Debout face à l'entrée du zoo, tu te tâte à y entrer. Voilà quelques semaines que tu as mis les pieds dedans, et dans ces quelques semaines aussi, tu y es bien retourné cinq ou six fois. Dans l'espoir de revoir tes animaux préférés ? Oh non, loin de là. Il ne s'agit en aucun cas de bêtes. Mais plutôt... D'un humain en particulier. Ça t'embête de l'admettre. Tu ne pensais pas être attiré par une autre personne depuis Lucas. Même si depuis ces trois ans, tu n'as pas eu de mal à vivre sans lui, il reste celui qui t'a aidé à Hawkins. Du moins, jusqu'à ce que Billy soit mort. Ce traumatisme a été tel que, Lucas ou les autres n'ont jamais pu trouver un remède, un moyen pour que tu te sentes mieux. Encore maintenant tu as du mal. Entre tes cauchemars, tes visions d'horreurs à chaque coin de rue, tu ne t'en sors pas si bien dans ce monde contrairement à ton maître de stage Eddie. Toute ses pensées tournent autour de vivre sa meilleure vie. Les tiennes tournent autour de la mort. Il n'y a que cette petite lumière appelé "responsable du vivarium du zoo de la ville" qui semble te tenir en haleine. Tu ne sais pas du tout ce que ça va donné, et tu te demandes encore comment tu fais pour espérer quelque chose. Regarde-toi... Tu n'es encore qu'une gamine aux yeux des plus grands. Tu soupires un coup à cette idée et recule de quelques pas. Le regretteras-tu si tu venais à ne rien faire dans cette situation ? Te connaissant, sûrement. Tu avances alors finalement vers le guichet et achète une énième place. La dame est la même que la dernière fois, et l'avant dernière fois où tu es venu. Elle t'observe un tant soit peu et souris. « Eh bien... Ça fait un moment que je n'ai pas vu de visiteurs aussi fan du zoo. » Sans commentaire, tu fais un sourire tirant vers la grimace en attrapant le papier qu'elle te tend et file rapidement à l'intérieur de l'enceinte. Tu n'as pas besoin de regarder les panneaux pour savoir où aller, tellement tu connais le chemin par cœur en plus d'avoir une bonne mémoire.
Quand tu arrives enfin dans la partie intéressée aka le vivarium, tu regardes un peu autour de toi. Cet homme que tu recherches n'est pas ici. Pas encore du moins... Avec un peu de chance... Tu te balade entre les vitres, et observe ces animaux qui y vivent depuis un petit moment déjà. Tes yeux se posent enfin sur ce serpent que tu as rencontré à ta toute première visite. Un serpent albinos aux yeux rouges, que tu as surnommé William. Une référence trop évidente pour toi ou les personnes qui te connaissent assez bien pour savoir qui est ce William dans ta vie. Tu souris vaguement, et t'accroupis quelques secondes, tapotant légèrement sur la vitre pour tenter d'attirer son regard. C'est défendu de faire ça mais bon, t'es pas une petite rebelle dans l'âme pour rien. De toute manière peu de personnes se trouvent là en cette fin d'après-midi. La plupart des enfants sont déjà rentré pour les devoirs, avec leurs parents. Quelques têtes se baladent toujours mais ne s'arrêtent pas tellement de ce côté. Ça te laisse le temps d'observer cette fois les araignées. Autrefois elles te répugnaient. Désormais, tu en as pris un peu l'habitude de les voir. Ou presque... Parce que tu n'avais pas fait attention à celle qui marchait à pleine vitesse sur la vitre. Et au moment où elle passe devant tes yeux, tu prends peur et recule instinctivement. Tes pieds s'emmêlent et tu tombes au sol, bousculant et manquant de faire tomber quelqu'un au passage. Et ce quelqu'un s'arrête pour te regarder un instant. Quand tes yeux se relèvent pour se poser sur cette silhouette, ta respiration se coupe soudainement. C'est lui. Une seconde après, tu reprends ton souffle et te relève rapidement, gênée de ce qu'il vient de se passer. Tu viens de passer pour une idiote devant celui que tu es venu voir tout spécialement. Génial... Tu frottes doucement ton derrière pour enlever les quelques poussières par-ci et par-là, frotte ta nuque et l'observe un instant. « Je.. Je ne vous ai pas fait mal j'espère ? »
Moses.
