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Aujourd’hui, Regulus vient rendre visite à son frère. Oui, ça peut sembler tout bête, et pour pas mal de gens, sans doute cela serait-il considéré comme un événement anodin et sans grand intérêt, sauf que dans le cas de Regulus, un simple constat tel que celui-ci confinerait presque à l’absurde. Et pourtant. Regulus va rendre visite à son frère. Parce que son frère a envie de le voir. Et parce que Regulus, en retour, a envie de voir son frère. Même si plusieurs semaines se sont écoulées depuis leur réconciliation, ce constat continue de résonner d’une façon relativement étrange dans son esprit. Il avait vraiment cru qu’ils seraient pour toujours irréconciliables, et il a depuis si longtemps appris à vivre sans son frère que c’est… étrange, de lui refaire une place dans sa vie. Étrange mais aussi agréable. Chaque instant qu’ils passent ensemble lui rappelle à quel point il lui avait manqué.

Leur complicité très ancienne avait miraculeusement survécu à l’épreuve du temps et de leurs choix respectifs, mais Regulus a conscience du soin qu’il devra prendre à l’entretenir malgré tout pour que cette relation perdure. Son expérience sentimentale récente lui a notamment appris que certaines relations, si on en prend pas suffisamment soin, peuvent juste s’éteindre sans qu’on l’ait véritablement voulu, il ne veut pas laisser la même chose arriver à la relation qu’il partage avec son frère. Ils ont l’occasion de repartir du bon pied, sur de nouvelles bases. C’est sa chance et Regulus en a complètement conscience. Il ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi, il ne peut pas se permettre de jouer avec le feu. Il a toujours une petite appréhension au moment de le voir, quelque chose qui ressemblerait à l’inquiétude de le décevoir, mais cette inquiétude s’estompe chaque fois qu’ils se retrouvent dans la même pièce. Cette fois, alors que Sirius lui ouvre et le prend dans ses bras, ne fait manifestement pas exception à la règle.

« T’inquiète, ça va, j’ai pas eu de problème », répond Regulus à Sirius avec un fin sourire. C’est la vérité, il n’a pas subi d’attaque, il n’a pas rencontré de souci particulier. Est-ce qu’il le lui aurait dit dans le contraire ? Il n’en est pas sûr, mais Sirius n’aurait très probablement pas été dupe de ses mensonges dans tous les cas. « Et ton invitation tombait à pic. En ce moment, Harry est tout le temps fourré à l’appartement », reprend-il avec un soupir las tout en s’affalant sur le canapé. « Je sais pas comment tu le supportes au quotidien. »

L’hôpital, la charité… tout ça. Regulus ne réalise même pas tout de suite qu’il pourrait presque donner l’impression à Sirius qu’il ne vient le voir que pour échapper à l’ambiance oppressante de l’appartement. Ce qui au passage est complètement faux : il est sincèrement heureux de passer du temps avec son grand frère, même si ça ne se lit pas forcément dans son regard ou son attitude.

« Alors, qu’est-ce que tu voulais me montrer ? »

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Regulus affiche un léger sourire en coin quand Sirius lui fait remarquer que s’il avait dû rencontrer le moindre problème, il l’aurait forcément su. Il voudrait prétendre le contraire, mais au fond, il sait que c’est vrai. Même si Reg avait cherché à le lui cacher, Sirius l’aurait appris d’une manière ou d’une autre. Même si leur relation a peut-être connu plus de bas que de hauts, ils sont frères, ils se connaissent depuis toujours, et ce qu’il y a de plus grave le concernant ne pourrait en rien échapper à son grand frère – ce qui au passage a quelque chose de plutôt rassurant, il faut bien le dire.

Donc oui, Sirius a raison, pour Regulus, les choses ne vont pas si mal, même s’il doit tout de même se coltiner la présence de Harry, qu’il s’épargnerait bien, très clairement… Regulus hausse les épaules au moment d’entendre son frère affirmer que les choses ne vont pas trop pour lui en ce moment – ça, il l’a remarqué. Avant d’ajouter que c’était un moldu très sympa (pour le coup, Regulus n’est absolument pas d’accord, mais il va s’épargner tout commentaire à ce sujet, qui seront forcément d’une flagrante mauvaise foi).

« Je vois pas ce qu’il y a de drôle, mais… », se contente de ronchonner Regulus comme à son habitude quand Sirius remarque que s’il avait été perturbé, dans un premier temps, par leur ressemblance, il est aujourd’hui totalement capable de faire la différence entre eux.

