[Abandonné] Welcome in the family March | Regulus

Welcome in the family March

feat. Beth

Regulus n’est pas habitué à ce que l’on demande à faire appel à lui dans la librairie. En fait, la plupart du temps, c’est plutôt l’inverse qui se produit. Quiconque connaît un peu la Rose éternelle choisira de se tourner plutôt vers Belle ou n’importe lequel de ses collègues plutôt que vers lui. Ça ne veut pas dire que le jeune sorcier ne peut pas être de bon conseil – bien au contraire, même, il lit beaucoup et il semble avoir un certaine intuition quand il est question d’orienter les gens vers un type de littérature susceptible de les satisfaire –, mais il est si désagréable, morose et taciturne qu’on aura plutôt tendance à vouloir l’éviter pour se tourner vers quelqu’un qui sache mieux gérer sa relation avec les clients. C’est rarement une franche réussite, il faut bien le dire. Il n’y peut rien, c’est comme ça et il ne compte pas franchement changer : Regulus Black n’est pas quelqu’un de sociable, fin de l’histoire.

Par conséquent, quand une jeune fille se pointe à l’accueil de la librairie, où il est alors affairé, et demande à lui parler, il ne peut s’empêcher de l’observer avec une curiosité non contenue, et qui ne doit pas lui donner l’air plus sympathique au demeurant, ça c’est un fait. Il ne pense pas avoir déjà vu cette jeune fille, pourtant par quelques aspects, elle lui dit quelque chose. Physiquement, il a l’impression de l’avoir déjà vu tout en sachant que ce n’est pas le cas : un intrigant sentiment de familiarité, en somme. Et clairement, ils ne se sont jamais rencontrés, sinon la jeune femme saurait qu’il est celui qu’elle cherche (et n’aurait peut-être pas envie de le trouver, par conséquent).

« Vous l’avez devant vous », fait-il sans même vraiment envisager de coller sur son visage cet aimable sourire qu’on lui a conseillé plus d’une fois d’arborer afin de ne pas faire fuir la clientèle (des conseils qui entrent par une oreille et qui ressortent par l’autre, même s’il sait pertinemment que ce sont effectivement d’excellents conseils). « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » demande-t-il ensuite sans cesser de la toiser.

Il reste intrigué car réellement incapable de comprendre pourquoi cette demoiselle aurait demandé à le voir lui spécifiquement et pas quelqu’un d’autre. Et en même temps qu’il se pose cette question, il s’interroge toujours autant sur la raison qu’il fait qu’il a le sentiment de connaître cette fille, tout en sachant dans le même temps que ce n’est absolument pas le cas.

Welcome in the family March

feat. Beth

Regulus fronce les sourcils au moment d'entendre la réponse de la jeune fille sous ses yeux. Elle voulait le rencontrer, vraiment ? ça lui semble hautement improbable. S'il a sa petite réputation au sein de la librairie, c'est plutôt pour être le type que l'on évite autant que possible, bien plus que pour être le type que l'on viendra chercher si l'on a besoin de quoi que ce soit, mais le jeune sorcier ne comprend pas encore que la requête de son interlocutrice est en réalité personnelle, et n'a pas grand-chose à voir avec ses fonctions de libraire certes consciencieux mais surtout revêche, qui est loin de donner spécialement envie d'apprendre à mieux le connaître, il faut bien le dire.

Il comprend au moment où la jeune fille articule son nom, et alors, il pense comprendre d'où lui est venu ce léger sentiment de familiarité qu'il avait déjà ressenti au moment de faire la connaissance d'Amy... il se trouve en présence de Beth March, la soeur de Jo. Comme pour toutes les soeurs de sa petite amie, Regulus a beaucoup entendu parler de cette dernière, et peut-être encore plus que les autres car Jo lui a confié quel destin tragique avait connu cette jeune femme, tout comme elle lui avait parlé, sourire aux lèvres, de leurs retrouvailles. Ainsi donc, le voilà en présence de la soeur de Jo. Et cela, bien évidemment, change absolument tout à ses yeux. Son comportement varie sensiblement. La vérité, c'est qu'il ne sait pas vraiment comment s'y prendre dans ces circonstances. Jamais il n'avait connu de relation sérieuse (ou de relation tout court) avant Jo... et ça le rend à l'évidence malaisé et maladroit.

