(Terminé) L’Incognito et la Révélation } feat Gabriel Trickster [NSFW]
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Jeu 18 Aoû - 22:41
L'Incognito & la Révélation feat Lil' Gaby
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
– Tu as entendu ça Yorick … ne pas le faire à l’Ecole parce que c’est trop loin pour les gens. Et puis quoi encore ? Je leur offre un cocktail et des billets pour le Costa Rica ? Ils sont fous ces humains quand même … j’essaie de faire de mon mieux et ils me cherchent ! Je n’ai pas raison ?
Bien entendu, la question que Lucifer venait de poser resta sans réponse. Yorick n’était qu’un crâne. Un vrai crâne certes mais un crâne tout de même. Dénué de paroles et de toute vie. C’était peut-être pour ça que Lucifer l’appréciait et le trimballer partout. Agnès venait encore de faire sa tête dégoutée, quand, en partant pour vérifier si la sonorisation était bien faite, elle l’avait vu sortir de sa sacoche pour le poser sur le rebord du bar. Elle avait arrêté de lui dire de faire une chose pareille, que c’était normal que pour une personne normalement constituée, la vue d’un crâne humain véritable soit une vision effrayante voir cauchemardesque. Luci avait répliqué qu’il était comme tout le monde et qu’il ne comprenait pas cette discrimination pour ce pauvre Yodrick. Il était déjà mort, pas la peine d’arrêter de le respecter. Au moins qu’il était là pour lui parler.
– Si j’ai rénové tous ces bâtiments c’est pour qu’on puisse y rester ! On est bien là-bas Yorick ! Pas besoin de venir ici … dans cet endroit … Ça ne prête pas à la discussion philosophique.
Vraiment. Discuter des religions dans un bar populaire ? C’était n’importe quoi mais il y avait toujours cette histoire de marketing à la noix. Agnès venait de lui redire. Il fallait qu’il s’ouvre au plus grand nombre et même si l’Ecole commençait à jouir d’une réputation positive de part les différentes activités, ce n’était pas assez. Le pire, c’est qu’il savait qu’elle avait raison, certainement ça qui l’agaçait. Il fallait promouvoir le cursus de théologie et quoi de mieux que d’organiser un afterwork animé sur la religion. Il n’était pas contre, il adorait rectifier les erreurs de la bible mais devant des saoulards ? Ce n’était pas sérieux.
– Enfin, la seule chose positive sera peut-être de la controverse qu’on enclenchera, hein mon ami. Toujours cette bonne vieille blague d’un rabin, d’un juif et d’un chrétien qui rentrent dans un bar.
Il rigola pour lui-même, ne remarquant même pas le regard de frayeur que lui avait lancé le barman qui venait de lui apporter son pulco citron qu’il commença à siroter doucement.
– Bon, elle m’a promis que je n’aurais pas à rester à la fin. C’est bien. Il faut toujours prendre les petites victoires dans la vie. Pour toi, ça serait le fait que je te fasses briller le crâne tous les vendredi ! Oh non, tu te rends compte, à cause de la conférence on va devoir décaler notre séance de cocooning.
Lucifer passa le doigt sur le crâne pourtant très propre de Yodrick avant de le pointer vers Agnès qui revenait vers lui, un air blasé sur le visage.
– Tu te rends compte, à cause de toi Yodrick va être stressé ! – Il est mort. Laisse-le en paix et il sera moins stressé.
Immédiatement, Lucifer prit un air offusqué, collant le crâne contre sa poitrine, le caressant comme il s’agissait d’un animal de compagnie.
– Tsss, ne l’écoute pas, elle ne sait pas ce que ça fait et Papa ne peut pas encore lui montrer. Bientôt Yodrick, Bientôt tu seras à nouveau parmi nous.
Parce qu’il s’était juré de faire revenir Yodrick à la vie. Après tout, il était un archange ! Il en avait ce pouvoir. Il l’avait bien fait avec Sam pour faire plaisir à Jack. Mais encore une fois, c’était avant et sur cette terre, tout n’allait pas forcément comme il le désirait.
– Allez, pose-moi ça et va te mettre en place, on ne va pas tarder à commencer.
Buvant d’une traite le verre acide, faisant une grimace, il ne laissa pas Yodrick, le prenant avec lui et si quelqu’un n’était pas d’accord, ce n’était pas son problème. Le bar n’était pas très plein, et Lucifer n’en était pas étonné. Les gens ne venaient pas dans un bar pour écouter des gens parler ! Ils venaient pour assouvir leurs plus bas instincts dont il était à l’origine de certains. Maintenant qu’il était humain, il comprenait un peu plus ce que Michaël lui avait sorti, une fois, comme quoi il avait forcé sur cette histoire de désirs et de passions torrides. Ouais, là, il reconnaissait qu’il avait exagéré avec ça. C’était pénible à force de devoir sans arrêt vouloir assouvir tous ces désirs. Du plus petit comme manger une glace à la cerise au plus gros, être nu avec d’autres gens. Arg, vraiment, nul, processus à revoir. Ainsi, pas vraiment motivé, sachant pertinemment que l’auditoire ne serait pas au rendez-vous, il marcha comme s’il se rendait à sa prochaine condamnation, ce qui n’avait pas échappé au regard de son intervenant.
– Bonsoir Lucifer. Je vous ai connu bien plus enjoué à l’approche de joutes verbales.
Posant Yodrick sur la table, il releva la tête vers l’homme qui s’était approché, tendant une main moite et grasse. Avec un sourire de façade, lançant un regard à sa propre main après l’avait serré, il haussa les épaules.
– Oh je le suis Wilhelm. J’apprécie nos échanges mais ici ? Naaaah…
Wilhelm Evans, professeur de sociologie des religions à l’université et qui travaillait pour lui depuis plusieurs mois secoua la tête avec une moue légèrement moqueuse.
– Pourtant, le diable ne se délecte t’il pas de ces endroits de luxure et de dépravation ? – Ce n’est pas parce que j’ai donné aux humains la possibilité d’être tenté que j’en suis fan. Vu d’en haut c’est beaucoup plus drôle que dans la mêlée.
L’Ecole Lucifer. Tu le fais pour l’Ecole. Voila ce qu’il n’arrêtait pas de se dire alors qu’il n’avait qu’une envie, de crever les yeux de ce théologien de pacotille. Agnostique. Le gars était agnostique alors qu’il parlait avec lui. Certes, il le croyait et Lucifer n’avait pas menti quand il lui avait dit qu’il apprécié leurs discussions mais parfois, il avait juste envie de claquer des doigts pour lui montrer que son scepticisme envers Dieu et ses créations était une stupidité sans nom. Une fois mort, au paradis, il pourrait y penser tiens. Heureusement qu’il entendit la douce voix d’Agnès tenter de faire une parodie d’appel pour rameuter les quelques clients intéressés. Lucifer s’assit donc sur sa chaise, Yodrick à ses côtés, se motivant en se disant qu’il allait parler de lui ! Ce qu’il savait faire de mieux.
– Merci, merci d’être là, comme là dit notre charmante Agnès. Donc, parler de religion, hein, pas le truc le plus funky. Je comprends parce que justement la compréhension n’est pas donné à tout le monde. Vous allez voir, ça va être fun. Vous commencez Willy ?
Wilhelm attrapa son micro pour faire la même chose que Lucifer, saluer les quelques badauds curieux. Il ne lui avait pas laissé la tâche facile, celle d’expliquer en premier lieu la définition même du mot religion. Il aurait pu le faire mais c’était barbant alors même qu'il aurait pu commencer par Tertullien, éminent théologien de Carthage en Tunisie au IIème siècle qui l'avait définit comme le plus sage de tous les anges avant d'être le diable. Pour venir ensuite au proslogion que Saint Anselme avait dit au 9e Siècle, la preuve ontologique que Dieu existant dans la mesure où l’on ne peut penser plus grand que lui. Pour amener après sur le monothéisme primitif et enfin, sa partie préférée, la première critique de tout ça, seulement au 18 siècle avec Evans Pritchard qui était persuadé qu’il n’existait pas de bonne vérité, structure conceptuelle à une religion propre car en vérité, chacune avait un objectif, celle d’expliquer la logique et la rationalisation de la société dans laquelle elle avait fleuri. C’était de la théorie pure et dure. Lucifer aimait ça. Il avait lu énormément de livres sur le sujet. Il appréciait les choses pouvant mener à la réflexion et rien de mieux que de débattre de l’existence de la croyance avec l’un des fils du fondateur de la chose.
Les minutes passaient, Lucifer prenait de temps en temps la parole pour rectifier un terme latin ou une définition qu’il estimait fausse avant finalement au bout d’une bonne heure et demi, se lever, sous le regard affligé d’Agnès, qui se trouvait derrière la console du bar.
– Bon bon, voilà, on vous à abreuvez de connaissances mais on sait tous que votre cerveau à l’heure actuelle n’a qu’une envie, boire de l’alcool. Je le reconnais mais juste avant, on va parler d’un truc vraiment fun. Willy vous a expliqué tout le blabla théorique mais moi j’y étais, au commencement du monde. À vrai dire, je suis né avant le big bang. Pour ceux qui n’auraient pas lu mon livre, petit récapitulatif. Dieu, Pop’s pour les intimes était là, avec sa sœur Amara, les ténèbres ; Brrr, pas cool du tout. Mais tout allait bien. Puis, Pop’s s’ennuyant, il a décidé de nous créer nous. Les archanges. Il y a eu Michaël, le guerrier. Moi, le porteur de lumière. Raphaël le guérisseur et Gabriel le messager. Le rôle le plus chill si vous voulez mon avis. Bref, on était bien tous les cinq. Mais Pop’s ayant un petit coté hyperactif s’est dit qu’il allait faire un truc woah pour fêter notre famille. Bingo Bing Bang ! J’ai toujours reconnu que le gars, il a eu vachement d’inspiration sur le moment. On était soufflé, et genre vraiment.
Lucifer avait toujours eu ce charisme magnétique. Bizarrement, dès qu’il avait prit le micro pour arpenter les quelques mètres devant la table, l’assemblée s’était tue pour l’écouter parler. Pour le regarder bouger des mains. Pour observer chacune de ses fossettes bouger lorsqu’il riait ou faisant la grimace.
– Y a eu l’univers, les étoiles, les planètes, Stars Wars blabla et c’était chouette. On avait du taff vu que Pop’s voulait qu’on l’aide à créer. D’ailleurs, j’organise des supers cours de sculptures à l’Ecole. Le premier cours est gratuit … et bref. Oui Agnès j’ai vu.
Il avait levé le pouce à la jeune femme qui prit sa tête entre ses mains. Hé ! Elle lui avait demandé de faire de la pub, il en faisait !
– Donc qu’est ce que je racontais moi … Oui, les moments pâte à modeler étaient vraiment agréables ! Mais j’aurai du me douter que ça allait mal finir vu que Pop’s a commencé à nous délaisser à ce moment-là. Seul créer comptait pour lui et nous … sa lubie ...d’être père lui était passé.
S’il arrivait à en parler sans se mettre en colère, il avait quand même toujours au fond de lui cette rancœur. Poussant un soupir, il fronça les sourcils quand il se fit interpeller par une voix qu’il ne connaissait que trop bien. Plissant les yeux, il aperçut dans le fond de la salle, accoudé au bar, une silhouette qui lui confirmait l’identité de la voix. Il murmura un Gabriel dans sa barbe, fixant l’homme avec fermeté. Non. Il ne devait pas se laisser avoir. Il y avait des tas de gens similaires, des tonnes d’univers mélangés. Il était peut-être un Gabriel mais pas le sien. Il était peut-être celui de l’autre Lucifer. Il ne devait pas commencer à ressentir cette joie mélangée à cette tristesse. Il ne devait pas commencer à penser à toutes les fois où il avait imaginé leurs retrouvailles. La dernière fois avait encore mal fini, pour l’un comme pour l’autre. Il serra son poing pour canaliser toutes les pensées qui l'assaillaient, ne se rendant pas vraiment compte qu'il commençait à faire chuter la température du lieu.
– Oui Monsieur ? Un commentaire à faire peut-être ? Un avis à partager avec la communauté ? Vous y étiez peut être ?
PRETTYGIRL
Dernière édition par Lucifer S. Phosphoros le Mar 6 Sep - 1:35, édité 1 fois
Invité
Ven 19 Aoû - 15:06
feat. Lucifer & Gabriel
La routine, personne ne l’aime mais tout le monde y adhère d’une façon ou d’une autre. Elle est effrayante pour les uns et confortable pour les autres. Personne ne peut lui échapper, pas même le cadet des Archanges qui, chaque soir, après le boulot, se payait le loisir de prendre un ou deux verres en ville. Il changeait régulièrement d’endroit, passant de bar en boite et autre club. Lui donnant ainsi l’impression de briser l’engrenage et de toujours avoir une certaine emprise sur l’évolution des choses. Sauf que l’alcool restait le même, bien que l’ambiance et la clientèle changeaient. Gabriel faisait de nouvelle rencontre, allant parfois un peu plus loin que le simple verre. Mais dans le fond, c’était toujours la même histoire, encore et encore, ad vitam aeternam. Il mourrait d'envie d’apprendre, de faire de nouvelle chose, de nouvelle expérience. Mais des découvertes à son âge, après des siècles et des siècles parmi les humains, cela commence à devenir difficile à trouver. Des magazines, des journaux, toujours à l’affût de la chose qui lui provoquerait encore des frissons, il se perdait dans les lignes de ses articles. Un verre de Whisky devant lui, là encore il tentait plusieurs alcools, parfois repartant un peu en vrac. C’était nouveau cela. Archange, l’alcool n’avait pas grand effet sur lui auparavant, ni même les drogues. Bien que là, il n’ait encore pas sauté le pas, cherchant dans d’autres directions.
Il soupirait d’ennuis en reposant son verre à moitié vide sur le comptoir devant lui. Attablé au bar, le dos tourné à l’entrée, Gabriel n’était pas témoin des arrivées. Il entendait parfois des voix, mais rien de plus et ne cherchait pas à écouter les mots échangés. De ce point de vue là, il ne regrettait pas la radio des Anges, bien qu’elle lui aurait été pratique lorsqu’il a été capturé.
Chassant ses malheureuses pensées en se frottant les yeux avec la main qui ne lui servait pas à tourner les pages de son journal, les effets du whisky se faisaient déjà ressentir. En règle générale, les gens s’habituent à l’alcool. Lui, il avait l’impression que plus ça allait, moins ça allait. Avec même pas un verre entier, il se sentait bizarre au point d’entendre la voix de son dérangé de frère dans un micro. Sans lever le nez de ses articles, certains mots lui semblaient bizarres. Un peu trop familier à son gout et assez pour enfin lui faire tourner la tête. Lucifer là, avec un micro, pour déblatérer des conneries devant une foule d’ignorants qui boivent ses paroles comme celles du messie.
- Je rêve.
Marmonna-t-il dans sa moustache, tout en bifurquant sur son tabouret pour l’observer et l’écouter attentivement. Il avait un sacré culot de débarquer dans le bar où il squatte et faire part à la population d’énormités. Bien qu’en vrai, Lucifer ne pouvant mentir, ce n’était pas qu’un déluge de bêtises, mais il transformait la vérité comme toujours.
- C’est un ramassis de conneries.
En venant ici, Gabriel voulait passer une bonne soirée et ne pas faire parler de lui. Mais c’est une chose devenue tout de suite impossible dès lors que son frère a prit la parole. Si encore il disait toute la vérité, rien que la vérité. Non, Lucifer expliquait seulement les parties qui l’intéressaient, omettant de révéler ce que lui aussi il avait fait. Il va de soi que son enfermement était injuste, comme la fuite de Dieu, comme le monde qui se casse la figure jour après jour, nuit après nuit. Mais cet Archange là, puisse Gabriel l’aimer, est tout sauf blanc comme neige et son petit frère ne prétendra jamais l’inverse. Il eut pourtant un léger doute quand Lucifer feinta de ne pas le connaître. Une dixième de seconde à peine, le messager de Dieu voyait clair dans le jeu de son aînée.
- Un peu que j’y étais. T’as omis de parler de ta magnifique invention que sont les chats et qu’ils avaient pour mission de détruire l’humanité …. Après quoi Michael a inventé les chiens.
En l’espace d’une phrase, Gabriel n’était pas parvenu à s’empêcher de lever deux fois les yeux au ciel, tellement ses grands frères ont pu l’exaspérer par le passé. Quoique visiblement c'est toujours le cas.
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
Quand l’homme qui ressemblait trait pour trait à Gabriel affirma qu’il y était, Lucifer n’arriva pas à contrôler les battements de son cœur d’humain. Pourtant, il essayait de se raisonner, continuant en permanence de se dire que ce n’était éventuellement pas lui. Il connaissait un autre Lucifer, qui lui avait raconté un peu comment sa famille était et au fond, elle était toute aussi dysfonctionnelle que la sienne. C’était peut-être son Gabriel ? Même si la coïncidence d’avoir un visage comme le sien était quand même très grande. Le ton utilisé pour balancer que tout ce qu’il venait de dire n’était que des conneries était pourtant la signature vocale de son petit frère. Lucifer n’avait jamais cru dans les coïncidences vues qu’il savait que tout était écrit par avance. C’était pour ça qu’il avait décidé de rompre les règles et d’emprunter sa propre voix. Une illusion qu’il avait découvert bien après et qui n’avait fait qu’accentuer sa colère. Quoi de mieux qu’un super vilain pour que le super héros se fasse encenser de toute part ? C’était en ça qu’il en voulait à Chuck. De l’avoir utilisé comme un simple pion dans son histoire. Il avait donc redoublé d’initiative pour faire passer son invention du libre arbitre chez les humains, sans vraiment de succès, ce qui était dommage. Tant pis, il avait crée bien d’autre choses pour ennuyer son paternel céleste.
Cependant, son sourire s’agrandit quand Gabriel, car c’était bien lui, maintenant il n’avait plus de toute, annonça comme ça, devant l’auditeur qui suivait ce match de tennis avec engouement, la véritable raison de la création des chats. Seul lui savait cette chose. Il lui en avait parlé au détour de l’une de leurs séances de créations d’animaux qui devaient peupler la terre et être amis avec les humains. C’était la consigne que Chuck avait donnée. Lucifer avait râlé mais il n’avait pas eu le droit de s’y soustraire. Il avait donc réfléchi à modeler quelque chose de mignon mais qui pourrait empoissonner la vie des humains, qui ne pourraient pas se méfier. Rien que d’y repenser, il ne put s’empêcher de glousser comme un adolescent réalisant un mauvais coup.
S’avançant vers le public, décidant même de marcher au milieu pour se rapprocher doucement du trouble-fête, il regarda les gens qui attendait une réponse, avec un regard empli de malice. Il finit par hausser les épaules et faire une moue résignée.
– Mesdames et Messieurs, voici Gabriel, dernier archange façonné comme je vous l’ai expliqué tout à l’heure.
Il pointa le micro dans sa direction, faisant tourner toutes les têtes vers lui. Une immense joie se distillait dans ses veines mais les souvenirs de leurs rencontres précédentes venaient forcément entacher ça. Faisant comme d’ordinaire, c’est-à-dire, cacher ses émotions à merveille sous un masque d’ironie pure, il reprit la discussion comme si de rien n’était.
– G a raison. J’ai créé les chats. Ces adorables petites boules de poils qui … oui, avec pour but de vous exterminer. Merci Gabriel d’avoir révélé le plan, très malin de ta part, j’aurais dû me douter que tu ne savais pas tenir ta langue.
De toute façon, son plan avait échoué dès que Michaël était intervenu en créant les chiens. Le saligot avait entendu leur conversation, derrière la porte, et en bon fayot avait décidé de répliquer en allant bien sur tout rapporter à leur père. Lucifer s’était pris une dérouillée dont il s’en souvenait encore et il l’avait bien fait payer par la suite à Michaël.
– Le cafteur en chef n’a pas tenu bien longtemps avec ses chiens vus que j’y ai mis mon grain de sel.
Il avait fait une pirouette sur lui-même, un sourire diabolique sur sa tête d’ange blondinet.
– Déjà parce que les chats sont automnes et très intelligent mais surtout parce que je suis arrivé à twister un de ses chiens avec un chien des enfers… ce qui a donné le doberman ! Un des rare chien que j’apprécie pour son esthétique et la force de sa mâchoire.
Son rire n’était pas très rassurant alors qu’il déambulait parmi les gens du bar qui n’arrêtaient pas de faire des aller-retour entre lui et Gabriel.
– D’ailleurs, est ce que c’est faux G ? Tout le monde croit que j’ai inventé les chiens des enfers alors que c’est Pop’s qui l’a fait ! Il a créé pas mal de monstres mais il a dit à tout le monde que c’était moi ! Niveau assumage de responsabilité zéro … mais est ce que ça nous étonne ? Hein ?
Son regard était blasé, et son haussement des épaules voulaient tout dire. C’était vrai ça ! Il n’avait jamais compris pourquoi on lui attribuait la paternité des chiens des enfers alors qu’il n’y était absolument pour rien. Il n’aimait pas les chiens ! Encore moins des chiens infernaux. Même si, bon, il devait l’avouer, certains avaient un coté assez adorable, surtout pendant qu’ils mangeaient des âmes. Mais c’était exceptionnel !
– D’autres révélations à faire Gabriel ? On pourrait parler de l’engueulade que tu as eu avec Pop’s quand tu es revenu après avoir annoncé à cette petite cochonne de Marie qu’elle était enceinte !
Lucifer éclata cette fois ci de rire, essuyant même une larme sur le coin de son œil droit. Ah c’était si drôle. Il avait suivi l’affaire depuis les enfers, certainement l’une des dernières choses qu’il eut pu voir avant qu’il ne soit définitivement enfermé dans la cage.
– Un job comme il a dit, t’avais un job, avec des phrases à dire et tu as sorti un Boooom Pregnante Bitch ! La pauvre, elle a fait un malaise dans son état.
Vraiment hilarant. Lucifer en rigolait d’ailleurs toujours. Il lui avait envoyé un démon pour le féliciter mais Michaël n’avait pas forcément apprécié, ravivant à nouveau leur petite gueguere d’égo.
– Des dizaines et des dizaines d’histoires que l’on a en stock mais ça sera pour une prochaine conférence ! Si jamais, Willy pourra répondre à vos questions. Et ne venez pas nous déranger par contre, sous peine que je vous montre quelques tours que nous apprécierez pas forcément, sauf les masoschites bien entendu !
Lucifer fit une petite révérence avant retourner vers la table pour poser le micro, prendre Yodrick et faire un clin d’œil à Wilhelm qui ne comprenait plus rien de ce qui se passait.
