Trouver un compromis ... si possible - Clover

Complètement concentrée sur le contenu de ton futur podcast, tu ne fais pas attention au monde qui t’entoure. Une compilation crée via ton compte Spotify, un thé qui se prépare doucement, voilà les conditions dans lesquelles tu te mets pour écrire ces mots que tu balances quasiment tous les jours aux oreilles de tes abonnés. Des fois, ça t’arrive de faire du direct, de chiffonner ta fiche et laisser ta langue prendre le dessus, même si des fois tu ferais mieux de la nouer pour éviter de sortir des conneries ou de dire la vérité de façon… Fleuri. Comme la fois où cet homme s’est donné la peine de t’appeler pour rabaisser les femmes. Il a cru que tu te laisserais faire mais non, tu l’as tellement taillé qu’il a raccroché et bon, tu as reçu quelques critiques négatives mais beaucoup d’autres positives et au final c’était ça qui comptait à tes yeux, dire la vérité. Tu as une grande gueule, ça n’a jamais changé et ça ne changera jamais.

Alors que tu te lèves pour arrêter la bouilloire, versant l’eau chaude dans ta tasse pour laisser infuser ton thé, tu entends sonner. Qui ça peut être ? Tu n’attends clairement pas de visiteurs, du moins pas aujourd’hui. Tu avances jusqu’à ta porte pour finalement regarder à travers la lunette. Un homme, avec des lunettes de soleil sur le nez et une canne à la main est là. Tu ouvres alors et tu le fixes un long moment quand il se présente et qu’il demande à discuter avec toi d’affaires importantes. « Attendez, Matthew Murdock, Matt Murdock ? L’avocat pro-bono ? » demandes-tu alors que tu ouvres la porte un peu plus pour le laisser entrer, refermant derrière-vous. « Ne me dites pas que ça concerne ce porc qui décrivait les tenues de mon amie comme une invitation au viol ? Si c’est ça vous pouvez partir. Sinon, vous voulez un thé, j’étais en train de m’en faire un ? » Que tu demandes, repartant vers ta cuisine pour déjà sortir une seconde tasse, au cas où, touillant la tienne en attendant sa réponse.

Tu n’en crois pas tes yeux quand t’ouvres la porte de ton loft et que tu tombes sur l’avocat de la ville. Matt Murdock est chez toi et pas pour de bonnes raisons, après tout ce n’est jamais une bonne raison quand on vient directement te voir concernant des plaintes ou ce genre de choses. Mais si c’est pour ce type du style balance ton porc, tu ne veux rien entendre de plus, il a tort, tu as raison, point. « Pas que lui ? Hmpf. Après tout on ne peut pas être célèbre et s’attirer la sympathie de tout le monde… » Que tu dis en haussant les épaules.

Le nombre de personnes se plaignant de toi te fit lever les yeux au ciel. Au diable ces goujats et hypocrites. Tu n’as pas ta langue dans ta poche, c’est un défaut tu le sais mais ça n’empêche que seul la vérité blesse alors tu sais qu’au fond, même si ça n’a pas été dit joliment et bien tu préfères cent fois ça que parler en disant des mensonges. « Bien, restez donc, lait et sucre dans votre thé ? » Que tu lui demandes alors que tu en verses dans deux tasses, n’ajoutant que du lait pour ta part, faisant attention à ton summer body, tu évites de grignoter ou le sucre, c’est ça quand on est plus espionne, on grossit un peu plus. « Installons-nous ici. Dites-moi tout ce que vous avez à dire, alors… » Puisque tu n’as pas le choix. Tu bois alors une gorgée de ton thé, après avoir doucement soufflé dessus.

Est-ce que secrètement il t’arrive de crusher et fangirler sur le célèbre avocat Matt Murdock ? Totalement. Mais est-ce que tu t’attends à le trouver chez toi ? Pour parler de négatif en plus ? Certainement pas ! Pourtant ce qui doit arriver, arrive et tu le fais donc entrer, à contrecœur alors que tu commences à verser le thé fumant dans deux tasses, te renseignant sur comment le boit ton hôte alors que tu n’ajoutes que du lait pour ta part. « Je me doute bien mais je ne suis pas de celles qui se laissent marcher dessus, moi j’ai une voix et je l’utilise. » Que tu répliques avant de t’installer du côté salle à manger où tu poses les deux tasses, la tienne face à toi et l’autre face à Matthew qui te suit et s’installe rapidement sur l’une de tes chaises.