Il ne sait pas comment on est supposé réagir quand on se trouve en présence de sa... eh bien, de sa belle-famille... et il sait que dans son cas, l'affaire est plus délicate encore. Il n'ignore pas ressembler à s'y méprendre à l'époux d'Amy, au meilleur ami de Jo... C'est encore une information qu'il a du mal à digérer, d'ailleurs, et il se doute qu'au moment de poser les yeux sur lui, Beth a dû irrésistiblement penser à ce fameux Laurie.

"Oh je vois... Elle t'a parlé de moi en bien, j'espère ?" se hasarde-t-il avec le sentiment que cette phrase sonne particulièrement faux. Il n'est vraiment pas à l'aise avec ce genre d'interactions. "J'ai beaucoup entendu parler de toi aussi." Il esquisse un sourire qui lui semble peu naturel. "Je vais bientôt prendre ma pause... Je peux t'inviter prendre un café ? Enfin... si ça te tente ?"

Il n'est pas du tout sûr de sa démarche, surtout parce qu'il n'est pas certain de savoir tenir convenablement la conversation... Que ce soit avec elle ou n'importe qui d'autre, d'ailleurs.

Welcome in the family March

feat. Beth

La timidité de Beth est fidèle à ce que Jo lui avait dit d’elle… Une fille réservée, effacée… Le genre de tempérament que Regulus a tendance à apprécier bien plus que celui de ceux qui n’ont de cesse que de se faire remarquer (quand bien même, contradictoirement, les personnes dont il se sent le plus proche ont des caractères particulièrement forts, c’est rien de le dire). Il ne sait pas s’ils auront beaucoup de choses à se dire, mais passons, dans tous les cas, il ne le prend pas comme une corvée que de lui adresser du temps. Et puis, il ne le fait pas que pour lui, il le fait pour Jo, aussi.

« Je te l’ai dit, c’est ma pause », répond-il simplement quand elle suggère qu’il est peut-être occupé. « Attends-moi là, j’arrive. Enfin… si tu veux prendre un livre ou quoi tu peux, bien sûr. Enfin, tu fais comme tu veux, quoi… »

Il aurait sans doute saisi cette excuse, en d’autres circonstances, pour s’épargner toute interaction sociale, mais en l’occurrence, ce n’est pas le cas, et une fois qu’il a réglé les deux-trois choses qu’il doit faire et récupéré ses affaires, il la rejoint, tentant de la gratifier d’un léger sourire qui ressemble davantage à une grimace, la faute au manque d’habitude.

« Y a un café pas trop loin, c’est pas cher et c’est sympa… Je te l’offre, bien sûr », il fait en ouvrant la route pour qu’ils se rendent tous les deux à l’extérieur de la librairie, en direction du café en question.

Et en effet, on le voit d’ici. Ils n’auraient que quelques pas à faire pour parvenir à leurs fins. En chemin, il songe à ne rien dire, mais il n’est pas sûr que laisser s’instaurer un silence pesant soit un bon plan. Alors, il décide de prendre la parole, et peut-être parce qu’il ne réfléchit pas avant de parler, il s’arrête sur un sujet susceptible de fâcher plus que les autres, mais en même temps, il préfère directement évoquer ce sujet plutôt que de faire comme si de rien n’était.

« Ça a dû te faire bizarre, en me voyant, non ? Il paraît que je lui ressemble comme deux gouttes d’eau, à Laurie… »

Un sujet délicat, duquel il a du mal à parler en présence Jo, même s’il faudrait crever l’abcès plus qu’il ne l’a fait jusque-là… Forcément, il ne se voit qu’en parler. Les avis d’Amy et de Jo sur Laurie étaient forcément biaisés par leurs expériences respectives. Peut-être que Beth, elle, de son côté, pourra lui en dire davantage pour sa part.

Beth était heureuse que Regulus veuille bien lui parler un peu et apprendre à la connaître. Elle avait eu peur, en allant le voir, qu’il ne la renvoie là où elle était venue. Il fallait dire que venir voir le petit ami de sa sœur, ça lui avait prit tout le courage du monde. La rouquine était passé par dessus son plus grand défaut pour réussir cet exploit. Mais, quand même, elle peur de le déranger ; non, mais la March est tout de même sur son lieu de travail, ce ne serait pas étonnant qu'il n'ait pas le temps…

- D’accord, dans ce cas, dit-elle tout en se prenant un livre avec une jolie couverture rouge. Beth le feuilleta quelques minutes, avant que Regulus ne revienne vers elle. La rouquine n'est pas le genre de fille qui a assez d’assurance pour le dépêcher, de toute façon. Et puis, c’était pas comme si elle était pressée.

