Depuis toute petite, Beth était passionnée de musique et jouait du piano. D'ailleurs, à chaque soir, elle accompagnait sa mère et ses soeurs qui chantaient. C'était sa maman qui lui avait transmis son amour pour cet art. À chaque fois qu'elle touchait un instrument, c'était à elle qu'elle songeait directement. Une partie de l'amour maternel était logée, sans réellement le vouloir, dans la musique qu'elle jouait.
Tout le monde s'entendait pour dire qu'elle avait beaucoup de talent au piano. Enfin, tout le monde, sauf une personne: Elisabeth March. Elle doutait vraiment de son talent musical. À un tel point, qu'elle allait suivre des cours supplémentaires alors qu'elle n'en avait même pas besoin. C'était Beth qui aurait dû donner des cours aux autres élèves, pas le contraire. La vérité, c'était que la rousse était incroyablement anxieuse de ne pas réussir à réaliser son rêve. Si sa mère avait été présente avec elle, elle aurait su exactement quoi lui dire. Mais, comme ce n'était pas le cas, la March prenait des cours supplémentaires pour combler cette angoisse.
C'est pourquoi elle avait fait appel à une jeune femme nommée Musa, qui était une professeure de musique ici, à l'université. Beth se sentait en parfaite confiance avec elle, donc c'était parfait.
Elles s'étaient données rendez-vous dans la salle de musique après les cours pour ce petit entretien. Beth arriva, parfaitement à l'heure, comme à son habitude, et salua la fée de la musique, qui arrivait elle aussi.
- Bonjour, comment allez-vous ? demanda-t-elle tandis qu'elle s'asseyait au piano.
La musique avait toujours fait partie de ta vie. Depuis toute petite déjà tu t’étais mise à chanter et jouer de divers instruments. Ce n’était pas pour rien si tu étais la fée de la musique après tout, surtout que depuis quelques temps tu avais retrouvé l’usage de ces derniers et que ça te permettait de profiter encore plus des mélodies que tu laissais sortir lors de tes sessions. Tu étais peut-être gérante du Frutti Music Bar mais en vrai tu étais aussi professeur de musique et il t’arrivait de donner quelques cours privés, pour le plaisir et aussi pour aider les futurs talents dont regorgeait cette ville.
Aujourd’hui était un de ces jours où tu avais cours avec l’adorable Beth. Tu n’avais pas compris le but de sa demande quand tu l’avais entendue jouer la première fois mais tu avais vite compris qu’elle manquait de confiance en elle et même si de ton point de vue elle jouait à merveille, tu avais quelques trucs à lui enseigner, pour qu’elle puisse s’épanouir et s’amuser avec sa musique, comme toi tu le faisais.
Entrant dans la salle en même temps que la jeune rousse, tu lui lanças un sourire tandis qu’elle s’installait déjà au piano. « Bonjour Beth, je vais bien et toi alors ? Que souhaites-tu étudier aujourd’hui ? » demandes-tu alors que tu viens t’installer à ses côtés, sur le banc. En l’observant tu repenses à la petite Musa que tu étais, quand ton père t’interdisait de faire de la musique car ça avait coûté la vie de ta mère. Heureusement tu avais su le faire changer d’avis, même si ça n’avait pas été facile. « Tu as réussi à écrire quelques notes ? » Après tout tu lui avais donné un devoir, celui d’écrire une mélodie ou même carrément une chanson et tu voulais donc voir si ça avait été fait ou non.
Musa était une des seules personnes en qui Beth avait confiance dans cette nouvelle ville. Elle avait beau ne pas être aussi timide que la rouquine, la plus âgée avait tout de même un grand passif avec la musique, tout comme son élève. Là était leur plus grand point commun. Musa était capable de comprendre parfaitement ses besoins et était donc, en conséquence, une enseignante idéale pour la jeune fille.
Musa était arrivée à peu près en même temps que la March, à peine quelques secondes après elle. Ponctuelle, comme à son habitude. Elle s'était alors assise près du piano, comme à son habitude. Elisabeth était une personne très routinière, ça c'était sûr. Elle faisait toujours les choses de la même façon. La rousse l'avait alors saluée poliment, comme elle en avait toujours l'habitude.
- Oui, je vais bien, merci beaucoup. J'imaginais qu'on pourrait peut-être revoir la composition de pièces ?
S'il y avait quelque chose en laquelle la troisième des March n'avait pas confiance, c'était sa capacité à créer. Elle avait l'impression qu'elle ne serait jamais douée à comparé aux autres musiciens qui l'entouraient. Il y avait tellement de poissons dans l'océan... Beth était un petit poisson se faisant manger par des grands requins. Du moins, c'était ce qu'elle croyait.