Il préfère ne pas s’appesantir sur le sujet malgré tout. C’est assez, tous ces clones qui traînent de partout, pas la peine d’en rajouter une couche en leur donnant plus d’importance encore que prévu. De toute manière, ils ne sont pas là pour ça, Sirius a quelque chose à lui dire, et Regulus est de plus en plus curieux de savoir quoi, car pour l’heure il est incapable de savoir de quoi il retourne plus exactement. Il est intrigué et en partie inquiet, même si, s’il se fie à l’attitude de Sirius, ce n’est rien de grave (ceci dit, Sirius lui donne un peu trop souvent l’impression de ne rien prendre au sérieux, même si ce n’est pas le cas). Mais quelque chose d’important quand même. Cet aveu qu’il veut lui faire est une manière semble-t-il de leur permettre de se rapprocher, de renouer, de retrouver leur complicité d’antan.

« Je dirai rien, c’est promis. »

Il n’attend même pas de savoir de quoi il retourne pour faire une telle promesse. A ses yeux, elle coule de source. Il ne se voit pas trahir l’un des secrets de Sirius quand ce dernier lui adresse suffisamment de confiance pour lui parler d’une chose qu’il avait jusqu’ici gardée pour lui.

« Je suis supposé avoir une opinion sur les animagi ? » demande-t-il tout d’abord, déconcerté par la nature de sa question, avant que ses rares neurones ne daignent finalement se connecter. « Attends… t’es un animagus ? »

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Sirius lui aura définitivement tout fait… Regulus s’était à peu près attendu à tout et n’importe quoi quand son frère lui avait confié vouloir lui apprendre quelque chose d’important, mais cette hypothèse était au bas de sa liste. Non, soyons honnête, elle n’était pas sur sa liste du tout, mais est-ce que ça doit le surprendre ? Pas vraiment… Ce qui est étonnant, c’est qu’il ait réussi un tel exploit alors qu’il était encore un ado. C’est pas donné à tout le monde d’être un animagus, alors tenter et réussir l’effort ado… Comment avait-il pu prendre une décision si spécifique sur un coup de tête ? ça le dépasse un peu mais en même temps… C’est Sirius, Regulus est tenté de penser que les plus grandes décisions de sa vie ont toutes été prises sur un coup de tête, alors un peu plus un peu moins. Mais ça, c’est quand même une sacrée décision… et presque un peu absurde par certains aspects, quand on y réfléchit.

« Mais j’ai répondu à ta question », se défend Regulus alors que c’est totalement faux. Non, il n’a pas répondu à sa question, il a répliqué par une autre question, ce qui n’est pas du tout la même chose… Maintenant, il n’est pas sûr de vouloir donner une quelconque opinion. S’il dit que les animagi ne lui plaisent pas, est-ce qu’il va se renfrogner ? Et s’il dit au contraire qu’il en est admiratif, est-ce que Sirius va le chambrer en lui apprenant que c’était juste une blague ? Bon, il se pose vraiment trop de questions… En fait, il sent que Sirius est tendu, et ça le tend également de son côté, très clairement. Il devrait probablement rendre à ce moment un peu de sa solennité, en réalité. « J’ai vraiment pas d’opinion là-dessus. Je veux dire, si vraiment t’en es un et que t’as réussi ça alors que t’étais ado c’est… bluffant. »

Mais en même temps, Regulus n’est pas totalement surpris non plus, parce que Sirius a toujours été brillant, bien plus intelligent que la moyenne. Bien plus intelligent que lui, d’ailleurs, ce qui était une frustration constante, dans sa jeunesse. Quand Regulus devait se démener pour réussir ses études et obtenir les meilleurs résultats possibles, passait des heures à réviser et à se démener, tout semblait venir de façon naturelle, fluide, à Sirius. Être la relève de la famille quand on faisait ce constat, ça rajoutait naturellement une pression supplémentaire. Il a dépassé cette jalousie depuis, mais c’est vrai que parfois, elle n’est pas si loin de refaire surface.

« Je vais pas te juger ou je sais pas quoi, en fait, je vais même t’envier si tu veux savoir. Enfin, ça dépend de l’animal dans lequel tu te transformes », remarque-t-il, songeur en envisageant la forme que pourrait lui révéler son frère.

