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(terminé) Funny how things tasted better when we were just young. [Masriel]

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Lun 6 Juin - 13:32

Funny how things tasted better when we were just youngLa dangereuse liaison entre Lord Asriel Belacqua et Mrs. Marisa Coulter durait depuis plusieurs mois sans que ni Edward Coulter ni la société londonienne ne soupçonnent quoi que ce soit. Et cette liaison, qui était en vérité une véritable idylle entre les deux jeunes gens, aurait encore pu durer pour de nombreuses années.

Mais depuis quelques semaines, Marisa sentait des changements physiologiques qui étaient... Déconcertants. Angoissants, en vérité. Les premières hypothèses qu'elle réussit à formuler pour expliquer ces changements menaçaient de bouleverser son existence entière, ainsi que celle de son amant. Et de son époux par la même occasion.

Elle avait été saisie de vertiges au beau milieu d'une soirée mondaine, alors qu'elle avait ordinairement une forme irréprochable et qu'elle ne manquait ni de sucre, ni de sommeil. Elle avait subi d'atroces nausées dès le réveil. Son appétit avait commencé à se développer. Tous ces signes lui faisaient craindre le pire.

Et donc, dès qu'elle en eut l'occasion, donc dès qu'Edward fut trop occupé pour s'intéresser à ses agissements, elle prit les choses en main et consulta une sage-femme gitane. Cela faisait plusieurs jours qu'elle évitait soigneusement Asriel, redoutant le moment où la nécessité de lui faire part de ses doutes s'imposerait. Redoutant, surtout, que ses doutes se confirment et qu'ils aient tous deux un comportement impulsif qui mettrait non seulement leur réputation mais également leur vie en danger. Redoutant, enfin, qu'un être non désiré ne vienne mettre fin, trop brusquement, à une liaison qui malgré son caractère odieux et interdit la rendait heureuse. Trop heureuse, sans doute.

Mais il n'était plus temps de fuir. Elle reçut la gitane le matin même, un rendez-vous qui s'acheva en hurlements de rage et de désespoir de la part de cette femme déjà trop caractérielle. Quelques heures plus tard, elle faisait irruption chez Asriel, les yeux rouges d'avoir trop pleuré et rageusement essuyé ses larmes, tremblante d'une colère noire qu'elle ne maîtrisait pas et comprenait à peine.

- Toi. C'est toi qui m'as fait ça, Asriel, l'accusa-t-elle en pointant avec agressivité son index sur sa poitrine.

Le fixant d'un regard noir et couvert de chagrin, elle resta face à lui, cherchant dans son visage la moindre expression qui puisse la rassurer. Ou, au contraire, alimenter une fureur et une peur qu'elle n'arrivait pas à contenir et qu'elle préférait sans doute laisser s'exprimer, au risque d'admettre qu'elle était terrifiée par l'avenir qui les attendait.
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Mar 7 Juin - 19:41



Funny how things tasted better when we were just young



feat. Marisa




Le silence de Marisa avait été… déconcertant. Pourtant, ils ne sont guère habitués à se voir tous les jours. Leurs obligations respectives, ses impératifs professionnels et leur souci commun de discrétion a fait naturellement qu’ils ne pouvaient certainement pas se voir aussi régulièrement que les plus assidus des amants, mais Asriel savait tout de même faire la différence entre des silences nécessaires et des silences imposés… Ces derniers jours, alors que de vraies occasions pour eux de se voir s’étaient plus d’une fois présentées, Marisa avait fui… Asriel refuse d’en comprendre la raison.

S’ils savent tous deux que leur liaison est plus que probablement vouée à l’échec, Asriel n’a jamais vraiment envisagé le moment d’y mettre un terme. En fait, il a rapidement réalisé qu’il en serait très probablement incapable si cet impératif devait se présenter à eux. S’il savait d’avance à quoi il s’engageait la première fois que ses lèvres s’étaient posées sur celles de Marisa Coulter, il avait peut-être négligé le pouvoir infini, irrépressible d’attraction qu’elle possédait sur elle. Rares étaient les occasions où ses pensées ne venaient pas naturellement converger dans sa direction. Et nourries par la frustration profonde de ne toujours pas pouvoir profiter de la chaleur de ses bras et de son corps, quand tout le permettrait pourtant, ses pensées étaient partagées entre la dévotion et la colère. Il se voulait si viscéralement avec elle, auprès d’elle, en elle, que son absence et ce qu’il assimilait à du rejet était particulièrement douloureux à appréhender.

Au moment d’envisager de la revoir enfin, il ne saurait dire, dans toute son impatience, ce qui dominera en lui, le plaisir pure de la retrouver, ou la colère qu’elle aura su faire naître en lui… Une certitude demeure néanmoins : l’intensité avec laquelle elle sait lui faire vivre chaque émotion qu’il observait presque autrefois avec une forme de distance curieuse, elle vient d’elle est seulement d’elle. A mesure que le temps passe, il a tout à fait conscience de l’aimer plus qu’il n’aimera jamais quiconque, et il est déroutant de vouer des sentiments à ce point fort à quelqu’un qui n’est pas vous-même. Cela vous rendrait presque impuissant.