Son devoir, elle l'avait fait. L'étudiante en musique avait réussi, la semaine dernière, à terminer cette pièce que sa professeure lui avait demandée d'écrire. Elle s'était d'ailleurs fait surprendre après l'avoir finie par Violet, une étudiante en art qui avait beaucoup appréciée. Elle avait donc mit beaucoup d'espoir en cette chanson, vue qu'une totale inconnue l'avait appréciée.
- Oui, je vais te faire écouter ce que j'ai réussi à faire...
La jeune fille respira profondément et ferma les yeux avant d'entreprendre de jouer la pièce pleine d'émotions qu'elle avait écrite pour sa maman, qui lui manquait d'ailleurs terriblement.
La rouquine était à l’aise auprès de toi que tu ne comprenais pas toujours pourquoi elle se mettait tant de pression. Elle était très douée, plus que toi à son âge, c’est pour dire ! Malheureusement, tu sais ce que c’est de se sentir faible, inutile, pas assez bonne que les autres, alors évidemment tu ne la lâcherais pas de sitôt, tu la pousserais jusqu’au bout et quand elle réalisera qu’elle est une parfaite musicienne, chanteuse mais surtout compositrice, ton devoir sera terminé et tu ne pourras qu’être fière d’elle. « Oui, faisons ça, ça promet d’être prodigieux j’en suis certaine ! » avoues-tu à ton élève alors que tu lui rend son sourire.
La laissant prendre ses aises, tu la vois sortir les partitions ainsi que les paroles de la chanson qu’elle devait te rendre aujourd’hui. L’entendant te tutoyer tu ne pus que sourire un peu plus, acquiesçant d’un signe de tête en ajoutant. « Avec plaisirs, fais comme chez toi ! » lui intimes-tu de faire tandis qu’elle se mit à jouer.
Dès les premières mélodies tu fus transporter par ce son qui était, tu en étais certaine, destiné à une personne chère aux yeux de l’étudiante. Sans doute un membre de sa famille. Tu le sais, car tu as fait de même avec ta mère lorsque tu étais encore étudiante à Alféa. Tu fermes toi aussi tes yeux pour t’imprégner la musique et quand la mélodie s’arrête, tu rouvres ces derniers, observant la jeune rousse en posant une main sur son épaule. « Beth… C’était magnifique ! » dis-tu dans un premier temps. « J’aime vraiment, il n’y a rien à changer. La personne pour qui tu as composé cette chanson serait très fière de toi tu sais ? »
Beth se sentait toute nerveuse alors qu’elle frôlait les touches de piano de ses doigts. Et si c’était mauvais ? Et si elle était complètement nulle comme compositrice et qu’elle en soit réduite à passer sa vie à jouer les pièces des autres ? Les pensées intrusives tournaient et retournaient dans sa tête sans cesse, du moins jusqu’à ce que Musa ne lui donne son accord pour commencer à jouer. La jeune fille ne se rappelait même pas la dernière fois où elle avait été aussi nerveuse. Elle sortit ses partitions et ses paroles. Beth chantait, pour s’accompagner. Elle avait une jolie voix, que l’on entendait que très peu souvent. La rouquine était bien trop timide pour cela. La musicienne commença alors à jouer et à chanter avec émotions comme s’il n’y avait qu’elle de présent dans la pièce. Comme si elle s’adressait directement à sa maman, qui se trouvait elle ne savait trop où. Au final, elle était extrêmement fière de cette chanson sur laquelle elle avait travaillé fort. La March aurait tellement voulu que sa mère puisse l’entendre… après avoir joué, elle prit une grande respiration, un grand sourire sur le visage.
— C’était bon à ce point ? Même si je suis sûre que Maman aurait aimé… s’exclama Beth, ne comprenant pas. Certes, c’était une bien belle chanson qu’elle avait composée, mais, pour elle, il y aurait toujours des choses à améliorer. Les paroles, ça allait ? Les rimes fonctionnaient ? C’était plus fort qu’elle, il fallait vraiment qu’elle s’assure que tout soit parfait, tellement elle ne pouvait y croire…
Le temps que la rouquine se laisse aller, tu te délectais, littéralement, des paroles de sa chanson. Déjà, la mélodie était harmonieuse mais en plus les paroles s’alliaient à merveille ce qui rendait le travail de l’étudiante particulièrement remarquable. Tu n’avais pas l’intention de lui mentir ou de lui faire peur inutilement alors une fois que la pièce redevint silencieuse, tu observas la plus jeune et d’un sourire tu la félicitas, mentionnant que la personne auprès de qui la chanson était destinée serait fière. Et bien évidemment, elle l’avait faite pour sa mère, comme toi tu l’avais déjà fait étant plus jeune.
