C'est l'histoire du mec en prison ...
feat le Bro arrogant & les deux Lucifer's kids

“Quand Dieu veut délivrer de leurs tentations ses enfants, il ne leur enlève pas les épreuves, mais leur donne la patience de les supporter.” Saint Isaac Le Syrien

Lucifer passait une agréable soirée. Vraiment. Il était paisible, écoutant du Duke Ellington et du Louis Armstrong sur son home cinéma. La musique résonnait comme dans une cathédrale dans son appartement haut de plafond, recouvert de verrière. Il était bien. Oui. Dans son fauteuil de cuir marron, les jambes posés sur le repose pied, dans son peignoir de soie noir, à regarder les étoiles. Cela faisait des années, des centaines d’années que son esprit n’avait pas été aussi calme et c’était merveilleux. De temps en temps, il tendait le bras pour attraper son verre de whisky, qu’il savourait au son des notes de la trompette et du saxophone. Oh oui, qu’il était bien. Rien ne semblait pouvoir venir gâcher ce moment de paix intérieur. Il ne pensait à rien. Ses yeux étaient perdus dans l’immensité du ciel noir qui s’étendait au-dessus de lui. Il ne voyait pas les étoiles, ayant gardé des points de lumière tamisé non loin de lui. Ce n’était pas grave, il savait se les représenter. Il avait assisté à leurs naissances. Il les connaissait par cœur. C’était certainement ça qui lui avait le plus manqué dans la cage, outre sa liberté. De ne plus voir ce merveilleux ciel étoilé. Il s’était juré que plus personne ne l’enfermerait et il ferait tout pour rester sur cette ligne. Même changer. Où plutôt redevenir comme avant la marque. Cette époque, qui, finalement semblée béni.

Alors quand son téléphone sonna, il l’ignora. La musique des Bee Gees s’entremêla au génialissime Gleen Miller. Cela ne dura même pas deux minutes, et Lucifer en profita pour terminer son whisky. Il sentait la douce chaleur de l’alcool faire son petit effet. Il n’avait pas bu beaucoup, juste assez pour qu’il ne se soucie plus vraiment de ce qui pouvait se passer à l’extérieur. Juste assez pour l’aider à débrancher son cerveau et ne plus écouter les nombreuses pensées qu’il avait en permanence. Cependant, Stayin Alive resonna beaucoup plus qu’une fois. Soufflant par le nez, il espérait que celui ou celle qui le dérangeait avait une bonne raison pour le faire. Attrapant finalement son téléphone, il se redressa de sa position allongée.

– Oui ?
– Vous êtes bien Lucifer Phosphoros ?
– Tout dépend pourquoi …
– Ici le commissariat de Loockwood, j’ai devant moi un certain Jack Kline qui affirme être votre fils ainsi que …
– Comment ça vous avez Jack ? Qu’est ce que vous lui avait fait ?

Lucifer avait bondi du canapé comme un diable sortant de sa boite au moment où le policier avait prononcé le nom de Jack, ne le laissant même pas finir sa phrase.

– Nous l’avons arrêté avec une jeune fille, Aurora Morningstar, sa cousine si j’ai bien suivi et ....
– Longue histoire…. J’arrive ! Et vous avez intérêt à les installer confortablement … petite précaution pour vous.

Il raccrocha avec violence, appuyant sur l’écran tactile fortement. Il prit une inspiration. Non deux. Avant finalement de pousser un hurlement de colère, laissant au passage une fine couche de givre sur les fenêtres.  

– Tu as entendu ça Yodrick ? Jack et Rory se sont fait coincés par des poulets ! Bordel !

Il avait hurlé sur le pauvre crâne qui trônait sur le rebord de la cheminée et qui resta de marbre face à la colère de Lucifer. Il lui avait dit pourtant de ne pas s’approcher du commissariat. Pas parce que rouler jeunesse. Non. Parce qu’il savait très bien qui était à la tête de cette répression et il n’avait pas vraiment envie de le croiser. Pourquoi diable ne lui accordait on pas une soirée de répits ? Il était si bien et là, tout était foutu en l’air. Il sentait la rage monter en lui comme la lave d’un volcan. Il ne devait pas s’énerver contre Jack. Surtout pas ! Leur relation était entrain d’évoluer, de se solidifier, il n’allait pas tout gâcher maintenant. D’un geste agressif, il saisit la bouteille de whisky, buvant au goulot plusieurs gorgées. Il sentait qu’il allait en avoir besoin.