– Je vous laisse gérer, urgence familiale comme vous avez pu le voir
Son crâne sous le bras, sa sacoche en cuir de l’autre côté, il se fraya un chemin parmi les gens qui avaient quasiment tous levés la main pour rejoindre Gabriel qui l’observait avant qu’une jeune femme ne lui barre le chemin.
– Ah non ! Tu vas pas recommencer ! – Agnès, laisse-moi passer, j’aimerai éviter que tu te retrouves à l’hôpital. – Je n’ai rien dis la dernière fois, à la librairie quand tu as retrouvé Jack mais tu vas pas me refaire le coup de devoir gérer des gens en colère !
La jeune femme, poings sur les hanches, regardait Lucifer sévèrement mais ce dernier eut juste un petit sourire tendre. Il lui tapota même la tête en signe qu’il n’avait strictement rien à faire.
– Les bros avant les veaux ! Ça a toujours été comme ça.
Et il finit par passer, en la poussant de la main droite. Ne l’écoutant pas parler, il s’approcha de Gabriel qui n’avait pas bougé.
– Tiens tiens, qui voila revenu d’entre les morts ! Alors G ? C’était bien le Néant ? Je ne t’y ai pas vu … après c’est tellement grand aussi ! On n’était certainement pas dans le même quartier et puis Empty est un sacré con quand il s’y met avec son histoire de sommeil. Les somnifères je lui ai dit, il m’a pas écouté, que veux-tu ! Oh et voici Yodrick, il est super cool tu vas voir !
Toujours l’humour et le cynisme pour ne pas à avoir à affronter les réels sentiments qui l’étrillaient quand il voyait Gabriel, en chair et en os. Il posa Yodrick sur le bar, face à son frère, lui faisant son plus beau sourire au passage.
– Lucifer, tu es vraiment méchant de me laisser faire tout le sale boulot !
Il se tourna vers Agnès, roulant des yeux quand il remarqua qu’elle était rouge et prête à pleurer. Poussant un soupir, il lui attrapa le poignet pour la rapprocher d’eux.
– Regarde Agnès, voici Gabriel. Tu vas enfin pouvoir lui demander ton autographe ! Et essuie moi ses larmes, tu veux vraiment être moche sur la photo ou quoi ?
Qu’est ce qui ne fallait pas faire pour contenter les humains quand même. Sortant un mouchoir de sa veste en cuir qu’il avait remis sur son dos, il lui donna un petit coup de coude avant de regarder Gabriel.
– Elle est archi fan. Même trop. Quand elle relisait mon livre en bêta testeuse elle était infernale sur tes passages. Et Gabriel par ci blablabla Gabriel par là blablabla, j’ai du lui mettre du scotch sur la bouche pour qu’elle arrête de parler de toi ! – C’est faux … – Agnès, ne me mens pas, tu sais que je n’aime pas ça !
Oui, il avait été jaloux. Elle était soi-disant son amie, sa première amie humaine et elle n’arrêtait pas de jacasser sur son petit frère. C’était n’importe quoi. Même là, à vrai dire, il se contenait, lui laissant certainement une marque rouge sur le poignet en voyant le regard empli d’admiration qu’elle lançait à Gabriel.
– Mais il a tellement souffert de vos disputes !
Elle lui tendit alors timidement la main, rouge comme une tomate.
– Vraiment, c’est un honneur de vous rencontrer et … – Mademoiselle Pickover !
Luci se pencha pour voir qui oser déranger Agnès dans un moment pareil. Il allait répliquer à Wilhelm de se débrouiller seul mais la jeune femme fut plus rapide que lui. Arrivant à enfin se détacher de son emprise, elle remit ses cheveux derrière ses oreilles, faisant une référence à Gabriel.
– Désolée, le travail m’appelle … heureusement que j’aime Gabriel … parce que sinon Luci … – Oui oui, allez files !
Il ne fit pas attention au regard noir de la jeune femme, entrainant Gabriel dans un endroit plus calme du bar, après avoir commandé une vodka redbull, sous l’œil plutôt surpris de son frère.
– Bon Gabriel, qu’est-ce qu’on fait ? Tu me tues ? Je te tue ? Nous nous tuons ? On finit la conjugaison du verbe tuer où on tente de passer outre ces petites querelles familiales pour rattraper le temps où toi et moi avions d’autres préoccupations que notre fratrie ?
PRETTYGIRL
Dernière édition par Lucifer S. Phosphoros le Mar 6 Sep - 1:38, édité 1 fois
Invité
Lun 22 Aoû - 21:39
feat. Lucifer & Gabriel
En l’interpellant ainsi, Gabriel sortait du silence et de l’anonymat. Sa couverture foutue, Lucifer ne resterait pas sans répliquer. Il le connait comme le fond de sa poche. C’est probable qu’il soit l’un des Etres qui le connaissent même le mieux dans tout l’univers. Après tout, il s’agissait de son petit frère de la lignée directe, du petit dernier de la fratrie. Celui qui a passé beaucoup de temps en sa compagnie. Celui qui, sans aucun doute, l’admirait le plus au point de boire ses paroles et d’apprendre sur le bout des doigts ses sales tours. A l’époque, Lucifer c’était cet Archange super cool avec beaucoup d’humour qui remplaçait un père beaucoup trop absent. C’était son modèle, celui à qui Gabriel voulait le plus ressembler. Celui qu’il suivait dans toutes ses nombreuses péripéties. Et surtout celui qui lui évitait les foudres de l’aîné de la fratrie. Des souvenirs qui ne sont pas enfouis à jamais, mais qui ont été noircis par le reste. Les histoires, il y en a dans toutes les familles, mais quand ça touche aux Archanges, forcément c’est le monde entier qui en fait les frais. Gabriel ne se souvient pas de son grand frère comme quelqu’un de méchant à la base. Bien loin de ça même. Mais les tensions de plus en plus étouffantes au Paradis, l’absence de leur père pour gérer les conflits, ont fini par avoir raison de Gabriel, qui a préféré s’exiler sur Terre.
La suite ? La suite est moins paisible, déjà moins mignonne. La suite a été un flot de n’importe quoi, avec un Archange enfermé dans une cage pour avoir osé se rebeller. Un Dieu qui fout le camp et un frangin trop autoritaire pour reprendre le paradis, menant les Anges à leur pertes. Gabriel n’a jamais réellement accepté cette sentence, mais il n’est pas revenu non plus. De toute façon, Michael en bon toutou du daron ne l’aurait jamais écouté et encore moins entendu. Bien sûr que tout a changé à ce moment-là, avec l’Enfer, les Démons et les Humains qui se sont mit à penser par eux même, ayant eu un très bon exemple. Exemple qui a littéralement été noirci pour en faire LE monstre. Celui qui apporte tous les malheurs. Il n’a fait que donner raison à ces descriptions le concernant. Montrer son mécontentement, tout au fond de sa prison où il était voué à rester indéfiniment. Pour avoir lui-même été enfermé, Gabriel est capable de comprendre ce qu’il a vécu. Dieu avait eu besoin d'un grand méchant de service en quelques sortes et il l'avait trouvé. Lucifer a dégringolé sur la dangereuse pente entre le bien et le mal, devenant le souverain si craint de l'Enfer.
En cet instant, son manifestement n’était plus réellement au goût des reproches, même s’il sait que Lucifer omettra toujours de révéler sa part de responsabilité dans bien des choses. Il a été transformé à jamais. Ce pourquoi, le Messager était intervenu. Peut-être aussi pour lui montrer sa présence sur cette île. Lui qui est l’une des premières personnes qu’il croise depuis maintenant quelques petites années. Le Destin ne fait pas toujours bien les choses mais quand il a décidé d’un truc, il n’en démord pas. C’était de l’ironie de sa part, voir une très bonne blague, mais c’est sur sa route qu’il l’avait placé.
Gabriel commençait à regretter d’avoir ouvert la bouche. Son frère, se frayant un chemin dans la foule, afin de le rejoindre et de le présenter pratiquement avec fierté. Conscient qu’il ne pouvait mentir, le plus jeune des Archanges roula les yeux au ciel, exaspéré par son attitude. Et une fois encore, sans rien n’avoir demandé, Gabriel se retrouvait dans la guerre qui oppose ses deux aînés. Michael n’avait même pas besoin d’être présent pour que Lucifer lui taille un costard. Il partait dans ses explications sur la création des chats et des chiens, faisant ainsi regretter au Messager de l’avoir ramené. A tel point, qu’à son tour, il fit une révélation sur Gabriel. Un Gabriel qui esquissa un sourire malgré lui. C’est vrai qu’il avait aussi frappé fort avec cette histoire là. Et Pop’s ne s’était pas fait prier pour tout balancer à Michael qui lui a fait passer un sale quart d’heure.
- Pop’s était un gros con. Il a tout balancé à Michael.
A la base, Gabe ne voulait pas rentrer dans ce petit jeu là. Mais les vieilles histoires dont Lucifer faisaient allusion, restaient fraiches dans son esprit. Lui aussi avait eu sa période de rébellion, certainement en hommage à ce frère qu’il n’était normalement plus destiné à revoir.
Il ne sait pas pendant combien de temps encore, cet énergumène va continuer son petit manège. Peut-être qu’au final, l’Archange le plus jeune de la pièce, aurait mieux fait de rester dans son coin. Ce n’est pas être sur le devant de la scène qui le dérange, au contraire. Mais plus cette attitude bizarre venant de son aîné. Cherchant une logique à son comportement, il le laissa débattre avec une femme qui lui barrait la route. Depuis son tabouret, ses doigts entouraient à nouveau son verre, faisant signe au barman de lui remplir une nouvelle fois. Il sentait qu’il allait avoir besoin de ça pour supporter l’individu semblable à une pile Energizer qui revenait déjà dans sa direction. N’ayant revu absolument personne depuis sa mort, il ne savait même pas que Lucifer aussi y était passé.
- Je me suis sacrifié pour rien, Michael t’a eu aussi ?
Ce jour là, autant Lucifer que Gabriel, ils n’étaient pas au meilleur de leurs formes. L’un retrouvait tout juste sa Grâce quand l’autre en avait été amputé d’une partie. Mais dans un effort suicidaire, pendant quelques instants, Gabe s’était dit qu’à eux deux, ils auraient peut-être fini par prendre le dessus. Mais ça ne s’est pas du tout passé de cette façon. Il est mort le premier et apparemment, Lucifer n’a pas tardé à suivre.
- Mais c’est quoi de ce truc ?
Dit-il en désignant le crâne. Pourquoi Lucifer doit toujours être là, au-dessus ou à l’écart du lot ? Il ne peut pas juste être normal de temps en temps ?
La même femme que précédemment venait d’intervenir, les yeux larmoyants et avec un Lucifer qui la ridiculisait à la vue de tous. Gabriel avait souri mais plus pour remonter le moral de cette humaine que pour les bêtises de son crétin de frangin dont le comportement l'insupportait déjà.
- Vous devez être vraiment courageuse pour supporter cet énergumène à longueur de temps. On devrait vous décerner une médaille.
Il ne mit pas longtemps à capter l’emprise du diable sur le frêle poignet de la jeune femme. Comprenant ainsi qu’il continuait à n’en faire qu’à sa tête, se servant uniquement des Humains à sa guise, pour ensuite les jeter. Mais cette pauvre femme pût s’extraire des griffes de Lucifer quand quelqu’un l’interpela alors. Gabriel en grand charmeur qu’il est, lui fit un clin d’œil, avant de retourner à son verre, laissant celui que tout le monde était venu voir apparemment, reprendre la parole.
- Qu’est-ce que tu veux à ces personnes Lucifer ? Tu ne fais jamais rien sans arrière pensée. A quoi te servent-ils ?
La réponse était sûrement à craindre mais il s’était tenté à poser la question tout de même. Espérant que son frère se montre honnête pour une fois, même si c’est trop lui demander en fin tacticien qu’il est.
- Je n’ai pas l’intention de te tuer. Tout ça est derrière moi à présent, toi y compris.
Comme pour lui prouver ses dires, il avala d'une seule traite le contenu de son verre, faisant à nouveau signe au barman de revenir avec la bouteille.
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
– Et ouaaais … franchement j’aurais préféré que ça soit notre Micky qui me tue, parce que même si c’est un connard, la famille tu sais ! Finalement Dean a dit oui parce que j’avais touché Sammy et bon bah voilà, petit somme pour l’éternité. Heureusement mon rest in peace fut le fait que je savais que Dean ne serait jamais tranquille parce que Michaël ne l’a pas lâché comme ça. Perfecto !
C’était vrai que Gabriel s’était sacrifié dans un geste héroïque et totalement stupide. Qu’est ce qui lui avait pris bon sang ? C’était voué à l’échec ! Il n’en était pas revenu qu’il ne réfléchisse pas deux minutes. Il n’avait déjà pas pu ouvrir de portails à cause de son manque de grâce, c’était certain qu’il n’allait pas pouvoir tenir bien longtemps face à un Michaël dopé. Déjà face au sien, il n’avait jamais fait le poids, et c’était lui, qui se mettait toujours devant, quand il le pouvait, pour qu’il déverse sa colère. Puis il savait que Michaël préféré s’engueuler avec lui plutôt qu’avec Gabriel. Au fond, ce dernier avait toujours été le liant de leur étrange famille et quand il était parti, tout s’était cassé la gueule. Michaël était encore plus autoritaire. Lui encore plus provocateur. Raphaël encore plus silencieux. Alors quand il avait hurlé qu’il allait le retenir, Lucifer avait su que c’était une mauvaise idée. Il l’avait laissé tomber et il s’en voulait énormément. Mais Gabriel ne l’aurait pas écouté. Il se souvenait encore de la discussion qu’ils avaient eu quand il lui avait présenté fièrement Jack. L’heure n’était clairement pas à la réconciliation alors que pourtant, il avait fait des efforts. Il avait tenté mais Gabriel avait dit non. Il lui avait même balancé des mots qui l’avait blessé profondément. C’était peut être aussi par vengeance qu’il n’avait pas voulu l’aider, une sorte de œil pour œil qui lui était si caractéristique.
De toute façon, ce faux Michaël était un psychopathe de premier. Certes, dans sa famille, ils avaient cette mauvaise habitude de s’entretuer, mais jamais ils ne s’étaient torturés. C’était toujours rapide, pour éviter le plus de souffrances possibles. Comme une sorte d’accord tacite entre eux. Alors que là-bas, dans ce monde qui avait connu l’apocalypse, les règles n’étaient pas les mêmes et Lucifer en avait été choqué. Surtout quand il l’avait torturé dans une vierge de fer et qu’il avait juré de l’y laisser, ayant vu que sa plus grande peur était d’être à nouveau enfermé. Rien que d’y penser il eut un frisson d’horreur, faisant une grimace au passage. Il attrapa son verre dont la couleur rose bonbon était plus que chimique et l’avala d’une traite avant d’en demander un autre avant qu’Agnès arrive pour se plaindre. Heureusement qu’il l’appréciait cette petite humaine, qui d’ailleurs tremblait devant Gabriel.
– Hahah, oui, Lucifer est insupportable quand il s’y met … mais il faut arriver à voir au-delà des apparences.
Forcément, ne retenant que la première partie de la phrase, il fit un o de surprise, voir de choc, mettant une main sur sa poitrine et lâchant Agnès, qui leva les yeux au ciel avant d’être rappelé à l’ordre. Elle s’excusa poliment avant de partir gérer la salle. Lucifer redemanda un verre de son cocktail rose avant de prendre un air offusqué, à nouveau.
– Hé ! Parle pas de Yodrick comme ça ! Je te l’ai présenté il n’y a même pas 10 minutes mais tu ne m’as pas écouté ! Je t’ai vu mater le cul d’Agnès ! Tu l’as touché pas okay ! Elle est beaucoup trop pure pour toi et je sais de quoi je parle parce que c'est clairement pas une âme pour l'enfer !
Lucifer leva les yeux au ciel, caressant le crâne lisse de Yodrick comme pour s’excuser que Gabriel ait employé le mot quoi à la place de qui.
– C’est le premier ami que je me suis fait ici ! Je l’ai trouvé tout seul, dans le froid, après que des jeunes aient saccagés des tombes dans le cimetière ! Et même pas pour brûler des corps ou faire quelques petits rituels sympathiques ; Non, pour voler des dents en or. Et ils ont laissés Yodrick sur le côté ! Tu te rends compte ? Quelle honte ! Alors je l’ai pris, et je l’ai ramené sur mon banc où j’avais élu domicile. On a été très proche Yodrick et moi jusqu’à ce qu’Agnès nous trouve !
Et elle avait été, pour le coup, sa première amie humaine, vivante. Notion importante à préciser. Une fois que le barman les avait resservis, Lucifer entraîna Gabriel dans un coin, à l’écart de la foule, qui posait des questions mais qu’Agnès arrivait à gérer d’une main de maître. Posant Yodrick, il releva la tête, coupant la parole à Gabriel pour lui demander ce qu’ils allaient faire maintenant. Le plus jeune répondit rapidement, qu’il n’avait pas vraiment envie de le tuer. Le silence tomba entre eux, Lucifer se mit à sourire grandement tandis qu’il regardait Gabriel terminer son verre pour héler le barman.
– Moi non plus ! Déjà la première fois j’en avais pas spécialement envie mais bon tu sais, les disputes avec Mickey hein …
Ça avait toujours été comme ça. Les disputes entre les deux archanges n’avaient aucune limite, chacun ayant leurs partisans et chacun prêt à tout pour prouver à l’autre qu’il avait tort. Or, comme l’avait dit Gabriel, c’était du passé. Où du moins, la violence qu’il pouvait y avoir entre eux était terminé. Se mettant au fond de sa chaise, il sirota un peu de son verre avant de reprendre à parler.
– Oui, alors les humains … Excellente question ! Figure toi que j’ai réfléchi à un tas de choses en étant ici ! Et en fait, je me suis rendu compte qu’ils avaient été autant voire plus que nous flouer dans cette histoire. Pop’s les a crée, les a choyé pendant un temps à tel point qu’il nous a encore plus oublié et après quoi ? Il les a abandonnés ! Il les a punis pour des choses qu’ils n’avaient rien fait vu que Pop’s savait déjà tout ! Il s’est posé en sauveur alors que bordel, il les a fait hyper fragile ! C’est trop injustice !
Il se remit à siroter son verre, changeant de position pour avoir vu sur la salle.
– Je ne pouvais pas imaginer à quel point leurs vies étaient si pourries ! Bon la mienne n’a pas été joyeuse mais bon, archange, roi des enfers, ça en jette. Eux ils n’ont rien de tout ça et ils prient des idoles qui les ont abandonnés ! Pour l’avoir été, je peux comprendre ! Encore plus maintenant que je suis comme eux ! Alors j’essaie de les aider. Vraiment ! Je veux réparer les erreurs de Pop’s ! Je veux leur donner le vrai libre arbitre ! Comme j’avais voulu avant que Pop’s ne m’envoie dans les enfers. Lilith en avait été heureuse le peu de temps qu’elle a pu réfléchir par elle-même. Je veux faire pareil !
Une serveuse arriva à leur niveau, déposant une bouteille de whisky que Gabriel s’empressa d’ouvrir. Il pouvait sentir son regard déshabiller l’archange du regard et il dut se pencher en toussant pour qu’elle finisse par tourner la tête vers lui. Il lui fit alors un énorme sourire, prenant un ton si mielleux qu’il en était écœurant.
– Ma chère demoiselle, pourriez vous demander au patron de me faire une bouteille de ce magnifique cocktail que j’ai dans mon verre ? Ne vous en faite pas, dites que c’est pour Lucifer, il saura quoi mettre dedans ! Et je vous garanti que vous aurez une belle récompense si vous me faites ça de suite !
Il lui fit un clin d’œil particulièrement aguicheur avant de se relever et de faire une petite grimace de dégout. Qu’est ce qui ne fallait pas faire quand même pour avoir ce dont il avait envie.
– Quoi ? Je ne lui ferai rien. J’ai bien vu que tu lui plaisais. Breeef, donc on parlait de moi, des humains. J’ai écrit un livre, Ma Vie d’Archange ! Où je raconte tout tout tout !
Il hocha la tête, comme pour lui-même, attrapant son verre qu’il était loin d’avoir fini.
– J’ai crée une Ecole ! Enfin c’est plus qu’une école. Y a des logements, un centre d’aide pour les humains dans le besoin. Comme je disais, je veux les aider à se rendre compte qu’ils se sont trompés de cibles. Je les aide à penser, je leur montre que ce n’est pas moi le responsable de leurs injustices et ils m’apprécient, je gagne de l'argent, je peux nourrir ce corps. Win win !
Il leva son verre à la populace avant de le faire trinquer contre celui de Gabriel.
– Ah sinon, premièrement j'ai retrouvé Jack ! Toujours un aussi bon garçon, on a décidé de repartir de zéro ! On avait un peu mal commencé notre relation père-fils ! Il est étudiant en criminologie, si c'est pas beau ça !
De la fierté se dégageait de Lucifer quand il parla de Jack. Gabriel l'avait connu, quelques temps avant sa mort, et s'il y avait bien quelqu'un en qui Lucifer avait confiance pour apprendre à Jack les meilleures choses, c'était bien l'archange devant lui.
- Et deuxièmement, je pense savoir où se trouve notre Michaël. J’ai une amie qui vient donner des conférences sur la Mort et elle m’a raconté qu’elle bosse avec lui. Je l’ai invité un jour à boire un verre parce qu’elle avait l’air au bout du rouleau, et c’est la Mort tu vois, on a toujours eu une très bonne relation avec la Mort, donc je me suis senti touché et quand j’ai compris pourquoi encore plus. Elle est médecin légiste et donc elle collabore avec la police ; Je te donne en mille ! Qui est le chef de tous ces petits poulets emplumés ? Le plus grand des batards volants ! Ça lui ressemble bien ! Et avec ce qu’elle m’a raconté, j’ai même pas besoin d’aller voir pour savoir que c’est lui.
Il plaignait Athénaïs. Vraiment. Quand elle lui avait raconté que Michaël l’avait interrompu lors de son explication anatomique sur un meurtre, pour dire en plus n’importe quoi, elle avait été à deux doigts de l’étrangler, Lucifer lui avait dit qu’elle pouvait. Il connaissait son grand frère et il se souvenait de séances de travail, plutôt de création, à l’aube du monde. Si, il reconnaissait qu’il était consciencieux, il savait aussi qu’il avait tendance à vouloir tout diriger quitte à écraser tout le monde.