Et lui ? S’il devait être un animagus… La pensée fugace de l’humiliation ultime que serait le fait de s’efforcer d’être un animagus pour finalement se changer en larve le fait doucement sourire, mais il la garde pour lui-même.

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Regulus peut faire sa mauvaise tête, c’est même sa spécialité, à vrai dire, mais il comprend bien vite que le sujet tient à cœur à son frère, et si c’est une information qu’il aurait peut-être exploitée par le passé à son avantage, en cet instant, il veut surtout agir en bon frère avec Sirius, être à l’écoute et agir de la bonne manière vis-à-vis de lui. Si Sirius accepte de lui confier un de ses plus grands secrets, Regulus veut se montrer à la hauteur de ce dernier, et pour cette raison, il daigne l’écouter et accepte de répondre plus largement à la question de son aîné.

Regulus fronce les sourcils quand Sirius affirme que c’était la chose à faire à l’époque. Il a du mal à comprendre en quoi devenir un animagus peut être la chose à faire. Il en parle d’un ton si sérieux que le plus jeune des deux frères est convaincu qu’il lui manque une donnée importante. Il a envie de le chambrer pour en obtenir davantage : s’il doit connaître enfin son secret, c’est quand même frustrant qu’il n’en comprenne pas tous les tenants et aboutissants. Même de la part de Sirius, prendre la décision de violer la loi pour se changer en animal au gré de ses fantaisies, surtout alors qu’il était adolescent et que c’était un exploit forcément difficile à accomplir, ça lui paraît particulièrement… hasardeux ? Ou bien c’est que lui.

« Ouais, avoue surtout que t’avais perdu un pari avec les crétins qui te servaient de meilleurs amis », il réplique quand même plus pour la forme qu’autre chose.

Même quand il insulte allègrement les maraudeurs, c’est fait avec beaucoup moins d’animosité que celle dont il faisait usage à l’époque pour parler d’eux : et pour cause, il ressent bien moins d’agacement et de haine envers eux qu’à une époque, loin de là, même… enfin, il ne deviendra jamais le meilleur ami d’aucun d’entre eux, et encore moins de Potter le voleur de frère, mais il peut reconnaître qu’il serait capable, sans mauvaise foi, de leur être reconnaissant pour avoir servi de soutien à Sirius quand ce dernier avait décidé de ne plus compter sur sa famille. Les amitiés de Regulus, en comparaison, avaient toutes été relativement superficielles, fondées sur des aspirations et des croyances qui ne sont aujourd’hui plus les siennes, il n’a pas connu la véritable amitié, pas comme Sirius semble l’avoir connue. Et bien sûr, ça l’a rendu jaloux, et il sera toujours jaloux d’eux (sauf de Pettigrow, il refuse de jalouser un type tel que Pettigrow, jamais de la vie).

Il a pas le temps de dire autre chose que Sirius se transforme sous ses yeux en un énorme chien noir. Regulus avait beau s’être attendu à ce que son frère se transforme, il n’en est pas moins impressionné, et il l’observe avec des yeux ronds.

« Wow… OK je vois… Attends pas à ce que je te gratte la tête ou que je te donne un os à ronger par contre. »

Voilà qu’il parle à son frère. Qui est littéralement un chien. De mieux en mieux, Reg.

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Regulus est sincèrement impressionné par les prouesses magique de son frère, qui ne font que lui confirmer une chose que, dans le fond, il a toujours su, en fin de compte, même si ce n’était pas forcément simple à admettre. Sirius a toujours été plus doué que lui. De manière naturelle, intuitive. Ce que Sirius réussissait sans avoir à faire beaucoup d’efforts, Regulus devait passer des heures à étudier, à bûcher et à s’entraîner pour y parvenir. Si, à l’âge où y était parvenu son frère, Regulus avait cherché à devenir animagus, peut-être y serait-il parvenu, mais très probablement en beaucoup plus de temps qu’il en avait fallu à son grand frère. Ce n’est pas forcément une chose simple à admettre, mais c’est clairement un fait, malgré tout. Oui, Sirius est sacrément doué, et il le prouve une fois encore.