Rapidement, il alla se changer, ne pouvant pas aller chercher Jack et Rory en peignoir même si l’envie était présente. Pas de formalité, il prit les premiers vêtements qui étaient accrochés derrière la porte, un jean noir, un t-shirt blanc. Ça ferait l’affaire. Il n’allait pas faire un défilé de mode. Repassant par le salon, il reprit quelques gorgés d’alcool avant d’enfiler ses chaussures et de prendre sa veste en cuir noir. Pas qu’il n’ait vraiment froid, ayant retrouvé son pouvoir de cryokinésie mais il l’aimait bien, cette veste, allez savoir pourquoi. Ainsi, il partit, d’un pas rapide, sortant du bâtiment annulaire pour bifurquer sur l’avenue non loin. Il rageait de ne pas avoir ses ailes. Il rageait de ne pas pouvoir se téléporter en un battement devant cet endroit de malheur. Il était obligé d’y aller à pied, hors de question qu’il aille réveiller Agnès pour qu’elle le conduise. Il n’avait pas envie d’entendre à l’heure actuelle son inquiétude dégoulinant. Il voulait juste récupérer ses gosses, ramener Rory chez son père et Jack chez lui sans avoir à croiser le commissaire. C’était son but et il devait y arriver.

Une petite vingtaine de minutes après, il arriva enfin devant le poste de police. Prenant une grande inspiration, il fit appel à tout son sang froid et sa concentration, mettant son masque d’indifférence et d’ironie. Il monta les quatre marches comme s’il allait à l’échafaud, et encore, la pendaison serait certainement beaucoup plus drôle. Les doubles portes s’ouvrirent sur son passage et l’air se fit de suite plus sec, plus chaud, une odeur de transpiration lui chatouillant les narines, lui faisant faire une grimace de dégout. Observant l’endroit, il remarqua alors une petite guérite à gauche, allumé, contrairement à l’accueil général.

– Bonsoir … je viens pour récupérer deux adolescents. Jack Kline et Aurora Morningstar.

L’homme derrière la vite, qui le regardait à peine, se mit à taper sur son clavier. C’était dans ce genre de moment que ses vélites de meurtres refaisaient surface comme le requin qu’il était. Avant, il n’aurait eu qu’à claquer des doigts pour que ce gros plein de soupes disparaisse et il n’aurait pas attendu pour récupérer son dû. Là, il devait patienter, souriant âcrement, utilisant un ton mielleux qui ne reflétait guère ses pensées.

– Ils sont en cellules. Donnez-moi votre carte d’identité et remplissez le formulaire. Une fois ça terminé, on verra la suite.

Lucifer serra le poing, tournant légèrement la tête dans un angle de 30° vertical. Ils étaient en cellules ? Alors comme ça, ça n’avait pas suffi que Michaël l’enferme ? Il fallait qu’il s’en prenne aussi à son fils et à la fille de son autre lui ? Il n’avait donc pas changer d’un pouce. Non. Ça ne se passerait pas comme ça ! Jack n’avait pas à subir ce que lui-même avait subi par le passé. Jamais il ne devrait connaître l’enfermement et encore moins pour des actes banaux car ça ne pouvait être que ça. Des bêtises d’enfants. Jack n’avait que 4 ans et Rory pas certainement beaucoup plus. Michaël ne se souvenait il donc pas des bêtises qu’eux même avait faites et qui pourtant avait une dimension cosmique beaucoup plus importante ? Ah non, Monsieur était parfait. Il n’en faisait jamais. C’est vrai que la palme revenait à Gabriel, quoi que à égalité avec lui. Mais bon sang ! Jack et Rory n’avaient certainement pas fais des choses monstrueuses et ne méritaient pas ça. Alors Lucifer perdit le peu de sang froid qu’il avait en rentrant ici. La température du commissariat avait déjà baissé de quelques degrés quand il avait passé les portes mais là, la chute était drastique. Les lumières se mirent à grésiller et l’homme dans sa guérite tourna enfin al tête vers Lucifer qui tremblait de colère.

– Vous avez osez … enfermés mon fils ? Non pas vous, vous n’êtes qu’un simple humain. Il a osé enfermer Jack et Rory ? Il reveut l’apocalypse ? C’est ça ? Je l’ai laissé tranquille, et je n’ai rien fais et c’est lui qui recommence ?

