"Not close enough to know he preferred roses." [Widowmaker & Soldier 76]

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"Not close enough to know he preferred roses."A mesure que le temps passait, l'influence de Widowmaker, entité dépourvue d'empathie, continuait de s'étendre dans l'esprit de la pauvre Amélie Lacroix. Cette dernière avait pourtant cru que l'enfer qu'elle avait vécu durant toutes ces années, lors de son ancienne vie, n'avait plus de raison d'être dans cette nouvelle existence. Elle se pensait en sécurité, loin des expériences de Moira et de Talon. Et pourtant, même si elle ne subissait plus ce lavage de cerveau régulier qui l'avait condamnée au silence, qui avait suffisamment brisé son esprit pour permettre à la personnalité de Widowmaker de surgir, ce monstre au sang-froid parvenait à se frayer un chemin jusque dans sa conscience. Car là où elle avait, durant ces trois années, réussi à contenir les pulsions inconscientes de la meurtrière, ces mêmes pulsions commençaient depuis quelques mois à accéder à sa conscience. Au point où Widowmaker, occasionnellement, prenait le contrôle et commettait alors ses crimes les plus cruels : parfois, Amélie avait l'impression tenace que c'était à dessein, pour mieux la narguer. Pour mieux réaffirmer son existence et s'imposer comme étant celle qui contrôlait ce corps qui n'était plus froid mais qui était désormais bien vivant.

Et le fait que Widowmaker parvienne à surgir même sans que ses émotions ne soient étouffées l'angoissait terriblement. Les séances avec son psychiatre, plutôt que de l'apaiser, contribuaient à la plonger dans un état de détresse émotionnelle complexe duquel elle ne parvenait à s'extirper que lorsqu'elle pratiquait la danse. C'était tout ce qu'il lui restait de son ancienne vie, bien avant qu'elle ne devienne Widowmaker. Lorsqu'elle dansait, la discipline requise était telle qu'elle n'avait plus le loisir de laisser ses pensées dériver... Tout n'était que sensations et émotions, lorsqu'elle dansait : tout ce dont Widowmaker avait toujours était dépourvue. Alors, là où la mercenaire employée par Talon ne parvenait à se sentir vivante que lorsqu'elle exécutait sa cible, Amélie, elle, ne se sentait jamais aussi vivante que lorsqu'elle dansait.

En quête désespérée de son humanité, puisqu'elle se sentait perdre le contrôle et le peu qu'il lui restait de stabilité émotionnelle, jour après jour, Amélie se rendit ce matin-là au cimetière. Comme à chacune de ses visites, elle chercha avidement un nom, un seul, sur chacune des pierres tombales. Et, comme chaque fois, elle ne trouva pas celui qu'elle cherchait.

Ce qu'elle trouva, en revanche, ce fut un homme. Dans un premier temps, elle crut qu'il s'agissait d'une manifestation de son esprit. Mais, lorsqu'elle baissa les yeux et s'aperçut que la poitrine de cet homme se soulevait bel et bien, et qu'il se mouvait comme n'importe quel autre vivant, elle eut un hoquet de stupeur.

- Jack.

Elle pouvait se tromper, bien sûr. Elle n'était pas sans savoir que les ressemblances pouvaient être frappantes, dans cette ville... Et s'il s'agissait bien de lui, il était plus jeune. Moins marqué par le temps et les épreuves. Mais là encore, elle savait que ce phénomène n'était pas si rare, ici.

Anxieuse, tourmentée par des souvenirs qui ne lui appartenaient pas réellement, des souvenirs d'affrontements et de violence, elle porta une main à son front comme si elle venait subitement de subir l'assaut d'une migraine. Mais elle reporta très rapidement son attention sur lui, le fixant de ses yeux dorés.

- Je viens chaque semaine, et chaque semaine, la même déception... Et quelle surprise pourtant de te voir... Ici.