Dernière édition par Maxine Mayfield le Jeu 14 Juil - 14:43, édité 2 fois
Quand tes pieds franchissent le seuil de l'entrée du Zoo, ce matin-là, t'es pas réveillé. Mais genre, clairement pas. T'as des cernes de six kilomètres de long et une bonne gueule de déterré. Bon, d'accord, t'as toujours une gueule de déterré en fait. Tu t'es assez fait vanner par les gens qui bossent avec toi pour le savoir. Mais là... C'est clairement, encore pire que d'habitude. À ce stade, on dirait carrément qu'on t'as roulé dessus, en fait. Et c'est pas joli à regarder. La raison de cette bonne gueule de zombie ? C'est tout simple. T'as encore une fois pas été foutu de dormir de la nuit. Même pas une minute. Une demi seconde. Rien. Enfin, dans un sens, si. Puisqu'il faut bien être endormi pour pouvoir cauchemarder. Ces foutus cauchemars étaient toujours les mêmes, depuis trois ans. Une succession d'images, sans queue ni tête. Du sang. Beaucoup de sang. Des cris. Des visages inconnus, flouté, comme si un voile étrange les masquaient délibérément. Quand tu te réveillais, totalement en sueur, c'est aussi toujours les mêmes sensations qui s'emparaient de ton corps. Un malaise. Un vide. Et de la colère. Énormément de colère. Un afflux de colère si violent qu'il t'aurait fait trembler comme une fillette, et qui t'empêche de retrouver le sommeil. T'arrives pas à comprendre ce qui se passe dans ta tête. Pas à comprendre ce que tout ça signifie. Surtout que plus le temps passait, et plus ça empirait. Mais bref, passons. Pour le moment, te voilà, aussi éclaté que possible, franchissant l'entrée du zoo pour te rendre à ton poste. Comme habitude, tu ne croises presque personne sur le chemin, l'endroit où tu bosses étant un peu à l'écart du reste du Zoo. En vrai, c'est pas plus mal. Vu l'état dans lequel tu te trouves, t'as pas vraiment envie de parler. Surtout que t'as l'impression que la colère qui a encore une fois pris possession de ton esprit, est toujours là, planqué en toi... Prête à explosée.
....
La journée se déroula lentement. Trop lentement. Beaucoup trop lentement à ton goût. Comme d'habitude, tu croises peu de monde. T'es cloîtré dans ta "grotte", à l'arrière de là où sont exposés les animaux. T'as beau rechigner, t'aime cet endroit. Tu t'y sens bien. Tu aimes l'ambiance qui y règne, l'atmosphère tranquille que tes pensionnaires à multiples pattes dégagent. Ça fait partie des nombreuses choses que tu n'expliques pas. Tu aimes être entouré de ces animaux, qui inspirent la peur à la plupart des gens. Leur compagnie apaise ton cœur... Pour ne pas dire ton âme. Une thérapie silencieuse en somme. Mais trêve de bavardages... Puisque l'heure tourne. À un moment donné, tu es obligé de quitter ton poste, pour aller demander une information à un de tes supérieurs. Sauf que quand tu ouvres la porte principale du vivarium pour y retourner, tu manques de te vautrer, bousculé par une gamine sortie de nulle part, qui te recule dessus à toute allure. Reprenant ton équilibre de justesse, tu restes ensuite quelques secondes à l'observer. Ouais, tu la connait. Enfin, tu l'as déjà vue traîner ici. Et pas qu'une fois, en fait.
« Une jeune fille telle que toi devrais apprendre à faire un peu plus attention à ce qu'elle fait... »
Ouais, tu la tutoies. Tu t'en fou, en fait. Elle a clairement l'air jeune, donc tu te permets de le faire sans réfléchir. Ton ton est plutôt froid, comme d'habitude. Détaché. Avançant de quelques pas, tu finis par approcher de la vitre où bouge la fameuse araignée qui a tant fait peur à la rousse. L'une de tes mains approche de cette dernière, et s'y pose, tandis qu'un sourire étrange déforme tes lèvres. L'animal s'approche lentement et semble presque te regarder. Cette connexion que tu sembles avoir avec ces animaux ne cessera jamais de t'impressionner.
« ... Et à ne pas venir voir les choses qu'elle craint au point d'en tomber au sol, quand l'une d'elles s'approche un peu trop. »
Tu finis par poursuivre, écartant finalement ta main de cette vitre pour reporter ton attention sur la fille qui se tenait debout, derrière toi, l'air ahurit. Pendant un instant, tu la regardes de haut en bas. Ouais. C'est bien ce que tu pensais, dès le départ. Elle a l'air jeune. Peut-être même pas majeure. T'en sais rien, déterminer l'âge des gens ne fais pas partit de tes qualités.
