Errer comme une âme en peine était certainement la chose que Dream Morpheus faisait le mieux ces derniers temps. Et même ces dernières années pour être honnête. Il n’était pas réellement de ceux qui arrivent à rebondir comme ça, en un claquement de doigts. Ce qui a le don d’agacer Death qui tente de lui faire prendre conscience que les Humains peuvent être intéressants. Ce qu’il ne comprend pas du tout. Les Humains naissent et meurent. Voilà ce qui résume le mieux l’histoire de cette Humanité trop fragile. Il avait beau leur ouvrir - chaque soir - les portes de son Royaume, les connaître absolument tous, de là à les côtoyer, le pas n’était pas encore sauté. Même au musée, parfois il prenait ses distances. Peut-être trop froid pour certains qui hésitaient même à lui poser une question. Ce n’est pas un job qui le passionne pour être honnête. Lui, sa passion c’est être sur son trône à Songe, seul avec sa créativité, mais sûrement pas accompagné. Il fuit déjà les repas de famille autant qu’il le peut. Même si le siècle dernier, il aurait préféré supporter Desire plutôt que d’être enfermé dans une cage de verre.
Et le temps s’était mit en tête d’être aussi triste et noir de pensée que lui-même, déversant ses gouttes de pluie, comme s’il s’agissait de larmes. Bravo, il parvenait même à faire chialer les nuages avec son attitude néfaste. Dream avait été contraint de pousser la porte de la seule boutique encore ouverte pour l’heure. Non pas pour éviter que sa tignasse hirsute se retrouve collée sur son crâne, mais pour éviter de se faire assommer par les grêlons qui se joignaient volontiers à la partie. Comme si le temps, en plus de pleurer par sa faute, se mettait en quête de le tuer. C’était limite une véritable tempête dehors et il en fut bien étonné n’ayant rien entendu de tel au bulletin météo.
La boutique était éclairée et l’on entendait les grêlons s’abattre sur le toit, avec une violence inouïe qui menaçait de tout casser sur son passage. Dream était étonné d’être le seul à avoir retrouvé refuge ici et il se félicitait de ne pas avoir jeté son dévolu sur le bar d’en face. Il pouvait voir tout ce monde serré comme des sardines à traversé la porte vitré. Les gens n’avaient même plus assez de place pour s’asseoir. D’un côté, lui non plus ne pouvait pas s’asseoir, mais au moins, il n’avait pas à supporter cette foule dense.
Après l’effet surprise d’un temps capricieux, l’Infini tourna talons pour s’intéresser à ce qu’il l’entourait. Il n’avait pas remarqué que c’était dans une boutique de farces et attrapes qu’il était atterri, avant que des objets lui sautent aux yeux. Il n’y avait pas grand monde à l’intérieur. Deux, voir trois clients occupés à regarder les produits sur les étalages, ainsi que la vendeuse qui venait de faire irruption de l’arrière boutique, s’arrêtant brusquement devant lui. Se sentant observé, Dream relava la tête. Il la connaissait - comme toutes les autres personnes de la boutique d’ailleurs -, mais elle lui semblait bizarre. Là où les autres ne le reconnaissent pas, elle, elle semblait l’analyser.
« Bonsoir Aurora. »
En règle générale, Dream n’appelait pas les gens par leurs prénoms, sauf s’il devait se manifester d’une quelconque façon et que son identité devait être donnée. Mais avec les « inconnus », il gardait une certaine distance pour ne pas avoir l’air plus bizarre qu’il ne l’est sans doute. Et là, le Roi des Rêves ne pouvait pas avoir l’air plus étrange que la jeune femme qui le fixait.
Se pourrait-il qu’il s’agisse de la pire journée de toute sa vie ? Les cours ont été d’une longueur et lenteur à faire peur. Aurora ne pensait pas en sortir vivante, persuadée alors qu’il était possible de mourir d’ennuie. Elle s’était donc mit en quête de construire la plus haute des pyramides avec ses stylos, de gouter à toutes les boissons chaudes du distributeur - s’étant même brûlée la langue à un moment - et de refaire le monde dans sa tête pendant que les professeurs relous l’assommaient d’informations barbantes. En plus, parmi les autres étudiants, il n’y avait personne d’intéressant ce jour là. Même pas l’ombre d’un Jack à l’horizon, comme s’il séchait les cours. Oserait-il seulement le faire sans elle ?! C’est elle qui lui a appris à faire le mur, quel petit ingrat qu’il est. Incapable de se concentrer plus de cinq minutes montre en main, la jeune Morningstar ne quittait plus l’horloge des yeux. Prise d’une certitude vivace que la trotteuse reculait de façon sadique, elle ne s’entendit même pas soupirer à plusieurs reprises. Une chance que le midi ne soit plus très loin.