La serveuse finit par revenir et Lucifer remarqua à nouveau qu’elle avait son attention focalisée sur Gabriel. Décidément… Préférant faire comme si de rien n’était, il regarda Yodrick, caressant son crâne avec un peu trop d’amour, attendant que l’autre parte loin pour reprendre, la main toujours sur la tête de Yodrick
– Et toi ? Que fais-tu de beau dans la vie ?
Lucifer était vraiment curieux de savoir quels projets Gabriel avaient lancés mais il ne lui laissa pas vraiment le temps de répondre, l’alcool mélangé à l’excitant commençant à faire leur effet accentuant ce coté hyperactif qu’il avait.
– Oh et ça, c’est très bon ! Vodka, RedBull et Grenadine !
PRETTYGIRL
Invité
Dim 28 Aoû - 17:19
feat. Lucifer & Gabriel
Par tous les Diables - et Gabriel sait qu’ils sont monnaies courantes en ce moment - pourquoi s’était-il mit à discuter avec son frère ? Il le sait, il le connait. C’est un vrai moulin à paroles. Il balance plus de mots à la seconde, qu’il ne les réfléchie. C’est souvent ce qui lui a porté préjudice par le passé, le fait de ne pas tourner sa langue assez longtemps dans sa bouche, avant de la ramener.
Tout ce que Gabriel savait de leur monde - toutefois s’il existe encore - c’est qu’il est mort et que la vie a continué. Bref ! Lucifer venait de lui révélé avoir été tué également.
- Personnellement, ce Mickaël ou un autre, ça ne change rien pour moi. Il reste le même connard peu importe le monde d’où il vient.
Il mourrait d’envie de rajouter qu’étonnement, seuls les Lucifer étaient différents. L’un est le mec le plus con de toute la création, quand l’autre est sympa et bon vivant. Cherchez l’erreur. Mais contrairement à son frère, Gabriel préférait réfléchir avant de balancer ce qu’il avait en tête, évitant ainsi une autre prise de bec. Puis, il n’a juste pas envie de se battre avec lui. Pas de querelle, pas ce soir, il n’est pas du tout dans le truc.
La pauvre femme qui était intervenue, ne devait vraiment pas savoir dans quoi elle mettait les pieds avec cet énergumène. Finalement, elle était plus à plaindre qu’autre chose et elle en aurait presque fait pitié à Gabriel, qui l’avait fixé quand enfin elle s’en était allée. Visiblement, son frère avait capté son regard, mais pas ses pensées. Et reprenant son verre en main, pour en boire une nouvelle gorgée, il lança un regard assassin à Lucifer, ne prenant pas la peine de répliquer concernant sa nouvelle lubie de se trimballer avec un crâne.
- Je m’assurais seulement que tu ne lui aies pas fait de mal crétin. Et si elle est aussi pure que tu le dis, fiche lui la paix, tu lui rendras service.
Et voilà qu’il lui racontait l’histoire de la tête de mort ambulante. Pouvait-il seulement être sérieux parfois ? Oui c’est l’hôpital qui se fout de la charité, surtout lorsqu’il est question de Gabriel, mais il ne trouvait pas vraiment ça respectueux pour le défunt que de trimballer sa tête partout. Mais le respect et Lucifer ça fait bien plus de deux milles, croyez-en son expérience. Il nota quand même que dans le flot de mots qu’il lui crachait à la figure, il y avait eu une partie de sa phrase qui l’avait mit mal à l’aise.
- T’as vécu sur un banc ?
Peu importe ce qu’il pense de Lucifer, ce qu’il s’est passé il y a quelques temps et plus encore, il restait son frère. Et s’il l’avait croisé en le voyant crécher sur un banc, il l’aurait très certainement ramené chez lui pour lui éviter cette vie là. Trop pensif là-dessus, que Gabriel le suivit un peu à l’écart. Évidemment que non, il n’avait pas prévu de le tuer. Il ne l’aurait jamais fait à dire vrai, mais Lucifer ne pouvait pas s’empêcher de lui couper la parole.
- Voilà la différence entre toi et moi, Lucifer. J’ai toujours refusé de te tuer. Toi, ça n’a pas eu l’air de te déranger de le faire. Et ne mets pas tout sur le dos de Mickaël, ce n’est pas lui qui avait la dague en main, mais toi… Enfin cette fois-là.
Mais le pire restait à venir. L’espace d’un moment, alors que Lucifer reprenait la parole pour discuter des Humains, Gabriel eut juste envie de lui en coller une. C’est vrai, une bonne droite ne lui aurait pas fait de mal.
- Et tout ça pour ça ? Tu nous as fais chier pendant des milliards d’années avec ta haine incommensurable envers l’humanité, faisant voler en éclats notre famille, pour maintenant reconnaître bah que non, ils sont pas si mal que ça les Humains. Tu te fous vraiment de moi, avoues-le au moins.
Par chance, l’ambiance changea quand une serveuse arriva avec une bouteille de Whisky. Chuck seul savait à quel point Gabriel en avait grandement besoin là, tout de suite, maintenant. Il l’attrapa pour s’en servir un verre, observant d’un œil l’attitude mielleuse de son frangin. Le temps que la jeune femme était présente, le plus jeune des Archanges n’avait rien dit, attendant seulement d’être assuré de leur solitude.
- Erk, t’en es écœurant. Je préférais encore quand t’étais dans ta crise d’ado rebelle qui détestait la terre entière. Au moins, tu n’étais pas salement mielleux.
L’histoire tourna autour de son école. Gabriel tentait de l’écouter sérieusement, bifurquant sur son tabouret pour le regarder tandis qu’il lui parlait. Cette fois, il saisissait un peu plus ses mots. Ceux-ci semblaient l’intéresser. Enfin, il semblait perplexe sur la chose. Et il laissa un court silence, restant là, à l’observer attentivement, tout en réfléchissant à ce qu’il venait de lui raconter.
- En gros, tu as fondé une secte. Tu sais que tu ne vaux pas mieux que notre père avec son église et sa stupide bible ? Mais ouvres les yeux. Tu es en colère contre lui, mais tu fais exactement la même chose avec ton école et ton bouquin. Même pour ça, tu l’as copié. T’as décidé de ne jamais couper le cordon ?
Et c’était reparti avec le petit Jack. Gabriel ne l’a pas connu longtemps ce gamin, mais ça l’avait dérangé que déjà à l’époque Lucifer essaye de lui faire un lavage de cerveau. Quelque part, il y était arrivé. La suite, il ne saurait dire avec exactitude ce qu’il s’était passé, puisqu’il était lui-même mort.
- Bien sûr que Jack est un bon gamin, alors ne fais pas tout capoter. Il est naïf et impressionnable. Je sais que c’est comme ça que tu aimes tes proies, mais lui c’est ton fils. Ne le fais pas souffrir inutilement ou alors ne fais pas partie de sa vie si t’as décidé de lui faire du mal.
Sauter du coq à l’âne devait être la passion première de Lucifer ou bien Gabriel était tellement arrangé par l’alcool qu’il ne parvenait pas à saisir le cheminement de la conversation. Il dût se frotter légèrement les yeux pour tenter, encore une fois, de tout assimiler.
- Ouais bah laisses-le, n’attire pas son attention sur nous. Du moment, qu’il reste loin, je ne m’en porterai que mieux… Hum…toi tu connais Athénaïs ? Pourquoi elle ne m’a rien dit ?
La serveuse les coupa une nouvelle fois dans leur conversation en rapportant la commande de Lucifer. Gabriel la regarda avec cette fois, une idée en tête.
- Vous pouvez lui en remettre un autre s’il vous plait, c’est ma tournée.
Il se re-concentra sur son frère, une fois la demoiselle repartie avec un grand sourire. Il ne s’était pas attendu à ce que Lucifer s’intéresse à lui en lui demandant ce qu’il faisait dans la vie. Autant Gabriel pouvait aimer ses frangins, autant il savait que la réciproque n’existait absolument pas et que le Diable venait seulement lui faire la conversation parce qu’il n’avait rien de mieux à faire de sa soirée.
- Rien qui ne puisse t’intéresser, j’ai ouvert un cinéma et je sais que c’est pas du tout ton truc.
Sans le quitter du regard, le voir passer d’un sujet à l’autre commençait grandement à le gonfler, au point où il lui piqua son verre pour le boire cul sec. Tant pis de toute façon, la serveuse était partie en rechercher un autre.
- Je ne sais pas si c’est l’alcool qui a un effet soporifique ou toi. Mais c’est redoutable.
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
Lucifer parlait, parlait, parlait. Il était content de voir Gabriel et l’alcool aidant, il n’arrivait pas à arrêter son flot de paroles si bien que le plus jeune des archanges n’arrivaient pas vraiment à placer ses phrases, et quand c’était le cas, Luci n’y répondait pas vraiment. Volontairement ou pas. Comme à la question de savoir s’il avait vécu sur un banc. Il aurait pu lui raconter toute l’histoire de quand il était arrivé ici, nu comme un ver, encore plus en colère qu’avant, sans un sou. Les débuts avaient été très difficile. Il ne voulait pas être un humain. Il ne voulait pas être dans un autre monde et même si c’était mieux que le Néant, il voulait rentrer chez lui. Sauf que ce n’était pas possible et il avait dû s’adapter à cette situation, comme il s’était adapté à la cage. Au moins, le positif était qu’il n’était pas enfermé. Il pouvait profiter de sa liberté et de toutes les possibilités qu’elle lui offrait. Il préféra changer de sujet, mais ce n’était certainement pas une bonne idée. Son cerveau enregistra les mots brulants que Gabriel lui jeta en plein dans son âme. Il avait raison. Il n’avait pas hésité à le tuer. C’était lui qui avait eu la dague en main. Or sous-entendre que ça ne l’avait pas dérangé, qu’il y avait presque pris du plaisir alors que c’était tout le contraire. Il avait été obligé et c’était certainement l’une des choses qu’il regrettait le plus. Gabriel ne savait pas ce qu’il ressentait vraiment. À cette époque, il devait assouvir coûte que coûte le feu ravageur qui consumait son être. Certes il n’avait plus la marque de Caïn mais elle avait fait des dégâts inconsidérables sur son essence même. Chuck avait prédit l’affrontement final entre Mickaël et lui. Ça ne l’enchantait guère. Il ne voulait pas mais il le devait. À sa manière, il avait été pareil que Mickaël. Pas étonnant que pas mal d’anges avaient toujours cru qu’ils étaient jumeaux. Nés juste à quelques minutes d’intervalles. Qu’est ce qu’une minute pour un être immortel ? Ils avaient eu les mêmes comportements aveugles et destructeurs. Ils avaient tout détruit sur leurs passages dans l’unique but d’écouteur leur père car au fond, si Chuck n’aurait pas écrit cette destinée, jamais ils ne l’auraient empruntés. Même en se battant pour le libre arbitre, Lucifer était tombé dans le piège, obscurci par cette rage séculaire qu’il avait en lui. Oui. Il avait tué Gabriel. Il avait senti son sang chaud sur ses mains. Il avait vu son explosion de lumière. Il avait vu ses ailes carbonisées. Mais jamais il n’avait pris plaisir à faire ça. Pendant les secondes qui avaient suivi, une tristesse incommensurable s’était emparée de lui et s’il n’avait pas eu la colère comme moteur, il aurait certainement tout arrêté. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait plus. Pour que la mort de Gabriel ne soit pas vaine il devait aller jusqu’au bout même si l’issue pour lui n’était certainement pas favorable.
Pourtant, là, dans ce bar, il fit comme si de rien n’était. Alors qu’il sentait toutes ces émotions cognaient en lui, ayant beaucoup de mal à les contrôler comme auparavant. Il préférait ne pas écouter, boire, et parler pour éviter justement de se laisser submerger. Cependant Gabriel n’en avait pas fini avec lui et tandis qu’il lui parlait plutôt joyeusement de sa façon de voir les humains maintenant, le châtain attaqua avec véhémence. Il ne se départit par de son sourire mais ce dernier fut beaucoup plus crispé, ses lèvres formant une mince ligne.
– Y a que les idiots qui ne changent pas d’avis hein !
Sauf que c’était plus fort que lui. Il fallait qu’il parle. Heureusement, la serveuse arriva pour prendre leurs commandes et Luci remarqua qu’elle draguait ouvertement Gabriel. Or ce dernier, quand il entendit Luci parlait, ne compris pas vraiment qu’il avait tout simplement fait une crise de jalousie sous couvert d’un ton aimable. Non. Il comprit même l’inverse. Ecœurant. Très bien. Il retenait. Avec le même sourire mielleux, il lui répondit.
– C’est sûr que tu sais de quoi tu parles vu que c’est littéralement toi qui a inventé ce ton.
Puis, faisant comme si de rien n’était, il continua la discussion, caressant le crâne de Yodrick de temps à autre alors qu’il expliquait avec passion tout le projet qu’il avait construit avec l’Ecole. Il pensait que Gabriel serait content. Il pensait qu’il verrait qu’il était sincère dans ses actions mais non. Il campait sur ses positions et encore une fois, les mots qu’il lui lançait lui firent certainement plus mal que le coup de dague que lui-même lui avait donné. Au moins, il l’avait achevé rapidement. D’un coup sec. Là, à chaque phrase qu’il disait, à chaque évènement de sa nouvelle vie qu’il racontait, Gabriel le poignardait. C’était de plus en plus dur de cacher ce qu’il ressentait vraiment. Il avait chaud. De la sueur perlait de son front et il baissa la tête en ayant une sorte de ricanement affligée.
– Le temps de la création innovante est fini Gabriel. Aujourd’hui il n’y a plus rien de nouveau. Oui, je fais peut être comme lui, mais je le fais mieux ! J’essaie surtout de réparer ses erreurs vues que je n’ai pas le droit de faire un reset complet.
Son ton commençait à changer légèrement. Sa joie s’amenuisait pour laisser place à de l’amertume. On lui avait empêché de faire l’apocalypse. On l’en avait même interdit. Ça ne l’avait pas empêché de semer le chaos. Maintenant qu’il voulait changer de point de vue, qu’il voulait essayer autre chose, on lui disait aussi que c’était mal ? Mais pourquoi existait-il à ce niveau-là ? Que faisait il ici si tout ce qu’il faisait été mal. À cet instant, le souvenir de Jack, en février dernier, dans le coffee shop, ressurgit. Celui où il lui disait que de toute façon c’était perdu d’avance, qu’on le verrait toujours comme le mal incarné quoi qu’il fasse. Il lui avait dit que non, que c’était juste uniquement de la com, que Chuck avait réussi ça mais qu’ici, lui aussi avait une bonne communication, que ça irait. Il s’était peut-être trompé. C’était peut-être son fils qui avait raison. Les choses ne changeraient pas. Même ses frères étaient convaincus qu’il ferait toujours le mal. Pourquoi alors essayer une autre voie que celle-là ? Dépecer, découper, torturer, exploser. Il ne savait faire que ça. Autant continuer. Néanmoins, justement, pour Jack il s’était juré de ne pas commettre les mêmes erreurs que Chuck.
Secouant un peu la tête pour faire partir ces pensées plus que négatives, il s’empressa de parler à Gabriel de Jack. De sa joie de l’avoir retrouvé. De sa fierté de le savoir en études supérieurs pour cultiver son intelligence. Est-ce qu’il était étonné que Gabriel ne soit pas aussi enjoué que lui ? Non. Il aurait du se douter à la vue des phrases qu’il lui avait déjà sorti qu’il continuerait sur sa lancée. Est-ce que c’était une manière de se venger ? De lui faire du mal pour se faire justice de l’avoir tué ? Il aurait bien aimé or plus les minutes avançaient plus il avait l’impression que ce n’étaient pas des mots en l’air. Gabriel pensait ça de lui. C’était irrécupérable. Pourtant, il tenta une dernière fois. Pourquoi, il ne savait pas trop. À l’époque, il serait déjà parti en massacrant toutes vies dans ce bar. Là, il prenait sur lui, beaucoup trop même, se répétant sans arrêt que c’était pour Jack qu’il continuait. Il ne s’était pas rendu compte que la température du bar avait baissé de plusieurs degrés depuis une vingtaine de minutes. Il ne pouvait contrôler ses émotions et son pouvoir qu’il avait récupéré quelques semaines avant. D’ailleurs, quand Gabriel lui avait balancé de ne plus faire partie de la vie de Jack si c’était pour le blesser, les pieds de la chaise s’étaient gelés et une fine pellicule de gel commença à apparaître sur la table.
– Oui c’est elle ! Ça fait quelques mois qu’on se connait maintenant. Une chouette nana ! Beaucoup mieux que la Mort de notre monde. Même attrait pour la bouffe par contre. Tu crois que c’est parce que sans la nourriture les humains meurent qu’ils adoraient ça ?
Au moins, cette fois, Gabriel n’avait pas semblé être en colère contre lui mais contre la jeune femme. C’était drôle, elle ne lui avait jamais parlé de son jeune frère. Elle devait certainement avoir ses raisons mais il lui en toucherait deux mots la prochaine fois qu’elle viendrait à l’Ecole. Pensant qu’il y avait peut-être une ouverture avec Gabriel, il lui demanda ce qu’il était devenu. Intrigué de savoir comment il avait fait une nouvelle vie, une nouvelle fois. Cependant, il déchanta vite vu le ton qu’il employa à nouveau. Il ne voulait rien lui dire. Non, pire, il faisait comme si sa vie ne l’intéressait pas. De plus, il se faisait chier avec lui. Cette fois, Lucifer n’arrivait plus à cacher à quel point il était touché. Il se trouvait lui-même franchement pathétique. Pas étonnant que Gabriel ne lui accorde pas le moindre crédit.
– Très bien. J’y penserai pour me reconvertir une prochaine fois à me lancer dans la pharmaceutique.
Son ton était à la fois rempli d’amertume et de tristesses, retenant un sanglot dans sa gorge. Il ne manquerait plus qu’il se mette à pleurer pour que ce soit le pompom à cette rencontre minable. Au moins Gabriel aurait une nouvelle corde à son arc pour se moquer de lui et le tourner en ridicule. Attrapant Yodrick de la main droite, le crane gela instantanément tant le corps de Lucifer était froid. Il émanait de lui un blizzard glacial comme si, à cet instant, son esprit avait remis des barrières de sécurité pour éviter que quiconque s’approche de lui. Il se leva rapidement, sans rien dire de plus, alors que la serveuse revenait avec ce que Gabriel avait commandé. Il se saisit du verre, buvant le contenu d’une traite avant que ce dernier ne gèle sous le regard à la fois effrayé et fasciné de la jeune femme.
– Je vous laisse ensemble. Il appréciera certainement mieux votre compagnie que la mienne.
Il allait partir quand la colère qu’il avait en lui déborda tout autour. Il se retourna vers Gabriel, le pointa d’un doigt accusateur.
– Tu sais quoi. Va te faire voir ! C’est toi qui as ouvert ta putain de grande gueule pendant MA conférence ! Si t’avais pas envie de me parler fallait te la fermer ! C’est pas moi qui suit venu te chercher pour te balancer que toi non plus t’es pas tout rose.
Plus intonation devenait grave plus la pièce perdait en degrés. Le silence commençait à se faire autour d’eux, ne comprenant pas vraiment ce qui était entrain de se passer.
– Tu penses comme tous les autres, que je suis le Mal Incarné ? Bah ouais, je le suis, merci Papa ! Pas comme si j’avais pu choisir ça. Maintenant que je peux le faire on me reproche de ne plus être dans mon rôle ? C'est vous qui vous foutez de ma gueule ! C’est toujours pareil avec vous de toute façon ! Blablabla Luci il est méchant ! Tout est blanc ou noir mais jamais gris ! Alors tu sais quoi ? Viens plus me parler. Jamais. T’as compris. Sinon cette fois je prendrais vraiment du plaisir à te tuer.
Un vent glacial passa entre les deux hommes et Lucifer se retourna, Yodrick dans les bras pour tomber nez à nez avec Agnès, dont le regard trahissait son inquiétude.
– Luci … – Non. Toi tu ne dis rien. J’ai pas envie de te faire de mal. Je te l’ai promis. Alors dégages de mon chemin.
Agnès obtempéra, se décalant tout en lançant un regard noir à Gabriel. Regard que Luci ne remarqua même pas vu qu’il accéléra le pas pour sortir de cet endroit. Il allait faire un malheur. Il était à deux doigts de tuer tout le monde. Il sentait cette rage qu’il avait réussi à calmer revenir avec une force incroyable. Cette colère qu’il l’avait toujours eu en vérité. Cette colère qui avait commencé quand Chuck ne lui accordait pas assez d’attention. Cette colère qui grossissait quand Mickaël l’ignorait et qui avait atteint son point culminant quand il l’avait traité de monstre. Cette colère qui s’était transformé en rage quand Gabriel les avait abandonnés. Quand il l’avait abandonné, préférant les humains à sa propre famille. Cette haine qui avait nourrit la marque à tel point qu’elle avait réussi à corrompre son âme d’archange. Elle revenait comme une marée montante et s’il ne sortait pas immédiatement, il laisserait un champ de cadavres derrière lui. Il le sentait. Il le savait.
Une fois dehors, il prit plusieurs inspirations pour ravaler les sanglots qui secouaient son corps. C’était tout le temps pareil de toute façon. C’était comme si lui, n’avait pas le droit à la repentance. Comme si, son cas était déjà acté, pas besoin de le juger alors qu’il n’était pas le seul à avoir fait du mal. Castiel avait décimé le paradis et il était bien vu. Gabriel avait tué des centaines d’humains dans ses illusions et on lui avait pardonné. Mickaël avait mené sa guerre sainte contre lui et il était un héros. Dean avait torturé des âmes en enfer bien avant d’avoir la marque et on avait effacé son ardoise. Et que dire de Chuck et Amara. Était-il condamné pour l’éternité, dans toutes les dimensions à être le paria ? Le mauvais ? L’assassin ? Le maudit ? C’était injuste. Terriblement injuste. Encore un sentiment qu’il avait quasiment toujours ressenti. Cette exclusion de part sa différence alors qu’il avait toujours tout fait pour qu’on l’inclut, le regarde, l’aime comme lui avait aimé.
– Oh moins je sais que toi tu m’aimes Yodrick. Je l’ai senti depuis le début. T'es une valeur sur toi au moins !