Après avoir décliné par ce qu’Asriel avait assimilé à de l’indifférence toutes ses visites et invitations, c’est finalement elle qui vient se retrouver sur le pas de sa porte, et Asriel comprend bien vite que la colère l’emportera sur l’exaltation en jaugeant le comportement hautement agressif de Marisa. Il la connaît, il sait ses faiblesse, il devine la tristesse sous l’intensité de son regard assassin, mais il est incapable, en revanche, d’en comprendre la nature.

« Je peux savoir de quoi il retourne ? » demande-t-il en refermant la porte derrière eux, incapable d’identifier le comportement de Marisa à aucune de ses actions. A moins que… Mr Coulter aurait-il tout découvert ? C’est bien la seule possibilité qui lui vient à l’esprit. Et si tel doit être le cas, Asriel peine à se sentir véritablement affligé. « Je vois difficilement ce que j’aurais pu te faire alors que voilà des jours que tu m’évites… »

Et pourtant, des choses à lui faire, il en a pléthore à l’esprit, même en cet instant.


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Jeu 9 Juin - 16:05

Funny how things tasted better when we were just youngLe reproche fit naître un rictus dédaigneux sur les lèvres de Marisa. Elle connaissait Asriel mieux que personne à présent, et savait qu'il était furieux. Furieux et sans doute blessé par son silence. Mais la fureur d'Asriel n'était rien, selon elle, face à sa propre rage démentielle qui dissimulait en vérité une tristesse incommensurable et une peur, toujours plus étouffante, de ce qu'il se passerait dans un futur proche.

- Je suis enceinte. De toi, j'en suis certaine.

Il y avait, bien entendu, une chance infime pour que l'enfant soit d'Edward. Mais Marisa n'y croyait pas une seule seconde. Elle sentait que cet enfant était celui d'Asriel, comme s'il était le fruit d'une malédiction qui s'était abattue sur eux dès l'instant où ils s'étaient soumis à la tentation de l'adultère et de cette liaison des plus dangereuses.

Elle se mordit la lèvre, manquant de peu de rompre la chair tant elle appliquait de force. A ses pieds, Ozymandias s'agitait, poils hérissés, crocs révélés, reflétant l'état d'angoisse et de fureur intérieurs de Marisa en dépit du calme glacial qu'elle affichait soudainement.

- Il est maintenant trop tard pour que je me sépare de ce parasite.

C'était, bien évidemment, la première question qu'elle avait posé à la gitane. Une femme comme Marisa Coulter, déjà à cette époque, n'était pas faite pour être mère. Dans d'autres circonstances, peut-être... Si Asriel et elle étaient mariés, qu'ils vivaient ensemble et qu'ils évoluaient dans une société plus clémente avec la gente féminine. Mais pas en ce temps, pas alors qu'elle était prisonnière de ce mariage sans amour et retenue captive par ses ambitions démesurées.

Elle souffla par le nez après un temps de silence.

- Avec un peu de chance, mon cher époux pensera que cet enfant est le sien.

Mais si par malchance le bébé ressemblait un peu trop à Asriel... Alors ils couraient tous deux à leur perte. Edward Coulter n'était pas un homme brutal. Mais c'était un homme qui tenait à son honneur, et il ne faisait aucun doute, pour Marisa, qu'il chercherait à réparer le sien s'il découvrait leur liaison. Son cœur battait un peu plus vite à l'idée qu'Asriel soit confronté à la violence d'Edward, et que celui-ci obtienne réparation en s'en prenant directement à son amant. Elle rejeta brusquement de telles inquiétudes, se morigéna silencieusement. Ozymandias voulut monter sur son épaule pour la consoler. Elle l'en dissuada d'un regard assassin qui sembla briser le cœur du daemon. Mais elle l'ignora superbement, reportant son attention sur Asriel.

Marisa avait envie de se blottir dans ses bras, de le laisser murmurer des paroles réconfortantes et lui assurer que leur avenir n'était pas compromis par cette nouvelle. Mais elle ne trouvait pas la force de prétendre croire à des souhaites aussi naïfs.
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Sam 11 Juin - 10:56



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feat. Marisa




Les mots tombent comme un couperet, le soumettent à une vérité brutale sans l’y avoir un seul instant préparé. N’avait-il pas envisagé cette possibilité ? A vrai dire non. Si passionné furent-ils, ils avaient toujours été prudents, du moi l’imaginait-il. Mais la perspective d’intégrer un enfant, une tierce vie à la leur, tenait presque de l’absurde pour lui. Il y avait lui et Marisa… Lui et Marisa, c’est tout. Et voilà qu’il découvre que là, quelque part, dans ce ventre pas encore rebondi, que ne trahit pas encore l’adultère d’une future mère, se complaît doucement un embryon d’humanité. Le fruit de leur passion, de leur amour… et de leurs nombreuses erreurs. Le choc est si violent que pendant un temps, il ne réagit pas. Il encaisse seulement la nouvelle sans pour autant dire quoi que ce soit. Il ne sait quels mots prononcer ni quelle émotion ressentir véritablement.

Elle répond à l’une des questions qu’il aurait nécessairement pu poser. Impossible d’envisager la solution la plus confortable. Il aurait été compliqué bien sûr, dans un univers d’une rigueur morale oppressante, de se séparer de manière sûre et fiable de ce… parasite ? Le terme ne colle pas. Pas totalement… Et en même temps complètement. Difficile à expliquer en des termes cohérents les émotions qui le traversent en cet instant tant la nouvelle est difficile à encaisser. Au regard de la société, il ne le sera probablement jamais, pourtant, cette pensée l’envahit et l’oppresserait presque. Il va devenir père. Il n’a jamais envisagé l’être, il n’a jamais voulu l’être. Mais il deviendra père.