« C'est une heure bien tardive, pour traîner ici. Que fais-tu là ? Tu t'es perdue, peut-être ?... »
Tu finis par dire, avec un ton condescendant, voir médisant, ton regard perturbant toujours planté sur elle. Tu lui parles clairement comme à une enfant, puisqu'à tes yeux, c'est ce qu'elle est. En fait, t'as l'habitude que des gamins se paument et terminent ici. En général, rare sont ceux qui viennent au vivarium de leur propre initiative, ou alors, ils n'y restent que quelques secondes avant de repartir. Tu joues les mecs stupides, mais tu connais cette fille. Tu ne sais pas ce qu'elle fiche encore ici, mais ses petites allées et venues commencent à un peu trop t'intriguer. Bien sûr, tu pourrais poser des questions claires. Mais t'es plus du genre à attendre que les gens déballent tout plutôt que les cuisiner. Regard rivé vers le sol, tu la fermes finalement, et tu restes là, inerte. T'attends quoi au juste? Qu'elle t'envoie chier, comme la plupart des gens ? Qu'elle t'explique pourquoi elle s'amuse à venir là presque tous les jours depuis un moment ? T'en sais rien, en fait. Tu sais pas si c'est parce que t'es hs, ou parce que t'as la flemme... Mais tu restes planté là, bras croisés, pendant plusieurs minutes. Au bout d'un moment, voyant qu'aucune réponse ne semble vouloir sortir de la bouche de la gamine, tu soupires, et tu tournes les talons, avançant vers la porte avec la fameuse inscription "réservé aux employés". Tu ne vas pas attendre dix ans qu'elle se décide à parler. Au final, tu t'en fou pas mal. Tout ce que tu vois, c'est que le temps défile, que tu as quasiment fini ta journée et que tu vas enfin pouvoir bientôt rentrer, et t'écrouler comme une merde.
Oui, tu aurais préféré que votre rencontre se passe autrement que dans cette situation embarrassante. Toi, maladroite ? s’en est presque maladif il faut croire. Tu devrais bosser sur ce problème au lieu de perdre ton temps avec le Dr Charles. Non mais vraiment… Tu te relèves avec lenteur, n’osant pas le regarder dès le début à cause de cette honte monumentale. Mais entendre sa voix te fait redresser le menton. Tes yeux croisent les siens et tu te figes instantanément. Il est bien plus imposant de proche que de loin. Tu le sens, ce regard qui te transperce de toute part. un long frisson parcourt ton échine et tu te dois de rester calme, enfin surtout de retrouver le mode d’emploi de comment respirer. Tu souris nerveusement, paraissant un peu bêta mais reprenant vite un certain sang-froid. « Oui… C’est un de mes défauts, il faut croire. » tu dis doucement, tout en le suivant du regard. Chacun de ses mouvements est scruté par tes yeux bleus. Tu te sens presque happée par ce moment qui semble irréel. Oui, c’est bien la première fois que tu ressens quelque chose d’aussi étrange. Ton intérêt pour cet homme n’est pas une bêtise, tu en es persuadée. Cette araignée qui t’a surprise tout à l’heure semble interagir avec le spécialiste, de quoi te laisser quelque peu pantois. Tu es tellement concentrée sur la main du plus âgé que tu ne réponds pas tout de suite à ce qu’il affirme. Clignant plusieurs fois des yeux, tu secoues enfin la tête. « Oh, non. Je n’ai pas peur… Elle m’a juste surprise, à passer devant moi comme ça. J’observais son amie, au fond, quand.. » Quand le malheur est arrivé. Bref. Sortant de ta douce léthargie qui a durée quelques secondes seulement, tu pose ton regard dans le sien et devient silencieuse. Muette comme une carpe. Il te parle, puisque tu vois ses lèvres bouger. Des lèvres que tu tenterait bien de goûter si tu en avais le droit, là tout de suite. Pourtant aucun son ne parvient à tes oreilles, du moins un simple bourdonnement.