Il fallait qu’il utilise l’humour. Ça en relevait presque de la survie à ce stade tandis qu’il avait commencé à marcher d’un pas rapide pour partir de cet endroit. Il savait que c’était une mauvaise idée. Il avait eu un pressentiment en venant ici. Il avait pourtant dit à Agnès qu’il aurait dû faire la conférence à l’Ecole. Elle aurait dû l’écouter ! Rien de tout ceci ne serait arrivé et de toute façon, ça n’arriverait plus jamais. Il allait tout arrêter. On le voulait dans son rôle ? Très bien ! Il le reprendrait avec plaisir. Tant pis. De toute façon les humains étaient irrécupérables, faibles et sans avenir. Il le savait. Il l’avait vu dans sa propre chaire, qui l’avait encore plus humilié que la cage. Gabriel ne savait pas par quoi il était passé pendant les six premiers mois ici et il avait encore plus détesté Chuck pour ça. On le voulait méchant. On le voulait comme un vrai démon, un bourreau sans cervelle tuant pour tuer, sans âme et sans sentiments. Très bien. Il allait le faire. Une pensée fugace alla pour Jack. Tout allait s’effondrer comme un château de carte et cela lui brisa un peu plus son cœur déjà bien abimé. C’était voué à l’échec depuis le départ. Tout le monde n’arrêtait pas de le dire et il vint même à penser, dans sa tristesse ambiante que certainement Jack ne l’aimait pas non plus. Peut être un plan des Winchester pour se rapprocher de lui et finir le travail. Alors se limiter pour une relation qui était de toute façon absurde.
Ruminant ses sombres pensées tout en marchant, il n’entendit pas tout de suite qu’on l’appelait. Il se retourna quand il sentit quelque chose lui cogner le crâne.
– Aïeuh !
Lentement, il se pivota pour voir qui était l’inconscient qui avait osé l’attaquer. Il haussa un sourcil en voyant Gabriel se tenir devant lui et avant même qu’il ne parle, il lui balança d’un ton froid et surtout très lent, pesant chaque mot pour tenter de lui faire le plus de mal possible. Autant que lui souffrait à la minute même.
– Tu as toujours été le plus stupide d’entre nous. Pourquoi crois-tu que nous n’avions pas de temps à t’accorder ? Stupide, et suicidaire.
Son regard bleu polaire se planta dans celui mordoré de Gabriel et il eut un rictus de dédain envers lui.
– Mais tu sais Gabriel … ce n’est pas comme ça que tu te prouveras que tu n’es pas un lâche mais un archange brave et courageux. Autant j’incarne le mal. Autant tu incarnes la lâcheté. Chacun son truc.
Il haussa les épaules, faisant un petit mouvement de tête espiègle mais qui là, dans cette situation était plutôt mauvais signe. Tout comme le gloussement diabolique qu’il eut à la fin de sa phrase.
– Il faut croire qu’on va finalement … terminer de conjuguer le verbe tuer ! C’est chouette on rend hommage à la conjugaison !
PRETTYGIRL
Invité
Mar 30 Aoû - 14:37
feat. Lucifer & Gabriel
Il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis… C’est vrai dans le fond, Lucifer n’avait pas tort et la moue de Gabriel allait dans son sens certainement. Il a toujours pensé que cette simple phrase était vraie. Par contre, l’entendre la bouche de son grand frère c’était assez étrange, mais ça laissait à réfléchir quand même. Mais Gabe devait se rendre à l’évidence qu’il avait attaqué le premier et que son frère chercherait à répliquer. Notamment en ce qui concerne le ton mielleux, ce à quoi un léger sourire s’afficha sur les lèvres du plus jeune.
- Touché.
Il ne répondit cependant pas à la suite concernant l’école. N’ayant pas toutes les cartes en main pour juger, il ne voulait pas s’engager sur cette pente glissante, même s’il en avait déjà beaucoup trop dit. Saleté de corps humain qui ne supporte pas l’alcool aussi. Quand il avait sa Grâce, il pouvait boire sans jamais ressentir la moindre vague de pas bien. Là ça lui tombe directement sur l’estomac, ce n’est pas vivable. Mais changer de conversation aurait dû leur faire du bien à tous les deux. C’était une bonne idée que l’aîné avait eu. Au moins apaiser les tensions. Alors il fut question de la Mort. Pas très joyeux comme sujet de conversation et cette fois, si Gabriel était bien en colère contre quelqu’un, il ne s’agissait nullement de Lucifer. A quel moment Athénais s’est imaginée que c’était une bonne idée de lui cacher ça ? Lui qui pensait qu’elle était sa meilleure amie. Devait-il toujours aller de désillusion en désillusion ?
- Notre Death avait une tête bizarre, je te l’accorde. Et je ne sais pas pour lui, mais elle c’est sûrement parce qu’elle vient du monde où c’est toujours Halloween, tu sais ? Il y a plein de bouffe partout, enfin j’imagine.
Mais soit, chassez le naturel et il revient au galop. Lucifer tendait le bâton pour se faire battre sans le vouloir, sans le savoir. Il était la victime de la conversation et malheureusement, Gabriel n’avait pas assez les idées claires pour se rendre compte qu’il faisait des efforts. Certes, le passé est toujours là, Gabe n’a pas digéré que son frère le plante. Peu importe qu’il en soit véritablement mort ou non, il n’a pas tourné la page. C’est plus moralement que physiquement qu’il l’a blessé à ce moment-là. Si au départ, il avait voulu que l’Apocalypse se déroule, plus ça avançait et moins il le voulait. Il n’avait pas vraiment envie de voir ses frères s’entretuer. Pourquoi faire au final ? Donner raison à leur père qui les a abandonné ? Lucifer lui-même ne voulait pas de cette Apocalypse, au plus profond de lui, Gabriel le savait. Ils ont beaucoup de point en commun mine de rien.
Mais tout commença par se casser la figure et la situation dérapa alors que Lucifer commençait à s’énerver. Gabriel s’en prit plein la tête, mais à juste titre, il l’avait un peu cherché. Et c’est vrai que c’est lui qui était intervenu de base, il ne pouvait pas dire le contraire. La gorge nouée, le dernier des Archanges restait là, à le regarder, ne pouvant pas en placer une. Bien sûr que non, il n’est pas le mal incarné. Si quelque part, c’est le Diable quand même, le Créateur des Démons, mais il n’est pas que ça. Mais Gabe n’eut pas le temps d’intervenir, de calmer le jeu, que son frère s’éloignait déjà. Il voulut se donner le courage de l’affronter à nouveau, en buvant son verre, mais il haussa les sourcils.
- J’ai pas commandé de granita.
Il se doutait que c’était le pouvoir de son frère. Il avait vu la table se couvrir de givre. Ce n’était pas bon signe, surtout énervé comme il l’était.
Quel merdier ! En le voyant partir, le cœur de Gabriel se resserra dans sa poitrine. La colère de Lucifer venait de dégouliner sur lui comme le venin d’un serpent, mais c’est surtout la tristesse de son regard qui l’avait touché. Il faut croire que sans ses pouvoirs, Gabriel éprouvait plus de difficulté à faire comme si de rien n’était. Il se redressa, délaissant ses consommations sur la table, dans l’espoir de le rattraper, évitant de peu d’être prit pour un punching-ball par Agnès.
- Luci, attends-moi.
Se frayer un chemin dans la populace présente était beaucoup plus difficile qu’il n’y paraissait. Mais il sentit bientôt l’air frais du dehors venir caresser son visage. Les effets de l’alcool se rappelaient à lui, mais l’Archange faisait de son mieux pour localiser son frère. Cherchant sa silhouette de chaque côté de la rue, il le remarqua un peu plus loin et tenta de le rattraper.
- Mais qu’est-ce qu’il marche vite quand il est en colère… Luci, attends !
Persuadé que Lucifer ne l’entendait pas et certain qu’il ne parviendrait pas à le rattraper dans son état, Gabriel eut la présence d’esprit totalement stupide, de ramasser un petit caillou pour l’envoyer dans sa direction. Le but était d’attirer son attention mais sûrement pas de lui envoyer en pleine tête… Ce qui était fait, était fait, il se hâta de le rattraper, bien content de lui avoir mis la main dessus avant qu’il ne disparaisse réellement. Mais il n’eut pas le temps de piper le moindre mot, qu’un Lucifer hargneux commença à lui tailler un costard directement au coeur de la rue. Sur le moment, il l’aurait massacré à coups de lame qu’il n’aurait pas eu plus mal, baissant la tête en entendant qu’en fait, c’était bien ce qu’il avait toujours pensé. Mickaël et Lucifer l’avaient toujours évité au mieux. Il n’avait jamais été plus qu’un boulet pour eux. Il accusa le coup difficilement, ça faisait si mal de s’en rendre compte. Parce qu’entre croire et avoir la certitude, il y a un fossé. Dans le premier cas, il y a toujours l’espoir de s’être trompé, mais dans le second, plus rien ne peut changer la donne. Il en prenait pour son grade comme jamais et ne cherchait même pas à l’interrompre. Ce n’est qu’à la fin de toutes ces paroles destructrices que Gabriel déglutit difficilement en espérant faire dégager la boule qui lui bloquait la gorge.
- Je sais tout ça Luci.
Il n’y a que la vérité qui blesse il parait. Celle-ci, elle est capable de tuer. Cette vérité là aura sûrement les plumes de notre Gabriel national, qui eut bien du mal à remonter le regard jusqu’à celui de Lucifer.
- Tu as raison sur toute la ligne. Je n’ai jamais réussi à me faire une place entre Mickaël et toi. Ce n’était pourtant pas faute de vous aimer tous les deux, mais je savais très bien que c’était perdu d’avance. J’ai toujours été de trop.
Le petit dernier de la fratrie d’Archange s’écarta un peu se retournant pour faire quelque pas. Son regard fixé au ciel, perdu dans l’immensité de ce bleu foncé semé d’étoiles scintillantes. Cherchant ses mots du mieux qu’il le pouvait, pour ne pas raviver la colère de son aîné, il s’était enfin retourné pour lui faire de nouveau face.
- Je dois être suicidaire comme tu dis. Je mets le Diable en rogne, je lui balance une caillasse sans vouloir le toucher… et j’essaye bêtement de lui présenter mes excuses. Visiblement t’as retrouvé tes pouvoirs en plus, pas moi.
Il voulait faire un peu d’humour pour détendre l’atmosphère, mais c’était plutôt mal engagé. Lucifer avait sa tête sérieuse des mauvais jours.
- Tu peux continuer à me laminer, c’est de bonne guerre, j’ai ouvert le bal. Mais juste avant, laisse-moi parler s’il te plait. T’es mon grand frère et je t’aime. Rien n’y changera. Peu importe ce que tu as fait, ce que tu es capable de faire ou pas, je t’aimerais toujours. Rien ne viendra jamais entacher notre passé. Je t’ai connu avant la marque et te voir là, débordant d’énergie, avec plein de projets en tête… j’ai l’impression de te revoir avant. Et pour ne pas souffrir, je me suis fermé, pensant qu’il s’agissait d’un mirage…
Leur passé lui a toujours manqué. Même si Lucifer a visiblement toujours tout fait pour ne pas lui accorder de temps, comme il venait de lui dire, Gabriel conservait des souvenirs que personne ne pourrait briser, pas même le Diable.
- Mais, je suis désolé Luci… vraiment. Et je suis sûr que si Jack t’a laissé une seconde chance, c’est que tu le mérites. Il est intelligent ce gosse et si tu y mets vraiment du tien, tu seras capable d’être un bon père.
Toutes ces personnes à l’intérieur du bar étaient la preuve qu’il était capable de faire de grandes choses. Les gens l’appréciaient et c’était sûrement pour une bonne raison. La colère, la tristesse aussi aveuglaient Gabriel, mais il devait se rendre à l’évidence qu’ici n’est pas leur monde et qu’ils peuvent être qui ils ont envie de devenir.
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
Gabriel n’avait jamais vraiment eu peur d’eux. Lucifer ne se souvenait pas de moments où il avait vu le plus jeune des archanges avec de la frayeur dans le regard alors qu’il aurait dû. C’était à la fois remarque, inconscient et stupide. Il n’avait pas menti quand il venait de lui balancer qu’il était stupide parce qu’il l’était dans le sens où ses actions étaient stupides. Lucifer savait manier les mots aussi bien que les armes pour faire le plus de dégâts possibles. Il ne pouvait mentir mais avec les années d’expériences qu’il avait derrière lui, il louvoyait comme le serpent qu’il était pour arriver à contourner la vérité et arranger les choses à sa manière. Gabriel était stupide parce qu’il fonçait droit dans le mur, ne prenant pas le temps de la réflexion. Il était suicidaire parce qu’il affrontait toujours plus fort que lui dans un but que Luci n’avait jamais vraiment trop compris. Mais ce n’était pas uniquement à cause de ça que les deux archanges primordiaux n’avaient pas du temps à lui accorder. Chuck les faisait travailler d’arracher pied pour la création. Puis sur le conflit avec Amara. Malgré tout, Gabriel avait été épargné, protégé même d’une certaine manière. Raphaël était celui qui avait pris le plus cher. Oublié de tous. Entre eux tous. Alors quand Gabriel commença à faire sa tête de chien battu, Lucifer resta campé dans sa colère. Il posa Yodrick au sol, juste à coté de lui puis croisa les bras pour l’écouter chouiner sur son sort. Il était gonflé quand même de revenir après ce qu’il lui avait dit. Cependant, entre les effets de l’alcool et son hypersensibilité accrue à cause de sa condition de pathétique humain, il sentit la tristesse l’envahir. Il lutta contre faisant primer la rage qu’il avait toujours eu.
– Non. Tu n’étais pas de trop. Au contraire. Quand tu es parti, tout s’est effondré.
Il y avait une part de vérité dans les propos de Gabriel. Sa relation avec Mickaël était indescriptible. Ils s’aimaient autant qu’ils se détestaient. Personne ne pouvait les séparer à part eux. Personne ne pouvait toucher l’un sans entraîner les conséquences de l’autre. C’était un lien plus solide que le diamant. Aussi pur que perverse. À eux deux, ils réunissaient tout ce que Chuck avait insufflé par la suite aux humains. Ils étaient le premier paradoxe de l’histoire de l’univers. À s’admirer, se vénérer, se glorifier autant qu’à se haïr, se maudire, s’abhorrer au point de préférer se voir mort par la main l’un de l’autre. Forcément, quand Chuck avait crée Raphaël et Gabriel, leurs relations étaient forcément pensées différemment parce qu’il avait fait ses premières créations à son image et celle de sa sœur. Les deux suivants seraient plus raisonnables, calme, plus comme il imaginait le paradis. Ça n’avait pas forcément été ça à la vue des personnalités qu’ils avaient finalement héritée. Néanmoins, malgré tout, Lucifer et Mickaël avaient appréciés avoir de la compagnie même s’ils n’étaient pas restés seul très longtemps, la notion de temps n’ayant même pas encore été inventé par Chuck. Lucifer s’était senti proche de Gabriel immédiatement. Comme si, dès le départ, il avait vu aussi cette étincelle de malice. Ce qui avait de bien avec lui, c’est que leur relation était simple. Pas aussi complexe que celle avec Mickaël. Il l’aimait. Point. Pas de conflits, de complots et d’autres choses qui le dépassait car organisé par Chuck pour se divertir. Et pourtant, Gabriel était quand même parti.
– Pas tous.
Lucifer n’avait pas trop compris comment cela marchait et pourtant il avait retourné la question dans tous les sens. Pourquoi est ce que sa grâce n’était-elle pas revenu ? Comment pouvait il avoir ses pouvoirs sans ? Est-ce qu’ici sa propre composition moléculaire avait changé ? Si c’était le cas, c’était ce qu’il pensait depuis le début. Chuck en était le responsable. Lucifer ne connaissait que lui en être puissant pour faire une chose pareille. Ça le gonflait encore plus mais il essaya de ne pas y penser. Le chaos régnait dans sa tête, il devait se maitriser pour ne pas sauter sur Gabriel et le faire disparaitre de sa vie parce qu’au fond, il savait qu’une fois la tempête de ses émotions passée, il regretterait. Ses remords seraient beaucoup plus fort que sa gueule de bois. Alors quand Gabriel lui demanda de le laisser parler, il le fit, sans forcément grande conviction, lui envoyant un de ses célèbres regards noirs, qui, n’avaient pas vraiment d’effet étant donné que le plus jeune s’avança de quelques pas.
Cependant, quand il entendit les paroles de Gabriel, il n’arriva pas à rester de marbre comme il l’aurait voulu. Jamais il ne lui avait dit ça. Jamais il ne lui avait dit qu’il l’aimait. Même quand il était parti sans un aurevoir, disparaissant de la circulation. Lucifer serra ses bras un peu plus contre lui comme pour se protéger. Encore et toujours. Bordel. Pourquoi est ce que Gabriel ne lui avait pas dit ça avant ? Pourquoi avait-il fallu qu’ils en arrivent à deux doigts de s’entretuer pour que ces mots-là sortent ? Où était-ce une ruse ? Pris dans sa paranoïa, Lucifer eut cependant un doute. Ne disait-il pas ça pour s’en sortir ? Pour l’apaiser et éviter qu’il ne commette un massacre ? Mais en même temps, c’était ce qu’il était, il lui avait dit ! Plusieurs fois d’ailleurs qu’il ne pouvait changer ! Vraiment, l’archange ne comprenait plus rien au raisonnement de son petit frère et l’alcool n’aidait pas à la réflexion.
– Tu t’excuses alors qu’il y a deux minutes tu étais sur tes grands chevaux à imiter Micky et Pop's?
La perplexité et l’incompréhension devaient se lire sur son visage parce que Gabriel rajouta une couche qui termina de l’achever. Les bras lui en tombaient. Et après il osait lui dire que lui n’avait pas de cohérence dans la trame de ses propos ? Pour le coup, Gabriel faisait plus du Lucifer que Lucifer lui-même. Passant une main sur son visage, fatigué, embrouillé, toujours en colère, il poussa un soupir dont le souffle se matérialisa par une brume glacée.
– Il n’y a même pas une demi-heure, tu m’as affirmé qu’il était naïf et impressionnable, que c’était comme ça que j’aimais mes proies et d’un seul coup, comme ça, tu as changé d’avis, tu penses que je serais un bon père ? Que je mérite une seconde chance ? Alors qu’à chaque fois qu’on se croise tu me balances que jamais je ne pourrais changer ?
Oh oui. Il l’avait encore en travers de la gorge, ce moment dans le monde apocalyptique, où Gabriel lui avait balancé que jamais, lui, ne pourrait changer. Et maintenant il devait le croire ? Après s’être pris sa haine en pleine figure ? Non. Lucifer était loin d’être dupe. Il n’y croyait pas. Cela faisait longtemps qu’il avait perdu espoir de toute façon.
– Je ne crois pas que tu puisses avoir poussé ta réflexion aussi loin en aussi peu de temps avec tous les verres que tu t’es enfilé. Tu me mens Gabriel.
Il avait ouvert les bras, les mains en l’air, lui faisant une petite moue désolée d’avoir vu dans son jeu. Il s’avança d’un pas, qu’il fit volontairement exprès de faire grand.
– Je ne sais pas quel discours est le faux mais il y en a un qui n’est pas sincère. Tu as une minute pour me montrer lequel n’était qu’une illusion.
Gabriel avait dit qu’il s’était protégé pour ne pas souffrir et lui alors ? N’avait-il pas assez souffert dans l’histoire ? On l’avait enfermé à tords ! On l’avait banni et on l’avait remplacé dans le cœur de ceux qu’il aimait le plus.
– Celui que tu m’as servi au bar ? Les remontrances ? Les railleries ? Les sermons ? Où celui-ci ? Les larmes de crocodiles, les faux sentiments, la comédia del arte ?
Il s’approcha encore un peu plus de lui, n’étant maintenant quasiment qu’à deux enjambés. Tout allait se jouer maintenant. Même s’il n’avait plus ses pouvoirs, il connaissait le regard de Gabriel par cœur. Il saurait distinguer le vrai du faux. Il se concentra, restant les bras croisés, droit comme un i, bien sur ses appuis, impressionnant et charismatique. Une part de lui voulait y croire. Une petite voix lui soufflait que Gabriel dît vrai. Qu’il avait vraiment eu cette impression de le revoir, comme avant et qu’il lui pardonnait, tout. Parce que Lucifer le voulait vraiment. Certes, il ne l’avait jamais dit à haute voix mais il avait cette envie depuis si longtemps d’avoir à nouveau sa famille avec lui. Ce n’était pas pour rien s’il cherchait tant à renouer avec Jack. Lucifer voulait être aimé. Être entouré. Mais d’un autre coté, le bourdonnement de la colère était revenu à ses oreilles, l’empêchant de réfléchir correctement. Où était ce l’alcool. Certainement un mélange des deux qui lui faisait voir la vie comme avant dans une tristesse absolue où le seul remède pour ne plus y penser était de rendre les autres aussi miséreux que lui l’était vraiment car l'espoir d'être aimé s'était envolé loin de lui.
PRETTYGIRL
Invité
Sam 3 Sep - 9:54
feat. Lucifer & Gabriel
- Tout s’est effondré de quoi ? Arrêtes Lucifer. Il n’y avait pas un seul instant où Mickaël et toi, vous ne vous voliez pas dans les plumes. S’en était vraiment insupportable. Raph’ n’a jamais eu les couilles de vous le dire, tellement il admirait Mick’. Quant à mon avis, vous vous en cognez complet. Du moment que vous pouviez vous tirer dans les pattes l’un et l’autre. Pourquoi au final ? Pour s’attirer les grâces de notre père ? La belle affaire. T’as été enfermé par ton frère adoré au lieu de simplement partir avec moi. Tu sais que si t’avais réfléchi deux petites minutes, rien de tout ça ne se serait passé. Ça aurait été toi et moi, sur Terre et les autres, on les emmerde. Mais tu l'as toujours choisi lui plutôt que moi. Quant à Mickaël, encore plus con que toi, puisqu’il s’est fourré un balai dans le cul à l’instar de Raphaël en se donnant pour mission de redresser le paradis. Alors me fous pas tout sur le dos en disant que c’est de ma faute si tout s’est effondré. Que je sois là ou pas, vous en aviez simplement rien à foutre et tous les deux.
Des deux plus jeunes Archanges, Gabriel a toujours été celui qui n’hésitait pas à leur dire ce qu’il pensait. Raphaël se planquait un peu, obéissant comme un toutou à Mickael, quand le cadet ouvrait trop sa gueule. Mais de là à dire qu’il n’a jamais eu peur de ses grands frères, c’est juste parce qu’il est très bon acteur et ne l’a jamais montré. Mais il a toujours su que s’ils le voulaient, l’un et l’autre pouvait l’écraser. Évidement, avant de simplement partir sans retour en arrière, Gabriel avait soumis l’idée à Lucifer à quelques reprises. Pfff, il aurait mieux faire de s’amputer d’une aile à ce moment-là tiens. C’était toujours Mick qu’il finissait par choisir et ça sera toujours comme ça, alors pourquoi rester plus longtemps dans une fratrie aussi bancale que celle-là ? Faire l’arbitre entre ses aînés ? Non merci, la Terre était de loin le meilleur réconfort qu’il a trouvé pour tenter d’oublier tout ça. Et surtout, ne laisser l’opportunité à personne de le retrouver.
