(abandonné) The third horcrux ((Regulus x Tom))

The Third Horcrux

feat @Regulus Black

Un froid emplissait la boutique quand il pénétrait à l’intérieur. Même le tintement de la clochette si chaleureux d’ordinaire prenait une teinte plus lugubre. On approchait les dix-huit heures. Le soleil d’été avait beau inonder de ses rayons les alentours, la libraire s’enveloppait de pénombre — les ténèbres suivaient leur maître qui déambulait l’air de rien dans les allées. Il restait trois clients tout au plus. Un détail qui ne perturbait pas outre mesure le sorcier plein de rage et venu avec un but précis en ces lieux : récupérer son dû. Tom avait trop attendu. Tom avait été trop patient avec le traître. Plus le temps passait sur cette île et plus Tom en avait assez de se cacher derrière cette identité de Moldu qu’il s’était façonné pour échapper aux radars de Dumbledore et des autres qui constituaient son armée. Il n’en pouvait plus de rester tapi dans l’ombre, lui qui cherchait tant la lumière et qui n’avait qu’un seul souhait : laisser le vrai lui, Voldemort, s’exprimer à nouveau. En réalité, Tom était…terrorisé. Savoir que ses horcruxes étaient dans ce monde était à la fois une bénédiction et une malédiction. Une bénédiction, car leur présence lui laissait une nouvelle fois la possibilité d’accéder à cette immortalité qu’il chérissait tant, mais une malédiction parce qu’il savait que les alliés de Dumbledore feraient tout pour le détruire et l’éliminer. Tom en avait déjà un en sa possession : Nagini. Mais même elle… Il devait faire attention. Il n’aimait pas bien le Moldu qui tournait autour d’elle — Moldu qui était trop proche de Dumbledore à son goût. Voldemort ne doutait pas de la loyauté sans faille de son serpent, mais… On n’était jamais trop prudent. Surtout dans sa situation plus que précaire.

Tom jouait les faux clients pendant plus d’une heure. Il prenait des livres, les feuilletait, les posait, en gardait parfois sous le bras. Il attendait simplement que les derniers clients s’en aillent pour être seul avec Regulus sur lequel il avait constamment un œil plus ou moins discret. Et quand la libraire était déserte, Tom retournait dans l’entrée où se trouvait le comptoir de caisse. Il était à une distance convenable de Regulus puisqu’il continuait son petit manège en farfouillant les rayons qui étaient à cet endroit de la boutique. Tom n’avait pas besoin de dire quoique ce soit pour installer une certaine tension. L’ambiance lourde se suffisait à elle-même. Il était comme une cocotte-minute, prêt à exploser à tout moment, mais Tom était avant tout sadique et théâtral : il se plaisait à jouer avec sa victime, se faisant roi de cette scène qui selon lui serait témoin de la chute de Regulus Black. Il était en train de feuilleter un libre avec nonchalance quand il brisait le silence pesant en interpellant son ancien mangemort. « Dis-moi, Regulus… » Tom ferme son livre. Il se traine à un autre rayon avec la même mollesse que sa voix sifflante sur la fin. Les coups d’œil qu’il jetait à son interlocuteur étaient inquiétants, laissant flotter dans l’air une énergie menaçante. Il s’intéressait à un autre présentoir, attrapant un livre qu’il parcourait brièvement. « J’ai besoin d’un livre pour ma thèse, mais son titre m’est complètement…sorti de la tête. Peut-être que tu pourrais m’aider à le retrouver. » Le sourire qu’il adressait à Regulus était glaçant — trop charmant, trop doux, trop séduisant pour être naturel sur ce masque de froideur. La rage avait coloré ses iris d’un noir profond, absorbant le bleu qui vivait là d’habitude. Il refermait le livre en le claquant brutalement avant de le ranger. Lentement, il s’avançait vers le comptoir du jeune homme. « C’est l’histoire très banale d’un disciple dévoué à son maître. Il n’avait pas d’affection particulière pour lui, mais le Maître reconnaissait les quelques qualités que possédaient son disciple. Mais… un jour… » Il marquait une pause d’une part pour renforcer l’effet dramatique de son récit et d’autre part pour alourdir un peu plus l’ambiance. Son regard planté sur Regulus n’était que folie pure — une folie terrifiante car froide, imprévisible. « … Le disciple tant… aimé… a mystérieusement disparu. » Il ne cachait même pas l’ironie sous-entendu dans cette pseudo affection qu’il affichait — sentiment qu’il n’avait jamais ressenti pour qui que ce soit si ce n’est peut-être pour Nagini. « Pardon, mais je vais devoir te gâcher la fin de l’histoire pour être sûr que tu ne te trompes pas de livre. » Nouvelle pause. Nouveau sourire, plus malsain cette fois-ci. « Quelle tragédie qu’il soit mort noyé dans cette grotte parce que le disciple a eu la stupidité de voler son maître... » Oui. Tom avait finalement eu le fin mot de l’histoire en fouillant dans diverses têtes grâce à ses dons, mais aussi en faisant des déductions simples. Si Regulus ne l’avait pas trahi, peut-être que ce foutu Harry Potter n’aurait jamais été mis sur la piste des horcruxes des années plus tard et peut-être que Tom serait à la tête du monde magique aujourd’hui. Ses rêves inassouvis étaient à la hauteur de sa colère et de sa frustration : gigantesques.

Adieu Kenneth, Voldemort s’exposait totalement avec son petit récit. Qu’importe, il n’en avait plus rien à faire : tous ou presque étaient au courant de son retour sur l’île. Se cacher n’était plus guère utile. Surtout avec Dumbledore dans les parages qui devaient très probablement chercher les horcruxes lui aussi. « Que tu puisses penser que je n’aurais jamais eu vent de cette histoire… Je trouve la chose presque insultante, Regulus. » Sa fureur était plus que palpable — elle ressortait au travers de son ton appuyé et méticuleux où Tom détachait soigneusement chacun de ses mots pour faire état de la menace qui n’était plus réduite au stade de particules dans l’atmosphère. Elle devenait carrément tangible quand, au cours de sa dernière phrase, Tom avait sorti sa baguette. Sans laisser le temps à son adversaire de réagir, il lui lançait un sort. Il ne cherchait pas à le tuer tout de suite, ni le blesser gravement. Il voulait simplement le terrifier, le pousser à bout. L’armoire à côté de lui et son comptoir explosaient. Tout ce que Tom voulait, c’était le traquer, le voir en train d’essayer de se défendre pathétiquement contre ses immenses pouvoirs. Tom voulait s’amuser pour ensuite le torturer, l’entendre avec une certaine délectation le supplier, peut-être, de l’épargner pendant qu’il rentrerait dans sa tête pour recueillir toutes les informations dont il avait besoin. « Le médaillon, Regulus ! OU EST-IL ? REGULUS ! » La cocotte avait explosé. Pour le moment, il se contentait de lui courir après dans la libraire, lançant de temps à autre des sorts à la portée brouillon. Trop précipité, Tom détruisait plus qu’autre chose la boutique au lieu d’atteindre sa cible, trop aveuglé par sa soif de récupérer l’horcruxe.