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Intrigue n°3 ✧ Our Garden of Eden - - Jack x Ennis

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Anonymous

Invité



Jeu 7 Juil - 14:25



Our Garden of Eden

Qu'est-ce que j'irais faire au paradis
Quand tu t'endors près de moi?
Qu'ils le donne à d'autres, le paradis
Je n'en voudrais pas.

Une brise matinale s’engouffrait dans la tente. Délicate comme une caresse, elle ébouriffait subtilement les quelques mèches de cheveux d’Ennis qui sortaient du duvet. L’homme ronchonnait, se retournait. Comme une brute. Parce que c’était ce qu’il était : une masse dénuée de délicatesse. Sur les flancs des montagnes en altitude, l’été avait beau battre son plein, il faisait toujours aussi frais, qu’importe la saison. Le soleil perçait la tente ici ou là de ses rayons tandis que les oiseaux pépiaient gaiement quand leurs cris n’étaient pas couverts par ceux des moutons à quelques mètres en contrebas. Ennis s’éveillait doucement. Il sortait d’abord un bras de son duvet pour tâter les alentours à la recherche de son paquet de cigarettes. Trouvé. Sans prendre conscience encore de son environnement, les yeux à moitié ouverts, il se débarrassait de son duvet et sortait sa tête de la tente, la clope au bec. Ronchon et aveuglé par le soleil qui filait doucement vers son zénith, il se servit de sa main comme visière. Tout s’éclaircissait et il ne fallut pas plus d’un battement de cœur raté pour qu’Ennis reconnaisse l’endroit qu’il n’avait jamais réellement quitté dans ses pensées — Brokeback Mountain. Rien n’avait changé. L’endroit était intact. Il retrouvait en une seconde ses dix-neuf ans bien tassés. Mais surtout…

Ennis sortait précipitamment de sa tente, comme s’il avait reçu un coup d’électricité. Son camp de fortune était là. Son cheval aussi. Les moutons. Il se moquait de tout cela, cherchant un point précis dans l’horizon. En contrebas, il apercevait des volutes de fumée s’échapper de la cime des arbres. Connaissant l’endroit par cœur, il pouvait même deviner la tente du camp de base derrière les feuillages, l’emplacement des chevaux, le bordel du camp et surtout Jack en train de préparer le repas du matin. Ennis ne s’interrogeait même pas sur l’étrangeté de l’instant. À aucun moment il ne se doutait que c’était l’île qui lui jouait un tour — il n’en avait rien à foutre. Tout ce qu’il voyait, c’est que, par miracle, on l’avait ramené à l’endroit qu’il n’avait jamais quitté, l’endroit où il s’était senti pleinement heureux, pleinement libre. Pleinement lui. Jack était forcément en bas. Il ne pouvait en être autrement. Et c’est animé par cet espoir qu’Ennis montait à cru son cheval. Pas le temps de lui mettre sa foutue selle et ses rênes. Pas le temps pour rien. Pas le temps pour tout. Parce que Jack avait assez attendu. Parce que Jack l’avait assez attendu.

Ennis talonnait son cheval comme une brute. Déjà au triple galop, ce n’était toujours pas assez rapide pour lui. Il serrait si fort la crinière du canasson en signe d’impatience que ce dernier s’ébrouait parfois. Maître de sa monture, contrairement à la fois où elle s’était échappée à la vue d’un ours, lui laissant en guise de souvenir une tempe exposée, Ennis arrivait à la calmer avant de repartir de plus belle. Un mètre parcouru, c’était un mètre en moins qui l’éloignait de son amour. Ennis était galvanisé. Possédé par une énergie étrange. La dernière interaction qu’il avait eue avec Jack était d’une violence inouïe à l’abri des regards dans ce studio de cinéma. Il avait été immonde avec Jack, niant comme à chaque fois la douleur et les sentiments de l’homme qu’il aimait — Ennis était un homme profondément égoïste. Mais là, en cet instant, pas une once de colère, de haine ou de rage ne l’habitait, comme si rien de tout cela n’avait existé, mais simplement un amour profond qui l’exaltait. Ennis Del Mar, sur le dos de son cheval, retrouvait cette sensation de bien-être absolu qu’il avait perdu il y a de cela fort longtemps. Ennis Del Mar était amoureux depuis très longtemps et pour la première fois de toute sa vie entière, il laissait ce sentiment se diffuser dans son corps, son âme, sans l’entraver. Brokeback lui donnait des ailes et pour une fois, il ne cherchait pas à les couper.

Sur son trajet, sans comprendre pourquoi, il se souvenait d’un article tiré d’un magazine dit « féminin » que Junior lui avait lu dans un souci de combler les blancs initiés naturellement par son père. « Tu sais c’est quoi les flammes jumelles, papa ? » Ennis avait considéré sa fille avec un brin de mépris. Pourquoi venait-elle lui casser les oreilles avec ces conneries de bonnes femmes ? Pourtant, même des années après, les paroles de son ainée résonnaient encore profondément en lui : « L’article dit : "Les flammes jumelles ce sont deux âmes identiques qui se sont divisées au moment de la naissance d’une seule flamme, de manière à rejoindre deux corps physiques différents. La rencontre de ces deux personnes réveille leur lien si particulier. Cela entraîne des manifestations physiques, émotionnelles, énergétiques, une attraction magnétique très forte. C’est une rencontre bouleversante autant pour l’un que pour l’autre." » Les paroles de Junior avaient perturbé le père : elles faisaient écho à sa propre situation qu’il taisait depuis deux décennies. La rencontre bouleversante, c’était dans ce bureau miteux ; c’était quand leur bouche s’était rencontrée, quand leur corps avait explosé dans une passion dévorante. La rencontre bouleversante, c’était Jack tout court, Brokeback Mountain et les vingt années qui suivirent. Le cheval fouettait le sol avec une violence presque barbare — miroir du cœur d’Ennis qui cognait sa cage thoracique avec autant de brutalité. Sa tête s’embuait de souvenirs — uniquement ceux partagés avec Jack, qu’importe qu’ils soient heureux ou non, avec en filigrane, la voix de sa fille qui continuait de s’égrener dans son flot de pensées. « "Chaque relation de flammes jumelles est composée d’un runner, qui fuit, et d’un chaser, qui court après celui qui fuit. Le premier se mettra un voile devant les yeux concernant la nature du lien qui l’unit à l’autre, tandis que le deuxième fera tout pour recoller les morceaux avec ce premier au moment de la séparation et se placera souvent dans un rôle de sauveur." » Toute sa vie, Ennis avait été le runner. « I ain’t queer. » tandis que Jack avait eu le malheur de camper à la place du chaser « It’s nobody’s business but ours. » Le voile devant les yeux d’Ennis, c’était cette homophobie profondément ancrée dans sa culture, dans son sang, dans l’époque dans laquelle il avait grandi. Jack avait tout fait pour recoller les morceaux entre eux en laissant à Ennis tout l’espace dont il avait besoin dans un premier temps avant de le mettre au pied du mur parce qu’il n’en pouvait tout simplement plus de lui courir après. Aujourd’hui, revenus mystérieusement à Brokeback, les rôles s’étaient inversés — sur son cheval, Ennis était le chaser, et Jack, le cœur en miette à cause de son amant, prenait la place du runner. Ennis se souvient que, continuant inlassablement de lire cet article, Junior avait parlé des étapes de fusions des âmes jumelles. Il y en avait sept et aujourd’hui, Ennis et Jack franchiraient la sixième — les retrouvailles. Ennis venait de passer la cinquième seule, celle du lâcher prise. Il restait encore du chemin à faire, beaucoup, mais enfin il ne rejetait plus cet amour inconditionnel pour Jack Twist.