Cette séance d’hypnose porte bien mieux ses fruits que les séances que tu fais à l’hôpital. Et c’est bien étrange. Sérieusement : comment un inconnu peut te rendre dans un état aussi… Préoccupant ? Jamais il ne t’est arrivé d’avoir des pensées inconvenantes, et de resté planter là, debout, sans rien faire ni avoir de quoi formuler une phrase correcte. C’est comme si ton esprit était parti ailleurs, en vacances. Ce n’est que quand tu le vois se déplacer pour sans doute rejoindre les coulisses que tu daignes enfin bouger tes fesses pour arranger la situation. Tu espères y arriver. Sans réfléchir, tu fais quelques pas pour le suivre tandis que l’une de tes mains vient s’agripper à l’arrière de son haut comme pour le retenir physiquement. Un geste un peu trop familier pour certains, mais tu ne tilte pas sur le coup. « Attendez… Si je suis là, c’est pour une bonne raison. » lances-tu avec sérénité dans ta voix, et sincérité. Car oui il y a bien une raison pour laquelle tu te trouves ici. Tu m'intéresses. Cette voix ne résonne que dans ta tête alors que des mots sortent de ta bouche dans le même temps. « J’aime le vivarium. Plus que les autres secteurs prisés par les visiteurs. Les tigres ? Les pandas ? C’est trop ringard. Les araignées et reptiles sont bien plus intéressants… » Tout comme ce cher monsieur l’est à tes yeux. Certainement. C’est un demi-mensonge que tu sors ici. Non, ce n’est pas la raison de ta venue. Mais oui, tu as appris à aimer ces animaux et à leur accorder une partie de ton attention. « Je sais que vous êtes le responsable. Pourriez-vous m’accorder un temps pour en parler ? » Ton idée est complètement débile. Tu ne sais pas si tu arriveras à tenir une conversation. Et de toute manière, vu l’heure, il va sûrement te rembarrer et aller rejoindre son plumard. Il est clair que ton optimiste vient de s’évaporer en un centième de secondes.
Regard happé par la créature qui approche de toi, alors que la vitre vous séparent, tu ne fais que très peu, voir pas du tout attention à ce que la gamine te rétorque. Un défaut ? Hum. Pire que ça en fait. Tu auras beau chercher, tu ne comprendras sûrement jamais la peur panique que les gens peuvent ressentir, à l'égard de si petites créatures. Qu'est-ce qui pouvait bien les effrayer autant... Leur apparence ? Bon ok. Les pattes multiples, ça peut avoir un côté flippant. Mais quand même. Leur côté dangereux peut-être ? Plus plausible, déjà. On entend tellement de choses sur ces animaux que l'on n'est bien souvent plus capable de discerner le vrai du faux. Pour ta part, tu n'as jamais ressenti quoi que ce soit de négatif envers elles. Au contraire. Dans tout ce foutoir complètement brumeux qu'était ton esprit à l'heure actuelle, ces petites choses terrifiantes étaient l'une des seules choses qui te faisait te sentir calme et ancré dans la réalité. Car tu ne te souvenais que d'elles. Tu avais cette sensation, ces flashes qui te venaient, parfois, juste en perdant ton regard dans le vide. Tu te voyais enfant, dans cette maison étrange. Tu voyais ce nid d'araignées... Et tu parvenais à te souvenir à quel point elles sont parvenues à te rendre heureux. Ouais, ouais, c'est bizarre. Absolument inhabituel, on a compris. Mais t'es très loin d'être quelqu'un d'ordinaire. T'en a juste pas conscience, c'est tout. Et de toute façon, pour l'instant, juste être un mec chelou, ça te convient parfaitement.
Après avoir lâché des yeux l'araignée qui s'agitait contre la fameuse vitre de sa prison, tu avais reporté ton regard sur la fille, demandant, avec ta manière de parler aussi aimable qu'une porte de prison, ce qu'elle faisait là. Et puis, tu avais simplement attendu qu'elle daigne sortir de sa pseudo-transe et te réponde. Cette gamine était bizarre. Bon clairement, tu juges alors que t'es pas un exemple, mais tout de même. Pourquoi venir aussi souvent ? Qu'est-ce qu'elle peut bien chercher ? Évidemment, t'es trop à l'ouest pour ne serait-ce qu'imaginer une seule seconde les intentions réelles de cette fille... Et ton désintérêt total envers les gens en règle général n'arrange rien à la chose. Et puis, après tout, c'est qu'une gamine. Quel genre de gamine croirait avoir une quelconque chance avec un type comme toi ? Pas une gamine très sensée en tout cas. Et une gamine avec vachement d'espoir, aussi. Mais bref. Tout ça n'a pas vraiment d'importance pour le moment. Au bout d'un certain temps, t'en a marre d'attendre et tu décides simplement d'en rester là, et de retourné te terrer dans ton antre... Sauf qu'à peine la main posée sur la poignée de la porte, tu t'arrêtes, coupé dans ton élan par une main qui tire sur ta chemise, pour essayer de te retenir. Surpris par ce geste inhabituel, tu te retournes, posant alors de nouveau tes yeux sur elle, l'observant d'un regard à la fois lourd et interrogateur.