La voix de Lucifer tremblait tout comme l’air autour de lui et d’un geste de la main, il emprisonna la guerite dans un dôme de glace. Il aurait pu le tuer directement en le transformant en glaçon mais une part de lui n’avait pas voulu. Là, si l’homme utilisait son cerveau, il pourrait s’en sortir. Sinon, il n’aurait pas besoin de soins mortuaires. Après ça, il contourna l’endroit, se dirigeant dans le couloir. Les cellules. Elles devraient certainement être en sous-sol. Loin de tous. D’un pas déterminé et rapide, il passa les portes sans encombre, descendant de plusieurs étages avant d’arriver devant un autre couloir. Au fond, une porte, avec un gardien. Lui faisant un signe de la main, un sourire sur son visage, il s’approcha de lui, un ton plutôt sympathique.

– Je viens récupérer les deux adolescents, Jack et Aurora ! Je suis leur père. Du moins, celui de Jack. Celui d’Aurora est occupé. La nuit est son empire vous savez !
– Marcus ne vous a pas accompagné ?
– Non, comme vous le voyez je suis seul ! Il ne se sentait pas trop bien, quelques soucis avec la climatisation, il va certainement passer le relais à son autre quart de nuit.

On aurait pu lui donner le bon dieu sans confession, avec sa bouille ronde, son sourire angélique et ses cheveux blonds en bataille. Le gardien n’eut aucune raison de se méfier, lui ouvrant la porte tout en lui disant.

– Ah ouais, je comprends pourquoi il fait froid alors ! Je serai bien allé chercher ma veste mais le boss va me tuer si je bouge de là.

Lucifer sentit de la compassion pendant quelques instants. Pour avoir été sous les ordres de Michaël pendant la création, il savait oh combien il était autoritaire et aimé que tout aille dans son sens. Cependant, ce sentiment fut fugace remplacé par l’inquiétude et la hâte de retrouver sa progéniture. Le gardien lui ouvrit la porte et Lucifer s’empressa de rentrer dans cet endroit, ne l’écoutant plus parler. Très vite, il repéra la cellule où se trouvait les deux garnements.

– Jack ! Je suis là !

Le voir, enfermé, de la même sorte que lui, blessa son cœur profondément. Il tourna la tête vers Rory, lui faisant un grand sourire alors qu’il avait attrapé les barreaux, les gelant instantanément sans même utiliser de pouvoirs tant il avait du mal à les gérer, trahissant son angoisse profonde de ce genre d’endroits.

– Je vais vous sortir de là ! Ce n’est qu’une question de minutes. Vous allez bien ? Ils ne vous ont pas molesté ?

Déjà qu’il allait lui faire payer ça, si en plus, un simple humain avait osé lever la main sur eux, ça ne se terminerait pas bien.

– Euh … Monsieur Phosphoros ? Est-ce vous avez le formulaire signé ? Parce que je ne peux pas les faire sortir si je n’ai pas le papier.

Lucifer se tourna lentement vers l’homme qui avait déjà fait un pas en arrière en voyant les barreaux gelés. Encore plus quand il remarqua la lueur de détermination dans son regard azur.

– Vous. Allez. Les faire sortir. Immédiatement. C’est compris ?

L’homme avait peur, Lucifer en était certain or, il observa qu’il eut encore plus peur alors que lui-même n’avait ni bougé, ni changé quoi que ce soit à son regard déjà effrayant. Fronçant les sourcils, il s’aperçut que les pupilles de l’homme venaient de bouger très légèrement. Il n’eut besoin d’une fraction de seconde pour comprendre.

– Il est derrière moi c’est ça ?  

Le gardien hocha la tête et se recula encore plus, totalement terrorisé alors que Lucifer fit un demi-tour sur lui-même pour tomber face à face avec Michaël.

– Hé ! Bro ! Comment ça va depuis le temps ? Chouette apparence ! Je ne te savais pas si nostalgique !

Une pointe de jalousie l’étrilla. Pourquoi Michaël avait il la première apparence humaine que leur père leur avait fabriquée bien avant que les humains ne le soient ? Une sorte d’avatar plus pratique pour travailler à la création des choses. C’était dégelasse ! Il aimait l’apparence de Nick, elle ressemblait un peu à ce qu’il était mais pas tout à fait. Encore une fois, Michaël avait été privilégié. Même ici.  

