Assise devant cette toile vierge, je soupire. Depuis plusieurs semaines, je tentais de peindre mais je ne cessais de penser à cette porte, cette toile que j’avais peinte jadis alors que Penelope et Hobbi m’avait préparé de la peinture à l’aide des mûres qui se trouvaient en bas. Je me souvenais encore de ce moment. Gothel m’avait emprisonnée dans cette maudite tour et par chance, mes amis pouvaient venir auprès de moi grâce au fait que Pénélope soit un dragon. Mais il y avait le pinceau, ce pinceau magique à qui je sois beaucoup. Ce pinceau magique que je n’ai pas retrouvé ici.
Ce pinceau magique qui était à l’origine une brosse à cheveux offerte par mes parents. Ces premiers instants où j’ai compris que Gothel me cachait quelque chose. Un pinceau de bois dans une main, de la peinture rouge dans l’autre, je fixe la toile, silencieuse. Commençant à peindre, je n’entends pas la porte de la galerie s’ouvrir. Finalement, c’est une voix qui me sort de ma rêverie. Je pose mes pinceaux et la peinture avant de me lever pour aller à la rencontre d’Isidore. Il m’avait demandé s’il pouvait passer et bien sûr, je lui avais dit que c’était sans aucun problème.
J’étais habillée d’une robe fluide rose, chaussée d’une paire de sandales compensées de la même couleur et mes cheveux blonds regroupés en une tresse sur le côté. Parfois, ma très longue chevelure me manquait. Je portais également un tablier où quelques tâches de peintures se trouvaient ici et là. Arrivant à la hauteur du brun, je lui souris.
Amateur d’art qu’il était, Isidore avait pris l’habitude dès qu’il avait du temps libre de visiter la galerie de Raiponce. Dorénavant un habitué des lieux, il s’était finalement lié d’amitié avec elle et ne manquait jamais de complimenter ses œuvres. En ce dimanche où il n’avait rien à faire, sinon pour une fois se reposer, il lui avait demander l’autorisation de lui rendre visite. Ce fût avec une boite de chocolat d’une boutique réputée en ville à la main qu’il s’était présenté, léger sourire aux lèvres, dans un de ses rares moment enfantin.
- Bonjour Raiponce, je vais bien je vous remercie, et vous ?
Raiponce était sans l’ombre d’un doute une belle femme ; toujours élégamment habillée, charmante sans avoir réellement besoin d’artifice, elle lui rappelait les dames de son époque. Il la vouvoyait par respect, reconnaissant leur écart d’âge – bien qu’il ne soulignât jamais ce point. Certaines ne se froissaient pas lorsque le sujet était évoqué, mais Isidore ne souhaitait pas s’y risquer malgré la gentillesse de la peintre.
- Je vous ai apporté un cadeau… Pas grand-chose. Un remerciement d’avoir accepté de passer du temps avec moi, j’espère qu’ils vous plairont.
Il tendit son présent, avant de se permettre d’observer les lieux une fois qu’elle l’eut pris, mains dans les poches.
- J’espère ne pas avoir déranger dans votre travail, même si vous avez accepté, auquel cas je pourrai revenir une autre fois.
« Je vais bien également. » énonçais-je avec un nouveau sourire avant de reprendre la parole « J’apprécie les dimanches comme ceux-là pour peindre. » ajoutais-je alors.
J’appréciais beaucoup Isidore. Il était gentil, bienveillant et surtout respectueux. Oui, respectueux et c’est quelque chose qui me plaisait beaucoup. Cela et sa gentillesse bien sûr. Me pinçant les lèvres, je lui fais un léger signe de tête quand ce dernier me tends les chocolats qu’il venait de m’apporter.
« Merci beaucoup Isidore, j’adore les chocolats en plus ! » énonçais-je en riant avant de reprendre la parole « Non, il n’y a pas de soucis ! J’étais en train de peindre dans la galerie arrière. » énonçais-je « tu veux voir mes oeuvres pas encore exposées ? » lui demandais-je, avec un sourire alors que je déposais les chocolats sur un petit plateau près des sucreries et des boissons fraîches en cette période estivale.
Il sourit lorsqu’elle le remercia pour les chocolats. C’était rare de rencontrer des personnes à qui cette gâterie ne plaisait pas, ainsi savait-il qu’il ne se tromperait pas avec ce présent. Il faudra cependant qu’il pense à autre chose ; il ne pouvait pas lui en apporter à chaque fois. Cela manquait d’originalité. Ses yeux brillèrent à sa question, son visage habituellement grave montrant alors une impatience enfantine, bien qu’il répondît d’un ton toujours posé :
- Je veux bien, oui ! Je vous remercie de me faire, à chaque fois, cet honneur.
Il était, après tout, venu pour admirer ses œuvres. Voir en exclusivité celles de Raiponce était à ses yeux un grand privilège. Il avait toujours aimé les artistes – n’avait-il, après tout, pas admiré le grand Arsène Lupin ? -, sans doute trop rationnel pour faire partie de cette catégorie également. Il la laissa, par politesse, le guider dans la galerie arrière. Il était chaleureusement la bienvenue ici, certes, mais ce n’était pas une raison pour faire comme chez lui... Pas avec Raiponce, en tout cas.