« Et s’il doit penser le contraire ? » reprend Asriel, pragmatique, qui préfère se focaliser sur l’éventuelle réaction du mari bafoué que de faire face à ses propres sentiments.

Mr Coulter, s’il devait avoir la moindre idée de leur liaison, en ferait payer le prix fort à Marisa, et si ses préoccupations ont pu paraître bien égoïstes jusqu’alors, l’inquiétude qu’il ressent vis-à-vis de Marisa n’en est pas moins réelle, au tant que cette anxiété soudainement prégnante, inattendue, comme un vertige. Cette enfant sera la fin de tout s’il doit être la fin de leur histoire. Asriel ne se sent ni prêt ni capable de renoncer à Marisa.

Asriel n’est pas de marbre face à la détresse de Marisa, mais il fait lui-même face à un tel cataclysme émotionnel que les mots de réconforts, si tant est qu’il pût en avoir, ne dépassent pas le seuil de ses lèvres. Il résiste à l’envie de la prendre dans ses bras, de l’embrasser, figé à la manière d’une statue de seul.

« Nous ne pouvons seulement compter sur le hasard, Marisa. »


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Mer 15 Juin - 0:36

Funny how things tasted better when we were just youngLe manque de réaction d'Asriel aurait pu amuser Marisa en d'autres circonstances. Lui, toujours si composé, si sûr de lui, était bien pâle depuis qu'il avait appris la nouvelle. Mais l'annonce était trop grave pour que Marisa y trouve un tant soit peu de satisfaction. Elle l'observa solennellement pendant qu'il s'efforçait de digérer l'annonce, tentant par la même occasion de se composer un masque de neutralité qui, lorsque cette grossesse achèverait son œuvre et les séparerait pour de bon, lui serait fort utile.

Marisa savait qu'elle n'avait pas la fibre maternelle. Tout comme elle savait qu'Asriel ferait un père déplorable, dans cette société qu'était la leur. Et le pragmatisme dont il fit finalement preuve ne l'en persuada que davantage.

- Il s'en prendra à toi. Tu connais les lois aussi bien que moi, Asriel. Il aura la justice de son côté même s'il te blesse ou t'élimine.

Elle savait, pourtant, qu'Asriel était parfaitement capable de se défendre. Il avait une fougue et une sauvagerie puissantes qui faisaient de lui un adversaire redoutable, à n'en pas douter. Mais elle savait aussi qu'Edward aurait la hargne et son honneur à défendre, et qu'il n'hésiterait pas à s'en prendre à Asriel de façon déloyale... Voire à s'en prendre au bébé. Ce qui, pour une raison qui échappait à la conscience de Marisa, lui déplaisait fortement. Par réflexe, la brune porta une main à son bas-ventre tout en fronçant les sourcils, soudainement étourdie par l'angoisse à l'idée que cet enfant soit la cible du courroux de son époux.

Et pendant qu'elle s'efforçait de repousser et de maîtriser son anxiété, elle continuait de le fixer, ne désirant rien tant que de se blottir contre lui, de se laisser étreindre par les bras du seul homme dont elle soit tombée amoureuse. Cette grossesse était la conséquence de ce qu'il y avait eu de plus extraordinaire dans la vie de Marisa. Leur amour était extraordinaire. Mais il était dévorant et redoutable. Et à présent, le moment était venu d'endosser la responsabilité de chacun de leurs péchés.

La dernière affirmation d'Asriel, juste, l'anima d'une fureur nouvelle. Ozymandias, à ses côtés, gronda avant que de s'élancer vers Stelmaria pour enfouir son museau dans la fourrure du léopard.

- Que peut-on faire d'autre ? Je dois lui annoncer que je suis enceinte de lui.
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Jeu 16 Juin - 17:36



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feat. Marisa



La réponse de Marisa n’a guère besoin d’être formulée pour qu’Asriel en sache déjà la nature. Bien sûr que si Mr Coulter devait apprendre la vérité, l’identité du père de l’enfant de son épouse, il n’hésiterait pas à s’attaquer à lui, et il n’aurait guère besoin de faire dans la dentelle quant à la manière de réparer son honneur… Il cherchera très probablement, oui, à l’éliminer, et comme Marisa le souligne si bien, il pourrait bien brandir son cadavre sous le nez d’une Justice aveugle quand cela l’arrange, et cette dernière serait tout de même de son côté.

« Il ne m’éliminera pas », répond-il presque comme un réflexe, une promesse qu’il fait peut-être autant à lui-même qu’à Marisa…

Cependant, il y a aussi une détermination redoutable dans le ton de sa voix. Non, Edward Coulter ne saurait éliminer Lord Asriel, car ce dernier saurait peu importe les circonstances, échapper à sa rage meurtrière. Trop présomptueux de sa part que de le suggérer ? Eh bien… autant l’être à l’heure où la mort vient frapper à votre porte, n’est-ce pas ? Dans tous les cas, elle ne vous épargnera pas davantage. Oui, Asriel sait se défendre, parfaitement se défendre, et en réalité, si Marisa suggère ce qu’elle est en train de suggérer, son affirmation ne doit pas le surprendre davantage.