Arrivé sur le camp de base, Ennis émergeait des feuillages sur le dos de son cheval. Rien n’avait changé, comme si une main divine avait tout fait pour reconstituer l’endroit de leur rêve à l’identique pour mieux les duper. La ville était cruelle, sadique, mais encore une fois, Ennis n’en avait rien à foutre puisqu’elle l’avait libéré de ses chaines en recréant son paradis. Il remarquait surtout Jack — il éclipsait tout le reste, devenant le roi de cette étrange scène. Il retrouvait sa bulle, plus aucun bruit autour d’eux, seulement leurs deux âmes, leurs flammes, prête à s’unir de nouveau. Toutefois, Ennis ne serait pas Ennis s’il ne laissait pas un blanc flotter entre eux. Toujours perché sur son cheval, il observait Jack, ou plutôt il tombait en extase devant lui. Ennis avait beau le connaître par cœur, il parvenait encore à découvrir des détails sur lui qui le faisaient retomber inlassablement amoureux. Il s’attardait surtout sur ses yeux qu’il ne quittait plus. Dans son cœur, leur dernière altercation aux studios n’avait jamais existé. Parce que les choses avaient toujours été ainsi entre eux : les soleils chassent les nuages houleux. À Brokeback Mountain, il n’y avait jamais eu la place pour ce genre de conflit. Pas de guerre au paradis. Que ce soit ici ou dans leur monde, cet endroit avait toujours été hors du temps et de l’espace. Un monde dans un autre monde comme la faille ouverte par la ville l’avait laissé sous-entendre.

Le plus naturellement du monde, Ennis brisait enfin le silence qu’il avait imposé. Pas de bonjour, ni de demande d’explication quant à leur présence ici, juste : « On finira toujours par s’retrouver, pas vrai ? » Un sourire timide s’ancrait sur ses lèvres. Il aimerait descendre de son cheval, attraper Jack, l’embrasser, mais il avait peur de s’en prendre une, à juste titre. Si avant, un tel constat avait été un poids, une fatalité qu’Ennis ne pouvait se résoudre à accepter, aujourd’hui, c’était un soulagement, un pas vers son Eden. Ils se retrouveront. Toujours.

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Ven 8 Juil - 12:40





Intrigue n°3  ✧ Our Garden of Eden - - Jack x Ennis 34QDIntrigue n°3  ✧ Our Garden of Eden - - Jack x Ennis 3biO
All we got is Brokeback Mountain

feat Ennis


Dans le brouillard le plus total, la brume s'est levée sur le camp de base plus vite que dans ton esprit qui peine à comprendre comment il peut être possible pour toi de te retrouver ici après avoir été là-bas... Mais est-ce que t'y as été, seulement ? Et qu'est-ce que ça signifie ? Tu compenses l'incompréhension par la contemplation. Tu regardes le paysage qui s'étend tout autour de toi et tu ressens, au-delà du doute et des incertitudes un sentiment de plénitude qui immédiatement te réchauffe le coeur. Tu es Brokeback Mountain. Tu es chez toi. Ici, rien ne peut t'atteindre... Ici, le doute est permis, mais pas la douleur, encore moins celle que t'as trop endurée ces derniers temps, et plus encore depuis que t'as retrouvé Ennis et dû faire face à sa colère, à sa rage... Est-ce que c'est le paradis ? ça y ressemble. Si ta mort avait dû te mener en enfer, cette putain d'île où t'as passé plus de trois ans y ressemblerait fort... Peut-être qu'on a eu pitié de toi, qu'on s'est dit que tes retrouvailles avec Ennis étaient l'ultime punition. Maintenant, t'as le droit à la paix éternelle, Jack. Ton Eden. Brokeback. Mais pas sans Ennis. Quand t'entends le trot d'un cheval à plusieurs mètres, ton premier réflexe et de te redresser sur tes deux jambes et de regarder dans sa direction le coeur battant. Si c'est lui alors... Alors tu auras la conviction de bel et bien te trouver au paradis.

Tu reconnais sa silhouette en approche et t'as l'impression que tout est à sa place. Tu penses même plus aux paroles pourtant si dures que vous vous êtes échangés, tu veux juste qu'il soit là, et le prendre dans tes bras, le serrer aussi fort que tu le peux contre toi, ne plus jamais le lâcher, sous aucun prétexte. Et le reste tu t'en fiches. Tu n'as pas besoin de t'en soucier. Il n'y a plus que vous. Et Brokeback. Le reste ? Eh bien... le reste tu t'en moques. Tu le regardes sans bouger, et un silence accompagne ces retrouvailles qui auraient dû être vos vraies retrouvailles selon toi. Sans douleur, sans heurts. Ou presque. T'as toujours ce pincement au niveau du coeur, mais il est compensé par toutes les autres émotions qui bataillent en toi... Et qui son toutes les plus heureuses, elle.

On finira toujours par se retrouver, pas vrai ?

Vrai... Tu penses à lui poser un milliard de questions. Est-ce que t'as tout rêvé ? Est-ce qu'il est réel ? Est-ce que vous êtes morts tous les deux ? Mais t'as envie de gâcher ce moment sous aucun prétexte. Tu veux juste profiter du fait qu'il soit là, et de ces mots qu'il prononce et que t'as envie d'entendre mille fois. Tu veux pas penser au reste. Il fallait que vous vous retrouviez, et vous vous êtes retrouvés, alors le reste... Le reste, on s'en fout, au final, pas vrai ? Toi, en tout cas, tu décides que tu t'en fous. Tu te fous de tout ce qui n'est pas lui, là, tout de suite. T'as juste envie de profiter de sa présence... de t'assurer que sa présence est bien... réelle.

"On m'échappe pas si facilement", tu finis par répliquer avec un fin sourire en coin. "Descends de là."

C'est presque un ordre que tu lui dos tandis que tu tapotes le flanc de sa monture comme une invitation. Descends de là que je puisse me précipiter dans tes bras et t'embrasser jusqu'à ne plus avoir de souffle. Et le reste on s'en fout. Le reste on s'en fout pour toujours. Y a que nous au monde.

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Dim 24 Juil - 14:16



Our Garden of Eden

Ennis et Jack s’entendaient sur une chose : ils n’en avaient rien à foutre de la nature de cette brèche temporelle qui les avait transportés jusqu’ici. Ils n’étaient pas des scientifiques ou des êtres obnubilés par la recherche de vérité. Tout ce qu’ils voyaient, c’est que l’univers les avait une nouvelle fois réunis. « On m’échappe pas si facilement » avait-il dit. Ennis avait fait capoter leurs retrouvailles à cause de cette violence naturelle chez lui. Il avait fui. Encore., Mais il n’avait toujours pas compris que, qu’importe les chemins qu’il empruntait pour sa cavale, les signes de l’univers le ramenaient toujours et indiscutablement vers Jack. Il ne pouvait échapper à l’homme de sa vie, car Jack était tout simplement son Destin, sa Voie. On le ramènerait toujours à lui, de gré ou de force. Et qu’importe les vociférations du dénommé Ennis Del Mar, Jack et lui formaient un noyau qui devenait instable dès que l’un se trouvait trop loin de l’autre. Leur fusion provoquait des étincelles de passion, une vague de chaos indescriptible, mais qu’importe, c’était leur façon à eux de s’aimer : dans l’extrême. Il ne pouvait en être autrement quand on nait et grandit dans une époque telle que la leur.

Pourtant, pour la première fois de toute leur existence amoureuse, aucune violence ne semblait planer entre eux. Ennis était bien évidemment toujours exalté par cette excitation et impatience de retrouver Jack qu’il avait toujours eu. Elles le possédaient littéralement, tordant avec un sadisme certain son cœur déjà bien éreinté par les effluves amoureux qu’il ressentait dès qu’il était à moins d’un kilomètre de son bienaimé. Mais pour une fois, au lieu de lutter contre ses sentiments qu’il avait jugés comme étant contre nature depuis des temps trop longs pour être comptés, Ennis semblait avoir fait la paix avec eux, les avoir embrassés, les avoir empoignés à bras le corps. Il n’avait jamais ressenti une telle sensation de bien-être, mais surtout un tel bonheur de ne plus lutter contre lui-même et cet amour qui avait toujours considéré comme un ennemi. Il se rendait compte des années qu’il avait perdues à cause d’un tel comportement. « Bien pour tirer ton coup, mais pas suffisamment pour faire vraiment partie de ta vie. » C’était faux. Terriblement faux. Mille fois Ennis aurait pu partir avec lui s’il n’avait pas laissé sa peur l’engloutir. Elle était encore là, bien sûr, parce qu’on ne pouvait pas éradiquer en un claquement de doigts un démon qui vous avait bouffé la vie pendant deux décennies. Mais aujourd’hui, Ennis Del Mar avait pris la décision de ne plus la laisser gagner cette bataille en lui. On lui offrait une troisième chance de retrouver Jack. Il n’était pas en colère. Ennis non plus. Alors au diable la morale et tout le reste. Il n’y avait plus qu’eux sur les toits de ce Brokeback Mountain reconstitué. Ils étaient les rois du monde.

