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Nothing to be ashamed of ((Poe x Ennis))

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Mer 13 Juil - 13:02



Nothing to be ashamed of

Juillet 2021.

Quelque chose trottait dans la tête d’Ennis depuis ce matin. Il ruminait un peu, se posait mille et une questions toutes plus étranges les unes que les autres… Il n’avait pas osé en parler à Poe parce qu’il estimait que ça ne le regardait absolument pas et surtout qu’il n’aimerait pas lui-même qu’on lui pose des questions aussi intrusives. Toutefois, il n’en restait pas moins gêné de l’avoir vu embrasser un type dans l’un des hangars de l’aérodrome. Quand c’était arrivé, il en avait même lâché ce qu’il avait dans ses mains sous le coup de la surprise avant de tout ramasser rapidement et de se planquer derrière un mur. Si Poe et Finn n’avait pas eu conscience de cet incident, Ennis était resté un moment dans son coin, haletant, des palpitations au cœur. Si cette réaction était tout bonnement démesurée pour toute personne normalement constituée, pour d’Ennis, elle était tout à fait cohérente — voir deux hommes s’embrasser publiquement, en toute liberté, sans crainte… C’était son univers entier qui était chamboulé. Quand Jack avait tenté cette folie de ne plus vraiment se cacher, il en était mort. Violemment. Il avait payé très cher le prix de sa liberté. Un traumatisme qu’Ennis ne surmontait toujours pas, même encore aujourd’hui. Alors de les voir là… ça le remuait. Plus qu’il ne l’aurait cru. Pensant que le couple l’avait vu, Ennis n’était alors pas stressé pour lui, mais pour Poe et cet homme qui s’avérait être Finn. Loin de se douter que les mœurs de ce monde étaient bien moins arriérées que celles du sien, Ennis se perdait dans une panique sans nom, se disant qu’il devrait peut-être aller les voir pour les rassurer quant au fait qu’il ne dirait rien à personne. Puis il finissait par renoncer à cette idée, concluant qu’il se mêlait de ce qu’il ne le regardait définitivement pas. Lui, par exemple, il aurait pu briser la mâchoire de n’importe qui si on avait osé lui demander des choses aussi intimes. Dans tous les cas, il ne voulait pas faire de soucis à Poe qu’il considérait comme une personne bien. Ennis se frottait le front, essayant d’une part de se calmer et d’autre part de trouver un moyen de ne plus y penser. C’est pas tes oignons, Ennis. C’est pas tes oignons… Il sursautait une seconde fois quand Finn passait inévitablement à côté de lui pour repartir de l’aérodrome. « Salut, mec ! » le trooper saluait Ennis qui lui rendait vaguement son geste. « Euh…Salut… » Il sourit, mais son sourire était tellement maladroit et tordu que Finn lui jetait un dernier coup d’œil intrigué, trouvant Ennis étrange, mais sans plus. Le soldat pensait que Poe avait le chic pour attirer les boulets. D’abord Mutt, puis ce type…