Regulus a toujours estimé ne pas aimer les chiens. Sans franchement de raison particulière. Pour le principe. Parce que c’est bruyant, ça prend de la place, ça bave, faut les sortir et ça fout des poils partout – et oui, Peter aura beau insister, Regulus n’est clairement pas près à accueillir un canidé sous son toit. Mais pour le coup, il songe qu’il ne verra plus jamais les chiens de la même manière à compter de maintenant. Parce qu’il trouverait ça très étrange de caliner un chien qui s’avère être son frère, Regulus reste à distance, mais ne manque tout de même pas de signifier à son aîné qu’il est impressionné. Il aurait sans doute gardé cela pour lui, autrefois, mais ils ont clairement fait du chemin, depuis, suffisamment en tout cas pour que la question ne se pose plus.

Quand Sirius se recule, Regulus est quasiment certain qu’il s’apprête à se retransformer. Oui… sauf que rien ne se passe. Il le voit se remettre dans une certaines positions, encore et encore, et Regulus, qui dans un premier temps considérait que son frère se fichait de lui, commence à se poser de très sérieuses questions. Ceci dit, ce serait bien le genre de son frère de lui faire ce genre de mauvaises blagues.

« Tu vas pas me faire croire que t’arrives pas à te retransformer, si ? »

Regulus prend un air désabusé, juste au cas où son frère se foutrait de lui, afin de faire mine qu’il n’est pas tombé dans le panneau, sauf que les minutes se succèdent et que Sirius, sous sa forme de chien, n’a pas l’air de plaisanter du tout. Il gémit plaintivement, et Regulus sent bien que quelque chose ne va pas.

« Attends… t’es sérieux, t’y arrives vraiment plus ? » Regulus se redresse et se rapproche de son frère, comme s’il pouvait lire dans le regard de l’animal un signe ou non de sa sincérité. « Je te jure, Sirius, que si c’est une blague, c’est vraiment, mais alors vraiment pas drôle », fait-il d’un ton bougon en le fixant de cet air qui le met au défi de se foutre de lui.

Sauf que, la réalité, c’est que Regulus commence à vraiment s’inquiéter.

« Je peux faire quoi ? Un finite, ça peut fonctionner, tu crois ? »

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En cet instant, Regulus regrette de ne pas être legilimens. Si c’était le cas, peut-être qu’il parviendrait mieux à comprendre la situation dans son ensemble, et à quel point elle peut éventuellement être désespérée – ou pas. En l’occurrence, il n’en a pas la moindre idée, il n’est pas capable de savoir s’ils seront capables de s’en sortir ou si cette situation est véritablement désespérée. Il n’arrive pas à savoir s’il va pouvoir trouver une solution ou si son frère va se retrouver bloqué dans le corps d’un chien pour une durée indéterminée. Regulus tente de se montrer attentif à tous les signes notables qui lui permettraient de comprendre de quoi il retourne.

Regulus ne perd pas de vue le fait qu’il peut toujours s’agir d’une blague, mais il n’est franchement pas confiant malgré tout. Parce que même si les farces de mauvais goût sont un peu l’apanage de son frère, il ne pense pas qu’il la ferait durer aussi longtemps. Il pense devoir prendre cette situation au sérieux. Il voit le chien s’agacer… enfin, il suppose qu’il s’agace, alors oui, il cherche à lancer un premier finite, qui, bien évidemment, ne fonctionne pas. Ça ne pouvait pas être aussi simple.

Alors, Regulus, désemparé, tente à peu près tous les sorts de sa connaissance. La plupart ne produisent tout simplement aucun effet, d’autres en revanche ont un effet inattendu, comme ce sort qui a agrandi ses pattes de plusieurs longs centimètres, lui donnant une allure monstrueuse, et que Reg avait rapidement annulé. Un autre sortilège avait donné une couleur rose vif à son pelage…

« Je vais te laisser comme ça un petit peu », fait-il avec un sourire.

Autant trouver un minimum de satisfaction et de réconfort à cette situation improbable et chaotique. Ça ne l’empêche pas de se sentir inquiet, mais ça l’empêche de trop songer au fait qu’il est inquiet, justement… Regulus s’agace tout seul, il ne sait vraiment pas quoi faire… demander à d’autres sorciers ? Probablement, mais il n’aime pas l’idée de se dire qu’un autre aura trouvé une solution qui ne lui serait pas venu lui-même.

« Bon… bon… tu viens avec moi le temps qu’on comprenne ce qui t’arrive, d’accord ? Je t’emmène à l’appart », décide-t-il.

