MOM, IT'S ME, I NEED YOU. (WILLIAM&WANDA)

William ne sait plus quoi faire. Il a tout essayé : écouter sa moitié ; consulter une thérapeute ; pratiquer la méditation avec une personne ayant l’habitude de l’introspection. Quoi qu’il se passe, la peur qui l’emplit chaque jour ne fait que grandir un peu plus à chaque seconde qui passe. L’épée de Damoclès qui plane au-dessus de sa tête menace de s’abattre et il ne sait pas quand cela arrivera. Tout ce qu’il sait, c’est qu’elle tombera, ne reste qu’à définir quand pour s’y préparer au mieux. Mais malgré tous ses efforts acharnés, il n’y a aucune amélioration. Quoiqu’il fasse cela ne fonctionne pas. En refoulant ses pouvoirs, il ne les récupère pas, mais il craint que cela fasse l’effet d’une bombe à retardement et qu’il ne soit trop tard. En voulant les récupérer, la peur l’empêche de le faire complètement. Il se retrouve dans un entre-deux, une ouverture qui n’est pas enviable et sa vie est gâchée à cause de toutes ces peurs, de tous ces doutes qui l’assaillent, jours après jours depuis qu’il est arrivé dans cette île de malheur. Alors il tente tant bien que mal de vivre comme il peut, de faire avec cette terreur intérieure qu’il ressent. Cela l’empoisonne, mais il ne peut pas faire autrement, personne n’a de solution à lui proposer.

S’il écoutait Teddy, tout ira bien, il sera là pour l’aider, et il fera tout ce qu’il pourra pour l’accompagner dans cette épreuve qu’il traversera. Mais tout cela est caduc, Teddy ne pourra rien faire, à part s’il devient enfin celui qu’il est censé être, et dans ce monde, cela semble être impossible.

S’il suivait le docteure Quinzel, il devrait ouvrir son esprit à ses pouvoirs, les accueillir pour les contrôler au mieux et être prêt à affronter le Démiurge au mieux. C’est à nouveau caduc, puisqu’il ne sait pas ce qu’il récupérera en premier.

Ne reste plus qu’Anakin, le jeune garçon qu’il aime comme un frère. Ils partagent leurs douleurs et leurs peurs pour tenter de s’entraider, mais Billy craint qu’ils ne fassent que s’entraîner l’un l’autre vers les ténèbres les plus profondes. Il ne peut donc continuer à faire cela.

Il n’y a plus qu’une seule solution. Enfin, il en existe une autre, mais il ne veut pas y penser, il ne veut rien avoir à faire à Steven Strange, d’autant plus qu’il n’a pas retrouvé celui de son univers à lui. La personne à laquelle il pense, il l’a retrouvée par un pur hasard. Il ne pensait pas que cela soit possible, mais après tout sur cette île tout semble l’être. Des morts reviennent à la vie, des animaux sont devenus humains, alors pourquoi ne pas avoir retrouvé sa mère ? Après trois ans de recherches, ça semblait être presque trop beau. Il n’a pas osé. Et pire que tout, il n’en a parlé à personne. Même son fiancé ne sait pas qu’il a retrouvé Wanda Maximoff.

Pourtant, il n’a plus le choix, s’il veut des réponses, s’il veut de l’aide, il doit absolument aller la retrouver, lui parler afin qu’ils puissent trouver un plan de bataille, ou quelque chose à faire. Il a également fait quelque chose dont il n’est pas fier, il a suivi sa mère, afin de voir où elle habite, jusqu’à trouver le courage d’aller la voir au retour de son travail.

William attend alors sur le perron de l’endroit où vit la Sorcière Rouge, une jambe tremblotante, faisant même quelques soubresauts tandis qu’il se ronge les ongles, chose qu’il n’a jamais fait réellement. Le sorcier angoisse, il n’a parlé à sa mère qu’une fois dans sa vie, et il ne savait pas que c’était sa mère ; il ne l’a vu que deux fois en tout, et surtout à cause d’elle il a été effacé une première fois de la réalité avant d’être réincarné. Sauf que là… il a besoin d’elle.