« Elle aurait adorée ! » répliques-tu, appuyant tes dires d’un hochement de tête tandis que tu pris la feuille sur laquelle la jeune March avait noté ses paroles et notes de musiques. « Et bien pour moi tout est parfait. Je ne vais pas mentir et chercher la petite bête alors qu’il n’y en a pas mais tu as trouvé un truc qui n’allait pas toi ? » demandes-tu alors que ton regard quitte la feuille pour se poser sur la jeune femme. Tu lui rends la feuille en question et tu finis par prendre ton aise au niveau du piano, rejoignant donc la plus jeune. « Laisses-moi te montrer une ancienne composition que j’ai écrite pour ma mère, moi aussi… » Et tout en laissant un sourire effleurer tes lèvres tu laisses tes doigts glisser sur le piano, le silence de la pièce se brisant au fur et à mesure que tu laissais la mélodie se répandre. Puis une fois la chanson démarrée, c’était ta voix qui suivit.
Beth se sentait tout de même assez fière de cette chanson qu'elle avait composée pour sa maman. Cependant, elle avait l'impression que ce n'était pas parfait. Tout n'était pas parfait. La rouquine avait l'impression qu'il manquait quelque chose, mais elle n'aurait su dire exactement quoi. C'était quelque chose qui la torturait particulièrement. Elle avait l'impression que c'était la plus grande pièce musicale qu'elle n'ait jamais composée. Pourtant, une toute petite voix ne cessait de lui répéter qu'un élément était absent, mais elle était incapable de dire lequel.
Elle hocha la tête avec un sourire lorsque Musa lui dit que sa mère aurait adoré. Il faudrait vraiment qu'elle montre cette chanson à Jo, un jour. La plus jeune était sûre qu'elle l'adorerait. Tout comme Beth avait adoré toutes les histoires de Jo. Elle avait un exemplaire de chacun de ses livres chez elle.
- J'ai l'impression que quelque chose ne va pas, mais je ne saurais dire quoi...
Beth écouta alors sa jeune professeure lui jouer sa chanson qu'elle avait écrite, lui laissant sa place pour qu'elle y soit plus à son aise. Elle se laissa transporter dans l'émotion de la chanson. Sa mère devait être également quelqu'un de très important pour elle, cela ne faisait aucun doute. Elle resta bouche-bée jusqu'à la fin de la chanson.
- C'était vraiment très joli, j'aime beaucoup... dit-elle dans un doux murmure.
Tu repensas aux paroles de la rouquine quand à ce je-ne-sais quoi qu’il manquait à sa chanson. Tu comprenais un peu ce qu’elle voulait dire, du coup, tout en dévoilant une composition qui datait de tes jeunes années, quand tu n’étais encore qu’une fée charmix, tu finis par esquisser un sourire pour regarder la plus jeune, acquiesçant d’un signe de tête ses dires. « Merci, je pense que j’ai peut-être trouvé ce qui manquerait à ta composition, tu permets ? » lui demandes-tu alors que tu prends ses notes, les déposant devant toi.
En soit, sa composition est parfaite à tes oreilles, mais tu penses savoir ce qui pourrait rendre la chose encore meilleure, ce petit truc qui ferait, sans doute, mouche aux oreilles de l’étudiante et peut-être ainsi aimerait-elle plus son morceau. « Allez, écoute et dis-moi ce que tu en penses… » souffles-tu alors que tu laisses tes doigts pianoter la mélodie de la rouquine. Tu l’incites alors à chanter, après tout c’est son morceau, et quand arrive le sorte de refrain, tu accélères un peu la mélodie en ajoutant une note supplémentaire, ce qui rend la chanson encore plus prenante. Et une fois que la chanson est terminée, tu regardes ton élève. « Qu’en penses-tu ? Je n’ai pas changé grand-chose, j’ai pour dire vrai juste ajouté une note, mais je trouve que ça rend la chanson encore plus personnelle et émouvante… »
Beth avait écouté la chanson de Musa avec attention. Elle la trouvait vraiment magnifique. Belle, remplie d’émotions… le genre de chanson qui était vraiment un moyen d’expression, selon elle. Le genre de pièce qui faisait en sorte qu’elle aimait son art. Les paroles étaient plus que réfléchies, la musique leur complément divin. C’était ce genre de chanson qui l’apaisait. C'est pourquoi elle complimenta sa professeure par rapport à sa composition parce qu’elle était, à ses yeux, tout simplement parfaite.
- C’est vrai ? Oui-oui, vas-y… lui répondit-elle doucement.
Curieuse, la rouquine l’écouta, chantant doucement par dessus. Elle se laissa prendre par l’émotion de sa propre composition. Elle n'était plus réellement là. Son âme était transportée ailleurs, Beth ne savait réellement où. La March nota l’endroit du changement. Elle trouvait, personnellement, que ça apportait une petite touche à la chanson. Pour la première fois, la jeune fille pouvait écouter sa propre chanson en ne la détestant pas. C’était une nouvelle étape de franchie dans son cheminement musical, ça c’était sûr !