Ennis ne se fit pas prier quand Jack lui suggérait de descendre. Et comme chaque fois qu’il retrouvait son amant, l’homme se jetait sur lui comme un assoiffé. Il laissait libre cours à sa passion et son amour quand il l’embrassait avec cette même folie qui l’avait constamment habitée. Jack lui faisait tourner la tête, planer dans des cieux pleins d’allégresse. Dans ses bras, l’embrassant à en perdre haleine, Ennis se sentait enfin complet ayant retrouvé son autre moitié d’âme. La rencontre de ces deux personnes réveille leur lien si particulier. Ennis redécouvrait Jack. Tout le temps. Chaque baiser, expression de tendresse, regard ou tout autre geste était une nouveauté. Pas un seul instant Ennis n’avait ressenti de la lassitude à ses côtés. Un moment d’éternité avec Jack était une aventure, une trouvaille, un trésor, un territoire encore inexploré. Rien ne se perd tout se transforme. – leur fusion était telle qu’elle formait un cercle vertueux de création : celui d’un amour infini que le temps ne peut altérer. La violence de sa passion ne s’écoulait que quelques brefs instants avant qu’Ennis ne se mette à l’embrasser avec une douceur si pure, si tendre qu’elle paraissait presque… anormale. Jack avait pu entrevoir cet Ennis-là en de très rares occasions et le principal concerné ne cherchait plus à contenir ce pan de sa personnalité très secrète. Jack méritait de la connaître pleinement après tout ce temps. « Pardon. » Sa bouche soufflait cette excuse dans la discrétion la plus totale avant qu’elle ne soit totalement avalée par la reprise du baiser par Ennis. Toujours plus langoureux. Toujours plus amoureux. Il ne détaillait pas les raisons de cette demande de pardon parce qu’il avait tant à se faire pardonner – pardon pour la vie de merde qu’il avait fait vivre à Jack en lui donnant l’impression qu’il n’était qu’un divertissement et rien d’autre, pardon de ne pas l’avoir protégé et sauver de cette morte certaine, pardon d’être un gigantesque connard avec la capacité émotionnelle d’un adolescent qui ignore comment gérer les émotions qui le traversent, pardon pour ses retrouvailles à chier qu’Ennis avait gâché alors qu’elles auraient pu être magnifiques, pardon d’avoir manqué de courage, pardon pour la violence, pardon pour la colère injustifiée. Pardon pour tout.

Manquant considérablement d’air, c’est à contrecœur qu’Ennis dut se résoudre à mettre fin à ce baiser. Il ne s’éloignait pas pour autant de son amant dont le souffle mourrait contre ses lèvres. Ennis fermait brièvement ses yeux pour mieux en profiter maintenant que son front se retrouvait collé au sien. Ses mains sur ses joues, il se risquait même à les caresser avec la douceur dont il avait fait preuve quelques instants plus tôt. Il était dans une communion telle avec Jack qu’il n’avait aucune envie de briser le silence reposant dans lequel ils baignaient. « Je t’aime. » finissait-il par lâcher le plus naturellement du monde. Tout bas. Avec une certaine discrétion. C’était la première fois que Ennis lui disait quelque chose d’aussi fort, la première fois qu’il était aussi clair. Son cœur battait si vite qu’il ne le sentait même plus dans sa poitrine – cette sensation était très loin d’être désagréable. Au contraire, elle l’enivrait. Ennis esquissait même un fin sourire quand il redressait la tête pour pouvoir regarder Jack dans les yeux dans lesquels il se perdait alors qu’il continuait ses caresses sur sa joue. Ennis aimait Jack. Et vous pouviez faire suivre cette affirmation d’une pléthore d’adjectifs pour intensifier son effet autant que vous voulez, aucun ne serait assez fort et surtout assez juste pour décrire la réalité de l’amour qu’Ennis éprouvait pour Jack. Personne ne le saurait jamais, sauf Jack parce qu’ils étaient issus de la même flamme avant d’être scindé en deux et envoyé dans des enveloppes corporelles distinctes. Ennis n’ajoutait rien de plus de crainte de gâcher l’instant présent avec des mots superflus. Ils n’avaient pas besoin de parler de toute façon : en un regard Ennis et Jack se comprenaient et saisissaient ce qui était tu.

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Mar 2 Aoû - 12:09





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All we got is Brokeback Mountain

feat Ennis


La violence et la brutalité qui a toujours caractérisé la plupart de vos échanges, tumultueux dans leur beauté passionnée comme dans leur rage destructrice, semblent ne pas avoir lieu d'être ici et maintenant. Ce que tu lis dans les yeux d'Ennis Del Mar, c'est la beauté, l'intensité, la puissance d'un amour indéfectible. Il y a de la tendresse, aussi, dans son regard, celle qui permet une certitude absolue, celle de sentiments qui ne s'éteindront jamais : et bordel ce que ça fait du bien que de pouvoir lire cela dans ses yeux ! Il a envie de s'imprégner de l'instant et de ne plus jamais songer à tout ce qui pourrait faire qu'il dégénère. Et les possibilités sont nombreuses, pourtant. Vous pouvez bien décider de ne rien en avoir à foutre que de vous retrouver ici sans raison, ce n'est pas pour autant que cette situation n'est pas étrange, et qu'elle ne va pas vous retomber sur le coin de la gueule d'une manière ou d'une autre. Pourquoi vous êtes de retour à Brokeback Mountain ? Pourquoi t'es en vie ? Faudrait peut-être y penser, non ? Peut-être bien, mais tu le feras pas, t'as pas envie de te laisser parasiter par ces pensées désagréables. Y a que le meilleur qui reste, et le mauvais qui s'effondre et se dissipe, au profit de cette flamme qui brûle intensément et qui vous consume : celle d'une flamme impérissable.

Ennis ne se fait pas prier pour descendre de sa monture, et à peine a-t-il mis ses deux pieds au sol qu'il se précipite contre tes lèvres. Vous vous embrassez comme si vous vies en dépendaient. Toi, t'as vraiment l'impression que c'est le cas. Tu respires à peine quand ses lèvres ne te coupent pas le souffle. Ses baisers sont puissants, ses lèvres ont une saveur qu'aucune autre ne pourrait égaler. T'as le coeur qui bat la chamade, t'as l'impression que y a plus rien, plus rien que vous. Et t'en profites, t'en profites si fort. Tes doigts s'agrippent à chaque fragment de tissu et de chair, à tout ce qui te rappelle qu'il est là, tout contre toi, là et nulle part ailleurs. Entre deux baisers passionnés, il te le dit. Ce mot que t'avais tant besoin d'entendre : "Pardon". T'accueilles ces excuses avec gratitude et passion. Tout est pardonné, tu t'en fiches tant qu'il est là, tant qu'il peut te promettre d'être toujours là, et de ne surtout jamais te quitter, de ne surtout jamais te laisser... Tu veux que vous vous donniez enfin cette chance que vous n'avez jamais su saisir auparavant. Dans ce monde ou dans l'autre, peu importe... Tant que vous êtes ensemble. Tant que votre monde ne se réduit qu'à vous, à vous et à vous seuls.

Ton coeur chavire quand, sa main caressant doucement ton visage, il te fait la déclaration la plus puissante et la plus bouleversante qu'il puisse t'adresser. Au fond, vous le savez, que vous vous aimez, mais c'est la première fois que vous vous le dites : et ces paroles te font un bien fou. Ton sourire s'agrandit, t'as des larmes dans les yeux, que t'essaies même pas de dissimuler tant tu te fiches de tout, et encore plus de ce que ces larmes pourraient dire de ta faiblesse. Parce que tu t'en fiches d'être faible et vulnérable quand t'es avec lui.