– Dooonc, je sais t’es rancunier, je vois bien ton petit jeu, on t’a enfermé, toi le fils prodigue donc tu te venges maintenant en enfermant les honnêtes citoyens. Ça te ressemble bien ! Enfin après t'as toujours eu une attirance pour foutre les gens en cage ... certainement ton coté dominateur bdsm ! Mais du coup … si on pouvait clore ces retrouvailles rapidement. Je récupère mes gosses, on se casse, ni vue ni connu.

C’était plus fort que lui. Il ne pouvait s’empêcher d’être aussi provocateur et cynique quand Michaël était dans les parages. Il eut alors un petit rire, faisant un geste de la main tout en regardant Jack.

– Oh mais c’est vrai ! T’as pas du recevoir le faire part Micky ! Mais voici Jack. Jack, voici ton oncle Michaël, le plus chiant de nous quatre. Non, Raphy est le plus chiant … Michaël est … le plus lèche cul ! C’est ça ! Et Micky, Jack, mon fils. Allez fait pas cette tête, qui sait, peut être que toi aussi tu auras des enfants, un jour.

Il pouffa de rire, comme un gamin, faisant quelques pas du coté de la cellule. Avec Michaël, on pouvait s’attendre à tout.

– Et ça c’est Aurora. Rory pour les intimes ! Notre cousine ! Enfin … Cousine, sœur, un peu compliqué ces liens … Pour faire simple pour que ton pauvre petit cerveau ne surchauffe pas, c’est la fille de mon autre moi ! Tu sais, le propriétaire du Lux, je suis sûr que tatillon comme tu es, t’as déjà du aller l’emmerder parce que Lucifer blablabla.

Il avait mimé avec les mains, regardant Rory en rigolant avant de regarder Michaël, qui comme toujours ne rigolait pas.

– Bref, tout ça pour dire, on y va ? T’as vu l’heure ? Ils devraient être couchés … N’est ce pas les enfants ?

C'est l'histoire du mec en prison ...
feat le Bro arrogant & les deux Lucifer's kids

“Quand Dieu veut délivrer de leurs tentations ses enfants, il ne leur enlève pas les épreuves, mais leur donne la patience de les supporter.” Saint Isaac Le Syrien

Lucifer n’avait jamais cru au karma. C’était une invention des prophètes orientaux pour justifier les bonnes et les mauvaises actions. Encore une fois. Le karma n’avait rien de divin. Enfin si. Dieu avait bien eu un projet de balance cosmique à un moment donné mais il l’avait vite abandonné au profit du destin. Tout écrire et ainsi prédestiner étaient quand même beaucoup plus facile que de laisser une chance. C’était comme le hasard. Il n’avait jamais hésité. Tout n’était qu’une succession d’action, une réaction en chaine provoqué par un acte A qui finirait en acte C avant de passer par un évènement B. Il le savait. Il avait été dans les coulisses de tout ce merdier. Il avait même participé au début, à cette grande mascarade. Tout comme l’abruti qui se tenait devant lui, aussi froid qu’avant. Le Mickaël fou de la cage venait presque à lui manquer. Au moins, il n’était pas aussi chiant que ça. Il l’était mais d’une autre manière. Là, Lucifer comprenait pourquoi il avait toujours eu à cœur de faire cette apocalypse. Parce que Mickaël était un connard arrogant et imbu de lui-même ! Il n’avait pas changé d’un pouce. Toujours à obéir à la hiérarchie. Aux ordres. Et pour revenir à cette histoire de Karma, cette idée traversa l’esprit de Luci pendant une fraction de seconde. Il avait tout fait bien ces dernières années et là, ce soir, alors qu’il était tranquille, qu’il ne demandait rien à personne, tout avait basculé. Il n’en voulait pas à Jack. Ni à Rory. Oh non, jeunesse devait se faire ! Il en voulait à Mickaël et ses équipes de fayots qui avaient arrêté ses enfants. Qui ne les avait pas traités avec tout le respect que leur statut l’exigeait. Pire, ils avaient été traités comme la fange puante vu qu’un de ces cafards se trouvaient avec eux. En cet instant, Lucifer avait jeté aux oubliettes toutes ses bonnes résolutions. La colère qu’il avait toujours eue en lui, qui s’était largement apaisée, bouillonnait comme la lave d’un volcan. Il avait déjà eu ça, quelques semaines auparavant quand Gabriel avait fait la girouette. Le plus petit des archanges avait réussi à le calmer avant qu’il n’explose, arrivant même à faire taire la haine qui était accrochée à son âme comme un vilain cancer.