Là où les intonations de Widowmaker étaient cruelles et moqueuses, celles d'Amélie, elles, étaient douces et prudentes. Son regard s'embua. Faire face à Jack, c'était faire face au souvenir de son défunt époux, ancien collègue de Jack... Ancien ami également. Car c'était bien dans un contexte amical qu'elle avait rencontré cet homme-ci, autrefois, dans un temps dont elle doutait parfois de l'existence tant ces souvenirs étaient lointains.
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@amélie lacroix and @jack morrison
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Cela fait des années qu’il n’a pas été voir la tombe de son vieil ami. Jack se souvient avec nostalgie des moments qu’il a pu passer avec Gérard quand ils étaient encore tous deux des agents de Overwatch. Autant de souvenirs heureux qui sont teintés au final d’une amertume violente quand il a appris son décès. Il a fait plusieurs tours dans les cimetières de l’île afin de tenter de trouver le bon endroit, là où il pouvait être enterré. A chaque fois sans réussite. Il a alors continué ses recherches en faisant appel à ses adjoints et à toutes les personnes susceptibles de pouvoir lui apporter une réponse, et on a finalement fini par lui indiquer le cimetière du quartier de Lockwood Hill.

Le policier est alors allé chez le fleuriste afin d’aller chercher des fleurs pour la pierre tombale de son ami et plutôt que d’écouter la voix qui lui disait d’acheter celles qu’il préférait, il a décidé de se fier aux traditions et de prendre des lis, les fleurs qui fleurissent les tombes. Et l’achat d’un magnifique bouquet, du moins à ses yeux, voilà que l’ancien commandant se dirige alors vers le cimetière qu’on lui a indiqué.

Une fois arrivé, il s’assied sur le banc qui fait face à la tombe quand son bouquet a été déposé sur la pierre tombale. Il reste là, assis en réfléchissant à toutes les implications de la mort de Gérard. Trop d’événement en ont découlé, notamment la dissension qui a pu exister entre les équipes de l’organisation.

Au bout de nombreuses minutes, une ombre apparaît au loin, une femme habillée de façon sombre et au fur et à mesure, il se rend compte des nombreuses similitudes qui existent avec une ombre de son passé, un vestige qu’il croyait enterré depuis longtemps et qu’il ne pensait jamais revoir de son vivant.

– Jack.

Il n’a pas rêvé, il s’agit bel et bien d’elle, de cette personne qu’il a tant détesté pendant des années durant à cause de ce qu’elle a pu faire à l’homme qu’elle aimait et que lui appréciait tant.

– Amélie…

Il aimerait lui sauter dessus, dégainer son arme et lui tirer une balle en pleine tête. Mais il n’en a pas le droit, alors il reste là, à serrer la mâchoire tandis qu’il la voit s’approcher de lui. Cette femme a souffert, il le sait, et il peut le lire dans ses yeux, mais il ne va pas pour autant l’absoudre de tous ses pêchés et de tout le mal qu’elle a pu faire ou commettre.

– Je viens chaque semaine, et chaque semaine, la même déception... Et quelle surprise pourtant de te voir... Ici.

Il ne partage pas son sens de la répartie. Amélie n’est pas une personne qu’il garde dans son cœur. Pourtant, il voit que son regard s’emplit de larmes. Jack ne comprend pas ce qui peut traverser la psyché détruite de la femme qui lui fait face.

– Je viens seulement de trouver sa tombe dans cette île.

Sa voix est peut-être trop abrupte, mais il ne peut se forcer à ressentir des émotions positives à l’égard de l’assassin qu’elle est. Pourtant fut-il une époque où il appréciait passer du temps avec elle, sauf que tout a changé et qu’il n’arrive plus à faire face à ce qu’elle a pu faire. Pendant longtemps il a chassé des membres de Talon, et cela incluait donc Widowmaker, et cette fois, la voir « pleurer », ça le retourne complètement.

– La surprise n’est cependant pas partagée… ou alors elle est mauvaise.

Trop sincère, trop franc, il n’a pas sa langue dans sa poche et dit ce qu’il pense sans penser aux conséquences que cela peut avoir.

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"Not close enough to know he preferred roses."Les propos de son interlocuteur ne l'étonnent pas. Amélie les accueille avec une impassibilité qu'elle s'efforce de maintenir, mais une part d'elle est profondément attristée par ce fossé qui les sépare à présent, ainsi que par l'impossibilité pour elle de lui faire comprendre les raisons de ses agissements. Une autre part d'elle, la plus violente, la plus redoutable, commence à dangereusement se réjouir de cette rencontre.