- Je trouve, personnellement, que ça rend la chanson plus mélodique et harmonieuse. J'ai l’impression que ça la rend plus entraînante aussi.
Tandis qu’elle pianotait un peu distraitement, ce qui lui donna une idée.
- Et si je remplaçais le troisième accord par celui là ? Tu en penses quoi ?
Tu comprenais ce que ressentait ou même éprouvait la jeune rousse. Après tout tu étais passé par là des tas de fois, que ça soit plus jeune pour entrer à Alféa mais aussi, et surtout, quand Jason Quinn avait voulu t’engager et te faire signer un album. Certes, tu étais accompagné d’un ancien ami de Bloom mais les chansons étaient de toi et les mélodies aussi et rien que ça tu ne pouvais t’empêcher par moment de ne pas dormir et de réfléchir à quoi changer pour rendre le morceau plus intéressant, entrainant.
Alors, tu prends l’initiative de faire un léger changement et tu remarques tout de suite que ça semble plaire à l’étudiante qui est là mais aussi loin d’ici, comme emportée par sa propre voix et le piano qui agrémente le tout. Une fois la chanson terminée ses compliments te font chaud au cœur car c’est tout à fait ce que tu voulais faire ressortir du morceau. « Ravie que ça te plaise, je trouve aussi que ça la rend plus rythmée ! » ajoutes-tu d’un sourire tandis que tu acquiesces les dires de la plus jeune en écoutant l’accord qu’elle souhaitait ajouter en remplacement d’un autre. « Je pense que le mieux ça serait que tu rejoues ce passage, pour qu’on puisse juger dans son ensemble. » précises-tu alors que tu la laisses pianoter le bout de son morceau, agrémentant ce dernier d’un nouvel accord. Une fois terminé tu hoches la tête. « C’est parfait ! »
Si elle voulait devenir une artiste accomplie, il y avait un point sur lequel Beth se devait de travailler, et c’était sa confiance en elle. Un artiste qui ne croyait pas en ce qu'il faisait était un artiste qui finissait par souffrir du syndrome de l’imposteur. C’était quelqu'un qui finissait par croire qu'il ne méritait pas le succès qui lui revenait. À s’imaginer qu'il vole la place de quelqu'un d'autre. Un artiste, pour être épanoui, se devait de croire en son art. Or, Beth avait acquis les connaissances, la technique et avait, en plus, du talent. Ce qui n’était pas donné à tout le monde. La seule chose qui lui manquait, c’était un petit peu de confiance en elle.
- Je trouve que ça le rend quasiment parfait, dit-elle, songeant soudainement à un dernier changement qu'elle pourrait apporter à cette pièce qui contenait tout son amour pour sa mère. Elle accepta de le rejouer pour Musa, afin de voir ce que ça donne.
Elle rejoua alors le bout de morceau, ajoutant un nouvel accord, qui, selon elle, transmettait mieux l’émotion. La rouquine sourit, plutôt fière d’elle.
- Je trouve aussi, dit Beth, l'air fière. Oh, il commence à se faire tard, ma coloc va s’inquiéter ke crois…, dit-elle en regardant l’heure sur sa montre.
Le fait que la rouquine prenne chacun de tes conseils aussi sérieusement et à cœur te faisait sourire. Elle était une vraie artiste, encore en quête d’elle-même mais t’étais sûre qu’elle irait très loin si elle s’en donnait les moyens, et tu veillerais particulièrement là-dessus car tu ne voulais pas qu’elle gâche son potentiel, ça serait dommage de priver cette mystérieuse ville de la jeune Beth March qui très vite s’hissera en haut des grands noms de la chanson, t’en es persuadée.
Alors qu’elle reprend son morceau, ajoutant tout ce que vous venez de dire pour le rendre encore plus parfait et émotionnel, tu l’écoutes, te laissant bercer par sa voix, par ses paroles et c’est vrai que cette version est tout simplement parfaite, elle a bien progressé depuis son arrivée. « Oh oui, en effet, l’heure à filer à une de ces vitesses… » répliques-tu d’un sourire alors que tu te lèves, rangeant tout ce qu’il y a à ranger pour accompagner la jeune rousse hors du campus. « C’est ça quand on est à fond dans ce qu’on fait, j’espère que tu as passé un bon moment et soit prudente en rentrant, à bientôt Beth ! » Et sur ces mots tu l’abandonnes, elle partant d’un côté et toi de l’autre, alors que tu lui fais un signe de main. Ça te fait du bien de découvrir de nouveaux morceaux et tu as hâte qu’elle revienne te montrer une nouvelle composition, ça oui.
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