Alors voilà, toute la matinée, l’angoisse avait assailli Ennis. Il ne savait pas comment se comporter avec Poe maintenant qu’il l’avait… vu… À croire que Poe avait fait quelque chose de complètement illégal. Il n’osait même pas le regarder ! C’était ridicule. Alors, Ennis effectuait son travail dans son coin jusqu’à ce que ses questions lui brulent trop les lèvres pour les retenir plus longtemps. Quel choc. Ennis Del Mar parlait de lui-même, sans qu’on lui tire les vers du nez ! Jack n’en croirait pas ses yeux s’il avait été là. « Dis Poe… Euh… » Nerveusement, il passait sa main sur la courbe de l’avion qu’ils étaient en train de réparer, histoire de se fixer sur quelque chose. Ennis était juste en face de Poe et fuyait toujours son regard, préférant faire mine de travailler sur la pièce qu’il démontait, les bras plongés désormais dans les entrailles de l’engin. « C’est pas que j’me mêle de c’qui me regarde pas, mais… » Ennis se décidait enfin à le regarder brièvement, l’air inquiet et surtout très mal à l’aise. « J’ai vu un type partir t’à l’heure et… Lui et toi, vous…. Euh…. ? Je veux dire… » Il faisait des gestes approximatifs à Poe pour tenter de lui faire comprendre ce qu’il n’osait pas dire. Un comportement brouillon qui accentuait le malaise en lui, mais aussi l’atmosphère en elle-même. « Tu vois quoi. » Non personne ne voit, Ennis. Pour quoi allait-il passer en plus ? Les mots sont faits pour une chose précise : exprimer des réalités tangibles et il se serait fait comprendre bien plus rapidement si Ennis ne craignait pas les mots. Et le malaise, il le créait justement tout seul en passant par ses paraphrases gestuelles. Se rendant compte du ridicule de la situation, il poussait un soupir, replongeant dans la mécanique. « Désolé… C’est trop indiscret. J’aurais pas dû. » Ses joues prirent une teinte légèrement rosée qui se distinguait à peine. Jack l’aurait remarqué, lui. D’ailleurs, Ennis ne pouvait pas s’empêcher de penser à lui en cet instant : Jack aurait rêvé d’avoir la même liberté que Finn et Poe avec son amant. Ennis ne préférait pas y penser. Pour lui, c’était trop…trop.
 

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Dim 7 Aoû - 10:26



Nothing to be ashamed of



feat. Ennis



Poe a bien remarqué que le comportement d’Ennis avait changé. Il semblait embarrassé, évitait clairement son regard, voire même de rester trop longtemps dans la même pièce que lui. Loin de se remettre en question – très peu pour lui –, Poe avait décidé de laisser couler, estimant que pour une raison x ou y, Ennis devait simplement ne pas être dans son assiette. Ce n’est pas qu’il ne s’en soucie pas, mais il le connaît depuis suffisamment longtemps à présent pour savoir qu’interroger Ennis sur ce qui le travaille ne servira absolument à rien. Ce dernier se contentera sans doute de bougonner quelques phrases dans sa barbe, et ça, c’est seulement s’il acceptait de lui parler. Poe a appris à faire avec le tempérament d’Ennis, qui par bien des aspects est aux antipodes du sien. Bien souvent, Poe fait la conversation pour deux, si bien qu’il se demande si Ennis n’est pas finalement ennuyé par son expansivité. Ceci dit, comme il y revient malgré tout, le pilote avait fini par songer qu’il devait quand même y trouver son compte, d’une façon ou d’une autre. Alors oui, il trouve le comportement d’Ennis un peu étrange, mais il décide de ne pas l’interroger plus que cela. Il est à mille lieues de s’imaginer les tergiversations qui, ce temps durant, peuplent le cerveau embarrassé et affligé de son ami, dont il ignore au passage tout de l’histoire (là encore, qu’il sache son nom et son prénom est déjà pas mal).

Alors oui, le pilote s’était attendu à ce que l’affaire se tasse, et qu’Ennis ne lui en parle jamais, et pourtant… alors qu’ils s’appliquent à la réparation d’un de ses fragiles coucous, voilà qu’Ennis semble disposer à aborder le sujet, quoi qu’avec une certaine nervosité, qui là encore n’échappe pas le moins du monde à Poe. Ce n’est pas qu’il se même de ce qui ne le regarde pas, mais… quand une phrase commence comme ça, on sait déjà à quoi s’attendre, pas vrai ? Poe fronce les sourcils quand Ennis lui parle du type qu’il a vu partir tout à l’heure – est-ce qu’il parle de Finn ? On dirait bien que oui, enfin, c’est ce que Poe réussit à déduire de ses paroles maladroites, et de ces « euh » et « tu vois, quoi ». Poe se retient presque de rire. C’est le malaise, palpable, qui émane d’Ennis qui le dissuade de rire à gorge déployée… Toutes ces circonvolutions pour parler uniquement du fait qu’il les a vu s’embrasser ? (Oui parce que pour cette fois, ils se sont tenus sages, ils n’ont rien fait en dehors de ça.) Une chance pour lui qu’il ne les ait clairement pas vus s’envoyer en l’air (au sens pas propre du tout) dans son vieux Gulfstream comme ça a été le cas pour Mutt. Dans quel état il l’aurait retrouvé, alors ? C’est drôle de se dire qu’une personne telle qu’Ennis Del Mar, qui pouvait se montrer sacrément brute de décoffrage quand il s’y mettait, puisse se sentir à ce point embarrassé par quelque chose d’aussi… naturel.