- C’est sympa, les petits cafés, je trouve, dit-elle tout gentiment avant d’ajouter. Excuse moi si je parle pas trop, je suis un peu timide… dit Beth en riant nerveusement.

Bientôt, elle se sentirais sûrement plus à l’aise mais pour l’instant, faire la conversation avec lui serait assez difficile, et un sacré défi pour la demoiselle, mais qui finirait assurément par le surmonter. Les March étaient faites fortes, ça c’était sûr.

Il lui parla de Laurie, tandis qu'ils marchaient dans les rues de Hogwarts Place. Beth ne s’était pas vraiment attendue à ce qu'il lui en parle, puis s’était dit que Jo avait dû lui en parler, et que le brun avait voulu en savoir plus.

- J'ai été assez troublée quand je t'ai vu, en effet. Et puis je me suis rendue compte que ça ne pouvait pas être Laurie, parce qu'il détestait avoir le nez dans les bouquins… il rêvait de voyages et d'aventures dit-elle, s’arrêtant devant le premier café qu’elle vit. C'est celui-ci ?

Welcome in the family March

feat. Beth

« C’est pas grave », répondit Regulus presque pris au dépourvu par le fait de se trouver en présence d’une personne plus réservée encore que lui, sauf que la réserve du jeune homme n’était peut-être pas tant à mettre sur le compte de la timidité qu’une certaine forme de défiance généralisée qui avait le don de ne pas le rendre franchement sympathique auprès de qui que ce soit.

Mais la timidité de Beth, loin de le déranger, est en fait plutôt plaisante aux yeux du jeune sorcier. Il y a des personnes qui se sentent obligées de combler tous les silences au point que ça en deviendrait oppressant, et de manière générale, c’est une chose qui a tendance à le déranger chez les autres. Un peu moins quand il s’agit de Sirius (même s’il s’agace tout de même ne serait-ce que pour la forme), et pas du tout quand il s’agir de Jo ou de Peter… mais tout le monde a ses exceptions, pas vrai ? ça lui va bien, au jeune sorcier, si en fin de compte, ils ne se disent pas grand-chose. Ils n’ont pas non plus besoin non plus d’échanger une longue conversation animée.

Ce qui importe au bout du compte, ça reste qu’ils aient tout de même le sentiment d’avoir su faire un peu connaissance. Et oui, Regulus estime que c’est important, que c’est très important, même, car même si le cas des Black est trop particulier pour être évoqué, son expérience personnelle lui a du moins appris un sens trop aiguisé de la famille, et il sait qu’il a toujours eu ça de commun avec Jo, qui lui a très souvent parlé de ses sœurs, et tout particulièrement de Beth, parce que la pauvre avait disparu dans des circonstances tragiques, et à un si jeune âge.

Forcément, parce qu’il ne se sent pas capable d’occulter le sujet, Regulus évoque assez rapidement le cas de Laurie. C’est surtout, dans le fond, parce qu’il aimerait réussir à s’en débarrasser, ou à l’occulter de son esprit une bonne fois pour toutes. Ça a été suffisamment compliqué comme cela pour lui de se faire à l’idée de l’existence de ce Laurie, de son implication dans la vie de Jo, et d’à quel point il lui ressemblait.

« Ah… », fait Regulus quand Beth lui assure que les livres n’étaient pas le rayon de Laurie, qu’il rêvait de voyages et d’aventures… Rien à voir avec lui, en somme. Quelque part, Regulus doit reconnaître que ça le rassure. Et ça le rassure beaucoup, même, en vérité, même s’il décide d’en montrer le moins possible. « Je dois t’avouer… je me demande parfois si Jo m’a choisi parce que je lui ressemble, alors… je préfère entendre ce genre de choses. »

Il hoche la tête quand Beth désigne le café où ils vont pouvoir se poser. Une fois à l’intérieur, ils trouvent une table où s’installer, et Regulus, pas très à l’aise avec ce genre de situation, fait au mieux pour faire la conversation.

« T’étudies la musique, c’est ça ? »