Tête légèrement penchée sur un côté, tu l'écoutes donc parler, restant muet dans un premier temps. Le moins que l'on puisse dire... C'est que t'es perplexe. Alors comme ça, elle s'intéresse réellement aux animaux desquels tu t'occupes ici ? Hum... Bullshit. T'as du mal à avaler ça. C'est trop gros. Surtout après ce qui s'était passé dix minutes plus tôt. M'enfin, tu ne dis rien. Tu la laisses finir son petit monologue. Décidément, tu ne comprends pas cette fille. Enfin, t'arrives pas à la cerner, en fait. Non pas que tu en es quelque chose à faire... Mais quand même. Ca t'énerve autant que ça t'intrigue. Et tu te sens obligé d'aller chercher plus loin. Un sourire narquois prenant place sur tes lèvres, et tu te penches en avant, afin de te retrouver à la hauteur de la gamine, et lui faire face de manière plus directe. « Vraiment...? Voilà une réponse intéressante. » Tu demandes, cessant de sourire, pour simplement la regardée avec insistance. Vu de l'extérieur, tu dois sûrement avoir juste l'air d'un mec chelou, voir carrément flippant. Mais c'est pas comme si t'en avais pas conscience. « Mais c'est un intérêt récent, non ?... » Tu renchéris directement, te coupant un instant, tout en continuant de la dévisager. Et après, on s'étonne que personne ne vient jamais ici... Avec un taré en guise de responsable, il ne risque pas d'en être autrement. Faire peur aux gamins, c'est une seconde nature, faut croire. Et l'acharnement aussi. « ...car je ne te vois furetée ici que depuis quelques jours. » Tu poursuis, Le même sourire que précédemment de nouveau ancré sur ton visage aux traits tirés par la fatigue. Et oui... Si elle croyait avoir échappé à tes yeux, c'était bel et bien raté. Et faut dire que les visiteurs se font rares, alors, quand l'un d'entre eux est récurent, c'est pas très dur à remarquer. Te redressant au bout d'un moment, la surplombant de ta hauteur, tu lui tournes le dos, afin d'aller un peu plus loin, et de t'appuyer contre une paroi de mur libre. Croisant les bras nonchalamment, tu conserves ton regard porté sur la rousse et après un instant de silence, tu reprends la parole. Non, tu n'en resteras pas là finalement. « Qu'est-ce que tu veux savoir? J'imagine que je peux bien t'accorder une dizaine de minutes, après tout. Je t'écoute. » Tu termines, restant stoïque, dans l'attente d'une quelconque réponse. Au-delà de ta flemme, c'est ta curiosité qui est piquée maintenant. Il y a quelque chose de bizarre, avec cette gamine. Plus tu l'observes, plus tu le penses. Ou alors, c'est juste ton isolement qui t'a rendus complètement parano... Chose totalement envisageable, pour le coup. Mais en tout cas, t'as quand même envie d'en savoir plus tout compte fait. Bipolarité, bonjour...
D'autres personnes auraient sûrement pris la suite depuis des lustres déjà s'ils avaient croisé le chemin de ce responsable de zoo, Henry Creel, comme tu as pu le voir sur le badge accroché à sa tenue. Son regard perçant, sa voix froide... Non. Rien ne te paraît ainsi à tes yeux et à tes oreilles. Son regard est certes perçant, mais il te file des frissons que tu n'as jamais connu. Des frissons qui ne sont reliés en aucun cas à la peur. Et sa voix te semble comme être une mélodie. Les voix grave comme la sienne, ne t'ont jamais laissé de marbre. Celle-là encore moins. Alors le laisser fuir avant d'avoir tenter ta chance de pouvoir avoir une réelle discussion avec lui ? Jamais de la vie. Tu ne sais pas ce qu'il te prend, sûrement un coup de tête bien osé puisque tu viens carrément de le contraindre à rester là, avec toi, en tenant un bout de sa chemise entre tes doigts. Toi, intéresser par ces bêtes-là au point de vouloir lui poser des tas de questions ? Non pas tellement... Tu ne saurais même pas par quoi commencer. C'était une idée bien bête. Mais, c'aurait été encore pire d'être honnête avec lui et lui balancer que c'est sur lui que tu as jeté ton dévolu depuis quelques semaines déjà. Pire et creepy. Oh oui. Rien que toi, en y pensant, tu te demandes bien comment tu as pu faire pour en arriver à là. Tu le regardes se retourner pour être face à toi et s'avancer de quelques pas, réduisant ainsi la distance entre vous. Tu ne bouges pas pour autant. Non pas par peur, mais par attirance. Tu sens bien quelque chose se passer, mais quoi ? Tu ne pourras en aucun cas le décrire avec des mots concrets. « Oui... » Tu le sens, son regard qui te sonde. Tu te sens presque fragile face à cet homme qui te dépasse de beaucoup en hauteur. Tellement qu'il te faut relever délicatement la tête pour pouvoir l'observer au mieux. Du moins, il t'aide quelques secondes après en se penchant vers toi. T'aider ? Oh non... Ton cœur commence à s'affoler, et avec difficulté, tu avales ta salive. « C'est assez récent, oui... A vrai dire... » Tu te coupes plusieurs fois dans ta phrase, comme pour tenter de calmer tes pulsations. « Je suis venue avec une amie pour la première fois. C'est un peu elle qui m'a fait découvrir ce monde-là de la faune. » Vérité ? A moitié. Il est vrai que tu es déjà venue ici avec une amie, mais en aucun cas elle t'a ramené par ici. Au contraire elle en a horreur de ces bêtes-là. Mais passons... Parce que le fait de savoir que ce Creel t'a repéré ne te laisse pas de marbre. Oui, il t'a repéré comme étant une stalkeuse cheloue d'araignées, mais il t'a repéré quand même. Et ce mot est bien important à tes oreilles.