« Tu déconnes ? Y a rien d’indiscret, t’en fais pas. »
Il affiche un fin sourire. « C’est vrai que j’aurais dû vous présenter. C’est Finn, et oui, on est ensemble. »

Ce qui est une façon très réservée – appropriée aux circonstances – de parler du fait qu’il est l’homme de sa vie et celui qu’il épousera un jour, c’est déjà décidé.

« Je te le présenterai la prochaine fois qu’il viendra », reprend-il dans un haussement d’épaules. « Je suis sûr que vous allez bien vous entendre, tous les deux – en même temps, Finn s’entend avec tout le monde. »

Il évoque tout ceci avec naturel, sans vraiment comprendre le fond du malaise d’Ennis. Si ce dernier a été exposé à l’homophobie et à ses ravages, pour Poe, la question ne s’est jamais vraiment posée. On aime qui on aime, point.


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Mer 28 Sep - 22:05



Nothing to be ashamed of

Envie. C’était le maître mot. Ennis était envieux de l’aisance de Poe. De celle de Jack. Puisse-t-il un jour trouver leur courage. Pourquoi assumer semblait si simple avec eux et compliqué avec lui ? Bien souvent, Ennis nourrissait une colère intérieure contre lui-même. Il haïssait sa lâcheté et la honte face à son incapacité à assumer sa bisexualité — une chose dont il était encore tout bonnement incapable aujourd’hui en dépit de toutes les évidences qui se déployaient sous ses yeux : il n’existait pas qu’une seule façon légitime d’aimer. Être amoureux d’une personne du même genre n’était pas un crime ou une hérésie malgré de ce que le lévitique 18:22 en disait. Il aimait, point. Rien n’était plus pur et beau que ce sentiment, surtout lorsqu’il était aussi puissant. Il pouvait se cacher autant qu’il voulait derrière les dogmes et tabous de son époque, derrière ce cadavre dont la confrontation lui avait été imposée par son père dans le seul et unique but de lui montrer ce qu’il arrivait aux brebis galeuses qui osaient défier ce foutu dieu, cette façade ne tenait pas longtemps. Jack aussi avait subi les mêmes pressions sociétales et religieuses d’un autre temps. Pourtant, il avait choisi la liberté. Sans l’ombre d’un doute. Parce qu’une vie sans Ennis n’avait pas de sens. Parce qu’une vie sans Ennis était dénuée d’intérêt et de beauté. Parce que la mort était plus enviable et libératrice qu’une vie sans Ennis. Jack avait pris le risque d’aimer librement, sans lâcheté, sans faux semblants. Jack avait toujours été le plus courageux des deux. Le plus déterminé. Le plus combatif. Le plus révolté. Et Ennis ne put s’empêcher de voir l’amour de sa vie à travers la liberté et l’aisance de Poe à parler d’un tel sujet auquel il osait à peine penser. S’il doutait du fait que Finn l’apprécie, Ennis savait, sans l’ombre d’un doute que Jack apprécierait Poe. Ils avaient la même franchise, ce même esprit de revendication qu’Ennis le mollasson jalousait.