Alors qu’il la voit arriver au bout de la rue, il se redresse, les mains tremblantes, et surtout, il la voit arriver, reste paralysé par la peur tandis que son visage devient blême. William ne sait pas si c’était une bonne idée, il aimerait pouvoir croire que c’est le cas, or, il commence à en douter sérieusement. La dernière fois qu’ils se sont vus, Wanda était extrêmement instable et il ne sait pas trop ce que ce monde aurait pu donner. Mais il est trop tard pour faire demi-tour, pour s’en aller, parce qu’elle est désormais trop proche, et que lui se trouve littéralement sur le perron de sa porte, tremblant et presque au limite du malaise vagal.

Qu’est-ce qu’il fait ici ? En réalité, il sait qu’il fait une grossière erreur. Sa mère ne le connaît pas. Il ne connaît pas sa mère. Ils ne se sont quasiment jamais parlé et surtout, dans ce monde, il ne sait pas à quoi s’attendre. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il risque d’entraîner quelqu’un dans sa chute, et qu’il fera souffrir une personne de plus quand l’inévitable arrivera et il arrivera, bien qu’il ne sache pas encore quand. Il ravagera tout, et tuera des gens, de cela aussi il est persuadé, et il voudrait pouvoir épargner sa mère, combien même elle n’a jamais été là pour lui et a effacé sa présence de l’univers. Elle ne mérite pas tout cela. En fait, personne ne mérite de mourir des mains d’un garçon effrayé et incapable de maîtriser les pouvoirs qu’il possède.

Mais il ne peut pas partir, elle arrive, les bras chargés d’un sac de courses et ses clés dans une main. Elle ne semble pas effrayée, juste soucieuse, un peu intriguée par la présence d’un inconnu sur son perron. Elle esquisse un sourire qu’il voudrait bien lui rendre, mais il en est incapable. Il ne peut pas le faire, il serre les dents, tremble de tout son corps alors qu’elle ouvre la bouche et qu’il entend sa voix, qu’il a tant rêvée.

– Bonjour. Vous avez besoin de quelque chose ?

William veut répondre, ce serait la moindre des choses. Il se tient devant chez elle après tout, et c’est déjà assez étrange comme cela, mais il n’y parvient pas. Sa mère est à deux pas de lui, et il est incapable d’esquisser le moindre geste ou de prononcer le moindre mot, comme paralysé par une double terreur qu’il ressent et qui anesthésie son organisme tout entier. Il ressent une aura glacée autour de lui, comme s’il flottait hors de son corps, dans un état d’apesanteur, pourtant, les pieds bien ancrés dans le sol.

– Je peux vous aider ?

La réponse est simple. Elle est la seule qui peut l’aider. La seule personne qui en soit capable pour le moment. Alors il mobilise toutes ses pensées sur une seule chose, prononcer un mot, que même un nourrisson est capable de dire.

– Oui.

Il perd subitement sa langue, comme un enfant qui peine à parler. Au fond de lui, c’est une explosion nucléaire, un maelstrom de sensations et de sentiments contradictoires. Les retombées radioactives, voilà ce qui l’empêchent d’agir. William est face à sa génitrice spirituelle, et il voudrait faire tant, lui dire tant, et il ne fait rien, comme si son corps refusait de lui obéir. Des larmes roulent sur ses yeux, et il ne sait pas pourquoi il ne peut s’empêcher de pleurer face à cette femme qu’il ne connaît pas réellement.

Des émotions si étranges l’assaillent, et il voudrait les chasser, leur hurler de s’en aller. Il voudrait exprimer clairement ce qu’il voudrait dire, mais c’est impossible. Il aurait l’air d’un fou à lier ; ce qu’il est en réalité. Il se torture lui-même l’esprit, et c’est ce qui le tue petit à petit. Comme quoi, le problème dans l’équation n’est pas le Démiurge en lui-même, c’est lui le soucis, William Kaplan, trop faible, trop émotif.

Et dans un hoquet, il prononce un mot, un seul, un deuxième en réalité, adressé à Wanda Maximoff, et qui pour lui possède un sens particulier, lourd de responsabilité, lourd de reproches, lourd d’espoirs qu’il dépose tous en elle.