- Oui. Gérard et toi étiez proches. Sa mort a dû te causer de la peine, observe-t-elle avec une froideur qu'elle regrette aussitôt.

Amélie s'efforce d'étouffer ces réflexes monstrueux qui lui ont été imposés. Elle s'efforce de cesser de refouler sa tristesse et sa peine quant au fait d'avoir tué de ses propres mains le seul homme qu'elle ait aimé. C'est donc toute sa vulnérabilité qu'elle expose au regard rancunier de Jack. Par pudeur, elle détourne le regard. Et dans un effort pour dissiper la froideur qu'elle a tendance à vouloir afficher, elle se tourne vers la pierre tombale, posant une main dessus comme s'il s'agissait du visage de son défunt mari.

- Si tu es ici, alors d'autres le sont peut-être également. Gabriel, peut-être, suggère-t-elle pour continuer de le faire réagir, tout en sachant que lui tourner le dos est un risque.

Mais un risque calculé. Amélie a beau être dévastée par cette rencontre, la part de Widowmaker qui subsiste en elle, pour sa part, calcule avec efficacité toutes les éventualités qui peuvent découler de cette conversation. Jack osera-t-il s'en prendre à elle devant la tombe de Gérard ? Sans doute. Du temps où elle travaillait pour Talon, elle a entendu de multiples rumeurs sur les actes de violence perpétrés par un certain Soldat 76. Quant à Gabriel Reyes, tout le monde connaît l'histoire de leurs désaccords.

Elle se relève après avoir tracé du bout de l'index le "G" de Gérard, et se tourne de nouveau vers son interlocuteur tout en poussant un soupir.

- Tu es plus jeune que dans mes souvenirs.

Là encore, son ton n'est pas aussi aimable qu'il aurait pu l'être. C'est plus fort qu'elle. Comme si la part de monstruosité qui subsistait en elle, malgré la fin des expériences subies et du lavage de cerveau, cherchait à prendre de l'ampleur, de plus en plus à mesure qu'elle reconnaissait en Jack un adversaire et, surtout, à mesure que Jack lui-même continuait de lui adresser cette franche animosité. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la conversation est tendue.
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@amélie lacroix and @jack morrison
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La froideur qu’il ressent pour Amélie lui brise le cœur. Jack se souvient pourtant des bons moments passés avec elle alors qu’ils se retrouvaient avec Gérard pour profiter de la vie quand toute cette histoire n’était pas encore arrivée. Pourtant, en regardant désormais ce qu’il ressent pour elle, ne restent plus que l’amertume et la colère. Deux sentiments qui ne laissent aucun doute sur son état d’esprit actuel la concernant.

– Oui. Gérard et toi étiez proches. Sa mort a dû te causer de la peine.

– Pas autant qu’à toi, je suppose.

La froideur de leur échange le laisse pantois. Il voudrait qu’il en soit autrement. Pourtant, on ne peut revenir en arrière, ce qu’elle a fait, sous la contrainte certes, n’est pas excusable. Windowmaker était un monstre, et il semblerait qu’elle soit toujours présente. Sans quoi Amélie ne serait pas aussi acerbe avec lui. Il ne faut pas échanger les rôles, la méchante, c’est elle, pas lui. Bien qu’il ait aussi commis son lot d’atrocités sous l’identité du Soldat 76.

Amélie se retourne alors vers la tombe de Gérard, un geste dont il pourrait profiter. Mais il n’a pas la force de la brusquer, de lui faire du mal, alors même qu’il a juré de punir les responsables de la destruction d’Overwatch.

– Si tu es ici, alors d'autres le sont peut-être également. Gabriel, peut-être.

Elle cherche à l’atteindre, à le blesser, mais cela ne fonctionne pas. Jack a tourné la page de cet épisode sa vie. Gabriel n’est plus qu’un fantôme à ses yeux, une partie qu’il a définitivement effacé pour ne pas se laisser envahir par la haine profonde alors même qu’il le considérait comme son frère, son meilleur ami. Jack ne réagit alors pas, préférant laisser cette provocation couler sur lui, comme le ferait la pluie acide.

La femme se relève alors et se tourne vers lui, le toisant avant de soupirer, et de lancer à nouveau une nouvelle phrase froide.

– Tu es plus jeune que dans mes souvenirs.