Toutefois, ce naturel effrayait Ennis autant qu’il le fascinait. « C’est Finn, et oui, on est ensemble. » Combien de fois Jack avait-il rêvé de dire cette phrase à leur sujet au grand public ? Sûrement un nombre de fois impossible à quantifier. Combien de fois Ennis avait-il effleuré l’idée de rendre cette idée folle et kamikaze réelle ? Bien plus de fois qu’il n’osait se l’avouer. Mais pour leur sécurité, les rêves devaient rester au stade de rêve et les mots pourtant simples de Poe furent létaux pour l’imaginaire d’Ennis. L’odeur de la mort lui emplissait les narines. Elle lui rappelait cruellement le lourd tribut à payer lorsque cette liberté était prise dans leur monde. Son cerveau décidait de lui rappeler avec barbarie ce qui était arrivé à Jack, matérialisant la scène avec le plus de détails possibles histoire que l’effet soit le plus abject possible. Il imaginait l’homme qu’il aimait étalé dans l’herbe souillée de son sang, ses tripes exposées au soleil comme celles du cadavre que son propre père l’avait forcé à regarder. Ennis se défilait face à ses propres souvenirs tout comme il s’était défilé derrière les jambes de son père il y a des décennies de cela. Il entendait encore sa voix abrupte le violenter d’un « Sois un homme et regarde ! » après l’avoir tiré de derrière lui. Ennis avait bientôt quarante ans et était encore hanté par cette vision d’horreur qui prenait tour à tour la forme de Jack, puis celle de Finn et enfin de Poe tandis que ce dernier continuait de parler le plus naturellement du monde. La mâchoire d’Ennis se crispait, ses muscles se tendaient alors que son estomac se retournait sous la peur de trouver Poe dans cette situation. Ennis avait beau chasser cette pensée au fond de son esprit en pensant à des moments heureux et simples vécus avec Jack, elle revenait sans cesse. Plus cruelle. Plus carnassière et avide de ses peurs et angoisses. Il secouait la tête pour la refouler, mais elle avait tout corrompu au fond de lui. Un monde où sa situation avec Jack était naturelle et admise n’était pas possible pour Ennis. Elle défiait toute logique, dépassait l’entendement et irritait presque le cow-boy, à tel point que sa langue allait plus vite que sa tête. « T’as pas peur de te faire tuer ? » Au départ, il avait voulu dire à Poe qu’une rencontre avec Finn pourrait aisément se faire, mais qu’il doutait cependant de leur compatibilité de caractère, même si Finn appréciait vraisemblablement tout le monde. Mais sa tête et son stress en avaient décidé autrement.

Se rendant compte de la violence de sa question et de son caractère plus qu’inquiétant, Ennis tentait tant bien que mal d’éclaircir le fond de sa pensée, devenant écarlate de honte et de gêne. Il bredouillait, n’osant pas confronter Poe du regard. « Parce que… mh… C’est… Je… C’est… arrivé à un ami euh… à moi et je… » Tour à tour, il revit entre ses mains sa carte retournée à l’envoyeur avec le tampon « décédé » apposée dessus. Puis Il se souvint de la froideur de Lureen au téléphone et de son mensonge pour couvrir la réalité du meurtre de Jack. Ennis revivait sa dernière dispute avec lui. Déchirante. Triste. Fataliste. Elle avait été la seule issue possible à leur histoire clandestine qui n’avait que trop duré. Il jalousait Poe de vivre avec l’homme qu’il aimait aussi longtemps qu’il le voulait alors que cette chance avait été dérobée à Ennis, par sa faute à lui seul. Il s’éclaircissait la voix, sentant une vive émotion le gagner, la contrôlant néanmoins. Il voyait au fond de son imaginaire macabre le sang de Jack étalé sur l’herbe luire au soleil. Il revoyait son corps sans vie. Seul. Étouffé par un mensonge. « J'souhaite à personne de vivre ça. » concluait-il, sa voix déraillant légèrement sur la fin alors qu’il se décidait enfin à fixer Poe. On sentait qu’Ennis voulait parler, mais qu’il n’y arrivait pas, car puiser dans ses émotions lui demandait un trop gros effort et que trouver les mots justes était compliqué pour lui qui avait désormais la gorge nouée. Son regard triste, las et presque honteux de se montrer sous un tel jour en disait plus que lui. Il aimerait être comme Poe : n’avoir jamais connu cette peur qui terrassait Ennis.