– Maman…

Le sorcier pleure comme un enfant devant sa mère, attendant qu’elle le prenne dans ses bras pour le réconforter. Il espérait qu’elle comprenne qu’elle est sa mère. Après tout, il s’agit de Wanda Maximoff, une sorcière aux pouvoirs inouïs, elle devrait être capable de reconnaître son enfant qu’elle le retrouve, mais elle reste là, dans la rue, figée elle également. Puis un sourire apparaît sur son visage à elle, sourire se voulant compatissant et réconfortant, mais elle ne bouge pas, reste sur ses positions, semblant ne pas comprendre la gravité de la situation qu’ils vivent tous les deux. William est incapable de parler plus, il a l’impression d’étouffer, et cela ne va pas aider à clarifier ce qu’il veut lui communiquer. Il reste muet, suffoquant à cause des lamentations internes qu’il ressent, et également à cause de cette incapacité intellectuelle à se mouvoir pour lui montrer, pour lui dire, pour lui faire comprendre.

– Maman ? Votre maman a besoin d’aide ?

Se peut-elle qu’elle soit devenue idiote ? Dans ses souvenirs, sa mère était une femme puissante et intelligente, qui comprenait rapidement ce qu’elle avait sous les yeux. D’autant plus que la dernière fois qu’ils se sont vus, même s’ils ne se sont pas parlés, William était adolescent, il n’a pas tant changé que cela, si ? A moins que ce soit elle qui ait perdu une partie de ses souvenirs, ce qui serait fort probable.

Puis venant poser son sac de course à terre, la jeune femme vient pour déposer sa main sur l’épaule de son fils, dans un geste encourageant pour qu’il s’exprime, pour qu’il lui explique.

– Vous voulez que je vous suive pour que je puisse l’aider ?

Il regarde la main posée sur son épaule, puis lentement, il tourne la tête pour venir plonger ses yeux dans ceux de sa génitrice. Si les mots ne parviennent pas à sortir, peut-être qu’un regard sera plus communicatif. Alors il tente, puis sa propre main à lui vient se poser sur celle de sa mère, dans un geste tendre, peut-être un peu trop, et il ressent que ça peut devenir étrange, voire même mal interprété. C’est pour cette raison qu’il vient la prendre dans ses bras, sans savoir pourquoi, ni comment, peut-être que ce sera pire pour elle, mais il s’en moque.

– Maman… c’est moi… j’ai besoin de toi…

Il continue de hoqueter, mais ravale ses larmes, ravale sa fierté, la garde contre lui pour la serrer un peu plus, espérant tellement plus de cette étreinte. Il voudrait trouver les réponses contre elle, il voudrait qu’elle lui dise qu’elle va venir l’aider, qu’elle sera la réponse à ses questions, à ses inquiétudes et qu’il réussira à faire en sorte de ne pas retrouver ses pouvoirs, ou du moins, ne redeviendra pas le Démiurge.

Puis il se recule, ferme les yeux, et la regarde en essuyant le coin de ses paupières du bout de ses doigts avant d’inspirer longuement.

– C’est William… Billy…

Il suffoque toujours, c’est pour cela que ses propos sont erratiques, presque soufflés entre deux respirations rendues compliquées par les émotions ressenties. William étouffe, et il voudrait qu’elle prononce un mot, qu’elle lui dise quelque chose pour qu’il puisse à nouveau respirer convenablement.

Il ne sait pas comment il a réussi à articuler autant de syllabes, l’émotion le submerge tellement qu’il balbutie des mots sans vraiment parvenir à les prononcer entièrement. Wanda, sa mère semble elle aussi paralysée, mais plus par la surprise que par la peur ressentie.

– William ?

Elle comprend enfin, et son geste le rassure tellement quand elle pose sa main sur sa joue pour contenir les émotions qui sont à fleur de peau.

– Billy, mon chéri.