Quand il sort les fameuses plaintes, tu soupires légèrement, soufflant sur ton thé pour en boire une petite gorgée. Tu le laisses parler, après tout c’est la raison de sa venue et tu te contentes de l’écouter en sirotant ton thé. Quand tu reposes ta tasse, tu viens prendre divers dossiers, tour à tour, en mains et tu les lis. « Il est sérieux celui-là ? Il affirme que j’ai manqué de respect à son chat ? Enfin sa chatte en l’occurrence vu que c’est une femelle ? Les gens n’ont rien de mieux à faire ? » t’étonnes-tu alors que tu relis une énième plainte. Ok, d’après ces dernières les plaintes sont souvent pour ton jargon utilisé, tu devrais juste faire plus attention. « Ouais, grossièrement je dois juste surveiller mon langage quoi. Je peux essayer de m’adoucir, on va dire. D’après vous, qu’est-ce que je risque au pire ? Et qu’entendez-vous par changement ? Déjà si je surveille mes mots, ce sera bien, non ? » Tu te mets à nouveau à boire. Soudainement tu as envie de cogner un truc. Toi qui passé une bonne journée, c’est fini.

La tasse de thé t’aide à te focaliser sur un truc et ne pas péter les plombs. C’est comme si le passé ressurgissait et qu’une Mandy version 2.0 venait de surgir pour te gâcher la journée. Pourquoi une Mandy ? Car si vous étiez encore à Beverly Hills et que les plaintes auraient été faites, ça serait probablement venu de la lycéenne, cette satanée peste de mes deux. Et du coup t’as un peu l’impression de te prendre un couteau dans le dos, surtout en écoutant le plus vieux te dire quoi faire, pourquoi, comment, enfin tout le baratin qu’un avocat est supposé sortir pour que son client confesse ou alors se range gentiment de son côté. Buvant une longue gorgée de ta boisson chaude, tu réfléchis à nouveau et tu acquiesces finalement. « Bien. Je ne vais pas commencer à scinder mes podcasts en en faisant un pour les jeunes et un pour les plus vieux, donc je vais essayer de me raviser et surveiller mon langage, après tout mes podcast sont tout ce que j’ai, bon j’ai aussi ma revue de mode mais ce n’est pas la même chose… » Que tu dis en haussant les épaules. Tu soupires légèrement en demandant finalement. « Selon vous ça serait suffisant ? Je veux dire si par exemple je retravaille mes propos dès aujourd’hui je ne risquerais plus rien ? Vous me tiendrez au courant de toute manière ? » C’est un truc que tu aimes bien avoir, un allié dans ton camp et Matt en serait un excellent, en plus d’être incroyablement sexy mais là n’est pas la question.

Tu peux te montrer conciliante quand il le faut, après tout ce n’est pas donné à tout le monde d’en arriver là où tu te trouves actuellement, limite comme une femme d’affaire qui gère son propre business, seule qui plus est (même si tu cherches toujours activement un.e assistant.e pour t’aider dans les tâches de tous les jours) et bien évidemment que tu auras toujours des ennemis, même à Beverly Hills tu avais un tas d’ennemis, tantôt cruels, tantôt mesquins alors la méchanceté et les combats, tu connais, c’est pourquoi tu ne peux qu’accepter de mettre de l’eau dans ton vin, c’est comme ça qu’on dit, pour apaiser les auditeurs et surtout ne plus te retrouver avec une plainte aux fesses.

« Et bien on verra bien, chaque chose en son temps je pense. Déjà, je vais me raviser et essayer une approche moins… Directe. Moins franche quoi. Et comme vous le dites si bien, il y aura toujours cette personne pour chercher la bête qui n’est pas, mais nous n’y pouvais rien, faut s’y faire. » Tu bois alors une longue gorgée de ton thé, jouant distraitement avec le bout du sachet tout en écoutant les deux solutions qui s’offre à toi. Après avoir récupéré la carte du plus vieux, que tu poses sur le côté, près de ton portable, tu reprends la parole. « Cela est parfait. On ne peut, malheureusement, pas plaire à tout le monde donc je vous remercie, vous pouvez y aller franco, je vous connais un peu, je pense qu’avec vous à mes côtés ça devrait le faire. Puis, un de perdu, dix de retrouvés, c’est ce que ma mère me disait toujours quand je pleurais pour un garçon… » Tu finis alors ta tassé d’un coup sec et tu esquisses un fin sourire en te levant. « Vous en voulez un second ? Un truc à grignoter ? C’est la moindre des choses après tout… »