Il a beau savoir qu’il s’adresse à son frère, il continue de se trouver ridicule à l’idée de faire la conversation avec son chien. Cette situation échappe totalement à son contrôle, et ce n’est certainement pas une chose qu’il pourrait vouloir. Regulus prend donc la décision de le ramener chez lui. Quand ils arrivent à l’appartement, Regulus annonce directement la couleur à Peter.

« T’excite pas, j’ai pas changé d’avis, je veux toujours pas de chien à l’appart mais… » Il pousse un soupir. « C’est un cas particulier. » Et, admettant qu’il devra se montrer plus précis, il reprend. « C’est Sirius », explicite-t-il donc, tout en devinant que même si Peter en a suffisamment entendu pour pouvoir tout entendre, ce n’est pas pour autant qu’il ne va pas tomber des nues.

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Comme il fallait s’y attendre, Peter est surexcité à l’idée de découvrir un chien dans leur appartement. Forcément, depuis le temps qu’il parle d’en prendre un et que Regulus freine ses envies et ses attentes. Mais non, qu’il ne se réjouisse pas trop : Sirius retrouvera très vite son apparence normale… il est hors de question que la situation se prolonge plus longtemps. Regulus essaie de faire comprendre que c’est bel et bien Sirius qui se retrouve ainsi sous l’apparence d’un grand chien noir, mais Peter ne veut rien entendre, trop accaparé par l’animal. Regulus ne peut s’empêcher de pouffer légèrement quand Peter le baptise « Bernard » - il ressortira ce surnom à son frère, tiens. Il peine à reprendre son sérieux quand Peter continue en lui demandant de quelle race il s’agit… Une part de lui zest tenté de rentrer dans ce jeu et de laisser Peter croire que ce chien est comme tous les autres – avant tout pour emmerder Sirius… mais à l’inverse de son frère aîné, Regulus n’a jamais été un grand plaisantin, loin de là.

« C’est Sirius, je te dis », fait-il quand même, en espérant convaincre Peter, alors que Sirius, qui n’a pas l’air si inquiet que ça, fait tranquillement le tour du propriétaire comme s’il était vraiment chez lui… Eh bien… de mieux en mieux ! Non mais vraiment, hein ! C’est absolument parfait (non, ça l’est pas). « C’est un animagus, il a le pouvoir de se changer en  animal », explicite-t-il, en espérant que Peter ne sera pas suffisamment accaparé par les allées et venues du canidé pour lui adresser l’attention qu’il réclame. « En chien, en l’occurrence. J’étais pas au courant. Il me l’a montré tout à l’heure, quand on était chez lui. Sauf que depuis… il arrive pas à se retransformer. » Quand il prononce ces mots, Regulus ne sait pas trop si cette situation doit le paniquer ou l’amuser. Sirius, de son côté, a l’air de le prendre sacrément bien, mais Regulus n’est pas si confiant. S’ils n’arrivaient pas à le retransformer ? Peut-être que Sirius est détendu maintenant, il le sera probablement beaucoup moins, plus tard. « Avant que tu le suggères, ouais, moi aussi, je pensais qu’il se foutait de ma gueule… même maintenant j’ai un doute. »

Mais il est quasiment sûr du contraire. La blague a assez duré, et depuis un moment déjà… Et Sirius aurait probablement consenti à se retransformer après que Regulus ait tenté les sortilèges les plus aléatoires sur lui.

« J’ai tout tenté pour lui faire retrouver sa forme initiale, mais comme tu vois… » Il soupire de mécontentement. « Bernard, tu t’éloignes du tapis, je veux pas de tes fichus poils partout ! » ordonne-t-il à l’adresse de son chien de frère en insistant bien sur le nom « Bernard »…

Bon, si ça ne dure que quelques heures de plus, ce sera probablement supportable. Mais pas davantage.

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Regulus essaie de prendre les choses à la légère autant que possible, parce que de toute façon, ce n’est pas en paniquant qu’ils arriveront à quoi que ce soit, mais il n’empêche qu’il reste assez difficile de faire preuve de sérénité dans de telles circonstances. C’est même impossible, à la vérité. Le jeune homme hausse les épaules d’un air faussement décontracté, donc, quand Peter lui demande s’il est déjà arrivé à Sirius d’être bloqué de la sorte.