"Je t'aime aussi, Ennis Del Mar", tu lui réponds sur le ton de l'évidence la plus pure. "Je t'aime plus que tout."

Ta phrase se perd contre ses lèvres tandis que tu l'embrasses à nouveau à pleine bouche. C'est ce que doit être ta vie, à présent. Juste vous deux, pour toujours.

"Je sais pas ce qui se passe, je sais pas ce qu'on fiche là, je sais pas ce qui va se passer, mais ce que je sais, c'est que je veux plus jamais te perdre, Ennis. Ça fait trop mal."

T'attends pas qu'il te réponde, t'attends même aucune promesse. Tu dis juste ce que tu penses, parce que ça fait du bien de lâcher enfin les vannes, une bonne fois pour toutes. Mais il peut ne rien te dire, ça t'est égal. Ce que les mots ne savent pas dire, vos corps l'exprimeront, eux qui s'aimantent et qui manifestent ici et maintenant le besoin pur et strict de se retrouver.

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Mar 13 Sep - 0:44



Our Garden of Eden

Ca fait trop mal.

Qui de mieux placé qu’Ennis pour confirmer les propos de Jack ? Il ne l’avait jamais exprimé que ce soit physiquement ou verbalement, mais vivre loin de lui avait toujours été une souffrance qu’il ne parvenait point à nommer. Elle était trop intense et dévorait ses entrailles chaque fois que Jack et lui se quittaient après leurs weekends précieux hors du temps. Impossible de comparer sa mort et l’absence à de la torture tant la douleur qui en découlait encore plus indescriptible que tout ce qu’il avait encaissé pendant deux décennies. La mort de Jack avait entrainé la disparition de son âme. Ennis était réduit à une coquille vide qui avançait machinalement dès que Jack avait quitté la surface de la Terre. Une flamme jumelle n’a plus de raison d’exister sans son double. Combien de fois, seul dans sa caravane aussi déglinguée que lui, Ennis avait pensé à prendre son fusil de chasse, à plaquer le canon contre son menton et à appuyer sur la gâchette pour le rejoindre dans ce paradis ou cet enfer qu’on avait tant promis aux gens comme lui ? Qu’importe, tant qu’il serait avec Jack. Un paradis sans lui n’a pas plus de sens qu’une existence terrestre loin de ses bras. Chaque fois, ce qui l’avait empêché de passer à l’acte, c’était ses filles. Il ne voulait pas qu’elles vivent sans père — il savait que trop bien la peine que cela représentait. Il valait mieux un père décevant comme lui qui faisait de son mieux que pas de père du tout. Penser au fils de Jack qui avait donc perdu le sien l’aidait à tenir aussi, aussi étrange que cela puisse paraître. Puis, jamais il n’aurait voulu que Junior ou Jenny le découvre des semaines plus tard, le crâne éclaté par cette balle avec les insectes mortuaires autour de lui qui auraient commencé leur travail de décomposition sur son cadavre. Alors oui, plus que jamais, Ennis ne voulait plus perdre Jack. Il savait que trop bien ce qu’il risquait s’il vivait encore une éternité sans l’homme qu’il aimait à en perdre la raison. Comme toujours, il ne répondit point et se contentait de hocher la tête pour confirmer à Jack que cette envie était partagée. Sentant que les larmes lui montaient, Ennis préférait fermer les yeux et coller son front contre celui de son petit chéri pour entrer dans une sorte de communion avec lui alors qu’il continuait de caresser sa joue avec la plus grande des douceurs. Il sentait son cœur vibrer à l’unisson avec le sien. Les flammes jumelles s’étaient enfin retrouvées.

Ennis laissait quelques secondes filer avant de déposer un tendre baiser contre les lèvres de son amant et l’abandonner une nouvelle fois. « Viens, faut que j’te parle. » Pour l’entraîner avec lui, quand il partait, Ennis laissait sa main retomber le long du bras de Jack pour attraper plutôt mollement sa main à lui avant de la lâcher quand il sentait qu’il le suivait. Le blondinet était comme ça : des démonstrations de tendresse maladroites tout en parcimonie. Il avançait vers le feu de camp pour s’asseoir sur l’un des rondins. En attendant que Jack ne vienne, Ennis attrapait son paquet de cigarettes dans sa poche, en glissait une entre ses lèvres et se penchait vers le feu pour l’allumer. Il avait le temps de tirer une longue latte dessus avant que Jack ne s’assoie à côté de lui. Puis, même quand il était là, puisqu’Ennis n’était pas le plus à l’aise avec les mots, il laissait à nouveau un petit moment de flottement s’installer entre eux. Il n’avait jamais parlé autant de toute sa vie, surtout aussi intimement. Il n’était pas du genre à s’épancher réellement sur ce qu’il ressentait, où alors quand il le faisait… Ce n’était jamais très concluant comme seules sa violence ou sa colère s’exprimaient. Là, il voulait prendre le temps, choisir les mots justes pour que sa pensée soit la plus précise et claire possible et que Jack saisisse toutes les nuances de son propos. Il s’éclaircissait la gorge, tirait une énième latte et se lançait enfin non sans une certaine timidité — ce qui expliquait pourquoi il ne regardait pas son amant. « Tu sais… Quand on s’est vu au studio… T’as dit un truc… C’était pas vrai. » Rien que de repenser à cette dispute orageuse, Ennis sentait son estomac se nouer et lui donner presque des hauts le cœur. Il avait encore honte de son attitude et d’avoir une énième fois brisé Jack qui n’avait rien demandé. Il prit alors une grande inspiration, fumait encore et enchaînait. « Quand t’es… tu sais… » mort. Ennis n’arriverait jamais à le dire, car c’était une réalité trop douloureuse à accepter pour lui et le mot en lui-même rendait ce réel trop tangible. Ennis était dans le déni, mais c’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour survivre un tant soit peu à cet événement tragique. « Ca m’a pas soulagé. Mais genre, pas du tout. Je… » Il s’arrêtait. Ennis sentait qu’il était en train de creuser au plus profond de ses émotions et c’était quelque chose de compliquer pour une personne comme lui qui ne l’avait jamais fait en quarante années de vie. Il n’osait pas alors que le mot était là, sur le bout de sa langue ! Il était trop timide pour le dire. Trop pudique. Il poussait un profond soupir tout en passant sa main contre son front — vaine tentative pour contenir sa nervosité. Ennis n’allait pas pouvoir se cacher derrière son silence, c’était trop tard maintenant qu’il s’était lancé. « Ca m’a détruit. J’l’ai appris d’une manière horrible aussi. J’t’avais envoyé une carte, on m’l’a renvoyé avec juste le tampon “décédé” mis dessus. Voilà c’que t’étais, à quoi on t’avait réduit — à un putain de tampon sur une carte. Quand j’ai appelé Lureen, c’était pire, putain. T’aurais dû l’entendre… J’avais l’impression qu’elle parlait d’une bagnole qu’elle avait envoyée à la casse. Elle était super froide. Ca m’a énervé, surtout quand elle a dit qu’tu voulais qu’on foute tes cendres ici (Il tendait son bras pour désigner les montagnes qui se dressait devant eux), mais que, comme personne trouvait, t’avais forcément inventé cet endroit. Que ça existait pas. Alors que bordel, ça a existé ! T’as existé ! Nous deux aussi, c’était pas rien, j’ai pas rêvé c’que j’ai vécu avec toi, putain. Ca m’a foutu en colère que personne te respecte. Ton père aussi j’voulais le démolir, mais j’pouvais pas le faire devant ta mère. C’est la seule qui a montré un peu de tristesse pour… c’qui t’es arrivé. » Ennis n’était pas un imbécile. Il savait très bien pourquoi Lureen et le père de Jack avaient eu un tel comportement : ils savaient. Et c’était la ruine de leur famille. Même si Ennis pouvait comprendre leur honte ou leur gêne parce qu’il avait souffert de la même chose pendant si longtemps, il n’empêche qu’il avait quand même trouvé leur attitude déplacée et que ça lui avait donné des envies de meurtres. Jack, l’homme de sa vie, était mort et méritait un peu plus de respect.