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Sam 1 Oct - 16:17



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feat. Ennis



« Me faire tuer ? »

Poe dévisage Ennis, interloqué. Il ne savait pas vraiment à quoi il s’attendait de la part de son interlocuteur après lui avoir appris l’existence de sa relation avec Finn, mais certainement pas à une question à ce point radicale, et qui sur le moment lui semble particulièrement absurde. Poe avait joué avec la mort un nombre incalculable de fois en tant que pilote au sein de la Résistance. A plus d’une reprise, il avait bien failli payer de sa vie (ou de la vie des autres, malheureusement), son indécrottable tempérament de tête brûlée. S’il devait avoir peur de se faire tuer, ce n’est certainement pas dans le cadre plan-plan de cette ville qui dans ses moments d’absurde nostalgie lui donne le sentiment que sans conflit ni mal à combattre, il finira nécessairement de s’ennuyer ferme. Non, il ne redoute pas de se faire tuer, encore moins du fait de ses préférences sexuelles… lui qui n’en a pas vraiment dans tous les cas. Il a pu constater le regard de certains, sur cette île, à les voir se promener main dans la main, comme il a vu Finn se manger des réflexions absurdes sous le prétexte aberrant de sa couleur de peau, mais il y a vu une poignée d’individus stupides, il ne s’est jamais senti inquiet ou menacé. Et par ailleurs, ce serait demander la lune à Poe et Finn Dameron que d’attendre de leur part qu’ils sachent un tant soit peu se contenir, eux qui ne savent pas être autre chose que démonstratifs quand ils sont tous les deux ensemble, bien incapable de se décoller l’un de l’autre plus de quelques minutes.

Ennis semble prendre conscience de lui-même de la brutalité de ses interrogations, il finit par se rattraper, d’un ton bien plus hésitant, et Poe l’observe sous un autre jour quand il lui parle de cet ami à lui à qui la chose serait arrivée. Il n’est pas sûr de tout comprendre. Cet ami se serait fait tuer à cause de son homosexualité ? Il ose à peine poser la question de crainte de remuer le couteau dans la plaie. Poe peut manquer de tact, parfois, mais il sait tout de même faire preuve de la délicatesse nécessaire quand la situation l’exige. En l’occurrence, peu importe la nature exacte de cette situation, il voit bien que son ami en souffre, et il ne peut certainement pas vouloir cela pour lui. D’une main hésitante, Poe vient tapoter amicalement l’épaule de son ami. Il le voit dans son regard, dans sa voix, dans son attitude… Ennis est du genre taciturne, c’est jamais simple de savoir ce qui lui traverse l’esprit exactement… mais justement parce qu’il ne se dévoile pas souvent, quand il le fait, c’est d’autant plus bouleversant. Poe n’avait absolument pas voulu appuyer là où ça fait mal, même indirectement, il est pris de court par la douleur pure qu’il découvre dans le regard de son interlocuteur, quelque chose qui semble se partager entre une tristesse infinie et une peur tenace, quelque chose qui le rongerait de l’intérieur.

« Je suis désolé… », fait-il, sincère.

Il le sait, bien sûr, que ces mots-là sont bateau, mais c’est difficile de savoir de quelle manière lui exprimer son soutien autrement. Sur le moment, ça lui semble même impossible, à vrai dire, et il se retrouve démuni face à la détresse affiché d’un ami qu’il n’est pas sûr de savoir soutenir à la hauteur de ce qu’il attend probablement de lui au vu des circonstances.

« Tu sais ce qu’on va faire ? Je vais t’offrir une bière, et tu vas me parler de tout ça, qu’est-ce que tu en penses ? »

Peut-être qu’il en pensera que c’est une très mauvaise idée, mais le pilote a la ferme intention d’insister dans tous les cas.



