you make my eyes burn ((edmund))

La fête bat son plein. Les corps se trémoussent au rythme du son latino qui s'élève des gros caissons. La cadence caliente agite les tignasses des belles dames aux formes généreuses, tandis qu'elle soulève l'ardeur de beaucoup de mecs sous les spots multicolores. La nouvelle boite du quartier chaud fait fureur en ce jeudi soir, où les étudiants profitent encore de leur liberté pour boire, danser et s'enivrer jusqu'à l'aube. Vincent s'y immisce, sans vraiment penser aux conséquences du lendemain. C'est juste un verre, juste une p'tite soirée. Un bon moment entre potes, une excuse pour reluquer certains torses dénudés et têtes brûlées, sous un bon bruit latino. Sa vie se résume maintenant à économiser pour pouvoir s'amuser en club et faire du sport en salle. On peut trouver ça pathétique, mais pour Vince c'est royal, par rapport à sa vie d'avant. Dans son monde, il n'est plus des siens, il est mort, alors autant en profiter tant que ça dure, tant que les ténèbres ne l'inondent pas. Ici, pas de préjugés, pas de peur, pas d'attentes. Juste Vincent, le vrai. Le brun passe de corps en corps, sans distinction, et se laisse juste inondé par le son vibrant. Puis, d'un coup de main, il fait signe à l'autre qu'il a besoin d'une pause. Meuf, j'reviens, j'ai trop soif !, lui crie-t-il dans l'oreille, sûrement pour rien, puisque les basses sont tellement fortes qu'elles couvrent sa voix, quoique grave. Déambulant jusqu'au bar, le regard attiré par-ci, par-là, il commande une boisson fraiche et sans alcool qu'il se met directement à siroter. Un flash retentit soudainement et attire son regard en même temps de l'aveugler. Qu'est-ce que... Un photographe ? Il fait tache dans la marée de corps dévergondés. Vince tique, non content d'être pris en photo par un total étranger, aussi beau gosse soit-il. Hey toi. Mais cela ne suffit pas à attirer son attention, avec la pénombre et la musique, alors l'ancien sorcier s'avance vers le drôle de gars, un peu plus véhément qu'il y a quelques secondes. Hého. Tu fais voir s'toplait ? J'veux pas être dessus., hausse-t-il des sourcils en pointant du nez l'appareil photo. L'alcool et la chaleur semblent affecter sa patience. C'est un peu chelou de v'nir ici pour prendre des photos. Il paraît un peu trop sérieux pour l'ambiance de la salle, ce qui fait tiquer Vince, alors il ne se gêne pas pour le lui faire remarquer. T'es qui ? Tu m'dis un truc..., se dit-t-il dans un brin de curiosité et de manque d'attention.

Tu t'es jeté sur lui comme un fauve en prison, l'alcool et la chaleur bouillonnant dans tes veines et transformant tes moindres pensées en ardeurs incontrôlables. Pas très amicale de ta part, mais en même temps le mec t'avait photographié dans un lieu sans ta permission. Depuis que Rita Skeeter avait fait un saut à Poudlard, tu te méfiais éperdument des journalistes, car certains ne cherchent qu'à créer le buzz, rien de plus. Et si le grand brun n'est pas en mission pour reporter l'ouverture de ce nouveau club latino, alors il est tout simplement plus dérangé que tu ne le pensais.
Évidemment, ton interlocuteur te répond, de façon plus véhémente que tu ne l'as fait. A sa place, tu aurais réagi de la même manière, voire plus outrageusement, toi qui aime pousser les autres dans ses retranchements. Un sourire nait sur ton visage, alors que tu l'entends se justifier. Les situations de dualité ne te font plus d'effets, tu as dépassé le cap dès ta première année à Poudlard, dès tes premières bastons. Et comment j'aurais pu l'savoir ? J'suis pas magicien, moi. Petit clin d’œil à ton passé, tu l'étais fut un temps, mais maintenant tes pouvoirs semblent endormis. Ça me manque. Comme tu persistes, le photographe décide de te montrer les clichés qu'il a pris, comme pour te rassurer, ce que tu trouves un tantinet sympathique de sa part. Décidément, c'est vraiment cool de ne pas avoir toute une réputation qui te colle constamment à la peau. Ici, tu peux recommencer à zéro.
D'ailleurs, alors que tu te rapproche du grand brun élancé, son visage t'apparaît un peu plus clairement et un sentiment de déjà-vu s'accroche désespérément à tes neurones. Damn, j'le connais. Les sourcils froncés, tu sembles bloquer un instant sur l'identité du photographe qui te montre les clichés et que tu ne regardes alors que très rapidement, reportant aussitôt après ton attention sur ses traits et sa dégaine. Ce n'est que lorsqu'il fait enfin allusion à tes conneries de voisinage que les raccords se font. P'tain, mais voilà !, tu lui lances alors qu'il allait partir, te laissant seul au comptoir. Étrangement, tu aimerai attirer maintenant son attention pour qu'il reste. N'est-ce pas amusant de rencontrer son voisin dans un club pareil ? C'est l'destin ou une connerie d'ce genre. T'es mon voisin, j'me disais bien que ta gueule me disait un truc. J't'avais sur le bout de la langue... enfin, tu m'comprends. Déjà que tu n'es pas très doué pour t'exprimer à l'oral, mais alors éméché les dégâts sont un peu plus conséquents. C'est marrant qu'on s'voit ici !, tu t'exclames, les sens décuplés sous l'effet de l'adrénaline, de la dopamine et des boissons alcoolisées. Te casse pas, faut pas l'prendre mal, j'aime pas voir ma tronche sur des photos. C'est pour qui d'ailleurs ? Pour le coup, c'est vrai, tu n'as jamais apprécié de voir ta physionomie encrée sur du papier, ne l'assumant déjà pas dans la vie de tous les jours. Même si aujourd'hui tu as drastiquement maigri, tu n'arrives pas encore à te détacher de cette gêne qui t'a suivi toute l'adolescence. Elle te colle à la peau, comme si elle refusait de partir de ci-tôt.
Ton voisin, lui, par contre, est carrément photogénique. Le beau gosse par excellence avec des traits du visage lisses, presque féminins. Un truc chez lui t'attire à l'inviter à rester et à te faire pardonner pour les dérangements que tu lui causes en rentrant du travail. Ouai, mais bon, j'peux pas vraiment faire autrement. Ton motocycle, c'est un peu ton objet de travail. Sans ça, tu ne peux pas te déplacer à toute vitesse dans la ville, parfois au péril de ta vie et de celle des autres usagers de la route. Punaise, j'ai l'impression que tu m'connais par coeur. Tu m'stalkes ou quoi ? Un rire sort de ta bouche pour apprécier la bonne blague et détendre l'atmosphère autour de vous. Oops, peut-être un peu trop tôt ? Mais, tu ne peux pas t'en empêcher, tu adores rire pour un rien, pour tout. Tu n'aurais eu aucune ambition dans la vie que tu serais probablement devenu clown de cirque. J'suis désolé cela dit. J'essayerai de faire un peu plus attention la nuit... histoire que tu dormes comme une princesse. C'est vrai que tu peux parfois pousser un peu trop le moteur, surtout si tu veux appâter la galerie.