Ennis recentrait la conversation sur ses états d’âme. Le procès de Lureen et du père de Jack pourrait être fait plus tard ou jamais. Il tirait une longue latte sur sa cigarette avant de reprendre. « Quand t’es parti… » Il pinçait brièvement ses lèvres quand il sentait sa gorge se nouer sous le coup de l’émotion. Il n’arrivait cependant pas à tout contrôler et laissait échapper quelques sanglots discrets qui ne provoquaient pas de trémolos dans sa voix, le tout, sans jamais regarder Jack. « Quand t’es parti… J’l’ai senti… Y’a… Une partie d’moi qui s’est… éteinte. J’étais tellement en colère contre moi, si tu savais. En colère pour t’avoir traité comme j’l’ai fait. De pas avoir profité plus de toi et… convenablement surtout. Je te cherchais… absolument… partout. » Rapidement, il essuyait ses joues du revers de sa main avec la manche de son blouson marron terne. Il avait tant nourri l’espoir de revoir un jour Jack qu’à chaque fois qu’il avait vu un type de sa taille, brun, avec son gabarit… Son cœur avait tressauté pour mourir avec plus de violence encore que la déception précédente. Ennis s’était senti maudit, condamné à souffrir pour son incapacité à aimer correctement Jack qui lui avait tout donné. « J’étais… constamment hanté par ton souvenir, j’sentais ton fantôme me suivre partout. J’avais plus de but. J’errais sans fin, comme un con, de ranch en ranch, pensant que le temps ferait son affaire, mais t’étais constamment là… Dans ma tête. Dans mes tripes. Mon cœur. Partout. Dès que j’fermais les yeux la nuit pour m’endormir, c’était toi que je voyais. Tout. Le. Temps. Et le réveil… Putain… C’était pire que tout parc’que c’était le moment où j’captais qu’c’était qu’un rêve. » Il riait, nerveusement, amer, glissant sa cigarette à nouveau entre ses lèvres avec ses doigts tremblotants sous l’émotion. Énième latte. Énième silence. « Ma vie, ou ce qu’il en restait, était à l’arrêt dès que t’étais plus là. J’m’en foutais de ce qu’il pouvait m’arriver. J’en avais plus rien à foutre. J’voulais être qu’avec toi. À te chercher comme ça comme un dingue, j’devenais taré, j’te jure. En plus j’arrêtais pas de boire alors ça aidait pas… Puis… Junior elle voulait… que je rencontre quelqu’un, que j’me remarie ou une connerie du même genre. Elle voulait pas que j’reste tout seul parce qu’elle devait sûrement sentir que… j’étais là sans… être là. Que je pouvais faire une connerie sans savoir ni comprendre pourquoi. » Ennis poussait un profond soupir, baissant la tête pour cacher son émotion qu’il camouflait aussi en rabattant un peu son chapeau. Il se sentait complètement vidé. À bout. Ressasser sa souffrance était mauvais. Mais il le fallait. Pour passer à autre chose. Pour avancer avec Jack. Pour repartir sur des bases saines. Il ajoutait néanmoins une dernière chose, sa cigarette coincée entre ses lèvres. « Ce qui m’a tué, en plus de t’perdre, c’est de réaliser avec ton absence à quel point j’t’aimais et à quel point j’ai été con de jamais te l’avoir dit, ni montrer. Alors forcément quand je t’ai vu dans cette ville bizarre, quand on s’est retrouvé c’était… tellement trop beau pour être vrai que j’ai eu… c’comportement d’merde. J’avais trop peur de m’réveiller, que tu m’échappes encore et d’voir qu’c’était qu’un rêve. J’l’aurais pas supporté, Jack. Parce que je t’aime trop et que vivre sans toi c’est… » Indescriptible. Alors ce jour là, au studio, il s’était encore une fois laissé dépasser par ses émotions. Ennis s’était toujours demandé comment Jack (ou même Alma) avait pu tomber amoureux de lui. Il se voyait comme une mauvaise herbe dont on ne pouvait tirer rien de bon. Il était si rustre, mutin, ronchon et tout un tas d’autres défauts qu’il peinait à croire qu’on puisse voir assez de bon en lui au point d’en tomber amoureux. À la place de Jack, il ne se serait même pas supporté une seule semaine. Mais qu’importe, il était encore là après tout ce qu’il lui avait infligé, même après sa mort. Un grand soulagement pour Ennis.

Bref silence de quelques secondes durant lequel Ennis finissait sa cigarette et l’éteignait en l’écrasant du plat du pied. « Par contre… Y a un truc que j’ai découvert après… » Il ne disait toujours pas le mot. Toutefois, au vu du sourire qu’il esquissait, un rictus heureux et complice, Ennis allait évoquer enfin quelque chose de plus gai. C’était même la première fois depuis le début de son monologue qu’il regardait Jack sans crainte. Son émotion semblait s’être évaporée pour laisser place à cette joie intense qui illuminait agréablement sa petite mine qui savait être adorable parfois. Il se penchait d’ailleurs un peu vers Jack et le toisait d’un air taquin. Son visage était si près du sien qu’il n’avait qu’à s’avancer un peu pour l’embrasser, mais il se retenait cette fois-ci. « T’es un putain de voleur, Jack Twist. C’était toi qui avais ma chemise que j’ai “perdue” ici. » Rieur, pour plaisanter, Ennis lui mettait un coup amical dans l’épaule. La chemise. La fameuse chemise enlacée dans celle de son amant qu’Ennis avait encore sur cette île et dont il ne se séparerait pour rien au monde. Elle était le symbole de cet amour qui résistait à tout : aux colères, aux bagarres, aux tempêtes, à l’espace, au temps, mais surtout à la mort. Ennis pourrait s’échapper autant qu’il veut, Jack aussi, l’un sera toujours là pour rattraper l’autre, d’une façon ou d’une autre. Ils étaient le destin de l’un et l’autre. Un destin trop beau pour être gâché une seconde fois.

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Ven 30 Sep - 11:41





Intrigue n°3  ✧ Our Garden of Eden - - Jack x Ennis 34QDIntrigue n°3  ✧ Our Garden of Eden - - Jack x Ennis 3biO
All we got is Brokeback Mountain

feat Ennis


T’attends aucune réponse de la part d’Ennis. Tu te sens capable de te contenter de la chaleur de son front contre le tien, de tes gestes, de la caresse de ses doigts contre ta joue. T’attends rien d’autre de sa part. Tu sais qu’il est pas bavard, et tu sais même pas si les mots sont nécessaires. Tu l’as retrouvé, vous vous aimez, y a rien d’autre qui compte à tes yeux, en cet instant, dans ce putain de monde. Mais ça, c’est ce que tu penses parce que, justement, tu lui as pas donné l’occasion de s’exprimer, de te dire ce qu’il pense réellement. Tout ce qu’il t’a jamais dit parce qu’ouvrir son cœur, ça a jamais été son truc pour commencer, et toi, t’entends tout ça, et tu te sens plus touché que jamais. Tu le suis sans broncher quand, après avoir posé un nouveau baiser sur tes lèvres, il te fait comprendre qu’il doit te parler. C’est qu’une fois que vous êtes assis, chacun votre cigarette au bec, qu’il passe au grand déballage, celui auquel tu t’attendais pas, celui qui te scie sur place.

Tu sais que t’as été dur, au studio. D’ailleurs, tu pensais pas du tout, ou pas vraiment, ce que t’as dit. T’imaginais pas qu’Ennis soit cruel au point de se sentir soulagé par la nouvelle de ta mort. Tu sais pas comment tu l’aurais vécu, s’il avait disparu avant toi… en fait, t’es pas sûr du tout que t’aurais été capable de survivre à sa mort. Ça t’aurait brisé. Et il te dit la même chose de son côté. Ça l’a détruit. Littéralement détruit. C’est clairement pas ce que tu voulais, et t’es horrifié par la manière dont il a appris la nouvelle, d’une manière brutale et impersonnelle. Quant à sa conversation avec Lureen, tu ne peux qu’imaginer à quel point ça a dû être horrible… Parce que Lureen… Bref… Y avait qu’Ennis qui était digne de pleurer ta mort… et t’étais même pas sûr qu’il l’avait fait. Maintenant, tu l’es. Et ça t’émeut de plein de manières. T’as jamais voulu lui faire autant de mal, même indirectement. Non, toi tu voulais tout l’inverse, en fait.