« S’il doit me provoquer en duel, il perdra », observe-t-il du ton neutre de l’évidence. Sauf qu’il est tout à fait possible et même très probable que le mari de Marisa fasse plutôt le choix de le prendre en traître.

Mais ce qu’il sait encore afficher de retenue se laisse trahir par la pâleur de son teint. L’information peine encore à se faire une place véritable dans son esprit tant elle est insoutenable, en vérité… Elle remet tout en question. Leur relation telle qu’elle avait toujours été pour commencer. Non qu’elle ne se soit pas accompagnée tout naturellement de son lot infini de frustrations, il est vrai… mais ils avaient chacun su en tirer leur parti… et maintenant ? Marisa affirme qu’elle doit annoncer à son époux qu’elle est enceinte. Sur le papier, l’alternative n’existe pas, en effet. Pour l’heure, rien ne laisse deviner son état, mais cela viendra. Sans compter bien sûr qu’il serait probablement difficile, voire impossible, d’acheter le silence d’un professionnel de santé éventuellement trop bavard.

« Tu pourrais disparaître, le temps de la grossesse. Trouver un prétexte. Revenir quand l’enfant sera né. »

Et remis entre d’autres mains que les leurs. Personne n’a nécessairement besoin de savoir, n’est-ce pas ? Mais Asriel entrevoit d’office les limites de son plan en même temps qu’il en fait part à sa maîtresse.

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Dim 26 Juin - 20:24

Funny how things tasted better when we were just youngSelon Marisa, l'assurance d'Asriel n'était pas employée à bon escient, en cet instant. Mais d'un certain côté, c'était une maladresse qui lui rappelait les raisons de leur liaison. Les raisons qui les avaient poussés à continuer à s'adonner à ce jeu dangereux malgré les conséquences. Elle ne voulait pas que vienne le jour où leurs péchés seraient révélés et où Edward ne manquerait pas de tenter de sauver son honneur. S'il avait le moindre doute, un duel était inévitable. Et quelle que soit l'issue, cette dernière serait inévitablement désastreuse.

- Peut-être, concéda-t-elle après qu'il ait affirmé qu'il sortirait victorieux de cet affrontement. Mais même s'il perdait... Nous n'aurions rien à gagner, toi et moi.

La nature de cette discussion commençait à l'épuiser. C'étaient des émotions trop fortes, trop différentes de la passion amoureuse et dévorante qu'Asriel lui inspirait habituellement. La fureur de ses sentiments pour cet homme impétueux, elle pouvait la gérer. Mais cette vulnérabilité nouvelle que ni l'un ni l'autre n'avait prévue... C'était au-dessus de ses forces. Marisa se détourna de son amant et prit place sur le premier siège venu, ses yeux préférant observer le sol que croiser ceux du seul homme qu'elle ait jamais aimé.

Pourtant, la dernière suggestion d'Asriel la fit sourire, quoiqu'avec amertume.

- Pour que ne subsiste aucun doute quant à notre liaison ? Asriel... Concentre-toi.

Tout en poussant un long soupir, elle releva la tête et osa affronter le regard de son amant. Des idées, plus osées encore, lui traversaient l'esprit. Elle pourrait divorcer. Elle pourrait l'épouser, lui, et ils pourraient élever leur enfant ensemble. Mais ce n'était pas ce qu'elle voulait. Ce n'était pas ce qu'il voulait non plus. Elle en était du moins persuadée, aveuglée qu'elle était par l'anxiété et ses ambitions démesurées. Ils étaient tous deux des êtres de pouvoir. Cette soif de connaissance et de contrôle qu'ils arrivaient à exprimer par la ferveur de leurs baisers et de leurs gestes ne leur permettrait pas d'élever un enfant. Et Marisa, plus personnellement, était persuadée de faire une bien piètre mère.

- Qu'est-ce qui te déplait dans l'idée que je lui annonce ma grossesse ? interrogea-t-elle enfin, d'une voix trop doucereuse pour être bienveillante.

C'était une épreuve qu'elle faisait subir très injustement à l'homme dont elle aurait tant aimé retrouver les bras. Elle voulait l'obliger, cruellement, mesquinement, à admettre ce qu'il ressentait pour elle, ce qu'elle devinait de possessivité dans son caractère.
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Lun 27 Juin - 20:23



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feat. Marisa



C’est bien le problème, dans cette situation. Peu importe le regard qu’ils devaient poser sur cette dernière, ils ne sauraient être gagnants en aucun cas. Leur situation était simple tant qu’elle était sous contrôle. Oui, leur liaison ne pourrait jamais être autre chose, mais elle ne concernait qu’eux. S’il y avait quelque chose de frustrant dans le fait de savoir Marisa mariée à quelqu’un d’autre, il préférait l’avoir sous cette condition que ne pas l’avoir du tout, et les moments qu’ils savaient partager tous deux occultaient toute considération extérieure, rendaient caduques de telles préoccupations. Mais maintenant, un nouvel élément vient s’ajouter à l’équation, et peu importe la manière dont on l’observe, il se révèle inconciliable avec leurs aspirations et avec le peu qu’ils pouvaient entrevoir de l’avenir d’une relation qui n’aurait jamais été officialisée et aurait forcément été vouée à l’échec.