Même au sujet des pouvoirs, il avait face à lui une armoire de glace qui se contentait de lui répondre avec seulement deux mots. Il croit quoi ? Que c’est Gabriel, sûrement le seul Archange a l’avoir toujours aimé quoiqu'il fasse, qui ferait quoi que ce soit envers lui ? Mais puisque l’aîné ne souhaitait pas s’étendre sur la question, autant ne pas rebondir sur sa réponse. Sa seule et unique chance de lui faire entendre raison, c’était de lui balancer tout ce qu’il avait sur le cœur. Ce n’était pas réellement ce qu’il aimait faire en temps normal, plus présent pour dire des vacheries que révéler ses véritables sentiments. Mais il sentait bien que s’il ne le faisait pas maintenant, il ne le ferait certainement jamais. Sans doute que l’alcool aidait pas mal à lui donner ce courage. Alors les mots étaient sortis, les uns après les autres. Le plus difficile, c’était les premiers, puis le reste avait suivi naturellement. Pourtant, s’attendre à faire retomber la tension ce n’était pas pour le moment. Gabriel ne pouvait pas lui en vouloir d’être perplexe, de ne pas le croire sur parole. Lui même en douterait.
- T’es passé maître dans l’art de manipuler les mots Lucifer. Si tu me crois pas, utilises ton pouvoir sur moi. J’imagine que tu le peux du moment que je n’ai pas retrouvé les miens. Je t’en donne l’autorisation, vas-y et tu sauras.
Il essayait de ne pas montré l’appréhension qu’il ressentait que de le voir s’approcher autant. Dans le fond, Gabriel savait que son frère avait fait exprès de choisir un vaisseau grand et costaud pour parvenir à flanquer encore plus la frousse à ceux qui l’entoure. Et ça marchait bien. Carrément que ça marchait en plus. A présent devant lui, le cadet était même obligé de lever la tête afin de pouvoir le regarder dans les yeux. Fallait-il qu’il s’approche encore plus pour tenter de le dominer ? Le Messager comme on le nommait, tentait de ne rien laisser paraître. Mais les paroles de Lucifer n’étaient pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Une minute qu’il lui laissait, sinon quoi ? Avec l’alcool qu’ils se sont enfilés tous les deux, Gabriel en était certain que son frère n’hésiterait pas à en venir aux mains, par frustration sans doute, par tristesse aussi, il le connaît très bien.
Il ne lui fit pas le plaisir de reculer pour ne pas lui montrer sa crainte. Jamais il ne l'avait fait auparavant et même en tant qu'humain, il voulait se laisser ça. Camper également sur place, pour ne rien montrer, difficile de rester de marbre d’un coup, alors que Lucifer se rapprochait toujours plus. Que pouvait faire le plus jeune des deux Archanges ? Parler, encore ? Son frère ne le croyait décidément pas. Et à juste titre, puisqu’en l’espace de quelques minutes il lui avait dit tout et son contraire. Alors ce fut son tour de faire un pas en avant, brisant le peu de distance qu’il restait entre eux.
- Tu sais quoi Luci ? … Aah puis zut.
Inutile de reprendre la parole, de s’enterrer dans les mots que de toute façon, il ne croirait pas pour l’heure. Alors au lieu de ça, Gabriel venait de se résoudre à le prendre dans ses bras. Peut-être que les gestes parleront un peu plus que les mots. Une chose rare avec le plus jeune des premiers frères. Il n'a jamais eu recourt à ce genre de pratique ou vraiment très peu de fois par le passé.
- Larmes de crocodile…je n’ai même pas pleuré espèce de grand couillon.
Toutefois, Gabriel ne serait pas notre Trickter international s’il ne balançait pas une connerie pendant qu’il tient son frangin contre lui. Mais il nota que c’était vraiment quelque chose de très pénible d’être simplement humain. Parce que s’il sentait le cœur de Lucifer battre contre son torse, il parvenait difficilement à essayer de faire reprendre un rythme normal au sien. Son rythme cardiaque s’est un peu accéléré quand le Diable est devenu menaçant envers sa personne. Seule chose que l’Archange ne parvient pas à faire mentir, alors qu’il était resté presque d’un calme dit olympien.
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
Il avait été sincère en lui disant que tout s’était effrondré mais Gabriel ne l’avait pas entendu de cette manière. Lucifer serra un peu plus ses poings qu’il avait croisé contre sa poitrine. Il ne savait pas ! Il était parti sans un regard en arrière ! Il ne comprenait pas. Quand il était là, même s’il avait raison sur ses querelles interminables avec Mickaël, elles étaient plus ou moins raisonnables. Ils se balançaient des vacheries à la gueule, s’insultaient, se crier dessus, saboter les créations de l’un ou de l’autre, se confronter parfois en boule d’énergie pure mais il y avait une limite. Quand Gabriel était parti, tout s’était accéléré et amplifié. La violence était inimaginable et ce qui n’étaient que des querelles de fratrie s’étaient transformé en guerre céleste. Il y avait deux camps. Celui de Lucifer. Celui de Mickaël. S’affrontant autant au ciel que sur terre. Chuck avait décidé d’envoyer Lucifer en enfer pour calmer le jeu mais ça n’avait fait qu’empirer les choses, jusqu’au point d’orgue du conflit où Mickaël enferma Lucifer dans sa cage.
Silencieux encore pour l’instant, Lucifer l’écoutait parler essayant de calmer surtout la rage qu’il avait en lui pour ne pas commettre l’irréparable. Une deuxième fois. Oui, il avait raison. Avec le recul il le voyait. Gabriel lui avait proposé un jour, au détour du jardin de Joshua où Lucifer aimait se rendre pour avoir un moment de paix. Ils n’avaient qu’à partir. Tous les deux. Mais Gabriel était innocent. Il n’avait pas compris que c’était impossible. Déjà parce qu’il n’était pas réputé pour abandonner ce qu’il avait commencé et ensuite parce qu’où ils iraient, Mickaël serait là. C’était sa mission divine que de le surveiller et de faire en sorte qu’il ne touche pas à la création suprême de leur père. Lucifer avait refusé. Il ne pouvait pas arrêter le combat. Il ne pouvait pas arrêter de prouver à Chuck qu’il avait fait une erreur. Puis, ce que Gabriel ne savait pas non plus sur le moment c’était qu’où qu’il aille, son aura était caractéristique. La marque l'avait changé. Le plus jeune s’en rendit compte des millénaires après, quand Rowena le localisa en une fraction de seconde. Il était certes quasiment tout puissant, mais cette toute puissance le rendait aussi vulnérable d’une certaine manière.
Il le laissa continuer avant de finalement lui dire à quel point il était incohérent dans ses propres. Une minute avant il l’incendiait et là il pleurait ? Lucifer était énervé et la colère lui enlevait sa réflexion chérie, oubliant que Gabriel était devenu tout aussi humain que lui, et que les humains avaient ces trucs collants, poisseux, qui serraient leurs âmes à les en étouffer. Les émotions. Eux aussi en avait mais les humains avaient beaucoup plus de mal à les gérer. C’était comme un brasier, un feu totalement incontrôlable. Où peut être, c’était seulement lui. Il ne savait pas, ne voulait pas savoir. Cependant, il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire assez fier quand Gabriel lui balança à la figure qu’il était passé maître dans l’art de manipuler les mots. Il prenait le compliment. C’était toujours ça de pris ! Surtout que c’était entièrement vrai. Il avait l’inventé l’art de la manipulation orale tel le serpent qu’il était. Littéralement. Cependant, il ne montra rien au moment où Gabriel lui donna l’autorisation d’utiliser son pouvoir. Oh il aurait voulu. Ça le démangeait même mais il ne pouvait pas vu qu’il ne l’avait pas encore retrouvé. Il devait uniquement se fier à son instinct et même s’il était sûr de lui, ayant une confiance quasi absolue à ce qu’il pensait, le risque n’était pas éloigné. Il s’était d’ailleurs rendu compte qu’il était beaucoup plus paranoïaque qu’avant. Déjà qu’il en tenait une couche, maintenant c’était bien pire.
Alors il fit comme si de rien n’était. Il était resté flou sur le retour de ses pouvoirs et il allait en jouer. Se rapprochant de Gabriel, il le menaça. Clairement. Il ne lui avoua pas qu’il n’avait pas le pouvoir de déceler son mensonge mais il le poussa dans ses retranchements. Comme il lui avait dit, il savait manipuler les mots et il n’avait pas besoin d’aptitude archangélique pour faire ça. Il suffisait seulement que le plus jeune le croit pour que ça marche. La tension dans l’air était forte. Pendant quelques minutes il n’eut que le silence puis Lucifer se raidit d’un seul coup, prêt à attaquer quand il vit en une fraction de seconde Gabriel bouger. Or ce n’était pas du tout pour le taper mais pour l’enlacer. Ce geste le prit totalement de court. Il se figea entièrement, son cerveau se freezant sur ce geste de tendresse dont il n’était pas vraiment habitué. Il eut l’impression que le temps s’arrêta. Gabriel était donc sincère dans ses paroles. Il pouvait sentir ses bras le serrer fortement et ce contact eut un effet apaisant totalement insoupçonnable de sa part. Il sentit sa respiration s’apaiser alors même qu’il ne lui avait pas donné l’ordre. C’était comme si son corps l’avait abandonné, qu’il ne répondait plus à ses ordres mais qu’il préférait se satisfaire de ce toucher. C’était tellement inédit et au fond, c’était ce qu’il avait toujours voulu. Des preuves d’amours.
– Ferme la G.
Il avait fermé les yeux, savourant plutôt le moment qu’il n’aurait jamais pu imaginer devenir réalité. C’était magique ce truc ! Il aurait dû en avoir plus souvent, peut être qu’ainsi il n’aurait pas eu envie de déclencher l’apocalypse à chaque coin de rue. Ses bras ballants finirent par bouger pour venir se placer dans le dos de Gabriel et le serrer aussi contre lui. Il pouvait sentir sa chaleur irradiait de son petit corps. C’était agréable. Et il resta comme ça jusqu’à ce qu’il tourne la tête rapidement, peut être au bout de plusieurs minutes, quand il entendit la musique de Deep Purple, When a Blind Man Cried. Au moins, cela eut pour effet de le faire reprendre la situation bien en main. Il se recula, allant jusqu’au crâne de Yodrick qu’il attrapa pour le porter, poussant un petit soupir, pensant certainement que la chanson venait de l’un des appartements donnant sur la rue dont les fenêtres étaient ouvertes.
– J’ai bien envie de te demander pourquoi tu as été aussi véhément avec moi dans le bar … mais j’ai compris que tu ne faisais que jouer toi aussi ton rôle. Tu dis de nous, avec Mick, mais toi aussi tu as longtemps voulu avoir les faveurs de Pop’s.
Il fallait qu’il en rajoute une couche. Il fallait qu’il ait le dernier mot. C’était presque vital pour lui. Néanmoins, il sentait que la rage qu’il avait en lui commençait à diminuer considérablement. Gabriel avait été sincère, il lui avait dit qu’il l’aimait, ce qui voulait donc dire que rien n’était perdu. Depuis longtemps, Lucifer sentit de l’espoir naître en lui. Ça aussi c’était agréable. La musique dans la rue changea et il entendit Believer, d’Imagine Dragon. Il tourna la tête, essayant de voir d’où ça venait mais son regard finit par tomber sur Gabriel.
– Je te le repropose. Ce que j’ai dis y a maintenant plus de 3h. On fait la paix ? Où on s’en va chacun de son coté en oubliant l’autre ?
Cette fois, se fut Sympathy for the Devil des Rollings Stone que Lucifer entendit. Il n’avait jamais cru aux coïncidences. Il ne savait pas ce que c’était mais quelqu’un se moquait de lui. Fronçant les sourcils alors qu’il se mettait à coté de Gabriel, il se pencha vers lui pour lui murmurer.
– Tu entends aussi ? Non parce que je sais que rester dans la cage m’a laissé quelques séquelles mais …
Il n’était pas fou. Enfin, moins fou que certains humains. Il avait une excuse au moins et là, visiblement, il n’était pas le seul à entendre la musique. Oui, c’était certainement ça, des humains faisant la fête dans les immeubles à coté. Soufflant, Lucifer caressa le crane de Yodrick avec son pouce pour se calmer avant de proposer spontanément à Gabriel.
– Tu viens voir mon Ecole ?
Il n’avait pas envie de retourner au bar. Il s’était déjà assez excusé pour la soirée comme ça. Ce n’était pas dans ses habitudes de faire un méa culpa et c’était bien parce que c’était Gabriel qu’il avait réagit de la sorte.
– Moi aussi j’ai de la bonne musique ! De l’alcool de qualité et pleins de bâtiments où personne ne pourra râler vu qu’ils sont à moi !
Sweet Dream venait de se faire entendre ce qui fit sourire Lucifer. Il avait toujours aimé la musique. Pour le coup, c’était bien l’une des rares choses avec les animaux et la nature dont il accordait un crédit suprême à leur père. La musique vibrait avec son essence. Ce n’était pas pour rien que certains religieux fanatiques la lui attribuaient. Non, il n’en était pas l’auteur mais il l’avait propagé, c’était vrai.
– Je suis toujours en colère contre toi.
Effectivement, même si la haine qu’il avait s’était apaisée, il rageait que Gabriel ait pourri sa soirée de la sorte. Pourtant, ça partait si bien !
– Tu as intérêt à te faire pardonner pour ton comportement de gamin ! N’est-ce pas Yodrick ?
Oui, c’était l’hôpital se moquant de la charité venant du mec qui faisait parler un crâne. Il s’était retourné, marchant à reculons pour secouer Yodrick devant la tête de Gabriel. À vrai dire, tous les archanges n’étaient que des adolescents en manque de reconnaissance, Chuck ayant presque volontairement coupé leur maturité avec ces guerres sanguinaires et fratricides. Et là, maintenant que tout ceci était derrière eux, ils reprenaient là où tout s’était arrêté. Lucifer sentait une énergie nouvelle parcourir son corps. Peut être était ce les paroles qu’il avait jugé sincère de Gabriel ? Son étreinte inattendue ? L’alcool ? Un mélange de tout ça qui était devenu explosif dans celui qu’on appelait le diable ? Il ne savait pas mais il était requinqué.
Le chemin jusqu’à l’école fut assez long mais Lucifer ne le vu pas vraiment passer parce qu’il alternait entre marche rapide, course, saut, embêtant aussi Gabriel. Cependant, il avait ralenti quand ils étaient arrivés sur la grande avenue de Lockwood Hill vu qu’ils venaient de passer devant le commissariat. Lucifer avait attrapé la main de Gabriel pour se mettre à courir, lui hurlant que le plus grand des batards emplumés n’allaient pas le voir. Même là, il y avait de la musique, mais il avait tellement été pris par aller au plus vite possible dans son refuge qu’était l’Ecole qu’il n’y avait pas fait attention. C’est arrivant devant les énormes bâtiments qui formaient un cercle que Lucifer fronça les sourcils. Là ce n’était pas normal que de la musique se fasse entendre aussi fort. Il y avait un problème. Quelque chose clochait et ça se lisait sur son visage.
– On est d’accord qu’il y a Highway to Hell de ce magnifique groupe qu’est ACDC qui résonne dans la nuit noire ? Pourtant mon appartement est de l’autre coté … et je ne me souviens pas avoir laissé la chaine hifi allumé.
Tout en parlant, il avait montré à Gabriel l’édifice opposé, au bout du cercle. C’était un mystère très étrange que Lucifer comptait bien résoudre ! Il n’aimait pas qu’on se moque de lui et si c’était un coup de Gabriel, il allait très vite le savoir.
PRETTYGIRL
Invité
Sam 3 Sep - 23:12
feat. Lucifer & Gabriel
Il ne va quand même pas rester là, les bras ballants ? Cette phrase tournait en boucle dans sa tête, depuis qu’il avait serré son frère dans ses bras. Au Paradis, ce n’est pas le monde des bisounours. Les gestes d’affection sont rares, peut-être même prohibés depuis le temps. L’un des nombreux tabous qui y résident. D’un côté, il leur était demandé de comprendre l’humanité mais d’un autre, ils ont interdiction de se comporter tel quel. Un paradoxe aberrant que Gabriel n’a jamais réellement compris.
Prendre Lucifer dans ses bras, était une chose nouvelle. Jamais il n’avait eu ce geste envers lui, tout comme il ne lui avait jamais dit qu’il l’aimait. Sûrement que les Archanges aussi ont besoin de se l’entendre dire assez souvent. Quoique l’on dise, ils n’ont pas été taillés dans la pierre et ils éprouvent eux aussi des sentiments. Probablement à une échelle moindre de l’humanité mais les émotions existent tout de même.
Quand enfin, Lucifer remonta ses bras le long de son dos, pour l’enlacer à son tour, son petit frère laissa apparaître un sourire sur ses lèvres. Partir en vendetta contre Lucifer n’est pas à l’ordre du jour. Trois années de solitude l’ont fait réfléchir. Dénué de pouvoir, dénué d’entourage aussi, il ne s’était jamais senti aussi seul de toute sa vie. Et l’existence de Gabriel compte de nombreux millénaires à son actif. Perdant un peu ses barrières, ses yeux s’en étaient fermés pour profiter de l’instant. Avec ces deux là, ce n’était pas certain qu’il y ait une seconde fois, autant savourer un maximum l’instant présent. Même s’il fut interrompu par de la musique. Desserrant son étreinte en sentent Lucifer s’en défaire, son regard se baladait d’une fenêtre à l’autre, sans comprendre pourquoi la musique était si forte.
Il perdit de vue l’idée de trouver d’où ce son émanait quand son ainé reprit la parole. Le Diable est infernal quand il s’y met mais là, même si plusieurs verres de whisky dans le gosier, Gabriel ne tomba pas dans le piège. Il le connaît son frère, sûrement mieux que n’importe qui. Il sait qu’il fait ça uniquement pour avoir le dernier mot. Et qu’il ne s’arrêtera pas tant qu’il n’aura pas eu gain de cause. Remettre de l’huile sur le feu ne servirait qu’à raviver la colère du second créé. Parfois Gabriel sait faire preuve de bon sens et il ne voulait pas retomber sur cette pente glissante.
La musique changea d’un coup et le plus jeune des deux Archanges chercha à nouveau l’endroit d’où elle pouvait bien venir. Pratiquement au même moment, la voix de Lucifer brisa à nouveau le silence. Cette fois-ci, difficile de faire comme s’il ne l’avait pas entendu. Gabriel lui devait bien une réponse.
- Il faut que je fasse quoi de plus pour faire la paix ? Te rouler une pelle ?
Dans cette famille et surtout avec ces deux protagonistes, il est difficile d’avoir une conversation sérieuse. Même si là, Gabriel l’était on ne peut plus. L’alcool dans le nez pouvait bien le pousser sur cette voie là. Celle de la sagesse ? Non bien sûr que non, ça ne leur ressemble pas. Plutôt sur celle de la dérision, de l’humour tordue, mais aussi et le plus important, celle de la discussion. Peut-on espérer également celle de la confidence entre frères. Ils étaient plutôt bons à ça avant que tout s’écroule. Mais étonnement, la musique changea une nouvelle fois. Et Gabriel dut admettre qu’à chaque coup, c’était comme si la playlist se rangeait à ce qu’ils disaient et vivaient. Si quelqu’un se moquait d’eux, il est vraiment doué à ce petit jeu là.
Pendant un instant, Gabriel crut que tout se passait dans sa tête. Et il fut bien rassuré que Lucifer lui demande s’il entendait la musique aussi. Sur le coup, il aurait pu le faire marcher, en disant que non mais ça ne serait pas bien sympa. Surtout qu’ils viennent tout juste de faire la paix.
- Ouais mais c’est bizarre, parce que la musique est vachement assortie à nous. Tu ne trouves pas ?
Il se faisait l’effet d’un cinglé à ce moment-là et craignait que son frère se mette aussi à le penser. Heureusement d’ailleurs que ce dernier reprit la parole en lui posant une simple question. Gabriel tourna la tête vers lui, le jaugeant durant un instant.
- Oui pourquoi pas ?
Le fait qu’il y ait de l’alcool entrait fortement en ligne de compte aussi pour faire pencher la balance en la faveur de Lucifer. Mais celui-ci ne manqua pas de lui faire savoir que sa colère était toujours présente. En guise de réponse, un roulement des yeux vers le ciel. Et malgré qu’ils se mettaient déjà en route pour se rendre à l’école, Lucifer faisait encore des siennes.
- Me faire pardonner hein ? J’ai bien quelques idées.
Regard pétillant de malice, le terrible Gabriel n’est jamais bien loin et ne demande qu’à remonter à la surface. Et voilà le retour du Lucifer survolté qui ne tient pas en place. Des fois il passait derrière lui pour réapparaître de l’autre côté. Puis avec le coup dans le nez que le plus jeune avait, autant dire qu’il passait son temps à le chercher, râler parce qu’il ne tient pas en place et aussi parce qu’il n’a de cesse de l’embêter. A ce moment là, deux gosses qui se chamaillent, n’auraient pas été pires qu’eux.
A d’autres moments, c’était Gabriel qui lui rentrait dedans, ne marchant plus bien droit. Il crut même que c’était pour cette raison que Lucifer lui donna la main. Mais d’un coup son bras partit en avant avec son frère. Le restant du corps de Gabriel n’eut pas d’autre choix que de suivre le rythme. Il faisait son maximum pour ne pas se casser la figure, parce qu’il est certain que partit comme Lucifer est partie, il serait capable de le traîner derrière lui comme un vulgaire sac à patates. C’est donc avec soulagement qu’ils s’arrêtèrent près de l’école de son frère. Mais sur le moment, Gabriel ne savait pas trop c’était quand qu’ils étaient sensés se lâcher la main. Il voulut poser la question mais Lucifer était plus rapide pour reprendre la parole. Et c’était même totalement vrai ce qu’il disait.
- Mais ça nous a suivi ? T’es sûr que ça ne vient pas de toi ? Essaye de penser à autre chose pour voir si la musique change.
Il en oubliait de lui demander à quel moment ils devaient arrêter de se tenir par la main. Probablement que c’était rassurant puisque Gabriel se sentait soudainement attiré vers le sol. C’est Lucifer qui lui permettait de tenir debout. Sûr que s’il le lâchait, le plus jeune tomberait sur le côté.