Tu dis rien, y a rien à dire. Tu continues de l’écouter et son discours te fend le cœur en même temps qu’il te fait du bien. C’est la première fois qu’Ennis se montre aussi direct, aussi transparent, aussi bavard te concernant, vous concernant. Tu voudrais que ce soit dans des conditions moins dramatique, ça c’est clair, n’empêche que ça te fait du bien de l’entendre quand même. T’as le cœur serré à entendre la manière dont il a subi, enduré ta mort, amputé d’une partie de lui-même. Vous pouvez pas être l’un sans l’autre, c’est ça la vérité. C’est ça que toute cette situation de merde à révélé au grand jour. Quand tu penses qu’il en a fini, tu veux lui répondre, lui dire à quel point son amour n’est pas en vain, et à quel point tu l’aimes en retour, mais il t’en laisse pas le temps, pas tout de suite en tout cas. Quand il te dit qu’il a découvert un truc ensuite, tu t’attends au pire, mais son baiser dissipe tout malentendu. Sa chemise. Tu peux pas t’empêcher de lâcher un léger rire tout contre ses lèvres.

"Elle m’allait mieux qu’à toi, j’y peux rien", tu fais sans préciser l’évidence, le besoin que t’avais eu de garder quelque chose de lui pour pas avoir le sentiment de le perdre totalement. "Putain Ennis… je t’ai jamais autant entendu parler de toute ma vie", tu reprends en venant glisser une main dans ses cheveux. "J’peux même pas imaginer ce que t’as vécu, je peux pas…" Tu pousses un soupir. "Tu me fuiras plus, pas vrai ? On peut pas vivre l’un sans l’autre. Tu le sais, je le sais. On est ensemble maintenant, y a rien qui peut nous séparer, je suis là, t’es là, alors… on se sépare plus, tu me le promets ? Je pourrais pas vivre une seule minute loin de toi, plus maintenant." Tu récupères ta clope que tu laissais se consumer entre tes doigts. "Je t’aime comme un putain de malade, Ennis, et ça me rend encore plus malade quand t’es pas avec moi."


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Dim 27 Nov - 14:05



Our Garden of Eden

C’était bien la première fois qu’Ennis et Jack étaient pleinement d’accord sur quelque chose. Lui non plus ne voulait plus jamais le perdre ou se déchirer avec violence avec lui. À défaut de savoir avec certitude s’il était prêt à le montrer au plus grand monde, Ennis acceptait cependant enfin l’amour qu’il éprouvait pour Jack. Pour son propre bien et celui de l’homme qu’il aimait, il s’était enfin débarrassé de ce premier tabou qui lui avait bouffé la vie pendant vingt longues années — aimer Jack n’avait absolument rien d’anormal. Leur passion était aussi belle que toutes les autres, aussi légitime, voire plus. Fréquenter Poe et les discussions qu’il avait pu avoir avec lui lui avait fait énormément de bien et lui avait ouvert les yeux sur beaucoup de choses. À la première réflexion de son amant, Ennis laissait échapper un rire aussi discret que sa personne avant de tirer longuement sur sa cigarette et d’en expirer la fumée. Ennis voulait taquiner Jack en argumentant que c’était faux, que la chemise était mieux sur lui et qu’au contraire, il préférait voir Jack sans rien à la place. Mais il n’était pas encore prêt pour ce genre d’intimité à cause de cette gêne qu’il avait au fond de lui — on n’éradiquait pas quarante ans d’erreur comme ça. Puis il avait surtout trop parlé, sûrement plus que durant sa vie entière. Néanmoins, il ne pouvait pas le nier : parler lui avait fait un bien fou et ne le regrettait pas. Voir et surtout entendre que cela faisait autant de bien à Jack l’aidait à se sentir moins mal à l’aise et timide face à sa longue tirade très personnelle et pleine d’émotion.

Au tour de Jack de parler donc, de s’épancher plus succinctement, car pendant vingt ans il n’avait fait que ça. Il n’avait plus rien à prouver. Il avait toutefois le talent d’être économe en mot et d’arriver à exprimer tant à la fois. Heureusement que Jack était expressif d’ailleurs, sinon jamais leur histoire n’aurait pu avancer d’une façon ou d’une autre. Son amant lui demandait de promettre des choses, notamment celle de ne plus vivre l’un sans l’autre, celle d’arrêter de fuir, de se cacher dans des craintes qui n’avaient pas lieu d’être. Étrangement, Ennis était apeuré à l’idée de lui promettre quoi que ce soit. En vingt années de relation décousues, il avait tout bonnement été incapable de s’engager avec lui ou de prouver quoique ce soit. Qu’est-ce qui lui garantissait que cela pourrait changer ? En attendant, pendant tout le temps qu’il parlait, Ennis ne le lâchait pas un seul instant des yeux, plus qu’amoureux. Parfois, puisque désormais il avait ce besoin irrépressible de le toucher sans avoir aucune contrainte pour l’entraver, Ennis lui caressait brièvement la joue lorsque ses mains n’étaient pas occupées avec sa cigarette. Mais la peur liée à l’engagement que sous-entendait une promesse était encore là et l’angoissait même un peu, quelque part. Alors le regard d’Ennis divaguait vers le ciel d’un bleu immaculé, vers les montagnes où s’étalait autrefois le troupeau de moutons qu’ils devaient garder. Ennis soupirait. À quoi bon lutter ? La peur serait toujours là. Pour de multiples raisons. L’avenir était une donnée inconnue et imprévisible pour tout être alors si Ennis continuait de se perdre dans son univers fait de « si » et de « mais », jamais il n’avancerait. Et désormais, dans ce nouveau monde, il voulait prendre des risques, ne plus laisser ses angoisses le diriger au risque de passer à nouveau à côté de sa vie. « Promis. » Il lui jugeait en se perdant à nouveau dans ses yeux, sa main libre allant chercher la sienne, la serrant. Il eut même un geste surprenant : celui de la baiser sur le dessus tendrement avant de s’asphyxier à nouveau avec sa cigarette qui arrivait à sa fin. D’une pichenette, il laissait le mégot tomber à ses pieds et l’écrasait avec sa chaussure. C’était le moment qu’il choisit pour ajouter : « J’ai besoin de toi, moi aussi. Plus que je l’aurai cru. Alors… » Il relevait la tête, glissait pleinement cette fois-ci ses mains sur les deux joues de Jack. « J’te laisse plus. J’fuis plus. » Il attendait que son amant se débarrasse de sa cigarette pour l’embrasser.

Ennis ne se contentait pas de promettre, il agissait. C’était d’ailleurs un point fort chez lui et une qualité qu’on ne pouvait pas lui retirer. On le sentait même assez timide sur le coup : son léger rictus en coin le trahissait tout comme son regard qui divaguait un peu. « Tu sais… J’sais pas combien de temps on va rester ici ni même si on va retourner dans ce monde bizarre un jour, mais… » Dans un tic nerveux, Ennis se grattait la joue, laissant ensuite sa main se faufiler dans sa nuque. « … J’ai… un ranch là-bas et… » Ennis se rasseyait correctement sur le tronc, face à la montagne. Au lieu de profiter de la sérénité du paysage, il avait la tête baissée, le regard rivé sur ses pieds tandis qu’il tripotait nerveusement ses doigts. Il y avait cependant une seule chose qui persistait : son sourire timide. Après un relatif silence, il finissait enfin sa phrase. « Il manque définitivement quelqu’un. Et j’parle pas de quelqu’un pour m’aider. » Ce n’est qu’à ce moment-là qu’Ennis arrivait à dépasser sa timidité et à retrouver non sans un plaisir certain le visage de son aimé. Son sourire s’élargissait, les pommettes rosées. Ennis Del Mar serait-il réellement en train de proposer à Jack Twist de s’installer avec lui ? Il semblerait que oui. Sans l’ombre d’un doute même. Ennis se sentait prêt. Des ajustements seraient bien entendu nécessaires, ainsi qu’un temps d’adaptation comme ils n’avaient jamais vécu plus de quelques jours ensemble, dans un contexte bien particulier. Mais pour une fois, Ennis avait confiance et voulait se faire confiance et surtout faire des efforts pour Jack. Comment pouvait-il savoir, de toute manière, que cela fonctionnerait ou non s’il ne tentait pas cette aventure avec lui ? Sur certaines choses, Ennis ne changerait probablement jamais ou difficilement, mais il avait appris de ses erreurs et ne voulait surtout pas les reproduire. Surtout avec Jack. C’était un premier pas vers du mieux. Un pas de géant même.