Asriel regarde Marisa s’éloigner tandis que cette dernière vient s’asseoir sur le premier siège à sa portée. Lui ne bouge pas, il se contente de rester debout, en quête de suggestions naturellement imparfaites, nécessairement insuffisantes à palier véritablement le problème qu’il rencontre. Car oui, pour lui, ce n’est jamais qu’un problème, ce n’est pas une solution.

« Je ne t’ai pas parlé de revenir avec l’enfant », réplique-t-il simplement sans rien ajouter de plus, car ces propos en disent suffisamment long.

Ceci dit, elle a raison, cette solution n’est pas convaincante, elle n’est pas fiable. Pour ne pas jeter le discrédit sur leur relation, rien au monde ne semble possible. Un aveu équivaudrait à une mise à mort pure et stricte, si ce n’est concrète, du moins de leur situation, morale autant que sociale. Dans l’esprit d’Asriel les idées fusent, mais aucune d’entre elles n’est convaincante, aucune d’entre elles ne mérite sa pleine et entière attention. Aucune ne vaut la peine d’être articulée à voix haute. Aucune manigance ne semble susceptible de les sortir de cette impasse, et il s’en retrouve… déconcerté. Chaque problème devrait rencontrer, tout naturellement, une solution, mais cette fois, il n'est capable d’en trouver aucune qui lui semble un tant soit peu satisfaisante. Il se sent coincé, ni plus ni moins que cela, et il n’aime pas cela du tout.

La question de Marisa le prend de court, comme si la réponse devait être évidente… Et pourtant elle ne saurait s’exprimer en paroles qu’il n’avait pas envie de prononcer sur l’instant, qu’il n’avait peut-être jamais prononcés de la bonne manière, dans les bonnes circonstances.

« Tu le sais très bien », réplique-t-il tout d’abord un peu sèchement. Avant de se reprendre avec un soupir. « Cet enfant ne peut être que le nôtre… ou n’être celui de personne. »


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Mar 12 Juil - 23:48

Funny how things tasted better when we were just youngUne lueur de défiance passa dans le regard de Marisa après qu'Asriel ait émis l'idée de revenir sans l'enfant. Instinctivement, c'était une proposition qui déplaisait à Marisa, qui posa une main sur son bas-ventre comme pour préserver le fœtus des paroles sèches et impitoyables d'un homme qui avait toujours su charmer Marisa de par sa fougue. Y compris en ces circonstances. Mais Marisa savait que lui-même n'était pas satisfait par cette suggestion, elle le voyait dans l'expression de son visage, l'entendait dans le silence tendu qui suivit ses propos. Elle ne se donna pas la peine de répondre. Aucune solution n'était idéale, dans leur situation. Mais celle-ci était tout bonnement inenvisageable.

La réponse qu'il lui offrit enfin la fit sourire, quoique cyniquement. Marisa savait ce qu'il taisait, tout simplement parce qu'elle taisait ces choses-là, elle aussi.

- Cet enfant ne peut être le nôtre, Asriel.

Il y avait du regret dans sa voix, ainsi que de l'amertume. Elle redoutait les mois et les années à venir sans parvenir à exprimer ses doutes et ses craintes. Elle redoutait que cet enfant ne détruise ce qu'elle avait de plus cher. Marisa savait, en dépit de son mutisme à ce sujet, qu'elle était sincèrement amoureuse d'Asriel. Mais elle savait également qu'il y avait des épreuves dont l'ego ne pouvait se remettre, des circonstances qui obscurcissaient le jugement des êtres. La Poussière était partout, et selon l'Eglise, elle était néfaste. Marisa commençait à le croire elle aussi. Sans son influence, elle aurait pu imaginer le meilleur, espérer le plus raisonnable : une vie où un divorce serait envisageable, une vie où leur liaison ne jetterait pas l'opprobre sur eux et ne nuirait pas à leurs ambitions.

Après une courte hésitation, elle se releva et franchit une fois de plus la distance qui les séparait. Elle posa avec lenteur les mains sur les joues rugueuses d'Asriel. Le regard plongé dans le sien, elle le contempla silencieusement, s'imprégnant de la beauté sauvage et impressionnante de son amant. Puis, se servant de cette prise pour l'approcher d'elle, Marisa lui offrit un baiser appuyé qu'elle fit durer quelques secondes avant de se séparer, à regret, de lui. Cette fois-ci, elle ne trouva pas le courage d'affronter son regard.

- Je ne peux avouer à Edward qu'il n'est pas le père. Mais toi et moi... Nous saurons la vérité. Il ne sera jamais son père, et toi non plus. C'est tout ce que je peux t'offrir comme compromis.
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Mer 13 Juil - 19:10



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feat. Marisa



Marisa ne lui apprend rien qu’il ne sache, bien sûr. Asriel n’a pas le moins du monde la bêtise d’imaginer que cet enfant, en aucun cas, puisse être le leur, ou considéré comme le leur en tous les cas. Et puisqu’il ne le serait pas, ce qui aurait pu être un symbole de leurs sentiments violents et partagés sera peut-être ce qui marquera pour de bon la fin d’une liaison qui était condamnée dès sa naissance. Asriel, qui pour rien au monde ne voudrait d’enfants aurait été capable d’élever celui-ci, et de l’aimer, même, autant qu’il aime sa mère, si l’opportunité lui en avait été offerte.

