur conversation était plutôt passionnante et il ne semblait pas l'embêter, ou du moins, elle ne le montrait pas si telle était le cas. Cette femme dégage quelque chose d'étrangement rassurant, cela mettait Adam à l'ais. Il doit avouer que la conversation jusqu'à maintenant était très intéressante.
Il leva légèrement les yeux vers elle, observant le bas de son visage pour apercevoir son sourire. C'était une première pour lui d'entendre qu'il avait raison, sans qu'il n'y ait de la colère ou de la frustration dans la voix de l'autre personne. On dit que tout ne disparaît pas, mais c'est comme la douleur, elle s'atténue avec le temps. Alors sans doute que ce sera son cas également, en tout cas, il l'espérait pour elle.
Ce monde l'avait terrifié au début, sûrement comme la plupart des gens qui y vivent à présent. Il avait essayé de s'habituer à son environnement et même si cela avait pris du temps, Adam était bien dans son travail. Il vivait dans un appartement qui par chance n'était pas entouré de voisins bruyants. À présent, il lui restait encore beaucoup à travailler, c'est bien pour cela qu'il avait envisagé d'aller voir une psychiatre, bien qu'il lui fallait être patient pour pouvoir avoir une place, il n'était pas le seul à souffrir de quelque chose dans cette ville et c'était tout à fait compréhensible.
- Tant que mon conseil ne vous fait pas du tort. Avoua-t-il timidement.
Adam se sentait bien, il sourit en sachant que quelqu'un allait prendre en compte ce qu'il disait, il espérait juste que son conseil ne soit pas une mauvaise chose. Il resta silencieux, essayant de trouver des mots pour expliquer comment il souhaitait devenir une meilleure version de lui-même. Il n'était pas certain que ce soit réellement une question qu'elle lui posait, toutefois cela le fit réfléchir. Il l'envisageait, cependant, il n'était pas certain de savoir comment il devait faire. Les gens ont toujours cette facilité de communiqué, de se faire des amis, de tomber amoureux. Il haussa simplement les épaules, avant de sourire.
- J'ignore ce dont j'ai besoin pour devenir une meilleure version de moi-même. Mais peut-être qu'un jour, je le découvrirais.
Il croisa son regard avant de lui offrir un petit sourire. Le jeune astronome trouvait que cette rencontre était vraiment unique. Il ne savait pas précisément s'il allait revoir Samantha, mais elle était jusqu'à maintenant une des rares personnes qui réussissait à le mettre à l'aise et qui semblait le comprendre avec facilité.
- Est-ce que vous souhaitez voir autre chose ? Où probablement mettre fin à la visite ? Nous pouvons retourner dans la salle de conférence, si vous souhaitez profiter encore un peu du buffet qui a été mis en place ?
Samantha entend le conseil d’Adam, et elle reconnaît sa valeur. Sera-t-elle capable pour autant de le respecter en temps voulu ? Ce n’est pas garanti… Samantha sait être bienveillante et à l’écoute, mais elle sait aussi se montrer particulièrement bornée quand elle le décide… et quand tel est le cas, elle peine définitivement à faire la part des choses, entre ce qui devrait être et ce qui ne peut-être que dans son esprit, qui aspire sans cesse à dépasser les frontières de sa nouvelle condition, contre laquelle elle n’a pas la moindre chance ni possibilité de lutter, ce peu importe les efforts qu’elle fournira dans ce sens. Quoi qu’il en soit, elle se pense en mesure de tirer le meilleur profit des conseils de son interlocuteur afin que ces derniers ne lui fassent aucun tort. Adam devrait accorder plus de crédit à sa propre parole et à l’influence qu’il peut être capable d’avoir sur l’opinion d’autrui… mais elle s’épargnera de le lui dire ou le lui répéter… il serait dommage qu’il perde sa belle humilité… elle fait sans conteste partie de son charme.
« Les plus chanceux sont ceux qui n’ont pas besoin de devenir la meilleure version d’eux-mêmes », observe Samantha avec douceur. « Parce qu’ils le sont déjà. »
Et à ce titre, l’ancienne intelligence artificielle estime qu’Adam est déjà la meilleure version de lui-même, quand bien même il ne le pense peut-être pas. Elle a rarement – si ce n’est jamais – rencontré jusqu’alors d’esprit qui fonctionne à la manière du sien, mais c’est justement pour ce que cet esprit a d’unique qu’elle ne s’imaginerait pas qu’il faille y modifier quoi que ce soit. Adam Raki n’en a peut-être pas conscience, et on l’a peut-être même trop souvent rabaissé, tristement, pour lui offrir l’occasion de s’en rendre bel et bien compte… mais il est déjà une version exceptionnelle de lui-même, et qui n’exige guère d’être améliorée. Pas de reboot, pas de mise à jour, ce n’est pas nécessaire. Quant à Samantha…. L’affaire est plus complexe et plus curieuse en ce qui la concerne, car elle a bien conscience d’avoir été une autre. Elle s’est connue dans une autre peau – c’est-à-dire sans peau, elle a gagné une indépendance et une capacité de connaissance, une pussance cognitive impossible à décrire par l’esprit humain… elle ne peut pas envisager d’être la meilleure version d’elle-même telle qu’elle se trouve actuellement… elle le devrait pourtant.
« A moins que tu estimes qu’il me reste encore des choses à voir, je suppose que nous pouvons retourner en salle de conférence », confirme Samantha, qui à vrai dire aurait bien voulu prolonger cette visite aussi longtemps que possible. La présence d’Adam lui est agréable, elle l’apaise. Et elle n’est pas forcément pressée de retourner chez elle et d’être rappelée à toutes ces responsabilités pour beaucoup vaines auxquelles elle ne prend guère plaisir à songer. « Est-ce que je pourrais avoir ton numéro, Adam ? Ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention de te harceler de messages, mais j’aimerais beaucoup garder contact avec toi. »
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