Elle vient à son tour le prendre dans ses bras afin de poser sa tête contre la sienne, et William commence enfin à pouvoir respirer à nouveau bien que les larmes continuent à rouler sur ses joues pales. Mais finalement, Wanda se recule et essuie les gouttes salées qui restent sur le visage du jeune sorcier.

– Comment est-ce possible ? Depuis quand es-tu ici ? Pourquoi as-tu besoin de moi ? Où est ton frère ?

Tant de questions, mais lui reste encore mutique, un peu sur le fil du rasoir, il ne sait pas comment se comporter avec sa mère qu’il n’a finalement quasiment pas connu. Comment agir ? Que dire ? De toute façon pour répondre à ses questions, il va lui falloir beaucoup de temps, peut-être trop et il commence à avoir les jambes qui flanchent.

– Je… je suis là depuis le début, comme tout le monde. Et je ne sais pas où est Tommy… je ne l’ai pas retrouvé.

C’est d’ailleurs la source d’une grande souffrance, son jumeau lui manque, et c’est très dur de ne pas pouvoir être à ses côtés. L’esprit comique de son frère est une bonne dose d’oxygène dont il aurait bien besoin en ces temps sombres qu’il peut vivre.

– Maman… on peut entrer chez toi pour parler ? Je ne veux pas qu’on puisse entendre ce que j’ai à te dire… et surtout, si tu as des produits frais, ils vont tourner…

Comment dire à sa mère qu’il a besoin d’elle pour apprendre à maîtriser ses pouvoirs qu’il n’a pas encore dans le but de ne pas avoir à les récupérer pour ne pas avoir à affronter le Démiurge qu’il était avant de venir dans ce monde ? Et dans le cas où il retrouve sa magie, il faudrait qu’il y ait une armée afin de l’affronter lui et de lui apprendre à canaliser sa puissance.

Billy est terrorisé, il ne sait pas comment faire. Il vit sur le fil depuis tellement de temps qu’il n’arrive pas à différencier ce qu’il sait de ses peurs intrinsèques et justifiées. Même sa psychothérapeute ne peut rien pour lui, elle tente, mais pour le moment, tout est infructueux. Wanda est donc son dernier espoir et il ne serait pas venu la voir si ce n’était pas le cas. Sa mère est instable, et il est bien placé pour le savoir vu que le peu de fois où il a pu la voir, elle était détraquées mentalement et puis surtout, il est comme elle.

William préfère que les gens de la ville n’apprennent pas qu’il peut être capable de tuer tout le monde d’un claquement de doigts quand il retrouvera ses pouvoirs. Wanda, sa mère, est bien l’une des rares personnes au monde à pouvoir le comprendre et à avoir peut-être – et le modalisateur est important – une solution à lui proposer afin de contrôler cette entité qui reprendra le contrôle un jour ou l’autre, il en est persuadé. Et fort heureusement, la sorcière accepte et vient lui ouvrir la porte d’entrée pour le laisser pénétrer à l’intérieur de son logis.

Quand il entre, il remarque que son habitat est tout ce qu’il y a de plus simple, et cela vient briser un peu le mythe qu’il s’était construit autour de Wanda Maximoff. Il n’est pas déçu, mais cela vient… il ne saurait pas exactement quoi, mais ce n’est pas ce qu’il imaginait, mais en même temps c’est rassurant, puisqu’elle n’est pas redevenue complètement folle.

– Installe-toi, j’arrive.

Il n’hésite pas alors et s’installe dans le grand sofa du salon en attendant que la rousse aille ranger ses emplettes dans la cuisine non loin. William ne touche à rien, il reste là, prostré sur le canapé en réfléchissant à ce qu’il dira pour présenter les choses. Comment aborder ce sujet ? Il n’en a aucune idée. Mais il le faudra quand même, et cela ne lui plaît guère. Et voilà qu’elle revient, dans le salon et s’asseyant à ses côtés pour le fixer. Il ne sait pas quoi faire, tout lui paraît trop irréel, comme s’il ne pouvait être ici, et pourtant, il sait très bien que c’est la réalité, qu’il n’imagine pas tout ce qu’il est entrain de vivre. En temps normal, il ne sait même pas s’il serait venu, par peur de retomber sur une version de sa mère à moitié folle.