– Et ça sera pire si passe partout n’ouvre pas cette cage.

Son ton était aussi froid que l’air autour de lui. Il aurait pu lui dire qu’il ne maitrisait pas vraiment le fait de tout geler mais ce n’était pas vraiment le moment de montrer ses faiblesses. Bien au contraire, rien que de penser à ça ne fit qu’aggraver l’état de colère de Lucifer. Car là, en cette nuit d’août, personne n’était en état de le tranquilliser vu que la seule personne ayant ce pouvoir était en danger. En effet, pour Lucifer, Jack était en danger. Tout comme Rory d’ailleurs. On humiliait ses enfants. Malgré la demande, Michaël n’avait rien fait. Rory avait du mal à se retenir et pour couronner le tout, le rat qui se trouvait enfermé avec eux venait de se lécher les babines en voyant la jeune femme. Cependant, avant même qu’il n’agisse, l’humain fut projeté contre le mur et il remarqua que Jack se tenait la tête avec une grimace de douleur. Il était entrain de retrouver ses pouvoirs ! Cette lueur d’espoir fit sourire Lucifer, faisant baisser sa tension pour quelques secondes avant de regarder Mickaël avec un air arrogant.

– T’as vu ! C’est mon fiston ça ! Bravo Jack ! Refait pareil mais sur les barreaux !

Il était fier de Jack. Or visiblement ce n’était pas l’heure de fêter ça vu le regard qu’il lui lança. Lucifer perdu sa fierté et son sourire. Toutes traces d’émotions positives avaient fondu comme neige au soleil en plongeant dans les yeux dorés de son fils. Il y voyait de la détresse. Cette détresse d’être enfermé. Cette même souffrance qu’il avait eue pendant des millénaires et qui le traumatisait encore. Il avait l’impression d’avoir une tempête dans son crâne, dans son âme. Non. Pourquoi est ce que l’histoire se répétait elle encore et encore ? C’était insensé ! La colère qu’il avait ne fit que s’intensifier de secondes en secondes. Tout comme l’océan froid alimenté par des courants si chauds que des ouragans d’une puissance inouïe finissaient par se déclencher. La colère de Luci était alimentée par la peur qu’il arrive la même chose à Jack qu’à lui. Par cette peur de l’enfermement. Par cette frustration d’avoir été injustement traité.

– J’vais … vous crever toi et la salope !

Lucifer eut l’impression que le temps s’arrêta quand ces mots prononcés par l’homme qui se relevait en titubant sorti un couteau de sa poche arrière. Son instinct paternel mélangé à la colère qu’il avait depuis qu’on l’avait sorti de sa tranquillité lui fit passer un nouveau stade. Celui de la rage. Ce misérable être voulait faire du mal à Jack et Rory ? Impensable. Les lumières du sous-sol se mirent à vaciller. À vrai dire, toutes les lumières du commissariat et même de la ville clignotèrent dangereusement. Il n’entendit même pas les mots que Mickaël prononça tant la rage lui vrillait les tympans. Lucifer avait toujours eu une particularité. Quand il s’énervait vraiment, il décuplait sa puissance. L’apocalypse était l’apocalypse à cause de ça. Le choc des titans. Parce qu’au final, Lucifer avait toujours plus ou moins maitrisé sa colère. Là, ce n’était plus le cas. Pouvoir ou pas pouvoir. Et ce qui devait arriver, arriva, sans même qu’il ne le sache. De la lumière céleste se mit à briller de son corps et il poussa un hurlement à en faire trembler les murs. Littéralement. C’était autant de frustration que de douleur car dans son dos apparu les ailes qu’il chérissait tant. Ainsi, trois paires d’ailes gigantesques se matérialisèrent dans l’espace visible, ce qui provoqua irrémédiablement des vents puissants. La lumière continua à s’intensifier si bien que plus rien n’était distinguable tant la brillance aveuglait tout. Lucifer venait de retrouver son essence même d’archange. Il était la lumière. Il était le porteur de lumière comme Dieu l’avait créée à l’origine. Cela ne dura pas plus d’une minute contrairement à l’impression de longueur qu’il y avait eu après cette explosion de luminescence. Dès que la lumière revint à la normale, tout comme la température d’ailleurs, Lucifer défonça les barreaux avec sa plus grande aile, attrapant le métal qu’il arracha du mur avec une facilité déconcertante pour le jeter de l’autre coté, ne faisant même pas attention au cadavre de l’homme dont les yeux étaient totalement carbonisés.