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Sam 29 Oct - 19:50



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Ennis n’était jamais contre un verre. Qu’importe le jour. Qu’importe l’heure. C’était peut-être un problème, mais il avait accepté sans sourciller la proposition de Poe. Bien souvent, boire lui déliait la langue, même quand il consommait de l’alcool en petite quantité. Jusqu’à la salle de pause de l’aérodrome, il trainait cependant des pieds et ne disait mot. Après mûre réflexion, il regrettait d’avoir initié la conversation sur ce sujet. Ennis savait qu’il aurait dû se mêler de ses affaires ! Il n’avait nul autre choix que de se confier maintenant, une chose dont il avait horreur, parce qu’il était pudique, alors que cela lui ferait un bien fou. Poe aurait le privilège, si on peut dire, d’entendre cette histoire en premier. Ennis n’avait jamais parlé de Jack et de leur histoire à qui que ce soit depuis qu’il était arrivé en ville. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui en manquait : au delà d’être l’homme dont il était amoureux, Jack était surtout une personne très intéressante. Plus que lui en tout cas. Il avait des rêves, des envies, des passions… Il savait ce qu’il ne voulait ou ne voulait pas dans la vie alors qu’Ennis avait toujours été du genre passif face à son existence, laissant les choses venir à lui et lui couler dessus, qu’importe qu’elles soient un problème ou non. Jack avait été la seule perturbation qu’il n’avait pas su gérer, la seule fois qu’il s’était senti réellement vivant. La présence de cet homme dans sa vie lui avait permis de savoir une chose avec certitude : qu’il était capable d’aimer avec passion. Mais juste lui et rien que lui — son existence entière dépendait littéralement de lui et des moments qu’ils avaient pu voler au temps. C’est ainsi qu’il voulait présenter Jack à Poe finalement : comme quelqu’un d’exceptionnel dans son monde d’une simplicité déconcertante.

Une fois dans la salle de pause, Ennis brisait le silence brièvement en remerciant Poe après avoir pris la bière fraichement sortie du frigo qui lui tendait. Il la décapsulait avec ses dents, buvait une gorgée puis restait là, pensif. Il ne savait pas bien par où commencer. Il y avait tant à dire, tant à expliquer, parce que la logique du monde d’Ennis échapperait forcément à celle de Poe qui venait littéralement d’une autre galaxie où ce genre de considération n’avait aucun intérêt. Tout le monde n’en avait littéralement rien à faire des histoires de cœur des uns et des autres dans le sens où chacun était libre d’aimer qui iels voulaient. Le regard dans le vide, après quelques minutes de silence pas vraiment inconfortable, Ennis finissait par déclarer après un bref rire étouffé et nerveux, appuyé contre la table. « J’vivais dans un pays de tarés, quand j’y pense. » Il prit une gorgée de sa bière, à moitié hilare, mais c’était plus un rire amer qu’autre chose. « Par exemple, mon vieux, il a trouvé ça normal de nous emmener moi et mon frère voir le corps d’un mec complètement défoncé et ouvert de partout pour nous dire : “Regardez il va vous arrivez quoi si vous baiser des mecs.” » Si le vocabulaire d’Ennis était relâché, on en saisissait pas moins toute la gravité de la situation ainsi que le traumatisme qu’il avait subi en voyant ce corps décharné et attaqué par les rongeurs et autres animaux nécrophages. C’était cette menace et cette peur tenace qui avaient constamment plané au-dessus de lui, encore aujourd’hui. Sa frayeur avait inévitablement grandi avec le meurtre de Jack. « J’avais neuf ans et mon frère douze. J’entends encore mon père se marrer comme un con, l’air de dire “il l’a bien mérité”. J’suis sûr que c’est lui avec deux gars à lui qui ont fait ça. » Ennis confronte brièvement le regard de Poe avant de faire dissiper son léger mal-être grâce à une grosse gorgée de bière, la mine basse. Cette scène avait beau avoir eu lieu il y a trente ans, son souvenir était encore très net dans l’esprit d’Ennis. Il n’avait eu de cesse de la ruminer, voire pire de remplacer le corps de cet homme par celui de Jack qui était mort dans la solitude la plus extrême. Chaque fois, il avait le cœur serré rien qu’en l’imaginant mort, seul pendant des heures et des heures avant que quelqu’un ne daigne le trouver. À la simple évocation de cet effroyable souvenir, Ennis en avait la gorge serrée et peinait un peu à poursuivre. « Et… donc… Il est arrivé la même chose à mon… ami, tout simplement parce qu’il avait décidé d’être libre d’aimer qui il voulait et… d’être plus… plus courageux que… moi. » Cette fois-ci, Ennis fixait Poe avec de l’émotion dans les yeux puisque les sous-entendus étaient clairs. C’était la première fois qu’il évoquait sa bisexualité même si des mots clairs n’étaient pas mis dessus. C’était un grand pas pour quelqu’un qui avait passé sa vie entière à fuir qui il était réellement à cause de tous ces tabous bien inutiles. Et puis… Pas un seul jour ne s’était écoulé sans qu’il ne regrette la fin de leur histoire à cause de ce déni et sans que Jack ne lui manque terriblement. « Un pays de tarés. » concluait-il en mâchant la moitié de ses mots, étouffés par cette dernière gorgée qu’il prenait en détournant le regard.