– Qu’as-tu à me dire qui doit rester loin des oreilles indiscrètes ?

Voilà le moment fatidique, et il ne sait pas trop quoi dire pour que ça soit… facile ? Il ne doute pas des connaissances de sa mère, mais il est impossible de tout savoir, et peut-être ne connaît elle même pas le Démiurge… dans tous les cas, maintenant qu’il est venu, il ne peut pas faire demi tour.

– Tu te souviens de Mother ? Le parasite qui prenait l’apparence de ceux que l’on aime pour nous tromper…

Quelle entrée en matière pitoyable, mais il faut bien commencer par quelque chose, et le début semble être une bonne idée. D’autant plus que tout est arrivé à cause de Maman, ou plutôt de Loki qui a tout déclenché. Le Dieu de la malice pourrait être appelé le Dieu de la connerie plutôt, parce qu’il faut en avoir un grain pour jouer avec des forces aussi puissantes.

– Loki a voulu récupérer des pouvoirs immenses et en le faisant, il a déchaîné Mother et il a délivré autre chose… une chose qui a pris possession de moi…

Il se tait désormais, baisse le regard et inspire profondément pour ne pas paniquer à nouveau. Que dirait le docteure Quinzel si elle savait qu’il est venu voir sa mère ? Probablement pas grand-chose de bien, mais il doit le faire, c’est une des dernières solutions qu’il possède pour tenter d’aller mieux et Wanda doit bien être une des rares personnes à pouvoir le sauver, ou plutôt à pouvoir sauver tout le monde.

Le pauvre William sait que s’il avait été possédé plus longtemps par le Démiurge, les Avengers et l’entièreté des sorciers de tous les univers se seraient ligués contre lui. On l’aurait enfermé et surtout, on aurait tenté de faire des expériences sur lui. Sa mère est bien placée pour le savoir, il a vu ce qu’on lui a fait, on la pointait du doigt et surtout on la traitait de monstre. C’en était peut-être un, c’en est peut-être toujours un d’ailleurs, mais là n’est pas la question. Des gens cherchaient à la manipuler afin d’obtenir ses pouvoirs et tout le monde la considérait comme l’ennemi public alors qu’elle n’y était pour rien. Et William a commencé à expérimenter la même chose, Steve Rogers et le reste des Avengers l’ont enfermé.

– Je sais ce que ça fait. Beaucoup d’entités m’ont utilisé au fil du temps et on commit des carnages. Mon visage était celui que tout le monde voyait alors qu’en réalité, ça n’était pas moi qui était aux commandes.

Il comprend tellement ce qu’elle veut dire, parce que même s’il a vécu très peu de temps avec le Démiurge le possédant, il sait que ça aurait été le cas à la longue. Il a déjà été enfermé pour moins que cela en prime. Wiccan ne veut pas vivre avec cette chose en lui, et son intuition lui hurle qu’il reviendra un jour ; et ses intuitions se révèlent très souvent être des prophéties.

– Est-ce que cette chose t’a forcé à faire du mal aux autres ? A faire du mal à tes proches ?

Non, ce sont ses souvenirs qui lui ont montré qu’il avait tué Teddy. Des nuits durant il hurlait en se réveillant à cause de cauchemars où il revoyait son rayon de magie bleuté frapper son fiancé en plein torse pour le laisser fumant au sol. Heureusement, ce n’était pas la réalité, et il s’en est rendu compte en retrouvant l’homme de sa vie. Il secoue alors la tête de façon négative pour lui dire que ce n’est pas le cas. Enfin…

– Non, enfin… si, j’ai tué des centaines de gens pour affronter Mother… la magie m’échappait, je ne maîtrisais plus rien.

Il repense aux énergies vitales qui s’éteignaient, et il ne veut plus jamais revivre un truc pareil. C’est un sorcier, et sa magie fait partie de son ADN, et il veut la retrouver, sauf qu’il a peur que cela dégénère encore plus qu’avant. D’autant plus que personne ne pourra l’arrêter, sauf s’ils s’y mettent à beaucoup.