– Personne ne vous touchera en ma présence.

Ça faisait du bien. Beaucoup de bien. Il avait un sentiment de bien être qui se diffusait dans son corps à un tel point qu’il avait l’impression d’avoir ingéré toutes les drogues possibles. Il prit enfin le temps de regarder ses ailes, passant même sa main dessus. Dans son monde, il n’était pas possible pour un vaisseau de supporter le poids, dans tous les sens du terme, de leurs attributs angéliques. Leurs ailes notamment, n’apparaissaient qu’en ombre, la réalité même ne pouvant soutenir une puissance divine de la sorte. Mais ici, visiblement, les choses étaient encore différentes. Lucifer n’était pas en état de se questionner, empli d’une béatitude angélique. Elles étaient comme avant. De ce rose pétard propre à lui, scintillant de milles feux grâce aux paillettes qu’il avait réussi à incruster.

– Elles sont belles hein ? Vous voulez une anecdote ? Avant elles étaient d’un blanc immaculé. Mick en était jaloux en plus parce que lui elles étaient bleus. Mais Pop’s ne m’écoutait jamais. J’avais beau à chaque fois tenter de lui parler mais il était trop occupé par ses créations. Alors j’ai réfléchi et je me suis inspiré des flamants roses que j’avais créé avec Gabriel ! C’est réussi hein !

Lucifer était aussi imprévisible que changeant. Maintenant que Jack et Rory étaient sorti de cette cellule, qu’il n’y avait plus aucuns dangers à l’horizon. Ils étaient libres et c’était l’essentiel. Alors la joie qu’il éprouvait, certainement un effet secondaire du retour de ses deux pouvoirs constitutifs, le faisait totalement oublier où ils étaient.

– Pop’s était tellement en colère ! Hilarant !

Il éclata de rire avant de se retourner en attendant son nom. Ah oui. Il avait oublié Mickaël. Forcément, il ne put s’empêcher de frimer, croisant ses bras sur sa poitrine et faisant bouger ses ailes, qu’il avait mis aussi en protection devant Jack et Rory.

– Et bah Micky ? Je crois discerner l’aura de loose chez toi.

Il pointa son doigt devant lui, faisant quelques petits cercles avant de froncer les sourcils et de pencher la tête en arrière dans une contorsion.

– Hé Rory ? T’avais pas envie d’aller soulager ton corps ? Parce que tu peux y aller maintenant ! Voles-y mon enfant !

C’est vrai qu’elle avait demandé quelques minutes avant qu’il ne laisse éclater sa rage. C’était le moment où jamais.

– Bon Micky. C’était cool. Merci à toi. Tu arrives tellement toujours à me mettre les nerfs que j’en arrive même à retrouver mes pouvoirs. C’est fou hein !

Il rigola encore une fois, faisant un petit geste de la main qui se voulait aimable mais qui était plus une moquerie qu’autre chose.

– À l’occaz’, on se fera une bouffe. Je suis sûr que G sera ravi de te voir…. Non j’déconne vu qu’il est parti à cause de toi. Bref allez, comme je disais avant tout ça, on va y aller.

Lucifer se fichant de la réponse de Mickaël, se retourna vers Jack. Bon, il aimait ses ailes mais là, elles étaient un peu encombrantes. Elles prenaient toute la place dans la pièce, ne s’étant même pas ouverte entièrement. Il essaya alors de les faire disparaitre d’un coup d’épaule, comme avant mais ça ne marcha pas. Fronçant les sourcils, il ressaya une autre fois sans succès, lançant un regard assez perturbé à Jack.

– Attends .. ta gueule Mickaël pour voir. J’ai plus important à gérer que des fissures dans tes murs.

C’était bien oui. Il savait qu’il était un archange mais … si ses ailes ne disparaissaient pas maintenant … il allait avoir quelques petits soucis pour se déplacer. Se sentant à nouveau pris au piège, la claustrophobie violente qu’il avait lui chatouillant l’esprit, il lança alors ironiquement d’une voix beaucoup plus inquiète que d’ordinaire aux trois êtres célestes présents.

– Dites … personne ici n’a le mode d’emploi ? Non parce qu’elles ne veulent pas redescendre … normalement c’est l’inverse, en général ça veut pas monter …pourtant j’ai pas pris de petite pilule bleue … j'en ai pas besoin !