Inconsciemment, tu te rapproches de lui, et le silence se fait tout autour de toi. Autour de vous. Juste dix minutes. C'est suffisant pour toi. Amplement suffisant. Sans le lâcher du regard, tu te mords la lèvre et réfléchit rapidement à quoi dire pour relancer cette conversation. Et une idée te vient, une idée bien idiote mais qui marchera à tout les coups. « Je voulais en savoir plus sur le mode de vie de cette araignée, la mygale c'est ça ? » Tu ne la montres pas du regard ni ne bouge pas un doigt pour lui faire comprendre de laquelle tu parles. Tu ne peux tout simplement pas. « Il se pourrait que... Je sois intéressée à en avoir une chez moi. » Petite conne tu es. Jamais tu ne voudrais avoir une grosse mygale chez toi. Puis pas sûr que ton colocataire soit d'accord non plus. En ce qui concerne et insectes et autres animaux à plusieurs pattes, il est même plus trouillard que toi. Non... Il faut croire qu'être en compagnie de cet homme, et le visage à quelques centimètres du sien te fait tourner la tête. Et pas qu'un peu. Cette petite bulle dans laquelle vous étiez fini pourtant par être dérangé avec la venue d'autres visiteurs. Et l'un d'eux ne faisant pas attention à toi te bouscule, et, encore une fois, tu te maintiens à ce que tu peux pour ne pas tomber comme une grosse merde. Et forcément ça tombe sur le responsable du vivarium. Tu fais de ton mieux pour ne pas lui faire de mal, et une fois que tu réalises ce qu'il s'est passé, tes yeux se dirigent vers le bas, où tu sens une douce chaleur entre tes mains. Et c'est vrai. Actuellement, tu es en train de tenir les mains du plus âgé. Tout comme toi, il a eu le réflexe de ne pas te laisser tomber une seconde fois et... Ça finit ainsi. D'une manière assez cocace. Pourtant ce n'est pas si désagréable que ça. C'est même le contraire. Tu as le temps de découvrir ses mains rien qu'au toucher, serrer ses doigts entre les tiens. De fines mains musclées qui... Tu te retires vivement, presque décontenancé par ce que tu allais penser. Et surtout par ton culot démesuré. « D-Désolée. Il faut croire que mon corps est très attiré par le sol ces temps-ci. Ça va...? » tu demandes, en le regardant attentivement.
La confusion de la gamine plantée face à toi avait de quoi te faire sourire. Pour sûr, tu l'intimidais. Beaucoup même. Mais tu ne faisais rien pour la mettre à l'aise. Bien au contraire. « Es-tu sûre de toi...? » Renchéris-tu, tel un bon gros sadique, alors que tu es planté là, face à elle et qu'un sourire étrange déforme ton visage, yeux figés dans les siens, dos arqué, car penché pour lui faire face. Te voir d'encore plus près semble la perturbée au point de devenir rouge écarlate. Tu n'arrives pas à comprendre pourquoi elle se comporte aussi bizarrement face à toi, tout comme tu n'arrives pas à savoir pourquoi son visage te parait si familier, ni pourquoi tu ressens cette sorte de malaise en sa présence. En fait, tu ne saurais pas dire ce que tu ressens précisément. C'était une sorte... D'impression. De sensation étrange. Et ta manière de cacher cela, c'est juste une sorte de fuite en avant. L'intimidation. Plus vite, elle flippe, plus vite elle s'en vas. C'est tout bénef pour toi.