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Lun 21 Nov - 22:18



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feat. Ennis



Poe sent bien qu’Ennis n’a pas forcément envie de lui raconter quoi que ce soit, mais il veut du moins lui signifier qu’il le peut s’il le décide, et que le pilote l’écoutera sans apposer de jugement sur son histoire, et surtout en pouvant le comprendre mieux que beaucoup ne le feraient, sans doute. Dans tous les cas, qu’il décide de parler ou bien de plonger dans un mutisme familier, cela ne leur fera pas de mal de prendre un verre malgré tout, et c’est pour cette raison que, sans vraiment attendre la réponse de son ami, Poe le conduit jusqu’en salle de pose, où il extirpe deux bières du frigo. Dans un premier temps, on pourrait entendre les mouches voler. Poe sirote sa bière sans rien dire. Evidemment, il pourrait faire le choix d’accaparer la discussion, c’est même bien souvent ce qu’il a tendance à faire en compagnie d’Ennis (et pas seulement en compagnie d’Ennis), mais ce n’est pas son intention pour autant, car Poe a bien au contraire l’envie de laisser à son interlocuteur toute la latence possible afin que ce dernier s’exprime sur ses états d’âme s’il devait en ressentir le besoin.

Et finalement, oui, Ennis accepte de lui en dire plus. De lui en apprendre davantage sur ce « pays de tarés » duquel il vient, du comportement infect de son père qui lui avait fait comprendre à quoi il s’exposerait s’il osait afficher son goût pour les hommes. Dans cette histoire, le comportement de son père est tout aussi horrifiant que le sort connu par cet homme qui s’était seulement permis d’aimer quelqu’un d’autre du même sexe… rien d’étonnant qu’Ennis en ait été traumatisé… plus encore compte tenu du fait qu’en fin de compte, l’homme qu’il aime avait connu exactement le même sort… puni parce qu’il avait osé assumer sa sexualité. Plus Poe entend Ennis parler, plus il sent l’amertume lui entraver la gorge, si bien qu’il repose sa bouteille sans plus en boire une gorgée. Il n’arrive pas à croire que l’on puisse être à ce point cruel et intolérant. Poe a vu bien des hommes et des femmes mourir, pour ainsi dire, en vain, mais le récit que lui conte Ennis va au-delà de la cruauté commune d’une guerre qui ne fait pas de pitié, c’est un affront cruel à des personnes qui ne faisaient de mal à personne, et certainement pas à ceux qui les avaient agressés.

« Un pays de tarés, tu l’as dit », confirme Poe, mal à l’aise. Ennis n’a pas besoin de l’exprimer en ces termes pour que Poe le comprenne : il avait perdu l’amour de sa vie dans ces conditions cruelles, au nom de tabous absurdes, et qui ne devraient pas avoir la moindre raison d’être. « Ennis… » Il ne sait pas comment l’exprimer de manière convenable. Ce qu’il découvre est si terrible, si odieux, qu’il ne trouve aucune manière… juste et réconfortante d’en parler. Dans tous les cas, il a le sentiment que ses mots sonneront creux. Ce qu’a vécu son ami est… insupportable. Il pourrait répéter qu’il était désolé, et il l’est, mais à quoi bon. « Tu aurais envie de me parler de lui ? De vous ? »

Après tout, peut-être qu’il n’en a jamais vraiment eu l’occasion, peut-être qu’il a dû porter cette histoire comme le plus lourd des secrets sans personne pour partager un peu de cet insoutenable fardeau, et si tel est le cas alors… Poe veut réparer cette situation, et être cette oreille attentive qui jusqu’ici aura manqué à son interlocuteur.

« … enfin, c’est seulement si tu veux. On peut parler de tout autre chose aussi, si tu veux. »


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