Il n’a pas compris lui non plus pourquoi son corps a autant rajeuni. Il ne va certes pas s’en plaindre, mais cela a été un choc lorsqu’il s’en est rendu compte. Cela lui permet de reprendre de l’activité, de jouer le justicier de l’ombre, tout en étant un véritable justicier aux yeux de la loi.

– Tu es moins bleue que dans les miens, siffle-t-il entre ses dents, faisant montre une nouvelle fois d’une animosité non dissimulée.

Peut-être pourrait-il être moins acerbe, mais il ne peut pas faire semblant d’éprouver de l’amitié pour le monstre qui lui fait face. Pourtant, qu’il la voit, il se rend compte qu’elle n’est plus Widowmaker, mais qu’elle semble être redevenue Amélie. Un espoir qu’il pourrait saisir, mais qu’il n’a pas envie d’attraper, de peur de s’en casser les dents sur un morceau irréparable de la vie de la jeune femme. Et pourtant, il veut y croire, alors il essaye, peut-être par dépit, par envie de savoir ce qu’il en est, si la veuve noire est toujours présence.

– Qu’es-tu exactement dans ce monde ? L’assassin ou la danseuse ? Les deux peut-être ? Quelle partie t’a été arrachée définitivement ?

Il positionne indirectement ses mains derrière son dos, et l’une d’elle agrippe la crosse de son arme de service qui est positionnée dans sa ceinture, en guise de sécurité, afin de ne pas rester totalement désarmé face à la redoutable assassin de Talon car il ne lui fait nullement confiance, et il n’est pas sûr de pouvoir la lui accorder à nouveau un jour.

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"Not close enough to know he preferred roses."La réplique, acerbe, de celui qui fut pourtant si proche de Gérard l'amuse, quoique bien tristement. Amélie délaisse un instant ses grands airs de froideur pour esquisser un sourire teinté d'une mélancolie qui ne la quitte plus tout à fait depuis qu'elle a retrouvé la majeure partie de son identité, et avec ce retour, une part de souvenirs qui ne lui appartiennent pas tout à fait mais qui la hantent malgré tout. Les atrocités commises par Widowmaker ne cessent jamais totalement de la tourmenter, quand bien même Amélie n'ait plus à redouter que l'on diminue de force les battements de son cœur, jusqu'à ce que sa peau prenne cette teinte bleue mentionnée si froidement par Jack.

Tandis qu'il l'interroge, le geste qu'il exécute est des plus éloquents. Entraînée malgré elle à déceler ce type d'indications et de menaces, elle penche la tête sur le côté, guettant un possible son qui indiquerait qu'au lieu de simplement saisir son arme, il l'a également ôtée de son fourreau. Sa méfiance est légitime, cependant. À sa place, Amélie en ferait tout autant. Une part d'elle regrette d'ailleurs de ne pas posséder de moyen de défense, consciente qu'elle est de l'animosité de Jack et, surtout, de sa dangerosité. La brutalité du Soldat 76 était tout aussi légendaire que l'efficacité de Widowmaker, après tout.

Finalement, Amélie baisse volontairement sa garde en acceptant de lui répondre, estimant qu'il s'agit sans aucun doute de la meilleure solution, en ces circonstances.

- Je suis professeure de danse, confirme-t-elle doucement. Tu devrais venir à l'un de mes cours, je suis certaine que cela te ferait le plus grand bien.

Une plaisanterie bien mal placée, sans doute, mais le fait est qu'Amélie ne sait pas sur quel pied danser - ironique, n'est-ce pas ? Bien sûr, elle se garde de mentionner ses quelques... écarts de conduite, commis dans des instants de fièvre et d'instabilité, vestiges, sûrement, de ce passé trouble et d'habitudes trop violentes pour être totalement évincées. Elle ne mentionnera pas ces instants, aussi et surtout parce qu'elle n'est pas certaine d'en connaître tous les détails, ou de vouloir les connaître, par ailleurs. Elle ne souhaite rien tant que mettre son passé de côté, de se réfugier dans un déni confortable mais le fait est que son passé ne cesse de la rattraper, comme en cet instant.

- Et toi, qu'es-tu ? reprend-elle en le dévisageant. Le justicier maudit, ou le héros de cette ville ?
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