L'observant toujours avec une certaine insistance, tu l'écoutes attentivement. Avec une amie hein ? Et bien. Cette amie devait tout bonnement être invisible, puisque tu ne l'avais jamais aperçue jusque-là. Elle était clairement en train de te mentir, et tu n'étais pas foutu de savoir pourquoi. De quoi attisé encore plus ta curiosité. Et accentué ton malaise par la même occasion. « Je t'ai toujours vu seule. Et je me rappelle très bien de toi. Tu as toujours cet air de petit agneau tombé dans une fosse aux lions, quand tu mets les pieds ici. » Sourire ne quittant pas ton visage, ce dernier eut même tendance à s'élargir quelque peu, lorsque tu prononces ces mots. Elle ne devait clairement pas s'attendre à ce que tu lui sortes de telles choses, puisqu'elle n'avait sûrement pas été capable de te voir l'observer dans l'ombre. À chacun de ses passages, elle avait fait tache. Comme perdue dans un environnement qui n'était pas le sien. Qui ne lui correspondait pas. Et là, face à toi, cela se voyait encore davantage. Tout serait tellement plus simple si, au lieu de tourner autour du pot, tu lui demandais clairement ce qu'elle faisait encore là...
Resté sans rien dire après lui avoir accordé une dizaine de minutes de ton attention, tu te contentes de l'observer, encore et toujours, en attendant qu'elle ne te pose des questions. Aurait-elle réellement des questions, ou n'était-ce qu'un mensonge de plus? Rien ne te permettait de répondre à cette interrogation pour le moment. Quand enfin, elle daigne ouvrir la bouche pour s'adresser à toi de nouveau, tu te redresses légèrement. D'un coup d'œil, tu suis ce qu'elle tente tant bien que mal de te désigner comme étant une mygale, mais malheureusement pour elle, tes yeux tombent sur une paroi du mur. Tu avais désormais la réponse à ton interrogation précédente. Elle se foutait de toi. Clairement. Et, si tu devrais normalement t'en foutre royalement, tout ce cirque commençait à te taper un peu trop sur le système à ton goût. « Cet animal est loin d'être un jouet, jeune fille. Ou quelque chose à prendre à la légère. Elles peuvent être très dangereuses, si on n'y fait pas suffisamment attention. Je doute que quelqu'un d'aussi jeune et inexpérimenté que toi puisses ne serait-ce qu'envisager d'en posséder une. » Tu réponds, bien plus nonchalamment que précédemment, alors que ton sourire disparaît, et que tu te transformes en glaçon, de nouveau. Dans ta tête, c'est un merdier sans nom. Des questions, encore et toujours des questions. Des sensations, impressions étranges, qui te perturbent toujours plus. Tu ne pourrais plus faire la girouette longtemps. Plus tourné autour du pot. Il y avait clairement quelque chose avec cette gamine et il allait falloir que tu lui tire les vers du nez, qu'elle le veuille où non. Tant pis, tu passerais pour un gros taré en la cuisinant. Elle devait déjà te prendre pour un taré de toute façon. Alors cela ne changerait pas grand-chose, non?
Comme par hasard, alors que tu t'apprêtais à parler de nouveau, un brouhaha de cris de gosses en tout genre fit irruption dans le vivarium, te laissant complètement pantois sur le moment. Et puis, t'as juste le temps de voir le gamin arrivé et bousculer la fille au centre de ton attention, te faisant choper ses mains, par réflexe, pour éviter qu'elle tombe à nouveau... Mais tu étais loin de te douter que ce geste aurait de telles conséquences. En effet, à la seconde où ta peau entre en contact direct avec la sienne... Une série de flashes inondent ton esprit, te laissant figé, le regard vide, complètement happé par ce que te balance ton cerveau. Tout est flou. Rouge. Trop rapide. Tu ne comprends rien à ce qui se trame devant tes yeux. Tu ne peux rien faire. Et tu finis par voir clairement le visage de cette fille, dans tes visions. Tu ressens des choses. Tu sens qu'elle est importante pour toi, qu'elle est comme un but à atteindre... Mais tu sens aussi que cette colère est présente de nouveau. Cette fameuse colère, à laquelle tu n'échappes que très difficilement lors de tes cauchemars. C'est elle qui s'empare de toi maintenant. Une colère atroce. Intense. Viscérale. Tu la sens parcourir ton corps. Chaque recoin. Elle te consume. Te dévore... Et finalement... Te revoilà, de nouveau conscient, l'air béat, car secoué par ce qui vient de se passer dans ton cerveau. Tu ne dis rien. Tu es presque en état de choc, à vrai dire. Tu ne t'attendais pas à une telle chose. Vraiment pas. Tu te sens presque vidé de ton énergie, tant tout a été violent. Lorsque tu reviens enfin à toi, tu sens que quelque chose s'échappe d'une de tes narines. Dès que la fille ce décides à lâcher tes mains, tu en porte une à cette dernière, avant de regardé... Pour y voir du sang. Du putain de sang. Ton sang... Et ton corps est tellement vidé de ses forces qu'il exige que tu dégages de là immédiatement.