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Ven 6 Jan - 9:34





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feat Ennis


Quelques secondes subreptices, Ennis a ri. Un rire discret mais franc, un rire qui t’a réchauffé le cœur instantanément. Bordel, ce que tu peux aimer le voir sourire ! Tu donnerais tout pour entendre encore son rire… Tu donnerais tout pour lui. Y a cette part de toi qui reste inquiète, forcément, que cette sorte d’intermède bizarroïde qui ressemblerait presque à un trip hallucinogène te retombe sur le coin de la gueule à un moment donné… Parce que si Ennis t’a déclaré son amour fou dans ces conditions, qu’est-ce qui te garantit qu’il en sera capable quand vous ne serez plus seuls au monde. Y a un moment donné où le monde extérieur vous rattrapera. Tu sais pas quand, tu sais pas vraiment de quelle manière, mais tu sais que ça arrivera forcément. Putain… Mais qu’est-ce qu’on s’en fout, en même temps ? Tu veux tout rejeter, tout ce qui n’est pas vous. C’est lui et toi. Ce sera toujours lui et toi. Vous vous aimez, après tout. C’est bon, c’est dit, c’est gravé pour toujours dans le marbre de votre histoire, et y a rien d’autre sur quoi tu veuilles vraiment t’attarder. C’est si bon de l’exprimer sans la barrière insupportable de tabous oppressants, ces mêmes tabous qui ont eu ta peau ! Tu peux pas passer à côté de ça, Ennis.

Cette promesse qu’il te fait, celle de plus jamais te fuir, tu la gardes précieusement, et tu la portes en ton cœur avec force. Tu le lui rappelleras au moindre écart, mais t’as confiance en lui. Il en aura fallu du temps et des épreuves, pour que vous consentiez à enfin faire ce putain de pas en avant, mais t’es heureux d’avoir tenu bon. Il fallait une bonne occasion, un vrai bon moment, c’est maintenant. Quand il plonge son regard dans le tien, c’est impossible d’avoir le moindre doute. Et quand il te dit qu’il a besoin de toi, qu’il le laissera plus, y a plus rien d’autre qui compte. Quand il t’embrasse, c’est un putain de feu d’artifices qui explose en toi… Evidemment qu’on emmerde le reste. Quand tes lèvres embrassent les siennes, quand vos langues se caressent, c’est le monde qui peut s’effondrer sans que t’en aies plus rien à foutre. C’est toi, lui, et la chaleur de vos corps pressés l’un contre l’autre.

Tu réponds à son sourire timide par un sourire, de ton côté, plus franc, à quelques centimètres à peine encore de ses lèvres, alors qu’il te parle de son ranch, de la possibilité qu’ils y vivent ensemble. Tu sais plus vraiment si t’as envie de retourner sur cette île qui a peut-être plus à vous apporter que cet endroit, mais d’un autre côté. Ici, c’est Brokeback Mountain. Ici, c’est votre royaume. Ton regard suit celui d’Ennis, et pendant quelques longues et agréables secondes, tu contemples le paysage autour de vous, à couper le souffle… T’as pas envie de quitter ces montagnes, t’as pas envie de te déparer de ce sentiment de sérénité qui t’enveloppe dans ces circonstances.

"Ici, ailleurs, je m’en fiche, tu sais", tu fais en attrapant la main d’Ennis, agitée de nervosité, pour la serrer fermement dans la sienne. "Je vais pas te laisser seul dans ton ranch, pas vrai ? Et même si on retournait sur cette putain d’île étrange… Ce serait pareil." A mi-mots, tu le lui dis, que tu veux vivre avec lui, peu importe où vous vivez. Tu poses ton front contre le sien, tu savoures son souffle aux relents de tabac, tu résistes pas à l’envie de l’embrasser de nouveau. "Alors, tu me le montres, ce ranch ?"

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Jeu 19 Jan - 0:16



Our Garden of Eden

Ici ou ailleurs, je m’en fiche tu sais.

Ces mots trouvèrent un écho particulier dans le cœur d’Ennis pour la simple et bonne raison qu’il aurait tout simplement pu en être l’auteur s’il était plus loquace et plus ouvert que son amant sur tout ce qui avait attrait aux confidences et aux sentiments. Ennis et Jack ne se complétaient pas simplement sur le plan physique, mais également sur tout le reste où l’un était une réponse à l’autre. Après tant d’années, Ennis était encore fasciné par cette fusion des âmes extrême qu’il y avait entre eux que ni les épreuves et le temps n’avaient réussi à altérer. L’univers avait décrété qu’ils étaient faits pour être ensemble et que jamais un·e autre partenaire ne saurait les combler. Alors oui, tant qu’ils étaient là l’un pour l’autre et qu’ils avançaient enfin main dans la main sans se soucier des autres, tout le reste n’était que détails futiles. Ennis ne pensait même plus à ce moment-là aux amants de Jack qui suscitait tant de jalousie en lui. Qu’importe l’espace, le temps ou la dimension, Ennis aimait Jack et ceci était inscrit dans le marbre et les étoiles. « T’as jamais su me laisser tranquille t’façon. » À une autre époque, au plus fort des complications de leur histoire, une telle phrase aurait pu sonner comme un reproche. Ce n’était nullement le cas ici et le baiser plus gourmand qu’Ennis donnait à Jack, profitant que leur visage soit encore si près l’un de l’autre pour le lui donner en était la preuve. Avec le recul des années et d’une vie sans l’être aimé (ne mettons point cela sur le compte de la sagesse qu’Ennis n’acquerra jamais), il n’aurait jamais assez d’une vie pour exprimer sa reconnaissance auprès de Jack pour lui avoir fait vivre une telle passion et connaitre un amour aussi puissant grâce à sa persévérance. Il ne crachait pas sur son mariage avec Alma en soi — en tout point, avant qu’il ne fasse la connaissance de Jack, il correspondait à son idéal de vie : normale, tranquille, plan-plan avec son niveau de douceur raisonnable et sans extravagance. Mais avec ce que Jack lui avait fait connaitre, forcément, tout paraissait fade, vide, sans intérêt et sans importance. Si le poids du tabou n’avait pas autant pesé sur ses épaules, il était évident qu’Ennis aurait, sans l’ombre d’un doute, tout quitter pour lui et vivre une éternité de bonheur sans fin à ses côtés. Et cet interlude étrange dans ce Brokeback Mountains reconstitué rappelait à Ennis qu’il avait maintenant droit à cette vie avec Jack s’il prenait enfin les bons chemins. La route était encore longue, mais ce coin du Wyoming était magique et ses pouvoirs avaient encore un effet certain sur Ennis — les mêmes, aussi intenses et puissants que la première fois qu’il avait posé son foutu pied ici dans leur monde. Il était gravement énamouraché du cow-boy qu’il embrassait encore et le serait pour vingt années de plus. Ses mains fermement cramponnées aux siennes, Ennis se laissait aller à une certaine tendresse quand, le plus discrètement du monde, il entremêlait ses doigts aux siens. À bout de souffle, Ennis fut forcé et contraint au bout d’un moment de rompre ce baiser et de laisser son front s’échouer contre celui de son amant. Il gardait les yeux fermés pour profiter encore pleinement des effets du baiser, se satisfaisant du souffle chaud de Jack qui mourrait contre son visage — il eut le même effet que de douces caresses données du bout des doigts. Sans aucun souci, Ennis pourrait rester des heures ainsi, en communion avec Jack. Une brise agréable venait en plus courir dans sa nuque, faisait bruire les feuilles des arbres alentour, s’engouffrant parfois dans la toile de tente qui se trouvait à quelques pas d’eux — une simple tente un peu miteuse qui représentait tant à leurs yeux.