Son regard se concentra sur le doigt de son frère pour voir ce qu’il lui montrait. Reprenant petit à petit son souffle après cette course folle, une crainte s’empara de lui.
- Dis-moi que t’as un passage secret pour y aller plus vite ?
Il ne se sentait vraiment pas d’aplomb à aller jusqu’à là bas. Sa vessie se faisait menaçante et son estomac l’imitait grandement.
- Je crois que je vais être malade.
Avait-il dit en posant sa main de libre au niveau de son ventre.
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
– Ah ouais ? Elles ont intérêt à être bonnes … tes idées ... parce que je suis très difficile.
Lucifer ricana avant d’entraîner Gabriel dans les rues de la ville pour rejoindre l’Ecole de la Vérité. Le périple, parce qu’il s’agissait bien de ça à la vue de ce que le pauvre Gabriel endurait pour arriver au lieu dit ne fut pas si long que ça. Où alors Lucifer avait légèrement perdu la notion du temps à force de sauter, courir, emmerder Gabriel qui avait du mal à marcher droit. Ça le faisait rire et il s’en moquait ouvertement. Rire lui permettait d’évacuer les sensations qu’il avait eu. Ce énième sentiment de trahison qui, finalement, n’en était pas un. Il avait compris ce que Gabriel avait voulu faire. Du moins, il pensait l’avoir compris. Or ici, il n’y avait ni dieu, ni maître. Chuck était introuvable. Chose qui ne l’étonnait guère de toute façon. Même dans leur monde, Dieu préférait se cacher parmi les humains pour vivre leur misérable vie plutôt que de gérer le merdier qu’il avait créé. En quoi ce serait différent ici ? Il ne devait même pas être au courant, certainement les doigts de pieds en éventail à siroter des cocktails avec sa sœur. Tant pis. Lucifer s’était une raison, s’auto persuadant que c’était ça. Alors ici, ils n'avaient plus à se faire la guerre. Aucun d’eux. Ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient et là, maintenant, de suite, c’était s’amuser avec Gabriel. Comme avant.
Finissant par arriver devant les bâtiments, après avoir couru pour passer rapidement celui du commissariat, Lucifer reprenait son souffle en fronçant les sourcils. Pourquoi diable y avait il de la musique ? S’il y avait une fête, chose qui arrivait parfois dans les habitations, les lumières seraient allumées. Or là, tout semblait calme. Puis AcDc, n’était pas vraiment une mélodie pour danser. C’est alors que Gabriel émit une idée intéressante malgré son mal être que Luci ne remarqua même pas. Il lui releva le bras, le tirant même à lui en voyant qu’il allait tomber avant d’avoir un ricanement railleur.
– Je vais essayer !
Gabriel pensait que c’était lui. Effectivement, par le passé, Lucifer avait le pouvoir de déclencher de la musique mais pas seulement. Il modifiait la réalité à sa guise pour faire voir, entendre, croire ce qu’il voulait. Ce pouvoir était tellement considérable qu’il pouvait affecter à la longue les gens qui en étaient victimes. Des Hallucifers qu’il s’amusait aussi à provoquer à force de torturer ses victimes. Où tout simplement quand il prenait trop de place dans l’esprit de quelqu’un. C’était drôle. C’était d’ailleurs ce pouvoir qu’il avait appris à Gabriel. Celui des illusions et ce serait une drôle de coïncidence s’il le retrouvait juste maintenant, en même temps que lui. Or Lucifer n’avait jamais cru aux coïncidences et ses lèvres s’étirèrent en un mince trait, remontant même vers sa pommette. Même pas quelques secondes après, des notes de piano s’élevèrent dans l’air et un rythme endiablé résonna quand la voix d’Elton John se fit entendre. Ayant littéralement le diable au corps, Lucifer commença à se déhancher tout en fredonnant les paroles de I’m Still Standing. Il commença à faire danser Gabriel, lui tenant toujours la main mais ce n’était pas trop au gout de ce dernier qui le stoppa en plein pas.
– Pas sur mes pompes ! Non mais c'est dégueulasse !
La musique changea, les paroles d’Elton John se changèrent en celle de Serge Lama avec sa célèbre chanson française, je suis malade. Lucifer ne put tenir que trente secondes avant d’exploser de rire tout en se reculant en voyant la tête de Gabriel. Oh oui, ça lui avait énormément manqué. Il savait que dès qu'il serait sur pied, la partie de tennis pourrait reprendre mais là, il fallait d'y qu'il y prenait un malin plaisir.
– Non, y a pas de raccourci. Pourquoi tout le monde croit que y a des trucs chelou dans mes sous-sols ! Parce que qui dit raccourci, dit passage secret, dit donjons blablabla ... Déjà Jack pensait que j’avais reproduit l’enfer ici. T’imagines pas sa déception quand il a vu que c’était pas le cas !
Puis, il fallait quand même manquer sacrement de jugeotte pour penser que Lucifer pouvait laisser des preuves de quelconques actes de malveillance. Mais Jack n’était qu’un bébé après tout, ce n’était pas totalement sa faute et Luci comptait bien lui apprendre à se servir de la merveilleuse intelligence qu’il était persuadé de lui avoir transmis. En attendant, il devait plutôt s’occuper de Gabriel qui n’était pas au meilleur de sa forme. Lui reprenant la main pour le guider, il marcha lentement, laissant du Led Zepplin se faire entendre. Quelques minutes plus tard, ils se trouvaient devant une porte marron. Lucifer toqua et un homme lui ouvrit rapidement, surpris mais pas moins non content de le voir.
– Oh Luci ! Qu’est ce que … – Je l’ai trouvé pas très loin d’ici ! Je crois qu’il va pas tarder à rendre son âme.
C’était beaucoup trop drôle. L’homme vint se placer à coté de Gabriel pour l’aider à se redresser et Lucifer devait se mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire, serrant contre lui Yodrick.
– Monsieur. Vous m’entendez ? Vous allez bien ?
Lucifer se décala d’un pas, dodelinant de la tête pour regarder autour de lui. Il n’y avait personne dans le grand hall d’accueil et ça lui suffisait. Il n’avait pas vraiment envie d’aller voir ce qui se trouvait dans les chambres.
– C’est plutôt calme ce soir. – La ronde n’a pas fini son tour … viens m’aider plutôt ! – Naaan, laisse-le, il va aller vomir et c’est bon.
L’homme regarda Gabriel avant de regarder Lucifer, ne comprenant pas ce qui se passait. Surtout que Rest In Peace, du groupe Dorothy se fit entendre quand le plus jeune des archanges se dirigea vers les toilettes.
– Tu m’expliques ?
Lucifer imita la voix de la chanteuse, tout en balançant ses épaules au rythme de la guitare et de la batterie.
– Tu sais que je suis une tombe alors raconte … et puis c’est quoi cette musique ? Comment t’as fait ça ?
Pour toute réponse, Lucifer lui fit un clin d’œil et le décor se mit à changer et un battement de cil Marcus et Lucifer se retrouvèrent une plage de sable fin. L’on pouvait sentir l’odeur de la mer, le bruit des vagues, et une petite musique classique.
– Mec … qu’est ce que tu fous ? – Ssssssh !
Ils étaient habillés tous les deux en costumes de cérémonies et Lucifer pointa alors du doigt quelque chose derrière l’homme qui se retourna, totalement stupéfait. Il y avait une scène, avec une femme en robe de mariée qui lui faisait signe, l’attendant avec impatience. Lucifer le poussa alors dans le dos, ricanant comme un gosse entrain de faire une belle bêtise. Cependant, tout redevint à la normale sans qu’il n’eût quoi que ce soit à faire. Clignant des yeux, totalement surpris, il finit par remarquer que Gabriel se tenait devant lui, les bras croisés.
– Ça y est ? T’es prêt pour le second round ?
Souriant, il regarda ses propres mains avant d’hausser les épaules et de finalement s’apercevoir que Marcus n’avait toujours pas bougé, abasourdi.
– Hé, alors si G n’était pas intervenu, t’aurais pu refaire ton mariage ! Même si je trouve que c’est une connerie parce que Pop’s n’en a strictement rien à foutre. Même pas sur qu'il sache ce que c'est l'amour ! – Je ne comprends pas ce qui se passe. – Oh bah c’était ma façon de dire merci ! En fait ce n’est pas un clodo, c’est Gabriel, mon petit frère adoré ! Gabe, voici Marcus, il gère le centre d’hébergement pour les sans-abris. Il est souvent de nuit. – De … dire merci ? – Longue histoire ! Je te raconterai ça demain, ou après-demain, ou plus tard quand j’aurai le temps parce que là, on est attendu ! B de Bye !
Et comme la tornade qu’il était, il se saisit du poignet de Gabriel, qui allait finir par avoir une marque, pour l’entrainer dehors. Marcus l’avait suivi, il entendait qu’il lui parlait mais finalement la musique que Lucifer enclencha couvrit ses paroles tandis que les deux archanges prenaient le chemin inverse pour se rendre au niveau du premier quart de cercle.
– Tu avais raison Gabe ! C’est bien moi qui fais jukebox ! En fait c’est juste mon pouvoir d’illusion. Tu sais … celui que je t’ai appris ! Et je voulais voir si j’avais tout récupéré alors j’ai matérialisé le mariage de Marcus parce qu’il nous saoule tout le temps avec !
Il remarqua que Gabriel se tenait déjà plus droit. Bien, il avait l’air d’aller mieux, c’était parfait ça. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il montra le bâtiment où il allait de la tête, lui faisant une petite mimique malicieuse.
– Ton cardio a intérêt d’être bon … y a six étages à monter vu que j’ai installé mon domaine tout là-haut. Et non y a pas d’ascenseur. Il n’y en aura jamais !
Quand Lucifer avait racheté ces bâtiments pour une poignée d’argents, il avait non seulement décidé d’y mettre son école mais aussi d’en faire aussi des logements. Il aimait que tout soit à coté mais surtout il avait aimé le fait qu’ils soient en hauteur. Il avait immédiatement décidé que c’était ici qu’il habiterait. Agnès avait été gentille de l’héberger mais son appartement était minuscule. Il ne comprenait pas comment les humains faisaient pour vivre dans ces petites boites. Où alors était-ce un effet secondaire de son propre enfermement. Dans tous les cas, il s’était dit que s’il devait continuer comme ça, il aurait besoin d’espace, de grands espaces, de pouvoir voire le ciel étoilé. Le bâtiment dans lesquels les deux comparses rentraient était entièrement encore plus sécurisé que les deux autres destinés aussi aux logements. Lucifer avait trié sur le volet les résidents qui n’étaient pas nombreux. Il avait en quelque sorte recrée son cercle proche et il savait sur qui, il pouvait compter. Même si bien entendu, il n’avait pas confiance à 100%.
– C’est le moment de me montrer ton endurance durement acquis ces derniers millénaires
Passant sa langue sur ses lèvres, faisant resonner la musique d’Eye of Tiger, Lucifer s’élança dans les escaliers tel un sportif, surestimant énormément ses propres capacités. Il avait pris beaucoup trop la confiance, oubliant qu’il n’avait pas récupéré tous ses pouvoirs, dont les essentiels. Alors au bout du troisième étage, il s’arrêta, complètement essoufflé et transpirant. Il mourrait de chaud alors que pourtant du givre se formait sous sa main, son corps essayant sans doute de gérer ce paradoxe de température. Gabriel arriva quelques minutes après lui et Lucifer leva le doigt pour lui faire signe de lui faire aucun commentaire ayant remarquer son air narquois.
– Ça serait bête que tu retombes jusqu’en bas…
Ils firent quelques minutes de pauses avant de reprendre l’ascension. C’était dans ces moments là que parfois, Lucifer regrettait de ne pas avoir acheté carrément une bâtisse de plein pied. Non, il regrettait surtout d’être dans ce corps d’humains, sans pouvoirs pour l’aider. S’il avait ses ailes, en un battement il serait déjà dans son salon. Sans aucuns efforts alors que là, il était au bout de sa vie.
Par miracle, ils finirent par arriver devant la grande porte noire en métal blindé orné de sculpture de chez Lucifer. Il n’avait pas seulement une clef, il y avait même une reconnaissance des empreintes et pupillaires. La poussant, il fit rentrer Gabriel en premier dans le hall avant de bien refermer. Retirant ses chaussures, il s’avança dans l’immense salon pour allumer les éclairages tamisés tout en commençant à déboutonner sa chemise. Il avait beaucoup trop chaud, ce n’était pas normal. Il ne cherchait même plus à comprendre, rien n’était normal ce soir. Il posa Yodrick à son emplacement réservé, c’est-à-dire un petit coussin de soie violette sur la cheminée pour ensuite se diriger vers le bar pour en sortir une bouteille de whisky qu’il déboucha d’un mouvement de pouce. Il se mit à la boire directement au goulot. Il était le diable bon sang ! Pas un vulgaire humain, alors même si le liquide lui brûlait la gorge, il en bu plusieurs énormes gorgées avant de se passer sa langue sur ses lèvres humides d’alcool.
– Attrape !
Il avait saisi une autre bouteille, certainement de tequila, qu’il lança à Gabriel en espérant que ce dernier est assez de reflexe. Il n’aurait qu’à faire comme les rugbymans et se jeter dessus pour l’attraper sans la casser.
– Les jaloux diraient Bienvenue en Enfer ! Moi je dirais plutôt, bienvenue à la maison !
La musique qui se fit entendre dans le salon fut bien différente des autres. Il s’agissait de jazz et la voix rocailleuse de Louis Armstrong vint compléter la trompette et la batterie. Ce n’était pas du jazz doux digne d’un lounge club comme souvent Lucifer en écouter pour se reposer. Non c’était une musique entraînante. Hellzapoppin’ . Musique parlant de fête jusqu’au bout de la nuit dont le rythme le montrait bien et sur lequel Lucifer n’hésita pas à faire son fameux déhanché. Il ne s’était pas senti si libre depuis des millénaires. Même quand il était sorti de la cage, il avait eu cette injonction. Il fallait terminer la dispute avec Michaël. Il fallait se faire du mal. Il ne le voulait pas. Il le lui avait même dit lors de leur confrontation. Il ne le voulait pas parce que tout ce qu’il voulait s’était aimer ! Prendre du plaisir et du bon temps. Or c’était interdit. Les anges et archanges n’y avaient pas le droit. C’était injustice. Tout aussi injustice que le fait d’aimer dans le vide une ombre qui se fichait de cette amour. Lucifer avait même perdu toute notion d’espoir. Il était loin le temps bénit où ils n’étaient qu’eux quatre, à faire ce qu’ils voulaient. Ils avaient même été les premiers à jouer de la musique ! Lui qui essayait d’apprendre consciencieusement de la harpe. Gabriel et sa trompette embêtant Mickaël. Est-ce que c’était pour ça qu’il avait mis l’un des plus grands trompettistes humains ? Il ne le savait pas, n’en avait pas conscience à l’heure actuelle, bien trop dans un état euphorique pour réfléchir correctement.
– Je comprends pourquoi on dit que le jazz est la musique du diable ! Non que dis-je ! La musique tout cours ! La danse aussi ! Parce que ça réveille et stimule les créations de Pop’s. Ils oublient pendant un instant ce qu’ils sont pour rêver à ce qu’ils ne sont pas. Là est le tour de force ! Moi je prends pour le coup parce que wow, la musique c’est tout simplement merveilleux !
Il s’était rapproché de Gabriel, cognant sa bouteille contre la sienne pour trinquer, avant de reboire à même le goulot, son sourire espiègle plaqué sur son visage comme un tatouage permanent. Il transpirait la malice et il faut bien l’avouer, le charme. Ce magnétisme qui émanait de lui avec ou sans pouvoir et dont il savait en jouer à merveille.
– Tout est une question d’ambiance !
PRETTYGIRL
Invité
Mer 7 Sep - 7:34
feat. Lucifer & Gabriel
L’estomac en vrac, quand Lucifer l’obligea à courir en le tirant par la main, il entendait les flop flop dans son ventre. Comme une bouteille que l’on secoue. Comme des vagues qui s’échouent sur la cote. En beaucoup moins sexy lorsque l’on savait qu’il s’agissait seulement de l’alcool dans le bide d’un fêtard qui aura la gueule de bois le lendemain. A plusieurs reprises, Gabriel avait cru qu’il allait vomir ou tomber dans les pommes. Ce n’était pas mécontent du tout, que la course folle de Lucifer eut prit fin. A bout de souffle, le plus jeune crut bien sentir son cœur battre dans sa gorge. En tout cas, si le contenu de son estomac était toujours en place, ce n’était pas certain qu’il y reste indéfiniment.
À quel moment, Gabriel crut que faire remarquer à son frère qu’il était sans doute une sono sur pattes, était une bonne idée ? Lucifer ne trouva rien de mieux que de changer la musique et de le faire danser. Avez-vous déjà secoué une bouteille du célèbre soda à l’étiquette rouge pour en ouvrir immédiatement le bouchon ? Et bien ici, la bouteille était l’estomac de Gabriel. Le soda, toute la boisson qui s’y trouvait. Celui qui avait secoué et ouvert la bouteille, Lucifer.
L’Archange le plus jeune plaqua sa main devant sa bouche en fermant les yeux et en tentant de reprendre sa respiration, pour ne pas se vider sur les chaussures du frangin. Le vacarme avait alerté un autre homme. Le Diable se moqua des deux autres personnes présentes, dont Gabriel. Mais trop dans le mal pour répliquer, ce dernier repéra les toilettes et se dépêcha de s’y rendre. Il eut enfin l’occasion de vider le contenu de son estomac et sa vessie par la même occasion. Face au miroir, il se lavait les mains et évitait du mieux qu’il le pouvait, son reflet. De peur bah d’avoir peur sans doute.
Un court instant plus tard, il était de retour auprès de son aîné qui abusait déjà de ses pouvoirs. Oh là dessus, Gabriel ne risquait pas de le pointer du doigt. Lui-même est dans l’excès à ce niveau là également. L’était plutôt quand il avait ses pouvoirs. Bras croisés contre son torse, le petit frère attendait que le Diable ait fini de s’amuser. Mais le temps lui manqua encore pour exprimer ses pensées, que déjà Lucifer l’entraînait avec lui. Un cerf-volant n’aurait pas été plus conciliant et docile que le pauvre Gabriel. Traîné dehors, il profita toutefois de l’air frais pour reprendre ses esprit.
- Tu sais bien que j’ai toujours raison… même quand j’ai tort.
Mais s’il reprenait ses esprits, c’était sans compter sur son frère pour tout saboter en lui annonçant la couleur. Pas moins de six étages à monter à pieds. Avant même d’avoir atterri sur la première marche qu’il en avait déjà ras-le-bol. Et évidemment, Lucifer oblige, il fit le malin. Sans rien dire, Gabriel se concentrait sur la multitude de marches à grimper. Mais au bout de plusieurs minutes, alors que le troisième pallier arrivait, Il se retrouva avec son frangin, complètement épuisé, essoufflé. Un petit sourire se dessina malgré la menace très clair qui venait de claquer.
- Et bien qu’est-ce que t’as ? Une crampe ? Tu veux un massage ?
L’ironie dans sa voix était perceptible même pour quelqu’un qui n’y faisait pas attention. Mais toutefois, face au regard de Lucifer, Gabriel ne la menait pas large et préféra ne pas trop abuser. Il n’est pas en position de force et son frère pourrait répliquer plus vite qu’il n’y croyait. Pour ne pas rouler jusqu’en bas, parce que l’Archange qui l’accompagne serait vraiment capable de le pousser, Gabriel s’approcha un peu plus. Jusqu’à déposer sa main sur son épaule. On aurait sûrement été en droit d’attendre une réplique sarcastique venant de lui, mais il n’en fit rien. Il attendait simplement d’avoir reprit se respiration et qu’il en soit de même pour son frère afin de reprendre l’ascension des escaliers.
Après encore quelques minutes, les deux frangins reprenaient leur marche. Avec un appartement aussi haut, Lucifer n’a même pas besoin de faire du sport. Rien que rentrer chez lui est équivalent à toute activité sportive existante au moins.
Gabriel était bien content d’avoir réussi à grimper tout en haut. Sans doute que des randonneurs arrivant à bout du mont Everest ne seraient pas plus ravis que lui. Il n’en pouvait plus mais c’est la curiosité qui le poussa à l’intérieur de l’appartement. Il savait que son frère avait des goûts de luxe mais il ne s’était pas imaginé à quel point. Tellement absorbé dans la découverte des lieux, qu’il manqua de peu de ne pas réussir à rattraper la bouteille. Aussi, son estomac semblant dans un bien meilleur état que sa tête, il reprit la picole sans même craindre d’être à nouveau dans le mal.
- Je dois admettre que je suis stupéfait. Je ne m’attendais pas à ça.
Aucune ironie dans sa voix, il était juste honnête. Puis il ne pouvait rien dire d’autre que le diable semblait être totalement remit sur pieds, au point même de danser. Gabriel ne sait pas trop d’où lui vient toute cette énergie. On dit de lui qu’il ne tient pas en place mais le grand frère dépasse de loin tout entendement. Mais tellement captivé par les âneries du frangin, qu’aucun mot de ne sortait de sa bouche. Par contre, il voyait très bien celle de Lucifer bouger, mais il ne comprenait pas ce qu’il disait. Sa voix était mélangée à la musique et à un bourdonnement sourd. Il restait juste là à le regarder s’approcher.
Une fois encore, trop téméraire, Gabriel resta campé sur place, sans même reculer. Bientôt Lucifer le domina à nouveau de par sa hauteur. C’est apparemment le genre de chose qu’il semble apprécier. Néanmoins, il ne semblait pas vouloir essayer de l’impressionner comme plus tôt dans la rue. Il se contenta de trinquer.
- Mais tu bois quoi toi ?
Déposant sa propre bouteille sur le meuble le plus proche, il chopa celle de Lucifer pour en boire une gorgée. Un léger sourire, un clin d’œil, il la lui redonna pourtant. Il ne va pas lui piquer sa boisson deux fois de suite dans la même soirée. Son regard était différent quand ses yeux remontèrent jusqu’à ceux de l’autre homme présent. L’alcool aide parfois à dire les choses comme à d’autres reprises, elle pousse à dire n’importe quoi. Avec Gabe c’était toujours la première solution. Enfin depuis qu’il est humain puisque avant ça ne lui faisait aucun effet.
- Tu me manquais.
La moindre des choses c’était de lui dire. Peut-être qu’ils mettront du temps à se reconstruire tous les deux, mais le plus jeune était prêt à essayer. S’il a longtemps fuit sa famille, rien ne parvenait à les effacer de sa mémoire. Et c’était encore plus vrai pour Lucifer. Dans le fond, il avait toujours un peu souffert de voir Dean et Sam ensemble. Qu’ils s’entendent ou se bagarrent, il y avait toujours ce détail qui le ramenait à sa propre situation. Les relations entre frères ne sont pas toujours simples.