Sans rien ajouté, tu te diriges vers ton bureau, où tu t'enfermes à double tour, laissant la gamine plantée là, sans la moindre explication. Hors de question de t'effondrer comme une merde devant tout le monde. Une fois à l'intérieur, tu essuies ce sang d'un revers de la main, et tu te laisses simplement glisser, dos contre la porte jusqu'à ce que tu atteignes le sol, pour simplement ne plus bouger de nouveau. Durant de longues minutes, tu restes planté là, tandis que tout défile encore devant tes yeux. Ta respiration est étrange. Tu arrives encore à sentir la violence de cette colère, sortie de nulle part, dans chaque parcelle de ton corps. C'était pire que tout ce que tu avais vécu jusqu'ici. Bien pire. Ton corps, déjà fatigué par le manque de sommeil, avait été achevé par cette "agression", sans parler de ton esprit, qui lui, était pire que retourné par la situation.
Tout ça avait été... inattendu. Il était clair maintenant qu'elle avait quelque chose à voir avec toi. Ton "vrai?" toi. Elle était importante. Très importante. Tu étais parvenu à le ressentir à travers ces visions. Tu te sentais quelque peu frustré, voir stupide de t'être échappé comme ça, à l'heure actuelle, car tu devais lui parler... Mais tu savais pertinemment que ce n'était ni la première, ni la dernière fois que cette fille croiserait ta route. Alors tu te contente de soupiré et d'attendre. T'avais besoin de te calmer, clairement. Seul. Avec un peut de chance, la gamine s'en irait simplement. Sans posé de questions. Et dans l'état ou tu étais, il ne valait mieux pas pour elle que cela se passe autrement.
Tu ne sais pas pourquoi , mais vu comment il te parle, tu sens qu'il a compris. Qu'il a compris que tu es en train de lui mentir de manière effrontée. Ça te file des frissons encore une fois, parce que sans mentir cette fois... Il est vraiment imposant. Et non, tu ne peux pas rester tranquille devant son regard sombre et froid. Tu n'as jamais vu quelqu'un avec un regard aussi... Triste. Encore pire que le tien quand tu n'es pas au top de ta forme. Tu te sentirais presque mal pour lui. Mais tu te retiens de réagir de la sorte. Après tout tu ne le connais pas non ? Même s'il te donne cette impression d'être quelqu'un d'important dans ta vie. Tu déglutis et, avec douceur, tu arrives à sortir un « Je sais... C'est bien pour ça que je me trouve ici. Vous êtes le mieux placé pour m'aider. Me conseiller. » Non. Ça t'énerve de partir sur des mensonges sans queue ni tête. De toute manière c'est trop tard. Il t'a eu. Tu allais donc couper court à cette discussion improbable mais voilà qu'on te bouscule encore une fois. Malheureusement (ou heureusement) tu te fais aider par le responsable, qui te tiens par réflexe les mains pour que tu gardes ton équilibre. Ça te fait quelque chose. Mais lui, quand tu le regardes, il a l'air ailleurs. Comme loin du zoo et de toutes ses bêtes. Tu as beau essayé de lui parler, il ne répond pas. Et quand tu vois le sang couler de son nez, tu paniques, relâchant ses mains. « V-Votre nez !! » lances-tu soudainement avant de le voir bouger enfin. Bouger pour s'enfermer dans son bureau. Là t'es sur le cul. T'a rien compris de ce qu'il vient de se passer. Tu te rapproches de la porte du bureau et entend simplement le cliquetis de la serrure qui prouve qu'il a fermé à clé. Tu te mords fortement la lèvre, sentant la culpabilité grimper. Est-ce que ce serait de ta faute, s'il est dans cet état ? Tu retiens tes larmes qui montent à la vitesse de la lumière et regarde autour de toi. Tu attrapes un dépliant qui explique la vie des serpents et en déchire le bout tout blanc pour y griffonner ton numéro dessus avec un petit mot d'excuse. Par la suite, tu fouilles dans ton sac et y trouve ton mouchoir en tissu que tu utilise aussi pour tes bobos. Tu glisse le papier dedans et tes pas te ramènent vers la porte où tu glisse le mouchoir par la fente d'en bas. Tu galères un peu, mais c'est enfin passé de l'autre côté. Tu te redresse lentement et reste quelques minutes là. T'es vraiment idiote. « Je suis désolée. Pour tout. » Et sur ces mots que tu prononcent d'une voix fébrile, tu finis par t'en aller de la salle. Du zoo. Complètement. Tu en as assez fait pour la journée. Il ne te reste plus qu'à te maudire durant la soirée et prier pour que cet homme qui te fait tant d'effet aille mieux. Avec l'espoir de le recroiser une nouvelle fois et dans de meilleures circonstances.
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