Jack voulait qu’Ennis lui montre son ranch. Mais comment revenir sur l’île ? Dans un premier temps, même s’il n’y avait pas nécessairement de doute à avoir, il était rassuré de savoir que Jack serait prêt à le suivre dans sa nouvelle vie dans ce monde bien mystérieux qui les accueille depuis trois ans. Toutefois, pour être tout à fait sincère, échaudé par la beauté du moment et par ces nombreux baisers plus que délicieux qu’ils avaient échangé, lui faire visiter son lieu de vie était la dernière chose dont Ennis avait envie. Après tout, ils avaient le temps, non ? Maintenant qu’ils s’étaient promis l’éternité et que jamais plus ils ne sépareraient l’un de l’autre, quoiqu’il se passe. Ennis le fit savoir assez clairement à Jack d’ailleurs, un fait rare pour être souligné : « J’ai pas spécialement envie de t’faire visiter le ranch tout de suite pour être honnête. » Son visage s’illuminait suite à son sourire en coin. Il avait réouvert les yeux pour l’observer, simplement le temps de lui parler puisque ses lèvres cherchèrent presque automatiquement les siennes à la fin de son discours pour les retrouver très rapidement, étant incapable de subsister sans l’autre le temps de quelques instants. Ennis avait envie de lui, oui. Mais cette fois-ci, son désir était moins barbare et bien plus contrôlé. Par le passé, c’était presque toujours Jack qui se déclarait et lorsque Ennis le faisait de lui-même, c’était toujours avec brutalité et avec un manque de contrôle manifeste tant la puissance de ses ardeurs le dépassaient — le manque de Jack avait été trop prégnant, et cet état de fait s’était empiré avec les années comme leur séparation devenait de plus en plus longue et les week-ends pour se voir de plus en plus rares. Cette fois-ci, ce n’était pas une pulsion animale ou crue qui parlait à la place d’Ennis, mais plutôt l’amour qu’il ressentait pour Jack, une manifestation de sentiment qui prenait toute la place dans son cœur et son esprit. Ses gestes, en particulier son baiser, n’étaient pas pour autant dénués de fouge et de langueur, parce que la passion était éternellement là, mais ils étaient bien plus appréciables parce qu’ils étaient plus maîtrisés, plus dans le sentiment et la volonté de partager un moment d’amour pur, beau et extatique que dans la consommation sexuelle pure et simple, les deux amants étant autrefois déjà effrayés par le moment inéluctable où ils devront se séparer. Mais ils n’étaient plus question de cela ici comme ni Ennis ni Jack n’étaient mariés dans ce monde. Ils avaient l’éternité devant eux, alors forcément, Ennis en profitait pour laisser plus de place au temps. C’était même d’ailleurs agréable de sentir son envie monter lentement, caresser son palpitant et ses entrailles avant de s’infiltrer dans les moindres recoins de son corps pour qu’il soit à la merci de Jack et du moindre de ses gestes enchanteurs. Bientôt, quand il eut besoin de souffle, Ennis s’attaquait à la mâchoire de Jack et descendit sans retenue jusque dans le creux de son cou alors qu’il s’empressait de défaire les boutons de la chemise de Jack, tous deux encore assis sur ce rondin de bois bien miséreux. Comme tout le reste, dans peu de temps, il ne serait qu’un détail puisque Jack occupait désormais la totalité du monde intérieur et extérieur d’Ennis. À cette pensée, il lâchait d’ailleurs un profond soupir d’aise chaud contre la peau de son amant qu’il se plaisait à dévorer de baisers et de quelques mordillages ici et là avant que leurs lèvres ne s’entrechoquent à nouveau dans une folie amoureuse à tomber. Jack Twist n’était plus un rêve qu’il avait entretenu pendant dix-quinze ans après sa mort. Il était enfin là, dans ses bras, et Ennis ne comptait plus le lâcher.

PRETTYGIRL
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Mer 25 Jan - 9:29





Intrigue n°3  ✧ Our Garden of Eden - - Jack x Ennis 34QDIntrigue n°3  ✧ Our Garden of Eden - - Jack x Ennis 3biO
All we got is Brokeback Mountain

feat Ennis


T’as le sourire jusqu’aux oreilles. Tu souris comme un crétin, Jack. Pour chaque mot qu’Ennis prononce, il s’attache ton cœur plus encore qu’il ne l’était déjà. Comme si tu pouvais l’aimer plus encore que tu ne l’aimes déjà… Et ça semble impossible, pourtant, car bon sang ce que tu l’aimes. Non, clairement, tu le laisseras jamais tranquille. Et réciproquement. Vous êtes faits pour hanter la pensée de l’autre, encore et encore. Vous êtes faits l’un pour l’autre. Vous êtes comme les deux pièces d’un puzzle, deux pièces qui s’assemblent à la perfection. Vous partagez une connexion physique et mentale d’une telle force qu’elle donne l’impression de tout transcender, absolument tout. Sans exception aucune. T’as jamais su le laisser tranquille, non, et maintenant, après ce que vous venez d’échanger, après tout ce qui vient de se passer, il est pas question que tu le lâches, y compris d’une semelle. Tu l’aimes à la folie, et tu veux plus jamais te retenir ou t’empêcher d’exprimer cet amour, sous aucun prétexte. T’as envie de tout vivre intensément, sans retenue. Parce que putain, un amour tel que celui qu’il t’inspire, tu sais qu’il y en aura pas deux. Tu voudrais pas qu’il y en ait deux. C’est lui, lui et personne d’autre. Pour toujours.

Là, tout de suite, y a plus rien qui compte. Tout ce qui importe, ce sont ses lèvres qui retrouvent les tiennes dans un élan presque désespéré. Vous avez trop besoin de ressentir la présence de l’autre, vous avez beaucoup trop besoin d’être ensemble. Un besoin violent, fort, viscéral. C’est quelque chose qui vous dépasse, c’est quelque chose qui vous consume. Vous vous embrassez comme si votre vie en dépendait, vous vous embrassez quitte à en perdre le souffle. Chaque fois que vos lèvres se posent l’une sur l’autre, c’est une certaine sauvagerie, une réelle animalité qui s’exprime, parce que t’as beaucoup trop besoin de lui, parce que vous redoutez toujours que cette fois soit la dernière. Vous êtes portés par un élan de vie, un désir violent, total et profond. Votre envie, votre désir l’un de l’autre s’exprime dans toute la fougue qui vous caractérise. Tu penses plus à rien. A rien si ce n’est à lui. Il habite tous les horizons de ton univers mentale. Y a que lui, lui et son souffle, lui et les battements de son cœur, qui cognent dans sa poitrine à l’unisson du tien, lui et la chaleur qu’il déverse dans ton corps, dans son intégralité.

« Ennis… »

Tu rejettes doucement la tête en arrière quand les lèvres de Jack trouvent le chemin de ta mâchoire, puis de ton cou. Il te rend dingue, il te rend dingue comme personne. Fébrile, tu le cherches des doigts. Tes doigts cherchent un fragment de peau, le besoin d’un contact plus profond, ils cheminent sous les pans de sa chemise. Tu te réappropries son corps, un corps que tu n’as jamais cessé de désirer, un corps qui appelle le tien comme s’ils avaient toujours été faits pour s’attirer. Tu le couvres de baisers fiévreux, d’une ferveur totale. Tu veux lui exprimer en actes ce que les mots ne suffisent pas toujours à dire, et lui prouver qu’il compte pour toi plus que n’importe qui. Sans savoir dissimuler ton impatience, ton désir impérieux de vous retrouver entière, d’être de nouveau ce tout que vous formez quand vous ne faites plus qu’un, tes doigts triturent sa ceinture et la détachent, avant de se nicher entre ses jambes, par-dessus son sous-vêtement, pour le couvrir de caresses expertes.


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