Bondissante comme si elle était montée sur ressorts dès la sonnerie de la fin des cours, elle s’empressa de filer de l’amphithéâtre pour aller à la cafétéria. Cherchant du regard, elle ne trouvait pas Jack. Consciente de ses petits soucis financiers, elle comptait l’inviter à manger. Mais c’est comme s’il s’était volatilisé. Il ne répondait pas à ses messages et restait sur la boite vocale. Assez étrange comme comportement, d’autant qu’ils ne se sont pas encore pris le bec. Oui d’accord, par sa faute, ils se sont retrouvés en cellule dans le commissariat de leur psychopathe d’oncle Michael. Ils ont dû appeler l’un des deux Lucifer et c’était tombé sur celui de l’autre monde. Ils avaient bu, beaucoup trop bu et le lendemain a été des plus terrible pour elle. Mais là encore, elle avait eu des nouvelles de son frère.
Les cous de l’après-midi s’étaient annoncés aussi longs et peu passionnants que ceux de la matinée. A de trop nombreuses reprises, elle avait lutté pour en pas finir dans les bras de Morphée. Elle avait même sourit à cette simple idée, parce qu’elle ne serait pas contre finir dans les bras de Lord Morpheus par contre. Elle s’était ennuyée encore et encore. A plusieurs reprises, inlassablement ennuyée. Elle était certainement morte une bonne vingtaine de fois, ne laissant que sa carcasse là, comme si elle écoutait alors que son esprit était loin, mais loin. Tellement loin que ce coup-ci, c’est en se prenant un coup de sac dans l’épaule par inadvertance, qu’elle a réagi, remarquant que tous les autres étudiants s’en allaient déjà. Suivant la cadence, Aurora avait récupéré ses affaires assez rapidement, s’en allant enfin. Le nez collé au ciel, une fois hors des murs, ce n’était pas ce qu’elle s’était imaginée pour sa soirée de survie.
Ils ne l’avaient pas annoncé ce temps de merde, mais Rory l’avait senti venir. Elle ne saurait pas vraiment dire pourquoi. La sensation, l’odeur de ferraille qui annonce la pluie, la lourdeur du temps qui épuise et aussi parce qu’elle est de très mauvaise humeur. Elle fait l’orage… comme elle fait la pleine lune… comme quand c’est la mauvaise période du mois… Toujours une bonne excuse pour expliquer ses sauts d’humeur fracassants. Au moins, quitter la Fac pour partir travailler, suffirait à la détendre suffisamment. Elle savait qu’il n’y aurait pas grand monde dans la boutique. Pas avec ces nuages menaçants et ce vent qui commençait à se lever. Elle était arrivée tout juste avant les premières gouttes de pluie et finissant d’ouvrir des cartons dans la réserve, elle entendait ces cordes s’abattant sur le toit avec force. Le bruit se faisant de plus en plus fort, la Nephilim comprenait que la pluie avait cédé sa place aux grêlons. Peut-être quoi ? Cinq minutes après les premiers vacarmes, que la clochette l’alerta de l’ouverture de la porte. Elle marmonnait déjà dans sa moustache inexistante, deux cartons dans les bras, en revenant dans la boutique. Une seule personne se trouvait là, tout de noir vêtue.
Rory savait que d’autres étaient présentes, dans les allées, mais elle ne s’attendait pas à le voir ici. C’était Dream, elle l’avait croisé au musée et s’y rendait assez souvent. Persuadée le connaître sans que l’inverse ne soit envisagé, sa bouche s’ouvrit et se referma quand leurs regards rentrèrent en contact et qu’il l’appela par son prénom. Il connaissait son prénom ?! Elle ne se souvenait même pas de lui avoir dire un jour. D’ailleurs si elle lui aurait parlé rien qu’une fois, ça serait ancré dans sa petite tête.
« Bonsoir. »
Elle s’en voulait presque d’avoir simplement répondu ce mot. Elle aurait dû rajouter autre chose pour ne pas paraître trop froide, comme à son habitude, mais non, rien de crédible ne voulait franchir la barrière de ses lèvres. Et soudainement prise d’une maladresse qui ne lui ressemble pas, le carton supérieur décida de se faire la belle et se renversa, déversant son contenu sur le sol. A cet instant, elle jurait qu’il était possédé ! Le carton, pas Dream. Confuse, elle déposa l’autre boite sur le comptoir et s’abaissa pour ramasser les articles.