Mais il ne pourra aimer cet enfant, tout comme les signes, loin d’être toujours trompeurs, paraissent laisser suggérer qu’il est temps de mettre un terme une fois de plus à ce qui ne peut décemment plus durer. Ils ont tiré sur la corde, laisser la flamme brûler jusqu’à la consomption de tout ce qui était autour. C’est à la fois leur réputation et leurs ambitions que cette situation, cette vie même pas encore faite, même pas encore née, va détruire. Comme un souffle qui balaiera tout sur son passage, éteindra la flamme pour de bon. Et il est trop tôt pour qu’elle s’éteigne. Il n’est pas prêt encore à dire au revoir à Marisa. En réalité, il ne l’a jamais été, et il est plus que probable qu’il ne le sera jamais.

Il savoure le contact de ses doigts contre sa joue, même s’il n’en montre pas grand-chose, de même que ce qu’il lit dans ces yeux, cette lueur qu’il n’a jamais découverte dans ses prunelles qu’en sa compagnie. Il lui rend son baiser avec force, presque comme si c’est le dernier qu’il lui adressait – est-ce que ça pourrait être le dernier ? Quand il cherche la réponse à cette douloureuse question dans le regard de Marisa, il ne trouve rien, absolument rien.

« Je déteste les compromis », souffle-t-il alors, faute de savoir accepter le peu que lui concède Marisa. La belle affaire, qu’il ne soit pas le père de cet enfant plus que lui, ça ne parvient pas à le réconforter le moins du monde. Ce n’est absolument pas ce qu’il veut entendre, c’est même la dernière chose qu’il ait envie d’entendre.

Non, il ne veut pas de compromis. C’est ce qu’il a déjà dit. C’est tout ou rien. Il ne peut pas tout avoir et pourtant il ne supporte pas de ne rien avoir. L’un dans l’autre, il fait juste face au constat désarmant de ne tout simplement plus savoir quoi dire ou quoi faire.

« Je crois qu’il vaut mieux qu’on arrête tout. »

Il n’explicite pas. Il laisse Marisa en tirer ses propres conclusions.

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Ven 22 Juil - 14:13

Funny how things tasted better when we were just youngLe regard de Marisa se durcit dès l'instant où Asriel réaffirma son désamour des compromis. Elle le connaissait mieux que personne. Suffisamment, en tout cas, pour deviner la suite de ses paroles.

Piquée au vif, elle se sépara brusquement de lui, relevant le menton pour mieux le toiser, ses lèvres retroussées en une expression méprisante. Ce n'étaient pas des mots qu'elle voulait l'entendre prononcer. Et pourtant, c'étaient des mots qui s'étaient imposés à son esprit dès les premiers instants où ils avaient succombé à cette attirance irrésistible qui les poussait dans les bras l'un de l'autre.

De sombres désirs de vengeance lui vinrent à l'esprit. Elle voulait faire couler son sang, voulait lui ouvrir la poitrine et contempler ce cœur de glace qui le poussait à prononcer de tels mots avec si peu d'hésitation. Marisa fixait Asriel avec une intensité dangereuse. Lui, cet homme qu'elle avait tant aimé et aimait encore tant qu'elle en devenait violente. Elle voulut le gifler. Elle amorça d'ailleurs le geste mais le retint au dernier moment, préférant finalement le repousser brusquement d'une pression sur le torse. Ozymandias, fourrure hérissée, montrait les crocs à Stelmaria. Elle savait qu'il avait raison. Elle savait qu'il ne faisait qu'énoncer la triste évidence. Mais elle lui en voulait d'avoir réussi à prononcer ces mots qui lui déchiraient plus le cœur qu'elle ne voulait bien l'admettre.

Partagée entre fureur et chagrin, elle le fixa d'un regard noir et assassin, la bouche tordue en une expression mauvaise.

- Lâche.

Les mots d'Asriel agissaient sur elle comme si elle avait été frappée par une vague d'adrénaline. Elle peinait à se concentrer sur le visage de son amant. Mais sa poitrine se soulevait plus rapidement, ses souffles étaient plus bruyants, comme si elle s'apprêtait à lui bondir dessus pour l'étrangler de ses mains. Comme une quête sempiternelle du moindre contact avec lui, qu'il soit bienveillant ou malveillant. Doux ou violent. C'était un fait, lorsqu'Asriel était présent, Marisa ne pouvait occulter sa présence ni l'envie de sentir sa peau contre la sienne. Qu'il s'agisse de faire l'amour ou de se laisser aller à des pulsions bien plus dévorantes.
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Sam 23 Juil - 8:36



Funny how things tasted better when we were just young



feat. Marisa



Asriel sait bien qu’il n’est qu’une seule manière dont Marisa puisse réagir à ses paroles. Il veut croire la connaître mieux que personne, mieux que son mari ne la connaîtra jamais. Il sait qu’en cet instant, il réveille un volcan, un feu qui couvait sous la cendre, jamais éteint. Il sait qu’elle va le haïr, et cette pensée lui déplaît profondément. Mais quand aucune alternative n’est possible, quand l’unique solution qui lui est offerte n’est autre qu’un impensable compromis… Asriel estime n’avoir tout simplement pas le choix. Les choses doivent être ainsi : il n’envisage aucune autre option. Oui, l’idée de renoncer à Marisa, et même de devoir à présent renoncer à leur enfant à naître, cela lui arrache le cœur, mais il estime néanmoins que c’est la seule et unique chose à faire.