« Pour ce que j’en sais non, mais je savais pas qu’il pouvait faire ça avant aujourd’hui, alors bon… »

Ceci dit, connaissant son frère et le sachant particulièrement doué en tout, se retransformer devait être un jeu d’enfant en temps normal. Si ça ne fonctionne pas, ici et maintenant, c’est qu’il y a forcément un truc… Sans doute que, comme pour tout le reste de leurs pouvoirs, ses talents d’animagus n’ont pas directement été aussi optimaux que dans leur ancienne vie… quelque chose dans ce goût-là. Ce qui doit vouloir dire que ça va revenir, mais ça risque de durer un moment.

« Je pense que si j’en parle à Dumbledore, il pourra résoudre le problème facilement, mais il a d’autres choses à gérer, j’ai pas vraiment envie de le déranger pour… » Il baisse un regard atterré sur son frère. « … ça. »

Mais il risque de ne pas avoir le choix malgré tout. Cette situation a presque quelque chose d’un peu comique – de carrément comique, en fait, quand Peter demande à Bernard si sa préférence va au pâté ou aux croquettes, mais ce ne sera drôle qu’un temps malgré tout.

« On va te filer de l’eau, au moins… Et fous pas des puces partout, tu seras gentil… Je me méfie d’où t’as traîné », ajoute-t-il d’un ton sérieux, mais avec un fond malicieux. « J’espère un peu que la situation se résorbe toute seule, même si bon… c’est difficile à dire. »

A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles… Encore faut-il savoir quelles mesures l’on est supposé prendre exactement. Ce n’est pas comme si c’était une situation que l’on rencontrait à toutes les encablures, clairement pas.

« M’enfin… Au moins, j’ai pas l’impression que ça l’affecte tant que ça… », soupire Regulus en regardant son chien-frère bondir sur le canapé et s’y ébrouer en pure provocation. Il ne faudra pas que cette situation dure trop longtemps quand même mais ça malheureusement… Ils n’en savent rien. « Tu me diras si tu voudras encore un chien après ça », ajoute-t-il dans un léger soupir à l’adresse de son colocataire.

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Cette histoire commence sérieusement à traîner en longueur, ce qui n’est clairement pas pour rassurer Regulus qui, s’il arrive de temps à autre à s’amuser de cette situation, est bien souvent incapable de jeter des regards à la dérobée en direction de son frère sans redouter qu’il reste comme ça éternellement. Etrangement, Regulus a le sentiment que Sirius n’est pas si incommodé que ça par son statut… Mais c’est après tout assez difficile à dire. Même s’il se révèle être un chien relativement expressif, ce n’est pas pour autant qu’il est capable de lire son esprit et de comprendre plus précisément ce qui s’y cache. Regulus ronge son frein, il s’est résigné : si d’ici deux jours, rien n’a changé, il ira voir Dumbledore – cela fait déjà beaucoup trop longtemps qu’il laisse la chose traîner, et il n’en peut plus d’inquiétude pour son frère.

Peter a l’air plus ravi que lui, et pour cause, lui qui insistait pour qu’ils aient un chien… à certains moment, Regulus se demande si les deux n’ont pas manigancé dans son dos, purement et simplement, dans le but de lui en faire voir de toutes les couleurs, ou de le faire craquer pour un vrai chien, en chair, en os et en poils tout fluffy… Si en contrepartie, on pouvait lui rendre son frère, Regulus dirait clairement oui tout de suite, pour être honnête… Même s’il se garde quand même de le dire trop fort en compagnie de Peter, au risque que ce dernier le prenne au pied de la lettre.

Concernant ce dernier, d’ailleurs, il vient juste de revenir des courses avec un paquet chargé de nécessaires de toilette canine. Regulus affiche un léger sourire en coin, qui se résorbe tout de même bien vite, à cette vision. Il a l’impression que tout ceci ne s’arrêtera jamais. Comme s’il avait pris part à une blague d’absolument mauvais goût, mais qui surtout n’aurait pas de fin.

« Compte pas sur moi pour participer à ça », le prévient Regulus en regardant Peter et Sirius en mode Bernard se regarder en… chiens de faïence. Il ne sait pas lequel des deux va sauter sur l’autre, mais il sait qu’il ne s’interposera pas. Cette petite mascarade durera le temps qu’elle durera, mais Regulus perd doucement patience tout de même, il faut bien le dire. « J’en ai déjà fait beaucoup trop. »

Ne serait-ce que de devoir aller promener Bernard régulièrement, c’était déjà trop, à la fois pour son humeur mais aussi pour son ego, alors maintenant, il laisse Peter jouer les dog-sitters autant qu’il veut, c’est son problème.