Son regard glissa sur le torse apparent du propriétaire, se demandant même à quel moment il avait déboutonné sa chemise. Ses souvenirs même de l’instant présent, étaient un peu flous. Il ajouta quand même la suite de ses paroles.
- Bien plus que tous les autres.
Quand on connait un tant soit peu l’Archange Gabriel, sa façon d’être et de parler, peut faire penser à Lucifer. Des trois autres, il est sans doute celui qui lui ressemble le plus. Et même Chuck doit sûrement savoir que le Diable a toujours eu une place particulière dans le cœur de son petit frère. Malgré tous les fions qu’il lui a balancé plus tôt, notamment sur le temps qu’ils ne voulaient pas passer à ses côtés, autrefois, c’est Lucifer qui lui a apprit bien plus que la plupart de ses mauvais tours.
Et il nota que outre la chaleur qui régnait dans la pièce bizarrement, il était plutôt mal à l’aise à ne pas bouger, pratiquement le nez sur le torse de l’aîné. Lui qui ne voulait pas reculer, finit par s’asseoir dans le canapé derrière lui. Cette idée semblait géniale sur le moment mais en relevant la tête, peut-être pas quand même. Disons que là ce n’était plus face au torse qu’il se retrouvait mais sous la ceinture. Il écarquilla les yeux, se demandant quelle idée de con il avait eu encore.
- Tu ne veux pas t’asseoir ?
C’était un moment assez gênant quand même. Alors il le tira par le bout de la chemise pour l’emmener à côté de lui. Gabriel se tourna un peu, s’asseyant sur sa propre jambe afin de lui faire face. Le coude posé sur le haut du dossier et sa tête reposante contre son poing. Il le regardait, l’esprit songeur. A chaque fois qu’une très mauvaise idée lui vient, Gabe a ce regard et ce petit sourire qui s’accroche à ses lèvres. Il déposa sa main sur la jambe de Lucifer pour l’interpeller.
- Ça te dérange si je squatte ici pour la nuit ? Je suis pas vraiment en état de retaper les six étages dans l’autre sens. Et ton appartement est bien mieux que le mien.
Gabe a cette manie d’être soudainement tactile quand il a un coup dans le nez. Il réitéra de lui tapoter la cuisse pour reprendre la parole.
- Il faudra que tu viennes chez moi, j’ai un jacuzzi, je suis sûr que tu vas adorer. Emmène ton maillot de bain…ou pas tu peux aussi sans.
Il n’y a jamais invité personne, Lucifer serait le premier à avoir cet honneur et sûrement le dernier aussi. Gabe ne veut pas que n’importe qui laisse sa crasse dans son jacuzzi.
Il se pencha un peu au-dessus de son frère pour rattraper la bouteille qu’il avait déposé un peu plus tôt. Il en but une gorgée et la reposa. Même si son estomac allait grandement mieux, son état restait assez spécial avec l’alcool. Ça faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas prit une telle cuite. A tel point qu’il était peut-être même agaçant (plus qu’à la normale) sans le vouloir. Son regard malicieux s’était posé sur son frère en même temps que sa main qui se posait sur son ventre.
- Et dis donc, toi aussi t’aimes bien les gâteaux.
Mais il n’avait pas pensé que le contact entre sa paume et le ventre de Lucifer, lui serait aussi étrange. Malgré la chaleur dans la pièce, sa peau était étonnamment fraîche. Mais ce n’était sûrement pas ça le plus étonnant. Gabriel venait de se sentir bizarre, comme si quelque chose avait changé entre eux. Il reprit une gorgée d’alcool tout en l’observant et laissa la bouteille de côté. Ne comprenant pas lui-même ce qu’il était en train de faire, ses doigts s’était posés sur le côté de la mâchoire de Lucifer pour lui tourner la tête dans sa direction. Perdu dans un mélange d’étonnant composé d’alcool, de fatigue, d’alcool, de retrouvaille, d’alcool, d’alcool et d’alcool, il s’était penché en avant pour embrasser son frère. Oui…son frère. Et c’est seulement trop tard, une fois le baiser lancé, un baiser qui n’avait rien de chaste, que Gabe rouvrit les yeux et de recula un peu.
- Je…pardon…c’est mieux sur je rentre chez moi…
Perdu dans un flot de ressenti des plus étranges, il galérait même pour réussir à se remettre debout.
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
Gabriel était stupéfait par son appartement et Lucifer en était très fier. Il savait que son cadet avait vécu quelques milliers d’années parmi les humains. Il était un fin connaisseur de leurs mœurs et il avait certainement dû voir l’évolution du style. Ce n’était qu’un détail pourtant, Lucifer ne sut dire pourquoi il appréciait de voir ces yeux dorés ébahis, regardant l’immense verrière qu’il avait installé pour profiter du ciel étoilé où encore de ce grand salon de style très industriel.
– Et ce n’est que le début des merveilles !
Il aurait pu directement lui faire visiter son appartement comme il avait fait avec Jack mais ce n’était pas le moment. Il aurait tout le temps de lui montrer son bureau à l’arrière, à côté de l’escalier métallique qui faisait monter encore plus haut pour un repos éternel. Non, là il voulait bouger, danser, laisser la musique vibrer avec chaque cellule de son corps et de son âme. Musique qui était d’ailleurs totalement liée à lui, se déclenchant grâce à ses émotions et son subconscient. Ça aussi il verrait plus tard pour les maitriser. Il avait beaucoup plus important à faire. Buvant une grande gorgée de whisky, il s’approcha de toute sa grandeur de Gabriel qui ne bougeait pas d’un pouce. Il voulait l’entrainer dans cette douce folie qu’était la sienne mais le plus jeune n’avait pas l’air de cet avis. Haussant un sourcil, il se laissa attrapa la bouteille qu’il avait encore en main.
– Du whisky. C’est l’un de mes alcools favoris avec l’Absinthe !
Il avait répondu sur un ton plutôt évanescent, son regard le portant à se concentrer sur Gabriel qui avait posé ses lèvres sur le goulot de la bouteille et dont sa pomme d’Adam montait et descendait à mesure qu’il buvait. La première pensée qu’il lui traversa son esprit embrumé fut que cette vision était affreusement tentatrice. Il en connaissait un rayon dans ce domaine vu que c’était lui qui avait donné la capacité aux humains de ressentir ce désir charnel. Maintenant qu’il en était un, il avait pris la mesure de ce que Chuck avait dit quand il lui avait hurlé dessus qu’il avait clairement abusé. Oui, c’était vrai, il n’avait pas trop dosé la chose mais de l’extérieur c’était très drôle ! Le vivant, un peu moins. Il avait compris que les pulsions qui venaient très régulièrement perturbés sa réflexion devaient être assouvis pour ne pas empirer. Les débuts avaient été compliqués. Lucifer ne voulait pas toucher un corps humain. Le seul avait été Kelly et au fond, ça n’avait pas été totalement lui pendant le moment X. Là, c’était lui. Son essence d’archange diabolique. Son corps, que Nick lui avait donné avec amour. Ses pensées. Il avait bien fallu qu’il trouve une solution et ça n’avait pas été de gaité de cœur qu’il s’était trouvé deux humains de confiance pour varier les plaisirs. Dire qu’il n’avait pas aimé serait mentir. Bien sur qu’il avait trouvé la chose plaisante or il n’avait jamais voulu que ses partenaires ne s’en rendent compte. C’était déjà assez humiliant comme ça de devoir se soulager de la sorte, il n’allait pas en rajouter une couche et prouver à ses détracteurs qu’il était comme n’importe quel humain. Cependant, ici, la situation était totalement différente. Gabriel n’était pas humain. Du moins, dans l’esprit de Lucifer, Gabriel était comme lui. Un archange. Ils étaient sur un pied d’égalité d’une certaine manière. Il n’y avait donc aucune honte à avoir à se laisser tenter l’un par l’autre vu qu’ils étaient de la même race. Quant à ce que les humains appelaient inceste, Lucifer trouvait ça totalement ridicule. Ils n’avaient vraiment compris sur le fait qu’ils venaient tous du même créateur. Dieu. Alors pourquoi se priver d’un plaisir réciproque ?
Quand Gabriel lui retendit la bouteille, il eut quelques secondes de retard, l’attrapant avec son petit sourire en coin quand il croisa son regard. Même s’il n’avait plus ses pouvoirs démoniaques, il avait appris depuis bien longtemps à reconnaître cette lueur d’envie dans les yeux de ceux qu’il côtoyait. Que ce soit une envie d’ordre sexuelle ou pas d’ailleurs, l’envie était ce sentiment de désir « d’avoir », cette convoitise extrême mêlé à la frustration de justement, ne pas l’avoir immédiatement et dont il était le pêcheur originel. Est-ce qu’à cet instant, Gabriel avait envie de lui ? Lucifer ne voyait pas d’autres explications, n’allant pas non plus chercher très loin. Où alors, Gabriel convoitait la bouteille d’alcool et il aurait été très déçu. Néanmoins, à la vue des paroles du plus jeune, cela conforta le plus vieux dans son argumentaire interne très vaseux. De plus, il sentit un autre type de chaleur se diffuser en lui quand il entendit qu’il lui manquait plus que les autres. S’il n’avait pas de sang-froid, Lucifer l’aurait certainement embrassé goulument, porté par ce mélange de désir intense et d’amour profond qu’il avait toujours eu. Mais il ne fit rien de tout cela, posant simplement une main sur son épaule avec quand même, une légère pression de la part de ses doigts. C’était sa réponse. Parce qu’il ne savait pas quoi dire d’autre. Un moi aussi était cliché. Ça n’aurait rien apporté de plus estima t’il. Il préférait lui montrer plutôt oh combien lui aussi lui avait manqué.
Tel le serpent sournois qu’il était, il se rapprocha de quelques centimètres, son torse presque collé à celui de Gabriel, dont les mimiques exprimées un certain mal être. Forcément, Lucifer décida d’en jouer, c’était bien trop tentant ! Il prit une inspiration qui lui fit bomber le torse et quand Gabriel s’assit sur le grand canapé de cuir blanc, il le surplomba de toute sa hauteur, mettant ses mains au niveau de ses hanches, humectant ses lèvres dont le coin droit remontait dans le creux de sa fossette, appréciant particulièrement la vue.
– Pourquoi ? T’as déjà mal aux jambes ?
Il refit un petit pas de danse avant de remarquer la main de Gabriel se saisissant du bout de sa chemise qui flottait au vent. Il ne put s’empêcher de trouver ce geste absolument adorable. Levant les yeux au ciel, il finit par s’assoir à son tour au moment où Gabriel choisissait une position confortable.
– C’est bien pour te faire … plaisir … parce que moi j’avais envie de danser.
Un autre petit coup d’épaule dans sa direction avant de baisser le regard face à cette main qui vint se poser nonchalamment sur sa cuisse. Si Gabriel arborait son sourire malicieux, Lucifer avait aussi celui qui n’augurait rien de bon et son ton beaucoup trop mielleux.
– Ce ne serait pas gratuit …
La fierté qu’il avait ressentie quand ils étaient arrivés refis surface. Gabriel appréciait son appartement ! C’était vraiment idiot. Il ne comprenait pas pourquoi il ressentait de la fierté pour une chose aussi triviale mais de l’entendre dire qu’il préférait même son appartement au sien ne fit qu’accentuer le tourbillon d’émotions qu’il avait actuellement.
– Dans ma grande mansuétude, je préfère te prévenir qu’il y a encore un escalier à monter avant d’attendre les chambres et mon canapé ne fait pas lit.
Son regard resta fixé sur ces doigts qui le tapotaient. Ils n’étaient même pas en rythme ! Non, ce n’était pas ça le souci, pas uniquement.
– Jacuzzi tu dis ? Je crois qu’Agnès m’a parlé de cette invention humaine quand elle a voulu m’amener au spa une fois.
Il avait refusé. Déjà qu’il n’appréciait pas être perdu au milieu de la foule, alors être à moitié nu, au milieu de dizaines d’humains, en contact avec la même eau qu’eux. Hors de question.
– Mais organiser des orgies est interdit dans ce lieu alors qu’elle m’avait pourtant dit que c’était un endroit de détente et de lascivité. C’est totalement absurde !
Lucifer ne choisissait pas ses mots au hasard même si l’accès à la zone de son cerveau gérant la parole commençait à devenir compliqué. Une pensée fugace d’arrêter l’alcool lui traversa l’esprit mais il eut un petit ricanement pour lui-même, imitant Gabriel après l’avoir observé en déglutissant. Ce dernier venait de se pencher sur lui pour attraper la bouteille de l’autre coté et Lucifer n’avait eu qu’un flot d’images peu catholique en le voyant faire. Il n’avait pu s’empêcher de respirer l’odeur sucrée de sa tignasse blonde, lui faisant fermer les yeux. Tous ses sens s’étaient mis en alerte et il sentait, c’était le cas de le dire, qu’il n’allait pas pouvoir faire ce qu’il avait pensé, à savoir amplifier le désir de Gabriel avant le sien. D’autant plus que ce petit malin lui fit ouvrir les yeux en posant sa main sur son ventre.
– Coupable ! Pas de ma faute si j’aime me délecter de toutes les gourmandises qui me passe sous le nez.
Il redoublait d’efforts pour choisir les bons mots, ceux qui feraient mouches, qui feraient plus que titiller la lubricité de Gabriel. En temps normal, ils seraient venus tout seul. Lucifer avait toujours parlé en sous entendant et en faisant des allusions sexuelles. Mais là, avec l’alcool qu’il n’arrêtait pas d’ingérer, ça devait très compliqué. Mais ça avait marché ! La main que Gabriel avait sur son ventre remonta au niveau de son visage pour le tourner plus dans sa direction et en un battement de cils, ses lèvres étaient sur les siennes. Lucifer n’avait pas bougé d’un pouce, laissant l’engrenage de la machine qu’il avait allumer se mettre en route. Les lèvres de Gabriel était un savant mélange addictif de sucre et d’alcool dont il su même sans réfléchir qu’il n’allait pas pouvoir s’en passer bien longtemps. Sa main gauche vint se placer automatiquement dans son cou, mais il n’eut pas le temps d’approfondir le baiser comme il l’aurait voulu que Gabriel se recula commençant à balbutier des mots emplis de gêne.
– C’est donc comme ça que tu faisais avec les humains ? Tu les allumais pour ensuite partir ?
PRETTYGIRL
Invité
Jeu 8 Sep - 12:49
feat. Lucifer & Gabriel
Le regard de Gabriel était voilé par quelque chose d’étrange. Il voyait la pièce mais assez trouble. Seul Lucifer gardait une forme normale à ses yeux. L’alcool fait des ravages et voilà seulement qu’il en avait conscience. Son champ de vision légèrement étriqué pour le moment, il ne répondit pas de suite à son frère. Le voir s’approcher de cette façon l’avait laissé sans voix. Dans sa tête, il se demandait s’il comptait s’arrêter ou s’il allait le pousser pour continuer son chemin. Dans l’état dans lequel il se trouvait, Gabriel aurait fini par se vautrer lamentablement et pas sûr qu’il parvienne à se relever sans intervention extérieure. Mais au lieu de ça, il s’était arrêté, lui faisant face, ainsi de toute sa hauteur. Pour toute réponse, son cadet lui chipa sa bouteille de Whisky. Bien entendu, il avait reconnu l’étiquette de la marque, grand amateur d’alcool lui-même. Mais savoir comment réagir était difficile à cet instant. Avaler quelques gorgées s’imposaient donc. Un peu plus ou un peu moins d’alcool, ça ne faisait plus grande différence à ce niveau-là. Mais en lui tendant la bouteille, leurs regards s’étaient vite fait croisés. Oh qu’il le connaissait ce regard. Il le connaissait que trop bien même et il était parvenu à lui faire baisser la tête, à l’instar d’un gosse qui vient de faire une bêtise. Sauf qu’ici, Lucifer ne le regardait sûrement pas comme s’il allait lui voler dans les plumes. Et il n’a rien de leur père non plus. Quelque part oui, la peur l’attrapa aux entrailles. La peur de ce qu’il pouvait vouloir en cet instant, et pas seulement des pensées de son frère, mais également des siennes. Et surtout de cette envie grandissant de se le faire.
Tout filtre s’était barré dans la gorge de Gabriel. Il disait ce qu’il pensait un peu sans réfléchir. Il l’a toujours plus ou moins fait, mais généralement, il parvient quand même à ne rien laisser paraître. Ici, il venait de lui avouer à quel point son grand frère lui avait manqué. C’est vrai dans le fond. D’aussi loin qu’il soit en mesure de se souvenir, Mickael n’avait de cesse de se prendre pour leur père en les engueulant au moindre pas de travers. Raphael se rangeait toujours du côté de l’aîné de la fratrie et le seul dont Gabriel s’était senti proche, c’était de Lucifer. Le Diable avait toujours prit sa défense face aux joutes verbales du premier né. Il lui avait apprit les meilleurs de ses tours et ils auraient pu - ils auraient dû même - être aussi soudés que deux doigts voisins d’une même main. Si seulement leur tarée de tante n’avait pas fait des siennes, rien de tout ça ne serait arrivé.
En guise de réponse, la main de Lucifer s’était posé sur son épaule. Une chance que Gabriel portait une chemise, sinon son frère aurait de suite remarqué le frisson qui venait de le traverser, faisant se redresser les poils de ses bras sous ses manches.
La fuite était la meilleure des solutions. Le canapé tombait donc à merveille. Mais dans la précipitation, Gabriel n’avait pas remarqué qu’il lui avait donné une occasion de le dominer. Levant la tête dans sa direction, il voyait bien la façon dont il se redressait pour paraître encore plus grand qu’il ne l’était. Son but dans la vie est-il de toucher le plafond ? Le plus jeune des deux se sentait vraiment petit. Petit et con pour le coup. Peut-être encore plus con que de le tirer par la chemise pour qu’il finisse par s’assoir aussi.
- Je ne tiens plus aussi bien l’alcool qu’avant.
En fait, plus ça allait et plus Gabriel ne comprenait pas pourquoi il ne parvenait pas à se sortir de cette situation gênante. Qu’était-ce le plus dérangeant ? Qu’il le domine par sa hauteur avec un petit sourire en coin ou qu’il soit assit à ses côtés en train de le fixer ? Ce qui est certain c’est que le dernier des Archanges ne savait plus vraiment où se mettre et voulait engager la conversation autrement.
- Tu me donnes le tournis à gigoter comme ça. Tu ne t’arrêtes jamais ?
Sa main sur sa jambe n’était, de base, rien de plus qu’un geste fraternel. Alors pourquoi une bouffée de chaleur s’empara de lui de cette façon ? Ou bien était-ce le fait que Lucifer parlait de lit tout d’un coup. Perdu comme il l’était, il ne savait plus s’il se faisait des films ou si son frère lui faisait des avances. Peut-être même que c’était lui qui espérait qu’il s’agisse d’avances.
L’expression noyer le poisson, Gabriel l’avait toujours trouvé totalement absurde et pourtant, c’était bien ce qu’il tentait de faire en l’invitant à venir dans son jacuzzi. Détendre l’atmosphère et faire baisser la température de cette pièce. Évidemment, il se doutait que ce n’était pas le chauffage qui les faisait crever de chaud. Surtout en plein cœur de l’été. C’est d’eux qu’émanait cette chaleur. De lui surtout.
- Tu verras, c’est trop bien. En plus, c’est le mien, il est privé.
Il ne sait même pas pourquoi il avait rajouté cette phrase. Bien sûr que Lucifer devait avoir compris le principe du jacuzzi de son frère. D’autant qu’il l’avait invité à venir avec ou sans maillot.
- Dans le mien aussi c’est interdit. T’es la seule personne que j’autorise à y venir.
Pourquoi le Diable lui parlait soudainement d’orgie ? Ne trouvant pas le fil de la conversation très censé, il sautait également du coq à l’âne. Sans doute un truc de mec bourré. Au point qu’il ne s’était pas rendu compte que la main qu’il avait posé sur le ventre de Lucifer pour le tacler, était en train de le caresser lentement. Les mots choisis n’aidaient en rien à calmer le jeu, comme s’il le faisait exprès. Comme s’il avait deviné que Gabriel était tout feu tout flamme en cet instant, mais également hésitant. Pourtant, c’était bien le plus jeune qui avait lancé le baiser le premier. Mais dans sa tête tournait en boucle une petite voix qui lui disait que c’était mal. Non pas de le faire avec un autre mec, Gabriel n’a jamais sauté le pas, mais il n’avait rien contre l’idée. C’était surtout parce qu’ils sont frères qu’il se sentait assez mal en soit. Assez pour se reculer et émettre l’idée de partir. Il avait tellement envie de lui répondre qu’il n’en avait jamais rien eu à faire des humaines qu’il s’était envoyé. Qu’il n’avait jamais rien ressenti pour elles, mais qu'avec lui c'était totalement différent. Sauf que les mots ne lui venaient pas du tout.
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
La prévisibilité ne faisait pas vraiment partie de la personnalité de Lucifer. Certes, il pouvait être redondant dans certaines choses, notamment quand l’orgueil et l’égo rentraient en jeu mais d’ordre général, il était là où on ne l’attendait pas. Parce que justement, il savait où on l’attendait, ayant établi de nombreuses stratégies et il choisissait toujours le plan B au lieu du plan A pour distraire ses adversaires. Ce trait de caractère c’était accentué depuis qu’il était devenu humain et l’on pouvait souvent le traiter de versatile, ses émotions aussi changeantes que certaines de ses pensées. Néanmoins, il n’était pas le seul comme ça dans la belle et grande famille des archanges. Gabriel était certainement celui qui avait inventé le concept même d’imprévisibilité, ne supportant pas la routine, voulant toujours se divertir. Alors les deux, ensemble, après des années à broyer du noir, c’était certain que la soirée ne se passerait pas vraiment comme prévu. Rien qu’en l’espace de trois heures environ, les émotions de Lucifer avaient fait les montagnes russes. De la joie de le retrouver, de la colère de s’entendre dire des reproches, de la tristesse à voir que même ici, encore et toujours l’ombre de Chuck planait sur eux puis de l’allégresse face à ce véritable enterrement de la hache de guerre. Un retour en enfance, voir en adolescence à courir dans les rues de la ville, à moitié saoul, et de la moquerie. Ensuite de la fierté, à lui montrer, même partiellement qu’il n’avait pas menti, lui montrer le coté matériel du projet et son chez lui. Il n’en avait plus eu depuis le paradis. Elle avait été sa dernière demeure où il avait été véritablement heureux. Le reste n’avait été que haine et souffrance. La liesse de la fête et de l’alcool battait son plein, cette joie communicative qui cachait autre chose. Le désir d’être ensemble. Le désir d’être aimé. Le désir d’aimer. Et le désir tout court. Ça n’aurait peut-être pas du arriver, mais ça l’était quand même et Lucifer n’était pas du genre à refouler ses pulsions. Enfin, ces derniers temps, il l’était. Mais là, ce n’était pas la même chose. C’était comme si pour une fois le destin lui accordait une pause et même si ce n'était pas le cas, il prendrait ce qui lui était de droit, comme il l’avait toujours fait. Il ressentait une passion brûlante en cet instant pour Gabriel et ce dernier était le seul à pouvoir l’éteindre. Il n’allait pas s’en priver. D’autant plus qu’il voyait bien que la réciprocité était là. Gabriel n’avait jamais été du genre à se laisser faire. Il trouvait toujours un moyen pour lui faire savoir par des piques acérés s’il n’était pas content où s’il n’avait pas envie. Si ça avait été le cas, il l’aurait repoussé depuis bien longtemps, d’autant plus qu’il lui posa clairement la question. Il eut un moment de flottement avant que Gabriel ne finisse par répondre, donnant raison à ses pensées.