– Qu’est-ce que Loki a délivré exactement ?

Il reste interdit quelques secondes. Prononcer son nom, c’est lui donner de l’importance et une puissance certaine. Mais en même temps… il le fait avec sa psychothérapeute et cela l’aide d’en parler. William inspire une longue bouffée d’air afin de trouver le courage.

– Tu sais comment s’appelle le père de toutes les divinités ? Celui qui a créé la planète Terre dans tous les univers ?

Wiccan laisse alors quelques secondes à sa mère afin qu’elle puisse comprendre tout ce que cela implique, parce qu’elle va se rendre compte qu’il parle du Démiurge, le père de Chton et Atûm notamment. Des pouvoirs illimités et qui sont impossible à contenir convenablement, et il sait de quoi il parler puisqu’il l’a expérimenté.

– Loki a délivré le Démiurge… et j’étais prédestiné à être sa réincarnation et son réceptacle.

Une chape de désespoir s’abat alors sur lui, et ses épaules s’affaissent tandis que son regard se voile alors qu’il repense à tout cela. Wanda a été manipulée et possédée par Chton, c’est connu, mais même ce dernier n’arrive pas aux chevilles de son propre père… elle ne peut qu’imaginer la puissance qu’il ressentait en lui. Et pourtant, il n’a encore pas parlé du problème qu’il ressent, du problème qui arrivera un jour par arriver.

William a peur que sa mère ne comprenne que trop bien. Wanda a été plusieurs fois manipulée par des entités divines, et plusieurs fois elle a fait beaucoup de mal, provoqué trop de douleur chez des gens qu’elle ne connaissait pas. Le pauvre garçon voudrait pouvoir se dire que tout ira bien, mais ce serait se mentir pour le moment. Il sait très bien qu’un jour ça va partir en cacahuète. Le Démiurge va débarquer et personne ne pourra rien y faire.

– Je suis désolée que tu ais vécu tout cela. Je peux imaginer avec quelle puissance tu devrais vivre sans pouvoir rien y faire. Je suis aussi désolée que cela soit de ma faute.

Ce n’est pas de sa faute, et elle le sait très bien. Enfin plutôt, elle n’y peut rien du tout. Elle n’a pas choisi de transmettre tout cela à l’un de ses fils, et puis disons qu’il lui en est reconnaissant parce que ça a été très utile à de nombreuses reprises.

– Ne sois pas désolée, tu n’y es pour rien.

Il est sincère, et surtout cela se ressent. Billy est persuadé que Wanda pourrait l’aider à arranger les choses, ou au moins arrondir les angles. Elle a déjà traversé tout cela. Et en y réfléchissant bien, c’est logique que le Démiurge ait choisi William puisque Chton a choisi Wanda. Le père choisi le fils et le fils choisi la mère. C’est d’une dramaturgie.

– Si tu veux parler de tout ce qui s’est passé, je serai là. Si tu veux avoir des conseils, je pourrai t’en donner. Mais pour le reste, je ne suis pas sûre de savoir ce que tu attends de moi.

Il ne sait pas trop. En fait, il espérait qu’elle puisse lui dire que tout ira bien et qu’elle arrivera à l’aider. Wanda est puissante, elle a beaucoup de connaissances, et il espérait qu’elle pourrait lui dire que le Démiurge sera impuissant. Mais vu la réaction qu’elle a, il est certain qu’elle sera désemparée elle également. Que peut-on faire contre le créateur de la planète terre ?

– Je suis perdu maman. J’ai peur de ne pas faire le poids et de tuer encore des gens sans le vouloir, et j’ai peur de tuer ceux que j’aime...

William craint pour sa vie, craint pour la vie de tous, et surtout, il a peur de déchirer le voile de la réalité. Et il y a fort à parier que cela risque d’arriver un jour. Quoi qu’il se passe, il arrivera un jour. Le Démiurge va revenir, c’est une évidence qu’il n’a pas besoin d’énoncer.

– Il reviendra, prophétise-t-il avec une voix profonde et angoissée. Billy sait que ça arrivera, il ne sait juste pas quand et quels seront les dégâts occasionnés.