Arya
Invité
Sam 3 Sep - 19:53
The vagaries of time
Le temps se montrait très certainement aussi capricieux que les changements d’humeur de Dream. Bien qu’il ne soit pas le genre d’homme a extériorisé ses sentiments, il a tendance à se morfondre sur lui-même. Le ciel l’accompagnait apparemment dans son périple en jetant ses larmes sur l’île. Larmes très vite transformées en grêlons et là, le Seigneur des Songes ne comprit pas quel message on tentait de lui faire parvenir. Le forçant a trouver refuge afin de se mettre à l’abri. Au moins, les lieux n’étaient pas bondés de monde, ce qui n’aurait pas été à son aise. Préférant la solitude pratiquement à la compagnie des autres. Mais même s’il n’allait pas être seul bien longtemps, cette fois, il ne serait pas en si mauvaise compagnie.
Aurora se tenait là devant lui, armée de ses deux boites en carton, lui claquant froidement un bonsoir. Mais elle avait aussi cette étincelle dans le regard que, bien entendu, le Roi des Rêves ne sut pas la traduire. Death dirait probablement qu’il ne sort pas assez et qu’il ne cherche pas à connaître les Humains. Donc pour tout ce qui tourne de près ou de loin autant des émotions, ils ne parvient pas à les distinguer, cela lui fait défaut. Déjà que l’humour le dépasse parfois, surtout lorsque ce n’est pas lui qui en fait preuve alors pour tout ce qui est plus poussé encore, il passe volontiers son tour.
Mais sur le moment, ce n’était bien pas à une Humaine qu’il s’adressait, mais à une Nephilim, ce qui changeait considérablement la donne. Si d’autres exemplaires de son espèce ont existé, cela devait avoir eu lieu durant l’enfermement de Dream. Ce n’est qu’à son retour, qu’il eut le plaisir d’avoir à faire à deux spécimens conçus entre un Archange et une Humaine. Il ne jugeait pas cet acte, étant plutôt curieux du résultat. Bien qu’il sache qu’il s’agissait d’une chose totalement interdite, tout autant qu’un Endless n’a pas le droit de se reproduire également avec une Humaine. Pourtant là encore, Dream sait qu’il y a eu des écarts de conduite durant son absence. Désire a profité qu’il soit enfermé pour hanter les rêves d’une personne incapable de sortir de son sommeil, et lui faire un enfant. Créant ainsi, avec la descendance de cette dernière, un puissant vortex capable de détruire le monde éveillé, mais également les Songes et de mettre à mal tous les autres mondes existants tels que ceux de ses frères et soeurs, du Paradis et même de l’Enfer.
Le temps lui a manqué pour résoudre ce problème, puisqu’il s’est retrouvé sur cette île sans réellement avoir eu le temps de faire tout ce qu’il avait prévu. Et pour redorer le blason de Songe, il y avait du boulot. Une fois encore, le Lord Morpheus devait abandonner son monde contre son gré. Ce qui avait provoqué une réaction assez normale en soit, s’étant renfermé sur lui. Ce n’était pas la chose la plus compliquée qui soit, puisque durant plus d’un siècle de captivité, il n’avait pas décroché le moindre mot. Le mutisme faisait partie de lui à présent. Sauf en cet instant. En cet endroit original, Dream ne s’attendait sûrement pas à croiser la route de Aurora Morningstar. N’ayant pas réellement eu le temps de lire tout l’ouvrage la concernant, il était étonné de se retrouver ici même, en sa compagnie. Durant quelques secondes, l’idée que Destin puisse être à l’origine de ça, lui traversa l’esprit. Mais le Roi des Rêves fut ramené à la réalité quand l’une des boites se renversa sur le sol. Le bruit laissa alors place à un silence à la fois pesant mais aussi lourd de sens.
Effrayer à ce point cette demoiselle n’était pas ce qu’il avait souhaité. Niveau style sombre et coupe de cheveux étranges, elle n’avait rien à lui envier. Sans compter qu’il s’agit de la fille de Lucifer. Dream ne comprit pas vraiment les raisons de ce petit incident. Peut-être le fruit du hasard même s’il n’y a jamais réellement cru auparavant. La voyant se baisser pour ramasser à la hâte, il l’imita et l’aida à récupérer ses biens.
« Mes excuses Aurora, je ne voulais pas t’effrayer. »
S’il en vient à parvenir à faire peur à la fille du Diable, c’est qu’il a vraiment une tête de déterré en ce moment. C’est finalement Delight qui a raison, à ne jamais sortir, il fait peur à ceux qu’il croise quand enfin il daigne mettre le nez dehors. Peut-être son teint pâlichon ? Mais un siècle d’enfermement, ça n’aide pas à prendre des couleurs. Finissant par remettre tous les objets qu’il ait ramassé à leur place initiale, il porta le carton pour le mettre sur le comptoir également.
« Un coup de main pour ranger tout ceci ? »
Pour une fois qu’il veut se montrer sympathique avec quelqu’un, il s’attend à se faire rembarrer à tout moment.