PRETTYGIRL
Invité
Ven 9 Sep - 11:47
feat. Lucifer & Gabriel
La vie de Gabriel a été bien remplie après tout ce temps passé sur Terre. Pourtant, jamais il n’avait ressenti tout ce chamboulement auparavant. Ce n’est pas sa première cuite et ce n’est pas non plus sa première relation, mais il y avait quelque chose de différent, quelque chose de plus. L’amour sans aucun doute. Toutes les personnes avaient qui il avait couché jusque là, il les avait apprécié certes et elles étaient toutes à son goût physiquement, il ne faut pas se leurrer. Mais de l’amour il n’y en avait jamais eu. Lucifer était différent en tout point, on parlera d’amour fraternel sans doute, c’est la base de leur lien. Pourtant, ce n’est pas du tout la même chose qu’il ressent pour Mickaël ou encore Raphaël. Non, les sentiments qu’il porte à Lucifer sont tout autre. Ils sont différents, plus forts, et mélangés à de la passion. Ça l’a toujours été en quelques sortes. Gabriel n’a jamais caché qu’il était son frère préféré, mais il ne s’est jamais étendu sur la question concernant ses propres sentiments et la limite que ceux-ci devaient avoir. Hors, en cette soirée, il comprit vite, qu’il n’y avait aucune limite. Toutes les barrières étaient tombées et que sa conscience aille bien se faire voir ailleurs, c’était son corps et son cœur qui ont pris le contrôle.
“Alors l'ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel de l'encens. Je suis Gabriel, celui qui se tient devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle.” Luc 1.19-19
Les minutes passèrent et c’est parce qu’il sentit Gabriel bouger sous lui qu’il finit par ouvrir les yeux dans un grognement de mécontentement. Certes, la position n’était pas la plus confortable mais elle avait le mérite de l’apaiser. L’alcool avait atteint son apogée, le désorientant totalement. Finissant par se pousser, il se redressa, souriant bêtement en voyant l’état dans lequel il avait mis Gabriel. Son boxer n’était pas très loin et il l’enfila rapidement, ainsi que sa chemise qu’il laissa ouvert. Il n’avait pas froid. C’était plus par confort, appréciant toujours le contact d’un tissu sur sa peau.
– J’ai faim. C’est qu’avec tout ça j’ai pas mangé !
Son ventre venait de gargouiller. C’était vrai qu’avec l’interruption de Gabriel pendant sa conférence, tout son programme avait été chamboulé. Normalement, il aurait dû aller au restaurant avec Agnès et l'intervenant, comme à chaque fois qu’il faisait une conférence à l’extérieur de l’école. Là, il avait préféré sauter -dans tous les sens du terme- sur Gabriel pour lui parler. Ils avaient commencé à boire et ils ne s’étaient pas arrêtés. C’était parce qu’ils avaient eu les mains prises qu’ils avaient stoppés leurs consommations d’alcool. Chose plus que nécessaire. Lucifer n’envisageait même plus la gueule de bois qu’il allait avoir dans quelques heures. Pour le moment, il devait éponger, et l’activité physique qu’il venait de faire lui avait d’autant plus creusé l’appétit. Alors il se dirigea comme si de rien n’était à droite du salon, dans la grande cuisine ouverte de type américaine qu’il avait. Là aussi, il n’alluma pas les lumières à l’intensité maximale, préférant une luminosité tamisée. Ouvrant le frigo, il regarda pendant quelques secondes d’un air absent les aliments avant d’interpeller Gabriel.
– Je te fais un sandwich ? Je sais que le sperme ça nourrit mais peut être pas autant pour éponger l'alcool.
C’était le truc le plus simple à faire dans leurs états. Il sorti du pain de mie, des tranches de filets de poulets et de chorizo, ces derniers aliments qu’il mangeait sans cesse, ainsi que des tranches de fromages prédécoupés qu’il posa d’un coup sec sur le plan de travail. Ouvrant les paquets, il enfourna dans sa bouche plusieurs tranches de chorizo avant de tourner la tête pour voir Gabriel à ses cotés.
– Chai du sucre auchi … placard gauche.
Parlant la bouche pleine, il montra le dudit placard avec sa main qui tenait un bout de pain. Il savait que son cadet avait toujours eu une attirance plus forte que la moyenne des archanges pour le sucre. Alors autant lui donner ce qu’il aime pour continuer de le contenter.
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Franchement, pourquoi Chuck avait il fait en sorte que les humains étaient obligés de manger pour survivre ? N’aurait-il pas pu simplement faire comme les plantes avec la photosynthèse ? Non, il fallait un truc compliqué. Forcément. Enfin, Lucifer ne se posa pas ce genre de question, bien trop content d’engloutir le sandwich qu’il venait de se faire à la va vite. Maudit corps humain quand même. Il devait manger et en plus il ne tenait pas l’alcool. C’était un comble pour le diable tout de même ! Mais là encore, il fit comme si de rien n’était, pensant que bien entendu, Gabriel ne voyait que du feu à son état presque totalement éméché. Au moins, il savait que son cadet était encore plus amoché que lui quand il refusa sa proposition de nourriture. Mais il n’avait pas perdu son sens de l’humour, chose fortement appréciable. Haussant les épaules, c’était son problème, après tout, il était majeur et vacciné. Il continua de terminer tranquillement son casse-croute quand il sentit la main chaude de Gabriel venait se glisser sur sa chemise.
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– Comme… Pas …endu …rance… hahaha
Lucifer lui faisait une remarque sur son endurance. Il l’avait connu beaucoup plus endurant que ça, zappant que lui aussi n’avait plus sa constitution d’archange. Il resta pour lui quelques secondes à le regarder, pour Gabriel plus longtemps avant finalement d’accéder à sa requête en rigolant, où plutôt en faisant des bruits ressemblants à un rire d’hyène. En temps normal, il ne l’aurait pas fait. Il l’aurait obligé à faire ce qu’il lui avait dit de faire. On ne désobéissait pas à Lucifer sans conséquence. Mais là, il avait un peu pitié. Finalement, la réputation de Gabriel était surfaite, ne se rendant absolument pas compte de ce qui s’était passé. Attrapant sa main pour le lever, il fut surpris de ne pas y arriver. Sa colonne vertébrale craqua si fort qu’il tourna la tête pour voir ce que c’était avant de ricaner.
– Entendu … quoi ça ?
Il n’avait pas compris que le bruit venait de lui et il recommença le même mouvement de traction pour soulever Gabriel. Mais cette fois, se fut ses genoux qui craquèrent, ne supportant ni le poids de leur propriétaire, ni celui de la pauvre victime. Se dérobant sous la masse, Lucifer se sentit partir en avant. N’ayant plus aucun reflexe, il ne lâcha pas la main de Gabriel, l’écrasant donc vu qu’il s’affala sur lui. Or le pire ne fut pas ça, enfin pas pour Lucifer. Sa tête cogna avec force contre le rebord de la table, n’arrangeant rien en son état. Ainsi, il glissa sur Gabriel avec un grognement de douleur. Certes, il se savait résistant, même comme humain, mais le combo du choc et de l’alcool ne lui firent pas du bien. Est-ce qu’il perdit connaissance à un moment donné peut être bien, mais quand il réouvrit les yeux, il était toujours sur Gabriel. Portant sa main sur son front qu’il frotta, il eut un gémissement de douleur.
– Aïeuuuh. Je … brûler … putain de table, pourquoi …aussi !
Il roula sur le coté pour se dégager de son frère, tout en pointant la table dans une contorsion de son bras. Oui, cette table allait finir à la décharge pour avoir osé le frapper de la sorte. Fermant les yeux, pris d’un vertige alors qu’il tentait de se redresser sur la chaise, il resta quelques secondes dessus, plié en deux, s’étant échoué dessus. Qu’est ce qu’il devait faire maintenant ? C’était de plus en plus compliqué.
– Viens.
Lui-même mit du temps à bouger, arrivant par un quasi-miracle à se relever. Il tituba, tendant les bras comme un balancier pour tenir en équilibre.
– Prends … chaise pour …aider.
Il point la chaise du doigt, la poussant même vers Gabriel, pensant être d’une très grande aide.
– Faut que appuis tes bras le siège et hop remonter.
Il essayait pourtant de réfléchir à une solution pour aider Gabriel à se relever mais rien ne venait. Et déjà pourquoi est ce qu’il était par terre de la sorte ? La terre était basse, c’était compliqué après. Se rapprochant, il attrapa son bras quand il le remarqua sur le siège pour tenter de le tirer. Au bout d’un moment, ils y arrivèrent, se retrouvant tous les deux debout. Lucifer garda la main de Gabriel dans le siège pour le tirer vers on ne sait où. Plusieurs fois il se trompa de chemin pour atteindre l’escalier. La première fois, il ouvrit la porte de son bureau, pestant qu’il était sûr que la chambre était là. La deuxième fois, il éclata de rire en voyant qu’il était dans la salle de bain du bas et la troisième fois fut la bonne. Faisant de nombreuses grimaces avec sa bouche, il s’appuya contre le mur pour monter le grand escalier métallique noir. L’ascension fut périlleuse, il dut s’arrêter beaucoup de fois, se retournant à chaque fois pour voir si Gabriel le suivait et quand enfin ils montèrent la dernière marche, Lucifer attrapa Gabriel par la taille pour le serrer contre lui, comme si son plus jeune frère avait accompli un exploit merveilleux. La tête dans son cou, il ferma les yeux pendant quelques instants, somnolant en lui bavant dessus. Il sursauta quand Gabriel bougea, lui tirant un grognement mécontent. À tâtons dans le noir, juste éclairé par la lumière de la lune qui passait dans les grandes baies vitrées, il arriva à trouver la porte de sa chambre, dans laquelle il donna un coup de pied pour l’ouvrir, manquant de se casser encore une fois la figure. Le bruit fit peur aux deux chats qui étaient paisiblement endormi sur l’énorme lit, ne comprenant pas ce qui se passait et pourquoi leur maitre ramenait aussi un inconnu. Lucifer tomba à plat ventre dans son lit, soupirant de contentement avant de se tourner sur le dos, les yeux fermés. Il ne lui fallut que quelques secondes pour s’endormir totalement épuisé, proche du coma éthylique.
La soif réveilla Lucifer à un moment donné, qu’il allait épancher avec grande difficulté à la salle de bain. Tout tourner autour de lui et il se cogna plusieurs fois aux commodes qui longeaient le couloir, faisant tomber quelques objets avant de retourner dans son lit aux cotés de Gabriel. Il eut quand même la présence d’esprit de fermer les rideaux automatiques en prévention du jour qu’il n’allait pas tarder à se lever à la vue de la couleur du ciel. Le plafond de sa chambre ainsi que le mur est était entièrement fait en verre. Lucifer voulait voir les étoiles et le ciel le plus possible, ne supportant pas l’enfermement. Néanmoins, il avait quand même prévu des volets, où cas où. C’était d’ailleurs bien la première fois qu’il les utilisait. Se recouchant, il attrapa le bras de Gabriel avant de resombrer rapidement.
Quand il émergea à nouveau, se fut bien des heures après. Il était dans un état lamentable. Pas un endroit de son corps ne lui faisait mal mais la tête et le dos étaient les points les plus sensibles. Il se toucha le front aussi, une douleur lancinante en plus de la migraine qui lui faisait fermer les yeux. Qu’est ce qui s’était passé ? Il n’arrivait pas à se souvenir de tout. Il y avait Gabriel. Ils s’étaient amusés et puis ils s’étaient retrouvés dans ce lit par le saint esprit. Il savait que Gabriel s’était couché avec lui parce qu’il l’avait vu quand il s’était levé pour aller boire. Ouvrant l’œil gauche, il fronça les sourcils en remarquant que la place à coté de lui était vide.
– G ?
Se redressant tant bien que mal, il resta de longues minutes, assis sur son lit, jugé par le regard de ses chats qui se trouvaient à ses pieds. Passant une main sur son visage, il sentait qu’il n’allait pas tarder à se recoucher mais avant, il devait trouver Gabriel, un cachet antidouleur et de l’eau. Titubant en se levant, il eut encore du mal à aller dans le couloir. Tout était silencieux.
– Gabe ?
Pas de réponse. Il se rendit dans la salle de bain. Peut être qu’il était entrain de prendre une douche et qu’il s’était endormi dans la baignoire ? Non. La salle de bain était vide. Lucifer sentit un mal être grandir en lui, et il savait que ça n’avait rien avoir avec sa magistrale cuite. C’était quelque chose de plus psychique. De même émotionnel. Gabriel ne serait pas parti comme ça. Comme un voleur. Après tout ce qu’ils avaient fait, qu’ils avaient partagé. Où peut être était ce à cause de ça. Son sentiment d’inquiétude lui donna un coup de fouet qui l’aida à descendre les marches, se tenant quand même bien à la rambarde.
– Gabriel ?
Il n’y avait aucune réponse. Il n’y avait que lui, ses chats et ses serpents dans son appartement. Pas de traces de l’archange. Se sentant extrêmement mal, il s’appuya contre le grand pilier de métal entre la cuisine et le couloir qui menait aux autres pièces du bas. Gabriel ne l’avait quand même pas abandonné ? L’inquiétude laissa place à un sentiment de frustration immense, voir même de colère. Or il avait bien trop mal au crâne pour l’être. Inspirant plusieurs fois, il tenta de calmer les battements de son cœur. Il se rendit alors dans la cuisine, mettant directement sa tête sous le robinet de l’évier pour l’aider à avoir moins mal et réfléchir à cette situation étrange. C’est en s’appuyant sur le plan de travail qu’il pencha la tête sur le côté, voyant l’état dans lequel était la cuisine. Il y avait des fluides corporels mélangés à des traces de sang sur le sol. Lucifer écarquilla les yeux. Mais qu’est-ce qu’il s’était passé ? Se prenant la tête entre ses mains, il se tapa la tête pour essayer de faire fonctionner son cerveau mais rien ne venait. Ils se souvenaient qu’ils avaient fait une bonne partie de jambe en l’air dans le salon. Qu’ensuite ils étaient venus manger. Que Gabriel eût voulu remettre le couvert en se montrant habille de sa langue et après plus rien. Le trou noir. Était-il possible qu’il lui ai fait du mal et que c’était pour ça qu’il était parti ? Lucifer ne le croyait pas mais c’était une hypothèse qu’il n’excluait pas. Il ne voyait pas pourquoi il lui en aurait fait, ce n’était pas la tournure de la soirée mais il savait qu’il pouvait péter des colères violentes et vriller sur des sujets sensibles. Soupirant de tristesse, il fit le tour de la cuisine ouverte, regardant un peu autour de lui avant d’être attirer par un post it collé sur le pilier du salon. C’était un numéro de téléphone, signé d’un G. Même si Gabriel était parti, il lui avait laissé une chance de s’expliquer. Sinon quoi d’autre ? Saisissant le post il, il alla le mettre sur le frigo quand il sentit ses deux chats venir se frotter à lui. Ayant la flemme monumentale de se pencher pour prendre le paquet de croquette, il ouvrit le réfrigérateur pour sortir un un filet de poulet cru qu’il leur lança. Les deux chats se ruèrent dessus sans attendre. Regardant le contenu de son frigo, il attrapa une bouteille. Boire. Il avait besoin de boire et de retourner se coucher. Il savait que là, il ne trouverait aucunes réponses à ses questions alors autant se reposer et retrouver toutes ses facultés. Maudit corps d’humain !
PRETTYGIRL
Invité
Lun 19 Sep - 10:40
feat. Lucifer & Gabriel
Non mais à quel moment Lucifer avait l’impression de parler correctement ? Un froncement de sourcils plus tard, Gabriel ne tentait même pas de le reprendre. Il était finalement plein comme un tonneau. Assez pour faire du yaourt au lieu de faire des phrases avec sujet, verbe et complément. N’empêche qu’il commençait vraiment à prendre racine là, sur le sol de la cuisine. Ok d’accord, son frère est content de se ficher de sa tronche, mais il va finir par le ramasser ou il compte s’en servir de paillasson ? Mais Gabriel s’empêcha de le dire à haute voix, parce qu’il est certain que bourré comme l’est son frangin, il serait capable de lui marcher dessus tranquillement. Ce n’est pas comme s’ils faisaient la même taille et le même poids non plus.
Bien content de sentir la poigne de Lucifer, alors qu’il lui prenait la main pour le relever. Enfin c’était normalement la suite logique des choses, mais au lieu de ça, un craquement retentit. Gabriel était certain que ça ne venait pas de ses doigts ou de son coude, mais plus de l’autre Archange. Il cligna un instant des yeux, n’ayant pratiquement pas bougé d’un millimètre.
- Oui… ça venait de toi.
Il ne manquerait plus qu’il se fasse un lumbago en tentant de le ramasser. Au moins, il recommença, bien décidé à relever son petit frère. Mais Gabriel aurait mieux fait de prendre son mal en patience, alors qu’il entendait les genoux de Lucifer craquer. C’est moche de vieillir, pensa-t-il aussitôt. Sauf qu’aucune ironie ne put franchir la barrière de ses lèvres, qu’il vit le Diable penché dangereusement en avant. La tête du cadet devait parler d’elle-même. Il avait bien compris qu’il allait se faire écraser. D’ailleurs dans sa chute, Lucifer lui écrabouilla la main et avec ça, il n’eut même pas l’occasion de gémir de douleur qu’il étouffa à moitié quand son frangin s’affala de tout son long sur lui. De longues secondes à manquer d’air, avant que ses poumons ne se regonflent lentement. Il aurait dû se montrer compatissant vis-à-vis de la tête de son frangin. Mais si la table ne s’était pas interposée, à coup sûr, c’est dans le crâne de Gabriel que celui de Lucifer aurait fini par atterrir. Heureusement, le Diable ne resta pas trop longtemps sur lui, roulant sur le côté en s’en prenant verbalement à la table.
- Mais t’es con…
Il ne put s’empêcher de tousser en se touchant la poitrine, réalisant toute l’importance de respirer pour des êtres humains. Il souriait bêtement en plus, en voyant son frangin se relever contre la chaise. Mais au moins, il était parvenu à se relever lui.
Gabriel essayait de partir dans l’autre sens, persuadé que le proprio de l'appartement allait encore se rétamer sur lui. Sauf que, Lucifer ne l’entendait pas de cette oreille, qu’il poussait déjà la chaise dans sa direction. Le pire c’est qu’il ne comprenait rien du tout à ce que son frangin lui disait, mais il tenta de s’appuyer sur la chaise. Une grosse douleur s’empara de son bras et son autre main vint se poser dessus.
- Ah bordel tu m’as pété le poignet.
Du coup, il n’eut pas d’autre choix que de s’appuyer dessus avec une seule main, et son coude de l’autre côté. Et finalement, les deux Archanges étaient enfin debout, tout de même grâce à l'aide de l'aîné en ce qui le concerne lui. Mais il ne comprenait toujours pas pourquoi, Lucifer voulait faire l’ascension des escaliers. Il a décidé de l’achever. Si ce n’est pas en l’essoufflant jusqu’à en rendre l’âme, ça serait en roulant après avoir perdu l’équilibre. Niveau concentration, il était donc à son maximum pour ne pas finir en bas. En plus, les coups d’œil du Diable ne lui disaient rien qui vaille. A quel moment, il va trouver drôle de le pousser. Là ! Maintenant ! Ah non, il l’agrippa seulement par la taille. Le cœur de Gabi s’en était affolé, craignant la chute. Mais au lieu de ça, c’était un câlin qui l’attendait. Oh il n’essayait pas de s’en défaire, mais le regretta en sentant du mouillé dégouliner sur lui.
- T’es vraiment en train de me baver dessus ? T’es dégueulasse.
Au moins, Lucifer s’était décalé de lui pour reprendre leur marche forcée, visiblement jusqu’à sa chambre. Gabriel s’étala de plein fouet sur le lit et ne demanda pas son reste pour s’endormir. Il ne sentit même pas son frangin gigoter pour aller se chercher de l’eau. Le plus dur fut le réveil. Un mal de tête carabiné venait de le tirer de ses cauchemars. Ouais des cauchemars, il en fait encore assez souvent depuis sa mésaventure avec Asmodeus. Il porta sa main à sa tête, réalisant qu’il avait tout aussi mal à la caboche qu’à son poignet. Quand il posa les yeux dessus, il comprit que la couleur n’avait absolument rien de normale, ni même le gonflement. Et ce n’est qu’à ce moment, qu’il se rendit compte qu’il n’était ni chez lui, ni au cinéma. Oui il lui arrive de pioncer au cinéma. C’est lui le patron, il fait tout ce qu’il veut.
Dans un temps record, il se redressa, regardant Lucifer qui roupillait. Il remonta la couette sur lui, avant de piquer des sous-vêtements dans sa commode et de partir prendre une douche pour terminer de le réveiller. Au moins, il l’était assez pour ne pas louper une marche en descendant. Le plus compliqué, finalement, c’était encore de retrouver la totalité de ses fringues. Il dût très certainement oublier quelque chose, on ne peut pas dire qu’il avait les idées claires de chez claire. Au moment de partir, Gabriel s’arrêta un instant pour réfléchir. Il finit par attraper un stylo et un post-it pour lui laisser son numéro, au cas où. Puis s’en alla pour rentrer d’abord chez lui, et finir par faire un petit saut aux urgences par la suite.