Dans le regard qu’il continue de soutenir, il peut voir toutes ces émotions qu’elle a plus souvent adressé à d’autres qu’à lui-même, même s’il n’a pas toujours été épargné : de la colère, de la rage… mais aussi quelque chose qui ressemble à de la détresse. Dans l’expression la plus vive de ses émotions les plus douloureuses, Marisa lui apparaît toujours comme positivement irrésistible. Il règne dans l’air une tension des plus palpable. A tout instant, Asriel s’attend à voir Marisa exprimer sa rage avec violence. Et en effet, cela finit par être le cas. Ses mains se plaquent avec brusquerie contre son torse, mais Asriel ne bouge pas d’une once. Sous ses airs impassibles, lui aussi est en souffrance. Il n’a rien voulu de cette situation, et il n’a pas la moindre envie de mettre un terme à leur relation, mais il est plus que temps de voir les choses en face : ils n’ont tout simplement pas d’autres choix que d’y faire face.

« Interprète-le comme tu veux »
, réplique Asriel en soutenant le regard de Marisa.

Il n’estime pas être lâche. C’est au contraire un courage remarquable qu’il lui faut rassembler pour venir à bout de sa décision, la mettre à exécution et ne pas y revenir. Il est pourtant plus que tentant de faire machine arrière. Il est capable d’encaisser la rage et la déception de Marisa pour quelques instants d’extase grapillés. Mais il ne peut plus être question de cela. Ils l’avaient su dès le départ : un jour ou l’autre, leur relation prendrait fin, et quand ce moment viendrait, il serait forcément tragique, d’une insoutenable violence. Ce moment est arrivé, et l’intensité avec laquelle il sert le cœur d’Asriel est au-delà de ce qu’Asriel avait suggéré.

« Dis-moi adieu tant que tu le peux encore. »

Il ne veut pas disparaître de sa vie sur ces seuls mots. Certes, il n’en disparaîtra jamais totalement, quoi qu’il en soit, mais il a besoin que la fin de leur histoire soit à la hauteur de cette dernière. Là, les circonstances lui laissent seulement un goût amer aux lèvres : c’est loin d’être suffisant.


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Jeu 28 Juil - 23:58

Funny how things tasted better when we were just youngLa froideur dont il était incapable de faire preuve même dans un instant comme celui-ci était des plus désolantes. Marisa continuait de le fixer furieusement, espérant l'entendre changer à tout instant tout en sachant pertinemment qu'Asriel ne changerait jamais d'avis. Pas après avoir énoncé ces mots si difficiles, pas avoir pris la plus douloureuse des décisions. Car elle était douloureuse pour lui aussi, Marisa en était certaine. Ce n'était toutefois qu'une maigre consolation.

Sa mâchoire était crispée. Son regard était sombre et brillant, comme si de véritables flammes y brûlaient. Pour sûr, elle voyait rouge. La tension qui habitait son corps était difficilement contenue. C'était l'une de ces tensions dont on ne se défaisait qu'en laissant éclater sa violence. Or, elle s'y refusait. Pour une raison évidente mais qui en cet instant, ne faisait que frustrer davantage la très instable Marisa Coulter. Elle avait envie de le faire souffrir comme lui-même venait de la faire souffrir. Elle voulait voir ce masque de froideur et d'impassibilité s'effriter, elle voulait voir ses larmes et son sang. Elle voulait plus encore le voir à genoux, la suppliant d'oublier ce qu'il avait osé lui dire, lui promettant tout ce qu'elle désirait.

Elle voulait son obéissance et sa loyauté, mais ne ressentait que la plus grande détresse car elle savait qu'il ne les lui accordait pas. Plus maintenant.

Ses battements de coeur étaient forts et rapides. Marisa n'entendait plus qu'eux. Elle se demanda, brièvement, si la douleur serait si terrible que cela si elle venait à s'arracher elle-même le cœur. Sans doute cette douleur serait-elle plus supportable que celle qu'elle ressentait à cet instant.

- Ne sois pas ridicule, Asriel. Il ne sera jamais question d'adieu entre nous.

La violence n'était toujours pas véritablement écartée de son esprit. Ozymandias, dans un coin de la pièce, dévisageait Stelmaria avec désespoir. A l'instant même où il se réfugia encore un peu plus dans les ombres de ce coin, Marisa s'élança vers Asriel et, prenant son visage dans ses mains, lui déroba un baiser mordant et passionné, de ceux qui coupaient le souffle mais qui se prolongeaient quand même tant l'asphyxie était une moindre douleur comparée à celle de l'absence.
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Lun 1 Aoû - 20:22



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feat. Marisa



Soutenir le regard brûlant de Marisa lui fait le plus grand mal. Là où il n’y a pas si longtemps encore, il voyait luire du désir, de l’estime, et même de l’amour, il n’y a dorénavant plus que la douleur et le ressentiment. Il n’aime pas la voir dans cet état. S’il n’en montre rien du tout, une part de lui est tentée de le prendre dans ses bras, de le serrer contre lui aussi fort qu’il le peut, de l’embrasser jusqu’à en perdre le souffle. Comme il serait simple, tout contre ses lèvres, de faire abstraction de ces problèmes insolubles pour ne plus se concentrer que sur elle. Mais bien sûr, il est trop tard, bien trop tard à présent. Impossible de faire marche arrière, impossible de revenir sur ses propos. Quand bien même ce le serait, quoi qu’il en soit, son opinion, sa vision de la situation, ne s’en verrait pas altérée. Ils ne peuvent rien à ce qui est, il n’est pas possible de revenir sur le cours des événements. La seule et unique chose qu’ils puissent faire à présent, c’est accepter et se résigner, rien d’autre.

