Elle les avait espérés en dépit de tout, la raison compris, elle les avait attendus avec une exigence aussi pure et stricte que s’ils lui avaient été aussi essentiel que l’air qu’elle respire pour lui permettre de vivre encore… et à ses yeux, oui, c’est à peu près la même chose, en effet. Si sa rencontre avec Daenerys Targaryen, puis avec Sansa Stark, n’avait absolument pas été une partie de plaisir, loin s’en faut, retrouver ses actrices d’un passé enfoui, qui pour l’une d’entre elles au moins n’aurait pas dû être encore en vie – tout comme elle, tout comme Jaime –, l’avait conforté dans cette pensée devenu bien vite obsédante : si elles étaient ici, si eux-mêmes l’étaient, alors Joffrey, Tommen et Myrcella pouvaient bien l’être également.
Elle avait fait fi de toutes les réticences de son frère et époux, les avait essuyés d’un revers de la main comme s’il ne s’agissait que de vulgaire moucherons qui gâcheraient son cham de vision, et elle avait insisté, exigé plus qu’il ne devait être supportable pour Jaime de l’entendre le faire, et sans se soucier de l’incommoder pour autant. Ses enfants lui avaient été ôtés de la plus cruelle et abominable des manières, et si Jaime insistait quant à la part de responsabilité qu’ils avaient tenue (mais elle surtout) dans la perte de leur progéniture, elle avait refusé catégoriquement de l’entendre. La lionne pouvait se laisser imputer tous les vices qui soient sur terre, il en est un dont elle avait toujours catégoriquement refusé qu’on la blâme, et c’est son instinct maternel. L’amour qu’elle n’avait jamais accordé à quiconque d’autre, elle l’avait offert au centuple à ses enfants. Elle les aimait comme une part d’elle-même dont elle s’était retrouvée cruellement, violemment amputée au moment de les perdre, un à un, voyant se réaliser sous ses yeux impuissants les prédictions inacceptables de cette vieille tarée de Maggy la Grenouille.
Chaque jour qu’elle retrouvait son époux, sa question restait la même : les avait-il retrouvés ? Et à chaque fois, la réponse de Jaime restait la même, toujours aussi insupportable. Il n’avait pas trouvé la moindre trace de leur présence. Par moments, de rage et de frustration, elle reprochait à son frère de lui mentir, voire même de lui dissimuler la présence de leurs enfants parce que tout ceci l’arrangeait, ou parce qu’il se serait mis en tête l’idée absurde de les protéger d’eux. Elle l’accablait de reproches incertains pour faire passer au mieux sa propre rage qui était autant dû au fait de ne les avoir toujours pas retrouvés qu’à la pensée qu’elle ne les reverrait peut-être effectivement jamais, et qu’elle en était entièrement responsable… La culpabilité est l’apanage des faibles, jamais Cersei Lannister n’admettrait qu’un tel sentiment puisse la ronger, et pourtant, il lui rogne l’âme depuis trop longtemps, tant d’année à présent qu’elle a fini par apprendre à vivre avec, s’accommodant de l’incommodant. Oui il est peut-être temps qu’elle fasse le deuil une seconde fois de leur enfant. Jaime a raison : ils ont leur fils, bien réel, bien vivant, c’est sur lui qu’ils devraient se concentrer. Elle n'y arrive pas… Elle se sentira incomplète tant qu’ils ne seront pas là… et pourtant, l’espoir s’était tant et si bien amenui qu’au moment d’entendre frapper à la porte de leur maison où elle se trouvait seul avec Tywald, endormi dans sa chambre, elle s’attend à chasser n’importe quel opportun, mais certainement pas à découvrir, sur son palier, cette silhouette étrangère et familière… Cette longue chevelure blonde héritée de sa mère. Ce teint de porcelaine. Pour Cersei, ça ne fait aucun doute.
« Myrcella ! »
L’ancienne reine de Westeros n’attend pas de réaction de la part de sa fille pour venir la prendre dans ses bras, la serrer aussi fort contre elle que ne l’exige son besoin de la savoir bien présente, bien vivante entre ses bras.
« Je savais que je te retrouverais », souffle-t-elle sans relâcher son étreinte.
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(abandonné) Hear us roar [Myrcella]
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