Asriel n’entretiendra pas les désirs inextinguibles de celle qu’il ne pourra plus considérer comme sa maîtresse, il ne se fera pas le maître de ses illusions. En lieu et place de cela, il consent à ce constat des plus complexes mais des plus évidents et douloureux : c’est fini. Ce n’est pas un choix qu’il fait de gaieté de cœur, ce n’est définitivement pas un choix qui le rend heureux, mais c’est une nécessité. Cet instant est difficile, et l’envie de simplement tourner les talons, ici et maintenant, sans attendre la réaction de Marisa, la tentation de céder à cette évidente faiblesse est ce qu’il y a de plus puissante. Pour autant, il n’y cède pas. Il veut lui dire adieu dans les règles de l’art. Car oui, quoi qu’il puisse en dire, c’est bel et bien d’un adieu qu’il s’agit.

Oui, forcément, leurs chemins se croiseront de nouveau, il ne peut en être autrement, mais leur relation telle qu’elle fut, elle, ne pourra jamais revenir à la normale. Ce n’est pas un adieu formel, mais un adieu à leur relation telle qu’elle avait été, oui. Leur histoire ne sera sans doute jamais finie au sens où Asriel sera toujours incapable de l’enterrer, de l’enfouir ou de la réduire au plus strict silence, mais plus rien ne sera jamais comme avant malgré tout. Il veut répliquer, mais elle coupe sa parole avant qu’il ne la prenne en même temps qu’elle lui coupe le souffle, et alors il n’est plus capable de dire quoi que ce soit, au moment de sentir la pression de ses lèvres contre les siennes. Asriel est incapable de ne pas y répondre, il sait que ce baiser est probablement l’un des derniers, si ce n’est le dernier, et il le savoure alors dans toute son intensité. Quand leurs lèvres s’écartent de quelques millimètres seulement, Asriel a presque le souffle coupé.

« Il va le falloir pourtant », souffle Asriel. « A toi de me dire à quoi tu préfères que ces adieux ressemblent. »


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Dim 21 Aoû - 19:11

Funny how things tasted better when we were just youngLes doigts de Marisa, qui s'étaient glissés dans les cheveux bruns d'Asriel, suspendirent leur caresse. Sa prise se fit même cruelle, l'espace de quelques secondes. Asriel ne l'avait pas habituée à être le plus raisonnable. Leur liaison toute entière avait été déraisonnable. Et il choisissait d'user de sa bonne conscience au moment où Marisa aurait souhaité qu'il soit le plus insensé.

Elle expira un souffle jusque-là contenu et se détacha de lui. Lui laisser le choix de la manière dont se passeraient leurs odieux était une odieuse cruauté. Mais elle n'en était pas surprise. Asriel avait toujours manifesté cette part de cruauté, avec tout le monde, y compris avec elle. En paroles ou en gestes. Avec lui, même les baisers étaient mordants, même les caresses étaient douloureuses.

Une chose était certaine, Marisa ne voulait pas de cet enfant à naître. En d'autres temps, en d'autres circonstances... Cette nouvelle aurait été heureuse. S'il fallait, pour préserver leur vie, jouer le jeu et prétendre que cet enfant était celui d'Edward, elle le ferait. Mais elle ne l'élèverait pas. Elle en serait incapable, puisque chaque regard porté sur lui n'aurait de cesse de lui rappeler sa liaison. N'aurait de cesse de lui rappeler l'existence du véritable père de l'enfant.

A mesure que ses pensées haineuses s'emparaient de son esprit, le visage de Marisa se teintait d'une froideur redoutable. Là où, quelques instants plus tôt, ses yeux brillaient de rage et ses traits étaient tordus de fureur, elle était désormais méconnaissable. Le regard qu'elle lui adressa brûlait d'un feu glacial.

- Contente-toi de tes pauvres souvenirs. Ton infâme présence m'est intolérable.

Ce n'était pas tout à fait vrai, bien sûr. Ozymandias le sentit et voulut bondir dans ses bras dans l'espoir de la réconforter. Elle le repoussa brusquement, lui infligeant une tape dont elle ressentit aussitôt la douleur et la violence. Mais plutôt que de la dissuader de recommencer à l'avenir, cela ne fit que lui donner les clés de son salut prochain : cela lui apprit à refouler chacune de ses émotions, en particulier les plus douloureuses. Une habitude qu'elle avait adoptée dès son adolescence mais qu'elle avait perdue en entrant dans l'âge adulte. Ce procédé lui sembla être salvateur à présent.

Les lèvres retroussées en un sourire qui révélait ses dents, de manière trop carnassière pour être rassurante, elle se détourna de lui.

- Adieu, Asriel.

Il ne lui fallut que quelques poignées de secondes pour quitter la pièce.
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